▬ à chaque jour suffit sa peine, saul

saul ledger

pardonnez leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ la religion catholique est un phare dans la tempête de sa vie. réconfort palpable ou chimère de l’espoir, il suit les chemins de croix depuis son plus jeune âge sans jamais rater une messe, sans jamais oublier une prière. ○ malgré que dieu ne lui ai jamais vraiment tendu la main, il n'a jamais chercher à la saisir pour autant. il a essayé, toujours, d'être un exemple de foi mais le cureton, il n'a de vierge que sa sexualité. c'est pas un enfant de cœur, ironique non ? ○ loin des mielleux chérubins de la religion, il a eu une enfance de merde. à coups de pieds et de claques dans sa mâchoire, il a grandi sous l’autorité d’un père violent et sous la protection d’une mère bienveillante. ○ après la mort soudaine de celle qui portait son salut, son éducation a été reprise par le couvent du coin, qui faisait aussi office d’orphelinat. malgré l’échec paternel au chaud derrière les barreaux, saul a eu du mal à retrouver une tranquillité de l’esprit. ○ seule pièce du puzzle qui semble plus colorée que les autres, il connaît l’existence de sa jeune soeur. il connaît également les raisons pour lesquelles il n’a jamais été invité à la rencontrer. ○ et comme les chiens ne font pas des chats, il ressemble plus à son père qu’il n’accepte de se l’avouer. le levé de coude franc et l’ivresse addictive : l’alcool est son péché. ○ saul est un homme réservé, incroyablement timide et introverti. énième mécanisme de défense face à l’adversité de la vie, il ne se livre qu’en toute fin de nuit, lorsque le whisky parle pour lui. ○ il porte l’élégant masque du sourire, jour après jour. il est fondamentalement bienveillant et s’il a retenu une leçon du christianisme, c’est de prendre soin de son prochain. quitte à être souvent pris pour un con. ○ néanmoins, il reste un homme parmi les hommes. susceptible par sa vulnérabilité, il a le sang chaud et l’esquive facile. il ne sait pas se battre, car on ne l’apprend pas dans les couvents, mais il a le don pour toujours trouver un adversaire plus fort que lui. ○ il est un solitaire à qui on a pas demandé l’avis. pas d’ami véritable, plus de famille à proprement parlé et encore moins de femme pour partager ses draps, il s’éloigne du monde tant que le monde s’éloigne de lui. ○ depuis quelques temps, il se sent pris pour un con par la vie, par dieu et tout ce en quoi il a cru. saul est quarantenaire déçu et frustré qui se rend compte aujourd’hui qu’il est peut-être passé à côté de sa vie. ○ au bord du gouffre, il a déjà les pieds dans le vide et personne pour le retenir. les idées suicidaires se font de plus en plus nombreuses et il a l’étrange sensation qu’une place l’attend dans les étoiles.

les indiscrétions sur le joueur

 

Code:

<pris>○ cillian murphy</pris> saul ledger

l'histoire de ma vie

pardonnez leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font

Je suis né en Angleterre, tout près de Londres, dans un petit bled vraiment tranquille. Ma mère était une femme splendide. Elle était la gentille infirmière du coin : rien d’extraordinaire mais bien assez pour nos ambitions modestes. Appréciée pour sa bienveillance excessive et son regard à couper le souffle, elle a jamais fait de mal à personne. J’ai pas beaucoup de souvenir d’elle, rien que l’essentiel, mais y’a que mes yeux que je tiens de cette guerrière, le reste, c’est mon père. Lui, c’était l’alcoolo du coin, bien moins glorieux, on est d’accords. Ancien soldat, il a vu la merde autant qu’il l’a répandue. A croire que c’était une sorte d’héritage qu’il s’appliquait à transmettre à qui le voulait bien. Ou ne le voulait pas d’ailleurs. Et cette merde, celle qu’il s’était bien incrustée sous les ongles, incassable par le temps, c’était la violence. Je vais pas vous sortir les violons mais la banale rengaine de l’enfant battu, c’est aussi la mienne. Des baffes, j’en ai bouffées, mais pas autant que ma mère : elle était mon seul bouclier contre cet étranger qui partageait son lit. Elle était une figure de courage et elle n’a jamais faibli, même le jour où elle a prit mes petites mains dans les siennes pour m’annoncer qu’elle avait placé ma soeur, pour son bien. J’avais à peine six ans lorsque toi, cette merveille de l’inconnu, tu es venue au monde. Je n’ai jamais vu ton visage, jamais entendu tes pleurs et je ne t’ai jamais tenue dans mes bras. Tu t’es envolée aussi vite et aussi loin que la poussière d’un cimetière, dans la sécurité d’un autre cocon moins bouffé par les verres que le nôtre. Encore aujourd’hui, je pense souvent à toi, à ce qu t’es devenue à l’écart de tout ça. Et heureusement que t’étais loin de nous quand le fou qui nous servait de père a brandit le tesson en direction du plafond, parce que son mioche avait chialé trop fort, et qu’il l’a accidentellement éclaté sur le visage de ma mère, toujours là au bon moment et au mauvais endroit. C’est la seule et unique fois où j’ai eu du sang sur les mains et un dernier souffle dans le cou. Et ce connard a appelé les urgences en expliquant que son cher chérubin avait encore fait une connerie. C’était trop tard.

Le poids de la culpabilité sur les épaules, j’ai bien évidemment été placé après son procès. Un orphelinat catholique : bien loin des clichés de prêtres aux mains baladeuses, j’ai quand même bénéficié de l’éducation qui rimait avec les cantiques du lieu. Ma vie était rythmée par les messes, les prières, les bénédictions et autres chorales. Aux antipodes avec ce que j’avais connu mais ça m’allait plutôt bien. J’étais pas un gamin turbulent, j’étais le bon petit soldat qui disait amen à tout ce qu’on lui demandait. J’ai grandi dans le silence et la tranquillité d’un monastère, entre garçons de mon âge, sans filles et sans le chaos que pouvait apporter l’adolescence. C’est à cette période de ma vie que j’ai trouvé un équilibre, précaire, certes, mais un équilibre quand même. La religion était devenue un phare et la foi, ma grande ourse. Je savais où j’allais, je pouvais apercevoir le bout du tunnel et c’est tout naturellement que je me suis lancé dans les six années de mon séminaire, pour rendre hommage à ma vocation catholique. Un prêtre. Pas banal comme projet professionnel, hein ? Elles étaient les plus belles années de ma vie : sereines et formatrices. Mais j’ai crié victoire trop vite, comme toujours.

J’ai terminé mon séminaire sur les terres néo-zélandaises. Ca manquait de prêtres par là-bas puis faut avouer que le paysage est pas mal non plus. J’ai vingt deux ans lorsque je reçois mon sacrement : un jeune religieux des ambitions pleins les poumons, ça devait être beau à voir. Surtout le soir, entre nouveaux ordinants, lorsqu’on s’est octroyé le verre de la victoire à l’abri des regards indiscrets. T’as vu, on se croyait rebelles à picoler le sang du Christ juste après nos voeux. C’est triste, hein. Mais j’avais pas envie que mes conneries soient plus importantes que celle-là. Ca me plaisait d’être le gamin en robe, qui pensait qu’un verre de vin et une clope consumée étaient des affronts au Seigneur. Sauf qu’il n’y en a pas eu qu’un. Ca a commencé par un verre chaque semaine, puis deux verres et même trois. Et ça s’est terminé par acheter des bouteilles pour les planquer sous le matelas dans mon appart’ miteux. Ca paye pas vraiment bien de vouer sa vie à Dieu, je t’assure, mais assez pour noyer ses tourments dans un fond de bouteille d’alcool. Est-ce qu’il y avait une raison particulière à cette addiction ? Je ne crois pas. Pour calmer la violence qui vient hanter mes nuits. Pour supporter la solitude de ma vie, de mes jours. Pour écrire encore la même histoire : celle d’un Ledger incapable d’enlever ses mains du goulot. Putain d’héritage. Pendant de longues années, j’étais assez discret. Je dissimulais mes ivresses aussi facilement que je récitais une prière. Mais j’ai bientôt quarante ans et je suis seul. Encore seul. Je ne dors plus la nuit, je pense à toi, à maman. Je ne suis qu’un connard qui se laisse battre par la vie, ni plus, ni moins, et qui attend toujours auprès de ce foutu Dieu, qu’il vienne l’aider. Je laisse le destin me donner de grandes baffes, aussi violentes que celles avec lesquelles j’ai grandi. Et ce soir, j’en ai plein le cul, c’est tout.