triwizard tournament → charlotte

La vérité c’est que cette expérience de réalité virtuelle sur le thème d’Harry Potter avait été géniale – ce à quoi elle ne s’attendait pas trop parce que même si elle aimait bien ça, elle n’avait plus joué à un jeu de la licence depuis l’adolescence au moins. Du coup, pas étonnant que Cleo ait envie de remettre ça la semaine suivante. Son mari travaillait pour ne pas changer et elle ne commençait que tard ce soir-là, quelle meilleure façon d’occuper son après-midi, je vous le demande ? Le long du trajet qui la menait au même bâtiment que la première fois, elle se demandait si elle allait revivre la même chose ou bien s’ils avaient prévu une intrigue différente cette fois-ci. Ça sûrement moins drôle si c’était la même que la dernière fois mais ça devait coûter une blinde de prévoir tout un tas de scénarii différents donc elle ne leur en voudrait pas trop si c’était effectivement le cas.

Bref, même topo que la première fois, on rassembla les participants – nettement moins nombreux que l’autre fois, en fait, elles étaient deux et elle était sûre d’avoir déjà croisé l’autre demoiselle la semaine passée, comme quoi, c’était pas mal addictif comme jeu - dans une grande salle mais celle-ci n’était plus décorée de bleu, ce qui devait être un autre indice. On leur expliqua le but du jeu dans les grandes lignes : cette fois ça serait le tournois des trois sorciers. Pour avoir lu un nombre incalculable de fois ce tome de la saga, Cleo savait en quoi ça consistait exactement : trois grandes écoles de sorcellerie s’affrontent entre elles après que la coupe de feu ait tiré au sort un représentant pour chaque école. Bien évidemment, les épreuves, aussi appelées tâches sont périlleuses voire carrément dangereuses. Rien de mieux pour se plonger entièrement dans un univers tel que celui-là. La rouquine s’installa et la partie commença peu de temps après. Retour à Poudlard. Oh, elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle se sentait de retour à la maison, mais ça lui faisait quand même super plaisir.

Bien évidemment, pour qu’aucune des deux participantes ne reste sur la touche – ce qui serait vachement dommage -, chacune d’elle fut tirée au sort comme championne de son école. En ce qui concernait Cleo, elle était la championne de Poudlard tandis que la jolie blonde représentait Beauxbâtons, l’école de magie française. Un choix judicieux qui rendait tout ça encore plus réaliste étant donné que l’autre demoiselle avait des airs de Fleur Delacour. Et pour Durmstrang alors ? Vous demandez-vous, hé bien il fallait croire que les organisateurs du jeu n’avaient trouvé personne pour l’interpréter cette fois-ci étant donné qu’elles avaient à faire à une espèce de clone de Viktor Krum. Ce dont Cleo n’allait sûrement pas se plaindre puisque les ordinateurs avaient la fâcheuse tendance à être un peu à la ramasse dans les jeux vidéo.

Les dragons. La blondinette devait elle aussi être une fan de l’univers magique d’Harry Potter puisqu’elle avait vu juste en prédisant quel serait l’obstacle de la première tâche. Enfin, en supposant que les créateurs du jeu suivent à la lettre le déroulement des films/livres. C’était très excitant mais Cleo ne pouvait s’empêcher de ressentir une légère pointe d’appréhension. Un peu comme quand vous jouez à un jeu d’horreur, vous savez ce qui vous attend et y allez en serrant quand même un peu les fesses. Mais c’était le jeu et puis la première fois, il avait surtout été question d’exploration donc elle ne doutait pas un seul instant que ça soit aussi très intéressant.
L’autre demoiselle parla de rester ensemble et la rouquine était bien entendu pour une collaboration jusqu’à un certain point. Ç’avait bien réussi à Harry et Cedric lors de la dernière tâche alors pourquoi pas à elles ? Mais parce que les développeurs étaient peut-être un peu sadiques sur les bords et qu’ils en avaient décidé autrement ? Toujours est-il qu’elles ne sauraient qu’en essayant, aussi marqua-t-elle son accord d’un hochement de tête accompagné d’un ricanement en entendant l’autre joueuse traiter le Krum artificiel de moldu.

« J’vais pas prétendre le contraire, moi c’est Cleo. »

Charlotte avait vu juste ; la première fois ils étaient bien plus nombreux et Cleo n’avait pas vraiment pris la peine d’essayer de retenir les prénoms de chacune de ces nouvelles têtes. Cette fois, en revanche, elle n’avait rien contre l’idée de faire plus ample connaissance avec d’autres joueurs étant donné qu’il n’y en avait qu’une seule mais ce sont les PNJ qui les interrompirent en se matérialisant soudain à leurs côtés. Pas de Dumbledore s’emballant parce qu’un élève trop jeune avait mis son nom dans la coupe de feu, ça faisait bizarre… mais pas le temps de s’appesantir là-dessus, il fallait déjà tirer au sort son dragon. Pas le magyar, pas le magyar, pas le magyar, mais Cleo aurait dû le savoir avec sa malchance légendaire, évidemment que c’est sur le magyar à pointes qu’elle tomba… elle déglutit avec un rien de difficulté et ouvrit la main pour montrer le résultat de son tir au sort à Charlotte. Le tout accompagné d’une petite grimace quand même.

Il fallait voir le bon côté des choses : ça faisait rire Charlotte. Et il fallait bien admettre que c’était drôle, ça la faisait rire elle aussi ; mais plus à cause de l’ironie de la situation. Pas moyen qu’elle s’en sorte de la même façon qu’Harry. Allez savoir pourquoi, les jeux dans un jeu vidéo n’avaient été son fort. Que ça soit le Quidditch du temps où elle jouait à HP sur sa vieille PS2 ou bien encore le Blitzball dans Final Fantasy, elle n’avait jamais remporté un seul match, l’option « accio Eclair de Feu » tombait donc à l’eau. Quant à Krum, lui aussi tira un dragon facile comme par hasard. Enfin bref, ce fut à Charlotte de commencer ; ils allaient probablement passer dans l’ordre où on leur avait piocher un dragon.

« Bonne chance, Charlotte, tu peux le faire ! »

Une chance que de son côté, ce n’était pas tout à fait comme dans le film où les autres participants devaient rester sous une tente et seulement écouter ce qu’il se passait dans l’arène. Non, elle put voir elle aussi la façon dont la jeune femme se débarrassa très facilement du Norvégien. Comme si l’énorme dragon n’était rien d’autre qu’un gros chien à qui on lance la baballe. Cleo était impressionnée. Et ça lui redonnait un peu d’espoir quand vint son tour. C’est sans trop prendre de gants mais en s’accrochant fermement à sa baguette que la rouquine s’avança sur le terrain. C’était… super réaliste : elle put sentir le déplacement de l’air quand le magyar vint se positionner sur ses œufs. Okay, bon, autant y aller à l’instinct, l’écossaise leva sa baguette et :

« Stupéfix, stupéfix, stupéfix, stupéfix, stupéfix ! »

Le tout accompagné de mouvements visant son dragon. En théorie, ce n’était pas censé marcher à elle seule mais vu qu’il n’y avait personne pour lui venir en aide et qu’elle ne connaissait pas de sort plus puissant autant le répéter jusqu’à ce que ça marche, non ? Enfin « marcher » c’était un bien grand mot ; le magyar attaqué commençait à s’énerver et avait quitté sa place dans un mouvement rageur et Cleo n’eut pas trop de mal à se faufiler en-dessous – heureusement que ce n’était pas une vraie bestiole, c’est rarement une bonne idée de passer en-dessous - pour récupérer l’œuf d’or. Le dragon s’évapora alors pour laisser place à un autre et elle se retrouva aux côtés de Charlotte tandis que Viktor Krum s’avançait à son tour vers son adversaire.

« C’était pas si compliqué, juste très impressionnant, tu trouves pas ? »

Heureusement...

Impressionnante ? Vraiment ? Décidément, Cleo aimait bien Charlotte. Elle avait toujours dit que ça aidait mieux de se soutenir les uns les autres mais personne ne l’avait jamais écoutée alors souvent elle faisait comme les autres : chacun pour soi. Bref, Krum entrait en piste et, bien que sa performance lui sembla un tantinet plus longue que les leurs, il s’en sortit lui aussi. Quelque chose lui disait qu’il avait été programmé pour tenir bon jusqu’au labyrinthe. Mais elles aussi, probablement, sinon quel intérêt ? Bref, tâche suivante : le lac bien sûr. Mais sans passer par la case énigme/salle de bains des préfets. Ce que la rouquine trouva un peu dommage car elle en avait souvent rêvé de cette salle de bains magique à l’époque où elle lisait la coupe de feu. Mais bon, c’était effectivement inutile à l’intrigue du jeu et puis ça devait être super compliqué à modéliser donc elle comprenait que personne n’ait eu envie de se donner cette peine. Toujours est-il qu’ils se retrouvèrent ensuite sur une plateforme au beau milieu du lac et des courants d’air, exactement comme dans le film. Pour plus de réalisme, Krum était en short de bain et t-shirt et, réflexe, elle baissa les yeux pour voir qu’elle aussi était en maillot. Wow, l’illusions était parfaite car elle n’était pas réellement en maillot de bain, juste dans le jeu. Charlotte aussi…

Charlotte qui n’avait pas perdu de temps pour pointer sa baguette en direction de sa tête et prononcer la formule du sortilège de Têtenbulle. Grande idée. Cleo lui adressa ses deux pouces en l’air au cas où elle ne pourrait l’entendre aussi bien dans cette espèce de bocal. En ce qui la concernait, la branchiflore était exclue. Elle avait piqué le magyar à Harry, elle n’allait pas lui piquer ça aussi. Non, elle avait plutôt envie d’opter pour la métamorphose et donc piquer sa stratégie à leur ordinateur de service mais comme celle de Krum était totalement flippante et ratée, elle opta pour un espadon, en plus, c’était plus rapide. Juste avant sa tentative de transformation, l’écossaise haussa un peu la voix pour que Charlotte l’entende :

« A ton avis, on va devoir récupérer quelque chose comme dans l’histoire de base ou juste trouver les sirènes ? »

Non parce qu’à moins de s’être renseigné à fond sur les joueurs dans leur dos, elle voyait mal comment ça pourrait être comme dans le film, pour le coup. Cependant, ça ne l’empêcha pas de se représenter qui pourrait être la personne la plus chère à son cœur et qu’il lui faudrait sauver. Deux réponses possible : Seth son mari ou Cher, leur corgi. Cette pensée la fit rire mais pas le temps de tergiverser, le coup de sifflet venait retentir, il était temps de se baigner.

Son chat, manifestement les deux jeunes femmes étaient sur la même longueur d’onde et ça plaisait à Cleo qui répondit par un petit rire étant donné qu’elle-même avait pensé à son chien. Il est vrai que ça lui ferait sans doute bizarre de voir une réplique de son chien ou de son mari dans un jeu vidéo mais on ne sait jamais ; à en croire les films, la notion de vie privée n’est plus qu’un doux rêve. Toujours est-il que les directeurs d’école leur apprennent que finalement, pas besoin de sauver un proche ou quoi que ce soit, il suffit de trouver le repère des sirènes et de remonter à la surface ensuite. Ce qui n’est déjà pas mal, elle en convenait. De son côté, l’excitation était à son comble. Elle n’aurait su dire si ça venait du fait de rencontrer des sirènes, même virtuelles, elles étaient toujours moins effrayantes que les dragons, de l’épreuve aquatique en elle-même ou juste la métamorphose mais elle ne ressentait pas vraiment la même chose venant de Charlotte alors juste avant de se changer en espadon, elle lui adressa un sourire.

« T’inquiète pas, ça va bien se passer. »

Et hop, à l’eau. Sensation épreuve, ses yeux voyaient bel et bien un poisson et elle se rendait également compte qu’elle était bien plus rapide que ce qu’elle devrait être mais la sensation s’arrêtait là. Comme quoi, le jeu pouvait encore être perfectionné… Cela dit, il ne fallait effectivement pas qu’il devienne trop réaliste non plus sinon il se trouverait des gens pour ne plus jamais vouloir en sortir. Et elle en ferait probablement partie. Bref, il lui suffisait d’un « coup de queue » pour se propulser super loin, ce qui était un avantage non négligeable. L’écossaise jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour voir comment Charlotte s’en sortait. Celle-ci était aux prises avec des tentacules mais elle s’en sortait plutôt pas mal. La moitié d’un requin la suivait. Viktor Krum n’avait pas changé de technique, on dirait, mais il ne parvenait pas à la dépasser. Personne, d’ailleurs, pas même les strangulots qui essayaient vainement de la ralentir, c’était presque trop facile. Du moins ça l’était jusqu’à ce qu’elle manque s’embrocher sur une sorte de trident tenu en main par une sirène. Non, déjà ? Peut-être un éclaireur. Ou alors juste une sentinelle. Quoi qu’il en soit, Cleo voulut attendre sa nouvelle amie quitte à laisser passer Krum devant parce qu’on ne sait jamais, s’il fallait parlementer avec le peuple aquatique… puis il fallait bien se l’avouer : elle préférait partager cette expérience que de la gagner.

Cleo entend bien Charlotte lui crier quelque chose mais le son est tellement atténué sous l’eau et à cause de la bulle qu’elle n’en comprend pas un traitre mot. Ce qui n’a au final pas trop d’importance étant donné que la rouquine préfère l’attendre, de toute façon. Et laisser Krum se démerder tout seul, il ne craignait pas grand-chose de toute manière. Bref, Charlotte arrive, il faut entrer en pourparlers avec la sirène qui leur bloque le passage. Il leur suffit de s’y essayer chacune leur tour et ça fonctionne. Un peu trop facile ? Et si c’était un piège ? Mais non, enfin, c’est un jeu vidéo sur le thème d’Harry Potter, pas une suite d’Outlast. L’écossaise suit donc le mouvement jusqu’à la fameuse antre des sirènes où sont retenus captifs… Adam Levine et Dwayne Johnson. Oh bordel de merde, ou comment se faire exposer en moins de deux. Encore ça, ce n’est pas un souci en soi mais… c’était The Rock, quoi, la montagne de muscles, ça allait drôlement la ralentir la remontée à l’air libre, non ?

Cela dit, de son côté, Charlotte n’était pas plus avancée, Adam était certes un peu moins lourd mais elle était plus petite. Mais soit, la blondinette s’élance alors vers son idole et Cleo n’a pas d’autre choix que de faire pareil. La corde qui retient Dwayne est plus large que son bras voire même que sa cuisse mais plutôt que d’essayer de trouver un tesson de verre dans la vase pour couper les liens parce que clairement il n’y en a pas et tâche donc de dénouer tout ça. Une chance, ayant vécu seule un long moment, c’était toujours elle qui devait remettre de l’ordre dans les guirlandes de Noël d’année en année, ce qui lui faisait pas mal d’expérience dans le domaine du dénouement, mine de rien. Bref, encore une fois, l’obstacle est bien plus facile à franchir qu’elle ne l’aurait cru et la rouquine jette un coup d’œil à son amie pour voir si elle s’en sortait, puis elle lui fait le signe « okay » avec les doigts, comme font les plongeurs et, une fois qu’elle s’est assurée que Charlotte est prête, fait signe qu’elles se retrouvent à la surface. Et… c’est effectivement assez long mais elle y parvient. Peut-être que leur entraide sera récompensée comme celle d’Harry dans le bouquin, qui sait ?