who are you. (sierra)

Le vie reprend doucement son cours, même si certaines choses de la vie quotidienne restent encore difficiles a exécuter, me rappelant chaque fois que ma sœur ne fait plus partie du monde vivant. Mais depuis que Rylee et moi avons renoué les liens qui nous unissaient avant, je me sens déjà prête pour aller de l’avant. Avec elle à mes cotés. Sauf ce soir évidemment, puisque madame ne voulait pas sortir. Mais je ne me laisse pas abattre, et me laisse a nouveau tenter par les plaisirs de la nuit en suivant Hadès dans le dernier bar huppé de la ville. La foule ne me fait plus autant peur qu’avant, et j’accepte même de boire. Plus tôt dans l’année, j’avais trop peur que l’alcool me fasse basculer du mauvais coté, a cause surtout de mon chagrin. Et les gens.. je ne voulais croiser personne qui connaissait ma sœur, de peur qu’on finisse par me faire pleurer ou crier au milieu du bar. Aujourd’hui, je me sens mieux. C’est pourquoi je suis là, assisse sur une banquette au fond de la salle, a écouter les conneries de mon meilleur ami. Enfin, de mes deux meilleurs amis, encore ici pour faire la meilleure rencontre. Et ça sera évidemment a moi de donner le résultat demain matin, quand les deux jeunes filles quitteront notre appartement. Un jeu sympathique.. et vraiment drôle.

« Bon allez, soyons fous, c’est moi qui paye la prochaine tournée ! » Dis-je a mes meilleurs amis, déjà un peu pompette, rejoignant en marchant bizarrement vers le bar. Je m’y installe, attendant désespérément que l’on vienne me voir pour que je puisse commander, la tête dans mes deux mains. « Personne ne viendra si vous rester là sans bouger. » Viens me dire un homme assez grand et canon. Je lui souris faussement, parce que son approche pour me draguer est vraiment la pire. Il appel le barman, et c’est a moi de jouer. « trois vodka s’il vous plait. » Dis-je simplement avant de me retourner vers le beau brun qui attend que je lui parle. « Je viens de commander pour mes copains. Enfin tu vois ? On aime les trucs à trois nous, on fait tout en groupe. » Dis-je, accompagnant cette phrase d’un clin d’œil. C’était surtout pour lui éviter le simple râteau avec un « je suis gay. » Parfois je suis de bonne âme et surtout, joueuse, alors je m’amuse a recaler les hommes de la plus étrange des manières. Et quand mon nouvel ami bientôt disparu quitte la place a coté de moi, Sierra, une amie, apparaît devant moi tel un ange. Elle et moi nous connaissons depuis quelques temps et j’aime passer du temps avec elle. Surtout, je l’aide pour qu’elle cesse de boire, parce que je sans que cette addiction est la pire. Elle me voit au même moment et nous sourions bêtement. « Salut ma belle ! » Criais-je en me jetant dans ses bras. L’alcool c’est moche. Et dire que je veux lui faire la morale alors que je suis à moitié bourrée et surtout, quand le barman pose les trois verres d’alcool devant notre nez. « c’est pas tout pour moi, je te jure.. » Dis-je en riant et en faisant signe a mes amis de venir chercher leur verre. Je suis trop occupée a discuter pour leur apporter. Et ils me connaissent, s’ils ont soifs, vaut mieux pour eux de venir chercher leur verres.

Une des choses que l’on ne peut pas me reprocher, c’est d’avoir le cœur sur la main. Je ne peux pas m’en empêcher, même dans mes moments les plus durs, je me sens comme obligée d’aider mon prochain. Et même si je n’ai pas fais de cette qualité mon avenir, je la mets à profil chaque jour de ma vie. Je suis toujours la première à parler avec quelqu’un qui se sent mal, toujours celle qui prête son épaule, celle qui prête même de l’argent s’il le faut. Bref, parfois, je ferai mieux de régler mes soucis, plutôt que ceux des autres, mais ça, c’est moi. Et donc ce soir, c’est lorsque je croise le regard de mon amie Sierra, que je sais quel rôle je dois tenir. Même s’il faut avouer que ça tombe plutôt mal. J’ai pas mal picolé, et même si ce n’est pas routinier, je suis actuellement mal placé pour faire la morale. Je précise d’ailleurs à la brune que les trois verres devant moi ne sont pas les miens. « Heureusement, parce que j'suis pas certaine que tu tiennes encore debout après tout ça. » Ne manque-t-elle pas de me répondre, confirmant le fait que oui, je suis pas vraiment moi-même, mais quand même totalement apte à réfléchir et penser. Elle est amusée, et je suis presque contente de la faire rire parce que j’ai bu. S’il ne faut que ça.  «  Je tiens l’alcool plus que tu ne le crois. » Ajoutais-je avant que Hadès et Shawn viennent attraper leur verre, embrassant chacun unes de mes joues pour remercier. J’ai l’air d’une mère qui offre de l’alcool à ses deux enfants. Mais c’est toujours comme ça entre nous. « Tu sais, je ne suis pas de très bonne compagnie ces derniers temps. Tu devrais retourner t'amuser avec tes amis. » Je lève les yeux aux ciels en m’asseyant a ses cotés sur le bar. Un petit sourire aux lèvres, je ne veux surtout pas qu’elle pense que je me force. Parce que si je veux passer du temps avec elle, ce n’est pas que pour la moraliser, c’est aussi parce que j’apprécie sa compagnie. « Tu es mon amie. » Dis-je simplement, prenant ensuite une première gorgée de ce, surement, dernier verre d’alcool de ma soirée. Il est déjà tard, et je ne sais que si je ne veux pas avoir un mal de casque demain, je ferai mieux de réguler ma consommation. « Alors, comment tu vas ? » Demandais-je naturellement, pour débuter une conversation habituelle. Je sais que sa vie, comme la mienne, n’est pas toute rose. Raisons pour lesquelles justement, elle perd son temps à boire seule dans un bar bondé de gens bourrés. « Moi ça va, j’arrive à sortir de plus en plus, donc ça veut dire que c’est mieux. » Dis-je, pour m’ouvrir à elle, comme elle pourrait le faire avec moi, je l’espère.

Bonne compagnie ou pas, je savais qu’en commençant une conversation avec elle, ça ne serait pas la meilleure de la soirée. Je connais sa détresse, je connais sa souffrance, et je veux être là pour elle. Elle l’était quand j’ai perdu ma sœur, je ne vois pas pourquoi je ne lui rendrais pas son aide. Et puis, qui dit qu’on ne pourrait pas s’amuser. C’est vrai, je ne suis surement pas en état pour lui faire la morale concernant l’alcool. D’ailleurs, je m’amuse de plus en plus ces temps-ci, et l’alcool accompagne souvent ces moments. Mais je ne pense pas être au même point qu’elle. Parce qu’on n’a pas réagi de la même façon à notre malheur. Elle s’est jeté sur l’alcool, moi je me suis renfermée sur moi-même, jusqu’à ne plus sortir de mon appartement pendant des semaines. « Je peux arrêter de boire quand je veux. » Dis-je, en repoussant mon verre d’alcool quand elle me fait remarqué que j’ai assez bu. A la différence d’elle, je n’en ai pas besoin, c’est juste pour rire. Enfin, elle répond à ma première question qui est simplement de savoir comment elle va. Elle me ment évidemment, mais je ne préfère pas relever, faisant comme si je la croyais. Du coup, comme pour lui montrer que la vie peut continuer de façon sympa, je lui dis que ça va, que je retrouve doucement l’envie de vivre. « Je sors de plus en plus, donc ça veut dire que ça ne va pas mieux. » Ajoute-t-elle alors, me surprenant. Au moins elle est franche. Et sa phrase prouve combien nous sommes différentes. Mais ça ne nous empêche pas d’être amie. « Je m’en doute. » Dis-je doucement avant qu’elle n’enchaîne en partant sur un autre sujet. Alors je l’écoute attentivement. Je profite qu’elle puisse se confier à moi. Après tout, je suis là pour ça. « Il y avait pourtant ce type ... Mais j'ai tout fais foiré, comme d'habitude. » Je comprends qu’un homme l’a fait souffrir. Et je sais combien c’est le plus dur. On vit tous pour l’amour, pour la séduction, et quand on le perd, ça fait mal. Je ne connais pas l’homme dont elle parle, ni leur relation, mais je vois tout de suite combien elle est touchée. « Les hommes, toujours là pour nous enfoncer. » Dis-je, pour essayer de la faire rire, même si je doute que cela marche. Mais ce que je dis est vrai. « Pourquoi tu crois que tu as tout gâché ? » Demandais-je simplement. J’imagine qu’on peut se parler maintenant, et même si on n’est pas au bon endroit pour ça, je pense que c’est le moment. Je reprends discrètement mon verre pour le siroter, même si je fais doucement pour ne pas perdre mes esprits. J’ai de très mauvaise expérience amoureuse, alors je suis sûre que je peux l’épauler. « Rien n’ai jamais finit. » Ajoutais-je doucement, et je pèse mes mots. Coucou colin.

Pour une fois depuis un moment, ce n’est pas moi qui vais m’apitoyer sur mon sort, et me plaindre de ma misérable de vie, gâchée depuis la mort de ma sœur. Pendant des mois, tous mes amis ont été là pour moi et aujourd’hui, je veux être celle qui réconforte les autres. Parce que je ne suis pas la seule à souffrir. Et je sais que Sierra a vraiment besoin de moi, cette soirée me le confirme. La voir seule devant un verre rempli d’alcool me confirme sa détresse. Je me vois il y a quelques semaines, au même endroit, avec le même verre. Je comprends alors que c’est un garçon qui la tourmente aujourd’hui. Et je veux un savoir plus, juste pour comprendre, et essayer de l’aider. « C'est un ancien détenu. J'ai toujours voulu le protéger, être là pour lui. Il y a eu ce lien entre nous que je n'ai jamais su expliquer. Alors quand il est sorti de prison, je lui ai proposé de venir vivre au loft. Pour qu'il puisse réapprendre à vivre dans un monde de liberté étape par étape. » Je vois dans ce geste combien elle a le cœur sur la main, et la voir dans cet état me rend triste. Pourquoi quelqu’un d’aussi bien qu’elle doit autant souffrir ? Je suis curieuse de connaître la suite de leur histoire. « A l'époque, je n'avais pas mesuré l'ampleur qu'allait prendre cette invitation. Il n'était qu'une connaissance, qu'un ami. Mais au fil des semaines, j'en suis tombée amoureuse. » Ses yeux traduisent de la douleur que cette amour lui procure. En espérant que ce garçon ne lui ai fait que du mal psychologique. « Et c'était finalement réciproque. Mais l'alcool a eu raison de moi. Il m'a retrouvé au lit avec une inconnue avant même que notre histoire commence. Je suis bien trop compliquée et il a besoin de sa liberté. » C’est donc elle qui a gâché leur relation. Mais je peux comprendre son problème. Elle s’en veut, elle sait que leur histoire s’est terminée par sa faute. Je ne sais pas vraiment quoi dire. « Il a quitté le loft ? » Demandais-je simplement, avant qu’elle ne me coupe pour révéler le prénom de cet inconnu. « Colin me manque. » J’avale de travers. Je ne comprends pas sur le coup. Parle-t-elle du Colin qui a changé ma vie du jour au lendemain ? Est ce Colin qui a fait de la prison par ma faute, alors qu’il m’avait sauvé des griffes de mon petit-ami violent. Je ne peux pas le croire. J’ai su quand il était sorti de prison, mais je ne pensais pas du tout que c’est Sierra qui l’accueillerait. Le monde est petit. « Colin.. » Soufflais-je doucement en reprenant mon verre en bouche très vite. Je ne sais pas quoi dire. Je ne peux pas être objective sur cette histoire. « J’espère que tu pourras le retrouver. » Dis-je simplement, un peu plus froidement qu’en début de conversation. Mais je suis sous le choc, et je ne veux pas que mon amie le voit et me pose des questions. Je ne peux pas lui expliquer que c’est moi qui ai gâché le vie de l’homme dont elle est tombée amoureuse. « T’as raison, faut boire un coup. » Et mon objectif premier de ne pas la faire boire tombe à l’eau. J’ai besoin d’alcool, et je ne veux pas boire seule. Je commande alors deux autres verres aussi vite. Si seulement elle savait.

Je n’y croyais toujours pas mes oreilles. Sierra avait bel et bien prononcé ce prénom que je m’interdis de penser depuis des années. Après tout, ça pourrait être un autre Colin, mais il y a trop de similitudes, entre son comportement, et le fait qu’il sorte de prison. Je suis presque certaine qu’elle parle de celui qui a changé ma vie. J’ai beaucoup de mal à réfléchir, et je crois même que je n’entends plus les paroles de mon interlocutrice. Je n’ose pas parler, j’ai peur de dire quelque chose qui ferait comprendre à mon amie que je connais l’homme qui vient de lui briser le cœur. « Il est parti, oui. » Dit-elle alors que je répète le prénom de cet homme, que j’ai revu il y a quelques jours, mais que je ne pensais pas revoir. Je reprends mon verre pour boire un coup, pensant que j’emporterai ma terreur avec cette gorgée de liquide alcoolisé. « J'pense qu'il a quitté la ville. » Je ne peux pas croire qu’il soit partit comme ça, sans rien lui dire. Je ne suis certes pas un exemple, mais je remarque quand même que Sierra était très attaché à lui, et j’ai beaucoup de peine pour elle. « Oh.. » Je ne peux plus faire de phrase complète, je n’arrive même plus à regarder mon amie. « Il ne répond pas à mes appels. Et plus personne ne l'a vu depuis des semaines. » Si je ne le connaissais pas, je l’aurais insulté, mais Colin, malgré les apparences, est quelqu’un de bon, et serviable surtout. Il agit souvent sur des coups de têtes, mais c’est toujours dans le bien d’autrui, et surtout des personnes qu’il aime. S’il est partit, c’est surement parce qu’il pensait que c’était le mieux à faire. Je suis dans mes pensées, et je ne remarque pas que mon amie attende que je lui réponde depuis quelques minutes maintenant. « Quelque chose ne va pas ? » Dit-elle, me sortant alors de mes pensées obscures, de mes lointains souvenirs. Je lui fais un maigre sourire, faisant mine que tout va bien. Mais je sais qu’elle a remarqué mon changement d’humeur. Je ne cache pas mes sentiments, mon visage traduit toujours ce que je ressens. « Oui.. oui, tout va bien. » Dis-je doucement, peu convaincu par mes mots. « Je suis juste en colère qu’on puisse te faire cela. » Continuais-je alors. Mais je sens que je ne veux pas lui mentir plus longtemps. Je crois que je ne devrais pas rester avec elle, je suis la mauvaise personne pour se plaindre de Colin. « Je crois que je suis fatiguée. Je ne vais pas tarder. » Dis-je pour lui faire comprendre qu’après mon dernier verre, je quitterai l’endroit.