ghost of the past (rhéa)

« James, tu peux me dire pourquoi tu as mis le platéosaure du Trias avec un diplodocus du Jurassique ensemble ? Ils n’ont même pas vécus à la même époque. » Demandais-je au jeune stagiaire a qui je venais de donner la responsabilité de faire une des vitrines du musée. Certes, il venait de débuter ses études mais quand même, c’est la base de connaître le nom des dinosaures avec leur ère. Je restais calme et lui expliquait doucement son erreur. Heureusement pour lui, je n’étais pas dans l’un de mes mauvais jours et malgré son erreur, je ne le renvoyais pas tout de suite classer mes dossiers. Au contraire, je lui demande de recommencer, espérant que cette fois-ci, je ne sois pas obligée de le reprendre. Je sais me faire entendre et je suis sûre que cette fois, il vérifiera avant de me montrer son travail. Je retournais à mon bureau, et lisait une étude importante d’un chercheur qui voulait me rencontrer pour débuter un travail ensemble. J’étais flattée de sa demande et je mettais corps et âme à ne pas le décevoir. et plus je passais du temps a travailler, moins tôt je rentrerais chez moi. Mon mari n’est pas encore parti pour son voyage et je sais que ce soir, il m’attendra pile à l’heure, sur le canapé.

Je devais tout de même quitter le travail à un moment, il se faisait déjà tard. Je rentrais à pied chez moi, notre grand et bel appartement se trouvais qu’à quelques rues du musée. J’observais les arbres sans vie, ayant perdu leur plumage, les jeunes qui sortaient avec leur ami, ou encore des couples mains dans la main dans une balade tardive. Je ressentais de la jalousie pour tous ces gens autour de moi qui avaient l’air heureux. Je décidais moi aussi de prendre quelques minutes pour moi, allant m’acheter des churros au marchand du coin. Mais je devais tout d’abord retirer de l’argent. Une femme se tenait devant moi, déjà en train de prendre son argent. J’attendais patiemment mais quand elle se retourne, son visage me plonge immédiatement dans mon passé, comme une vision de la fille que j’étais hier. Rhéa Lestrange se trouvait devant moi, et depuis tout le temps que je ne l’avais pas vu, je me demandais, en la dévisageant, si je ne rêvais pas. Elle est un merveilleux souvenir de mon enfance et malgré son départ rapide, c’est du passé, je ne peux pas lui en vouloir. « Ma douce. » Chuchotais-je sans vraiment m’adresser à la jeune fasse planter en face de moi. J’avais l’habitude de l’appeler ainsi quand nous étions ensemble plus jeune et ce surnom m’est revenu aussitôt j’ai regardé son visage. « Rhéa, je suis tellement surprise de te voir. Je croyais que tu ne vivais plus ici. » Dis-je, en ayant envie de continuer de parler et ne plus m’arrêter. Je ne peux expliquer ce sentiment et cette joie en moi. « T’as pas changé. » Dis-je. Elle est toujours aussi belle. Comme dans mes souvenirs. Elle est la première et seule femme a qui j’ai laissé mon cœur s’emballer. Bien que nous étions très jeune et que notre relation était naïve, elle a eu une place importante dans ma vie. Ses parents adoptifs nous avaient surprises alors que nous nous embrassions et quelques jours plus tard je ne la voyais plus dans la ville et je n’avais plus aucunes nouvelles d’elle. J’ai appris plus tard que ses parents l’avait envoyé loin de moi, en pension. Par ma faute peut-être.

Shit. Shit. Double Shit. Si je continue je vais être à la bourre.. rectification : je suis à la bourre. Eh fuck ! Je sens mon téléphone qui vibre dans ma poche arrière. Gus tu vas attendre, je dois finir de mettre mes converses  … et merde je dois tirer des sous, parce que je me connais. Je vais avoir envie de toutes sortes de cochonnerie là-bas ou alors pour après. Oui parce qu'on va forcément aller au bar ou alors il est malade. Non ce soir on commence par cinéma, y a un film qu'il veut à tout pris voir. Un truc qui commence par Kingtruc je sais plus quoi, j'ai dit ok. Qu'est-ce qu'il me ferait pas faire … bon d'après lui c'est pour m'excuser de la soirée au manoir. Pour ma part je m'en rappelle … que vaguement. C'est lui qui est pas marrant, il avait dit oui, ou alors j'avais dit oui ? Je sais plus, toujours est-il que j'y suis pour rien moi si on s'est paumé. Peut-être que si, mais ma mémoire me fait défaut. Il aurait dû être plus accroché à moi .. donc bah du coup en attendant il doit choisir tous les programmes filmiques pendant un mois .. voilà ma punition. Y a pire, mais quand on nous connaît et bien .. moi j'ai besoin de sang, de Dexter, de truc glauque quoi .. Tout ce que Gus déteste .. j'ai peur pour le film de ce soir … pitié pas des petits poneys ou je fais un malheur. Non je pense pas que ça soit son genre, c'est que je le connais un minimum. Je laisse un mot à Jo, histoire qu'elle me cherche pas partout dans l'appartement. Cette fois c'est mort : je ne vais pas aux poubelles, l'autre Ken n'est pas dans le coin : parfait ! Allez c'est partie pour une bonne soirée, elle ne peut forcément qu'être bonne vu que je la passe avec Gus. Petit détour vers la banque, parce que j'ai besoin de liquide. Un jour j'y penserais à y penser plus tôt et non à la dernière minute. Je vais répondre à Gus, je vais lui dire que je suis dans les transports .. little mensonge, mais bon il me connaît. Il sait que moi et la ponctualité … ça fait quatre. Au moins ça, je me demande toujours comment et pourquoi mon patron me garde… Parce que je ne suis pas la meilleure des employés, que j'arrive souvent en retard .. qu'il m'arrive de ne pas être aimable avec les clients… En clair, il aurait dû me virer depuis bien longtemps, mais j'y suis toujours. Le mystère de mon job, je crois juste qu'il a perdu l'envie de me raisonner ou un truc du genre. Il dit que je suis un cas, ce qui n'est pas forcément faux. Sms au brother au passage parce que bon faut pas qu'il oublie lui non plus qu'on se voit demain, pizza et compagnie. C'est bon ma tête est encore là, j'ai rien oublié, ah bah si l'argent. Et pourtant je partais pour ça .. bon elle est où la tirette ou le truc qui donne des billets magiques. Ah bah elle est là et y a personne : magique. Donnes moi de l'argent mon enfant, non je vais pas vérifier mon compte, on va pas se faire du mal ce soir. Ce n'est pas le moment, je compte passer une bonne soirée donc on oublie l'état du compte. On prend les sous et on se tire … et c'est là que je fais un petit bon, en me retournant. Parce que j'étais pas prête à croiser du monde de un et encore moins de deux croiser quelqu'un de mon passé … « Ma douce. »  qu'elle murmure, je peux sentir mes poils qui s'hérissent .. ou alors c'est parce que j'ai pas mis ma veste. L'un ou l'autre, ça me va. « Rhéa, je suis tellement surprise de te voir. Je croyais que tu ne vivais plus ici. »  J'ouvre la bouche et la referme aussitôt, elle m'a cloué le bec. Clairement ! On ne peut pas dire que je m'attendais à la voir ici et encore moins ce soir … Gosh Venus ou la diablesse de mon passé, enfin diablesse, d'après ceux qui me servent de parents adoptifs .. Pour moi elle a toujours été .. tentation et tellement d'autres choses. « T’as pas changé. »  Je sens un sourire apparaître sur mon visage. « Tu peux parler, tu t'es regardé ! » Et voilà, j'ai retrouvé ma voix, il m'en fallait pas beaucoup. Je m'approche d'elle et c'est comme ci j'étais attirée, tel un aimant je la prends dans mes bras. « C'est bon de te voir .. » que je murmure à mon tour. Je me recule un instant pour la dévisage. « Gosh ça doit faire quoi .. plus de dix ans non ? » le temps passe vite … mais mon sourire ne disparaît pas …  

Elle avait marqué un tournent de ma vie très important, et je peux qualifier son départ comme mon premier chagrin d’amour. Nous étions jeunes et sans qu’aucunes de nous deux ne s’en doute, quelque chose de spécial et différent est né entre nous. Très vite, nous avions compris que cela ressemblait à ce que les plus grands qualifiait de « relation amoureuse » et nous nous sommes construit notre histoire. Nous passions notre temps chez l’une ou chez l’autre, s’embrassant, se câlinant et nous amusant comme deux jeunes adolescentes. Jusqu’au jour ou sa famille nous a découvert en train de nous embrasser dans sa chambre. Je n’avais jamais vu un visage aussi effrayé que celui de sa mère et aussi dégouté que celui de son père. Je n’oublierais jamais cette imagine de mon esprit. Depuis ce jour, je ne l’avais jamais revu et le choc intérieur lorsque je croise son regard aujourd’hui n’a pas d’égal. Elle est toujours aussi resplendissante, je dois l’avouer. J’ai hâte de parler un peu avec elle, si nous le pouvons. C’est vrai, elle n’avait pas changé. « Tu peux parler, tu t'es regardé ! » Dit-elle pour répondre, et elle me fait sourire. Je ne sais pas, pour moi, je n’ai plus rien a voir avec la fille qu’elle a connue lorsque nous étions enfants. Avant, je vivais ma vie comme je l’entendais mais maintenant, je suis menée à la baguette par mon mari psychopathe. Mais c’est une chose que personne n’a besoin de savoir. Aussitôt elle me prend dans ses bras. Je suis surprise par son geste mais c’est tellement agréable. C’est comme si j’avais de nouveau quatorze ans et que tout était facile à cette époque. « C'est bon de te voir .. » Murmure-t-elle dans mon oreille avant de reculer de nouveau pour qu’on se regarde. Je n’ai plus de mots alors je la laisse reprendre la conversation. J’ai l’impression que cette scène est irréelle. « Gosh ça doit faire quoi .. plus de dix ans non ? » Ouais, ça doit être ça. C’est tellement loin, comme si cette époque était une autre vie de moi-même. Une ou j’étais heureuse et ou j’avais mon libre-arbitre. « Presque vingt ans, tu te rend compte ? » Demandais-je, en faisant mine d’être surprise. On croirait deux vieilles femmes qui se retrouvent avec cinquante ans de séparation. Nous sommes encore jeunes après tout, on peut rattraper le temps perdu. « Tu es revenue à Island Bay il y a longtemps ? » Demandais-je curieusement. J’avais appris qu’elle n’était plus en ville quelques mois après sa disparition de ma vie. Je m’étais toujours dis qu’elle ne voulait plus me voir puis je me suis convaincue qu’elle avait déménagé ou qu’elle n’avait pas eu le choix de partir. « On devrait aller boire une verre pour discuter. » Proposais-je pour plus tard, bien que si elle était disponible, je serai heureuse d’aller maintenant m’installer en terrasse à ses cotés. « Maintenant, si tu peux. » Dis-je, espérant qu’elle réponde de façon positive.

Mon regard reste bloquer dans le sien. Je n'arrive pas à croire qu'elle soit là sous mes yeux. Douce Vénus, si ça me fait plaisir de la voir ? Carrément. Vénus c'est un bon souvenir du passé, un souvenir qui a été entaché à cause de ceux qui m'ont adopté. Ceux là qui ont ruinés une partie de mon enfance ou plutôt de mon adolescence, mais bon.. passons, ce n'est pas le sujet du moment. Je me perds dans son regard, ça me fait du bien de la voir. J'ai l'impression de retrouve une petite partie de mon adolescence, une partie qui me plaisait. Parce qu'on va pas se le cacher, Vénus me plaisait, la première femme que j'ai regardé différemment. Entre nous y avait cette connexion, ce truc et puis elle fut mon premier baiser. Généralement on oublie pas son premier baiser encore moins s'il est aussi passionné que nous étions à l'époque. Douce Vénus, qui n'a pas changé, toujours aussi magnifique. « Presque vingt ans, tu te rend compte ? » Vingt ans … le temps se fait long, je n'avais pas imaginé aussi longtemps. Elle a vieilli comme moi, mais reste toujours aussi belle. La preuve j'en perds mon anglais, je ne sais pas vraiment quoi dire, je me sens idiote pour le coup. Juste là à la regarder, je dois avoir l'air d'une psychopathe, c'est juste que je n'en crois pas mes yeux. Pourtant c'est réel. « Tu es revenue à Island Bay il y a longtemps ? » Bonne question. Question à laquelle je devrais répondre pourtant, j'ouvre la bouche et aucun son ne sort … étrange. Surtout lorsqu'on me connaît. Très étrange je dirais même. « On devrait aller boire une verre pour discuter. Maintenant, si tu peux. » Je reviens doucement à la réalité. « Pourquoi pas. » Ok donc je n'arrive pas à formuler un truc et là je réponds juste ça. J'ai envie de me frapper, la preuve je le fais, enfin dans ma tête. Parce qu'on va éviter de passer pour une folle après autant d'année. « Excuse moi je voulais dire oui volontiers, je dois juste prévenir un ami.. il va m'étriper, mais je me rattraperais. » Ce n'est pas tous les jours qu'on croise un beau souvenir du passé. « Et non ça me dérange pas, lui je le vois tout le temps alors que toi .. fin tu vois. » Oui elle voit Rhéa, elle voit. Je finis d'envoyer mon sms, j'ai pas le temps pour lire celle de mon frère. Qu'il aille bécoter avec son mec. « C'est bon je suis toute à toi, tu connais un coin sympa. » je range mes affaires et m'apprête à marcher à ses côtés. « Et pour te répondre, ça va faire moins d'un an que je suis revenue … pour mon frère ... » elle aurait pu s'en douter. « Désolée j'ai pas contacté les gens de mon passé … car je pensais que la plupart étaient partis … surtout toi. » Faut croire que je me suis trompée et puis bon … je me voyais pas tenter de recontacter les gens qui ont appartenu à mon passé. Je ne sais pas pourquoi .. je suis bien restée en contact avec Reid, mais c'est … différent. « J'espère que tu m'en veux pas, mais ça me fait plaisir de te voir ... » Vraiment, mot que je tais, je pense qu'elle me comprend. Vénus avait ce don pour lire en moi, c'était simple, sans problème entre nous. Ce temps me manque parfois .. elle m'indique un café, j'y prends place. « alors qu'est-ce qui t'a poussé à rester ici ? » pourquoi cette question ? Je n'en sais rien, peut-être parce que je l'imaginais quitter le pays. On en avait souvent parlé, vivre ailleurs, quitter cette ville, ces gens … gens qu'on nomme parents … vivre simplement sans prise de tête … faut croire qu'elle a choisi une autre vie.

Elle avait répondu positivement à ma proposition, celle étant d’aller boire un verre ensemble maintenant, bien que j’avais imaginé qu’elle aurait des choses de prévu. Mais c’est agréablement que je comprends qu’elle peut se libérer bien que l’un de ses amis pourrait l’étriper. Je ris, mais lui fais un regard confus auquel elle répond pour me rassurer. Bon, tant que je n’ai pas de représailles ensuite, ça me va. Bien que j’imagine tout ça, faux, ou a moitié. Bref, je suis heureuse de ce petit moment. Pour ma part, j’ai le temps. Enfin, pas trop non plus. « C'est bon je suis toute à toi, tu connais un coin sympa. » Demande-t-elle automatiquement, et je réponds positivement, lui demandant de me suivre. Nous marchons alors vers l’endroit promit qui se trouve à quelques rues. Un petit bar ou je passe parfois du temps, quand mon pot de colle me laisse tranquille. « Et pour te répondre, ça va faire moins d'un an que je suis revenue … pour mon frère ... » Son frère oui, j’ai quelques souvenirs de sa famille, bien qu’elle ne m’appréciait pas puisque j’avais converti leur fille au péché. C’est drôle quand même. « Désolée j'ai pas contacté les gens de mon passé … car je pensais que la plupart étaient partis … surtout toi. » Je hoche la tête, je peux comprendre ses raisons. En même temps, de notre enfance, il n’y a plus grand monde qui soit resté dans notre petite ville. « J'espère que tu m'en veux pas, mais ça me fait plaisir de te voir ... » Je lui souris et m’arrête presque pour la rassurer. Comment lui en vouloir, ce n’est pas sa faute. « T’en fais pas, je comprends. Honnêtement, je ne pensais même pas te revoir.. » Dis-je simplement pour qu’elle ne croit pas que je lui en veux. « Mais je suis heureuse de te voir aussi, vraiment. » Avouais-je avec sincérité. Je suis contente de voir ce qu’elle est devenue et j’ai hâte d’en savoir plus sur elle. Celle d’aujourd’hui. Nous arrivons au café et nous prenons place sur une petite table mignonnette. C’est fou comme j’ai l’impression que dix ans viennent de s’effacer, revenant a cette époque ou elle et moi formions un couple fusionnel. C’est vrai, ça me manque. « alors qu'est-ce qui t'a poussé à rester ici ? » Je crois que de toutes les questions possibles, c’est celle dont je ne voulais vraiment pas avoir à répondre. Je ne sais même pas si je dois lui dire la vérité mais j’imagine qu’elle pourra tout de suite comprendre que quelque chose me retient ici. De négatif. On a toujours été ainsi, lire en l’une. « et bien, la vie a tourné ainsi. J’ai fais mes études ici et je travaille ici depuis un bon moment maintenant. Au musée exactement. » Je réalise qu’elle ne sait même pas ce que je fais dans la vie. elle doit surement se souvenir de ma passion pour l’histoire, mais elle ne peut pas deviner que j’en ai fais mon métier. « et puis, j’ai mon mari. » et là, j’ai envie de pleurer en évoquant son existence. Et oui, la venus indépendante et forte qu’elle connaissait est devenue soumise. C’est malheureux. Je sais qu’elle comprend tout de suite mon malaise. « Il veut rester ici. » Je le dis avec dégout mais décide de passer à autre chose pour ne pas m’éterniser sur ce sujet sensible qu’est mon mari. « Alors, tu fais quoi ici ? » Demandais-je avec beaucoup de maladresse. « Enfin je veux dire, ce que tu fais pour gagner ta vie. » Je me rends compte que je n’ai aucune idée de la branche dans laquelle elle peut se retrouver. Mais j’ai hâte d’en savoir plus.