l'histoire de ma vie
petite citation pour faire joli
Papa est mort. Je n’avais que neuf ans quand cela est arrivé. Je rentrais de l’école, toute joyeuse à l’idée de montrer à maman le projet sur lequel on travaillait en classe depuis des mois. J’ai ouvert la porte d’entrée et j’ai couru comme un boulet de canon dans la cuisine pour la retrouver. Sauf qu’elle n’était pas là. Normalement, dès que je rentrais à la maison, maman était occupée dans la cuisine à me faire des gâteaux quand elle ne travaillait pas.
« Maman ? » Je m’aventurais dans la maison à la recherche de ma génitrice, je n’ai pas trouvé trace d’elle au rez-de-chaussée. Ce n’est qu’en montant les escaliers et en voyant la porte de sa chambre entrouverte que je l’ai aperçu. Son visage était enfoui dans ses mains et j’avais l’impression qu’elle pleurait.
« Qu’est-ce qui ne va pas Ma’ ? » Je m’étais assise à côté d’elle et la pris dans mes bras. Dans un premier temps, elle ne faisait que pleurer sans réussir à articuler quelque chose d’audible. Après avoir réussi à s’être calmé, elle me dit la phrase qui changea tout,
« ton père est mort ». Non impossible. Il devait revenir dans un mois pour mon anniversaire et m’organiser la fête de l’année, une des rares fois qu’il serait présent. Je suis restée longtemps à regarder dans le vide, sans sortir un mot ni une larme, papa est mort et il ne rentrera plus jamais à la maison. C’est lui qui m’a appris à faire du vélo, à me battre quand des garçons m’embêtaient. Maintenant, il ne reste plus que maman et moi.
Après la mort de papa, on a déménagé à Island Bay pour être près de ma famille maternelle. Les sœurs de maman ont insisté pour que l’on vienne vivre avec eux, prétextant que cela aiderait maman dans son processus de deuil et pour qu’elle se reconstruise une nouvelle vie plus vite. Sauf qu’ils ne savaient pas une chose, papa était l’amour de sa vie, le seul et l’unique et que malgré toutes les tentatives, rien ne pourrait effacer son chagrin. J’ai essayé au début de lui remonter le moral en étant aux petits soins avec elle, mais rien ne fonctionnait, du coup j’ai arrêté et je me suis concentrée sur moi et mes études. C’est après presque dix ans à être restée seule que maman a rencontré quelqu’un. Je m’étais faite à l’idée qu’il ne restait plus que moi et maman. La perspective qu’un étranger vienne déranger notre tranquillité ne me mettait pas de bonne humeur. Et pour couronner le tout, elle avait arrangé un dîner avec lui et son fils pour faire les présentations.
“Mais maman ! Jules organise sa soirée ce jour là et tu es au courant depuis longtemps ! T’aurais pu choisir une autre date, tu peux pas repousser s’il te plait ?” “Non Nana. On a convenu de ce soir parce que tout le monde est présent. Et tu ne vas pas mourir pour rater une soirée.” C’est pour cela que j’ai fait la tête pendant une bonne partie de la soirée.
On était les premières arrivées. Maman ne tenait pas en place et remettait toutes les trente secondes une mèche de cheveux en place. Quant à moi, je jouais avec mon couteau, à attendre que le soi-disant nouvel amour de ma mère daigne se montrer. Il commençait vraiment mal, dès la première rencontre, il m’empêchait de sortir ; il a vraiment intérêt à être parfait sous tous les angles.
“Oh j’ai oublié de te le dire ! Il a emmené son fils avec lui. Il paraît qu’il est charmant.” “Tu aurais pu me prévenir avant !” “Pourquoi Nana ?” En guise de réponse, je soupirais, exaspérée du comportement de ma mère quand elle est amoureuse. Après des minutes d’attente qui m’ont semblé durer très longtemps, mon futur beau-père se montra avec son rejeton. J’ai posé un rapide regard vers ce qui devait être le nouvel homme de maman, banal et vieux. Son fils avait l’allure d’un branleur, dire que je ratais la fête du siècle pour dîner avec ça, Jules allait s’en souvenir pendant un moment et n’hésiterait pas à me le rappeler. J’ai cédé et j’ai enlevé mon sac de la chaise pour qu’il puisse s’asseoir à côté de moi. Il a voulu entamer une conversation, j’ai simplement répondu à ses questions, lui montrant le moins d'intérêt possible. Pour une première rencontre, l’ambiance n’était pas là mais ça, maman ne s’en ait pas rendu compte vu qu’elle buvait toutes les paroles de son nouveau mec. Tous les vendredis soirs, on a dîné tous les quatres. Au fur et à mesure, je commençais à apprécier la présence de Sean, peut être un peu trop vu la relation qui nous unit. J’ai commencé à ressentir quelque chose de fort pour lui, comme une sorte de sentiment amoureux, ce qui est dingue vu qu’il est mon demi frère. Après tout, nous ne partageons pas le même sang, alors nous n’avons pas résisté à la tentation et nous avons couché ensemble, plusieurs fois. C’était dingue, j’aimais ça et je l’aimais lui. Mais notre petit manège n’a pas duré aussi longtemps que je l’aurais voulu, il est parti, ne s’entendant plus avec son père. Je pense que c’est son départ qui m’a poussé à repartir aux Etats-Unis pour m’engager dans l’armée, faire le même chemin que papa.
Je ne suis pas allée sur le terrain comme papa, je restais dans le campement pour m’occuper des blessés. Comme un membre de la famille avait été dans l’armée américaine, j’ai eu le droit à une bourse pour mes études. C’est comme ça que j’ai atterri en Afghanistan, une expérience qui s’est très mal passé que je n’en parle plus aujourd’hui. Après ce désastre, j’ai continué mes études pour devenir chirurgien urgentiste, mais quelques mois avant la fin, j'ai abandonné pour entrer dans la police. C’est à une soirée étudiante que je l’ai rencontré. Et là, le coup de foudre. Je me suis retrouvée en face d'un charmant jeune homme qui avait tout d'une star hollywoodienne. Un sourire ultra white, le brushing parfait, un torse musclé de jeune premier et des yeux dont tu n'hésiterais pas une seconde pour te perdre dedans. Je n’ai pas réussi à détacher mon regard de lui, et c’était réciproque. Nous avons passé le reste de la soirée ensemble puis nous nous sommes vu plusieurs fois.
Flash spécial : Une nouvelle victime a été retrouvé sur un terrain de football, découpée en plusieurs morceaux. Le boucher de San Francisco a encore frappé. Les policiers de la ville sont sur le coup et vont de nouveaux essayer de trouver qui est l'auteur de tous ces crimes qui sévit depuis plusieurs mois. J'ai jeté mon bol avec violence dans l'évier. Cette enquête mettait mes nerfs à l'épreuve, à chaque fois qu'on avançait, on reculait de dix pas. Pas un seul indice nous permettait de suivre une piste correcte. Des personnes mourraient dans d'atroces souffrances et les habitants commençaient à avoir peur. Et nous, l’unité spéciale de la police, nous ne sommes même pas capable d'instaurer un climat de sécurité. Si je l'attrape, je lui ferais vivre un enfer. Les mains douces de James se sont posées sur mon épaule et il a déposé un rapide baiser dans mon cou.
"Reste calme ma princesse" "Que je reste calme ? Ce connard me pourrit la vie, je vis quasiment au commissariat à trouver le moindre indice qui pourrait nous aider à avancer et le coincer, mais que dalle ! Je devrais plus me tuer à la tâche pour préparer le mariage, mais non. Vivement que toute cette histoire soit finie et que je puisse enfin me concentrer pour notre grand jour et enfin aller trouver la robe parfaite." "Pourquoi tu ne prendrais pas un congé ? Histoire de te penser à autre chose." "Maintenant ? Je ne peux pas James. Ils ont besoin de tout le monde pour avancer." Il n'a dit plus rien et est reparti travailler. On parlait très peu de l'affaire car sinon je commençais à m'énerver et à casser de la vaisselle.
Encore un nouveau crime, cette fois-ci, le corps a été retrouvé près de la zone portuaire. Toujours coupé en plusieurs morceaux et de façon nette. Il n'y a qu'un pro qui peut faire ça, quelqu'un qui est en contact avec des instruments tranchants et qui a l'habitude de couper de la chair, comme par un exemple un boucher, chirurgien, vétérinaire ou thanatopracteur. Une nouvelle fois, je me suis rendue sur la scène du crime à la recherche du moindre indice. Il faut croire que cette fois, il a été dérangé car il n'a pas pu faire la mise en scène habituelle. Quelque chose avait attiré mon regard, je me suis dirigée vers l'endroit où se cachait cette chose. Un porte clé en forme de panneau de la ville de Wellington, ma mâchoire est restée ouverte pendant plusieurs minutes. Non, c'était une simple coïncidence. Le boucher ne pouvait pas être James, il était bien trop gentil pour être un homme assoiffé de sang et tuer comme un monstre. Sans dire un mot, je mis le porte clé dans ma poche et déclara que comme d'habitude, je n'avais rien trouvé d'exploitable. "
Il faut croire que même dérangé, il fait les choses à la perfection." On est rentré au commissariat, donnant les empreintes digitales de la victime et le peu de preuves au laboratoire pour les analyses et connaître au moins le nom de la victime. Puis, je m'étais installée dans un coin où personne n'y mettait les pieds et sortis le porte clé. Pendant un certain temps, je le contemplais, ne sachant pas quoi penser de l'endroit où je l'ai trouvé. Est-ce vraiment possible que James soit l'homme qu'on traque depuis des mois ? Il est aussi doux qu'un agneau et ne ferait de mal à personne, du moins c'est ce qu'il laisse croire. Il a tout pour être le serial killer, il est vétérinaire et a l'habitude de travailler avec des objets tranchants et ouvrent les animaux pour les opérer. Surtout que ce matin, il devait partir très tôt pour un congrès en dehors de la ville. Tout était réuni pour me dire que c'était lui. Pour essayer de me rassurer et de me montrer que je me faisais des films, je suis partie inspecter son cabinet. Peut être que là, il cachait certaines choses ou au contraire il était blanc comme neige. Malheureusement, scalpel et autre objets pour couper ou opérer manquaient.
Il devait revenir d'une minute à l'autre. Tout était prêt pour son retour. Les micros étaient en place et l'équipe prête à réagir à mon signal. Il passa la porte d'entrée avec un grand sourire et vint jusqu'à moi, déposer un baiser tendre sur mes lèvres.
"Le congrès s'est bien passé ?" "Parfait ! J'ai pu discuter avec d'autres vétérinaires sur certains points, c'était plus qu'intéressant" Je lui ai sorti mon plus grand sourire. Quand il a fini de déballer les affaires dans notre chambre, il m'a rejoint dans la cuisine où je l'attendais de pied ferme. J'étais assise, faisant semblant de lire le journal qui parlait encore une fois du boucher de San Francisco.
"Tu n'as pas oublié quelque chose en partant ?" Voyant son air, je compris qu'il ne voyait pas de quoi je parlais. C'est alors que je lui montrais le porte clé et son visage s'est éclairé
"oh merci ma puce, je pensais l'avoir perdu. Où est-ce que tu l'as trouvé ?" "Près d'un cadavre, découpé comme le boucher. Bizarre, non ?" L'éclat de son visage avait totalement disparu. Je ne sais pas ce qui a traversé son esprit, mais cela ne présageait rien de bon.
"Donc tu présumes que c'est moi qui a tué toutes ces personnes ? Enfin Nausicaa, tu sais que je suis incapable de tuer une mouche ! Ne sois pas idiote !" Son ton était devenu plus froid, voire menaçant. Il s'avançait vers moi comme un prédateur, ma main caressait mon arme, prête à la dégainer s'il s'approchait un peu trop près.
"Non je ne suis pas idiote mais réaliste. J'ai analysé les faits et je t'avoue que ça correspond. Simplement, pourquoi James ?" Il ne m'a pas expliqué pourquoi il faisait ça, non il a préféré me sauter dessus et essayer de me trancher la gorge avec un couteau. Il n'a pas eu le temps de me toucher, j'ai tiré avant. Oh non, il n'était pas mort, juste blessé. Je devais le garder vivant pour qu'on obtienne des informations.
Il s'avère qu'il a été adopté et qu'on l'a retrouvé dans une maison insalubre. Longtemps resté à l'orphelinat, il était devenu un petit garçon solitaire et bizarre. J'aurais pu avoir pitié de lui et lui pardonner, mais j'en étais incapable. Il m'a menti pendant des années sur ce qu'il était et a m'a détruite. Comment avoir confiance en quelqu'un après ça ? Tout de suite après, je suis rentrée à island Bay, retrouver maman et mon beau-père. J’avais besoin de me retrouver auprès d’eux pour mettre cette histoire loin derrière moi. J’ai aussi abandonné l’idée d’être flic, mauvaise expérience. J’ai simplement décidé de reprendre mes études pour avoir ce diplôme et devenir enfin médecin. Cela fait à présent quelques mois que je suis revenue en ville, petit à petit, je commence à oublier James et me concentre exclusivement sur mon boulot. Je pensais avoir trouvé un nouvel équilibre, certes fragile, sauf que je ne vais pas m’attendre à rencontrer un fantôme du passé.