Ready for it. + feat anna.

Depuis que t'es sorti de prison t'as décidé de reprendre sérieusement ta vie en main. T'as repris les études depuis peu et par la même occasion t'as même décidé de prendre des cours du soir. Ce qui t'as le plus motivé à t'inscrire à ces cours c'est lorsque t'as vu la femme qui les donnait. Le genre de femme qui te plaît vachement, l'impossible t'attire énormément mais cette femme.. Bordel. C'est un peu ton idéal féminin, le genre de femme que t'aimerais bien avoir plus tard, lorsque tu seras plus vieux. Pour le moment tu préfères papilloner, c'est bien plus amusant d'aller voir à droite à gauche sans jamais se prendre au sérieux ou très peu. Rare sont les filles avec qui tu as eu une relation sérieuse.. Et puis.. Ta première relation sérieuse s'est fini avec un gosse. Tu adores ta fille mais il est vrai qu'à l'âge de vingt ans avoir une petite fille c'est parfois compliqué. Tu l'assumes entièrement et tu adores passer du temps avec elle mais parfois t'aimerais être un jeune homme normal, ne pas avoir autant de responsabilité même si sa mère est toujours présente pour s'occuper d'elle et que tu ne vis même pas avec cette dernière. C'est un gros bordel ta vie sentimentale.. Vraiment. Du coups y ajouter une personne en plus ne serait pas forcément la bonne option.

Début d'après-midi et t'es en route pour tes cours de langue. T'es pas vraiment motivé pour ça mais le fait d'y retrouver Anna, celle avec qui t'as la chance d'apprendre plusieurs langues, en particulier l'italien et l'anglais. En arrivant devant la maison de cette dernière tu toques à la porte comme d'habitude au lieu de sonner. En plus de faire des cours à domicile, elle est également assistante maternelle et du coups elle te fait généralement venir lorsque les petits font leur sieste. C'est plus simple pour vous sans avoir des gosses qui pleurent et crient partout autours de vous. Vous êtes plus tranquilles. Lorsqu'elle ouvre la porte, tu affiches ton plus beau sourire, histoire de la séduire un minimum d'entrée. Bonjour Anna, comment allez-vous ? Je pète la forme aujourd'hui ! Dis-tu tout en pénétrant à l'intérieur de la maison. Votre mari n'est pas là ? Tant mieux, on sera plus au calme. J'ai l'impression qu'il ne se sent pas très serein lorsque je suis dans les parages. Tu grimaces légèrement tout en glissant une main dans tes cheveux. En même temps je ne peux que le comprendre.. Un jeune homme aussi mignon et drôle chez lui.. Il y a de quoi se sentir en danger, vous ne pensez pas ?

Septembre 2017

Cette après-midi, j’attends la visite de Harvey, un étudiant en droit à qui je donne des cours de soutien en langues étrangères gratuitement. L’idée de laisser des petites annonces à se sujet, il y presque un an, m’est venue lorsque je me suis fait la remarque que c’était dommage que je ne parle plus toutes ces langues que j’ai apprise toute petite. Après tout, si ma mère s’est évertuée à faire en sorte que je puisse parler dans huit dialectes différents, ce n’est pas que dans le but de faire bien sur un curriculum vitae. C’est surtout pour que ça me serve dans la vie de tous les jours. Du coup, autant en faire profiter à ceux qui pourraient en avoir plus besoin. Bon, je le reconnais volontiers, son objectif premier en faisant cela était surtout que cela soit un plus non négligeable dans le cadre d’une grande carrière de mannequin mondiale mais, on ne peut pas obtenir tout ce que l’on désire dans la vie. De toute façon, je n’ai jamais eu l’âme d’une top-modèle. Je contrôle mon poids à tout instant, certes, or je ne le fais que parce que j’ai été éduquée en se sens. À aucun moment dans ma vie cela n’a été pour être dans les critères de ceux qui font la mode. Loin de là. D’ailleurs, à mon humble avis, lorsque je vois ses rondeurs disgracieuses dans le reflet de mon miroir, je me dis que je n’y parviendrais pas. Je suis beaucoup trop ronde pour cette carrière. Enfin bref, pour en revenir au sujet initial, j’attends donc l’arrivée imminente de Harvey pour son cours de soutien. Lorsque nous avons fixé la dernière fois la prochaine séance, je lui ai demandé – comme toujours, de venir aux heures où les petits que je garde font leurs siestes. Je m’assure d’ailleurs qu’ils dorment tous à poings fermés, d’un coup d’œil à la porte entrouverte de leur chambre que j’ai décorée moi-même, lorsque l’on frappe à la porte. Immédiatement, je rejoins le rez-de-chaussée où j’ouvre la porte à mon élève qui – comme j’en ai l’habitude désormais, m’offre un sourire charmeur. Je ne suis pas stupide, hein. J’ai bien remarqué que Harvey prêtait plus d’attention à la prof que je suis, qu’aux leçons que je m’évertue à lui donner. Toutefois, je préfère ne pas aborder le sujet. Je crains que cela en entraîne un autre bien plus délicat à gérer pour moi. « Bonjour Harvey. » Réponds-je accueillante en cédant le passage. « Entre je t’en prie. » Il ne se fait pas prier pour pénétrer dans le couloir alors que je referme la porte sur son passage. « Je vais très bien, je te remercie. » C’est la réponse toute faite que je donne à tout le monde – sauf à ma meilleure amie Casey. Je prétends que je suis très heureuse pour ne pas éveiller la curiosité d’éventuels interlocuteurs. Car après, tout, cela ne regarde personne que je vis toujours dans le regret d’avoir perdu l’homme que j’aime. N'est-ce pas ? Je ne peux m’empêcher de rire avec amusement à la constatation de Harvey sur l’absence de mon mari. Il est vrai que Brendon n’est pas très à l’aise à l’idée que le jeune homme soit chez nous mais, contrairement à ce que s’imagine mon élève, ce n’est pas parce qu’il est – je cite : un jeune homme aussi mignon et drôle. Il l’est parce que c’est un ancien prisonnier. Chose que je ne peux pas dire à Harvey car cela reviendrait à le rebaisser à ce simple statut. Chose que je refuse. Nous pouvons tous faire des erreurs, et je suis sans doute la mieux placée pour le savoir. « Il doit y avoir un peu de cela, oui. » Dis-je amusée en l’invitant à me suivre dans la salle à manger à la décoration moderne. Les pièces à vivres ont été décorés par Brendon bien avant mon arrivée dans sa vie, ce qui explique que je ne raffole par particulièrement de ce style. Je le trouve trop froid, trop impersonnel. Je préfère de loin les meubles dans un bois naturel, clair, qui ressortirait sans doute mieux dans tout ce blanc. D’un geste de la main, je l’invite. « Installe-toi. Tu as l’habitude maintenant. » Je lui offre un sourire charmant avant de lui demander. «  Tu désires quelque chose à boire ? » Je dépose le baby-phone qui était dans l’entrée, que j’ai pris en chemin, sur la grande table en verre en attendant sa réponse.