Long time no see, roomie (Avery)

ONGLET 1 ONGLET 2

long time no see, roomie

Bobby Carmichael & Avery Sawyers

V oilà quelques jours déjà que Bobby avait commencé son travail à la clinique vétérinaire du zoo de Wellington. Elle n’avait pas prévu de rester très longtemps en ville mais son boulot, c’était sa vie, alors peu importe qu’elle reste deux semaines, deux mois ou deux ans, la seule idée de lézarder dans sa chambre d’hôtel ou d’errer sans but dans les rues d’Island Bay lui donnait envie de se taper la tête dans les murs. La sédentarité et l’inactivité n’étaient pas coutumières à Bobby, qui menait une vie de nomade depuis une bonne dizaine d’années. Mais le jeu en valait la chandelle. Cette réserve, elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux et elle était prête à tout pour empêcher ses parents de mettre la main dessus. Elle s’y était prise comme un manche avec Max. Elle ne s’en était pas rendu compte sur le coup mais avec le recul, c’était clair comme de l’eau de roche. Malgré tout, elle n’était pas encore prête à baisser les bras.

Voilà pourquoi elle était venue jusqu’ici. Voilà pourquoi elle était déterminée à prolonger son séjour s’il le fallait. Et puis, travailler à la clinique du zoo n’était pas si désagréable, même si les grands espaces lui manquaient cruellement. Au moins, là bas, elle n’était pas constamment enfermée entre quatre murs. Elle prêtait main forte aux vétérinaires du zoo quand ils avaient besoin de bras supplémentaires et surtout, elle quittait parfois la clinique pour aller s’occuper d’animaux sauvages qui ne pouvaient être transportés jusqu’au zoo. C’était un compromis acceptable pour cette jeune vétérinaire qui n’avait jamais envisagé de passer sa vie enfermée dans une clinique aseptisée.

Sa journée de travail terminée, Bobby avait fait un bref détour par son hôtel, le temps de prendre une douche et de passer des vêtements propres, avant de filer à nouveau. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas remis les pieds en Nouvelle-Zélande. Elle y avait passé un an, durant sa deuxième année de fac, et se balader dans les rues lui donnait une impression étrange, difficile à expliquer. Tout avait changé… mais tout était toujours pareil. Un peu perdue les premiers jours, elle n’avait pas perdu de temps pour reprendre ses marques. C’est donc en sachant parfaitement où elle allait que Bobby arpentait les rues en direction d’un café, qui existait déjà du temps de ses études à Wellington et où, déjà à l’époque, elle aimait passer du temps. L’ambiance, l’odeur des pâtisseries fraichement préparées, le calme qui y régnait, c’était le genre d’endroit où l’on se sentait bien. Et puis, c’était plus agréable et convivial que sa chambre d’hôtel. Bobby n’était pas friande d’hôtel. Il n’y avait rien de plus impersonnel et si son séjour se prolongeait un peu trop, elle ne s’y attarderait certainement pas. Une fois sur place, elle alla s’installer à une table un peu en retrait et commanda un café, accompagné d’une part de tarte. Après avoir vérifié rapidement sur son téléphone qu’elle n’avait pas reçu de messages en provenance de la réserve, de son avocat voire, pire, de ses parents, elle sorti un livre de son sac et s’installa confortablement.

ONGLET 1 ONGLET 2

long time no see, roomie
Bobery ♡

Tu sors de l’hôpital pour la première fois depuis un moment avec un sourire aux lèvres. Tu as enfin pour dire au revoir à ton atèle au bras et même si tu ne peux toujours pas réellement t’appuyer sur ce bras trop longtemps pour marcher car il a besoin de rééducation, tu vas pouvoir le réutiliser de nouveau pour tenir en équilibre. C’était une très bonne nouvelle car cela signifiait que ta jambe était en train de guérir. Elle mettra plus longtemps, tu l’avais toujours su mais cela avançait tranquillement et avançait bien. Etant médecin, tu savais très bien ce qu’il y avait à faire et à ne pas faire pour essayer de rendre le processus de guérison plus rapide et même s’il était tentant de ne pas se plier aux règles, tu avais envie de retrouver ton appartement, ton travail, un semblant de liberté que tu ne pouvais pas réellement avoir quand il fallait que ta mère pousse un fauteuil roulant pour te déplacer sur des distances un peu longues. Mais tu étais sur le chemin de l’indépendance car tu sortais de l’hôpital appuyée sur deux béquilles (enfin l’une plus que l’autre) et soutenue par ta mère. Du progrès, du beau progrès même, voilà comment tu appelais ça.

Les semaines qui s’étaient écoulées depuis l’accident n’avaient pas été simples pour toi. Passer d’un emploi du temps aussi rempli que le tient à passer sa journée assise ou allonger à attendre que le temps passe était une punition terrible que tu ne souhaitais à personne. Tu aurais aimé pouvoir faire quelque chose, n’importe quoi mais autre chose que lire et regarder la télévision. Il y a quelques jours, tu t’étais mis en tête d’apprendre à faire de la guitare avec des vidéos Youtube car ton père en avait une à la maison mais pour l’instant ce n’était pas un franc succès et tu pouvais sentir que ta mère n’était pas ravie de ce développement. Mais qu’importe, il fallait que tu t’occupes. Ta mère t’annonça qu’elle devait aller faire quelques courses qui allaient prendre un peu de temps et qu’elle pouvait te déposer quelque part en attendant. Tu avais pris un livre avec toi pour t’occuper dans la salle d’attente de l’hôpital alors tu proposais à ta mère de te déposer dans un petit café que tu avais l’habitude de fréquenter. Cela te fera du bien d’être au milieu de personnes ayant une vie normale et pas une vie de retraité comme ta mère.

Ta mère finit par se garer avant de venir t’ouvrir la porte. Tu passais ton sac autour de ton cou avant d’accepter son aide pour monter les quelques marches nécessaires pour rentrer dans le café. Tu ne cherchais pas trop longtemps une table, tu indiquais à ta mère celle se trouvant à côté d’une femme blonde et seule qui peut-être aura envie de discuter et de te changer les idées ? Tu remercies ta mère qui t’aide à t’installer et ne tarde pas à te quitter. Tu sors ton livre de ton sac mais la serveuse ne tarde pas à venir prendre ta commande. Pour toi ce sera un thé avec une part de crumble. Le crumble est ton péché mignon, tu ne peux pas lui résister. Curieuse, tu tournes la tête de nouveau vers la jeune femme à côté de toi occupée à regarder son téléphone et quelque chose t’arrête. Tu la fixes, certainement de manière bien trop prononcée mais il y a quelque chose chez elle qui te rappelle … « Bobby ? » Demandas-tu étonnée toi-même que ce nom sorte de ta bouche après toutes ces années de silence. Non, ce n’était certainement pas Bobby qui avait quitté Island Bay des années auparavant, une décennie certainement. Tu as dû te tromper, tu t’excuseras auprès de la jeune femme si c’est le cas.

ONGLET 1 ONGLET 2

long time no see, roomie

Bobby Carmichael & Avery Sawyers

V Abby n’était pas une grande accro de la technologie. Oh, elle savait s’en servir, bien sûr… Mais elle trouvait que les téléphones, ordinateurs et autres objets connectés prenaient bien trop de place dans la vie des gens d’aujourd’hui. Quand elle se retrouvait en mission au milieu de nulle part, l’absence de réseau ou de wifi ne la perturbait pas le moins du monde. Bobby, c’était une aventurière, une baroudeuse et malgré son enfance baignée dans le luxe, elle savait se contenter de peu. Elle préférait les choses ainsi, même. Mais dernièrement, son téléphone était devenu son meilleur ami… Et on pire ennemi. Elle passait son temps à vérifier, dans l’attente de nouvelles de son avocat, de la réserve qu’elle tenait tant à sauver, et à craindre des appels de sa famille, avide de faire bouger les choses quant à l’héritage de son grand père. Dans l’ensemble, elle passait donc bien trop de temps pendue à son téléphone à son goût, hormis quand elle bossait. Quand elle était au travail, elle devenait quasiment injoignable.

Ce n’était pas un hasard, en fait, si elle n’était pas très riche en amis. Elle passait tellement de temps en mission dans des endroits reculés qu’il n’était pas facile de garder le contact de manière régulière avec qui que ce soit. Ce n’était pas non plus un hasard si elle se retrouvait seule dans ce café, face à l’écran de son téléphone et aux mots imprimés sur les pages d’un livre. Avec qui irait-elle boire un café à la sortie du travail, elle qui venait de revenir en ville après une dizaine d’années de silence ? Elle en avait eu des amis, à Island Bay. Mais son train de vie était devenu si particulier qu’elle avait fini par perdre contact avec chacun d’entre eux. Elle ne s’attendait donc pas le moins du monde à croiser qui que ce soit qu’elle connaisse, ou qui puisse en avoir quoi que ce soit à faire de sa présence, lorqu’elle s’était installée dans un coin du café.

Jusqu’à ce que… Bobby ? entendit-elle, à sa grande surprise. Se demandant qui pouvait bien la connaître, la blonde se redressa et détourna les yeux de l’écran de son téléphone pour les poser sur la jeune femme installée à la table à côté de la sienne. Avery ?! s’étonna-t-elle en découvrant la rousse qui l’observait, l’air aussi étonné qu’elle. Elle avait quitté Island Bay depuis si longtemps qu’à son retour, l’idée de signaler sa présence à qui que ce soit ne lui avait même pas traversé l’esprit. Pourtant, Avery avait été sa colocataire pendant l’année qu’elle avait passée en Nouvelle-Zélande. Elles se connaissaient donc plutôt bien, toutes les deux. Je m’attendais pas à te croiser ici… Quoique je devrais pas être si étonnée, t’aimais déjà venir ici quand on était à l’université. Que dire à une amie avec qui on avait perdu contact depuis des années ? Bobby l’ignorait. Elle n’était pas très douée avec les gens, ce n’était pas une nouveauté. Bon, ça avait sûrement empiré depuis l’époque où elles s’étaient connues…

ONGLET 1 ONGLET 2