with or without you (maliam)

Le plus fou dans ma dernière dispute avec Liam, lors du voyage d’affaire à Bali, c’est que ça a propulsé nos carrières un peu plus. Des témoins nous ont vus et entendus, même filmé et dès le lendemain, on parlait de nous. L’influenceuse et la présentatrice radio qui se prenne la tête dans les couloirs d’un hôtel pour une histoire de mec. Depuis, on se fait discrètes, on ne se voit pas. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi je devrais lui adresser de nouveau la parole. Même si, avant que je quitte la chambre, elle m’avait fait mal au cœur en se mettant à pleurer devant moi, je n’en oublie pas ses paroles. Elle est allée trop loin, tout comme moi. Mais au moins, ça a mit un point final à notre relation. C’est peut-être ce qu’il nous fallait depuis que je l’ai quitté. Une vraie rupture, une vraie « discussion » qui dit stop. « Malibu ! » La voix de mon patron me sort de mes pensées. Je me lève en vitesse pour rejoindre son bureau, ou se trouve déjà mon co-animateur lourd dingue. « Oui ? » Dis-je simplement en entrant dans la pièce. « Liam Bailey, l’influenceuse. Je veux qu’elle vienne l’émission. Tu la connais, non ? » C’est une question ironique. Il sait très bien que je la connais. « Je m’en fiche en fait. Elle viendra vendredi. Vous aurez pleins de choses à vous dire j’imagine. » Je ris jaune. Il cherche le clash en direct. Jamais de la vie avec moi. Dans la foulée, quand je me remets derrière mon bureau, je contacte Liam. On doit se voir avec l’émission. Qu’on se mette d’accord sur notre dispute. Elle accepte. Nous nous parlons formellement, comme si nous nous connaissions pas.

Mes talons claquent contre le sol alors que j’agite mes pieds, impatiente de la voir arrivée. Elle a deux minutes de retard, je déteste ça. Mais ce n’est pas grave. Je l’entends à l’accueil demandé la direction de mon bureau. Je me lève alors pour lui faire signe de la main de venir me rejoindre. Moi qui ne voulais pas la revoir, c’est loupé. Mais c’est juste pour l’émission, après ça, c’est terminé. Le seul point positif de cette histoire c’est qu’on parle de nous. Les audiences de l’émission ont vraiment monté depuis cette dispute. « Assied toi, je t’en prie. » Lui dis-je en me mettant sur mon fauteuil. Nous nous sommes même pas dis bonjour, il faut aller à l’essentiel. « Puisque tu viens à l’émission ce vendredi, je pense qu’on devrait se mettre d’accord sur l’histoire de Bali. » Je reprends ma respiration. « On va nous poser des questions là-dessus, c’est sûr. » Je vais droit au but. « Je ne préfère pas qu’on parle de notre relation à toutes les deux. » Dis-je simplement. Suffirait juste qu’on dise qu’on a eu un mec en commun, d’ou notre dispute. Personne n’a besoin de connaître notre histoire d’amour d’il y a sept ans.

Les jours qui ont suivis l'explosion de ma vie à Bali sont assez flous. Je me souviens que la production m'a demandé de partir, ma crise ne respectant pas les termes de mon contrat avec toute cette exposition négative. En effet, les autres invités ont filmé la scène et c'est ce que les médias a retenue du weekend: le clash entre Liam et Malibu. Pas le lancement de leur produit. Une partie de moi avait envie de les envoyer chier et de pleurer parce qu'il s'agissait de l'invitation la plus importante de ma carrière, mais j'étais trop anéantie pour dire quoique ce soit. Je suis rentrée à Wellington sur le premier avion, sans Malibu. Dieu merci. Je ne sais pas ce qu'elle a fait suivant notre altercation, mais elle n'était pas sur mon vol. En arrivant, j'ai téléphoné à la seule personne que j'avais envie de voir: Charlotte. J'avais encore trop de larmes à évacuer et c'est la seule amie que j'ai sur cette île. Évidemment, mon frère est là aussi, mais je ne peux pas aller vers lui. Il finira forcément par entendre la dispute entre Malibu et moi et je ne peux qu'imaginer à quel point il sera en colère. J'aime mieux repousser, même si c'est mal, notre prochaine rencontre.

Et là, ce que je n'avais pas du tout anticipé s'est produit: l'altercation entre mon ex et moi a attire de l'attention sur mon compte. Ma boîte de courriels s'est remplie, les followers sont arrivés, les articles se sont multipliés. Un blessing in disguise comme on pourrait l'appeler. J'ai séché mes larmes et j'ai pris le temps de répondre à tous ceux qui m'ont écris. Même Malibu. Son émission est l'une des plus écoutée au pays et afin de calmer le jeu, je me doute bien qu'un passage pourra jouer en ma faveur. Alors quand elle me contacte afin qu'on puisse mettre l'histoire au clair, j'accepte. Par professionnalisme et parce que je ne peux laisser passer cette opportunité. Bien mise, sans pour autant en avoir fait des tonnes, je me pointe à la station où l'on m'indique son bureau. Un salut cordial, pas de contact. C'est parfait ainsi. « Assied toi, je t’en prie. » Je prends place face à elle et je reste droite.  « Puisque tu viens à l’émission ce vendredi, je pense qu’on devrait se mettre d’accord sur l’histoire de Bali. » « Je pense que c'est nécessaire, en effet. » Je suis déconnectée de mes émotions, c'est un peu comme si j'étais indifférente à tout ce qu'elle peut me dire. À vrai dire, elle m'a vu pleurer une fois, c'est déjà bien trop, alors là, j'ai plus l'air d'un robot.  « On va nous poser des questions là-dessus, c’est sûr. » J'hoche la tête. « J'ai contacté le producteur afin d'avoir la liste des questions par courriel. Je t'enverrai mes réponses. » Mais avant, nous devons nous mettre d'accord. « Je ne préfère pas qu’on parle de notre relation à toutes les deux. » Sa voix est plus calme, plus basse, et le fait qu'elle ne veut pas exposer notre passé me rassure. J'avais peur qu'elle décide de nous exposer au grand jour. Je n'ai pas peur d'exposer que j'aime les femmes, mais avec ce qui c'est passé à Bali, ma relation avec Malibu est officiellement la pire période de ma vie et je ne souhaite jamais en reparler. Avec elle, ou avec personne. J'ai déjà une séparation en cours, c'est déjà bien assez. « Je suis d'accord. Ça ne sert à rien de le mentionner, ce n'est pas pertinent. » Sauf que l'émission pourrait jouer vache en creusant dans nos parcours. « On pourrait toutefois mentionner, s'ils nous le demande, que nous avons fréquenté le même lycée à New York. Il s'agit d'informations publique que la production pourrait détenir. » J'hausse les épaules, sans réellement savoir pourquoi. « Sinon... Avec Tobias c'est officiellement terminé. » Mon regard se plante dans le sien, interrogateur. Après tout, il est maintenant un homme libre, si elle décide de continuer de le fréquenter, c'est sa vie.  

Finalement, revoir Liam n’est pas aussi horrible que je le pensais. J’imaginais que toute la rancune que j’ai contre elle remonterai juste en voyant son visage devant moi, mais non, j’ai juste envie que cette entrevue se passe bien et que nous passions toutes les deux à autres choses. De ce fait, je ne veux pas être désagréable avec elle. Après tout, elle doit souffrir bien plus que moi. Ce qui n’enlève pas mon droit d’être fâchée contre elle. Mais, quand j’y pense, elle a découvert que je l’ai quitté après l’avoir trompé et qu’aujourd’hui je couchais avec son mec. Elle a des raisons de ne pas être bien. Et je suis d’ailleurs surprise qu’elle accepter cette interview quand même. Elle est courageuse, elle l’a toujours été d’ailleurs.

Dans le bureau, il n’y a pas une grande tension. Au contraire, je crois qu’on veut toutes les deux que tout se passe vite et clairement. Nous restons professionnelles. Elle me dit alors qu’elle m’enverra les réponses à ses questions, déjà prévue à l’avance. J’espère seulement que mon coéquipier d’émission n’en trouvera pas des nouvelles qui pourront nous mettre dans une situation étrange. « Je suis d'accord. Ça ne sert à rien de le mentionner, ce n'est pas pertinent. » Répond-t-elle lorsque je parle de notre relation amoureuse passée. Au moins, nous sommes sur la même longueur d’onde à ce sujet. Ni pour elle, ni pour moi, ce n’est le bon moment pour en parler. Bien que aucunes de nous deux ne cachent notre attirance envers les femmes. Bref, c’est bon. « On pourrait toutefois mentionner, s'ils nous le demande, que nous avons fréquenté le même lycée à New York. Il s'agit d'informations publiques que la production pourrait détenir. » Je hoche la tête en fermant un dossier devant moi. Ça, nous ne pouvons pas le cacher, c’est écrit sur internet. « Il suffit de regarder Wikipédia pour faire le rapprochement entre nous deux. Alors nous dirons que nous étions amies a New York. » Dis-je simplement, pour résumer ce qu’elle souhaitait elle aussi. Maintenant nous nous sommes tout dit, mais elle enchaine sur un autre sujet que je ne pensais pas aborder.  « Sinon... Avec Tobias c'est officiellement terminé. » Dit-elle, me surprenant. Nous nous fixons quelques secondes avant que je comprenne qu’elle attendait une réaction de ma part. « T’as bien fais je pense. C’est un connard. » Répondais-je alors sincèrement mais je me rend vite compte que ce n’est pas a moi de lui dire cela. « Ce n’est que mon avis. » Ajoutais-je très vite. Je ne sais pas si elle veut savoir quelque chose de plus mais je sens que je dois continuer. « Je ne le vois plus non plus. Il sait ce que je pense de lui. » Et elle sait surement ce que j’ai pu lui dire. Ses quatre vérités. Je berne les gens, je ne fais jamais berner. En fait, je pense que si je ne suis plus énervée contre Liam c’est surement parce que j’ai rejeté toute ma haine sur cet enfoiré. « Tu mérites mieux de toute façon. » Mieux que lui.. ou moi.

Je me surprends moi-même à être ici, je l'avoue. Pendant des jours, j'étais allongée dans mon lit, incapable d'en sortir. Les yeux vides, je fixais le mur, alors que dans mon esprit repassait un film terrible. Celui des pires décisions de ma vie. Heureusement pour moi, j'ai réussi à le remettre en pause pendant un moment et à rationaliser. Tout foutre en l'air pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine, je l'ai déjà fait une fois. Une fois de trop, d'ailleurs.

Assise dans le bureau de Malibu, je suis presque soulagée de voir qu'elle ne tente pas de se justifier. L'ambiance presque calme me donne bon espoir pour l'entrevue à venir. Si on ne s'entretue pas maintenant, pas de raison de le faire dans quelques jours, non ? Tout a été dit. Et je dis bien tout. Plus de secrets, que de la rancoeur et de l'indifférence. Je ne laisserai plus le pouvoir de détruire ma vie dans les mains de quiconque, et surtout pas elle. Je serre les poings juste à penser au fait que j'ai pleuré devant elle lorsqu'elle a annoncé qu'elle m'avait trompé il y a des années de cela. Je m'en veux presque autant que je lui en veux à elle, de m'être montré faible de d'avouer que sa confession me fait mal, encore aujourd'hui. Je respire par le nez. On a dit qu'on ne parlerait pas de cette erreur de parcours qu'on peut appeler notre relation passée. « Il suffit de regarder Wikipédia pour faire le rapprochement entre nous deux. Alors nous dirons que nous étions amies a New York. » J'hoche la tête. Peut-être de vieilles photos de nous ressortirons, qui sait, Facebook débutait à l'époque et je ne sais pas à quel point la production pourra fouiller. Je ne m'en fais pas trop, disons qu'on a toujours été prudente sur ce qu'on affichait Malibu et moi. Je lui annonce ensuite ma rupture avec Tobias, une évidence même. « T’as bien fais je pense. C’est un connard. » Évidemment que j'ai bien fait. Il me trompait, avec elle. C'est pire qu'une mauvaise comédie romantique. J'ai envie d'ajouter qu'il fait partie de la pire espèce: les infidèles, mais c'est l'inviter à sauter par-dessus la table basse et m'étrangler. Non. Je la laisse parler, j'ai envie qu'elle continue. « Ce n’est que mon avis. » « On est d'accord. » Ma main vient replacer une mèche derrière mon oreille et je lâche un rire sarcastique vu comment la situation est ridicule. « Je ne le vois plus non plus. Il sait ce que je pense de lui. » Ça me surprend. En même temps, il lui a aussi menti alors je peux comprendre pourquoi elle n'est plus intéressée. « Tu mérites mieux de toute façon. » Alors là. Je lâche un rire, le thé me sort presque par le nez. Ma réaction est un peu exagérée, mais je ne je le contrôle pas réellement. C'est tout ce stress qui pèse sur mes épaules qui me fait réagir n'importe comment. « Honnêtement, je pense que j'attire les mauvaises personnes. » Pourquoi j'ai dis ça ? Bordel. J'enchaine, et vite. « ALORS, pour la dispute. Tu veux y aller pour la vraie histoire ? Que tu as vu mon fond d'écran, que tu as reconnu ta fréquentation ? Parce que dire plan cul, c'est peut-être pas idéal. » Mais ta gueuuuuule. Si ça se trouve, les deux se fréquentaient vraiment. Liam, calme toi. « Et pour la fin... Ce que tu as dit, que j'étais insupportable et que je méritais de me faire tromper, si certains ont entendus, on leur répond quoi ? » Je croise les bras, tentant de me protéger un peu. Mon ton n'est pas attaquant, pas cette fois, il s'agit d'une vraie question. Si au début nous n'avions aucun témoin, une fois dans le corridor nous avons gueulé assez fort qu'on a attiré l'attention. Si certains ont des photos, j'imagine qu'un vidéo de notre altercation existe aussi et ça ne me surprendrait pas que la prod l'ait à sa disposition. Après tout, une entrevue entre deux personnes qui se pris la tête violemment et publiquement, c'est sûrement pour du drama.

Je n’aurai jamais pensé revoir Liam après notre dernière rencontre à Bali. Mais c’était sans compter les voyeurs qui ont tout de suite ébruité les mots qu’ils avaient entendu lorsque nous avons crier elle et moi. Nous ne pensions pas que cette histoire prendrait une telle ampleur mais en revenant au pays, j’ai tout de suite compris qu’il faudrait qu’on s’explique avec le public. En ce qui me concerne, cette histoire me faisait de la pub, nous avions plus d’auditeurs aujourd’hui. Et même si j’aurais aimé que ma notoriété monte autrement, je ne peux que profiter du moment. Et dans quelques jours toutes la ville écoutera l’émission juste pour en savoir plus sur notre relation. Même si, nous ne révèlerons jamais notre passé commun.

Notre entrevue se passe parfaitement bien. Aucunes de nous n’utilise un ton de jugement, au contraire. Après mure réflexion, je pense que nous avons tout simplement été trompée toute les deux. Bien que je me doutais qu’il voyait d’autres femmes, je ne pensais pas qu’il vivait une vrai relation amoureuse. et pas avec mon ex petite amie, c’est sûr. « On est d'accord. » Dit-elle lorsque je parle de ma façon de penser à l’égard de notre ex relation. Ses mots me touchent, cela doit faire des années que nous n’avons pas été d’accord toutes les deux. Tout nous éloigne maintenant. Je lui avoue alors que je ne le vois plus étant donné les circonstances. Je ne sais pas si cela l’intéresse, mais je me sentais obligé de lui dire. « Honnêtement, je pense que j'attire les mauvaises personnes. » Je lève les yeux vers elle, prenant cette phrase pour lui mais aussi pour moi. Je ne connais pas ses autres relations passées mais je sais que j’en fais partie. Je n’en tiens pas compte, si elle me considère comme une mauvaise personne, c’est son problème. Moi je sais qui je suis. Je lui souris, comprenant sa maladresse mais n’en rajoute pas. Elle reprend très vite pour effacer ses dernières paroles. « ALORS, pour la dispute. Tu veux y aller pour la vraie histoire ? Que tu as vu mon fond d'écran, que tu as reconnu ta fréquentation ? Parce que dire plan cul, c'est peut-être pas idéal. » Je réfléchis alors, et je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle dit. Enfin je le suis mais nous devrions être plus brève pour ne pas donner assez de détail qui pourraient alimenter la presse. Mais je n’ai pas le temps de répondre qu’elle reprend. « Et pour la fin... Ce que tu as dit, que j'étais insupportable et que je méritais de me faire tromper, si certains ont entendus, on leur répond quoi ? » Je garde le silence. J’imagine que mes mots ont été entendu, mais je n’ai pas a me justifier. Je pensais ces mots sur le coup. Bien sur que je ne souhaite pas son malheur, mais la colère me faisait parler si sincèrement. « Ne donnons pas les détails. Nous nous sommes rendus compte que nous fréquentions le même homme, et bien sur, chacune a accuser l’autre que c’était sa faute. Une dispute de femme quoi. » Je me tais quelques secondes avant de reprendre, juste le temps de penser à la suite. « Pour ce qui est de mes mots si durs envers toi, je dirais juste que ma colère a prit le pas sur mes mots et que je ne pensais absolument pas ce que je disais. » Ça suffira, je l’espère. Je sais tout de même que des questions nous serons poser et qu’elles pourraient être très intrusives. « On nous posera des questions surprises, des questions que tu n’auras pas préparer. Elles seront toutes tournées de façon à nous piéger pour donner des détails de nos vies qu’on ne veut pas éclaircir. J’espère que tu feras attention. » Lui dis-je pour la prévenir. « Pour mettre fin a cette histoire, nous n’aurons qu’a dire que nous nous sommes réconcilier et que le seul fautif est l’homme qui nous as berné. » Je devrais mettre ma fierté de coté mais c’est le prix a payer pour qu’on nous laisse tranquille et que cette histoire se termine. « Ensuite tout sera finit et nous n’aurons plus besoin de nous revoir. » Ni de nous prendre la tête. Bien qu’en dépit de tout, cette entrevue prouve que nous pouvons nous voir sans nous crier dessus, même si certains mots sont plus hauts que d’autres.