I knew one day you'd fall for someone new (Mike)

La première fois qu’il était venu au cabinet, j’ai su que je craquerai. Il fallait que j’arrête de me montrer aussi faible face à la combinaison d’un homme avec un chaton dans les mains. Mon amour pour ces petites boules de poils était parfois exagéré. Et puis de fil en aiguille il s’est confié, il m’a parlé des raisons qui l’avait fait atterrir en Nouvelle Zélande, de sa carrière, de son ex-femme et j’avoue m’être laissé séduire par ce jeune homme au coeur brisé. Je n’attends rien de lui, il y a longtemps que j’ai tiré un trait sur les histoires d’amour qui n’améne que le lot de problèmes. De nature, je ne suis pas une fille qui s’attache, à 32 ans je n’ai pas encore connu le grand amour. Alors je fais comme je peux, je me laisse séduire quelques temps et puis je finis par me lasser. Je n’aurais pas dû craquer, ce n’est pas très morale de mêler professionnel et privé. Ceci étant, la logique des choses veut que ce soit son chat mon patient, alors en théorie je n’ai rien à me reprocher. La première fois c’était un verre, rien de plus qu’un verre au bar du coin. Celui de Dwight après le boulot. On a beaucoup ri et j’ai surtout beaucoup bu. Et puis petit à petit je me suis laissé séduire, après tout, il avait le coeur brisé et je n’avais rien à perdre. Je devais fermer le cabinet plus tôt, j’ai eu un accès de chaleur, il a répondu favorablement à mes avances et à la seconde qui suivait, j’avais dégagé la tonne de paperasse sur mon bureau pour nous donner plus d’espace. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’une erreur de parcours, que c’était mal d’en être arrivé là, mais les choses se sont répété plusieurs fois avant qu’on se rende à l’évidence. J’étais officiellement devenue le plan cul d’un homme divorcé, sans attache, sans avoir à se rendre des comptes. Juste du bon moment et rien d’autre. Il est un peu plus de 20 heures, lorsque je reçois mon dernier patient en urgence. Je pique du nez et baille à plusieurs reprises pourtant je m’efforce de garder les yeux ouverts face à un maître inquiet. Je tâtonne l’animal, vérifie son poult, rien d’anomal à première vue. «  Écoutez Monsieur Amilton, je vous propose de me le laisser pour la nuit. Mais rien d’alarmant. Votre chien se fait vieux, il est possible qu’il ait des petites crises d’epilepsie. » rassurais-je le propriétaire avant de l’accompagner jusqu’à la sortie. Ma raison m’ordonne de rentrer chez moi, la journée a été rude et pourtant je me permet d’envoyer un message à Mike. Prenant furtivement des nouvelles de son chat et lui proposant de passer une bouteille de rouge à la main.

De nature, je n’aime pas m’imposer. Pourtant ce soir, je n’ai pas envie de me retrouver seul. La solitude commence à peser. Bien évidemment, je vis encore chez mon père et je dois redoubler d’excuse à chaque fois que je dois m’absenter de la maison. Je passe d’ailleurs à la maison me changer et me laver des odeurs animal que j’ai accumulé au fil des journée. Et puis, j’ai fini la journée à nettoyer ma blouse du sperme d’un chihuahua, chose qui se produisait à chaque fois que je recevais un animal non-castré. Il me faut une vingtaine de minutes pour me préparer. J’ai de la chance en quittant la maison, mon père n’est pas encore entré de son club de pétanque pour contrôler ma tenue et mes rendez vous. Lui, aurait voulu que sa fillette se marie et lui fasse de beaux enfants mais il n’a pas trouvé le courage de m’en parler directement. Je sais que l’idée le tracasse, je l’ai entendu parler à une de ses amies sur mon cas. Il est un peu plus de 22 heures lorsque j’arrives enfin chez Mike Waltham. Je sonne une première fois, puis une seconde et une troisième en perdant patience dehors dans le froid. Il faut dire que la tenue que je porte n’est pas très appropriée pour la saison, ni même approprié tout court. Vêtue d’un trench fermé et de talon assez haut pour lui arriver au point à l’épaule. Lorsqu’il ouvre enfin la porte, j’ouvre en même temps mon manteau pour lui donner un avant gout de la soirée qu’il s’apprête à passer. « Surprise! » dis-je en secouant la bouteille que j’ai dans les mains. Je me précipite à l’intérieur de l’appartement avant qu’un voisin ne me prenne pour une prostituée.

Je suis plutôt rassurer de me retrouver de l’autre côté de la porte rapidement. Mike m’invite à prendre mes aises le temps d’aller chercher des verres. Je lui tends la bouteille et me dirige vers son salon. Pas la peine d’être escortée, j’ai l’habitude de venir ici. Nous ne sommes pas à notre première rencontre. J’en profite pour poser mon imperméable sur une chaise et retire les talons qui me font affreusement mal depuis que je suis descendu de ce foutu taxi. Je ne suis pas vraiment prête pour l’engagement mais le fait de m’abandonner dans les bras d’apollon comme Mike ne me laisse pas indifférente. Je jette un bref coup d’oeil à quelques photos passé sur une des tables, il a visiblement effacé sa femme de tout les cadres familiaux.

Son chat arrive dans la pièce et viens frotter sa petite tête contre ma jambe, il me connait assez pour ne pas avoir peur de moi. « Oh mais t’es là toi! » dis-je en prenant la bête à poil dans mes bras pour lui faire des papouilles. J’étais gaga de cet animal, chez moi je possédais trois chats qui me rendait dingue. J’étais à peu prés sur que si je ne finissais pas ma vie avec un homme comme le voulait mon cher père, je vivrais entourer de ces bête là. Jen profite pour l’examiner rapidement, il a l’air plutôt normal. «  Tu lui as donné les croquettes dont je t’ai parlé. » dis-je en voyant Mike apparaitre dans l’encadré de la porte. Le vétérinaire qui somnole en moi avait pris le dessus. Je repose le chat au sol, puis m’approche de mon amant pour récupérer le verre qu’il me tend. La proximité entre nos deux corps ne me satisfait pas, après tout je n’étais pas venue pour jouer aux cartes, alors je me colle un peu plus à lui pour déposer mes lèvres sur les siennes en guise de merci.

« J’espère que cette bouteille fera l’affaire, je l’ai trouvé dans le bureau de mon père. » plaisantais-je bien qu’il y avait un peu de vrai là dedans. Je trempe mes lèvres dans mon verre. Je suis plutôt bière que vin, mais ça Mike l’ignore. Il sort d’une longue et pénible relation et j’essaye tant bien que mal de ne pas trop le brusquer dans sa vie de nouveau célibataire. Et bizarrement j’apprécie ce semblant de stabilité qu’il dégage. Les hommes mariés ou qui l’ont été, ont toujours cet air un peu plus protecteur que les autres. On se sent aimer même s’il n’est question de quelques heures seulement. « Alors ta journée? » lui demandais-je en lui jetant des regards pleins de sous-entendus.