l'histoire de ma vie
... c'est de reproduire les erreurs du passé.
1 – Une famille qui crie est une famille unie. (Gérald Godin) Mouais. Pas certain que cette citation soit très appropriée à ma famille. Non. Mes parents criaient bien mais, on ne peut pas dire que cela les unissait véritablement. La faute sans doute à ma mère qui – dés ma naissance (le 5 avril 1982), s’est mise dans l’idée que – plus grande, je deviendrais le top-modèle numéro un de son agence. Une idée qui n’a pas plus à mon père qui – manquant de caractère face à cette carriériste acharnée, n’a pas vraiment fait en sorte que les choses changent vraiment avant que je n’en formule la demande. C’était en 1994, j’avais à peine douze ans, et je ne supportais plus de ne pas avoir une enfance ordinaire.
Qu’entends-je par ordinaire ?Oh hé bien : pouvoir aller à l’école pour apprendre autre chose que les langues étrangères – autant qu’ennuyantes, ou pouvoir faire autre chose de mon temps libre que de poser devant des photographes. Bref, ce genre de petite chose qui m’était inaccessible parce que j’étais la fille de l’une des plus grandes directrices d’agence de mannequinat, et que je n’ai pu obtenir que par l’intervention bienvenue de mon père. Cela ne s’est pas fait sans conséquences fâcheuses, toutefois, puisque mes parents ont décidés de divorcer dans la foulée. La procédure a été un véritable calvaire. Ils se disputaient ma garde comme deux enfants se disputaient un jouet et moi, au milieu de tout ça, je devais dire au juge lequel des deux je préférais le plus. Un choix difficile – puisque je les aimais autant l’un que l’autre, que j’ai basé sur la vie que j’aimerais vivre. Celle d’un mannequin sans aucun loisir, ou celle d’une enfant normale. Vu sous cet angle, mon choix a été vite fait. J’ai choisie mon père et, lors du jugement final le 10 octobre 1995, ma mère a annoncé à la cours que suite à cette décision elle ne serait plus ma mère.
Hé oui. Sans prendre le temps de la réflexion, celle qui m’avait donnée la vie, à décider de refuser toute visite comme toute garde alternée.
Cela a été dure de l’entendre – de l’accepter même du haut de mes treize ans, mais l’amour de mon père a suffit à combler son absence.
2 - Les larmes du passé fécondent l’avenir. (Alfred de Musset)Suite à cette annonce en plein tribunal, mon père a décidé qu’il était préférable que nous allions nous installer prés de sa famille en Italie, à Palerme. Ce que nous avons fait, quelques semaines plus tard. Une chose est sûre, la vie sur place n’avait plus rien à voir avec celle que je menais en Amérique. Oh non. Elle était mille fois plus enrichissante pour la petite fille que j’étais et – à aucun moment, je n’ai regrettée mon choix. Certes j’y avais perdu ma mère mais, en contrepartie, j’avais gagnée l’amour d’une famille italienne très soudée parmi laquelle je me suis épanouie pleinement. Mes rêves, ils étaient écoutés. Mes envies, elles étaient réalisées. J’avais tout pour devenir une jeune femme parfaitement équilibrée et c’est ce que je suis devenue. Une jeune femme ne manquant absolument de rien, autant bien physiquement que moralement, si ce n’est l’amour d’un garçon.
Hé oui, à vingt ans, j’étais encore vierge. La faute à mes études que je privilégiais pour les réussir, sans doute.
C’est ce qu’il me plaît de croire encore aujourd’hui car – à l’époque, en 2002, mon ambition suprême était de devenir une infirmière. Alors je me donnais tout les moyens d’y parvenir. Je ne vous raconte d’ailleurs pas la joie que j’ai ressentie lorsque j’ai décroché mon stage à l’hôpital. C’était en quelque sorte déjà un pas dans le métier et, même si mes tâches n’étaient pas les plus importantes, elle suffisait amplement à satisfaire l’étudiante que j’étais.
C’est là-bas que j’ai rencontré Sasha, en février de cette même année. Suite à son admission, ma tutrice de stage m’a assigné la tâche de me charger des soins de cet homme dans le coma. Ce que j’ai fais durant de long mois, avec attention, presque maternellement.
Et oui. Au cas où la question se poserait, j’ai vu Sasha nu bien avant qu’il ne me voit lui-même nue après son réveil. Mais c’était mon travail. Je devais m’assurer que tout aille bien chez lui, hygiène y compris, et tout ça en stimulant son esprit pour l’amener doucement vers son retour parmi les vivants.
Comment on fait ça ?Hé bien tout simplement en parlant au patient, ou encore en lui lisant des livres. Soit dit en passant, cela ne m’étonnerait qu’à moitié qu’il soit possible qu’au bout de plusieurs mois il en savait plus sur moi que n’importe laquelle de mes amies. *
Rires*
Tiens, c’est justement un soir de juillet où je monologuais avec lui, la tête penchée sur son visage pour l’admirer, que ces yeux se sont ouverts. Je lui ai demandé quand il me ferait le plaisir d’entendre sa voix, et en réponse ses paupières ont cédés. Je n’y croyais pas. C’était tellement génial qu’il revienne à la vie que je me rappelle exactement lui avoir souhaitée de profiter pleinement de cette seconde chance qu’il avait. Car oui, je pensais mon travail avec lui achevé. Que nenni. Ma tutrice, fière de mon assiduité sur ce patient, m’a chargé de m’occuper avec elle de sa rééducation et nous avons été amenés à passer du temps ensemble d’une manière plus équitable que par le passé. Si je pouvais parler, lui également, et ce fut un véritable plaisir de le découvrir réellement.
Il ne me fallut pas longtemps pour tomber amoureuse de lui.
Toutefois, c’était tellement inenvisageable qu’il puisse être attiré par moi également que je me rappelle avoir écarquillée les yeux – quelques secondes, quand ces lèvres se sont posés sur les miennes la première fois. *
Rires*
Rassurez-vous, je me suis vite remise du choc. Même très vite.
Mais ne nous attardons pas sur le sujet.
Concentrons-nous sur la suite qui – contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’a pas été de tout repos pour moi.
Si ma relation avec Sasha était merveilleuse, celle avec mon père s’est dégradée considérablement. Il n’acceptait pas que sa fille puisse sortir avec un homme plus vieux de sept ans qu’elle alors, les disputes sur le sujet étaient courantes, mais la pire restera à jamais celle qui a déclenchée son premier arrêt cardiaque. C’était en décembre 2002, et je venais de lui annoncer mon désir d’emménager avec Sasha. Cela a été pour lui la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il est entré dans une telle colère que – pour la première fois de toute ma vie, j’ai eu très peur de l’éventualité qu’il puisse me frapper. Chose qu’il n’a pas fait – néanmoins, avant de s’effondrer sur le sol du salon en se plaignant d’une douleur fulgurante à la poitrine gauche. Je n’ai pas eu besoin de plus pour savoir qu’il faisait une crise cardiaque et j’ai appelée les secours sur le champ.
Ensuite ?Cela a été la grande remise en question. Je ne savais plus si je devais maintenir mes projets avec Sasha, ou si je devais me plier aux exigences de mon père. J’étais tellement perdu, malgré le soutien de ma famille comme de Sasha, que j’ai été jusqu’à appeler ma mère qui – contre toute attente, a accepter de me rejoindre pour m’aider.
Oui. Sept années après m’avoir renié, ma mère se dévouait à lâcher son agence pour me soutenir.
Il n’y a pas qu’à moi que cela a semblé bizarre – je dois dire, mais au vu de son comportement sur place, on ne pouvait pas douter très longtemps de ces intentions. Elle était là parce qu’elle voulait se racheter, retrouver sa place auprès de moi, et j’ai acceptée de lui laisser cette chance.
La bonne nouvelle c’est qu’elle m’a encouragé à mener ma vie, à emménager chez Sasha, et que sa présence auprès de mon père a été bénéfique. Il s’est vite remis de son infarctus, puis a finit par accepter ma relation avec Sasha.
Franchement, j’étais la plus heureuse des femmes. Ma vie était presque parfaite. J’étais comblée en amour, mes parents se rapprochaient à nouveau, mon travail était super. Oui, il ne manquait rien si ce n’est – peut-être, un enfant. Mais j’étais encore très jeune pour ça.
Quelques mois plus tard, en juillet 2003, Sasha et moi avons officialisé notre union en nous mariant, et mes parents se sont dits « oui » à nouveau le mois suivant en Amérique où ils se sont installés. J’étais sur un petit nuage. Rien ne pouvait changer cela.
Du moins, c’est ce que je croyais…
3 – C’est au sommet de la montagne qu’on se sent le plus seul. (Inconnu) Cette citation est parfaitement adaptée à ma vie.
Pourquoi je dis ça ?Parce que les années passant, je sentais que l’un des êtres que je chérissais le plus au monde m’échappait, et c’est la preuve irréfutable de mon erreur. Alors certes nous avions tout deux des métiers très prenants qui justifiaient nos absences à répétitions quand l’autre était à la maison mais, je ne pouvais m’empêchait d’imaginer que la véritable raison résidait ailleurs.
Peut-être dans l’ennui de mon époux en ma compagnie ou, la probabilité qu’il ait une maitresse. Enfin. C’était surtout les arguments de son
meilleur ami qui m’exprimait durant ses absences, sans aucune gêne, que j’étais une bien trop belle femme pour mériter un tel traitement.
Ce qui était vrai. A aucun moment je ne méritais qu’il me laisse seule parfaitement terrifiée à l’idée que l’on m’annonce son décès au cours de ces missions, où encore qu’il aille se rouler dans d’autres draps alors que j’estimais parvenir à combler son appétit sexuel.
Toutefois, comme mon père en son temps, je n’ai pas été capable d’aborder le cœur du problème lors de nos instants à deux. J’ai laissé la situation s’aggraver, nous éloigner, et au bout de sept ans notre couple est arrivé dans une impasse.
Une croyance populaire dit que la septième année peut-être fatidique à un mariage. Je ne suis pas d’accord.
Si le couple fait les choses de sorte que tout se passe bien, il n’y aucune raison à ce que leur union se solde par un divorce. D’ailleurs, ce qui nous a été fatale cela n’a pas été une histoire d’âge, une histoire d’absence de sa part, mais bien une erreur de parcourt que j’ai provoqué quelques mois auparavant.
C’était en juillet 2010. Ma mère venait de m’annoncer au téléphone le décès de mon père, des suites d’une seconde crise cardiaque lui ayant été fatale, et je dû partir quelques jours en Amérique pour ses funérailles. Sasha travaillant depuis peu comme garagiste, il demanda à son
meilleur ami de m’accompagner pour s’assurer que le chagrin ne me fasse pas faire de bêtise. Une bien mauvaise idée. La nuit suivant l’enterrement de mon père, j’ai trouvée du réconfort dans le creux de ses bras, pour me réveiller au petit matin en proie à d’horribles remords.
Ma mère, qui l’a découvert le jour même, m’en a tellement voulu que les derniers mots qu’elle m’a adressée – en me jetant à la porte de sa demeure, ont été que j’étais une sale trainée lui faisant honte. Ce que je ne nie pas. Jugeant qu’il était hors de question que je vive avec un mensonge en plus d’un remord, j’ai avouée mon infidélité à Sasha dés mon retour.
Bien qu’il ait été détruit par cette annonce, comme je m’y attendais durant le trajet Los Angeles/Palerme, Sasha a finit par me pardonner mon incartade. Une chose que je n’ai pas comprise. Je ne parvenais pas moi-même à m’excuser, à me regarder dans un miroir sans me mépriser, alors comment lui le pouvait t’il ?
Avec le temps je sais que c’était par amour mais, à mes yeux, je ne considérais pas mériter autant d’amour après ce que je lui avais fait. Alors, la mort dans l’âme, j’ai demandée le divorce avant de couper les ponts avec lui. Toute la procédure a été géré par mon avocat – qui avait ordre de lui laisser la totalité de nos biens, pendant qu’en parallèle je lui demeurais injoignable.
Le divorce prononcé, je n’ai plus jamais entendu parlé de lui. J’ai essayée de reprendre ma vie du mieux que je le pouvais mais, en vérité, cela a été un échec. J’ai sombrée dans la dépression, au point de finir en arrêt maladie, et j’ai passé mes journées enfermées chez ma tante où je vivais depuis mon divorce.
J’avoue, la mort de mon père + le divorce, cela m’a encouragé à intenter à ma vie deux fois. Une première fois par le biais de somnifère, et une seconde fois en m’ouvrant les veines. Des cuisants échecs qui m’ont contrainte, poussée par ma famille, à me battre pour reprendre gout à la vie.
Un travail de plusieurs années qui a commencé à porter ces fruits en 2015 où j’ai fait la connaissance de Brendon. Il était en vacance à Palerme, au mois d’août, et il s’était blessé bêtement en prenant des photos. Chargé de le soigner avant de recoudre sa plaie, sans graviter, je me suis laissée aller à cette romance ressemblant à celle que j’avais connue avec Sasha. A tel point que – même si je ne l’aimais pas plus qu’avec tendresse, j’ai acceptée de le suivre à Island Bay.
Depuis, nous vivons tout les deux ensemble et, mes plaisirs dans la vie résident dans la garde d’enfant – comblant ma frustration de ne pas être encore mère à trente cinq ans, ainsi que l’écriture sur un forum RPG durant mes heures de libertés.
Souvent, je me demande ce que devient Sasha. J’espère qu’il est au moins heureux, lui.
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