l'histoire de ma vie
Dans le domaine des idées, tout dépend de l’enthousiasme. Dans le monde réel, tout repose sur la persévérance.
Né le 18 novembre 1986 dans la quatrième ville la plus importante de Russie : Sverdlovsk, ville de l’Oural, rebaptisée Iekaterinbourg depuis 1991, Aleksander est le deuxième fils du couple Higginson-Chklovski. Mr Higginson travaillait dans une grande entreprise de la ville, mais pour une raison obscure, il fut licencié en 1987 de la succursale de Siemens implantée dans la ville. Madame Higginson était alors enceinte et, suite à ce licenciement, elle et son mari quittèrent la Russie pour venir s’installer en Nouvelle-Zélande, à quelques fuseaux horaires de Sverdlovsk. Aleksander avait à peine quinze mois lorsque la famille s’installa à Wellington. Aleks n’a pas de souvenirs de son début de vie en Russie. Il y est allé plusieurs fois, chez sa grand-mère maternelle ou « Babouchka », comme on dit par là.
A Wellington, la mère d’Aleks donna naissance à une charmante petite fille, d’un an la cadette d’Aleks. La première fille de la famille… Aussi blonde qu’Aleks était brun. Aussi menue qu’il était costaud. Etant habitué à être entouré d’enfants, Aleksander a tout de suite adopté sa petite sœur. Tout comme, quatre ans plus tard, il serait le fier grand frère d’un petit garçon, Jude.
Bref, au niveau de la fratrie, tout se passait plutôt bien. N’étant pas l’aîné, Aleks a toujours occupé la judicieuse place « du milieu ». Ou à peu près. Et il s’en est toujours très bien accomodé, étant à la fois responsable pour les plus petits et se trouvant aussi sous la responsabilité des plus grands, parents inclus.
Une enfance heureuse, bien entouré, voilà ce que furent les premières années de vie du petit Higginson. A l’école, s’il n’était pas spécialement doué dans toutes les disciplines, il manifesta très tôt un intérêt marqué pour la rhétorique et pour la justice, prenant la défense des élèves plus faibles dans la cour de récréation, quitte à se faire punir ensuite. A l’école primaire, Aleksander jouait beaucoup au foot et au basket avec ses copains de classe. C’est à cette époque qu’il fit la connaissance de celui qui serait son complice et meilleur ami de toujours.
A l’âge de douze ans, il entra au collège, avec en tête l’objectif principal d’être dans la même classe que ses amis. Là, Aleks ne brilla pas vraiment pour les matières scientifiques et mathématiques. Il préférait de loin les choses plus littéraires, et les cours de langue. Ce n’était pas vraiment une surprise pour ses parents qui acceptèrent bien vite la nouvelle lubie de leur fils quand celui-ci leur demanda pour intégrer la troupe de théâtre de l’école. Il aimait être sur le devant de la scène, et il se révéla être doté d’une excellente mémoire, ne se trompant jamais sur la moindre réplique de ses textes. Sa copine de l’époque, Jenny, appréciait d’être à ses côtés sur scène, mais leur histoire n’aura pas duré bien longtemps. Ni celle avec Megan, ni celle avec Cassidy, ni même celle avec Erika… Ce fut la même chose dans ses relations avec quelques amis dont il s’était physiquement rapproché, sans qu’il n’y ait vraiment d’avenir à ces relations. Aleksander a toujours eu du mal à rester fixé.
Une bonne mémoire et un sens de la justice… c’est assez naturellement qu’Aleksander s’est tourné vers le droit une fois les études secondaires terminées. A l’université de Wellington, il étudia des tas et des tas de feuilles, restituant plutôt bien les données apprises par cœur. Il avait choisi de se spécialiser dans le droit des affaires, après une conversation avec ses parents sur les raisons du déménagement de la famille et, plus encore, sur les raisons du licenciement de son père. Même des années après, il restait toujours comme une rancœur dans la voix de Mr Higginson, lorsqu’il abordait le sujet, c’est-à-dire assez rarement.
Quand fut venu le temps des années lycée, Aleksander continua à draguer comme un forcené, n’hésitant pas à accumuler les conquêtes, filles comme garçons, sans jamais avoir de but sérieux pour chacune de ces relations. Il faut dire, aussi, qu’on ne tombe pas amoureux facilement… c’est plus simple de s’amuser, après tout. En parlant d’amour… Aleks est tout de même tombé amoureux. Une fois ou deux. La première fois, c’était d’une jeune fille, la seconde, d’un jeune homme. Et là, à vrai dire, quand il y repense aujourd’hui, Higginson ne sait toujours pas définir sur laquelle de ces personnes son crush fut le plus fort… mais tout cela, c’est du passé, à présent.
Au lycée, donc, Aleks continua le théâtre, en étant un peu moins assidu, toutefois, puisque dès l’âge de seize ans, il se mit en tête de se forger un corps d’athlète. Il se mit donc à fréquenter une salle de sport à raison de deux séances par semaine. Il prit goût à soulever de la fonte et n’a jamais cessé cette petite activité physique, gardant en tête que cela lui conférait une bonne santé physique également. Mens sana in corpore sano, n’est-ce pas le précepte basique le plus important ?
Les muscles se développèrent, lentement mais sûrement, et même si cela le coupait de sa famille d’être aussi occupé par ses activités extra-scolaires, Aleks aimait y passer du temps. Ses petit frère et sa petite sœur étaient tellement proches l’un de l’autre qu’il avait fini par ne plus chercher à s’immiscer dans leurs histoires. Avec son aîné, au moins, Aleksander restait proche. C’est à lui qu’il se confiait toujours, sur ses histoires de cœur, sur ses craintes et angoisses, sur ses projets d’avenir aussi.
Et puis le lycée arrivant à son terme, ainsi que le temps béni des études peu sérieuses, il fut grand temps de choisir une université et une filière d’études. Se dirigeant tout naturellement vers les études de droit, Aleksander finit par être inscrit à la fac de Victoria, à Wellington où, peut-être malheureusement, il fut contraint de continuer à vivre chez ses parents, bien que la tentation de prendre un studio en pleine ville le tentât terriblement… mais bon, avec une telle descendance, il était compréhensible que les parents Higginson puissent ne pas offrir ce luxe à Aleksander. Tant pis, il se débrouilla autrement pour continuer son tableau de chasse, évitant tout de même de ramener à la maison une conquête différente par semaine, ce qui n’aurait certainement pas plu à la mère de famille.
Durant les études à la fac, Aleksander vécut la plus longue relation de couple à son actif : il resta près de trois ans avec la même fille, une étudiante en psychologie, de deux ans de moins que lui. Mais il fut incapable de lui être fidèle à cent pour cent, aussi finit-elle par se rendre compte de quelque chose, et elle le plaqua, purement et simplement. Si cette rupture affecta Aleksander, cela lui permit surtout de s’assagir un peu. Pas au niveau des sorties et de l’alcool, mais il commença à se montrer un peu plus respectueux des autres personnes, arrêtant de considérer ses partenaires comme de simples partenaires sexuels et essayant de vivre autre chose que juste des histoires de cul. Après tout, il paraît que les histoires d’amour, c’est très bien aussi…
A vingt-et-un ans, Aleks cessa donc de chercher à accumuler les conquêtes juste pour avoir un gros chiffre à son compteur. Il préférait désormais apprendre à connaître ses partenaires et passer un peu plus qu’une heure ou deux avec eux et avec elles. Il faut dire, aussi, que son frère aîné lui avait remis les idées à leur place. Il était temps qu’il se calme un peu et qu’il s’assagisse à ce niveau-là.
C’est alors qu’il se concentra sur ses études pour de bon. Au terme de ces années d’université, Aleks termina major de sa promotion. Après son diplôme, comme le veulent les études de droit en Nouvelle-Zélande, Aleksander dut encore suivre des cours, passer des examens et réussir des concours pour avoir enfin une chance d’être inscrit au barreau. C’était tout à fait normal pour lui de poser sa candidature là où il avait fait son stage, rédigé des dossiers et interviewé des clients. Et ce fut dans ce cabinet qu’il commença sa carrière. Il s’installa à Center Bay, dans un appartement qu’il dut apprendre à gérer seul, ménage compris. Mais à vingt-quatre ans, Higginson décida de poursuivre sa formation en se spécialisant, deux années durant, dans le droit des affaires.
C’est grâce à cette formation qu’Aleksander fut engagé, à vingt-huit ans, dans un prestigieux cabinet d’avocats de Wellington. Là, il prit goût à l’étude des dossiers particuliers traitant des entreprises des environs. Il se mit aussi à chercher des informations, grâce aux sources de sa patronne, sur l’entreprise Siemens qui, à Iekaterinbourg, avait licencié son père vingt-sept ans plus tôt.
Aleks déménagea en 2015, pour une maison pratique et agréable, dans Bay Ouest, où il était possible d’adopter un compagnon à quatre pattes. Ou deux, car le jeune homme ne pouvait se contenter d’un chien, même si son berger australien femelle – répondant au doux nom de Patty – était adorable… Outre ce chien, le jeune avocat s’enticha d’une féline au sale caractère, mais terriblement attachante : Marrelan.
La vie s’écoule normalement, à présent. Aleksander vit sa vie, il bosse pas mal, mais préfère tout de même continuer à profiter de la vie. Il s’entend bien avec ses voisins et essaie d’être bien vu dans le quartier, en faisant ses achats dans le coin, pour commencer.
Au niveau boulot, il creuse sa place dans le cabinet O’Brady & Co, où il compte bien un jour devenir l’associé de Denise O’Brady, la big boss des lieux. Mais en attendant, Aleksander applique la philosophie de l’hédonisme et pense surtout à vivre sa vie sans avoir à se prendre la tête et sans avoir à faire de croix sur ce qu’il aime.