bad luck, try again (billie)

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{bad luck, try again}
crédit/ tumblr ✰ billie.

Besoin de souffler un bon coup. De décompresser. Les semaines s’enchainent et se ressemblent étrangement. Je n'ai pas une seconde à moi. Mais aujourd’hui, j’ai envie de changer les choses. De faire différemment. J’ai envie de m’accorder une pause. Un moment agréable de détente. Pour évacuer toute la frustration accumulée ces derniers mois. En réalité, je n’ai qu’une chose en tête ; aller nager. Un besoin quasiment vital pour moi. La natation a toujours coulé dans mes veines. Bien plus qu’une passion, une seconde peau. Je jette un rapide coup d’œil à ma montre avant de me rendre à la piscine municipale. Une petite demi-heure avant la fermeture des portes. Une fois dans l’eau, je revis complètement. Je ne pense plus à rien. Je profite juste de l’instant présent. J’enchaine les longueurs de bassin sans me soucier de l’environnement extérieur. L’eau a un effet immédiat sur mon corps. Un effet libérateur. Plus rien d'autre n'a d'importance. Et ça fait tellement de bien. Finalement, les minutes défilent à une vitesse hallucinante et il est déjà temps de rejoindre les vestiaires. Je me promets secrètement de revenir plus souvent. Et dire qu’avant, dans ma jeunesse, c’est ce que je faisais matin et soir. A longueur de journée. Nostalgique de cette époque, le bon vieux temps. Il n’y a presque plus personne dans les couloirs à cette heure là. Tout le monde a déjà rejoint son chez-soi. Sa femme, son mari ou ses enfants. Peu importe. Et moi, je traine encore un peu pour repousser le moment où je vais devoir rentrer. Dans une maison vide, seule. Greyson ne sera sans doute pas là. Comme d’habitude. En voulant récupérer mes affaires, je me confronte à un casier vide. Merde. Je fouille un peu partout dans les casiers d’à côté mais rien. Mes affaires ne sont plus là. Disparues. Je soupire fortement en claquant la porte du casier un peu trop violemment. « Putain. » Une nouvelle contrariété qui vient gâcher tout l’effet positif de la baignade. Sur le coup, je reste un peu conne. Plantée là, sans bouger.

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{bad luck, try again}
crédit/ tumblr ✰ billie.

Une petite contrariété et c’est fini. En un fragment de seconde, tout mon bien être s’est envolé. Volatilisé. Une jeune femme arrive à ce moment là, juste à côté de mon casier. Son incompréhension est totale. « Tout va bien ? » Mais elle ne met pas très longtemps à comprendre de quoi il s’agit. « C'est quoi ce bordel ? Je suis venue tout à l'heure, j'ai pris ma serviette et mes produits. Je reviens et il n'y a plus rien. » Elle aussi ne semble pas retrouver ses affaires. D’un côté, c’est rassurant, je me sens un peu moins seule. « Voilà le problème. » Je soupire fortement en grimaçant. « C’est la merde, là. » Je jette un regard aux alentours mais il n’y a plus personne. Si un plaisantin a volé nos affaires, faut croire qu’il est déjà bien loin. Parti. Je tente quand même de chercher un peu de partout à droite à gauche, sait-on jamais. J’espère secrètement retrouver nos sacs respectifs un peu plus loin. C’est peut être juste une mauvaise blague ou une confusion, que sais-je ? Mais non. Il n’y a absolument rien. La jeune femme cherche également de son côté avant de revenir au point de départ, sans rien. « Et qu’est-ce qu’on est censé faire maintenant ? » On ne risque pas d’aller loin avec nos simples serviettes enroulées autour de la taille. La situation est terriblement gênante. Une femme de l’entretien passe derrière nous, un balai à la main. J’en profite pour tenter de lui expliquer la situation. « Excusez-moi, nous ne retrouvons plus nos affaires, je crois qu’il y a un probl... » Problème. La femme de ménage ne me laisse même pas le temps de finir qu’elle tourne déjà les talons, trop occupée à vouloir fermer et rentrer chez elle au plus vite. Clairement, là, tout de suite, elle n’en a rien à faire de mon problème. « Putain, fais chier. » Dans ma tête, ça ne fait qu’un tour. Je me vois déjà rentrer à la maison en serviette de bain. Ou en maillot, même si, ce dernier, est tout mouillé. Non, clairement, c’est la merde. C’est pas possible là.  

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{bad luck, try again}
crédit/ tumblr ✰ billie.

« Rentrer chez nous comme ça ? » Sa réponse me laisse perplexe. Certes, sur le moment, il n’y a pas trente six autres solutions qui me viennent à l’esprit. Mais j’osais espérer, par miracle, que la jeune femme puisse m’en trouver une. Une autre que celle-ci en tout cas. Une solution plus adaptée à la situation. « Les vêtements, ce n'est pas tant un problème que ça. » Un peu quand même. « C'est surtout le reste, mes clefs, mes papiers. » Merde. Sur le coup, je n’avais même pas pensé à ça. A part une serviette et un maillot de bain, je n’ai plus rien d’autre. « Je m'appelle Billie. Je me présente rarement dans de telles situations, mais il est difficile de faire plus intime, alors autant qu'on sache à qui on parle. » « Moi, c’est Jamie. » Je souris timidement, malgré tout. « Effectivement, je ne pense pas avoir vécu un moment aussi embarrassant jusqu’à maintenant. » Et pourtant, j’en ai vécu dans ma vie. Mais se retrouver quasiment nue, là, comme ça, face à une inconnue, ce n’est pas commun. Quelque chose qui n’arrive, heureusement, pas tous les jours. « Je n’ai plus mon portable. » Impossible de contacter mon mari ou qui que ce soit capable de me venir en aide. « Ni mes clefs de voiture. » Plus rien. Tout comme elle. C’est le plus embêtant en soit, elle a raison. M’imaginer devoir rentrer à la maison à pied ou via les transports en commun dans ces circonstances est inconcevable. Même si on dit que le ridicule ne tue pas, il est hors de question de prendre le risque. Pour des raisons de sécurité, surtout. On ne sait jamais sur qui on peut tomber à cette heure là dans les rues. « J’habite South Bay... » Je grimace fortement. Sans doute le quartier le plus éloigné d’ici. « Je ne peux pas me permettre de rentrer comme ça. » Impossible. Mais encore faut-il avoir le choix. 

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{bad luck, try again}
crédit/ tumblr ✰ billie.

« Center Bay. C'est un peu mieux. Enfin, plus près. Mais ce n'est pas pour cela que j'ai envie de me promener dans les rues comme ça. » Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire en haussant les yeux au ciel. « Je comprends pas du tout pourquoi. » Sans doute une réaction nerveuse. Mieux vaut en rire qu’en pleurer. « On devrait peut-être aller voir à l'accueil ou dans un bureau, il doit bien en avoir, non ? On pourra peut-être trouver un téléphone et appeler à l'aide ? » Effectivement, c’est une bonne idée. De toute manière, on ne va pas rester là, comme deux connes, toute la soirée. « Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts alors. » Répondais-je la mine perplexe. A cette heure là, je ne suis plus convaincue de rien. Nous nous dirigeons toutes les deux vers l’accueil de la piscine dans le silence le plus total. Dans les couloirs, il n’y a plus un bruit. Rien. Plus personne. Un contraste total par rapport à l’affluence qu’il peut y avoir parfois aux heures de pointe ici, à la piscine. On en vient même à se demander s’il s’agit bel et bien du même endroit. L’horloge de l’accueil indique vingt-heure passées et sans surprise, l’accueil est déjà fermé. L’heure, c’est l’heure. Après l’heure, c’est plus l’heure. Par acquis de conscience, je me dirige tout de même vers la porte du hall d’entrée. Au vu de l’absurdité de la situation, il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’on se retrouve enfermé de l’intérieur. Mais heureusement, non. La porte est verrouillée uniquement de l’extérieur. « On a évité le pire. » Passer la nuit ici, non merci. « Bon, par contre, on est toujours au point mort. » Toujours pas de quoi téléphoner, toujours personne pour nous aider. La seule personne susceptible de nous aider est la femme de ménage qui se balade dans l’enceinte de l’établissement. Mais la première tentative avec elle s’est avérée être un échec. Je renoue fortement ma serviette avant de passer la tête dehors. Plusieurs options sont envisageables. Se ridiculiser à tout jamais et sortir en pleine rue pour arrêter un passant en lui demandant son téléphone portable. Ou espérer très très fort qu’un taxi passe au même moment pour se faufiler à l’intérieur. 

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{bad luck, try again}
crédit/ tumblr ✰ billie.

Les différentes possibilités qui s’offrent à nous ne sont pas nombreuses. Et pour être honnête, aucune d’entre elles ne m’enchantent réellement. Faut dire que se retrouver à moitié nue en pleine rue, ça peut refroidir. Au sens propre comme au figuré. Mais ce n’est pas comme si on avait vraiment le choix. L’option du taxi n’est pas mieux. Je n’ose même pas imaginer la tête du chauffeur en nous voyant toutes les deux en petite serviette. Certes, c’est quand même mieux que de rentrer et faire le chemin entier à pied devant tout le monde. « ATTENDS ! » Billie s’immobilise d’un seul coup. Je la regarde perplexe sans trop savoir où elle veut en venir. « J’entends quelque chose qui sonne ! » Nous restons silencieuses quelques secondes sans bouger. Un large sourire s’affiche instinctivement sur mes lèvres quand le bruit d’une sonnerie lointaine se fait entendre. Un espoir pour nous de pouvoir nous en sortir sans trop de dégâts. La jeune femme contourne le comptoir et pousse une porte légèrement entrouverte. Elle trouve rapidement un téléphone portable enfoui dans un sac à main. Notre sauveur. Un signe du destin qui, pour une fois, semble être en notre faveur. Je retiens mon souffle avant de savoir si elle arrive à le déverrouiller. Et lorsqu’elle porte le téléphone à son oreille, je comprends que cette fois-ci, c’est bon. Alléluia. Elle appelle brièvement quelqu’un de son entourage avant de me passer le téléphone. « A ton tour. On peut bien se servir un peu avec ce qui est arrivé. » Sur le coup, je n’ai strictement aucune gêne. C’est dans ces cas là que je me rends compte à quel point il est pratique de connaître un numéro de téléphone par cœur. Je compose le numéro de mon mari dans l’espoir qu’il ne soit pas encore en rendez-vous ou en réunion à cette heure là. C’est le moment ou jamais. Et rien que le fait d’entendre sa voix est comme un miracle tombé du ciel. « Mon mari devrait pas tarder à arriver. » Juste le temps de faire le trajet de son travail jusqu’à la maison pour me récupérer des affaires. Et de la maison jusqu’à la piscine. Tout est bien qui finit bien, finalement. Nous attendons toutes les deux ensemble que nos sauveurs respectifs viennent nous chercher. Ce moment de gêne restera pour sûr dans ma mémoire. Une anecdote qui, avec le recul, deviendra sans doute amusante et sympathique à raconter.