maybe a coffee ? (kenny)

MAYBE A COFFEE ?

KENNY & SEAN

Plutôt s’acharner au boulot ou broyer du noir à l’appartement ? Depuis un moment déjà, ce choix était fait : il valait mieux m’occuper l’esprit par le travail pour m’empêcher de penser sur tout et n’importe quoi, mon divorce par dessus-tout. D’autant que tout dans l’appartement faisait référence à ma vie passée avec Avery, même un simple bibelot. Je ne pouvais qu’être nostalgique de cette époque bien que j’étais responsable de cette triste fin. Plus rien n’était clair. Du moins, je le pensais en prenant la décision de divorcer alors qu’elle s’éloignait de moi chaque jour un peu plus, mais quelque chose m’accrochait encore à elle et me faisait hésiter : de la rancœur mêlée à des sentiments, c’était un vrai bordel dans ma caboche d’où pourquoi les papiers du divorce trainaient encore et prenaient la poussière sur un meuble du salon au lieu d’être signés. Ainsi donc, je passais quasiment tout mon temps à mon bureau enchainant les heures supplémentaires dont je ne comptais plus. Personne au commissariat ne pouvait se douter à quel point un mal-être m’envahissait. Malgré tout mon temps passé entre ses murs, certains n’avaient pas connaissance de mon ancienne vie de couple et d’autres ne s’en souciaient pas réellement. De toute façon, je ne m’étais jamais étalé sur ma vie à côté du travail, n’étant pas de nature à confier même à mes proches. Chaque jour, la même routine donc : j’empruntais toujours la même route pour me rendre au commissariat en prenant sur le chemin mon café matinal au même endroit avant d’arriver au bureau, m’asseoir sur la même chaise, traiter des dossiers, rentrer à l’appartement où je cogite et enchainer la même journée le lendemain. Rien de bien amusant, loin de là mais à croire que ça me plaisait pour continuer à suivre cette routine quotidienne. Cet acharnement allait finir par me bouffer, ça me rongeait lentement de l’intérieur en fait. Par chance, le café pouvait arriver à me maintenir éveillé. Il fallait tout de même que j’avale plusieurs tasses d'affilées pour cela ait un réel effet sur moi. Dans mon bureau, consacrant mon temps et mon énergie pour traiter encore et toujours ces foutus papiers, je me rendais compte justement que mon gobelet ne contenait plus une goutte de mon café matinal alors que j’essayais tant bien que mal de prendre une gorgée sans que rien n’arrive jusqu’à mes lèvres. Bien sûr, la question ne se posait pas puisque la réponse était évidente : je devais chercher ma dose de café pour continuer ma paperasse. Je jetais donc mon gobelet vide dans la poubelle tel un basketteur jetant son ballon dans un panier avant de prendre la direction de la salle de pause où se trouvait la machine à café. Déjà quelques collègues s’y trouvaient dont je saluais sans attendre d’un signe de main accompagné d’un sourire, inévitablement le meilleur moyen pour contourner tous les soupçons sur mon réel état d’esprit. Alors que j’attendais après mon café qui se versait dans mon gobelet pendant que mes collègues buvaient leurs boissons chaudes tout en discutant, une voix qui ne m’était pas totalement inconnue me faisait sortir de mes pensées. Je me retournais pour pouvoir mettre un visage sur cette voix. « Bonjour, agent. » disais-je avec un ton formel en voyant Kenny pour éviter qu’il ne s’imagine toute ambigüité suite à ses rentre-dedans qu’il pouvait me faire et me rendre mal à l’aise, si ceci était son but par des paroles crues, il arrivait sans grande difficulté.

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La fin d'année 2017 n'avait pas été de tout repos pour l'agent Mathisson, le décès de Maggie Weasley, sa meilleure amie l'avait chamboulé plus qu'il ne l'aurait cru.... Son arrêt maladie avait d'ailleurs été prolongé d'une bonne semaine histoire qu'il reprenne le boulot dans de bonnes conditions.... Au final, cette affaire s'était conclu par un accident, l'incendie qui avait coûté la vie à la jeune demoiselle n'était en aucun cas criminel.... Est-ce que du coup c'était plus facile à accepter ? Un tout petit peu..... Un homme aurait été à l'origine du sinistre, Kenny n'aurait pas trouvé la paix jusqu'à ce dernier soit attrapé voir pire ait terminé six pieds sous terre..... Oh il n'aurait peut-être pas été jusqu'à lui ôté la vie quoi que quand on touchait à ses proches, le grand brun n'était plus totalement maître de ses émotions...... Mais de toute façon la question ne se posait pas.... Si il y avait quelqu'un à blâmer c'était l'entreprise qui avait installé les détecteurs de fumée....  Mathisson n'avait pas totalement fait son deuil mais c'était en bonne voie.....

La reprise du boulot s'était faite la nuit du 31 Décembre, un choix de sa part sachant que cette année il n'avait pas trop le cœur à célébrer le passage du premier de l'an.... Rentrer chez ses parents à New-York était trop fatiguant quant à Cain, son petit-ami, il fêtait sa en compagnie de sa fille et pour l'instant il était encore trop tôt pour faire ça à trois, la petite Murphy n'étant pas au courant de la préférence de son papa pour les autres hommes.... Du coup, bosser s'était avérer être la solution idéale pour ne pas e retrouver tout seul à ruminer....  Un retour au poste de police d'Island Bay qui s'était fort bien passé.... Kenny avait la chance d'avoir des collègues en or, des associés qui avaient prit en compte ce qui lui était arrivé et qui avaient fait en sorte de lui redonner le sourire dès le premier jour, oui tout ça l'avait beaucoup touché....

4 Janvier 2018, nouvelle journée de boulot qui démarre sur les chapeaux de roues avec une agression à caractère sexuelle à la sortie d'une boite de nuit, heureusement Kenny et son équipe arrive à temps.... Retour au commissariat dans la foulée ! N'ayant été là qu'en ''renfort'' ce ne sera pas à lui de rédiger le rapport d'intervention ! Direction donc la salle de pause histoire de prendre un bon café... La récompense après une interpellation aussi matinale.... A sa grande surprise, Kenny retombe sur un visage qui est loin de lui être inconnu : l'Inspecteur Sawyers ! Cela faisait plusieurs semaines que les deux hommes ne s'étaient pas croisés, d'après les bruits de couloirs, il était lui aussi passé par des moments difficiles. ''Salut Sawyers...'' Entre eux ça a toujours été un peu bizarre dans le sens où dès son premier jour à Island Bay, Kenny est tombé raide dingue de son supérieur.... Oh il ne ressent rien d'amoureux pour lui mais juste un énorme désir agrémenté de quelques idées coquines parfois salaces envers sa personne..... Disons que Sean se rapproche pour lui de l'homme idéal et surtout du physique idéal..... Qui résisterait à une si jolie paire de fesses ? Et puis il n'y avait pas que ça, son sourire, sa voix.... Bref vis à vis de son supérieur, Kenny était un peu comme une jeune adolescente face à ses premiers émois....  ''Ca fait plaisir de te voir... Je vois que même en 2018 t'es toujours aussi séduisant... Les poids des années n'a aucun impact sur toi c'est assez impressionnant...'' Ce n'était probablement pas très drôle et pas très adapté sachant qu'ils ne s'étaient pas revus depuis longtemps mais encore une fois face à l'Inspecteur joli cul, Kenny en perdait son latin.

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Comme lieu de rencontre, la machiné à café était là où on ne manquait jamais de croiser du monde de n’importe quelle brigade et grade. Cet endroit nous permettait de décompresser le temps d’un court moment avant de retourner à notre tâche, soit en savourant sa boisson chaude de façon sereine ou au contraire en discutant avec des collègues de la pluie et du beau temps en buvant sa boisson en même temps. Avant de rencontrer mes problèmes, j’aimais me retrouver dans cette pièce pour discuter d’autre chose que du travail avec mes collègues les plus proches, mais cela était une toute autre histoire dés le début de ma procédure de divorce. Je préférais éviter les gens pour ne pas aborder ce sujet, les collègues tout autant que mes proches. Par malchance, peut-être, je n’avais pas pu éviter Kenny qui s’était retrouvé par hasard dans la même pièce alors que je venais seulement prendre un café avant de retourner à mon bureau. Je le saluais par politesse, mais à l’extérieur, je n’aurais pas hésité une seule seconde à le snober et continuer mon chemin. Pour tout dire, j’étais complément différent au travail, plus sérieux dans mon rôle de supérieur, alors qu’en dehors du commissariat, je n’hésitais pas à afficher ma bonne humeur voir même ma puérilité bien qu’au final tout ceci s’était envolé dés le commencement de mes soucis. « Salut Sawyers… » me répondait-il d’une façon plus familière. Je me retournais ensuite pour me remettre face à la machine à café, attendant avec une légère impatience le remplissage de mon gobelet. Pour le moment, rien de choquant dans ses propos, ce qui me soulageait dans le fond avant d’entendre ce qui allait suivre : « Ca fait plaisir de te voir... Je vois que même en 2018 t'es toujours aussi séduisant... Les poids des années n'a aucun impact sur toi c'est assez impressionnant... » A cet instant, je ne pouvais m’empêcher de montrer un signe d’agacement en levant discrètement mes yeux vers le ciel. Il revenait à ses bonnes vieilles habitudes, à mon grand regret. Chassez le naturel et il revient au galop, dit-on. « Tu ne perds pas de temps pour dire que ton supérieur t'a manqué … » disais-je en prenant mon gobelet rempli de café. A ce même moment, les quelques personnes présentes venaient de finir de prendre leur pause et quittaient donc la salle de pause tout sourire. « Par contre si tu pouvais te retenir de me dire ça pour me décrédibiliser devant les collègues ... Je te rappelle que je suis ton supérieur et non ton coéquipier. » disais-je en fronçant légèrement les sourcils. Je m’écartais de quelques mètres de la machine pour pouvoir boire mon café. « Aucun impact ? A ce que je sache, je vieillis comme tout le monde donc je ne pourrais pas échapper aux rides. A un moment donné, tu y passeras toi aussi. » le charriais-je à mon tour sans trop de méchanceté, car je savais qu’il s’était absenté quelques temps avant ça suite à des soucis, je ne tenais pas à le blesser. Je n’en savais pas plus. D’ailleurs, je décidais de venir à ce sujet pour essayer de trouver un moyen de lui occuper l'esprit autrement et éviter d'autres paroles crues. « Tu n'as pas des affaires à gérer ? »

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Contrairement à certaines idées reçues tous les homosexuels ne cherchaient pas à détourner les hétéros du ''droit chemin'' alors certes pour certains c'était un défi, un jeu stupide selon Kenny car lui ne plaisantait pas avec ces choses là, il trouvait ça vraiment ridicule... Chacun se devait de respecter la sexualité de l'autre.... Avec son collègue, c'était un jeu tout ce qu'il y a de plus innocent car même si Mathisson s'amusait à taquiner son supérieur, il n'aurait jamais un geste déplacé envers lui et ne dépasserait jamais certaines limites, le tout était de savoir s’arrêter avant que ça ne devienne ''too much''. Les clichés sur les gays étaient encore beaucoup trop nombreux et souvent tronqués alors autant ne pas donner de l'eau au moulin.

Et visiblement aujourd'hui le jeune inspecteur de police était aller un poil trop loin dans sa taquinerie.... Sean n'était pas un homme facile encore moins dans le contexte professionnel, il fallait savoir le prendre pour obtenir son amitié ou ne serait-ce que sa reconnaissance, deux items dont Mathisson ne bénéficiait visiblement pas encore... Il venait donc de se faire rembarrer correctement, d'une façon très classe comme habituellement..... Sawyers avait ce don pour ''casser'' quelqu'un sans faire preuve de vulgarité.... ''Mon but n'était pas de vous décrédibiliser... Loin de là...'' Excuses déguisées pour Kenny qui avait toujours beaucoup de mal pour demander pardon. Il mettrait donc les blagues de cotés pour aujourd'hui et peut être pour toujours.....

''Je reviens seulement d'intervention.... Je pense avoir le droit de prendre quelques minutes avant de repartir.... Je sais bien que de votre côté vous êtes sur tous les fronts mais on est pas tous aussi doué que vous...'' Mathisson avait pris la dernière intervention de Sawyers comme de la provocation et il n'aimait pas ça sachant qu'en ce qui le concernait ce n'était pas le dernier à faire des heures et à faire plus que ce qu'on lui demandait. ''Le jour où les gens trouveront grâce à vos yeux, les poules auront sans doute des dents !'' Ce n'était pas dans les habitudes de Mathisson de réagir ainsi mais la perte de Maggie et le retour précipité au boulot l'avait certainement rendu sensible.

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Quelle que soit la raison, même une raison inexpliquée, certaines personnes nous engendrent un sentiment d’agacement. Justement, Kenny pouvait m’exaspérer par son attitude principalement lorsque ses paroles crues à mon égard étaient dites, à haute voix et sans aucune gêne, devant des collègues de travail. Ceci me désespérait au plus haut point, en plus de me mettre mal à l’aise. Connaissant pertinemment mon manque de patience et mon état d’esprit à ce moment suite à mes soucis, cela relevait du défi pour ne pas l’envoyer sur les roses. D’autant plus qu’il m’arrive de ne pas mesurer les conséquences de certains de mes actes dans mes paroles et dans mes gestes, mais le plus souvent dans mes paroles. A croire, toutefois, qu’avec les années, j’avais fini par m’assagir de ce côté-là. Je n’hésitais tout de même pas à lui remémorer son poste de travail pour qu’il s’en tienne et ne prenne pas ses aises avec moi, son supérieur. « Mon but n'était pas de vous décrédibiliser... Loin de là... » Où comment se foutre gentiment de ma tête, qu’on se le dise. Je n’hésitais donc pas à le charrier à mon tour avant de chercher une solution pour m’en débarrasser. Celle-ci était tout trouvée, le travail. Ainsi, je lui demandais s’il n’avait pas d’autres chats à fouetter dans son bureau ou sur le terrain. Après tout, c’était rare de trouver le temps pour s’ennuyer au commissariat allant d’une banale affaire, telle qu’une plainte, à de plus grosses affaires demandant de l’investissement. « Je reviens seulement d'intervention.... Je pense avoir le droit de prendre quelques minutes avant de repartir.... Je sais bien que de votre côté vous êtes sur tous les fronts mais on est pas tous aussi doué que vous... » Par ses propos, je sentais que je venais quelque peu de le titiller. Il pouvait se rendre compte de la sensation qu’il me provoquait lorsqu’il s’amusait à me charrier. Aussi, un léger sourire s’était dessiné dans le coin de mes lèvres lorsqu’il faisait référence à mon talent n’étant plus à prouver par mes années dans la police et reconnaissable par mon grade. Ce grade, en question, pouvait me mettre la pression et me faire regretter mon ancien poste quelquefois, du fait d’être le plus souvent enfermé et devoir gérer plusieurs dossiers d’affaires. « Dans ce cas, profite de ta pause plutôt que d’essayer de me mettre mal à l’aise. » lui conseillais-je, au risque qu’il oublie de prendre un moment pour boire ou grignoter quelque chose avant de retourner travailler, sauf s’il préférait trouver une autre activité. « Le jour où les gens trouveront grâce à vos yeux, les poules auront sans doute des dents ! » Il n’avait pas réellement tort. Pour que quelqu’un gagne ma considération, il fallait qu’il le prouve par son implication autant dans le contexte professionnel que personnel, d’où pourquoi je faisais très peu confiance aux gens. « En effet, on peut dire ça comme ça. » Bien sûr, ceci me faisait rire intérieurement qu’il avance que je n’accordais jamais de reconnaissance aux collègues de travail. « D’ailleurs, si chacun peut prendre son café dans son coin, j’aimerais savourer mon café avant de retourner à mes préoccupations. » Au moins, c’était un peu plus clair.

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Pour qu'il réagisse de cette façon Kenny était certainement à fleur de peau.... Possible qu'il ait repris le boulot un peu trop tôt et peut être aurait-il dû donner suite à la convocation qui lui avait été envoyée par la psychiatre du service de police ! Habituellement Mathisson aurait réagis à la pique de son supérieur avec beaucoup plus d'humour mais pas aujourd'hui.... A croire que les deux hommes étaient arrivés à un point de non retour ce qui en soit était plutôt dommage sachant qu'en cas de promotion Sawyers aurait son mot à dire sur son propre travail. ''Mal à l'aise ?'' dit-il en rigolant légèrement. ''Je vous pensais quand même un peu plus ouvert d'esprit sur certains sujets mais je me suis visiblement trompé.... Après il ne faut pas s'étonner pourquoi les gens ont peur de vous.... Même les gens de votre propre famille n'osent pas s'adresser à vous...'' Et merde! La colère et l'agacement avait engendré une énorme maladresse de sa part ! Lui qui avait promis à Gabriella de ne jamais parler de l'agression dont elle avait été victime venait de faire éclater toute la vérité.... Il s'en voulait.... Terriblement....

'Bref ! Bon café ! A l'avenir j'éviterai de venir vous agresser dans votre intimité.'' Oui il se fichait encore un peu de lui mais comment faire autrement ? Le commissaire était tout le temps sérieux si bien qu'il en devenait too much malgré lui..... Kenny était conscient du fait qu'on ne venait pas bosser pour rigoler et raconter des blagues graveleuses mais entre deux interventions il était nécessaire de laisser la place à un petit peu d'humour.... C'était important de lâcher prise et de se montrer comme on pouvait être dans la vie de tous les jours....

Joignant l'acte à la parole et avant que Sean ne cherche à en savoir plus, Mathisson quitta la salle de pause pour rejoindre son bureau se doutant pertinemment qu'il y aurait une suite à tout ça...

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Autant mettre fin au problème plutôt que de devoir le supporter plus longtemps. Ainsi, je lui expliquais d’une façon claire et nette mon souhait de vouloir prendre mon café en toute tranquillité, ce n’était pas trop lui en demander ? Il m’ennuyait plus qu’autre chose. Depuis qu’il s’était permis de me saluer comme l’un de ses potes, en fait. Je souhaitais tout de même profiter de cette pause avant de me retrouver nez à nez avec mon travail n’attendant que moi dans mon bureau. Il finirait par me donner un mal de crâne comme à chaque fois. Ces foutus papiers finiraient par me rendre chèvre un jour ou l’autre. Je ne m’y étais jamais habitué. « Mal à l'aise ? » Au moins, il prouvait qu’il n’était pas sourd en répétant mes propos, ce que je ne me retenais pas de lui dire : « Ton ouïe fonctionne bien. » Bien sûr, je n’étais en rien un médecin spécialiste de l’audition. Ce métier ne m’enchantait pas le moins du monde. Quelle idée de cafouiller dans les oreilles et côtoyer fréquemment des personnes d’un certain âge. Pour les ricanements, je ne m’attardais pas là dessus, le principal était que Kenny m’avait parfaitement compris. J’espérais maintenant qu’il finisse par se décider à quitter la pièce, mais ce n’était pas encore le cas, à mon grand regret. « Je vous pensais quand même un peu plus ouvert d'esprit sur certains sujets mais je me suis visiblement trompé.... Après il ne faut pas s'étonner pourquoi les gens ont peur de vous.... Même les gens de votre propre famille n'osent pas s'adresser à vous... » Par ses dernières paroles, je ne saisissais pas là où il voulait en venir en faisant référence à ma famille. D’ailleurs, d’où il se permettait d’en parler alors qu’il ne la connaissait même pas. A l’inverse, s’il connaissait ne serait-ce qu’un membre de ma famille, je n’étais au courant de rien. Peu importe, personne ne pouvait me juger et encore moins toucher à mes proches, au risque que je sorte de mes gonds avec la personne qui m’aurait cherché. Cette personne, en question, était en plus de ça un collègue. Cela n’avait aucun rapport avec notre contexte professionnel. Dans le cadre privé, je n’aurais pas hésite à lui flanquer une sacrée frousse pour qu’il évite une nouvelle fois de s’exprimer sur ma famille. Il aurait découvert alors un tout autre visage de moi-même. D’autant que je ne cherchais pas à me faire des amis au commissariat, ça m’était bien égal si certains pouvaient avoir peur de moi, soi-disant. Même pas le temps de répliquer, car aussitôt après sa maladresse, il décidait de filer, tel un gamin après une bêtise. « Bref ! Bon café ! A l'avenir j'éviterai de venir vous agresser dans votre intimité. » Je me retrouvais donc seul dans la salle, enfin. Toutefois, bien que j’attendais ce moment avec impatience, je ne voulais pas rester sur cette fin après notre altercation. Je buvais d’une traite mon café, sans prendre le temps de le déguster pour retarder le moment de travailler, et me dirigeais vers le bureau du lieutenant Mathisson en le cherchant. Par chance, je le trouvais dans son bureau. Je ne prenais même pas la peine de toquer à sa porte et l’ouvrais donc par surprise pour lui adresser quelques mots : « N’oubliez pas de taper les rapports de vos interventions, ainsi que votre rendez-vous avec le psychiatre de la police. » disais-je plus professionnellement avec un sourire malicieux. J’avais eu vent de cette information par mes supérieurs pour justifier son absence, sans connaitre la raison. Il voulait rire, on pouvait rire. « Personne se permet d’aborder ma vie privée et encore moins ma famille. » murmurais-je. Après ça, je refermais la porte et retournais à mes préoccupations.

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Il regrettait déjà sa trahsion envers Gabriella, sa nouvelle amie et accessoirement sœur du commissaire Sawyers.... Alors certes il n'avait pas encore raconté tout ce qui s'était passé et heureusement d'ailleurs mais Kenny en avait déjà trop dit et il le savait très bien.... Lui qui d'habitude savait être une tombe quand on lui confiait quelque chose s'était laissé déborder par ses émotions.... Certaines de ses blessures ne s'étaient donc officiellement pas refermées pour qu'il ne puisse pas controler ses mots..... Mathisson reprenant le chemin de son bureau était donc en colère mais essentiellement contre lui même et non pas contre son supérieur contrairement à ce que l'on pourrait s'imaginer.... C'était désormais à son tour d'avoir envie qu'on lui fiche la paix.

Installé devant son PC et après consulter sa boite mail, il ne mit pas très longtemps avant de se remettre au boulot... Lire les dernières nouvelles concernant les enquetes en cours et bien évidemment saisir les rapports.... Cette tâche souvait qualifiée d'ingrate incombait à tout le monde et bien que hiérarchiquement parlant Kenny était au dessus de certains des membres de son équipe il refusait de confier le ''bébé'' à quelqu'un d'autre.....

Comme prévu, son ''ex-crush'' ne tarda pas à venir à sa rencontre en lui envoyant une bonne réplique mélant habillement humour et mauvaise taquinerie... ''Je n'ai jamais manqué a aucun de mes devoirs, vous le savez très bien'' dit-il calmement. Mathisson n'allait pas s'emporter et encore moins jouer à celui qui avait la plus grosse, la remarque de Sean, il l'avait plus ou moins mérité ! Il se leva de sa chaise pour le rejoindre dans le couloir et terminer son explication. ''Je le sais.... Mes paroles ont juste dépassé ma pensée... Je me cherche pas d'excuses mais je suis dans une mauvaise période et tout prend des proportions parfois inattendues... Je tenais juste à préciser tout ça.'' Petit mea-culpa pour le jeune officier, ça méritait d'être souligné. Laissant Sean continuer sa route, Kenny retourna quant à lui à son boulot.