— when the truth comes out (alice)

when the truth comes out

alice et ellie / It starts with one thing I don't know why It doesn't even matter how hard you try. Keep that in mind I designed this rhyme To explain in due time, All I know Time is a valuable thing. – LINKIN PARK.

La pause déjeuné était passée et la brune n'avait pas mangé grand chose. Pour tout dire, elle avait un nœud au ventre depuis quelques jours. L'anxiété et les doutes grandissaient en elle, si bien qu'elle en perdait l'appétit. Elle n'était plus la même et ça se voyait dans son boulot. D'un naturel toujours présent et d'une volonté de fer, Ellie en avait perdu le goût. Elle restait souvent dans son bureau, pensive et cherchait des informations sur quelqu'un qu'elle n'aurait jamais imaginé taper son nom sur le clavier. Comme je disais, les doutes berçaient son quotidien. Elle ne le regardait plus de la même façon et la confiance s'était ébréchée au fil du temps, laissant derrière eux, des non dits aux conséquences désastreuses. Seul l'amour la portait encore vers un sourire ou un geste de tendresse. Mais elle le savait, quelque chose avait changé. Son regard à elle sans doute.

Au bout d'une bonne heure sur le pc, elle décida de se laisser aller à un café bien mérité. Ses yeux fatigués et elle était au bord de la rupture. Remettant ses talons qui jonchaient sur le sol, Ellie prit le chemin de la petite cafétéria du commissariat et se prit un café, installant ses fesses sur un des chaises. Personne a l'horizon, le lieu était vide et paisible à la fois. De toute façon, elle n'était certainement pas de bonne compagnie pour une discussion. Elle n'avait rien à dire. Le liquide chaud lui fit un bien fou, tandis que l'hiver faisait doucement son entrée dans le pays. Ellie détestait cette saison. Elle détestait avoir froid. Commissaire ? Elle fronça les sourcils, tout en tournant le visage vers la personne qu'il l'appelait, dans l’entrebâillement de la porte. C'était Mitch. L'un de ses officiers de police. Y a une jeune femme qui veut vous voir. Elle vous attend dans votre bureau. Et donc ? N'avait-elle pas le droit d'avoir le droit, justement, de refuser ? Soufflant légèrement, l'agacement commençait à tirer ses traits angéliques. Une autre fois. Ellie n'avait pas le temps. Clairement. Elle a insisté et je n'arrive pas à la faire partir. Elle souffla une nouvelle fois. Y avait qu'elle qui avait de l'autorité dans ce commissariat ou quoi ? Levant les yeux au ciel, Ellie finit par reposer son café sur la table et se leva de sa chaise, prenant le chemin de la sortie. Tout en sortant, elle ajouta. Va falloir avoir plus de caractère Mitch. Clairement, Ellie n'était pas de bonne humeur.

Elle était là, assise dans le bureau d'Ellie, attendant avec impatience sa venue. Ça se voyait à la façon dont elle avait de taper du pied. De dos, Ellie ne la reconnaissait pas. De long cheveux bruns. Elle finit par entrer dans la pièce, ses talons claquant sur le sol et signifiant sa présence. Passant près de la jeune femme, son regard finit par s'attarder sur les traits de son visage lorsqu'elle fut face à elle. Fronçant les sourcils, Shelby entrouvrit la bouche plusieurs fois. Elle la connaissait. Du coup. La reconnaissait. On s'est déjà vu non ? Elle jurait que oui. Mais ça ne lui revenait pas tout de suite. Au bout de quelques secondes, Ellie comprit. C'était la nana qui était venue s’incruster dans sa maison, pour je ne sais quelle raison, croyant qu'elle était en vente. Ou autre chose. Ça s'était passé tellement vite qu'elle n'avait pas retenu la véritable raison. Mais qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Elle l'a suivait ? Tout un tas de scénarios bidons passèrent dans l'esprit d'Ellie tandis qu'elle reprenait place sur sa chaise, face à la jeune femme. Vous êtes là pour ... ? Clairement, Ellie ne vendait pas sa maison, elle n'était pas intéressée par son jolie minois et n'avait aucune envie de rejoindre une secte. Donc elle avait intérêt de trouver de bons arguments au risque de sa voir bientôt hors de son bureau, des choses plus importantes à gérer.

Isaac avait dépassé les bornes. En son absence, il avait décidé de lancer une guerre ouverte. Alice était hors d’elle quand elle avait appris qu’il était passé chez elle, qu’il avait semé le doute dans l’esprit de Bailey. Sans le savoir, l’homme avait franchi la ligne rouge, celle qui empêchait encore la bulgare de mettre ses menaces à exécution. Il était vrai qu’elle avait déjà commencé à faire planer la menace, à rôder autour de la famille Shelby telle une ombre inquiétante, prête à abattre le malheur. Mais à côté de ça, elle n’avait rien dit. N’avait rien commis d’irrémédiable. Elle s’était juste pointée chez lui, avait échangé quelques mots polis avec son épouse. Plus par une curiosité malsaine que par réelle envie de s’immiscer dans leur quotidien. Cela lui avait juste permis de gratter quelques informations en plus, de pouvoir faire ses recherches. Sur le coup, cela l’avait bien fait rire quand elle avait trouvé sur internet ces indices qui laissaient penser que Isaac Shelby, connard criminel, s’était entiché d’une fliquette. Elle n’en savait rien, c’était certain. Et justement, ils auraient pu en rester là. Alice aurait pu préférer sa tranquillité, sa vie privée notamment avec Bailey. Elle aurait pu finir par se faire oublier et passer à autre chose tant que le loup se tenait loin. Mais non, il avait fallu que cet ex lui déclare la guerre. Il l’avait fait sans le savoir, et cette fois-ci, c’était un aller simple vers le conflit.

Alice n’avait jamais été le genre à s’embarrasser, à vouloir dorer sa réputation en toutes circonstances. Au poste de Island Bay, pas mal d’agents la connaissaient pour des actes d’outrage à agent, pour des conflits dans des bars, pour du tapage nocturne. Elle était ce genre d’épine dans le pied qui dérange dès qu’elle s’y loge, mais qu’on oublie tout aussi facilement. Ce qui aurait pu lui nuire tournerait à son avantage cette fois-ci. On ne lui disait pas non, pas si on voulait éviter de passer par un douloureux moment. Alors quand la brune se planta face au jeunot, faiblard d’esprit, qu’elle exigea de parler à Ellie Shelby, ses bafouillis ne durèrent que cinq minutes. Ce fut simple de répéter sa demander, de hausser la voix, de froncer les sourcils et de pincer les lèvres en se rapprochant encore de lui. C’était menaçant, de toute évidence. Et il n’y aurait eu personne pour lui venir en aide, parce que qui s’inquiéterait du sort d’un flic face à une femme catégorie petite portion, probablement peu désireuse d’abîmer sa manucure ou son brushing ? Ce qui serait mal la connaître, certes. Le fait est qu’en même pas dix minutes après avoir déboulé au poste, elle était tranquillement installée dans le bureau du sous-commissaire, jambes croisées, regard noir.

Elle ne força pas le sourire en voyant Ellie entrer, ne fit pas le moindre effort de sympathie. Elles ne deviendraient pas amies, ne se reverraient pas. Alice lâchait la bombe, et ensuite elle s’occuperait du cas d’Isaac. « Oui. Mais je n’en ai rien à faire de votre maison, c’était un prétexte à la con. On peut faire ça vite, mais j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser. » Elle n’en dit pas plus, fait juste glisser sur le bureau une pochette papier. Le rapport des enquêteurs qui l’ont interrogée plus de vingt ans plus tôt. C’est vite griffonné, mais cela reprend le principal de ses déclarations. Elle a avoué tout ce qu’elle savait. La drogue qui transitait chez eux, les cambriolages, le trafic en prison. Ce fameux Jack avec qui elle entretenait une relation et dont elle était enceinte. Non, elle ne savait rien de plus à son sujet. Elle pouvait juste leur fournir l’adresse de leur logement, celui où ils avaient déjà trouvé des indices allant dans son sens. Non, elle ne connaissait pas ses proches qui seraient potentiellement impliqués. Non, elle n’avait pas d’autres informations qui pourraient leur servir. L’histoire pouvait sembler bancale, mais elle n’en était pas moins vrai. Ce n’était pas ce qui l’aura aidée à sortir de prison plus vite et retrouver son bébé. « Évidemment, l’ordure en question ne s’appelait pas Jack. Et je dois dire que nos retrouvailles à Island Bay au détour d’un bar ont été loin de me plaire. » Il y a ce sourire qui vient barrer son visage, celui qui ne présage rien de bon. Fais tes conclusions, la fliquette.

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Elle avait déjà croisé ce regard ténébreux, ces long cheveux bruns et ces traits tirés. Durant quelques secondes, Ellie avait perdu le fil, la fixant avec attention. Elle cherchait à comprendre ce qu'elle fichait ici. Est-ce qu'elle la suivait ? Une impression étrange se mit à traverser son échine, circulant à vive allure dans son sang. Quelque chose de mal sortirai de cette entrevue. Vous savez, ce moment où tout bascule ? On ne le voit pas tout de suite, on s'en rend seulement compte lorsqu'il est passé. C'est comme les moments de bonheurs, on ne les voit que bien plus tard, lorsque leurs souvenirs impriment nos vies. De ces lèvres, bientôt, sortirai le poison amer de la vérité. Vérité que la belle n'était surement pas prête en entendre. Vérité qui mettrait le feu à tout le reste, ne laissant derrière elle que poussière et tristesse.

Elle était instable Ellie. Elle n'était pas de bonne humeur et n'avait pas envie de discuter. De quoi que ce soit, et avec qui que ce soit. Pourtant, ce n'était pas dans ses habitudes d'être aigri par la vie. Non, Ellie c'était plutôt une personne souriante et joviale, qui croquait à pleines dents dans ce qu'on lui offrait et qui voyait, aussi, chaque côté positif de chaque situation. En tirant toujours le meilleur. Mais aujourd'hui, elle se montrait mal plaisante. Elle n'aimait personne. N'avait aucune envie de sympathiser, et surtout, de perdre son temps avec des futilités. Inspirant longuement, elle finit par prendre place derrière son bureau, face à la jeune femme et poussa les divers papiers et dossiers qui jonchait son plan de travail. Histoire de faire de la place, mais pas trop quand même. C'était bizarre. Elles ne se connaissaient pourtant pas, mais il n'y avait aucune once de courtoisies dans leurs mots, leurs gestes et leurs regards. Oui. Mais je n’en ai rien à faire de votre maison, c’était un prétexte à la con. On peut faire ça vite, mais j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser. Ok, cela avait le mérite d'être clair. Mais alors, qu'est-ce qu'elle fichait là ? Fronçant les sourcils, la belle ne comprenait pas vraiment tout ce manège mais n'en dit pas plus, laissant la parole à son interlocuteur. Un prétexte à la con ? C'était quoi son problème ? Y a des prétextes maintenant, pour entrer chez les gens ? Piquée dans sa curiosité de flic, elle finit par rouler des yeux, tapant du doigt sur la table en attendant la suite. Un dossier fit son apparition sur son bureau. Elle l'avait fait glisser jusqu'à elle avec imprudence, espérant qu'Ellie l'ouvre sans poser aucune question ? Elle n'était pas un larbin jusqu'à preuve du contraire. Shelby finit par s'en saisir et l'ouvrit, scrutant chaque mots, chaque phrases, comme si ça lui donnerait une réponse quelconque, ou encore un indice. Ah. Au moins, elle avait le prénom de son interlocutrice. Évidemment, l’ordure en question ne s’appelait pas Jack. Et je dois dire que nos retrouvailles à Island Bay au détour d’un bar ont été loin de me plaire. Ellie continua de lire les dernières lignes de ce dossier. Drogue. Bébé. Prison. C'était à peu près, tout ce qu'elle avait retenu. Je ne vois pas trop pourquoi vous me donner ça ... Alice ? Clairement, non. C'était une affaire qui datait de plus de vingt ans. Et Ellie n'était même pas flic à cette époque. Qui plus est, c'était en Australie et non en Nouvelle-Zélande. Vous voulez quoi au juste ? Que je retrouve votre ex compagnon drogué et que je l'inculpe pour ... Elle marqua une pause, remettant ses yeux sur les pages du dossier. Pour trafic de drogue. En plus, y a prescription, c'était y a plus de vingt ans. Et y a pas de preuves là dedans. Juste des suppositions. Vous n'avez pas son nom qui plus est, vous l'avez dit vous même. Elle lui faisait perdre son temps. Ellie avait juste envie de la mettre à la porte, tout en étant curieuse de connaitre la suite. Elle le sentait dans son regard qu'elle n'avait pas tout dit. Elle sentait aussi qu'une chose malsaine allait sortir de cette entretien. Quelque chose qu'elle n'était pas prête d'entendre.

Son histoire, Alice ne l’avait jamais racontée à qui que ce soit. Personne dans ce pays, sur cette Terre ne savait exactement d’où elle venait et ce qu’elle avait enduré. Personne ne la connaissait par cœur. Le seul qui avait un jour su tous les détails, c’était Elias. Or, il était mort, avait emporté les secrets qu’elle lui avait confié dans la tombe. Depuis, elle n’avait jamais rencontré quelqu’un à qui faire confiance assez pour partager ses démons. Elle mettait un point d’honneur à être flou et partielle sur sa vie, évitait volontairement les zones noires. Même lors de ses délits, le fait même qu’un flic puisse fouiller dans son casier était suffisant pour la mettre hors d’elle. Personne ne devait savoir. Or, Isaac l’avait poussée à revoir ses priorités. Protéger sa fierté ou Bailey, le choix était vite fait. Bien entendu, aller directement vers l’épouse Shelby ne ressemblait pas à l’idée la plus brillante qui soit. Mais si Alice avait bien calculé son coup, cette femme ne ferait rien qui puisse détruire son époux. Pas elle. N’importe quel flic, oui. Sa présence dans ce bureau était surtout un avant-goût de ce que la bulgare pourrait faire pour s’assurer de ne plus jamais voir sa face de connard.

Alors que la flic parcourt ses conneries passées, Alice est étrangement calme, la fixe, bras croisés sur la poitrine. Elle a la situation sous contrôle, esquisse même un sourire en voyant les sourcils qui se froncent, l’incompréhension teintée d’agacement. Toute cette histoire n’a aucun sens, et de ce fait, chaque mot est lu attentivement, comme pour essayer de faire le lien avec quoique ce soit qui la concerne.  Et les questions qui tombent, valident la théorie qu’elle n’a pas compris. Cela rend la scène encore plus agréable, car la brune a le temps de penser à ses mots, d’admirer l’évolution des sentiments. « Il n’y avait pas que le trafic de drogue. Enfin je suis d’accord, il y a prescription, surtout par absence de preuves. C’est comme ça que ces salopards de flics m’ont laissée au frais autant de temps que prévu, et ont pris la liberté de faire adopter mon bébé contre mon gré. Mais ce n’est pas le sujet. » Les mots débordent de haine, d’envie de revanche. Alice ne peut pas se lancer sur cette pente glissante, pas alors qu’elle tente de gagner l’intérêt de Shelby. « Non, en fait, je vais même vous épargner l’enquête. Et ce rapport, c’est juste pour que vous sachiez ce qu’il s’est passé il y a vingt ans. Je suis d’accord, on n’en tirera rien. »

Machinalement, elle tend le bras vers le bureau, prend un crayon qui traînait sur le bord et se réinstalle ensuite confortablement dans sa chaise, dardant son regard dans celui de la flic, ses doigts se mettant à jouer avec l’objet. « Comme je vous ai dit, je l’ai recroisé dans les rues d’Island Bay. Une très mauvaise surprise, d’autant plus qu’il avait l’air de s’en foutre éperdument. Il était passablement ivre donc j’ai pu assez tranquillement lui arracher son portefeuille de la poche pour regarder un peu ses papiers. C’est comme ça que j’ai obtenu son vrai nom, et que j’ai pu retrouver sa trace. » Elle s’arrête brusquement de jouer avec le crayon, offre toute son attention à Ellie avec un sourire qui n’engage rien de bon. « Isaac ne vous a jamais dit pourquoi il avait quitté l’Australie ? » On y vient. Prépare toi ma grande, car ce n’est que le début.

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Le fait est qu'Ellie est aveugle. Elle ne voit rien et pourtant, croit toujours tout savoir, sur tout le monde. Son métier a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Mais persuadée d'avoir la main mise sur sa vie, elle a laissé, petit à petit, les mensonges et les trahisons s'installaient dans son lit. La vérité éclate un jour ou l'autre. Qu'importe les conséquences ou bien le temps qu'elle met à sortir d'une bouche, elle finit toujours pas sortir. Et détruit tout sur son passage. C'est comme une vague qui vient s'échouer sur le sable chaud de la plage. Ellie est toujours restée persuader d'avoir toutes les cartes en sa possession. D'avoir le contrôle total de sa vie et des gens qui l'entouraient, sans se douter une seule seconde que le pantin dans l'histoire, c'était elle. Rien qu'elle. Cette petite fliquette aux grandes ambitions s'était laissé berner par plus grand et plus fort.

Elle avait le regard noir et les lèvres qui tremblaient face à la vérité qu'elle crevait d'envie de lui balancer. Ellie le savait, cette femme face à elle avait quelque chose d'important à lui mettre sous la dent. Quelque chose qui remettrait tout en question. Mais elle était bien loin de s'imaginer de quoi il en retournait. Non. Shelby était perdue dans les méandres de ce fichu dossier, ne comprenant rien à rien quant à sa venue. C'était une histoire du passé qui n'avait plus lieu d'être aujourd'hui. Il n’y avait pas que le trafic de drogue. Enfin je suis d’accord, il y a prescription, surtout par absence de preuves. C’est comme ça que ces salopards de flics m’ont laissée au frais autant de temps que prévu, et ont pris la liberté de faire adopter mon bébé contre mon gré. Mais ce n’est pas le sujet. Le mot "bébé" vint directement fendre son coeur. Elle avait de la pitié pour cette nana et en même, une once d'amertume. Elle n'imaginait pas tout ce qu'elle avait vécu. Combien la séparation avait dû être difficile. Combien la vie et les circonstances peuvent être cruelles. Son regard plantait dans le sien, Ellie ne pu cacher bien longtemps la compassion qu'elle éprouvait à son égard alors qu'elle ne la connaissait pas. Mais rapidement, elle effaça cette image, son professionnel revenant au galop. Avec le temps, la jeune femme avait apprit à cacher ses émotions dans son travail, bien que cela rester plutôt difficile. Elle explosait chez elle, en général, à l'abris des regards. Non, en fait, je vais même vous épargner l’enquête. Et ce rapport, c’est juste pour que vous sachiez ce qu’il s’est passé il y a vingt ans. Je suis d’accord, on n’en tirera rien. Sans attendre plus temps, Ellie remit le dossier dans les mains habilles qui se dressaient face à elle. Bien. Donc en fait, pourquoi elle était là ? C'était une question qui restait en suspens. Impossible de connaitre le fin de l'histoire ? Elle restait trop évasive quant à sa présence dans son bureau. Mais elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant que la brune ne se remette à parler, laissant toujours le silence sur le bout des lèvres pour Ellie. Elle jouait nerveusement, elle aussi, avec un stylo qui trainait sur le bureau. Comme je vous ai dit, je l’ai recroisé dans les rues d’Island Bay. Une très mauvaise surprise, d’autant plus qu’il avait l’air de s’en foutre éperdument. Il était passablement ivre donc j’ai pu assez tranquillement lui arracher son portefeuille de la poche pour regarder un peu ses papiers. C’est comme ça que j’ai obtenu son vrai nom, et que j’ai pu retrouver sa trace. Ellie connaissait tout le monde à Island Bay. Autant dire que c'était une petite ville, forcément tout le monde savait qui était qui, ou presque. La curiosité piquait au vif, elle voulait connaitre le fin de l'histoire. Savoir qui était ce fameux Jack. Puisqu'il était question de ça finalement. Elle sentait dans sa voix, combien la vengeance avait prit part de ses mots. Combien elle coulait dans ses veines. Seulement, Ellie n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. La suite de ses paroles traversa son esprit et là, elle se mit à beuguer. Littéralement.

Isaac ne vous a jamais dit pourquoi il avait quitté l’Australie ? Le regard perdu dans le vague, fixant la personne face à elle, sans vraiment le faire. Plus un point invisible. Ses paupières ne clignaient plus et sa bouche était restée ouverte, prête à gober la mouche qui passerait. C'était quoi le rapport ? Puis .... Non mais ! Ellie ne comprenait rien. Son sang monta doucement dans sa tête. Comment elle connaissait Isaac ? C'était quoi le rapport en fait ? Une multitude de questions dans l'esprit et au bout de plusieurs minutes de silence radio, elle se remit à bouger, secouant la tête pour se sortir de cet état catatonique. C'est quoi le rapport avec mon mari ? Oui, elle était curieuse de savoir. Et puis, elle se doutait bien qu'elle ne parlait pas d'un autre Isaac. Y en avait pas quinze dans le pays ! Rapidement, la belle fit le rapport entre l'Australie, son mari, la personne qui se trouvait face à elle, Jack. Mais ça restait flou et pour tout dire, Ellie refusait de croire l'évidence qui lui crevait pourtant les yeux. Inspirant plusieurs fois, elle dévia le regard vers l'écran de son ordinateur avant de reprendre. Vous insinuez quoi au juste ? Que Jack, c'est Isaac ? Non. Impossible. Elle se voilait la face. Elle ne voulait pas entendre cette vérité et se mit à détester la nana face à elle. Elle avait envie de la baffer et de la jeter dehors. Sans perdre une seconde de plus, Ellie se leva de sa chaise et prit le chemin de la porte de sortie, l'ouvrant en grand. Je n'ai pas de temps à perdre avec des mensonges et des conneries. Sortez ! Ou alors, n'avait-elle simplement pas envie de sortir de son petit paradis. De croire que tout était beau et parfait. De constater avec effrois que son mari n'était pas la personne qu'elle pensait.

Il y a quelque chose de satisfaisant dans cette situation. De vil, sournois, mesquin. Mais satisfaisant. Parce que Isaac n’est pas là, n’a aucun contrôle sur ce qui est en train de se passer. Il rentrera chez lui le soir et verra son couple imploser sans savoir pourquoi. Ou alors, peut-être bien qu’il le saurait. Ce serait le parfait moment pour l’avertir que ce qu’il avait fait, c’était un ticket direct vers l’enfer. Réitérer l’expérience pourrait lui coûter pire que la confiance de son épouse. Le fait est que ce qui se passerait entre les Shelby après, ce n’était pas son affaire. Alice aurait pu se sentir désolée de lâcher cette bombe au nez de cette femme, probablement pas méchante, assez humaine pour avoir des sentiments, de l’empathie. Pour cette flic qui finalement n’était là que pour faire son job, l’avait reçue par politesse et par appel du devoir. Une personne lambda qui s’était levée le matin sans se douter que la journée serait terrible. Elles ne deviendraient pas amies, c’était certain. Mais Alice ne comptait plus se faire marcher dessus par qui que ce soit, n’hésiterait pas à détruire ce qu’il y avait autour d’elle pour protéger son intérêt. L’idée même que Isaac se soit approché de Bailey suffisait à raviver sa haine et lui donner la force de mener son discours jusqu’au bout.

Evidemment, la mention d’Isaac déstabilise, fait redoubler l’incompréhension. Ce n’est même pas surprenant. La fliquette ne veut pas comprendre, son cerveau se braque, exprime les questions les plus basiques qui soient. Si bien qu’Alice a un sourire presque indulgent, pour ne pas dire ironique. Le rapport avec Isaac ? « Oh, allez. » Cela ne prendra plus que quelques secondes sans qu’elle n’ait à dire quoique ce soit ou à bouger pour que ses dires fassent le tour du cerveau. Jusqu’à percuter violemment, plonger son interlocutrice dans son déni à la con. Ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible, maintenant il est l’heure de débarrasser le plancher. Une réaction tellement prévisible que la bulgare lève les yeux au ciel. Mais de là à parler de mensonges ? Non. Alice n’est pas venue pour se faire traiter de menteuse. Alors quand elle se lève à son tour, c’est l’énervement qui refait surface. Elle s’approche de la porte, non pas pour sortir mais pour la refermer brutalement, se poser devant pour empêcher toute issue. « Je ne vais pas m’emmerder à prouver quoique ce soit, je ne vais pas vous rapporter un cheveu de mon… notre fils, pour que vous puissiez comparer l’ADN. Pourquoi vous ne passeriez pas le bonjour de ma part à Aaron ? J’ai été assez conne pour ne pas l’impliquer il y a vingt ans, mais peut-être bien qu’il aurait été ma porte de sortie. Pareil pour… comment elle s’appelle déjà, cette connasse qui lui colle aux basques en permanence ? Nina ? Neema ? Pour un peu qu’elle soit dans le coin aussi. » Elle avait vu Aaron, qui visiblement créchait chez les Shelby. Pour l’autre furie, ce n’étaient encore que des suppositions. « Quand vous aurez fini d’avoir de la merde dans les yeux, peut-être que vous pourrez voir qui est vraiment le type qui dort dans votre lit chaque nuit. La même ordure qui a osé s’approcher de mon fils. C’était la première et la dernière fois, car la prochaine fois, je ne ferai pas qu’interférer dans son mariage. Je le ferai tomber, d’une manière ou d’une autre. Faudrait être sacrément conne pour penser qu’il est clean désormais et que ce n’étaient que des erreurs de jeunesse. » Elle creuserait, quitte à aller retourner un bon tas de merde avant de trouver quelque chose d’intéressant. « C’est votre problème si vous voulez rester dans le déni, et tant mieux si ça ne vous dérange pas d’être mariée avec un type qui a du sang sur les mains. » Après tout, elle n’avait pas besoin de la flic Shelby. Il y en avait des tas d’autres, des enquêteurs moins bien gradés qui rêveraient de prendre le poste d’Ellie. Mais cela dépendrait directement de l’australien.
Maintenant qu’elle avait cassé les pots, il n’y avait plus qu’à admirer le résultat.

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Les informations ne passaient pas dans l'esprit d'Ellie. Non. Elles restaient bloquées dans ses oreilles. Elle entendait tout ce que lui disait la femme face à elle, mais ne comprenait pas pour autant. Ou ne voulait pas comprendre. La deuxième option étant la plus probable dans cette partie d'échec. La colère avait fait son entrée, faisant frémir la moindre parcelle de sa peau. Elle bouillonnait à présent. De toute façon, dès que ça touchait son mari, son mariage en général, Ellie voyait rouge. Elle ne supportait pas les critiques. Tout ce qui était négatif et qui portait sur son mariage, elle ne pouvait simplement pas l'entendre. Comme quand on ne peut pas croire la vérité qui nous fend pourtant, le visage. Sa réaction était juste, compréhensible. D'où elle sortait cette nana pour lui balancer des horreurs pareilles ? Pour lui faire tout remettre en question ? C'était donc normal qu'Ellie lui demande de débarrasser le plancher. Elle ne voulait plus la voir, plus l'entendre. Rien. Elle ne voulait rien d'elle.

La porte claqua violemment derrière elle, tandis que la brune lui faisait face. La colère avait bercé ses traits également, et surtout, l'agacement. Elle semblait plus folle qu'Ellie, prise d'une furie incontrôlée dans le regard. Je ne vais pas m’emmerder à prouver quoique ce soit, je ne vais pas vous rapporter un cheveu de mon… notre fils, pour que vous puissiez comparer l’ADN. Pourquoi vous ne passeriez pas le bonjour de ma part à Aaron ? J’ai été assez conne pour ne pas l’impliquer il y a vingt ans, mais peut-être bien qu’il aurait été ma porte de sortie. Pareil pour… comment elle s’appelle déjà, cette connasse qui lui colle aux basques en permanence ? Nina ? Neema ? Pour un peu qu’elle soit dans le coin aussi. Elle bloquait quelconque sortie. Impossible de s'enfuir, Ellie devait faire face à ces paroles, ces dires qu'elle se refusait à entendre. Pourtant, ça percutait dans ses esprits, tandis que les prénoms des principaux protagonistes fusaient dans la pièce. Neema. Rien que de l'entendre, elle en grinça des dents. Mais ce qui la glaça le plus, c'était la possibilité même qu'Isaac soit papa. Qu'il est un fils. Alors qu'il lui avait refusé ce bébé durant des semaines, voir des mois. Impossible. Les mots n'arrivaient pas à sortir de sa bouche, ses pupilles encrées dans les siennes. Elle cherchait à démêler le vrai du faux, sans pour autant y parvenir. Quand vous aurez fini d’avoir de la merde dans les yeux, peut-être que vous pourrez voir qui est vraiment le type qui dort dans votre lit chaque nuit. La même ordure qui a osé s’approcher de mon fils. C’était la première et la dernière fois, car la prochaine fois, je ne ferai pas qu’interférer dans son mariage. Je le ferai tomber, d’une manière ou d’une autre. Faudrait être sacrément conne pour penser qu’il est clean désormais et que ce n’étaient que des erreurs de jeunesse. Le pire dans tous ça, oui parce qu'il y avait pire, c'est que cette vérité, Ellie la connaissait déjà. Elle touchait du bout des doigts la trahison et cette femme ne faisait que confirmer ce qu'elle pensait déjà. Seulement, elle ne lui dirait rien. A quoi bon ? Ellie refusait de lui prouver qu'elle avait eu un quelconque pouvoir là dedans. Qu'elle l'avait influencé, bien que ce soit le cas. Non, tout ce qu'elle voulait, c'était qu'elle fiche le camp. Qu'elle parte, elle et ses traits. Elle et sa bombe. Elle et putain de bordel. Sans attendre plus longtemps, Shelby finit par la pousser de devant la porte, la laissant finir sur sa phrase sur "les mains pleines de sang". Horrifiée. Elle en avait assez entendu pour aujourd'hui et n'avait pas de salive à lui accorder. Pour tout dire, la jeune femme n'avait pas les mots et elle était actuellement dans un état catatonique, l'empêchant de réfléchir et d'avoir des paroles seines d'esprit. Ouvrant la porte d'un geste vif, elle sortit de son bureau, donnant le signal à ses coéquipiers pour faire partir cette folle de son bureau. Ellie avait besoin de prendre l'air, de souffler, de partir loin surtout. D'évacuer cette pression qui trônait sur ses épaules désormais.