Aoline | Le moment de tout raconter c'est le moment tendu de l'histoire.

Cela fait quelques jours que je squatte le canapé d’une amie. Il faudrait sans doute que j’affronte Noah. Mais je n’y parviens pas. Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé. Pourtant ce n’est pas compliqué, même un élève de maternelle pourrait comprendre. Alcool, beaucoup trop d’alcool, un petit cachet et moi finissant dans un lit complétement ravagé, mais surtout nu aux côtés de Noah. Non on n’a pas enfilé des perles, on a bien vécu une nuit torride, quoi que je me souviens pas clairement du fait qu’elle soit sensuelle, torride ou encore douce. Peu importe, car au final ça revient au même. J’ai couché avec le frère de mon premier amour décédé. Je m’en veux et je ne sais même plus comment faire pour affronter son regard ou encore ne pas me liquéfier devant lui. Alors, forcément je fuis mon propre appartement, j’ai reçu un seul message de lui depuis ce qui s’est passé, mais j’ai jamais lu ce dernier et encore moins  eut envie de lui en envoyer un. Ce matin quand je me réveille j’ai la tête embuée, je ne sais pas trop quoi penser. Mais je sais que la situation ne doit plus durer ainsi, qu’il faut que je passe à autre chose. Que j’oublie ça, mais affronter Noah n’est pas encore dans les choses à faire. Je sais déjà ce que je vais bien pouvoir faire aujourd’hui, comme me rendre au rendez-vous qu’hier soir je me suis fixée avec Aoline. Elle avait besoin de parler, et j’ai dû oublier de préciser que moi aussi. Car elle compte plus que mes petites conneries ou bien encore mes déboires. Autant dire que Noah rentre dans les deux catégories inutiles.  Aoline est comme une sœur, d’une rencontre plutôt gênante dans un magasin au rayon hygiénique … quand j’y repense, mais sur le coup, je n’ai pas eu envie de rire. J’étais surtout rouge comme une pivoine et heureusement qu’Aoline m’est venue  en aide. En pensant à tout cela, ‘j’oublie le reste et ça fait du bien, alors je me hâte avec l’envie de me préparer pour la rejoindre au parc comme je lui ai indiqué hier au soir.

C’est vêtu d’un short et un pull léger que je quitte l’appartement de mon amie qui m’a hébergé, je sais que la situation doit changer très rapidement, mais ce n’est pas simple. Je marche dans la rue et je laisse flotter mes idées au-dessus de moi, j’ai presque l’impression que le soleil fait fondre tous mes problèmes, mais je me doute bien que ce n’est que temporaire, que ces derniers viendront à nouveau m’assommer dès qu’ils en auront le plaisir. Je ne mets pas très longtemps avant d’arriver à l’endroit convenu. Je cherche un endroit à l’ombre, mais aussi au soleil histoire qu’on soit plus ou moins bien installer. Un bon est libre, mais je me mets sur l’herbe bien volumineuse pour ne pas me casser le dos et les fesses sur le banc. Je prends mon téléphone et je traîne sur les réseaux sociaux attendant patiemment la jeune femme. Une jeune femme qui est devenue avec le temps une bonne amie, je la considère tout autant que ma propre sœur. Les choses se sont fait naturellement  avec elle, sans rien forcé. Il a s’agit de partager quelques rires et moment  gênant  avant de finir par s’ouvrir l’une à l’autre. Je souris en relevant la tête et je la vois arrivée. «  hey toi ! » lançais-je d’une voix douce. «  tu vas bien ? » Que je demande, alors que je me lève avec aisance pour la prendre dans mes bras.   «  ça te va l’endroit alors ? Puis on a de quoi manger en allant au stand. » Annonçais-je.

Sur le chemin qui me sépare du lieu où je dois voir Aoline, autant dire que je ne cesse de ressasser ce qui s’est passé avec Noah. Je ne cesse d’avoir des kyrielles de questions qui viennent à m’agresser. J’essaye de les oublier, de passer outre, mais c’est vraiment très compliqué. Comme si la moindre chose croisant mon regard amène Noah dans mon esprit, ou encore des souvenirs avec lui. Puis je pense aussi à mon défunt copain, même si ce n’est pas forcément sain, ce n’est tout de même pas mieux de coucher avec le grand frère de ce dernier, même si il est mort depuis bien des années, mon cœur est encore blessé de sa mort. Alors, je finis par vider mon esprit, les rayons du soleil font comme une boule entre mes problèmes et moi. Ça fait du bien. L’impression d’être fin libre, d’être heureuse de pouvoir retrouver Aoline. Ç a faisait un petit moment qu’on n’avait pas pu se voir outre le fait de parler via un téléphone, des sms ou autre connerie du style.

Posée sur l’herbe à un endroit à l’ombre j’attends qu’elle arrive. Mais je n’aurais pas à attendre trop longtemps, car cette dernière venait d’apparaître. Mon sourire vient caresser mes lèvres, souriante je ne pouvais que l’être grâce à elle et c’était reboostant d’un côté. Je la serre contre moi tout en laissant le reste m’échapper. Ça fait un bien fou en tout cas. « J’avoue qu’il est parfait ! » Lâchais-je. J’adorais cet endroit, voir les enfants jouer, les couples, non pas les couples, mauvaises idée. Pinçant l’intérieur de mes joues entre mes dents, je souris à la jeune femme. « Donc l’estomac sur patte invitera le second estomac sur patte à manger ? » Je lui fais des petits yeux de chat potté. J’étais autant qu’elle un estomac plus qu’un corps. J’adorais manger, même si depuis deux-trois jours ce n’était pas trop ça, même mon amie chez qui je logeais se demandait comment ça se faisait. Je ne lui avais pas dit pourquoi ‘étais chez elle. Non, j’avais parlé de dégât des eaux et non un dégât avec mon colocataire. « Ô ça peut aller je pense ! » Grimaçais-je en mentant à demi-mot, après tout, j’étais quand même plus là pour parler d’elle, puis après je me lancerais dans le vide pour lui compter mes malheurs. « Alors, comment tu vas toi ? » Demandais-je en me réinstallant sur l’herbe aux côtés d’Aoline, alors que mon regard finissait par flirter avec le ciel avec joie.

C’est un plaisir de retrouver Aoline, ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas pu se voir. Les études, les boulots font que c’est compliqué de caler des moments avec d’autre personne. Puis faut aussi compter sur mon côté ours. J’aime être chez moi, sauf dernièrement, mais c’est une autre chose qui fait que. Mais autrement passer de petite soirée chez moi sans sortir est assez sympathique à mon avis. « Mais oui ! » Je ne peux pas dire non. Je suis vraiment une grosse bouffeuse, j’aime la nourriture, la bonne comme la mauvaise. Que ce soit sucré, salé ou encore gras. Peu importe, tout autant que j’aime manger une bonne salade composé et surement bien plus saine que bien des choses ayant finit dans mon estomac. La file d’attente est à nous et Aoline prend la parole, je l’écoute restant surprise et pourtant un sourire vint à s’infiltrer sur mon visage. Je la laisse continuer et autant dire que la petite brunette avait bien des choses à dire, alors le fait de se voir était donc une très bonne chose pour le coup. Je me retiens de rire quand elle fait une mini déclaration, et je ne peux que la comprendre, je sais comme elle est et autant dire que je lui ressemble bien plus depuis la mort de Nael. Cet homme je ne l’avais même pas capté, justement bien trop intéressée par les mots sortant de la bouche d’Aoline. Je rigole à gorge déployé essayant malgré tout de me contenir, tout de même. La nourriture à nous, je la suis et je reste juste silencieuse, je ne sais pas pourquoi, mais je sans qu’elle n’a fini son petit monologue et que l’interrompre n’est pas une chose qu’il faut faire, c’est du moins le sentiment que j’ai. Je viens d’avoir une bonne dose d’information à compacter dans mon esprit pour essayer d’en faire une synthèse, c’est comme réviser, mais sur la vie des autres et ce n’est pas forcément joyeux, même si là c’est un sujet qui me parle, même si je n’ai vécu qu’une seule histoire, et là ça me frappe et si j’avais vécu quelque chose avec Noah ? Merde. Je supprime l’idée de ma tête regardant Aoline qui venait là de conclure ses dires. Je lui offre un sourire avant de croquer dans mon sandwich qui me fait de l’œil depuis que je le détiens entre mes mains. « Déjà … Ouah ! » Quoi faut bien que je le dise que je suis surprise, mais plutôt heureuse, mais là n’est pas la question. Je ne vais pas dire que sa petite histoire je viens de la trouver mignonne, je vais sans doute me retenir de le dire. « Tu crois qu’on s’y connait tous ? » Que je lui demande. Ö que non. On se lance tous dans l’inconnue à cœur perdu et on ne sait jamais comme ça va finir, c’est un peu comme entrer dans un labyrinthe ave les chemins changeant à longueur de temps nous rendant parfois dingue et parfois de plus en plus déçu. C’est un peu un mauvais jeu auquel nous ne sommes que des pions, l’amour c’est ça et c’est horrible. Du moins c’est ma version de l’amour entre deux personnes. « Kenzo t’aime, il te l’a dit et les choses ne changeront pas entre vous … » Enfin, des baisers et bien d’autre chose se déroulant dans un lit, mais pas besoin de lui faire un dessin. « Tu n’as pas besoin de t’angoisser, il te connait, hein ? » Je n’en doute pas vraiment de cette réponse. « Tu es une personne formidable et si tu l’aimes tout ira bien … c’est une grande aventure assez déstabilisante ! » Dans le fond, je n’ai connu qu’une histoire d’amour. « Puis tu sais tu me vois, mais je n’ai eu qu’un homme … » Et c’est un air triste qui vient ronger mon visage, mes traits se fermant sans même que je m’en rende compte que je pense encore à sa mort, et pourtant le temps a filé, mais c’est toujours douloureux.