à la recherche des étoiles

eve northam

faire que chaque jour soit différent du précédent

les informations en vrac

la partie anecdotes ○

1 - L'Unique. Le Tout. Dieu. Mon Dieu, je t'ai prié le matin, le soir, encore et encore et tu ne m'as pas épargné ces tourments. Tu m'as refusé l'entrée dans ton royaume, ce bonheur, ta paix.

2 - Ces deux hommes qui m’ont emmenée de force, m’ont volée à ma famille, m’ont jetée dans ce fourgon, m’ont enfermée dans une chambre sans fenêtre. Ils m’ont appris ce qu’est la haine.

3 - Ce sont les passagers d’un véhicule qui quitte la route et se perd dans le paysage. Nous trois.

4 - Le nombre d'années que j'ai passé entre ces murs. Quatre terribles années qu'on m'a volées.

5 - Cinq sens qui me servent à percevoir l'espace réduit où je suis. Ils appellent cela une chambre. Même mon espace dans la chambre que je partageais avec ma soeur, était plus grand. Je me cogne dès que je veux courir. J'étends les bras, je suis un funambule immobile.

6 - Mes frères et soeurs. J’ai grandi sans eux. Je ne suis pas sur leurs photos de Noël, d’anniversaires. Je ne suis pas dans leur répertoire téléphonique. Je ne suis plus dans leur vie.

7 - Les sept péchés. Je dois comprendre pourquoi je suis revenue. Je n'y parviens pas. Pour faire pénitence. J'ai commis trop de péchés pour avoir le droit d'aller plus loin. Je reste ici.

8 - La pile de livres que j’ai laissés sur le coin de mon bureau dans la chambre. Il n’y avait pas de bible, c’est pour ça qu’il n’a pas voulu de moi.

9 - Une neuvaine. J'essaie, mais je ne crois pas qu'elle fasse neuf jours, parce que je ne suis pas sûre que mes jours soient de vingt-quatre heures. J'essaie d'aller jusqu'à neuf en prières, en deuil, en résurrection, en lendemain identique au jour même, à la veille.  

10 - Des mains pleines de doigts. Dix. Dix doigts. Dix orteils aussi. Deux bras, deux jambes. Un corps qui vit. Un esprit. Une âme. Je la vois dans la nuit, elle me regarde.

les indiscrétions sur le joueur

  

Code:

<pris>○ galatea bellugi </pris> eve northam

l'histoire de ma vie

les pétales de fleurs enneigent l'été

Tous les gens enfermés le font. Tracer des traits pour compter les jours. Enfermés entre quatre murs, sur une île déserte Enfermée dans ma tête. Enfermée. Anesthésiée par les médocs, je ne parviens plus à compter. Je n’ai pas de crayon pour faire ces traits. J’ai des points de repère, mes doigts, mes coudes, mes genoux. Je réinvente un système pour savoir. Le matin, j’ai oublié la veille mais pas la nuit. La nuit, elle refuse de s’effacer. Il y a toujours ces yeux qui me surveillent. Je sais pourquoi je suis là, j’ai tué un chat à coups de pelle parce qu’il me regardait avec ces yeux qui ne se ferment jamais.

Maman vient à Noël. Elle dit que c’est Noël. Je sais que ce n’est pas Noël. Nous l’avons toujours passé en famille. Je n’ai plus de famille.

Quand je serais dehors, j’écrirai tout le temps. Je resterai dehors quand il pleut. J’aurai chaud parce que le soleil sera au-dessus de moi. Je courrai droit devant moi, je ne marcherai plus en rond. Quand ? Quand je serai dehors.


juillet 2013
Le frère de Sally conduit la voiture, nous allons à une fête d'anniversaire. J'ai vu le camion zigzaguer. J'ai arrêté de rire et j'ai pris la main de Sally. La voiture a quitté la route pour l'éviter. Après tout s'est mis à rouler. Les vitres se sont brisées et l'eau est entrée. Après, tout s'est éteint, tout s'est allumé. Après, ou c'était peut-être avant, j'ai vu Jin et Sally pleuraient. C'était les deux, avant et après.

septembre 2013
Je me suis agrippée à tout ce que j'ai pu. Je les ai mordus. Je les ai griffés. J'ai perdu un ongle dans la bataille. J'ai perdu mes parents. Je n'ai plus de famille. Je mange sans manger. Je dors sans dormir. Je vis sans vivre. Ils veulent me garder dans ce monde. Ils veulent que je sois sage. Quand je ferme les paupières, je vois des pétales de lumière voler et ces yeux qui me fixent dans l'obscurité. Leurs médocs n'y peuvent rien. Je suis entre deux mondes. Tout ce qu'ils font c'est m'empêcher d'entrer dans l'un ou dans l'autre.

juillet 2017
La porte s'est ouverte. Je ne me souvenais pas que le soleil éblouissait tant. Papa est là, mais moi je ne sais pas pourquoi je suis là. Maman n'arrête pas de me tenir la main pour m'emmener jusqu'à ma chambre. Il y a une pile de huit livres sur le coin du bureau. Elle a fait des gaufres, elle dit que je les aime, je veux bien le croire.

août 2017
Papa a dit que je dois travailler à la bibliothèque. Je range des livres. Je n'ai pas rangé ceux sur le coin de mon bureau. Je mets les écouteurs reliés à mon portable. Pas de musique. J'écoute le silence. quatre ans sans bruit, que les portes qui s'ouvrent et se ferment, le seul rythme. Le silence, les gens ne savent pas ce que c'est. Même à la bibliothèque.


Je courre jusqu'à ce que ma respiration me fasse souffrir. C'est de l'air qui entre et sort. Pas de l'eau. Je rentre avant la nuit pour ne pas croiser de chats, ces chats qui me regardent avec ces yeux qui ne se ferment jamais.

J’ai récupéré des vieux calendriers. Je choisis des dates au hasard. J’invente des anniversaires. Je n’ai plus d’amis.

J’ai des stylos plein les poches et des carnets. J’écris des mots dans des carnets. Je déchire les pages que je suspends au plafond avec des fils. J’invente un arbre. L’arbre qui fleurit, les fleurs de l’arbre qui s’ouvrent, les pétales des fleurs de l’arbre s’envolent. Quand je ferme les yeux, je les vois.

J’allume l’ordinateur. Je n’ai pas d’amis. J’écris des mots. Parfois, j’ai des réponses.