l'histoire de ma vie
petite citation pour faire joli
Il n'y a pas d'innocents.
Seulement différents degrés de responsabilité.
" Nous avons un homicide au 155 Wakefield Street, en route ! " Les trois agents se regardèrent, tandis qu'ils se tournèrent vers un quatrième. Celui-ci ouvrit de grands yeux, en se levant précipitamment.
" C'est chez moi ! " hurla-t-il en revêtant son manteau et courant presque jusque la porte. Mais son chef le reprit immédiatement par l'épaule, un regard désolé. Finalement, il secoua la tête, lui ordonnant de rester en retrait. L'homme serra les poings mais accepta avec docilité. Il n'était qu'agent, après tout. Lorsque son partenaire lui demanda de venir avec lui, il se précipita et descendit les escaliers en vitesse. Là, il monta ensuite dans la voiture, regardant la route défiler avec fébrilité. Sa femme était là bas. Seule. Arrivé à destination, il descendit de la voiture, courut presque jusque chez lui, passa en dessous des limites et bouscula les agents de la scientifique. Ces derniers le reconnurent et lui adressèrent un regard compatissant. Il n'en avait que faire. Là ... Il la découvrit. Sa belle
Eden, étendue sur le sol, une balle dans la tête et sa maison dévalisée. Un cambriolage. Il hurla sa rage, s'agenouilla à ses côté en chantant une litanie, mais surtout pleurant. Son chef vint lui prendre l'épaule, mais il le repoussa.
" Il faut trouver le coupable, chef. " dit-il sans équivoque.
Le chef secoua la tête et se pencha à ses côtés.
" Je sais Wilcott. " Il se releva.
" Mais tu ne participeras pas à l'enquête, ce serait conflit d'intérêt. "L'agent se leva alors, regarda ses mains ensanglantés et sortit de la maison en frappant dans un mur. Enlevé de l'enquête ou non, il trouverait les coupables. Il se le promet. Eden n'est pas morte en vain.
Tout le monde a des secrets.
Il s'agit simplement de découvrir lesquels.
" T'es sûr de ce que tu dis Tiggy ? " demanda l'agent tandis qu'il tendait un énième dollar au jeune garçon noir.
" Oui, je te jure mec ! Il était seul et j'ai pas comprit sur le coup, mais après le coup de feu je savais qu'il venait de tuer quelqu'un. " dit le jeune garçon, en prenant rapidement le dollar et le cachant dans sa veste en lin.
L'agent adressa un dernier sourire au jeune pour finalement remettre correctement le col de son manteau gris. Il but d'une traite son café pour ensuite sortir du bar avec hâte. Il avait apprit tout ce qui lui fallait grâce à ce jeune homme. Voilà pourquoi il appréciait avoir des contacts étroits avec ses indic' : ils lui permettaient d'avoir des informations indispensables quand le besoin est présent. Alors, cet homme était blanc, vêtu d'une chemise de bûcheron et sdf. Parfait ! Il le trouverait. Il savait comment, il savait où grâce à Tiggy. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est comment il avait eu une arme. Après tout, il s'en moquait. Il voulait juste venger la mort d'Eden, tout simplement. Il voulait que justice soit faite. Il entra dans sa voiture, roula ... Quelques minutes plus tard, il était devant l'entrée d'un cimetière. Dix minutes plus tard, il était debout face à une pierre tombale :
Patrick Wilcott. Son père. Son père qui était mort en service. Son père qui était parti bien trop tôt, le laissant seul avec sa mère. Mère qui fut internée, de sa volonté propre, à cause du chagrin. Heureusement, sa tante avait été là pour l'élever. Il baisa ses doigts, les déposa délicatement sur le bord de la pierre pour ensuite lui tourner le dos et remonter dans sa voiture : il avait une mission à accomplir.
Cela faisait bientôt deux heures qu'il était en planque. Sa voiture garée en face de la ruelle que les sdf squattaient, il attendait. Il attendait cet enfoiré, la main sur la crosse de son colt. Il n'était pas en fonction, alors il n'avait plus rien à perdre. Soudain, il apparut. Cet enfoiré se distingua des autres, puisqu'il était blanc mais surtout beaucoup plus frêle. Un sourire malsain apparut sur ses lèvres tandis qu'il le suivait du regard. Quand l'homme blanc sortit de la ruelle pour marcher dans la rue, il démarra et le suivit subtilement. Il roula un bon quart d'heure, quand l'homme rentra de nouveau dans une ruelle, il s'arrêta. Il observa les alentours : ils étaient seuls. Alors, sans hésiter une seule seconde, il sortit de la voiture et marcha dans la ruelle. Là, quand l'homme s'assit pour boire une bière bas de gamme, il se mit face à lui.
" Salut. " dit-il, toujours ce sourire malsain.
" T'es qui toi ? " demanda l'ivrogne.
" Celui à qui t'as tué la femme et dévasté la baraque connard. " dit-il en sortant son colt. L'homme n'eut le temps de répondre que la balle partit et atterrit contre sa cervelle.
L'agent déposa l'arme au pied du clochard, ne s'embarrassant pas d'essuyer le colt. Il savait parfaitement qu'on le retrouverait. De toute façon, c'était ce qu'il voulait. Il n'avait plus rien à faire en ville maintenant. Là, il reprit sa voiture et se dirigea vers son appartement, attendant son chef. Il attendrait le temps qu'il faut. Il était prêt.
C'est ainsi que deux jours plus tard, on frappa à la porte. Il ouvrit calmement et comme prévu son chef était devant lui. L'ancien agent tendit ses poignées.
" Tu sais pourquoi je suis là, Wilcott ? " demanda son chef avec une pointe de regret.
" Fais ton taf, je suis prêt. " dit l'agent en gardant ses mains en évidence.
" Laisse. Je t'emmène comme ça, pas la peine de te dénigrer davantage. " dit l'agent pour ensuite le prendre par le bras et l'emmener jusque sa voiture. Son agent venait de le décevoir. Son meilleur agent.
Ce n'est pas un tueur en série malade qui a trop lu la bible.
C'est simplement un fumier ordinaire qui déteste les femmes.
La porte de la prison s'ouvrit devant lui, tandis qu'on lui donnait ses affaires. Il fut presque aveuglé par la lumière du jour. Cela fait quinze ans, maintenant. Quinze ans que sa chère Eden est morte par la main d'un clochard abruti. Il était maintenant libéré pour bonne conduite. L'ancien agent, veuf, marcha tranquillement vers le taxi qui l'attendait. Il tendit son unique dollar au conducteur, tandis qu'il mettait ses faibles affaires dans le coffre.
" Island Bay s'il vous plaît. " dit-il la voix enraillée par le fait de l'avoir peu utilisée. Une nouvelle vie s'offrait à lui dorénavant. Mais était-il réellement prêt ? Il ne savait pas.