(M/LIBRE) › PAUL WESLEY

Deux ans sont passés. Retour à la case départ. Me revoilà à Island Bay, cette petite ville dans laquelle j'avais vécu toute ma jeunesse. Je ne vois plus la ville du même oeil, je reviens changée, différente, je reviens en femme. Une femme fiancée à un homme qu'elle aime de tout son coeur. A un homme qui lui apporte tout ce dont elle a toujours rêvé. Une vie parfaite. Henry et Rory. Un avocat, une infirmière. Une grande maison, deux chats. Une bague au doigt. Des papillons dans le ventre. Du moins en apparence. Je ne veux pas l'admettre, non, je m'y refuse catégoriquement. Je ne veux pas avouer que tout par en lambeaux. Que tout se casse royalement la gueule. Que tout ça ce n'est que du vent, que du cinéma. Que je ne suis pas heureuse, que ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Qu'il me fait souffrir, que cette situation me ronge un peu plus chaque jour. Que je l'aime, mais que j'ai l'impression qu'il m'échappe peu à peu et que je me retrouve impuissante face à la situation. Que je ne sais plus quoi faire pour le retenir. Que je me sens nulle, que je me remets en question chaque seconde : et si j'avais un problème ? Et si tout cela était de ma faute ? Et si je n'étais pas assez bien ? Il me manque. Cette vie dont j'avais tant rêvé me manque. A peine un an après être parti d'Island Bay, et tout s'effondrait déjà. Je me souviens encore de ce fameux jour où je l'ai surpris avec elle, dans un café, à Paris. Il lui prenait la main, il lui souriait. Ils avaient l'air heureux. Je ne pouvais pas y croire. Henry, c'était l'homme parfait. Un visage d'ange, un brillant avocat, un homme attentionné, drôle, aimant. Un dieu au lit. L'envie de fonder une famille. Mais depuis ce jour-là, il n'est plus le même. Je sais qu'il pense à elle quand nous faisons l'amour. Quand il touche chaque partie de mon corps, quand il m'embrasse, quand il me caresse les cheveux. Il pense à elle. Il ne pense plus à moi. Et petit à petit, il n'a plus envie de moi. Alors je mets ça sur le compte du stress, le fait d'être devenu le grand patron de son cabinet d'avocats. Je me dis que ce sont les préparatifs du mariage, l'idée de changer de vie dès que l'on aura un enfant ; qu'il a juste un peu peur. Mais que tout va bien. Oui, car tout va bien. Nous sommes heureux. Et nous sommes de retour à Island Bay, après maintes négociations avec lui. C'est le moment de prendre un nouveau départ, d'oublier le passé, d'oublier cette souffrance que je garde en moi. Nous venons d'emménager dans cette grande maison. J'ai arrêté de prendre la pilule. Nous allons bientôt fonder notre famille. Je suis heureuse. Nous sommes heureux. Et c'est l'homme de ma vie.