You can't make the same mistake twice. The second time it's not a mistake, it's a choice.

l'histoire de ma vie

petite citation pour faire joli

Souviens-toi, ce soir-là…
C’était à l’automne deux-mille-dix. Il faisait froid, mon épais manteau de cuir-noir me couvrait à peine. Ou peut-être était-ce la quantité de drogue trop importante que j’avais prise qui me rendait plus faible face aux intempéries. Mais la colère échauffait mon être. Mon sang bouillait, parce que je sentais que ce soir encore, j’allais devoir prendre les choses en main. Cet enfoiré ne m’avait pas payé, et pourtant la quantité que je lui avais refourguée était conséquente. Non, il n’allait pas s’en sortir comme ça…

« Les six cent dollars, tu vas me les filer dès ce soir, où je te jure que je viendrai te pourrir jusqu’en Enfer. Je te suivrai comme ton ombre, tu n’auras plus un seul moment de répit jour et nuit. Je serai la peste qui te rongera jusqu’à la moelle de tes os, Mulder, tu vas me payer crois-moi. » Lui dis-je en le saisissant par le col pour le projeter contre les poubelles qui se vidèrent sur le sol,  cette ordure croupissant parmi les autres.

Mais tout à coup, j’entendis une voix s’élever à quelques pas à peine de nous. Cette jeune femme… je ne l’avais même pas vu arriver. Et elle voulait que je le lâche ? Que je le laisse en paix ?
Je ricanais.

« Allez, sors de là ma beauté, tu n’as rien à faire ici. Hop, hop, hop, tu vas où, toi ? » Lançais-je à l’escroc malhonnête qui tentait de se relever, tandis que je le poussai une nouvelle fois dans la crasse.

A nouveau l’étrangère s’opposa à moi, me priant de le laisser sinon… j’allais avoir à faire à elle ? Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire, détournant malencontreusement le regard de l’homme qui me pompait toute ma marchandise et qui se permettait de me rouler dans la farine. Aussitôt, je lâchai un grommèlement de douleur, sentant une violente douleur me saisir les… parties génitales. Cet enfoiré venait de m’assigner un coup de pieds bien placé alors que cette nana avait détournée mon attention. S’enfuyant en courant, il disparut à l’angle de la ruelle, et je grognai envers la jeune femme :

« Vous étiez de mèche, c’est ça ? »

Je m’approchai d’elle lorsque la douleur se fut calmée, les mâchoires serrées de mécontentement, les nerfs sur le bord de l’explosion.

« Contente, poupée ? Tu viens de me faire perdre un client et une soirée de salaire. » Lui dis-je en arrivant à sa hauteur, l’éclairage nous illuminant alors que je plongeai mon regard dans le sien. Elle était… belle. Oui, vraiment très belle. Mais elle ne se laissa pas faire, et plus que sa beauté manifeste je crois que c’était ce caractère maitrisé, assuré et opposant qui me fit littéralement craquer.

Souviens-toi, ce soir-là… Oui, souviens-toi Adriel de ce premier et dernier coup de foudre que tu as ressenti en la voyant, elle, cette inconnue. Cette étrangère au bataillon qui se permettait de te tenir tête et qui, de sa hauteur inférieure à la tienne, ne tremblait même pas. Tu as beau être un homme très solide, baraqué, colérique et dangereux, face à elle tu n’étais plus rien. Tu ne l’as peut-être pas compris immédiatement, mais bien vite cette réalité devint manifeste : tu as eu un coup de cœur. Le premier et le dernier que tu n’auras jamais. Cette nana-là, cette petite bonne femme certainement plus jeune que toi et pourtant si sûre d’elle, elle venait de te reléguer au rang de minable. D’imbécile heureux qui se promit alors une chose : tout faire pour ne jamais la perdre de vue, qu’importe que tu te prennes un nouveau coup de bien dans les parties. C’était idiot et insensé, mais pour la première fois de ta vie… oui. Tu es tombé amoureux. Et en quelques secondes à peine.
Et alors une étrange phrase sortie de tes lèvres :

« Quitte à perdre encore quelques dollars ce soir… Je peux vous inviter à prendre à verre ? »

Et… elle refusa. Surprise ? Non. Mais sans qu’elle ne le sache, je la suivis jusqu’à chez elle. Et les jours défilant, je m’arrangeais pour que, par le « plus grand des hasards » je vienne faire mon footing dans les mêmes avenues qu’elle. Pour que, par le « plus grand des hasards » j’aille au quartier du coin lorsqu’elle y était. Et ainsi de suite. Tout un tas de petits éléments orchestrés de façon si minutieuse que l’on aurait dit que c’était la vie qui nous avait placées sur le même chemin. Alors j’attendais, et un jour le plus beau se produisit : elle vint sans animosité me parler. Celle portant le doux prénom de Lexie. Au départ, elle m’autorisa à venir boire mon café à sa table. Puis un second. Un troisième. Et un jour je la raccompagnai chez elle. Un autre, ce fut même un film que nous allâmes voir ensemble. C’était une réalité : plus le temps passait, et plus nous trainions ensemble, oserai-je dire rapprochait. Et puis un jour, un beau jour, nous partageâmes un dîner des plus exquis dans un restaurant branché de la ville où je l’avais invité. Elle savait que je travaillais dans un milieu de malfrats malhonnêtes, mais pour le moment elle ne me disait rien. Et moi, lentement, je raccrochais. Naturellement je quittais l’univers de la drogue, une fois que je me fus construit un capital. J’avais écouté toute la soirée les récits de la globetrotteuse avec passion et attention. Je la raccompagnais ensuite chez elle, et ce qui devait arriver arriva : nous nous embrassâmes. Mieux, nous passâmes même la nuit ensemble. L’une des plus belles, et la première d’une longue série qui, un an plus tard, nous poussa à franchir un cap. J’avais cessé le commerce illégal d’armes et de drogues, elle restait ici, à Wellington, et… je la demandai en mariage. Et alors, à mon plus grand des bonheurs, elle accepta sans l’ombre d’une hésitation. Seulement qui dit mariage de rêve dit cérémonie de rêve. Qui dit cérémonie de rêve demande beaucoup d’argent. Et qui demande beaucoup d’argent… Demande de retourner vers des professions qui font gagner un maximum en peu de temps. Entretemps j’avais trouvé un job dans une salle de sport, là où je pouvais mettre ma carrure très développée à profit. Mais le salaire que je recevais, bien qu’intéressant, n’était pas suffisant pour le mariage que je voulais offrir à la femme qui comblait mes jours et mes nuits dans chacune de mes pensées. Je lui avais promis que je changerai de voie, que je deviendrai quelqu’un de bien, et je lui avais prouvé qu’elle pouvait me faire confiance. Je lui avais même demandé que moi, l’escroc malfaisant devenu un amoureux inconditionné rangé dans le chemin droit de la justice, devienne le père de ses enfants. Et ça aussi, ma chère et tendre l’avait accepté. Alors pour cela, il faudrait que pour l’espace de quelques mois à peine et seulement je retombe dans la noirceur. Et c’est ce que j’ai fait. J’avais pensé réussir haut la même. Oui, mais ça c’était jusqu’à ce qu’un beau matin de mai la porte d’entrée de notre appartement ne s’ouvre à la volée et que l’on se retrouve avec une dizaine de types de la police, équipés de casques, armes et gilets pare-balles dans la chambre. Aussitôt on me sortit du lit, vêtu seulement d’un pantalon de pyjama, le torse nu, mains menottées dans le dos. On fit un topo à ma fiancée Lexie, lui dévoilant que j’étais retombé dans les bras charnus de l’illégalité des plus totales.
Je me retrouvais alors en prison, et les semaines passèrent. Oui, elles passèrent sans que je ne vois Lexie venir. Rien, pas même une seule fois. Et puis un jour, j’entendis la voix grasse de l’un des matons m’appeler.

« Williams, viens ici. »

J’obéis, vêtu de ma tenue orange qui me donnait l’envie de vomir tant je ne la supportais déjà plus, et pris l’enveloppe que l’on me tendait. Mon prénom écrit sur celle-ci fit battre mon cœur. Je reconnaissais l’écriture de ma fiancée écrite dessus. Peut-être allais-je enfin savoir pourquoi elle avait joué les abonnées absentes. Un virus, peut-être ? Non. Ses mots furent assassins. Elle ne voulait plus de moi. Elle en avait marre, j’étais allé trop loin. Peut-être avait-elle raison, mais de là à dire qu’il ne pouvait plus y avoir de sentiments, était-ce possible ? Ces larmes qu’elle avait versées le jour où l’on m’a cueillis deviendront-ils la seule et dernière image que j’aurai d’elle jusqu’à la fin de ma peine, alors que je ne la reverrai plus jamais puisqu’elle sera je ne sais où à l’autre bout de la planète, reprenant sa vie de globe-trotteuse comme si je n’avais jamais existé ?

Une chose était certaine : moi, je l’aimerai toujours.
Une chose était certaine : j’avais été un grand imbécile. Et je suis très poli en utilisant ce mot.
Une chose était certaine : jamais je n’aurai pu me douter qu’en réalité elle resterait à Wellington.
Une chose était certaine : jamais je ne pourrai deviner qu’en réalité… elle ne peut plus me voir car elle est enceinte.