l'histoire de ma vie
petite citation pour faire joli
Lorsque Mme James reçu le courrier contenant les analyses lui confirmant qu'elle attendait un heureux événement, elle était dans sa boutique de fleur de la ville de Gore, en train de préparer des compositions florales à base de Capucines. C'est à cet instant précis qu'elle décida que si l'enfant était une petite fille, elle porterait le nom de cette jolie fleur d'été.
Quelques mois plus tard, les babils et rires d'une petite Capucine venait égayer la vie du couple James. Il furent malheureusement les seuls. La délivrance ayant été difficile, Sarah James perdit à tout jamais la capacité à porter à nouveau la vie. Capucine grandit donc sans frères et sœurs.
Mr James, comptable de son état était quelqu'un d'aussi sérieux et vaguement ennuyeux que sa femme était fantasques et joyeuse. Ce couple bien mal assorti fonctionnait pourtant très bien. Madame apportait à la famille le grain de folie qui manquait à l'homme de sa vie. Monsieur apportait le sérieux et la stabilité nécessaire à la vie moderne.
Capucine grandit dans cet environnement tout à la fois fantasque et sérieux. Elle apprit très jeune qu'un grain de folie n'était pas une calamité quand il était mâtiné d'un peu de raison.
De sa mère, elle apprit l'amour des fleurs, à les utiliser pour égayer ses coiffures et la joie de vivre. De son père, elle apprit le sérieux, le goût du travail et des responsabilités. L'un dans l'autre, finalement, grâce à ses deux tuteurs opposés, l'enfant se construisit une personnalité originale mais équilibrée, entre sérieux et excentricité.
Bien sur, comme toute enfant sortant un peu de la norme, la fillette eut à souffrir parfois de remarques désobligeantes et de moqueries concernant son son style vestimentaire mais également sur son physique. Elle était ronde, et devait le rester toute sa vie. Mais dans l'ensemble, son caractère enjoué, sa gentillesse et une certaine forme d'auto-dérision lui assuraient toujours quelques amis. Son caractère joyeux et excentrique faisait le reste. Même si chaque moquerie lui faisait l'impression d'un coup de griffe sur le cœur, elle fut consciente assez jeune qu'elles étaient souvent signe de jalousie, et elle apprit à faire avec, dans un premiers temps, avant de développer un sens de la réparti bien placé pour renvoyer la balle à l'expéditeur.
Les choses se compliquèrent pour elle au moment de l'adolescence. C'est à ce moment là qu'elle commença à développer une certaine phobie sociale. Même si elle s'efforça de la cacher du mieux qu'elle put. En public, elle accentua encore son excentricité et cultiva une attitude désinvolte, qui déconcertait ses professeurs. Parce que la demoiselle, malgré son air « m'en foutiste » obtenait tout de même d'excellents résultats. Personne ne comprenait que ses robes colorés, les coiffures excentrique et sa répartie parfois cinglante n'étaient que des masques derrière lesquels elle masquait un profond mal-être.
Ceci étant dit, et même si elle ne l'aurait jamais avoué, même sous la torture, ses bon résultats scolaires avaient plus à voir avec ses jeunes dons en informatique, qui lui permettaient de corriger certaines « injustices. », qu'à son travail ou ses capacités. Pas qu'elle ne soit pas intelligente, loin de là, mais elle préférait consacrer sont temps à des choses plus intéressantes qu'a repasser ses leçons.
Et puis, à sa décharge, le serveur de l'établissement était une véritable passoire, ses pare-feu et systèmes de sécurité, sensés protéger les données qui s'y trouvaient, étaient totalement obsolètes. Il ne lui avait pas fallut plus de quelques minutes pour s'y frayer un chemin la première fois qu'elle avait décidé que la note qu'elle avait reçue pour son devoir d'histoire ne reflétait absolument pas le travail qu'elle avait fourni !
Finalement, sa stratégie fut payante. Son attitude déconcertait ses camarades, qui ne sachant pas trop par quel bout prendre ce feu follet qui rebondissait sur les moqueries qu'ils lui envoyaient, les accentuant, se moquant allégrement d'elle même, finirent par se lasser et par la laisser tranquille.
Son éducation fantasquo-sérieuse eut quand même un inconvénient. Au moment du choix de ses études supérieures, elle ne sut pas trop vers quoi s'orienter. Elle aimait les arts sous toutes leurs formes, elle avait un bon coup de crayon, et du goût pour arranger les bouquets... Sa mère l'imaginait déjà reprendre la boutique, et la poussait vers des études d'art qui lui auraient donné un œil neuf et permis d'amener un peu d'originalité et de nouveauté dans son commerce.
Son père au contraire, se basant sur les excellent résultats de sa fille voulait la pousser vers des études plus sérieuses. Il la voyait déjà avocate, médecin ou... comptable comme lui.
Finalement, ce furent les forces de l'ordre qui décidèrent pour elle. Pas qu'elle fut arrêté pour quelque motif que ce soit. Les nouvelles technologies se développant rapidement, les services de police développaient de nouvelles filières, de nouveaux postes, et voulaient les faire connaître aux étudiants. Elle fut subjuguée par les opportunités qui pourraient lui être offertes et proposa sa candidature.
Elle fit parti de la première session de formation aux métier « d’Analyste Technique » dans la police. Elle faillit s'en faire virer au bout de quelques semaines seulement. Contrairement à ce qui s'était passé au lycée, la police fut un peu plus chatouilleuse quand elle tenta une incursion dans le serveur. Elle se fit taper sur les doigts, reçut un avertissement et passa le reste de son cursus avec une épée de Damoclès au dessus de la tête... mais, ce qu'elle ne sut jamais, c'est que justement, cette « visite » dans le serveur de l'école de police avait impressionné ses formateurs.
Son diplôme en poche, elle fut assignée au poste d'analyste technique pour la police de Wellington qui venait tout juste d'être crée. Elle avait fait la gueule en découvrant son affectation. Elle n'avait pas envie de quitter sa région, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle avait donc accepté en se disant que dés qu'elle le pourrait elle demanderait sa mutation pour redescendre dans le sud.
Le temps passa. Les premiers mois et leur mal du pays surmonté, elle avait appris à apprécier cette jolie petite ville côtière. Elle avait repoussé le moment de faire ses demandes de mutations, pour une enquête en cours qu'elle ne voulait pas lâcher, pour un jeune homme rencontrée dans la rue, pour un vieux chat errant qu'elle nourrissait... d'excuses en excuses, 20 ans plus tard, l'enquête était finie, le jeune homme était resté un fantasme inaccessible, le vieux chat avait disparu, mais elle était toujours-là, et avait depuis longtemps cessé de croire qu'elle avait envie d'en repartir.