i need help ft. keny

Murphy était installée à son bureau blanc, depuis des jours déjà. A leur retour de la campagne, l'ambiance n'avait pas été ce que l'on pourrait appeler « chaleureuse ». Déjà, Murphy avait été punie et privée de sortie, l'obligeant à rester entre les quatre murs de cette maison, en plein mois d'été. C'était peut-être cruel pour tous les jeunes de son âge, mais pour elle, ça lui donnait juste une justification pour ne pas sortir, pour ne pas avoir de vie sociale, pour ne pas faire semblant. Après tout, maintenant que Lily était repartie à Londres, elle n'avait pas vraiment d'autres amis. Elle avait rencontré Bailey, et il était cool, mais c'était peut-être le seul qui se rapprochait le plus de l'image d'un « pote ». Alors Murphy s'était muré dans un profond silence depuis cette dispute avec son père, à la campagne. Une énième dispute, on ne pouvait pas dire que l'on était pas habitué à leur coups de sang. C'était comme ça entre eux, ça explosait violemment et puis après, ça allait mieux. Sauf que là, non, ça n'allait pas mieux, du moins pas pour Murphy. Cette dispute, la nuit que son père avait passé dehors, dans la montagne, plutôt qu'avec elle ; le lendemain, quand il avait escaladé à mains nues la falaise, et puis la fin de leur séjour... tout ceci avait remué Murphy, bien plus profondément qu'elle ne voulait l'admettre auparavant. Murphy avait réalisé qu'elle s'en prenait toujours à son père, pour tout et surtout pour rien. Qu'il était son défouloir, son pushing-ball et que ce n'était pas normal... La petite blonde avait réalisée qu'elle n'allait pas bien du tout. Qu'elle n'avait pas tourné la page du décès de sa mère, ni de ses frères et que tout cela était encore bien trop douloureux. Elle avait voulu croire que c'était derrière elle, mais ça n'était pas le cas. Murphy comprenait qu'elle n'allait pas bien, mais elle ne savait pas comment faire à présent. Son père lui avait clairement dit que ça ne servait plus à rien qu'elle se confie à lui, et elle ne voulait pas lui infliger ça. Elle ne lui causait que des disputes, des engueulades, des ennuis, des désagréments. N'ayant pas d'amis, elle n'en avait parlé à personne. Mais avec le peu d'argent qu'elle avait de côté depuis qu'elle bossait dans sa boutique d'Antiquité, Murphy allait pouvoir se payer quelques séances chez un psychologue pour commencer. Elle avait trouvé par le biais d'internet, quelques adresses, mais désormais, il fallait qu'elle puisse prendre un rendez-vous et surtout, qu'elle s'y rende alors qu'elle était privée de sortie. Il allait falloir qu'elle mente à son père, qu'elle lui dise un mensonge pour se rendre à ses séances et ça angoissait beaucoup la jeune femme. En fait, il y a encore quelques temps, ça aurait été très facile pour elle, mais maintenant que Keny avait emménagé chez eux... ça compliquait tout. Il était lui aussi, souvent à la maison et ils se retrouvaient le plus souvent tous les deux. Murphy n'avait plus de cours à l'université, elle était en train de réviser pour préparer ses partiels qui allaient bientôt commencer. Elle potassait énormément, s'enfermant des journées entières dans sa chambre. D'ailleurs, elle avait retrouvé ses déséquilibres alimentaires, mais pour l'heure, son père ne s'en était pas rendu compte. Et puis Murphy savait comment tromper Keny. Il suffisait de prendre une assiette de la cuisine, de la monter dans sa chambre avec un peu de mayonnaise dedans, et de descendre les marches quelques heures après l'heure du déjeuner en expliquant que si on a loupé le déjeuner, c'est parce qu'on a mangé un truc avant. Et puis le soir, ça se jouait en plusieurs temps. Elle mangeait un petit peu, et puis dès qu'elle le pouvait, elle se débarrassait des restes, ou bien montait son assiette dans sa chambre et ne la terminait jamais. Murphy se sentait plus faible, plus fatiguée, mais en même temps, c'était comme si ça le purgeait. Elle voulait se punir d'être une connasse, d'être incapable de faire le deuil de sa mère, elle voulait se conduire comme une adulte et se forçait à le faire, parce qu'elle avait réalisée qu'elle n'était qu'une gamine pourrie gâtée par et pour son père. Un enfer. Elle n'était qu'une sale gosse, et son père en la punissant, ne l'avait pas vraiment punie. Si bien qu'elle se faisait du mal à elle-même, comme pour alourdir son blâme. Elle était mauvaise, et elle voulait payer pour ça. Payer pour faire du mal à tout ceux qui l'entourait, payer pour la mort de sa mère, et de ses frères. Payer pour toutes les disputes, les insultes, les erreurs qu'elle avait fait auprès de son père, de Lily, ou même de Keny. Elle était infecte, alors elle s'enfermait dans sa chambre, elle ne parlait presque plus, elle ne mangeait plus et tentait de prendre le moins de place possible, de faire le moins de bruit possible, d'être existente, le moins possible. Assise à son bureau, elle bossait ses cours, essayait d'apprenre par cœur tout le programme de cette année, faisant des fiches au passage. Elle passait ses journées à son bureau, dans sa chambre. Elle ne sortait presque plus de celle-ci. N'était-ce pas ce que son père voulait ? Parfois, comme maintenant, elle s'arrêtait une seconde, faisant tourner son siège blanc vers sa fenêtre et laissant ses yeux se fixer sur les branches des arbres, ou sur l'horizon, où la mer apparaissait légèrement. C'était son seul plaisir qu'elle s'accordait, voilà. Mais là, Murphy avait soif, si bien qu'elle se leva de son siège pour descendre les marches. La maison était calme, bien qu'un bruit se fit entendre du salon. Jetant un coup d'oeil, elle pu voir Keny sur le canapé. Elle ne fit pas de bruit et se rendit à la cuisine pour ouvrir le frigo. Les bouteilles se cognèrent ensemble, elle regarda ce dernier. Il y avait des bouteilles d'eau fraîches, elle en prit une. Refermant alors la porte, elle s'apprêtait à rejoindre l'étage où se trouvait sa chambre, lorsque...

Les semaines se suivaient et les nouveaux projets s'enchainaient aussi ! Depuis que Keny avait quitté son poste au journal local d'Island Bay pour entrer chez VOGUE il prenait du plaisir à se lever chaque matin, au moins quand il écrivait un article il le faisait avec plaisir.... Embauché en tant qu'assistant auprès de la directrice générale cette dernière lui laissait le loisir de pouvoir s'exprimer sur le blog du site internet.... C'était vraiment plaisant de pouvoir évoluer dans un milieu qu'on affectionnait tout particulièrement... Il y avait son emménagement chez Caïn qui pesait dans la balance et qui lui donnait du baume au cœur, la vie lui souriait et cela lui faisait un bien phénoménal ! Il n'y avait plus qu'à espérer que ce joli ciel bleu ne soit pas gâché par de nouveaux nuages....

Sans être un martyr, le décès de Magie l'avait énormément brassé, Braxton avait eu beaucoup de mal à remonter la pente, la présence du trader avait contribué à son rétablissement et bien que leur relation ne soit pas encore totalement officielle Keny aimait cette sensation de ''famille'' dans laquelle il se trouvait.... Même vivre en compagnie d'une adolescente s'avérait plaisant ! Faut dire aussi que l'espiègle Murphy n'était pas comme tous les jeunes de la nouvelle génération, la demoiselle gagnait à être connue... Certes, la jeune fille avait ses mauvais jours encore plus depuis quelques semaines mais Keny faisait en sorte de passer au dessus.... Pourquoi ? Sans doute parce qu'il ne demandait qu'à être accepté et apprécié.....

Aujourd'hui, journée de boulot à domicile pour le jeune assistant ! Son bureau ainsi que celui de sa patronne étant en travaux, il bossait à distance via son PC portable ! Histoire de pouvoir travailler confortablement, Braxton avait opté pour un short et un débardeur, les températures avaient considérablement chuté mais le poêle à bois offrait une chaleur suffisante et donc pas besoin de mettre un gros pull ou ne serait-ce qu'un petit gilet. Installé sur l'immense canapé couleur taupe de la pièce de vie, il pianotait sur le clavier de l'ordinateur jusqu'à ce qu'un bruit de bouteilles s'entrechoquant les unes les autres le sortit de son état de concentration....

- Salut à toi aussi la gamine ! Si tu voulais passer incognito, c'est raté....

Il la taquinait ni plus, ni moins !

- T'es un peu un fantôme ces derniers temps... T'es sur que tout va bien ?

Le bruit des bouteilles ne cacha pas tellement sa présence aux yeux du meilleur ami de son père. Sa voix se fit entendre, sortant avec violence Murphy de sa léthargie. Serrant la bouteille d'eau contre elle, elle se pinça les lèvres et lança « excuses-moi Keny » pensant bien évidemment qu'elle l'avait dérangée. Parce que oui, depuis quelques temps, elle avait cette obsession d'avoir le sentiment de déranger tout le monde, tout le temps. Si bien qu'elle essayait de se faire la plus discrète possible. Keny n'était pas quelqu'un de méchant, et en temps voulu... elle se serait confiée à lui. Mais maintenant qu'il vivait là, elle avait peur que ça devienne vite compliqué si elle l'introduisait dans ses histoires, et puis surtout, elle voulait se sortir de ce truc toute seule. Elle lança tout de même « tu veux boire quelque chose ? » étant donné qu'elle est devant le frigo, autant qu'elle serve à quelque chose, non ? Le blond lui répondit, et elle prit une deuxième bouteille d'eau avant de refermer la porte. Elle traversa l'entrée pour entrer dans le grand salon de son père, hyper lumineux. La jeune femme, pieds nus, avança jusqu'au canapé où était installé Keny et lui tendit la bouteille d'eau. C'est à ce moment-là qu'il la taquina sur sa présence un peu « fantômatique » dans la maison. Depuis le retour de leur week-end à la campagne, Murphy fuyait tout le temps. Elle n'avait pas vraiment passé de moment avec le blond, elle n'avait pas vraiment songé à son intégration et elle s'en voulait. Parce qu'elle avait prévu de se sortir de cette phase, celle où elle était une connasse égoïste. Elle aurait du prendre du temps pour le meilleur ami de son père, surtout qu'il était cool. Mais il avait l'air d'aller bien ici, il avait le sourire en tous cas. Et puis, ça semblait faire plaisir à son père aussi. C'était le principal, après tout ce qu'elle lui avait fait subir. La jeune femme se laissa tomber sur le canapé, doucement, désireuse de ne pas prendre trop de place. Elle bailla. Elle était fatiguée. A vrai dire, depuis qu'elle avait arrêtée de manger, elle était vraiment épuisée, surtout avec la chaleur et le stress des révisions. Elle ne s'autorisait pas de pause, elle voulait réussir ses études pour que son père soit vraiment fier d'elle. Pas qu'il le soit parce qu'elle est sa fille, parce qu'elle lui aura montré qu'elle le méritait vraiment. Pour le moment, ça n'était pas le cas. Il faisait bien de la punir ici, elle n'avait aucune fierté à avoir. Murphy passa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille et lança « oui, j'essaye de réviser mes examens » en réponse à sa remarque. Elle espérait que ça puisse passer, peut-être qu'il ne se rendra compte de rien lui non plus ? De toutes façons, il y a eu tellement de sonnette d'alarme pour rien ces derniers temps. Entre l'agression subie à l'université, ses crises de nerfs et d'angoisse... ils avaient eu leur dose. Ils avaient raison de ne pas prêter attention à elle et ses problèmes. Néanmoins, il faudrait bientôt qu'elle trouve un subterfuge pour sortir de la maison et se rendre à ses séances chez le psy. Comment faire ? Quoi dire au blond pour qu'il passe outre la punition de Caïn ? Keny était cool, mais pas à ce point-là... elle ne voulait pas lui mentir, elle ne voulait pas non plus lui en parler alors quoi faire ? « Tu te sens bien ici ? » demanda t-elle en parlant de son intégration dans la maison. Elle était désireuse de savoir comment est-ce qu'il se sentait et puis aussi, si elle n'était pas trop désagréable ? Elle restait le plus souvent enfermée dans sa chambre, mais peut-être que c'était déjà trop ? Depuis leur retour de la campagne, Murphy n'avait pas vraiment parlé à son père. En fait, elle cherchait à rester assez éloignée de lui, afin de ne pas lui faire du mal par ses paroles, ou ses propos. Elle avait toujours cette sensation de chercher la merde, de causer les disputes et de le décevoir en permanence. Si bien qu'elle le fuyait, afin de ne pas lui faire de souci. Et puis il semblait réellement plus heureux depuis que Keny était là. Elle ne voulait pas tout gâcher, même si elle ressentait une pointe de jalousie envers Keny. Il ne semblait pas décevoir son père lui, il ne semblait pas lui faire du mal comme elle pouvait le faire. « Comment tu as connu papa ? » demanda t-elle alors, curieuse d'en savoir plus sur leur relation. Après tout, elle avait vu comment son père traitait parfois Keny, ça lui avait posé problème d'ailleurs, mais malgré tout, le blond était toujours là. Comment faisait-il pour que Caïn le laisse autant s'approcher de lui ? Qu'est-ce qui les unissait ? Qu'est-ce que c'était que l'amitié ?

Jamais ô grand jamais Keny ne se chargerait de l'éducation de Murphy ! Son compagnon et accessoirement père de l'adolescente lui avait suffisamment fait comprendre que la demoiselle était sa propriété et qu'il n'avait aucun droit sur elle.... En soit ce n'était pas tout à fait faux mais n'oublions pas que Caïn était ultra-protecteur quitte à parfois en faire beaucoup trop....  Toujours-est il que le jeune journaliste avait compris la leçon et qu'il ne chercherait pas à faire de zèle quant à tout ça....  

A coté de ça, Braxton pouvait quand même discuter avec Murphy sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit, il ne fallait pas non plus tomber dans l'exagération d'autant plus que Keny avait toujours été très à l'aise avec les plus jeunes et ces derniers le lui rendaient plutôt bien vu qu'en générale on le respectait et même faire part de quelques confessions..... Le fait qu'il ait été ''pion'' pour payer ses études de journalismes avaient sans doute porté leur fruit.... Allait-il avoir autant de chance auprès de la petite rebelle ? Rien était moins sur tellement elle était imprévisible.... D'autant plus qu'elle était bien plus intelligente qu'elle ne le laissait croire.....

- Y'a pas de mal.... Oublie pas que c'est moi la pièce rapportée et non l'inverse.

La demoiselle ne le dérangerait aucunement et puis comme il venait de le lui dire elle était chez elle alors pourquoi s'excuser ? L'étudiante ne faisait rien de mal....

- Si il reste une bière, je suis preneur.. Sinon de l'eau ferra l'affaire..

Allait-elle lui faire part de quelque chose ? Difficile de savoir.

- Les examens ? Je savais pas que c'était la période.... Au temps pour moi....

Ça tenait la route alors pourquoi poser plus de questions. Ca ne servirait pas à grand chose. Si Murphy avait envie d'aborder un sujet elle le ferrait de son propre chef, pas besoin d'essayer de lui tirer les vers du nez sous peine de la voir se refermer comme une huitre.  

Le fait qu'elle s’intéresse sur comment il se sentait suite à son installation au sein de cette grande villa s'avérait aussi surprenant que touchant et même si elle ne le demandait probablement que par politesse ça ne changeait strictement rien au plaisir que Keny tirait de cette interrogation. Maintenant, il se devait de faire plus qu'attention à la réponse qu'il fournirait à cette question et à celle qui venait tout juste de suivre sur comment Papa Gallagher et lui s'étaient rencontrés.

- Franchement oui....  Ce n'est jamais facile de se retrouver à la rue d'un jour à l'autre ! Vive les dégâts des eaux et vu que je n'avais pas les moyens pour me retrouver quelque chose de décent en attendant je n'allais pas faire la fine bouche quand ton père m'a proposé d'habiter avec vous mais sans parler de ça on se sent très bien chez vous... C'est grand, beau.... Ca peut paraitre ridicule dit comme ça mais c'est un peu la maison de mes rêves. Dit-il simplement.

- Ton père ne t'a jamais raconté ? Je croyais.... En fait, quand il y a eu ce cambriolage, c'est moi qui était en charge de  pondre les articles liés à tous ces pillages qu'on voyait sur South Bay, je suis revenu plusieurs fois et à force on a sympathisé.... La suite tu la connais.... Grace à mes connaissance, j'ai pu lui rendre service en enquêtant sur les Ziegler....

Tout n'était pas vrai, tout n'était pas faux, la réalité était juste un poil transformée pour éviter à Murphy de connaître la vérité quant à ce qu'il y avait réellement entre les deux hommes.

- Et du coup, je me suis pris d'affection pour vous surtout après la mort de ma meilleure amie.... C'est donc pas pour rien que je m'inquiète pour toi quand je vois que tu ne dis quasiment rien et que tu agis comme Casper le fantôme.

Lorsque Keny parla d'être une pièce rapportée, Murphy ne pu que se dire que parfois, elle avait la sensation que ça n'était pas le cas. Souvent même, elle avait l'impression que c'était elle la pièce rapportée. Qu'elle venait d'ailleurs, qu'elle n'était pas vraiment à sa place ou bien qu'elle ne savait pas réellement quelle était sa place. Parfois (souvent) Murphy jalousait la relation que les deux hommes pouvaient avoir. Ils s'entendaient bien même si la domination de son père sur son meilleur ami ne lui plaisait pas forcément. La petite Gallagher jalousait la souplesse de Keny. Il avait l'intelligence de ne pas gueuler plus fort, de ne pas frapper plus fort ou de ne pas être aussi con que les Gallagher. Et finalement, c'était lui qui avait raison. Il n'y avait qu'à regarder comment ils étaient l'un avec l'autre avec son père. Murphy n'avait pas cette complicité avec ce dernier et malgré toute la bonne volonté du monde... ça restait encore froid entre eux. La jeune femme prit une bouteille d'eau en plus pour le meilleur ami de son père étant donné qu'il n'y avait plus de bière. Elle venait de traverser la maison pour rejoindre le blond dans le salon. Elle osait à peine l'observer. En fait, ça lui faisait de la peine. De la peine parce que Keny ne lui avait jamais rien fait et qu'elle avait l'impression de lui gâcher la vie. Parce que dans le fond, elle l'aimait bien Keny. Il avait toujours répondu présent quand elle avait eu un souci, ou une question, et puis il était gentil, il apportait de la douceur entre elle et son père, sans jamais s'imposer. Elle aimait le respect qu'il avait, l'humilité dont il faisait preuve souvent, et son intelligence. De plus, ils n'avaient pas tant de différence d'âge, ce qui faisait qu'il lui semblait plus facile parfois d'avoir des réponses à ses questions à ses côtés, qu'après de son père ; même si elle aurait aimé que son père puisse répondre à ses questions. A croire qu'ils n'étaient pas branchés sur le même canal... Parfois, Murphy se demandait si Caïn était son vrai père. Après tout... sa mère aurait pu leur mentir à tous les deux. C'était peut-être pour ça qu'ils ne s'entendaient pas ? Peut-être que son père s'occupait d'elle pour se racheter une bonne conduite auprès du Dieu, sans réellement l'aimer ? Parfois ces questions là lui traversaient l'esprit. Lorsque le blond parla des examens de Murphy, cette dernière pinça les lèvres. Ce n'était pas grave qu'il ne sache pas ce détail, ce n'était -justement- qu'un détail. Murphy cherchait à se faire oublier, rappelons le. Lorsque Keny avoua se sentir bien « chez eux » Murphy arqua un sourcil. Qu'est-ce qu'il pouvait faire naître ce sentiment là chez lui ? Il disait que c'était grand et beau, Murphy trouvait cette villa tellement... aseptisée. Non pas qu'elle s'y sente mal, mais elle ne s'y était jamais réellement sentie comme chez elle. Déjà parce que ce n'était pas la maison de son enfance, mais aussi parce qu'il manquait cette chaleur, ces couleurs, ces rires, ce bruit. Caïn bossait presque tout le temps, alors non, elle n'allait pas rire aux éclats toute seule, ça n'avait aucun sens. « C'est drôle que tu trouves cet endroit chaleureux » finit-elle par dire doucement. Et voilà, encore en train de se plaindre, mais c'est pas vrai ça. Pour se forcer à se taire, elle ouvrit sa bouteille d'eau et fini par en boire une gorgée. Evoquant la rencontre entre son père et son meilleur ami, Keny lui parla d'une histoire qu'elle aurait du apparemment connaître... sauf que ça ne lui disait rien. « Cambriolage ? Comment ça ? » ça datait de quand ça ? Elle ne s'en souvenait pas. Et qui était ces Ziegler ? « C'est qui ça Ziegler ? » fronçant les sourcils afin d'en savoir plus. Mais très vite, le sujet se détourna légèrement. Keny évoquait le décès de sa meilleure amie. Le père de Murphy lui en avait touché deux mots, sans vraiment trop en dire. Il avait prévenu sa fille en lui demandant de ne pas aborder ce sujet. Murphy baissa la tête vers l'étiquette de sa bouteille d'eau que ses ongles étaient déjà en train de torturer. Keny et elle avaient ce triste point commun. Sans perdre une seconde, la douleur de la jeune femme se fit plus forte encore. Sa mère et ses frères lui manquaient énormément, et ça ne passait pas. Murphy essayait de vivre avec ce manque et cette douleur, comme si on lui avait amputé une partie vitale d'elle-même, mais elle venait de se rendre compte qu'elle n'y était pas parvenue. Murphy demanda alors doucement, timidement, en levant les yeux vers le meilleur ami de son père « elle te manque ? » Bien évidemment qu'elle connaissait la réponse, seulement elle avait besoin que Keny lui dise ce qu'elle pensait et ressentait elle aussi. Elle avait besoin qu'il lui dise qu'ils vivaient la même chose, qu'ils avaient tous les deux mal, parce que quelque part, aussi triste que cela puisse-être, ça la rassurerait. Murphy serait rassurée de ne pas être la seule à souffrir et surtout, que sa souffrance était... normale ? Tout cela n'est pas cohérent sans doute. Murphy n'évoquait jamais le décès de ses frères avec son père, parce qu'il ne les avait jamais aimé. Caïn parlait toujours en mal d'eux, même s'il faisait attention devant elle, elle voyait et ressentait son mépris. Pour sa mère... ils n'en avaient pas reparlé depuis son anniversaire au mois de mars. Murphy souffrait énormément de ne pas pouvoir parler d'eux, de sa souffrance, de la douleur, du manque, de l'absence, de cette douleur qui ne s'efface jamais. De ce trou en elle, que rien ne parvenait à combler. De ce manque qui se faisait ressentir n'importe où, n'importe quand, dans n'importe quelle situation et que Murphy devait camoufler. Parce que oui, elle ne pouvait pas se mettre à pleurer à longueur de temps... n'est-ce pas ? Alors on camoufle, comme lorsqu'on tente de cacher nos bêtises sous une couverture et puis on se force à se complaire dans ce mensonge, on se persuade. Sauf qu'un jour, on réalise que tout est encore bien au chaud avec nous. Murphy n'avait pas tourné la page, elle n'avait pas accepté le décès de sa maman et de ses frères. D'ailleurs, Keny avait l'âge que Lazslo aurait du avoir. Ils étaient de la même année... est-ce qu'ils auraient pu être ami ? Oui, certainement. Et là, à penser à eux et surtout à ressentir leur absence plus profondément que jamais, Murphy se sentit terriblement triste. Qu'est-ce qu'ils pouvaient lui manquer. Tous. Chacun. Tout le temps. A chaque seconde. C h a q u e   s e c o n d e. Murphy se mura dans le silence, voyant comme des flashs de son passé avec eux. Essayant de comprendre pourquoi est-ce que ses proches lui avaient tous été enlevés aussi violemment. Essayant de comprendre la logique, les erreurs, les explications à un phénomène qui ne peut pas être expliqué. Souvent, elle imaginait ce que sa vie aurait été s'ils avaient été encore en vie, tous. Et puis parfois, elle aurait simplement aimé que tout soit différent. Que son père ne parte jamais, qu'ils aient tous vécu ensemble dans une vraie maison familiale, que le drame ne les frappe jamais. Murphy n'avait jamais connu ce que c'était que d'avoir une vraie famille, et elle ne connaîtrait sans doute jamais ça. Son père était pas le genre d'homme à vivre avec quelqu'un, elle ne l'avait jamais vu avec personne. Et elle devait le dégoûter d'avoir un autre enfant de toute façon. Et puis bon... désormais rien ne serait jamais plus possible. Sa mère était morte, elle ne reviendrait jamais. Ni même ses frères. Murphy sentit la tristesse la submerger, de façon incontrôlable. Une larme coula sur sa joue, alors que son visage fixait encore cette étiquette qu'elle était en train de torturer. La petite blonde regrettait sa vie entière. Comme si on la lui avait arraché, comme si elle n'était rien, mais qu'elle payait pour tous. Qu'avait-elle donc fait dans une vie antérieure pour subir toute cette douleur, chaque jour ? Elle n'en savait rien. Le dos de la main de Murphy vint essuyer sa larme. Elle sentait sa gorge se serrer, elle retenait d'éclater en sanglot. Elle se força à sourire à Keny pour ne pas l'alarmer. Et puis elle lança juste « je vais remonter travailler ». Elle se leva du canapé pour grimper l'escalier lentement, la bouteille d'eau à la main. Arrivée à sa chambre, elle referma la porte et à peine celle-ci fût-elle fermée, qu'elle sentit son chagrin l'envahir d'un coup. Comme une vague, froide, violente, fiévreuse, insubmersible. Murphy sentait les larmes couler sur ses joues, tandis que son regard se posait sur sa chambre, comme si elle la redécouvrait, comme si elle n'était pas la sienne, comme si ça n'avait jamais été la sienne. Sa maison lui manquait, l'odeur de sa mère lui manquait et elle n'avait strictement rien pour la lui rappeler. Il n'existait aucun gri-gri, aucun tour de magie pour ça. Souvent, elle avait l'impression de tout oublier, oublier cette odeur, oublier les traits de son visage, son rire, sa douceur, sa voix. Et elle s'en voulait, terriblement, d'oublier tout ça. Passant ses mains sur ses joues pour essuyer ses larmes, la jeune femme ne pouvait plus les arrêter de couler. Murphy donnerait tout pour passer un peu de temps avec eux, juste pour leur dire au revoir, juste pour avoir un calin, juste pour se sentir soutenue, comprise, aimée sans condition. Elle ne s'était jamais sentie aussi triste, aussi dépourvue, aussi abandonnée qu'en ce moment. Elle n'avait personne à qui se confier, personne. Elle ne pouvait pas contacter Bailey, elle n'avait pas de téléphone portable. Elle ne pouvait appeler personne puisqu'elle n'avait personne d'autre. Son père ne voulait plus de ses confidences. Elle ne s'arrêtait plus de pleurer, se sentant de moins en moins chez elle, de plus en plus étrangère à cette vie qui était la sienne. Que pouvait-elle bien faire pour aller mieux ? En cet instant, il n'y avait rien. Rien qui pourrait la faire aller mieux. Alors la jeune fille mit sa musique, assez fort mais pas trop et ouvrit sa fenêtre. Passant par l'encadrement, elle s'installa sur le toit, comme elle avait l'habitude de le faire. Assise là, les genoux retroussés sur sa poitrine, elle se laissait aller à pleurer. La musique, c'était Maze de Jabberwocky. Devant elle, il y avait la mer, et puis le quartier dans lequel elle vivait maintenant. Pas très loin, elle pouvait voir la maison de son ancienne meilleure amie Lily, qui n'était plus là elle non plus. Comme si tout ceux qui l'approchaient étaient maudits.

C'était sans doute la toute première fois qu'ils prenaient le temps de discuter de cette façon ! La première fois que Murphy s'intéressait vraiment à lui ! Non ce n'était pas une critique envers la jeune femme car jusqu'à présent Caïn avait mit un frein au fait qu'ils cherchent tous les deux à faire plus ample connaissance..... Le trader n'avait en effet pas du tout envie que sa fille côtoie celui qui au départ était un simple plan cul ! Et puis il n'assumait pas vraiment sa préférence pour les autres hommes alors en présenter un à la demoiselle ce n'était même pas la peine d'y penser !

Certaines situations avaient engendré quelques conversations mais rien de très profond.... Maintenant qu'ils vivaient tous les trois sous le même tôit ce serait donc beaucoup plus pratique.... Le fait que Caïn ait aussi laché du lest quant à ''sur-protection'' envers Murphy pesait aussi dans la balance ! Reste à savoir quand est-ce que le père de famille serait prêt pour annoncer toute la vérité..... En attendant, Keny se devait de faire attention aux mots qu'il pourrait employé histoire de ne pas vendre la mèche..... Braxton n'avait pas envie de créer de nouvelles tensions dans son couple en mettant la charrue avant les bœufs.... Ce n'était pas son rôle de dire à Murphy que son père aimait les hommes et qu'ils étaient plus que de simples amis...... Bien qu'il ait du caractère, le journaliste savait quand il était nécessaire de rester en retrait.... Il ne se rabaissait pas contrairement à ce qu'on pourrait penser disons simplement qu'il savait quand ouvrir sa gueule et quand faire preuve de retenue.... La domination il l'appréciait dans la chambre à coucher mais jamais dans la vie de tous les jours.... Plutôt crever....

- Ah bon ? Tu sais chez vous c'est vivant.... Ca hurle, ça rigole.... Après la mort de Maggie j'avais vraiment besoin de ça.....

Comme quoi les goûts et les couleurs étaient totalement différents..... Ce que Keny ne pouvait pas dire pour le moment c'est que vivre au sein de cette famille et d'avoir plus ou moins le rôle du ''deuxième papa'' et celui du ''compagnon'' le comblait de joie.....

- Hein ? Oui un vieux cambriolage... A l'époque tu n'habitais encore pas ici.... Et pour les Ziegler laisse tomber.... C'est en rapport avec le boulot de ton père... Un client à lui si je me souviens bien.... Rien de très intéressant en fait...

Son sang n'avait fait qu'un tour ! Quelle boulette avait-il encore faite ? De quoi était au courant la demoiselle ? Des goutes de transpirations liées au stress perlaient sur son front ! A croire que Caïn ne disait absolument rien à sa progéniture...... C'était tout de même assez impressionnant de vouloir l'épargner en ne relatant aucun fait..... Elle était suffisamment grande pour comprendre telle ou telle chose...

- Maggie ? Oui forcément.... Tu sais je suis fils unique et on a grandit ensemble elle et moi alors quand elle est monté là-haut, j'ai perdu une grosse partie de moi.

Mine de rien tout ça était encore frais beaucoup trop même alors il ne souhaita pas s'étendre d'avantage sur le sujet d'autant plus qu'une larme venait de naitre sur le visage de l'adolescente et comme d'habitude cette dernière prenait la fuite pour éviter de fournir des explications....

Ce n'était pas une bonne idée de rester la sans rien faire, le blond quitta donc le canapé pour monter au premier étage, là où se trouvait le refuge de l'adolescente, il frappa deux coups avant d'entrer dans la pièce.... Murphy était là prêt de la fenêtre pleurant à chaudes larmes, cette image lui rappelait sa propre vie il y a de ça quelques années plus tôt... S'approchant doucement d'elle, il posa sa main sur son épaule

- Je crois que t'as besoin de parler.... Tu peux me faire confiance, tout ce que tu me diras restera entre nous deux.... Mais faut pas garder ce qui nous fait du mal.... Ca n'engendre rien de bon... Tu peux tout me dire ! Vraiment tout...

Bon ça faisait psychologie de bas étage mais c'était pourtant la vérité...

Murphy avait le visage dans ses bras fermés, au dessus de ses genoux remontés contre elle. Elle ne tarda pas à entendre les deux coups frappés contre sa porte. Bien sûr qu'elle savait de qui il s'agissait, son père n'était pas apparu dans la maison comme par magie. Keny ouvrit doucement sa porte et très vite, arriva près de la fenêtre. Murphy ne le regardait pas, mais elle ne tarda pas à sentir la pression de sa main sur son épaule. Il était gentil avec elle, mais elle n'autorisait pas qu'on le soit avec elle, elle ne méritait pas ça. Et ça lui faisait de la peine, elle ne voulait pas faire de mal à Keny, il avait toujours été gentil avec elle. Keny avait comprit que quelque chose n'allait pas, ce qui n'était pas compliqué à comprendre. Il voulait engager la conversation, mais ce n'était pas quelque chose de possible pour la jeune femme. Elle ne pouvait rien lui dire. Bien qu'il ne l'ait pas trahi pour les joints qu'il avait vu dans sa poche à l'époque où Lily était encore dans les parages. Lily... Murphy avait l'impression qu'elle n'avait jamais réellement existé, l'avait-elle imaginée ? La jeune étudiante se décala pour laisser un peu plus d'espace devant la fenêtre, invitant le blond à venir sur le toit s'il le désirait. « J'ai pas envie de parler » murmura t-elle en passant sa manche sur ses yeux pour essuyer ses larmes. Son menton se posa sur l'un de ses bras, et elle essaya de se contenir le plus possible. Elle était minable, quoi qu'elle fasse, elle le foirait. Elle n'avait rien de commun avec son père, lui, il réussissait tout. Il se donnait les moyens d'avoir ce qu'il voulait, il travaillait dur et il atteignait ses objectifs. Elle... elle ne faisait rien et foirait le peu de choses qu'elle entreprenait. Elle avait honte pour son père, d'être sa fille. Il aurait mérité une fille à sa hauteur, une fille brillante, une fille avec du caractère, une fille déterminée qui sait ce qu'elle veut, qui soit pleine de vie, qui ait plein d'amis, qui fasse plein de projets. Mais elle n'y arrivait pas, elle ne parvenait pas à être comme ça. Les secondes défilèrent, imposant un silence salutaire pour la jeune femme. Les silences sont aussi précieux et verbaux que certains mots, c'était ce qu'elle pensait. A quoi bon se plaindre à Keny ? Il ne pourrait rien y faire et puis, il avait déjà ses problèmes, à quoi bon lui faire part de ses malheurs ? Il fallait qu'elle se débrouille seule, comme une adulte. « J'te d'mande pardon Keny » souffla t-elle alors, retenant ses larmes. Sa gorge se serra, c'en était douloureux. « J'ai pas envie d'être désagréable avec toi, t'as toujours été gentil » avoua t-elle en pinçant ses lèvres. Mais elle devait bien lui donner une explication, quelque chose pour qu'il comprenne, sinon... ça serait peut-être encore plus bizarre, non ? « Ça n'va pas trop depuis quelques... temps » expliqua t-elle simplement. Elle ne voulait pas trop en dire, elle avait peur qu'il en parle à son père... en même temps, ne serait-ce pas la meilleure chose à faire ? Ne fallait-il pas que Caïn soit au courant ? A nouveau, elle se mura dans le silence. « J'ai... » elle hésitait à parler. Son père ne voulait plus qu'elle se confie à lui, c'était sûrement le cas de Keny. Qu'en avait-il à foutre de tout ça, lui, il créchait juste là. « Laisse tomber, ça passera » finit-elle par dire en se fermant totalement.

Qu'adviendrait-il de cet échange ? Est-ce que Murphy allait enfin s'ouvrir en lui racontant les maux qui lui causaient du soucis ? La réponse n'allait pas tarder ! Mais surtout est-ce que Keny arriverait à gérer ce qu'il était susceptible d'apprendre ?! Difficile à dire ! Ce dont la jeune femme pouvait être certaine c'est qu'il serait une tombe ! Braxton était le genre d'homme en qui on pouvait avoir une confiance aveugle ! Jamais il ne dévoilera un secret, jamais il ne trahira quelqu'un !

- Pourquoi tu demandes pardon ? Tu n'as rien fait de mal.... Tout le monde à le droit d'avoir un coup de blues.... On a le droit de craquer.... Personne ne nous l'interdit....

Sur ce point là, le père et la fille se ressemblaient énormément ! Tout comme Murphy, Caïn avait beaucoup de mal à reconnaître ses failles, à parler de ce qui n'allait pas et pourtant c'était un comportement des plus humains qui soit.....

- Oui, là tu ne m'apprends rien et j'ai toujours respecté ta pudeur mais tu sais il arrive à un moment où faut extérioriser.... D'où l'intérêt d'en parler....

Ca l'ennuyait vraiment de tenir ce genre de discours et pourtant la situation l'exigeait !

- Ecoute t'as fait le plus dur.... Je veux pas te forcer mais faut que ça sorte de toi mais si vraiment c'est trop difficile pour toi je peux t'emmener dehors pour qu'on se défoule toi & moi.... Faut te vider la tête Murphy..... Dis moi ce que tu veux et je suis ton homme pour le reste de la journée...

Keny voulait l'aider, il semblait à la recherche d'un moyen pour la faire parler, pour la soulager de ses maux. Murphy ne parvenait pas à se livrer au jeune homme, elle n'avait pas reçu cet exemple. Son père pestait, gueulait, mais ne se plaignait pas réellement de la vie qu'il menait. Son papa était un leader, un meneur et il se fichait qu'on le suive ou non. Murphy se sentait profondément triste parce qu'elle n'était pas comme ça, elle n'était de la même trempe que son père. Elle aurait pu se confier au garçon, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Si bien que dans un premier temps, elle laissa le joli blond parler tout seul. Lorsqu'il lui proposa d'extérioriser sa colère, sa douleur dans une activité à l'extérieur, la jeune femme tourna la tête vers lui.. Cette idée était plutôt intéressante et elle se voyait déjà mettre des gants de boxe et se défouler sur un ring, seulement un détail lui revint en mémoire « je suis punie, je n'ai pas le droit de sortir de la maison » avant de regarder de nouveau face à elle. Un silence s'installa. Si Keny passait outre la punition du père de Murphy, ce dernier serait prêt à le foutre dehors pour cet affront. Pour ce qui concernait Murphy, sa vie et son éducation, il n'y avait que lui qui avait son mot à dire et bien évidemment, il était le meilleur pour ça. Murphy soupira et puis fini par dire « attends » avant de se redresser subitement. Quelque chose lui était venu en tête, un souvenir, un flash, comme si son esprit torturé essayait quand même de lui offrir la possibilité de le sauver. La gamine quitta le toit en s'appuyant sur le meilleur ami de son père et regagna sa chambre « suis-moi » lança t-elle en prenant la direction du rez-de-chaussée de la villa Gallagher. La gamine traversa l'immense maison pour ouvrir la baie vitrée donnant sur le jardin. Au fond de ce dernier, il y avait un petit abris. Et dans cet abris très exactement, il y avait les rares objets que Murphy avait pu cacher à son père, quelques petites choses qui avaient appartenu à ses frères. L'étudiante entra dans ce merdier et commença à chercher la caisse où elle avait cachée ces reliques. Le trouvant, elle le tira dehors et sourit en trouvant ce qu'elle voulait trouver en venant jusqu'ici. « J'ai caché des trucs appartenant à mes frères ici, papa ne le sait pas » et bien évidemment, en avouant cette cachette qui relevait de véritables pièces sacrées pour elle, elle espérait que le blond garde son secret. Il était hors de question qu'on lui prenne ces objets. Il y en avait cachés dans sa chambre, mais elle avait gardé des objets ici, dont elle ne se servait pas. La petite blonde sortit deux paires de gants de boxe « mes frères en f'saient » expliqua t-elle en touchant le cuir blanc et rouge des gants. Elle les revoyait en train d'en faire souvent dans l'allée du garage de leur maison et elle se souvint aussi d'aller souvent les voir sur le ring d'entraînement. « Tu sais en faire ? » demanda t-elle, espérant qu'il lui réponde oui. La gamine lui tendit les gants blancs, ceux de son frères cadet et puis garda ceux de Lazslo pour elle. Ses frères lui manquaient tellement. Elle s'aida de ses dents pour scotcher les gants bien trop grands pour elle, et puis frappa l'un dans l'autre. Ses gants en mains, la jeune femme avait l'impression de renouer avec une part de son passé et quelque part, c'était réconfortant, du moins tout autant que c'était douloureux. La jeune femme s'éloigna un peu du carton et regarda Keny. Elle s'approcha de lui et commença à donner des coups un peu au hasard. Au départ, c'était maladroit, elle ne savait pas comment envoyer son poing, ni même comment placer son corps ; mais à un moment donné, un coup plus fort que les autres frappa le blond dans ses gants. Murphy commençait à se souvenir de son passé, de la douleur qu'elle ressentait, de tout ce qu'il lui traversait l'esprit en ce moment et elle enchaîna plusieurs coups d'affilé.

Ce serait sans doute très long pour qu'elle prenne confiance et décide de se livrer mais la bataille ne semblait pas impossible ni même perdue d'avance ! Keny allait s'accrocher ! Tout le monde savait que baisser les bras ce n'était pas dans sa nature ! Et même si la demoiselle ne se confiait pas aujourd'hui il pouvait toujours essayer de lui changer les idées et d'extérioriser ce qui la bouffait en trouvant une activité.... Se faire violence physiquement parlant fait beaucoup plus de bien qu'on pourrait le croire au niveau du mental....

- Si tu ne dis rien à ton père, je ne dirai rien non plus.... Faudra juste qu'on soit là aux alentours des 18h00.

Keny pouvait très bien lever la punition pour quelques heures à condition que cela reste entre eux ! Et puis selon l'idée qu'il trouverait peut-être qu'il n'y aurait même pas besoin de quitter la villa ! Réponse dans quelques minutes !

Visiblement emballée par la proposition, Murphy semblait avoir quelque chose en tête ! Le blondinet intrigué lui emboita donc le pas en direction du rez-de-chaussée pour ensuite se réfugier dans ce qui ressemblait plus ou moins à un ''sanctuaire'' d'objets cachés ! Cette jeune fille était vraiment épatante ! On était très très loin du cliché de l'ado passant son temps sur les réseaux sociaux !

- J'adore ça même ! Sans être un expert, j'ai déjà pris quelques cours quand j'étais ados et de temps en temps j'aime bien monter sur le ring juste comme ça...

Keny pratiquait en effet pas mal de sport et même si la boxe n'était pas son préféré il lui arrivait d'en faire ! Et pour le coup, c'était un très bon défouloir. Le blondinet expliqua deux trois petites choses afin que l'adolescente ne se blesse pas avant de commencer le ''combat''.

- Plus fort ! Encore plus fort..... Tu ne me fais pas mal.... Continue...

Et son idée fonctionnait à merveille ! Murphy se défoulait, Murphy extériorisait et envoyait toute sa rage dans les gants de boxe ! Mine de rien, la demoiselle avait de la force ! Elle ne lui faisait pas mal mais Braxton se devait de forcer dans les jambes pour ne pas reculer...

Keny était prêt a suspendre la punition de Murphy pendant quelques heures mais la jeune femme n'était pas à l'aise avec cette idée. Son père lui en voulait déjà suffisamment et pour de bonnes raisons, elle avait besoin de faire sa punition complètement et dans le respect de son père, même s'il ignorait ce genre de détails. Murphy était dans une sorte de purge, autant physique que mentale et l'idée de faire tout ce travail pour finalement mentir à la seule personne pour laquelle elle se battait aujourd'hui ne semblait pas faire sens. Alors non, il était hors de question pour elle de trahir son père, d'une quelconque façon. Les deux blonds s'étaient rendus au jardin pour sortir des cartons humides les vieux accessoires de boxe des frères de Murphy. Ca fit bizarre de les voir aux poignets de Keny ainsi qu'aux siens, elle avait l'impression de commettre un sacrilège autant qu'elle ne semblait pas à la hauteur de les porter. Une seconde, Murphy s'imaginait en train de boxer avec ses frères à la place de Keny. Si seulement la vie avait été différente... mais ça n'était pas comme ça que ça se jouait. Elle avala difficilement sa salive tout en enfilant ses gants et Keny lui avoua avoir pratiqué par le passé un peu de boxe, ça fit tilt chez la jeune étudiante qui lui demanda tout de suite « tu as peut-être croisé mes frères alors ? » parce que oui, ils en faisaient aussi à leur époque et qu'ils avaient à peu près le même âge que Keny. Parler avec des gens qui connaissaient ses frères -et qui les appréciaient- ça manquait à Murphy. Elle avait l'impression de ne pas avoir le droit d'évoquer leurs prénoms, leurs passés, leurs histoires. C'était comme des identités dontonnedoitpasprononcerlenom. Et ça la rendait profondément triste surtout. Keny semblait déterminé à lui faire extérioriser sa rage, si bien qu'il l'encourageait à frapper contre lui. La gamine eu du mal à se lancer, mais lorsque l'un de ses poings, lancé plus fortement que les autres fit sensation auprès du meilleur ami de son père, elle s'arrêta une seconde. Keny lui disait d'y aller, qu'elle ne risquait pas de lui faire mal. Murphy sourit légèrement et continua, frappant plus fort comme pour tester le jeune homme. Et finalement, au fil des coups, Murphy ne se rendit même pas compte qu'elle perdait son sourire. Ses yeux étaient rivés sur les gants blancs de Keny, tandis que ses rouges à elle -ou plutôt à son frère- venaient s'écraser contre les siens. Elle sentait sa propre force se décupler dans ses avant-bras, résonnant aussi dans ses jambes. La jeune femme sentait son corps se tendre, tout autant que quelque chose se libérait en elle. Les coups s’enchaînèrent et elle ne se rendit même pas compte du rythme soutenu qu'elle était en train de développer. La chaleur se fit ressentir, sa respiration se fit entendre et elle appuyait chacun des coups portés contre le blond, les yeux toujours fixés sur ses gants. Elle ne pensait à rien, autant qu'elle pensait à tout. C'était une sensation étrange, un sentiment presque libérateur, sans prise et sans charge terrestre mais qui semblait révélateur dans sa spiritualité. Quelque chose se libérait en elle, au delà de son propre corps. Dans les gants blancs de Keny, la jeune femme y voyait son propre reflet qu'elle voulait marteler, mais également sa vie et la triste vérité quant à son histoire personnelle. Elle frappait à la fois la mort de ses proches, tout autant que la vie qu'elle n'arrivait pas à chérir depuis leurs départs successifs. Elle était la seule survivante des siens -hormis son père- et pourtant, elle était la seule qui ne parvenait pas à vivre. La jeune femme se détestait de ne pas être à la hauteur, de ne pas y parvenir, de ne pas pouvoir être fière d'elle et que ses proches ne le soient pas non plus. Au fil des coups et de sa respiration saccadée, la jeune femme ne se rendit même pas compte qu'elle commençait à pleurer. Ce n'est que lorsque sa vision se troubla et que ses jambes se mirent à trembler -rappelons qu'elle ne mange plus rien, ou très peu de choses qu'elle va ensuite vomir- que Murphy arrêta subitement son acharnement pour finalement prendre une longue inspiration tout en libérant de façon expressive ses sanglots retenus. Murphy fondit en larmes en se tournant pour poser ses gants sur son visage, elle ne pouvait pas sécher ses larmes et c'était la raison du pourquoi elle avait tourné le dos au meilleur ami de son père. La gamine sentit un profond sentiment de tristesse l'envahir alors qu'elle fini par dire entre les sanglots et sa respiration sportive « j'y arrive pas... » comme une enfant qui craque complètement.

''Tes frères ? Non je ne pense pas.... La boxe j'en ai énormément fait du temps où j'habitais sur New-York mais depuis que je suis ici, je me suis rendu à la salle seulement une fois... ''Mais ce qu'il ne disait pas c'est qu'il avait rencontré les frères de la demoiselle dans un autre contexte : en se rencardant sur eux pour le compte de Papa Gallagher ! Et ce n'était de toute façon pas à lui d'en parler.... Même si Keny avait joué un rôle dans cette histoire c'était à Caïn d'aborder ce point avec sa fille et p as à lui.... Braxton n'était pas là pour faire le sale boulot..... Et puis merde il l'appréciait cette gamine alors ce n'était pas le moment de se la mettre à dos.

Après un bon petit quart d'heure à se rendre les coups, les confessions n'étaient toujours pas au rendez-vous mais au final ce n'était pas très grave.... Murphy s'était lâchée et c'était bien ça le plus important... Keny était arrivé à provoquer quelque chose en elle à savoir les larmes et il en était fière.... Non ce n'était pas son coté masochiste qui ressortait mais pleurer fait souvent beaucoup de bien surtout quand on garde des choses en soit depuis trop longtemps....

Touché par l'état dans lequel se trouvait l'adolescente, Keny quitta à son tour les gants de boxe avant de la rejoindre pour la prendre dans ses bras. ''Bien-sur que si... Et crois moi je suis pas le genre à passer la pommade pour faire plaisir... Regarde comme tu viens de te défouler.... C'est pas tout le monde qui est capable de me faire reculer.... On s'en fout si tu n'arrives pas à trouver les mots pour exprimer ce que tu ressens, ca viendra mais tu viens d'extérioriser et d'ici quelques heures tu te sentiras déjà mieux dans ta peau...'' Il s'autorisa à déposer un baiser sur sa tête avant de relâcher son étreinte.

''Fais pas comme ton père en mettant la barre beaucoup trop haut.... Vous êtes trop durs envers vous même les Gallagher, c'est assez impressionnant.''Oui ca ne servait à rien de se faire des nœuds au cerveau ! ''Allez viens, on va retourner au salon, ton père devrait pas tarder à débarquer..''

Lorsque Murphy s'effondra en larmes, Keny eu le réflexe de venir vers elle pour la prendre dans ses bras. La jeune femme n'était pas habituée à ce genre de geste, à dire vrai, il n'y avait que dans les bras de son père qu'elle pleurait et s'autorisait à le faire. Mais son père n'était pas disponible et même s'il l'avait été, il n'aurait pas voulu l'entendre se plaindre et pleurer comme la sale gosse qu'elle était. Murphy posa simplement son front sur le torse du meilleur ami de son père, essayant de se tenir à distance de lui tout de même, parce qu'elle était gênée d'être aussi près de lui physiquement. Keny essayait de la rassurer comme il le pouvait et ça faisait du bien à la jeune femme d'entendre ce qu'il disait. Ca changeait des paroles « réconfortantes » de son père qui en réalité ne l'étaient pas vraiment. Murphy sentit qu'il déposait un baiser sur ses cheveux. C'était peut-être rien pour lui, mais pour elle, c'était un geste encore une fois réservé exclusivement à ses proches, à sa famille qui désormais se consolidait autour d'une seule et unique figure : son père. Etait-ce aussi ça le problème ? N'avoir que lui ? Force est de constater qu'il n'y a que lui autour d'elle et que c'est sur lui qu'elle se défoule. Keny s'éloigna un peu d'elle et Murphy fini par décrocher ses gants, alors qu'il évoquait le style Gallagher. Il voulait retourner dans le salon, mais Murphy devait ranger les gants avant, histoire qu'il ne tombe pas dessus. « Attends, je vais prendre les gants » lança t-elle encore essoufflée par l'effort. Après avoir arraché les siens avec les gants, elle s'attarda sur ceux de Keny. A ce moment-là, elle lança sans le regarder dans les yeux « je... » elle ne savait pas comment le dire, ni même si Keny allait garder ça pour lui, mais elle avait besoin de son avis, de se sentir soutenu quelque part... « je vais aller voir un psy pour... pour parler de tout ça » lança t-elle en levant les yeux vers ceux du blond. « Je... » elle retira les gants au blond et alla les déposer dans le carton qui était encore sorti, afin de les ranger dans le cabanon. « Je ne sais pas si papa t'a raconté notre week-end à la montagne ? » demanda t-elle en refermant la porte de la petite cabane en bois. Elle attendit la réponse du jeune homme et puis continua en avançant vers la maison « ça ne s'est pas bien passé du tout et... et j'ai compris que tout ça, ça venait de moi » avoua t-elle en passant à travers la porte vitrée ouverte. Ils avancèrent jusqu'à la cuisine où ils prirent des bouteilles d'eau fraîches. « J'ai réalisé que je faisais tout payer à papa : ma douleur d'avoir perdu maman et mes frères, ma douleur de ne pas réussir à me lier aux autres, de n'avoir que lui... » elle soupira et puis lança « je n'ai que lui, c'est la personne la plus importante à mes yeux dans ma vie et l'idée de le perdre m'angoisse tous les jours, seulement... je fais tout pour le faire partir » avoua t-elle en sentant sa gorge se serrer « j'ai l'impression qu'il va repartir, que je l'ai... trop déçu, que j'ai vraiment fait de la merde » avouant ça, elle posa ses coudes sur le plan de travail et frotta ses yeux humides. « Je fais toujours tout pour le blesser, pour l'éloigner de moi, pour le rendre malheureux parce que je suis incapable d'assumer certaines choses » comme le décès de sa famille. Finalement, elle sécha ses larmes et lança « je... j'vais pas bien et je sais que j'ai des problèmes... j'veux pas qu'il sache ce que je fais, je... je veux juste essayer de grandir, de m'améliorer avant que... avant que ça ne soit trop tard » si ça ne l'était pas déjà. Devait-elle lui parler de ses troubles alimentaires qui étaient revenus ? Non, parce qu'il la ferait chier avec ça, elle contrôlait la situation. C'était toujours ce que disaient les malades, non ?

Sous ses muscles et sa carrure imposante, Keny cachait un cœur sensible ! Ce n'était pas un homme faible qui pleurait pour tout et n'importe quoi mais disons que certaines situations pouvaient le bouleverser.... Et aujourd'hui c'était le cas ! Après cette séance de sport émotionnellement intensive, Murphy laissait couler les larmes et ça le touchait bien plus qu'il ne le pensait..... Difficile de dire pourquoi d'ailleurs.... Peut-être parce qu'il y a quelques mois en arrière il aurait eu lui aussi besoin d'un acte similaire suite au décès de Maggie.... Pour le coup, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui... On lui avait tendu la main mais il n'avait jamais osé la saisir préférant tout garder pour lui.... Keny était doué pour donner des conseils mais pour les mettre en place dans sa propre c'était une toute autre histoire.... Il n'allait donc pas insisté d'avantage se rendant compte que de son côté il n'aurait probablement pas fait mieux..... Une chose était certaine cette adolescente comptait officiellement pour lui.... Il n'avait aucun doute sur ça mais ce qui venait de se passer au milieu du jardin était comme une sorte confirmation...

''Pas vraiment.... Caïn ne me parle pas beaucoup de ce qui le chagrine.. Par pudeur sans doute.... J'ai juste reçu un message comme quoi il y avait des problèmes d'eau chaude, de réseaux et que c'était par moment trop silencieux pour lui...'' Mais ce que Keny ne disait pas c'est ce fameux baiser que Murphy avait échangé avec l'une de ses amies.... Un simple bisou qui avait mis le trader dans tous ses états.... Braxton ne savait pas s'il devait en parler.... Et clairement ça le saoulait de devoir faire attention à chacun de ses paroles....

Il n'eut pas le temps de réfléchir plus que ça au fait ou non de balancer l'info vu que la demoiselle enchaina les confessions... Le discours de Murphy était bouleversant et sans surprise il lui rappelait plus ou moins ceux de Caïn mais du point de vue inverse..... Ce que Keny retenait de tout ça ? Un énorme problème de communication entre un père et une fille....

''Ecoute moi bien..... Ton père t'aime plus que tout au monde.... Il a juste beaucoup de mal à te le dire et s'y prend très mal pour te le montrer..... Quand il s'énerve contre toi c'est parce qu'il a peur qu'il puisse t'arriver quelque chose.... Il a un gros problème pour faire part de ses sentiments.....'' A force Keny allait éveiller les soupçons quant à sa relation avec papa Gallagher car pour un meilleur ami il en savait des choses..... ''Il ne compte pas partir.... Il se sent bien ici.... Et je suis là pour le surveiller de toute façon....'' Encore une fois si Keny avait la chance de pouvoir lui dire toute la vérité tout serait beaucoup plus sumple mais il n'avait pas le droit de prendre cette décision....

''Je peux t'aider et je veux t'aider si tu penses que je puisse être la bonne personne..... Faut juste qu'on fasse très attention..... Ton père pourrait très bien me couper la tête s'il apprend que toi & moi on partage des secrets...'' dit-il en posant sa main sur l'épaule de la demoiselle.

Keny avoua ne pas réellement savoir ce qu'il s'était passé à la montagne. Est-ce que c'était nécessaire de le lui raconter ? Oui, pour Murphy ça l'était, elle voulait plaider coupable face à ce terrible week-end. « En fait, avant que Lily ne parte à Londres... on a été à une soirée étudiante. On a bu, on a fumé » elle releva la tête et lança « papa ne sait pas ça par contre ! » avant de continuer un peu moins rassurée « et je l'ai embrassé quand on était dans la piscine... je... je ne sais pas pourquoi je l'ai fait... » elle s'enfonça dans le canapé, fuyant le regard du meilleur ami de son père. Il allait la prendre pour une fille bizarre, une lesbienne. « On était proches et puis Lily elle est super jolie et comme j'avais jamais embrassé personne... j'en savais rien moi » se justifia t-elle. « Lily est partie après, on s'parle plus et j'voulais en parler à papa parce que je me posais plein de questions » continua t-elle avant de soupirer « bref... tu connais papa ». Elle leva les yeux vers Keny pour chercher son soutien. « Il m'a engueulé sur le fait que j'étais irresponsable, il m'a puni et comment il parlait de ce qu'il s'était passé... j'avais l'impression que dans ses paroles c'était quelque chose de mal, qu'il était désolé pour moi, que j'étais... » elle chercha ses mots « comme si j'étais malade, tu vois ? » lança t-elle pour expliquer ce qu'elle avait ressentie. « Moi j'me suis sentie vexée et humiliée alors je... » elle s'arrêta après avoir soufflé un grand coup. Elle devait avouer ce qu'elle avait dit à son père. « Je l'ai insulté d'homophobe » avoua t-elle honteuse. « Même si je regrette ça, j'ai quand même l'impression qu'il y a une part de lui qui l'est, tu vois ce que je veux dire ? » essaya t-elle de faire comprendre au blond. « Bref, c'est partit en couille, il... il a quitté la maison, il a dormi dehors et le lendemain quand je me suis réveillée... j'ai cru qu'il... » elle baissa les yeux et attrapa un coussin pour le prendre contre elle. « J'ai cru qu'il m'avait encore... » elle ne voulait pas dire ce mot, mais c'était le cas « abandonnée ». La jeune femme marqua un temps de silence et puis continua sur sa lancée, balayant ses confessions aux oreilles de Keny. Avouant la peur de le perdre, le sentiment de culpabilité qu'elle avait et tout le reste. Le blond essaya de lui faire entendre raison, de lui faire comprendre que son père l'aimait plus que tout, mais Murphy n'en était pas certaine, ce n'était même clairement pas le cas selon elle, si bien qu'elle fit un non de la tête. « J'suis pas sûre de ce que tu dis » avoua t-elle avant de soupirer. « J'ai l'impression qu'il... qu'il a voulu me prendre avec lui rien que pour... pour se racheter une conscience » c'était dur, mais c'était la vérité. « J'sais pas il... je sais pas » elle haussa les épaules. Elle ne pouvait pas dire qu'ils ne partageaient rien, ou très peu de choses, mais c'était quand même le cas, non ? Surtout après ce week-end à la campagne, elle sentait que tout était faux entre eux, qu'il se forçait à sourire avec elle et à lui parler, mais que la déception était trop grande. « Je crois que j'suis juste pas à la hauteur en fait » elle observa cette grande villa et lança « j'trouve pas ma place ici » sa main vint sécher ses yeux encore humides et puis elle lança la gorge serrée « j'suis souvent jalouse de votre amitié... » avoua t-elle à nouveau comme une confession « parce que toi... t'es plus intelligent que moi, tu sais comment te comporter avec lui » alors qu'elle, elle l'ignorait. Il y avait tant de choses qu'elle ignorait sur son père, elle avait l'impression de ne pas le connaître et de ne connaître de lui que des éléments factuels de surface. Quand Keny lui avoua que la foudre Gallagher ferait mal là où elle allait tomber, elle hocha la tête et lança tout de suite « je ne te demanderai pas de lui mentir, je ne veux pas le faire moi-même » elle prit quelques secondes et ajouta « j'irai... j'irai voir un psy avant ou après mes heures de travail, papa ne s'en rendra pas compte et... j'veux pas te mettre dans une position délicate par rapport à lui » néanmoins, une question lui brûlait les lèvres et elle voulait en connaître la réponse. « Est-ce qu'il va bien papa ? » demanda t-elle en levant les yeux vers ceux du blond. Et elle ne parlait pas d'un « ça va ? », est-ce qu'il allait véritablement bien ?