l'histoire de ma vie
And I still can see blue velvet through my tears
Arthur est né à Berlin. Il habite avec son grand frère et ses parents dans la banlieue de la capitale allemande. Sa mère est infirmière et passe pas mal de temps au travail ; son père, lui, possède un garage où son fils aîné l’aide.
Il passe toute sa scolarité obligatoire dans sa ville, à proximité de Berlin. Ce n’est pas le gosse le plus turbulent de la classe, mais il aime faire le con avec ses amis, et ça se ressent dans ses notes. Elève moyen, il obtient l’équivalent du baccalauréat allemand sans souci, ce qui l’emmène à l’université. Il étudie à Berlin pendant 3 ans et décroche une licence en maths.
Un problème se pose tout de même : Arthur ne veut pas bosser dans les maths. Il veut travailler dans le cinéma, et réaliser un film. A l’époque, il écrit même un scénario : une histoire de gangster peu originale, inspiré de la série
Les Soprano. Ça ne marche pas, personne ne veut signer avec lui. En vérité, il n’a en l’état actuel ni la capacité, ni la culture de faire un long-métrage.
Après l’université, il reste donc à Berlin. C’est le bon plan : il reste (vraiment, vraiment très) près de sa famille, et il peut côtoyer une des sphères artistiques les plus puissantes d’Europe. Elle va le changer… Il s’y intègre facilement, son caractère ouvert et sympathique lui trouve rapidement des contacts solides et influents. Il demeure travailleur, une des grosses valeurs que ses parents lui ont transmise, mais l’apparence prend de plus en plus d’importance dans sa vie. Comme ça a toujours été le cas, il se laisse influencer par la majorité. Petit à petit, il a besoin de fréquenter les boîtes les plus huppées, de porter les marques en vogue… et le besoin d’argent croît à une vitesse exponentielle.
Il veut réussir, il a besoin de rester avec ces gens, il le faut. Au diable la droiture, l’honnêteté, il quitte son boulot de livreur de pizza et le voilà qui se mêle au trafic de drogue. A la casquette de gars sympa
réalisateur-wannabe s’ajoute celle de l’approvisionneur de cocaïne. Bien sûr, cela fait longtemps qu’il traîne autour de la substance (il y en a toujours qui traîne dans les clubs berlinois), et la consommation augmente tranquillement avec le temps : le commerce qu’il en fait ne l’aide pas dans son problème. A 23 ans, il fait, minable, une overdose dans les toilettes de la meilleure boîte de la ville. Le choc.
Il fait l’état des lieux : belles fringues mais pas de perspectives de carrière, fréquentations hyprocrites qu’il retrouve tous les soirs, un cœur endommagé, aucun intérêt amoureux. Il s’écarte du milieu, et se retrouve rapidement seul. Il n’a pas de copain (il se sait bisexuel mais n’a jamais tenté l’aventure avec une fille) car il ne sait maintenir une relation amoureuse : il n’est, purement et simplement, jamais tombé amoureux. Il est d’une beauté
(très, très) banale, ce qui est loin de l’empêcher de trouver des partenaires, mais l’absence de repère solide dans cette ville le pèse énormément. Il retourne chez ses parents, et ça lui fait l’effet d’une douche froide. Il a peur de mourir. Il arrête la cocaïne et se trouve un vrai job. Il commence en tant que caissier, puis devient serveur. Le week-end, il aide son père au garage. Il économise tant qu’il le peut, mais n’a aucun projet à long terme en tête.
Un jour, il se réveille. Il a presque 25 ans, il a de l’argent sous son matelas mais il n’est pas heureux. L’Allemagne n’a rien pour lui. Arthur a déjà enterré son rêve d’être réalisateur. Il se voit finir sa vie avec des petits boulots. Autant partir, non ?
Il prend son ordinateur, et regarde les vols les moins chers dans la semaine à venir. La Nouvelle-Zélande ? Ça paraît bien. Et apparemment, il y a des endroits où dormir.
Auf Wiedersehen !