si elle a du bleu sur le corps, c'est qu'elle a joué dans la peinture (colin)

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si elle a du bleu sur le corps, c'est qu'elle a joué dans la peinture

colin & craig

Craig avait connu un réel succès à Londres, qui n’avait malheureusement pas passé les frontières de l’Angleterre avec lui. S’il était aussi connu et apprécié là-bas, c’est qu’il s’était bougé plus que quiconque pour faire de son nom une référence en matière de peinture. Là-bas, posséder une toile du petit Silva était quelque chose d’important pour tous les amateurs d’arts et ses expositions étaient devenues un événement important dans la ville, du moins, dans les quartiers qu’il fréquentait. Même s’il avait toujours son site internet et même s’il avait gardé contact avec quelques clients qui raffolaient vraiment de son art et de son inspiration, sa popularité et ses gains avaient chuté après l’annonce de son divorce et surtout de son déménagement. Ils jugeaient Craig comme un fugitif et un lâche, et surtout, la véritable excuse, c’est qu’ils ne voulaient pas faire voyager leur toile trop longtemps, au risque de l’abîmer. L’anglais s’estimait heureux pour une seule raison : il avait quelques amis peintres qui n’arrivaient pas à percer dans le métier quand il était là-bas, il se disait que sans la plus rude concurrence, en l’occurrence lui, ils réussiraient à se faire au moins deux clients par mois. En fait, il se moquait bien d’eux et de tous les Londoniens. Il savait les risques qu’il prenait en déménageant et savait qu’il devrait tout recommencer, repartir à zéro, et il n’allait certainement pas chômer à ce sujet-là. C’est la raison pour laquelle il s’était levé tôt, ce matin-là. Il avait besoin de se créer de nouveaux contacts dans le milieu de la peinture et avait repéré un endroit qui cherchait quelques talents à exposer. Concernant son physique ou son mental, Craig n’était absolument pas narcissique, mais concernant sa peinture, il pensait sincèrement être le meilleur. Pourquoi plusieurs talents quand il y avait déjà lui ? Il avait envie d’être le premier sur place, le premier à se présenter au propriétaire et surtout, le premier à exposer ses toiles. Huit heures du matin et il était déjà prêt à partir de chez lui, après une bonne petite douche pour se réveiller. Il s’était habillé comme il aimait le faire quand il sortait publiquement en tant que peintre et non en tant qu’homme, une chemise assez artistique, cette fois-ci fleurie, et un pantalon quelconque mais qui coûtait chère, les amateurs de shopping le remarquaient à chaque fois. Un café en main et une pochette sous l’autre bras, il sortait enfin de chez lui, devant prendre un taxi pour se rendre là-bas. Il n’avait pas encore eu l’idée d’investir dans une voiture ou dans une moto, se disant que ce serait la prochaine chose à faire après avoir trouvé des clients fiables. Une dizaine de minutes après son départ, il arrivait enfin à l’endroit désiré. Après avoir payé le chauffeur, il sortait de la voiture, reprenait ses papiers dans les mains et jetait son gobelet dans la première poubelle qu’il vit. Il s’arrêtait quelques minutes pour se repérer un minimum, et oui, réussir à se déplacer dans une ville, une région et même un pays inconnu, ce n’était pas la plus simple des choses à faire. Finalement il réussit à comprendre sa localisation en voyant le nom d’une rue, il avait fait des recherches avant de partir de chez lui et il se savait qu’à quelques pas du local. Une fois celui-ci dans sa ligne de mire, il ne recula plus devant rien et, même sans toquer, il entra dans celui-ci. ▬ Y’a quelqu’un ?

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Les cernes sous les yeux, l'odeur de la peinture fraîche. Depuis qu'il a les clés de cet endroit, Colin se détend à tout refaire, à le perfectionner. C'était un vieil endroit, avec des murs qui étaient sur le point de s'écrouler, un vieux papier peint qui avait l'odeur de la mort. Au début il a hésité avant de dire oui, puis l'opportunité est devenu bien trop belle. Il est bien placé dans la ville, c'est lui le patron, et hormis quelques travaux il est persuadé de n'avoir vu aucune galerie d'art. Ce serait une première. Alors Colin a signé, a récupéré les clés, et l'voilà en train de finir de repeindre le plafond d'une couleur blanche, de quoi ressortir ce qu'il prévoit de peindre sur le mur ; une fresque. Le but de Colin dans cet histoire, c'est de faire partager son passé dans la peinture, en dessinant des bouts d'histoires dans les murs, tout en laissant la possibilité aux nouvelles générations de rentrer dans le monde de l'art. Quand il a posté l'annonce dans le journal ; après énormément de négociations, parce qu'il n'était pas inconnu des médias malheureusement, il en était bien trop fier. Alors tant pis pour les cernes, tant pis si son dos est en vrac tout simplement parce qu'il a quitté le loft de Sierra, c'est pour la bonne cause.
Il ne s'attendait pas à avoir des visites, pas dans un délai aussi court. Un vieux jogging, un tee-shirt complètement mort, voilà à quoi il ressemblait quand il a entendu la voix d'un inconnu. Entre les bâches, les escabeaux, les ampoules qui pendent, c'était vraiment pas classe. Mais il s'y attendait pas, vraiment pas. « Oui ? Je peux vous aider ? » Qu'il dit, alors qu'il descend les marches pour se poster face au type. Il est jeune, peut-être d'un an ou deux de différence entre lui et Colin. Il y a son sourire qui se dessine sur son visage quand il aperçoit la pochette parce qu'il a directement compris. « Désolé, je suis en plein travaux, en temps normal je suis beaucoup plus présentable. Je remets sur pied ce bel endroit. » Les yeux qui pétillent, il est vraiment bien trop fier de ce qu'il s'apprête à accomplir.

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En voyant l’état de la galerie quand il était entré dans celle-ci, il se dit directement qu’il était le premier à mettre les pieds ici. Une rénovation, un nouveau propriétaire, de grands changements, trop de paperasses et sûrement des semaines à attendre avant de pouvoir exposer une première série. Les peintres, il les connaissait, beaucoup trop arrogants, trop sûrs d’eux, trop fiers de ce qu’ils font. Personne n’accepterait d’attendre la fin des travaux, ni de filer un coup de mains, ni même de passer un entretien d’embauche avec un type si peu présentable que Colin. Craig, lui, il s’en foutait. La peinture sur les vêtements, la sueur sur le front, les ampoules qui pendent, le sol qui mériterait bien un bon coup de balais.. rien à faire, de tout ça. Il était là pour parler de son futur, de ce qu’il aimerait faire, de ce qu’ils pouvaient accomplir tous les deux s’ils signaient un contrat. Sa tenue n’était pas faite pour traîner dans un endroit comme celui-ci mais il voulait prouver à l’homme face à lui qu’il n’a pas peur de se salir les mains et puis, ce serait ironique de râler pour quelques gouttes de peinture sur ses vêtements. Alors il n’avait pas fait demi-tour, il s’était avancé jusqu’à l’homme, proche de l’escalier, observant tout ce qu’il y a de présent autour de lui, imaginant tout ce qu’ils pourraient faire ici, dans le temps. ▬ Aucun problème, j’vois que ça demande encore pas mal de boulot. Il avait dit ça en faisant quelques pas dans la future galerie, regardant aussi en haut de l’escalier, curieux de ce qu’il y avait à l’étage. ▬ J’ai vu votre annonce et j’suis intéressé. Même, j’aimerais être le seul, pour le moment. Il aimait l’exclusivité et son honnêteté ne lui permettait pas de jouer à l’hypocrite, s’imaginer voir d’autres peintres exposer quand lui restait chez lui, sans argent, à attendre qu’on veuille bien le laisser poser ses toiles. ▬ J’ai emmené un petit résumé de tout ce que j’ai fait à Londres, des photos de mes peintures les plus réputées, des prix que j’peux en tirer. Il n’attendait pas avant de se mettre en valeur, préférant lui montrer qu’il avait des qualifications, une certaine notoriété, qu’il pouvait lui faire rentrer de l’argent s’il réussissait à conquérir le cœur des Néo-Zélandais. Il lui tendait la pochette dans laquelle il y avait tout ce qu’il venait de lui décrire, plus un peu de paperasse, tout ce qu’il faut pour signer un contrat. ▬ Puis, si vous avez b’soin d’aide ici, ce serait avec plaisir. S’il faut donner quelques couches de peintures aux murs, ajouter des éléments de décoration liés à ce métier, il était sûrement l’un des mieux placés pour aider.

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