-- côme; délicatesse perdue

01. “enfant du bled”, tu te considérais. moqué par tes copains, parce que t’étais pas d’leur monde, toi l’enfant d’un pharmacien propriétaire d’une pharmacie et d’une chirurgienne, gosse de médecins, riche jusqu’aux cellules. pourtant, tu continuais, persévérais. “j’suis l’enfant du bled”. ils s’moquaient, mais ils t’aimaient bien. l’argent t’en avais suffisamment, qu’les gars en profitaient. mais t’étais cool, t’as laissé faire. tu voulais l’être, l’enfant du bled.
02. dès l’arrivée au collège (études françaises d’ton côté), t’es devenue une “caillera”. petit con qui s’prenait pour l’trou du cul du monde. t’étais rien. t’étais personne. juste une enflure qui faisait pleurer les filles. tu t’pensais “beau gosse”. à onze ans, tu t’disais qu’le monde t’appartenait. alors tu frappais des gueules quand quelqu’un disait “va t’faire foutre” ou même un p’tit “non”. mais la caillera, titulaire du bac à sable en filière branleur, cessait d’faire l’malin devant papa et maman.
03. au lycée, t’es devenu un gentil garçon. t’as obéi. filière scientifique, comme les parents et l’entourage que t’as. destiné à des études de médecine, projet des géniteurs qui s’réalisent bientôt. t’as coupé les ponts, avec les enfants du bled qu’tu fréquentais. plus question d’te détourner du droit chemin. t’as une vie à mener. la terre a cessé d’tourner autour d’toi à partir de c’moment. quoi, vous pensiez que personne n’arrivait à tenir les résolutions faites à la nouvelle année ? toi, t’en as fait à ta rentrée au lycée.
04. première attirance, sentimentalement parlant, physiquement aussi. premières questions sur la sexualité. remise en question. coming-out. première relation, amoureuse, passionnelle. des parents impressionnants : aucun refus, bienvenue au vingt-et-unième siècle. tout ça durant tes trois années de lycée. ton coming-out, tu l’as fait assez vite après tes doutes. depuis, tu assumes pleinement ton homosexualité.
05. parents riches, enfant de bonne famille. tu voyageais régulièrement à leurs côtés, pendant les vacances notamment. à tes dix ans, tu as découvert la Nouvelle-Zélande. coup de cœur pour ce pays. sept ans après, tu rencontrais un garçon ; Lisandro. et t’as commencé à échanger par correspondance avec lui. c’était devenu ton pote. à chacune de tes vacances, tu partais là-bas.
06. t’es un grand fêtard, malgré tes résolutions. à ton entrée à l’université, les soirées ont défilé pour toi. de même lorsque tu partais en vacances. ce que tu préfères en alcool, ce sont les mélanges farfelus, même si cela est mauvais. t’as déjà touché la drogue, quelquefois. sans plus. enfin, t’as kiffé. mais t’oses pas l’avouer. l’alcool et la drogue te font peur : tu crains perdre le contrôle, être à la merci de tous, devenir une madeleine, t’énerver trop, commettre un meurtre dans les pires situations. t’es pas sanguinaire, par contre.
07. tu pratiques un instrument musical depuis tes six ans : le piano. ça te détend. si pianiste était à la portée de tout le monde, tu aurais modifié ton parcours scolaire pour le devenir. mais t’as préféré la voie de la facilité, celle où tu pouvais prédire l’avenir plus facilement. celle que papa et maman te proposaient, couteau sous la gorge quasiment.
08. ton attirance envers les hommes, assumée depuis si longtemps, ne se produit qu’envers certains mecs. t’es pas attiré par tous les gars. seulement par les plus vieux -- plus vieux qu’toi. les jeunes, t’accroches pas. tu cherches la maturité en eux, l’expérience. fasciné par tes aînés. au final, cela ne s’explique pas. certaines personnes aiment les blondes, d’autres les brunes. toi, c’est les plus âgés.
09. il y a un an, jour pour jour, tu as quitté Paris pour la Nouvelle-Zélande, pour Island Bay. ton diplôme en poche, de quoi subvenir à tes besoins, t’as pris une grande décision, avec la bénédiction de tes parents. à la seule condition que tu poursuives le rêve du padre : réussir ta vie. ton départ du pays natal, il n'a pas été pris sur un coup d'tête. t'as vu l'opportunité de rejoindre tes copains d'là-bas, tu l'as saisi et tu t'es cassé dès qu'possible.
10. allergique à la noix d’coco, n’supporte pas les fruits d’mer. belle vie qu’tu mènes. joie, bonheur, amour et gloire. tu favorises les fruits, les vrais fruits. telle que la pomme, ou la banane. pendant les fêtes, tu crains toujours le pire : plateau d’fruits d’mer déposé sur la table par les grands-parents, encore une fois ils oublient ton intolérance à c’plat.