— light carries on (monroe)

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monroe & ellie

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(@smith and burrow)

Elle était belle, elle avait le regard d'un enfant et sentait la vanille. Monroe. Cette gamine des rues au regard de biche et à l'allure désinvolte. Ellie le savait, elle comptait beaucoup pour Isaac. Même si lui, il le disait jamais. Pourtant, leur relation n'était pas anodine. Non. Mais pas comme tout le monde pourrait le penser tout de suite. Ils étaient amis. Comme une soeur et un frère. Comme un père et une fille. Comme une amitié entre un homme et une femme. Ellie avait apprit à la connaitre et au fil des années, c'était attachée à cette bouille respirant l'innocence et le chaos à la fois. Y avait une part sombre dans son regard, dans son attitude. Monroe, elle avait pas eu la vie facile, Ellie l'avait comprit au fil de leurs conversations anodines et s'était finalement, attachée à elle. A son passé. A ses blessures et cicatrices. Alors, elle s'était dit qu'elle serait la mieux placée pour répondre à ses questions. Pour la rassurer aussi sans doute. Elle ne savait pas trop ce qu'elle cherchait. Tout ce que Shelby savait, c'était qu'elle n'avait qu'elle vers qui se tournait. Assez proche d'Isaac. Et il était clairement, hors de question de se tourner vers Neema. Cette vipère serait trop heureuse d'apprendre l'échec de leur mariage. Puis, elle était dans les combines de son mari. Elle était l'illégalité même. Elle traînait sur le même bateau.

C'était mal, la jeune femme le savait très bien. Suivre une personne, ce n'était pas vraiment dans ses habitudes. Du moins, dans le domaine du privé. Et au boulot, cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas mené une enquête en dehors des quatre murs de son bureau. Ellie avait prit des jours de congés. Elle n'était plus que le fantôme de Madame Shelby, tandis qu'une vie grandissait dans son ventre. Non. Elle n'avait rien dit à personne encore, concernant cette grossesse. Cette nouvelle restait dans son esprit. Ce n'était pas le moment de fêter l'arrivée prochaine d'un bébé. Puis, Ellie ne l'assumait pas. Elle mettait ce bébé de côté pour le moment, et lorsque son ventre commencerait à gonfler, là peut être, se ferait-elle à cette idée. Elle l'avait suivit jusqu'au centre commercial, sans trop savoir comment elle allait l'aborder. Ni même si elle devait trouver une excuse. Ni même si elle était au courant de toute l'histoire. Qu'importe. Ellie était dans le flou total mais Monroe était sa bouée du moment. Elle le savait, seule elle avait les réponses qu'elle souhaitait. Du moins, elle y croyait dur comme fer. Inspirant longuement, la jeune femme finit par s'avancer vers sa proie, tandis qu'elle se dirigeait vers l'entrée d'un magasin. Monroe ! Elle se sentait conne et stupide de suivre les gens de cette manière. C'était pas son genre. Enfin si, elle était flic après tout, mais pas comme ça. Pas avec les gens qui faisaient partit de sa vie privée. Ses pas se firent plus pressant et quand elle fut à hauteur de la brune, la mine déconfite par la fatigues et les traits tirés, Ellie passa une main volage dans sa chevelure indomptable. Ou qu'elle n'avait pas coiffé aussi. Rare sont les fois où elle se montre aussi peu mal fagotée. J'suis désolée de te déranger. Ou pas. Clairement, ça n'avait aucune importance. Et elle était tellement obnubilée par les réponses qui perlaient les lèvres de la gamine qu'elle l'enfermerait si elle ne lui disait pas toute la vérité. Il faut qu'on parle. Enfin, que j'te parle. Tu veux pas qu'on se pose à un endroit ? Elle se montrait pressante et il ne fallait pas qu'elle lui réponde qu'elle n'avait pas le temps ou qu'elle était occupée. Ellie n'accepterait pas cette réponse.

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Ce silence, il souligne les battements de ton coeur, les frissons de ton corps. Combien y a t'il de façon de se perdre soi-même ? La Terre ne tournait plus dans le bon sens. Y avait plus rien de droit, plus rien qui n'allait. Comme si tout est à l'envers subitement. Comme si plus n'avait de sens aux yeux d'Ellie. Son monde s'était écroulé. Il ne restait que les morceaux brisés sur le sol et un goût d'amertume en bouche. Qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ? A quoi elle servait ? Qui elle était censée aimer à présent ? Une tonne de questions qui resteraient sans réponses un bon nombre de temps. Comment survivre après ça ? Isaac était son tout. Il faisait partie d'elle. Comme deux personnes en une. Ellie avait donné beaucoup dans ce mariage, toute sa personne, sans aucun ménagement, sans se douter qu'elle finirait par ne plus pouvoir en respirer. Aujourd'hui, ils n'étaient plus rien et la haine avait remplacé l'amour.

C'était stupide, elle se trouvait stupide de la suivre de cette façon, comme une âme en peine. Comme un fantôme dénué de toute existence. Elle avait regretté d'être là, une seconde, puis deux, avant de se rendre à l'évidence que si elle voulait dormir plus sereinement, elle se devait de connaître toute l'histoire. Elle se devait de connaitre l'illusion de la réalité. Elle faisait peine à voir. En comparaison, un toxico en manque avait meilleure tête qu'aujourd'hui. Clairement. Ellie ne se faisait pas d'illusion et la mine de Monroe lorsqu'elle tourna son visage face à elle en disait long. Ellie, salut ! Instinctivement, Shelby vint à croiser ses bras, comme si elle avait froid tout à coup, prise de frissons. Elle ne savait pas trop pourquoi. Chétive, elle fit un pas en arrière lorsque Monroe en fit vers elle. L'anxiété trahissait ses traits et ses gestes, pourtant sûre d'elle, ce n'était pas dans ses habitudes. Tu me suivais ? Elle n'était pas dupe la gamine. Dotée d'une logique imparable, Ellie ne pu confirmer ses dires que par un signe de tête positif. De toute façon, elle ne savait pas mentir, alors à quoi bon tenter le diable ? Y avait pas de porte de secours. Sans ajouter un mot de plus, la belle laissa Monroe prendre le chemin du café à quelques mètres, la suivant de loin, sans pour autant perdre le son de ses baskets sur le sol.

S'installant face à la gamine, Ellie garda les bras croisés sur son corps, scrutant les alentours et les gens qui passaient. Ils semblaient paisibles, heureux. Elle ne se souvenait déjà plus de la dernière fois qu'elle avait sourit. Comme dans un lointain souvenir. Comme si ces derniers jours avaient duré des années. Monroe la pressa. Elle paraissait elle aussi tendue. Sur la corde sensible, prête à chuter à tout moment. Shelby tourna alors son regard vers elle et déposa ses mains tremblantes sur la table. T'étais au courant ? Les pupilles dilatées, elle persistait à vouloir lui faire passer le message au travers de ses yeux. Comme si elle devait comprendre par elle même. Mais elle décida de continuer, après tout, Monroe n'était pas devin. Tu le savais pour le trafic, la Meute, les mensonges ? Tu le savais n'est-ce pas ? Au final, ce n'était plus vraiment des questions, parce qu'Ellie savait que Monroe était dans l'histoire depuis le début. C'était d'une logique imparable pour elle. Mais elle n'était pas en colère non. Clairement, ce n'était pas Monroe qui lui avait menti en premier, mais bel et bien son époux. Elle n'avait été que l'instrument de plus. Baissant les yeux sur ses doigts qui s'agitaient entre eux, elle inspira légèrement. J'comprends pas comment il a fait pour me cacher tout ça. J'comprends pas comment on en est arrivé là. Ce qui faisait le plus mal dans tout ça, c'était certainement de penser qu'il ne l'avait jamais vraiment aimé.

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Les pupilles fixaient dans les siennes, Ellie essayait de comprendre. Elle essayait de voir la vérité dans son regard. Douce fatalité. Après tout, tout le monde lui avait menti, pourquoi pas elle ? La paranoïa, elle ne pensait pas qu'un jour elle pourrait en subir les conséquences. Ellie ne pensait pas qu'un jour elle pourrait faire partie d'elle. C'était une personne lucide et saine d'esprit. Elle savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle disait. Comment douter de tout maintenant ? Les questions viennent rapidement sur la table. La jeune femme ne tient plus. Elle a besoin de savoir et tout de suite. Bien qu'elle connait déjà les réponses. La Meute. Seth. Le Holster. Ellie avait mené sa petite enquête, comme la bonne flic qu'elle était. Les soupçons, elle détestait en avoir. Et finalement, au bout de plusieurs jours, elle avait mit le doigt dessus et ses questions étaient devenues des réponses qu'elle n'avait pas du tout apprécié. Ellie était tombée de haut et en même temps, la surprise n'avait pas fait frisonner son échine. Comme si elle s'y attendait. Comme si tout cette histoire était une évidence qu'elle n'avait jamais voulu voir.

Oui, je sais. Les mots sont dits et ils résonnaient comme un fracas immense dans sa petite tête. Un résonance qu'elle ne supportait pas. Les personnes en qui elle avait accordé sa confiance lui avaient menti. Ils avaient pillés sa confiance et salis son âme. Sans aucun scrupule. Elle ne tenait plus en place sur cette chaise, ses doigts tapaient sur la table en bois, ne lâchant pas le regard de Monroe qui vint se saisir de ses mains froides. Elle n'y prête pas attention tout de suite, absorbée par le flot d'émotions et de pensées qui la traversent. Il t'aime, Ellie. Il t'aime vraiment. Comment elle peut parler d'amour là dedans ? Vingt ans de putain de mensonges. Vingt ans à la regarder droit dans les yeux en lui servant des discours de merde. Un rire ironique se met à sortir de sa bouche et elle hoche la tête de gauche à droite, montrant clairement son désaccord. Foutaises. Monroe lui mentait encore. C'était une maladie ou quoi ? Sa bouche reste muette, elle écoute les éloges que lui tire Monroe de son mari, sans l’interrompre et quand le serveuse vient enfin vers leur table, la belle commande un thé. Pas de café, elle est déjà assez sur les nerfs en ce moment pour en rajouter une couche. Puis y a le bébé. Elle l'avait presque oublié ce petit être qui n'avait finalement rien demandé à personne, à part la possibilité de vivre. Le bébé d'Isaac. Ce menteur de mari. Il m'a sauvé la vie. Nouveau rire ironique. Décidément, une habitude qu'elle avait prise depuis des jours. A croire qu'en rire était devenu la seule chose qu'elle était capable de faire à présent. Les larmes, elle en avait beaucoup trop versé. Ellie était aussi sèche de que le désert de Sahara à présent. Elle a envie de la croire Monroe, vraiment, mais elle n'y arrive pas. Son cerveau refuse de comprendre ce qu'elle lui raconte et son coeur est hermétique.

Ellie finit par détacher ses mains de celles de Monroe et un silence s'installe doucement à leur table. Le serveur finit par revenir avec leurs consommations. Elle le remercie d'un mouvement de tête et son regard se perd sur la fumée que dégage l'eau brûlante de sa tasse. S'en est presque apaisant. J'me rends compte que tout le monde m'a menti dans l'histoire. Ses pupilles se glissent sur celles de Monroe à nouveau. Même toi. Blessante. Ses mots percutent l'atmosphère avec un fracas dont on lui connait peu. Y a pas de regrets n'est ce pas ? Au final, est-ce que c'était réellement une réponse ? Pas vraiment. Ellie connaissait déjà les réponses. Dans le plus profond de son âme, elle savait que personne ne regrettaient. Ils regrettaient juste, qu'elle est découvert la vérité. Ce manège aurait pu encore continuer une éternité qu'elle n'y aurait vu que du feu. Et c'est pas de l'amour. On ne ment pas et on ne trahit pas une personne qu'on aime. C'est impensable. Y a pas de raisons valables à ce qu'il a fait. A ce que vous avez fait. Elle mettait, finalement, Monroe dans le même sac qu'Isaac. Parce qu'elle s'était attachée à cette gamine. Elle s'était confiée à elle, et sans doute, l'avait-elle aimé. Plus qu'elle ne saurait le dire. Maintenant, il ne restait que les bris de verres sur le sol, seuls témoins de ces souvenirs perdus dans l'océan des tromperies.

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La boucle était bouclée. Elle regardait avec désarroi son petit monde s'écroulait. Lentement, pièce par pièce et c'était d'autant plus douloureux lorsque tout ceci venait des personnes qui nous sont proches. Ellie n'avait été un pion de plus. Une pièce rapportée qui leur avait servi plus qu'elle ne l'imaginait. Futile poupée de porcelaine, maintenant brisée en des millions de petits morceaux. Comment recoller tout ça maintenant ? Elle ne voyait plus de le bout de ce cauchemar, ni même la lumière au fond du tunnel. Elle était loin la belle vie. Ils étaient loin les sourires sincères échangés entre les deux femmes. Cette complicité certaine qui avait mit un certain temps à venir, mais qui s'était avérée plus belle que n'importe quelles autres histoires. Les yeux dans les yeux, elle sentait cette amitié s'envolait. Elle la voyait presque partir et s'évaporait dans l'atmosphère. Froide et distance, Ellie avait mit une barrière avec la brune. Se rendant compte tout à coup de la supercherie qui se jouait sous ses yeux, et qui s'était jouée derrière son dos aussi. Monroe était finalement comme tous les autres, une menteuse habille qui avait su lui sourire et lui faire croire que l'amour était présent. Mais ce n'était que des mensonges. Des paroles amères cachées derrière un visage enfantin.

Il n'y en avait pas au début. Pas avant que je te connaisse réellement. Elle avait menti tout ce temps. Dix ans. Pourquoi dirait-elle la vérité maintenant. Shelby prit la tasse fumante d'eau où son sachet de thé finissait d'infuser. Sans attendre plus longtemps, elle en bu une gorgée. Longue et douce. Elle en avait besoin. Le liquide brûlant coula jusqu'à son gosier, tandis que Monroe continuait de parler. Ellie n'avait jamais comprit qu'il y avait un camp. Isaac ou elle. C'était débile en soit, de partager l'amour d'une seule personne en deux. Mais les choses devenaient plus claires, plus limpides, lorsqu'elle avait mit le doigt sur la vérité. Il était son bourreau, son protecteur. Son amour pour Isaac causerait sa perte, Ellie en était certaine, pour s'y être elle même brûler les ailes. Comment aimer une personne qui nous vend ? Elle ne comprenait pas et avait, parfois, l'impression que c'était elle la pièce de trop dans le jeu. Tu ne comprendras donc pas ? La voix stridente de la gamine la fait sortir de ses pensées. Ellie relève le regard vers la brune, fronce les sourcils. Pourtant, la belle n'avait aucune envie de suivre son rythme. Elle n'avait pas envie de lui crier dessus, ni même de l'engueuler. Elle était simplement déçue. Et la déception apporte l'apaisement, dans un sens. Les choses ne sont pas toujours aussi simples Monroe. Ce n'est pas un fil continue. Tu te rends compte au moins de ce que vous m'avez fait ? Dans un sens, Ellie hallucinait. Aucun remord. Aucune once de sentiment sur cette table. Elle perdait le fil. La perdait elle, tout simplement. Et Ellie en avait assez de voir s'envoler les gens qu'elle avait aimé. Tout au long de sa vie. D'abord sa mère, maintenant Isaac et Monroe. Elle ne parlait même pas de son boulot et de ses collègues, qu'elle était elle même sur le point de quitter.

Tu voulais me faire savoir que tu connaissais la vérité ? Voilà chose faite. Si tu as des questions, vas-y. La gamine perdait patience et se détachait finalement de tout le reste. Elle avait le regard acide et les lèvres tirées. Ellie dérangeait. Elle était devenue ce chat noir qu'on veut à tout prit éviter. Comme si la peste envahissait son échine. Une pariât. Reposant sa tasse sur la table en bois délavé, elle percuta le regard de Monroe avec force, de ses pupilles brunes. Telle une mère venant de gronder son foutu gamin. Tu t'en fou en fait ? A défaut d'avoir menti durant dix ans, qu'elle ose au moins dire la vérité une seule fois. T'as peur de quoi ? Que j'te balance, que j'le balance lui ? Stupide sourire qui collait son visage, mais totalement ironique. C'est ça qui t'importe le plus ? C'que je peux bien ressentir, tu t'en tapes. Les questions défilées, mais la belle n'attendait aucune réponse de la part de Monroe. Son attitude toute entière parlait pour elle. Il n'y avait qu'à la regarder pour le constater. T'es ma plus grande déception. Parce que moi, j'ai jamais fait semblant avec toi. Et ça m'tue que tu prennes son partie. Il n'était pas question de jalousie. Rien de tout ça. Ellie vivait un nouvel abandon qu'elle n'arrivait pas à digérer. Qu'elle n'arrivait même pas à croire. Elle était venue chercher des réponses, ou peut être simplement une oreille attentive qui pourrait l'écouter. Mais là, elle venait simplement de perdre un être cher de plus.

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Elle entendait son coeur battre avec tellement de force, qu'elle a bien cru ne pas y survivre. Le visage de Monroe, ses lèvres qui s'agitaient avec frénésie et la lueur dans ce regard. Elle venait de disparaître. Cette même lueur qu'Ellie avait adoré contempler et qui aujourd'hui, ne lui était plus adressée. L'affection s'en était allée, et pourtant, sur l'instant, la jeune femme n'arrivait pas à la détester pour autant. Comme si elle pouvait tout lui pardonner ou presque, hormis cette arrogance qu'elle avait dans le son de sa voix. Oui. Comme une mère peut tout pardonner à un enfant. Comme si Ellie savait que Monroe était une gamine de quinze ans qui fait des erreurs, parce que c'est l'âge et l'apprentissage de la vie. Pourquoi se faire autant de mal ? Est-ce qu'elle aurait plus consciente si la vérité avait été plus tôt et de leurs propres voix ? Ellie n'en savait fichtrement rien. Comment le savoir bordel ? Ce n'était pas arrivé et ça aurait dû pourtant. Ses doigts resserrèrent leur emprise sur la tasse brûlante tandis que ses yeux percutaient toujours ceux de la brune. On n'en serait pas là, c'est certain. Vingt ans pour Isaac, dix ans pour toi. J'sais pas comment j'aurais réagit, mais ça aurait été différent. Et si j'avais su la vérité dès le départ, je ne me serais pas mariée avec Isaac et je t'aurai pas rencontrer. On aurait pu éviter toute cette peine, tu crois pas ? Elle n'aurait pas le coeur en mille morceaux maintenant, elle ne serait pas sur le point de tout foutre en l'air. Non. Elle serait peut être loin de cette histoire, qui sait même, d'Island Bay. Personne ne sait. Mais Ellie n'aurait pas non plus connu l'amour, le vrai. Elle ne serait pas non plus amie avec Monroe. Tout aurait été différent certain. Moins heureux ? La question restait en suspens. Impossible de savoir. Impossible de revenir en arrière. Tout était joué. Les cartes sur la table, balancées de la bouche d'une autre femme trahie. J'ai voulu te détester, Ellie. J'ai voulu te haïr dès que je t'ai rencontré. Pour éviter ça. Pour éviter qu'on n'en arrive là. Peut être qu'elle aurait dû. Peut être que le mieux, ça aurait été qu'elles ne se parlent jamais, qu'elles ne partageant jamais les épreuves de la vie ensemble. Qu'elles ne s'attachent pas l'une à l'autre. Baissant le regard une nouvelle fois, Ellie ne supportait plus la vision de son visage, le son de sa voix. C'était trop pour une seule personne. Trop dur.

Elle percuta un peu plus son coeur, désignant son mari comme étant son monde. Foutue gamine. Elle ne comprenait rien à rien. Paumée. La vie ne l'avait épargné, et pourtant, Ellie pensait qu'avec le temps, elle arriverait à s'en défaire. Qu'elle arrivait à respirer sans lui. Pas qu'elle trouvait ça mal. Mais plutôt malsain. Seulement, elle ne disait rien. La barrière droite face aux deux femmes, le rendant plus éloignées qu'elles ne l'ont jamais été. Te dire la vérité, c'était prendre le risque de perdre Isaac. Et finalement, même si l'idée m'avait effleuré l'esprit, j'étais déjà bien trop impliquée pour pouvoir le faire. Ravalant les larmes qui commençaient à perler ses yeux, Ellie fit plusieurs signes de tête et détourna son attention sur les gens. Ils semblaient sereins, loin de tout ce chaos et des ténèbres. Ils semblaient heureux. Pourquoi n'y avait-elle pas droit ? Dans un geste assuré et calme, Shelby poussa légèrement la tasse pour l'éloigner de ses mains et sortit un billet, qu'elle déposa à son tour, sur le socle boiteux. Vous avez l'coeur froid. commença t'elle. Elle reprit ses affaires qui traînait et commença à enfiler sa veste. Tu vas pouvoir me détester maintenant. Comme ça, t'auras au moins une excuse pour m'avoir menti. Une excuse pour t'être éloigner de moi. C'est déjà l'cas, pour ma part. J'te déteste Monroe. C'était percutant, vivace et pourtant, elle n'en pensait pas un mot. Parce qu'Ellie, elle n'arrivait pas à la détester aussi bien qu'elle le disait, non. Se relevant de sa chaise, ses pieds retrouvèrent le sol et dans un dernier regard vers elle, Ellie prit le large, lui tournant définitivement le dos. Il n'y avait plus rien.