the fall
now I am become Death, destroyer of worlds
![](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/56/John_Henry_Fuseli_-_The_Nightmare.JPG)
Egon ouvre les yeux à l'aube, la jeune femme profondément assoupie à coté de lui dors si profondément qu'il quitte le lit sans ménagement, sans risque de la réveiller et quand bien même il la réveillerait alors qu'elle mérite une grasse matinée après la nuit qu'ils ont passés, c'est le cadet de ses soucis: elle n'est ni sa femme, si sa petite amie en fait, autant le dire, c'est une parfaite inconnue puisqu'il en a même oublié jusqu'à son prénom. L'alcool à sans doute aidé le manque d'intérêt d'Egon envers sa conquête d'un soir.
Il ne prend pas immédiatement la douche qu'il lui aurait pourtant fallu pour tirer ses idées au clair, préférant comme à son habitude enfiler sa tenue de jogging. S'en tenant à sa routine matinale, il descend à la cuisine prendre la collation nécessaire pour ne pas crever de faim pendant son footing, et il allume la télévision sur la chaine info pour prendre des news du sick sad world.
Loin d'être détaché mais loin d'être émotionnellement investi dans ma détresse humaine, Egon en a fait son métier exploitant un détachement certain pour les choses les plus horribles de ce bas monde ou en tout cas, c'est ce qu'il a souhaité faire après ses études de psychologie. Spécialisé dans l'accompagnement du Deuil, il ne prête pas attention à la télé mais préfère ouvrir son agenda à la page du jour pour faire un tour d'horizon de ses patients de la journée, et il pousse un long soupire en lisant le nom de sa première cliente:
Deborah est une jeune patiente d'une 30 aine d'années qui vient pleurer la mort de son père dans le bureau d'Egon une fois par mois depuis maintenant 4 ans et qui n'arrive absolument pas à s'en remettre ou plus exactement, elle a de nombreux problèmes dont certains pour lesquels il ne peut rien faire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de la refiler à un confrère freudien plus à même de soigner son complexe d'oedipe mais Deborah est aussi victime de ce qu'on appelle un transfert en bonne et due forme et s'accroche à Egon de manière absolument malsaine puisque - forcément - toutes leurs entrevues ne font que remonter le douloureux souvenir de la mort de son père. Déjà las de cette séance quelques heures avant même qu'elle ai commencé il n'oublie pas de vérifier la présence de son carnet de croquis et de ses crayons dans son sac.
C'est que qu'il fait de sa journée finalement: très peu intéressé par les cas de figure qui se présentent à lui, Egon leur préfère le dessin et pendant que ses patient déblatèrent leur malêtre pourtant profond, lui s'en inspire pour dessiner. Et chaque carnet de croquis terminé termine chez lui dans son bureau. Peut être qu'un jour, ses cahiers serviront à faire sa propre psychanalyse et Dieu sait qu'elle sera glauque.
En attendant, il pense a son footing qui lui donne chaque matin l'énergie nécessaire pour la journée et s'empare de la télécommande pour éteindre la télé quand une alerte rouge qui défile sur l'écran attire son attention: crash en pleine mer d'un avion au départ de Wellington. Machinalement il monte le son car instinctivement, il a compris que sa journée ne commencerait pas par un footing tout comme elle ne commencerait pas non plus par la pleurniche habituelle de Deborah. Il ne devrait pas, mais il est excité par la tournure que vient subitement de prendre sa journée. Si il passe le plus clair de son temps à écouter des histoires banales de décès tous plus banals les uns que les autres, Ego, est réputé dans son domaine et il est - heureusement - souvent appelé dans les cas les plus difficile à gérer.
"Que ce passe t'il ?"
Il ne lève pas les yeux, ne prête pas la moindre attention à la jeune femme assise dans les escaliers surement réveillée par le volume sonore inhabituel de la télévision. Comme il ne répond pas, elle peut au moins écouter la présentatrice évoquer le nombre de personnes qu'il y avait à bord de l'avion abimé dans l'océan pacifique sud pendant la nuit. Alors que la présentatrice évoque les familles qui commencent à arriver à l'aéroport et le numéro d'appel d'urgence, il allume son téléphone portable professionnel et comprend immédiatement les raisons d'un tel nombre d'appels en absence, il écoute son répondeur en même temps qu'il termine de préparer ses affaires en vitesse.
Il passe à coté de la jeune femme dans les escaliers qu'il monte en trombe pour aller se changer. La situation est urgente et on a besoin de ses services à la cellule de crise mise en place à l'aéroport dans les plus brefs délais, mais cela n'excuserait pas son apparence négligée et surtout la tenue de jogging: bonjour le psychologue. En faisant le chemin inverse moins de 5 minutes après, Egon salut sa conquête de la manière la plus chaleureuse qui soit:
"Tu connais la sortie. "
La mort ne différencie absolument personne. C'est la première fois qu'Egon est appelé dans une situation de la sorte mais ce n'est pas la première fois qu'il est appelé sur un accident de grande ampleur. Un fils ou une fille, un frère ou une soeur, un père ou une mère, un ami un amour une une âme soeur, les gens qu'il va rencontrer aujourd'hui on tous perdu quelqu'un qui leur était cher dans des circonstances atroces et c'est son métier de les aider à faire face dans les premières heures, le premiers jours après l'accident.