à tes risques et périls. [Cyan #2]

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Bras croisés sur la poitrine, visage obstinément tourné vers la fenêtre, Ryan refusait d'ouvrir la bouche ou même de regarder son frère. Ce dernier avait bien essayé de lancer la discussion, mais c'était comme parler à un mur. Il avait dû s'habituer après trois mois à le voir dans le coma. Et il n'aurait qu'à s'y faire parce que présentement, l'aîné Braxton n'avait pas envie de faire le moindre effort. Un peu plus tôt dans la journée, tout se passait pourtant bien. Ryan avait repris ses marques dans son bureau, s'était lancé dans de nouvelles créations sur son logiciel de 3D. Étrangement, les gestes étaient restés machinaux au point qu'au bout de quelques longues journées de travail, il était à nouveau capable de créer. Cela restait simple, certaines options lui échappaient encore totalement. Mais passer un après-midi confiné dans cette pièce à s'amuser sur l'animation de quelques créatures dignes d'un cartoon pour enfants était d'un réconfort certain. Tout aurait dû bien se passer. Il était seul, tranquille, un soda sur le coin du bureau, de la musique sur la chaîne hi-fi, Sawyer et le chien au ranch. En jogging, ni coiffé ni rasé, il aurait pu y passer la journée. Sauf que voilà, on avait sonné à la porte. Et naïvement, Ryan était descendu ouvrir en pensant voir la tronche du facteur, ou éventuellement le voisin. Sauf que non.

C'était juste Cade, qui avait arboré l'air sûrement le plus sévère de sa collection pour lui lâcher cette phrase susceptible de ruiner sa journée : « T'as rendez-vous chez le kiné. » Ah ça, il avait tiré la gueule Ryan, avait franchement hésité à refermer la porte au nez du blond. Sauf que ce dernier était de loin le type le plus borné de sa connaissance et que toutes les protestations du monde n'avaient pas aidé, de même que la mauvaise volonté. Le petit frère l'avait harcelé pour qu'il se traîne jusqu'à sa chambre, enfile des vêtements décents, se brosse au moins les dents et quitte enfin le confort de la maison du couple Braxton. Qu'on se le dise, Ryan n'était pas toujours à l'aise dans cette maison. Il continuait de refuser le lit conjugal, alternait entre les nuits sur le canapé ou sur le matelas gonflable installé dans son bureau. Il continuait également de fuir le soir quand il le pouvait et d'avoir du mal à regarder son épouse en face. Cependant, s'il y avait un endroit sur Terre qui pouvait lui faire davantage grincer les dents, c'était bien l'hôpital. Rendez-vous chez ce putain de kiné.

Ils y étaient bientôt. Pas que Ryan se souvenait du chemin, mais les panneaux indiquait l'hôpital. C'est que cela ne devait pas être bien loin, maintenant. « Tu sais que je ne ferai aucun effort et que tu auras perdu ton temps, hein ? » Il cracha finalement, de mauvais poil au possible. Il séchait les séances de kiné depuis qu'il était rentré à la maison. C'était sciemment qu'il faisait perdre son temps à ce type qui s'acharnait à lui poser des rendez-vous. La vérité, c'était qu'il n'avait pas besoin de ça pour réapprendre à se servir de son corps. Il préférait les séances de sport avec Dylan. C'était un autre détail. « T'as une dernière chance de changer de direction et de nous faire passer un bon moment. Sinon, je t'assure que tu m'auras jamais vu avec une attitude aussi ignoble, même du temps où j'avais encore toute ma tête. » Et ce n'était pas une menace en l'air. Le caractère avait fini par revenir, même s'il n'était pas celui escompté.

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à tes risques et périls.
Cyan #2

Un bruit. Puis un second. Tu tournes la tête vers l'objet qui émet se bruit des plus … horrible. Ta main cherche l'objet en question qui n'est autre que ton téléphone. Soupirant et baillant par la même occasion, tu vois un appel manqué… de l'hôpital. Une nano seconde et tes yeux s'ouvrent en grand, pour le coup, tu ne comprends pas pourquoi toi. Ton rendez-vous chez la psy n'est pas prévu pour aujourd'hui .. te redressant péniblement… appuyant sur le bouton écoute, tu peines à te réveiller. La tête bien profondément dans le cul, la soirée fut rude. De vague souvenir, mais des picotements dans ta main. C'est en traînant des pieds que tu te rends à la salle de bain, visage blafard, cernes qui s'allongent, barbe qui n'en finit pas… Tu t'en moques, tu écoutes toujours les mots du kiné. Ce n'est pas pour toi, mais ça te concerne tout de même : Ryan. Apparemment il aurait loupé des séances de Kiné et cette fois le kiné ne passe pas … du coup comme tu t'es volontairement proposé pour aider ce chieur. Oui parce que tu sais que ton frère est un chieur, t'en es un, et tu sais que lorsqu'il a décidé un truc : c'est mort. Soupirant et balançant ton téléphone dans un coin. Tu vas devoir sortir, tu vas devoir le voir … une partie de toi est heureuse, mais l'autre … L'autre peine a se relever des mots qu'il te sort à chaque fois. Si à chaque fois tu affiches un sourire et une tête des plus neutres, à l'intérieur tu douilles et pas qu'un mot. Chaque mots qui sortent de sa bouche se percutent dans ton crâne et autant dire que les dégâts .. font mal. Ta main en sait quelque chose, bandage qui se maintient. Cette nuit reste un flou total pour toi. Tu ne sais plus exactement ce qui s'est passé. Tu te souviens l'avoir vu .. pourtant tu n'es pas sûr. Puis Abby. Non décidément cette nuit fut un vrai bordel, le trop d'alcool n'a guère aidé ta mémoire.

Le ronchon est dans la place, mais ça tu le savais déjà. Tu le connais, il a beau avoir oublié, pas toi. D'un côté ça t'amuse de voir qu'il a toujours son côté têtu, que tu peux avoir par moment. Et comme tu es tout aussi tenace que lui, tu ne baisses pas les bras. Ce qu'il a fini par comprendre au vue des dernières visites. Vous en avez même fait marrer les infirmières, il t’injurie, te dit de partir et toi tu souris. Tu souris et tu ne bouges pas. Aux yeux des infirmières vous êtes comme deux gamins, si seulement elles vous aviez vu gamins … Comme quoi dans le fond vous restez les même, mémoire en moins ou pas… Serrant ton volant, tu te contrôles. Lui s'en souvient pas, mais toi oui. Ce cauchemar qui te hante chaque nuit, sauf quand il est là.. une pensée qui t'arrache un sourire, pendant que ton passager se plaint -encore-. Il se souvient pas des effets de l'accident, toi en revanche, mais tu peux le faire. Tu peux le faire que tu te répètes. Te focalisant sur la route et sur ses mots. « ça te ferait bien trop plaisir, mais promis si t'es sage je t'offre une glace. » Esquissant un sourire. Toi aussi tu peux jouer à son jeu. Il boude ? Bien et bien tu vas opérer les méthodes que votre père opérait sur vous. Tu peux déjà voir ses yeux qui se lèvent. « puis j'suis sûr que tu peux faire mieux que ça ? » Tournant rapidement la tête, tu lui adresses un clin d’œil. Oui tu le provoques, mais de façon bonne enfant. Et d'un côté tu n'as pas tort. Ça te fait plaisir de voir que son caractère ressort, tu attends la suite. Le forçant à rien.

La voiture finit par se garer. « T'as bien fait de te laver les dents, parce que ton haleine de poney … je m'en serais passé » Il ne descend pas, mais quand bien même, tu viens lui ouvrir la porte. « Si Mme veut bien se donner la peine. » Tu souris et prends un petit regards malicieux. « j'en connais des moyens pour te faire sortir... » il soupire et finit par te donner satisfaction. Vous pénétrez dans l'enceinte de l'établissement. Bâtiment qui te fait serrer les dents, mais tu ne penses à rien. L'impression de voir sa silhouette, mais tu divagues sûrement. Il ne peut pas être là. C'est juste ton esprit qui s'aventure là où il ne devrait pas. Pensant au fait que tu devrais lui répondre et non le repousser … mais tu n'y arrives pas. Tu ne peux pas. Pas tant que Ryan est comme ça. D'ailleurs il ronchonne toujours le frère à tes côtés. « Ah je t'ai pas dit, j'ai gardé la surprise pour la fin. » Tu as captivé son regard. « C'est moi ton assistant aujourd'hui ! » là tu peux voir la joie sur son visage. Ironie quand tu nous tiens bien sûr. « ça va être formidable ! » que tu lui dis en tapotant son épaule et l'invitant à rentrer dans les lieux de 'tortures' plus pour lui que pour toi. Quoique tu sens qu'aujourd'hui il va falloir que tu prennes sur toi …

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Cade avait ce sourire fier collé aux lèvres, celui qui laissait penser qu'il était plutôt satisfait de ce qu'il faisait. Et à vrai dire, plus Ryan voyait ce sourire s'allonger, plus sa moue d'agacement étirait son visage. Il n'avait aucune envie d'être là, aucune envie de remettre les pieds à l'hôpital. Il ne pensait pas que ce serait son frère qui viendrait le chercher jusque chez lui pour le forcer à aller à ses rendez-vous. L'air de rien, l'aîné Braxton s'était habitué à la complaisance autour de lui. Personne ne le forçait à quoique ce soit, il était libre de ses mouvements. Cela faisait plusieurs semaines que cela durait et que finalement, il se construisait son quotidien en toute insouciance, sans le moindre sens des responsabilités. Un peu comme un gosse. Alors Cade, ce trajet en voiture vers le bâtiment médical de malheur ? Cela relevait de la trahison. Il ne s'en tirerait pas comme ça et pouvait clairement s'attendre à avoir ses nerfs mis à rude épreuve. Ce serait la moindre des choses pour le remercier de cette délicate attention. Le pire étant que le jeune n'en a rien à cirer, se contente de le provoquer et de lui faire comprendre que parler ne fera que lui faire gaspiller de la salive. Cade ne changera pas d'avis. « Va te faire voir. » L'aîné grogne, se retourne contre la fenêtre en observant avec un certain fatalisme la route défiler. Il n'a aucune fichue envie, bon sang. Le problème restant qu'il n'a pas d'armes sous la main à utiliser pour échapper à cette torture qui approche.

La voiture garée dans le parking sombre, Ryan n'a plus tellement le choix. Il faut y aller. « T'as aucun respect Cade. Je t'évite mon haleine de poney et tu m'infliges ta tête de déterré. » Il lui ouvre la portière, continue de se moquer. « ...Et en plus j'ai droit à ton arrogance. Ça se voit que je t'ai manqué. » Il veut plaisanter, mais il préfère ne pas regarder la réaction du cadet. Premièrement parce qu'il est toujours énervé d'avoir été traîné jusqu'ici. Ensuite parce que tout simplement... même s'il a pris sur lui, a arrêté d'être totalement agressif dès qu'on essaye de l'approcher, il n'est toujours pas Ryan. Il n'appelle toujours pas sa mère pour prendre des nouvelles, ne traîne toujours pas sur les réseaux sociaux pour voir les dernières frasques de ses sœurs, n'envoie pas de messages stupides à ses frères, n'a toujours pas ce réflexe de prendre sa femme dans les bras pour chercher son affection. « C'est bon. » Il grogne finalement, sortant de la voiture pour se traîner à contre-coeur jusqu'à l'entrée de l'hôpital.

Endroit qu'il reconnaît malgré lui. Il sait où se trouve la partie dédiée à la rééducation, et c'est un peu la mort dans l'âme qu'il continue d'avancer. Il va encore y avoir la tête fripée et dégarnie du kiné, encore cet air de reproche qui lui donne un air de hibou derrière ses lunettes. On lui reprocherait encore ses absences, on le tannerait avec les risques pour son corps. Et inévitablement, Ryan s'énerverait et rappellerait qu'il n'y avait plus rien à faire pour retrouver sa sensibilité. Alors tant qu'il savait marcher, pourquoi insister ? Autant dire que la surprise de Cade attire son attention, ainsi qu'une dose accrue de méfiance. Pour lui annoncer qu'il dirigera la séance. Ryan s'arrête net, fixe son cadet. « Non mais t'es sérieux ? Dis moi si c'est mon caractère habituel, mais là j'ai une puissante envie de te pousser sous les roues du premier brancard venu en espérant que tu te casses les deux jambes et que je puisse venir pourrir tes journées. » Taguer ses plâtres avec des dessins outrageants, l'empêcher d'avoir une bassine pour pisser et ce jusqu'à ce qu'il se fasse dessus, ou le nourrir avec tout ce qu'il déteste le plus. Oh que oui, c'était tentant.

Mais maintenant qu'ils y sont devant la salle de rééducation, maintenant que les infirmiers le reconnaissent et lui sourient, il n'a plus le choix. Il a une salle entière rien que pour lui. « C'est inutile. » qu'il grogne en s'affalant sur le premier banc venu. Il veut pas faire d'efforts.

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à tes risques et périls.
Cyan #2

Semblant, c'est le mot adéquate pour décrire cette situation. Tu fais semblant. Semblant d'aller bien. Semblant de sourire. Semblant de vivre tout simplement. Tu t'es promis d'être là pour lui et tu le fais. Tu tentes de tenir bon, mais à l'intérieur t'es juste brisé. Avancer alors qu'à l'intérieur t'as juste envie de tout stopper. D'envoyer tout valser. Est-ce la solution. Non une partie toi le sait, c'est bien pour ça qu'elle s'accroche à cette image. Celle que tout va bien, pour lui et un peu pour toi. Parce qu'il te reconnaît pas, il sait pas. Il sait pas que tu souffres. Que t'as mal. Non il sait rien, parce que c'est pas lui. Rien que cette phrase te fait mal. Le pire c'est que lui le vit encore plus mal. Ne pas savoir. Un truc qui te rend fou. La preuve tu en as péter les plombs y a quelques nuits. Pas savoir s'il était là ou pas. Te demander si tu ne devenais pas fou … cette question s'est posée à toi. Tu balais ce souvenir de ta tête. Te focalisant sur la route, mais ce n'est guère mieux. Parce que lui se souvient pas de cette nuit. Pas comme toi. Il n'a pas les images qui le hantent… sur ce point tu l'envies et ça te dégoûte. Tu dégoûtes d'envier ton frère et son amnésie, mais tu n'en peux plus. Tu n'en peux plus d'être hanté par cette nuit. Revoir cette image, qui change, se modifie, parfois elle s’amplifie. Tu n'arrives plus à savoir ce qui est le vrai du faux. Tu souffres. Et sa voix, sa voix qui reste inchangée et sa souffrance sur son visage. Tous ces flash qui te hantent, oui tu aimerais les oublier. Qu'ils ne soient plus là. Sauf que t'es conscient que c'est ta pénitence. Tu n'as rien eu. Rien comparé à lui. Alors tu mérites de revivre cela, encore et encore. Au prix de ton âme. Gardant ton sourire, pour lui, pour lui montrer que tu es là. Que tu ne baisses pas les bras. Tu peux le faire. Du moment qu'il ne voit pas l'intérieur, à tes yeux ça va. Tu tiens le cap. Petite blague par ci, par là. Il se plaint et ça t'amuse. Du moins une partie de toi, l'autre aimerait être ailleurs. Et si tu faisais à nouveau tout capoter ? Si la voiture partait à nouveau dans le décor … tu y penses à tout ça. Ça te hante à chaque croisement, mais c'est saint et sauf que vous arrivez à l'hôpital. Tu as entendu ses plaintes et tu aurais pu l'emmener ailleurs. L'idée était là, peut-être qu'il t'aurait perçu autrement. Qu'il ferait moins le gamin, mais non. Tu obéis aux médecins, ce qui est une première. Il a besoin de ses séances, qu'il le veuille ou non. Puis aujourd'hui c'est différent, puisque c'est toi qui va l'assister. L'après midi s'annonce … longue et éprouvante, vu le caractère de ton frère. T'as l'impression de revenir à votre enfance. « J'vais juste te dire que tu as eu de meilleures idées en matière de torture. » ajoutant un petit clin d’œil à tes propos. L'idée qu'il se laisse pas faire, qu'il ronchonne ça te plaît. Quelques part tu retrouves un peu du Ryan que tu connais, juste un peu. Quoique son côté ronchon reste inchangeable. Manque de bol pour lui, tu restes le même chieur et ça il le sait pas. Il va le découvrir aujourd'hui. Tu le regardes s’asseoir sur le banc, comme un enfant, croisant les bras. « j'suis sûr que maman aimerait la photo. T'as l'air d'un vrai gamin.. quoique j'suis pratiquement sûr que le gamin te battrait ! » petite provocation. Tu lui montres le gamin au loin qui prend ses exercices au sérieux. « tu vas pas me dire que toi l'homme fort n'est pas capable de faire mieux que lui ? » Arquant un sourcil, tu le regardes, puis le gamin. « Ouais non t'as raison, tu vaux mieux que ça ! C'est vrai quoi ! Pourquoi me prouver que tu en es capable » Tu prends place à ses côtés, croisant tes bras sur ton torse. L'imitant. «On va rester là et on va discuter, alors tu en penses quoi la météo en Chine ? » Il tourne la tête vers, armé d'un grand sourire, tu le fixes. « Oh tu préfères un autre sujet, hum voyons voir … l'utilité des cotons tiges ? » il te regarde toujours. Oui tu es sérieux, tu ne vas pas bouger et des sujets à la con tu en as des tonnes. « J'ai toute ma journée, moi et ma tête de déterré ne bougeons pas ! » Pas d'bol, pour lui. Après tout tu appliques ton rôle, celui d'être le petit frère super chiant. Ça tu sais faire même si à l'intérieur t'as envie d'être ailleurs.

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À l'instant présent, Ryan sentait bien qu'il serait capable de beaucoup de choses pour ne pas mettre les pieds dans la salle de rééducation. Vraiment beaucoup de choses, même à mettre ses menaces à exécution. Oh ça, l'envie ne lui manquait pas. Le fait que Cade en rigole ne faisait que lui hérisser un peu plus le poil. Cet abruti ne le prenait pas au sérieux. C'était presque humiliant au fond ; le brun avait beau être l'aîné, un homme adulte, majeur et vacciné, il n'avait plus aucune autorité envers qui que ce soit. Il était materné comme le serait un gamin de 8 ans, n'était pas écouté quand il disait non. Pourquoi, au juste ? Qu'est-ce qui l'empêchait de vraiment taper du pied et faire demi-tour ? Il pourrait prendre un taxi pour rentrer. Ou pas d'ailleurs, pour aller n'importe où. N'importe quel endroit qui lui ferait plaisir. « Me sous-estime pas. » Le ton est dur, pas un brin amusé. Presque méchant, en toute franchise. Parce qu'il se sent blessé, a besoin de rappeler que personne n'a le contrôle sur lui et que malgré le temps qui passe, l'affect pour ses proches n'existe toujours pas. Cade ou le type croisé en sortant de la voiture, cela revenait au même. Leur lien de sang, pour l'instant, ce n'était que des paroles auxquelles Ryan devait croire. Alors poussé dans ses retranchements, il risquait de ne plus voir un frère, mais bel et bien le responsable de sa situation. C'était à éviter.

Il ne pense pas être du genre violent, mais il faut bien admettre que Cade donne tout ce qu'il a pour se faire battre, visiblement. L'envie de le défenestrer lui traverse l'esprit, fait son bout de chemin. Heureusement que la salle est au rez-de-chaussée, sérieusement. Heureusement aussi que le gamin est là, que lui n'a rien à faire dans leurs histoires. Il pourra pas hausser le ton, dire clairement ce qu'il en pense. D'ailleurs, ne pas répondre et serrer les dents partait du principe de précaution. Sauf que Cade, eh bien, il ne la fermait pas. Préférant enchaîner sur des sujets à la con, sur une insolence manifeste et... il était insupportable. Tout simplement. Il bougera pas, c'est bien compris. Ça fait naître le cas de conscience chez Ryan. Faire les exercices et lui donner satisfaction, sachant qu'au fond c'est pour son bien, ou enfin mettre un point final à cette surveillance infantilisante ? « T'es en train de me taper sur le système, Cade. Je suis sérieux. » Et ça devait se voir à son regard froid et à ses bras qui vinrent, avec un réflexe étonnant, se croiser contre son torse. « Je compte pas bouger non plus. Et tu sais pourquoi ? Parce que je n'en ai pas besoin. » Il fait trois pas dans la salle, désigne un vélo de rééducation. « Tu crois que j'ai besoin de ça ? Tu crois que je préférerais pas juste aller en faire dehors, sortir enfin de ce foutu hôpital où j'ai passé trois mois à dormir ? » Il bouge encore, se plante devant les barres horizontales qui étaient supposées lui servir d'appui pour qu'il s'entraîne à marcher. « J'ai pas besoin de deux bouts de bois pour marcher, sérieusement ! » Il a un rire nerveux, se frotte le visage en secouant la tête. « C'est mort, Cade. Tu peux rester ici si ça te chante, mais moi je me barre. » Il se laisserait pas faire cette fois.

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à tes risques et périls.
Cyan #2

Piètre pièce qui se joue sous tes yeux, spectateur de ta propre vie. Vie que tu abandonnes. Vie que tu coules petit à petit. T'en sais rien pourquoi tu agis comme ça, enfin si tu sais. La réponse se trouve sous tes yeux. T'es responsable de tout ce bordel, alors si tu parais si confiance, si bien dans ta peau .. ce n'est que du vent. Parce qu'à l'intérieur t'es qu'un fantôme, qu'un zombie qui avance. Promesse de faire semblant, d'avancer pour lui, pour vous. Tu ne le fais pas pour toi, tu le fais pour lui. Tu t'en fous s'il se souvient de rien, tu peux le faire pour deux. T'as juste promis. Promis de tenir le coup. D'être là pour lui, alors qu'importe ses plaintes t'es là. Il peut te gueuler dessus, t'injurier, te frapper si ça le chante, ça ne changera rien. Il ne peut pas savoir, il ne doit pas savoir. Alors tu te tais, tu encaisses, gardant ce sourire. Celui qu'il déteste, celui qu'il doit avoir en horreur. Non tu ne te moques pas de lui. Tu tentes juste de garder un semblant de contact avec le monde extérieur. C'est ta façon de lui montrer que tu es là, qu'il ne doit pas voir à quel point tu es en train de sombré. Il sombre assez de son côté, pas besoin qu'il voit à quel point tu es un déchet, autant pour la société que pour lui. Soufflant, la journée s'annonce longue, ça tu le savais. Ton mal de crâne, qui s'évapore doucement, ta courte nuit et ta douleur qui persiste. Tu ne te souviens toujours pas comment tu t'es fait ce bandage à ta main. Sûrement trop alcoolisé pour t'en souvenir. Douleur qui martèle ton torse et ta main. Douleur que tu enfermes dans un coin de ton être, ce n'est pas le moment d'y songer. Pas ici, pas maintenant. Il rouspète, encore, toujours. Tu t'en doutais, tu savais que ça ne serait pas facile. Il s'agit de Ryan, il a beau ne plus être le Ryan que tu as connu. Celui avec qui tu as grandi, avec qui tu as tes meilleurs souvenirs. Non ce n'est pas ce Ryan là qui se trouve en face de toi. Cet homme, cet inconnu .. ce mot te fait toujours aussi mal, que tu dois apprendre à connaître. Qui doit apprendre à te connaître, qui ne demande rien, juste à être ailleurs. Cet homme dont tu infliges ta présence, persiste à rester de marbre face à tes remarques. Il perd son sans froid, tu le vois bien. Il s'agace, s'énerve un peu plus. La goutte d'eau fut de trop lorsque tu lui as dit que tu étais son partenaire de la journée. Tu n'y peux rien, avis du médecin. Contemplant la scène, il bouge, il cause, il gesticule. Puis le rideau tombe, il baisse les bras, du moins à sa façon, te faisant comprendre qu'il ne compte pas faire ce qu'il doit faire. Soufflant, serrant les poings. Tes doigts qui se crispent, l'envie de quitter cette place trésaille dans ton être, mais non. Tu expires un bon coup. « T'as b'soin d'quoi alors ? » que tu lui dis en plantant ton regard dans le sien. Ce n'est pas la première fois que tu fais face à une 'colère' de Ryan, enfin si tu peux appeler ça ainsi .. avant c'était différent. Sachant cette pensée de ta tête. « Aux dernières nouvelles t'as pas fait médecine. » provocation. Tu vois dans son regard qu'il ne supporte pas ta remarque. Tu vas un peu trop loin, mais tu t'en moques. « Alors ouais j'sais pas peut être pas ce que tu ressens, p-t-être que que t'en as pas besoin. Va savoir. Toujours est-il que c'est pas comme ça que tu vas t'en sortir. » des regards se posent sur vous, t'en as rien à faire. L'impression d'être à sa place, cette sensation te fait horreur, pire d'être ton père et ça .. ça te fiche la chair de poule. « C'est pas en te comportant comme un gamin de cinq ans que tu vas t'en sortir. C'est pas en fuyant hors de chez toi tous les soirs que tu vas y arriver. » tes mots sont durs, tu le sais, mais tu lui fais comprendre au passage que tu sais. Lui tournant le dos, tu t'avances vers la porte. « Tu veux pas bosser ici ? Très bien, on va ailleurs, mais crois pas que je vais lâcher le morceau. » Ton regard dans le sien, s'il veut se comporter comme un gamin, soit, tu peux faire mieux. « Si tu comptes faire ta crise ici, actives toi car la marée est basse et j'ai pas envie de sauver d'une noyade éventuelle parce que Mr aura oublié ses bouées. » les regards passent sur vous, mais t'en as clairement rien à faire. Un grand sourire apparaît sur ton visage, oui tu es ton père et ça .. ça te fait peur. Tu le revois se comporter ainsi avec toi ou avec Ryan lorsque vous ne vouliez pas faire une activité. Il savait toujours comment si prendre avec vous, surtout avec toi. Ne baissant pas ton regard, tu vois Ryan qui traîne des pieds ou plutôt tape du pieds, comme un gosse. Levant les yeux au ciel, mais fier de voir qu'il finit par céder et venir vers toi.

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C'est donc à ça que ça ressemble, des envies de meurtre. Parce que très honnêtement, s'il n'y avait pas de témoins, s'il n'y avait qu'eux deux, Ryan lui aurait foutu son poing dans la tronche, juste pour enfin faire disparaître ce sourire qui le rend horripilant et supérieur. Ça le rend dingue Ryan tous ces gens qui le maternent en lui sortant ce qui est le mieux pour lui. Ils en savent rien. Parce que c'est pas tant le corps qui a besoin de se soigner. Il va bien lui, il a rien de cassé. Un peu fatigué mais c'est un putain de détail. L'esprit, lui, c'est pas la même histoire. Il est prisonnier d'un corps, d'une histoire dont il ne se souvient pas le moindre du monde. Personne ne peut le comprendre. C'est horrible à dire mais chaque personne qu'il rencontre ne peut pas même imaginer ce qu'il vit. Peut-être qu'il y survivra, peut-être qu'il enverra chier le monde entier et se cassera à l'autre bout du monde. Ils ne se rendent pas compte tous, qu'à ce moment présent, le type qu'ils connaissaient est à deux doigts de disparaître de leurs vies pour de bon. Et Cade... bon dieu Cade. Il est en train de ruiner le peu de positif qu'il y avait entre eux avec ses paroles. Ryan a un rire jaune, nerveux, il doit serre les dents et tirer sur ses épaules pour avoir cette sensation de force qui l'empêche de hurler. Et ce putain de sourire triomphant.... le brun ne répond rien, tourne les talons. Mais son cadet ne bougera pas. Ça lui prend quelques secondes de réflexion. Revenir pour cracher son venin ou se casser avec fierté, ce qu'il devait faire avant d'exploser ?
Il est celui qui cède, revient sur ses pas. Mais ce n'est pas pour céder et faire de pauvres exercices, non. Il a le regard qui tourne dans la pièce, s'accroche aux regards curieux posés sur eux. Jusqu'à tomber dans celui de Cade. Ça ne fait que ranimer sa haine, à cet instant précis. « T'as vraiment pas envie de te faire apprécier, hein ? T'as vraiment envie que j'arrête les efforts et que je te considère comme tous les autres, à savoir des étrangers ? » Il aurait dû faire ça. Ne jamais venir jusqu'à l'hôpital, ne jamais ouvrir la porte. Il aurait dû s'affirmer. « Je t'explique comment ça va se passer, Cade. J'vais me barrer d'ici, que tu sois d'accord ou non. Parce que je vais te dire ce qu'il en est : j'ai pas besoin de toi. Tu es un boulet, l'exacte genre de personne que je déteste voir. Peut-être que je tenais pas le même discours avant l'accident, mais tu peux t'en prendre qu'à toi-même. » Tout était de la faute de Cade. C'était un accident, certes. Mais qu'est-ce qui excusait d'avoir pris le volant alcoolisé ? « Ce que je fais des mes journées et de mes soirées, ça me regarde. T'as pas à la ramener, à aucun moment. Maintenant, on va poser la vraie question : tu sauves ta peau en étant un peu plus conciliant, ou on en reste là et tu me ramènes. Dans tous les cas, retiens la leçon. C'est pas toi qui va me dicter ma conduite. » T'es seulement fier de toi, Cade ?

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