this house is a circus - violet

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This House is a CircusViolet et Lison

Peut-être que je suis faite pour la vie de hors-la-loi, un peu comme ces Butch Cassidy, Jesse James, Kid Curry ou encore les Dalton : je n’ai ni la majorité, ni le permis de conduire et encore moins de voiture, et pourtant, voilà que je trouve moyen de jouer les pilotes pour aller en soirée avec mes amis. Alors que je finis de me garer, je prends une mine satisfaite en tapant sur le volant comme si c’était un set de percussions. « Alors les gars, c’est qui la meilleure ? » J’aurai probablement pris la raclée de ma vie si Ariane était au courant de ce qui venait de se passer, mais j’avais préféré garder espoir : j’avais déjà conduit une voiture et je me sentais capable de faire Island Bay-Wellington en – ce n’est peut-être pas le terme approprié – toute sécurité. J’ai l’air fine du haut de mes dix-sept ans, alors j’adresse un clin d’œil à mon co-pilote et regarde les passagers, tous à peu près du même âge que moi, à travers le rétroviseur. Je ne suis même pas foutue de me rappeler aux parents du quel appartient la voiture, mais ce que je sais là tout de suite, c’est que la probabilité qu’elle revienne sans une rayure vient d’augmenter de cinquante pourcents. Ça doit bien faire une heure et demi qu’on nous attends, enfin qu’on attends les autres voyous qui sont dans cette voiture : ce soir je joue la parfaite inconnue qui doit éviter de faire des vagues, je ne fais pas parti des invités ; simplement l’amie d’une amie d’une amie. Ça tombe mal, me remarquer c’est pratiquement ce que je fais de mieux.

Ça fait à peine cinq minutes que je suis dans la pièce et pourtant, voilà que j’ai déjà perdus mes amis. Ça fait rien, je finirais par retomber sur l’un d’eux à un moment ou à un autre. Je me déplace dans la foule en ondulant sur la musique, que je ne perçois que d’une oreille mais bien assez fort quand même, jusqu’à atteindre un table qui doit probablement servir de bar vu le nombre de gobelets, canettes et autres bouteilles qui l’occupent. L’effort vestimentaire est nul : je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en venant ici, mais pourtant il semblerait que je ne sois pas trop en marge ; je suis en pleine période grunge et me suis fringuée en conséquences – t-shirt d’Alice in Chains, chemise à carreaux assez sombre et bien trop ample pour moi, un short délavé, des collants et une paire de converses que j’ai « empruntées » à une connaissance la dernière fois que je suis sortie me murger. Il y a moins d’une semaine en fait, il va falloir que je songe à trouver une excuse pour encore emprunter de l’argent à Ariane. En attendant, je décapsule une bière avec le bord de la table et pose mes fesses sur celle-ci en regardant tout le monde danser. Il ne me faut pas longtemps pour remarquer, dans le coin de mon champs de vision, une autre fille que j’avais pas vue avant ça et qui, tout comme moi, semble décidée à d’abord prendre la température de la soirée, si on peut dire ça comme ça. Je tends ma bière vers elle pour attirer son attention et pour trinquer, avant de m’exclamer « Super, une acolyte anti-soirée. Moi c’est Lison. » Je bois une gorgée de ma bière. « Tu connais un peu de monde, ici ? »
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Tu avais prévu de te rendre à une soirée aujourd’hui. Oui, tu devais te rendre à une fête. On t’avait invité, une amie à toi mais finalement, tu avais reçu un message peu avant d’arriver comme quoi celle-ci ne pouvait venir. Bon, tu avais hésité un moment à venir pendant un instant mais tu étais déjà en route alors.. pourquoi refuser ? Tu pouvais bien le faire. Tu ne connaissais personne mais il y aurait sûrement du monde alors.. pourquoi pas. Tu ne pouvais pas voir ton petit ami puisqu’il avait un entraînement et des obligations familiales. Tu avais envie de profiter de la soirée.

Tu avais enfilé une jupe et un haut puis avait enfilé tes chaussures. Tu avais pris ton sac à main et puis tu étais venu à cette soirée. Tu avais trouvé le bar pour attraper un verre d’alcool. Tu allais y aller doucement pour le moment. Oui, c’était le mieux à faire, tu venais d’arriver et tu n’allais pas te faire remarquer quand même. Tu regardais autour de toi les personnes en train de danser. Tu préférais te mettre à l’écart pour le moment. Tu remarquais finalement une jeune femme venir vers toi. Tu lui souriais et levais ton verre vers elle également. Elle semblait également être seule à cette soirée du moins, ne pas trop connaître de monde. « Salut, moi c’est Violet. » Tu buvais une gorgée de ton cocktail avant de déposer le verre sur le bar. « Non pas vraiment enfin une amie devait venir avec moi mais finalement elle m’as dit à la dernière minute qu’elle ne pouvait pas mais.. j’étais déjà en route. » Tu lui expliquais donc. « Et toi ? Tu es venue seule ? » Tu lui demandais alors tandis que tu regardais encore autour de toi. La soirée semblait battre de son plein. « Les gens ont l’air de s’amuser en tout cas. On devrait peut être faire pareil. » Bah oui, vous n’alliez pas rester les fesses collées à la chaise. De plus, tu avais peut-être trouvé quelqu’un pour danser avec toi, non ?

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Le bruit du verre qui s’entrechoque semble confirmer la création d’une espèce de duo pour la soirée. J’apprends que Violet – un nom original – était sensée venir avec une amie ; manque de pot, celle-ci l’aurai lâchée au dernier au moment. Je jette un coup d’œil dans la salle tandis que, toujours assise sur la table, je balance les jambes. Toujours aucun signe de mes partenaires de crime. Bande d’enfoirés, si je tombe sur eux, je jure que je vais leur donner de vraies raisons de se planquer : je me donne un mal de chien à les amener jusqu’ici, moi qui ne fait même pas parti des invités, et ils se volatilisent à peine arrivés. Je renvoie mon attention vers la fille à côté de moi lorsqu’elle me demande si je suis venue seule. Je hoche lentement la tête et prends une nouvelle gorgée de ma bière avant d’enchaîner. « Ouais. Comme toi, j’étais sensée venir avec du monde mais… on m’a lâchée au dernier moment. Je savais pas trop ce que j’aurai bien pu faire de ma soirée si je venais pas, alors j’ai fait la route depuis Island Bay. » Pourquoi m’en tenir à la stricte vérité ? Je serais probablement trop alcoolisée pour me rappeler de Violet demain matin, alors ce n’est pas comme si elle pourrait me reprocher de lui avoir raconté des cracs. Elle constate que les gens ont l’air de s’amuser, et ce n’est pas faux. En effet, c’est peut-être l’occasion d’en profiter aussi. Je descend de mon perchoir et tend ma main vers celle qui s’apprête à devenir mon acolyte de danse. « T’as raison. Il est temps d’aller faire chauffer le dancefloor. » Je me stoppe nette peu avant que l’on se retrouve au beau milieu de la foule et me retourne vers Violet. Alors que la musique se fait de plus en plus forte, mes soucis d’audition me ramènent à la dure réalité. On peut bien fermer nos clapets et danser jusqu’au bout de la nuit, mais étant toutes les deux venues seules, c’est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance. Sauf que si on se retrouve dans cette vague humaine, je n’ai aucune chance d’entendre quoi que ce soit qu’elle puisse me dire. « Écoutes, c’est possible que je ne t’entende pas, d’accord ? Je suis sourde d’une oreille depuis toute petite. Je pointe mon oreille gauche du bout du doigt. Ne m’en veux pas. » Ce serait dommage de passer pour une conne auprès de la première personne avec qui j’arrive à quelque chose ce soir. Je finis néanmoins par l’entraîner au cœur de la foule et commence à me trémousser en rythme sur la musique. « Je crois pas qu’on se soit déjà croisées. Tu vis ici à Wellington ? » Je tend ensuite l’oreille droite vers mon interlocutrice, histoire de mettre toutes les chances de mon côté pour capturer sa réponse.
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Les choses ne s’étaient pas passées comme prévu. En effet, tu aurais dû être accompagnée d’une amie mais celle-ci t’avait laissée à la dernière minute alors, malheureusement tu étais seule. Bon bien sûr, tu aurais pu y aller une autre fois avec elle mais bon, tu pouvais y aller toute seule. Une fête, c’était blindé de monde. Il y avait tout pleins de personnes qui venaient faire la fête. C’était ainsi que vous pouviez faire de nouvelles rencontres. De bonnes comme de mauvaises mais ça, tu ne pouvais pas le savoir. Finalement, une jeune femme s’était approchée de toi. Elle semblait seule aussi et ne pas trop savoir vers qui se tourner. « Ah décidément.. nos amis ne sont pas cools de nous laisser comme ça dans une fête. » Tu lui disais avec un sourire. De plus, vous aviez déjà prévu votre soirée pour venir ici et pour faire la fête. Cela aurait été trop tard que de changer d’avis ou de faire autre chose. Tu n’aurais pas su quoi faire d’autres non plus. Tu te serai sûrement mis devant une série ou quoi. « Parfait allons y ! » Tu lui disais en rigolant alors que tu te levais à ton tour pour aller danser sur la piste. Maintenant que vous étiez toutes les deux, et que vous étiez là, vous n’alliez pas rester à rien faire. La musique se faisait forte et il y avait d’autres personnes sur cette fameuse piste. Tu approchais ton visage afin d’entendre ce que Lison te disait. Le volume n’aidait pas à très bien entendre. « Oh d’accords, pas de soucis. N’hésites pas à me demander de répéter si jamais. » Oui parce que, autant toi elle pouvait ne pas t’entendre mais il ne fallait pas qu’elle hésite. Elle ne devait peut être pas oser de peur de passer pour une idiote ou quoi mais tu ne lui en voulais pas. Tu n’étais pas à sa place après tout pour savoir comment elle le vivait. Tu ne sais pas comment tu ferais à sa place. Tu dansais sur la piste en regardant la jeune femme. « Non je ne crois pas mais oui, je vis ici. Enfin, je suis venue ici quand j’avais cinq ans donc ça fait plus d’une dizaine d’années que je suis là maintenant. Et toi ? » La ville était grande alors, c’était normal que tu ne l’ait pas vu. Bon, elle n’était pas gigantesque non plus mais assez pour que tu ne l’ait jamais vu. « Tu participes souvent à des fêtes ? » Tu lui demandais, histoire de savoir si elle faisait partie des habituées ou au contraire.

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On ne peut pas m’enlever ça : je suis une véritable fêtarde. Lorsque je ne suis pas occupée à attendre Ariane au poste ou à essayer d’entrer en douce à la piscine municipale faute d’avoir les moyens d’y aller en journée, je passe mon temps à picoler chez des inconnus avec le même groupe d’amis. Je me suis plus ou moins faite embrigadée à mes premières soirées, mais j’y ai vite pris goût : l’intérêt lorsque l’on ne se retrouve jamais chez les mêmes personnes – à quelques exceptions près – c’est qu’on peut se murger à moindre coût et, par dessus le marché, se faire quelques connaissances qui, suite à un bon ressenti, nous invitent pour remettre ça quelques jours plus tard. Mes aînés sont au courant et me le reprochent assez souvent. Mais je préfère emmerder le monde et passer mes soirées entre alcool, cigarettes et pas de danse endiablés plutôt que d’avoir à affronter la dure réalité à la maison. C’est injuste envers Ariane et Ugo qui se démènent pour faire en sorte que l’on ne manque de rien – d’autant plus que j’ai pris la mauvaise habitude de gratter de l’argent à ma grande sœur, et elle a vite finit par m’envoyer me faire voir – mais je n’ai pas envie de passer mes soirées à broyer du noir. Ce soir, c’est différent : mes Halloweeners à moi ont réussi à échapper à mon radar et j’ai fini par rencontrer Violet près de ce qui semblait être le bar. Et la demoiselle n’a pas tort en mentionnant la trahison que nous font nos potes en nous abandonnant dans cette cage aux fauves. Je pouffe de rire face au ridicule de la situation avant d’ajouter, fidèle à moi même. « Les miens sont des cons, quand ils le veulent. C’est la première fois qu’ils me font le coup, mais je savais que ça finirait par arriver un jour. » Même si elle m’avait expliquée ne pas connaître grand-monde et être, au départ, venue pour accompagner une amie, je ne peux pas être certaine qu’elles ne connaissent pas certains des organisateurs : alors inutile de préciser que je me suis gentiment incrustée, ce n’est pas encore l’heure de m’attirer des problèmes. Je réponds à son sourire en découvrant gaiement les dents, puis, de fil en aiguille, je l’entraîne jusqu’à l’attroupement occupé à danser. Je précise à mon acolyte que je suis bouchée d’une oreille, et que je risque de lui demander de répéter à plusieurs reprises avec la musique assourdissante qui nous entoure. Ce n’est pas dans mes habitudes de me rabaisser de cette manière, d’autant plus auprès d’un inconnu, mais elle a l’air différente. Je sens que je ne subirais aucune pitié de sa part, plutôt de la simple compréhension. Et je n’en demande pas plus. Je hoche la tête lorsqu’elle m’invite à lui demander de répéter s’il le faut. Et nous voilà en train d’enchaîner les pas sur la piste de danse, face à face et tout sourire. Je ne la remets pas vraiment, et j’apprends vite qu’il en est de même pour elle. Elle vit dans le coin, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous ne nous sommes jamais croisées, puisque je sors rarement de mon quartier. Voilà qu’elle m’interroge à mon tour. Je hausse les épaules en roulant des yeux. « Baaaah, Island Bay, depuis ma naissance. C’est pas toujours un coin de paradis, mais ça me plaît bien, et je bouge rarement en dehors de la ville. Tu dis que t’es venue à tes cinq ans, t’es née où ? » Je suis réputée pour aller droit au but, ne pas prendre de pincettes quelle que soit la situation. Alors allons-y. Et elle renchérit en me demandant si je participes souvent à des fêtes. « Pas mal, ces derniers temps. J’ai des soirées plutôt occupées d’habitude. » Et oui, vilaine, tu as des problèmes avec la police ou tu manges de la pizza et tu descends des bières avec ta meilleure amie. « Mais je me retrouves très souvent dans des soirées où je connais pas grand monde, enfin tu sais, je suis plutôt du genre l’amie d’une amie d’une amie... »
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Tu rigolais aux mots de la jeune femme. Tu n’en voulais pas à ton amie de t’avoir laissé tomber mais bon, tu aurais quand même préféré venir avec. Au moins, cela t’aurait permis de connaître une personne mais bon, tu avais finalement fait la rencontre de Lison. Elle s’était approchée de toi et s’était présentée. Tu étais contente d’avoir quelqu’un avec toi pour passer la soirée. Tu espérais que vous alliez trouver d’autres personnes également. Après tout, comme on disait, plus on est de fous et plus on rit. « Ah mince, pourquoi c’est des cons ? Je veux dire, qu’est ce qu’ils font à part te planter bien sûr ? » Tu lui demandais avec un sourire. Oui, personne n’était un ange et toi la première. Personne ne pouvait se vanter d’être une bonne amie, ou la meilleur du moins. Tu ne l’étais pas, tu ne pensais pas en tout cas et tu n’aurais jamais la prétention de dire que si. Tu demandais à la jeune femme si elle était ici depuis longtemps. Toi tu es venue depuis petite, tu n’avais pas trop de souvenirs de ton ancien lieu d’habitation. « C’est cool je veux dire, tu peux au moins voyager un peu partout car tu ne connais pas forcément. » Si elle avait toujours vécu ici, c’était une bonne occasion de voyager pour elle. « Je viens du Pays de Galles mais j’ai du déménagé avec mes parents car mon père avait trouvé un autre emploi ici alors voilà. » Cela ne t’avait pas vraiment dérangé à vrai dire. Tu avais changé d’école simplement et trouver d’autres amies. Cela ne t’avait pas perturbé plus que ça. Tu crois bien que c’est plus difficile quand la personne est plus âgée mais ce n’était pas un drame non plus. Lison semblait être une habituée des soirées. En tout cas, elle aimait cela pour participer à plusieurs. « Oui.. souvent on est une amie d’un autre ami et voilà. » Tu en savais quelque chose puisque c’était souvent ton cas. « Pourquoi on échangerait pas notre numéro ? Comme ça.. si une de nous doit se rendre à une fête, on peut toujours se le proposer ? » Cela éviterait aussi de ce fait que vous vous retrouviez toute seule ou bien qu’une autre amie vous lâche. « Je commence à avoir un peu fin, pas toi ? » Tu lui demandais, histoire de savoir si elle voulait t’accompagner. Il devait bien y avoir un buffet ou bien des pizzas, peu importe d’ailleurs.

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Pourquoi c’est des cons ? Ah, c’est bien parce qu’elle les connaît pas, autrement la question n’aurait même pas été posée. Je me pince un instant les lèvres et boit une nouvelle gorgée de ma bière. « C’est des ingrats. Je les ai rencontrés un peu par hasard, c’est pas vraiment le genre de personnes avec qui je traîne d’habitude, mais il m’en font vraiment voir de toutes les couleurs en ce moment. Enfin, c’est rien, ça vaut pas la peine d’en parler. » Je clos le sujet d’un mouvement du bras. Je ne suis peut-être pas la meilleure des amies non plus, mais jamais, Ô grand jamais, je ne pourrais passer mon temps qu’à faire des coups bas comme ça. Enfin, j’apprends que Violet est née au Pays de Galles. Ça paraît exotique pour quelqu’un qui a passé toute son enfance dans ce que je considères parfois comme un petit coin de paradis et, à d’autres moments, un véritable trou à rats. En soit, la demoiselle a raison : rester cloîtrée dans sa ville natale nous permet de voyager partout, car le monde entier s’offre à nous. Mais ça, c’est pour ceux qui ont de l’argent, et ce n’est pas mon cas, loin de là. Et même si ça l’était, ma famille resterait ma première préoccupation, alors les grands voyages on gardera ça pour plus tard. Je ressens une espèce de compassion en apprenant qu’elle vient d’aussi loin : ça reste le Commonwealth, mais c’est totalement différent. « Ouais, c’est l’idée. J’aimerai bien voyager un jour, mais il faudrait que je trouve de l’argent pour ça. Et que ma mère soit d’accord, elle voudrait sûrement pas laisser partir son petit bébé. » C’est totalement faux, elle n’a sûrement même pas remarqué que j’avais filé en douce pour la soirée. En vérité, elle s’inquiète plus du fait que sa bouteille soit à moitié vide que de ses enfants. Alors c’est plus un problème d’argent que de parents étouffants. « Ça a pas du être facile. Ils vivent quand même loin les Gallois. » Et à un paquet de dollars en billets d’avion, en plus. De fil en aiguille, nous voilà à parler soirées. J’ai pas forcément le temps de faire la fête, j’essaye de mettre la main à la pâte à la maison pour aider ma fratrie autant que je le peux, c’est toujours mieux que finir par faire on ne sait quelle connerie et me retrouver au poste. Je déteste subir le regard d’Ariane lorsqu’elle vient me chercher, alors qu’elle était au travail. La brune et moi sommes d’accord : on est l’amie d’un autre ami. Ça se passe toujours comme ça, parce que ça m’arrange. En revanche, je me sens un peu bête lorsqu’elle me propose d’échanger nos numéros. Je passe une main dans mes cheveux et me gratte l’arrière du crâne. « J’ai… pas de téléphone, en fait. J’ai un fixe, chez-moi, si ça te va. Donc ça fait de nous des… espèces de sauveteuses lorsque nos potes nous lâchent ? Ça me plaît. » Je souris à la demoiselle, et lui file mon numéro si elle possède un téléphone sur elle. Sinon… on trouvera bien un bout de papier quelque part. La brune a faim, et elle me propose d’aller manger un bout, ce qui tombe bien : il me semble avoir croisée la route d’une pizza ou deux en rentrant. Je lui fais signe de me suivre avant de vite retrouver la trace des dites pizzas. Nourriture en bouche, une question me revient, alors je me dépêches de finir. « Oh, au fait, tu fais des études ? »
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Tu avais quelques amis également, même si tu n’en avais pas des masses. Tu en avais quand même quelques-uns. Seulement voilà, tu ne les voyais pas toujours puisque tu travaillais et tu avais ta petite puce aussi. Elle avait qu’un peu plus de deux mois. Tu ne pouvais pas forcément sortir. Tu pouvais toujours trouver une nounou ou quoique ce soit, c’est vrai. Sauf que, tu n’en connaissais pas vraiment et puis, tu passais déjà peu de temps avec ta fille. « Oh je vois, c’est dommage mais si ce sont de mauvaises personnes alors oui, cela ne vaut pas le coup que de sortir en leur compagnie. » Bien au contraire. « Mais si tu as besoin de te défouler n’hésites pas. » Tu disais à la jeune femme en souriant. Certes vous ne vous connaissiez pas forcément mais on disait que parfois c’était plus simple que se confier à des inconnus. Tu n’avais jamais vraiment tester mais bon, tu étais en général une bonne oreille pour les autres. Cependant, tu n’allais pas forcer la jeune femme si elle ne le souhaitait pas. Vous évoquiez les voyages, c’était quelque chose que tu aimerais faire mais malheureusement les finances ne te le permettaient pas. Ta vie non plus. Tu aimerais retourner au Pays de Galles mais tu allais devoir attendre pour cela. Tu eus un sourire quand elle évoqua sa mère. C’est vrai, les parents voulaient toujours nous protéger. « Oui je comprends, c’est toujours le plus compliqué à faire je crois. » Tu lui disais en rigolant. Convaincre ses parents, c’était plus difficile. Tu savais que les parents avaient souvent peur. Tu savais qu’ils seraient pareil avec toi si tu devais partir quelque part. « C’est vrai mais je n’étais qu’une enfant alors je pense que ça aurait été plus difficile si j’étais partie quelques années après je pense. » Tu pensais mais tu ne l’avais pas vécu pour le savoir. Tu proposais à la jeune femme de la contacter si jamais tu étais toute seule pour une soirée ou bien inversement. Ce serait mieux que de passer la soirée seule. « Oui bien sûr pas de soucis, si je peux appeler dessus bien sûr ? » Le fixe, c’était pour la famille en général et c’était souvent les parents qui utilisaient. Tu avais un portable de ton côté alors, elle pouvait te contacter c’était plus simple. Tu enregistrais son numéro sur ton portable avant de le ranger. Tu la suivais pour manger car tu avais fait. « Oui dans la restauration j’aimerai devenir cuisinière dans un restaurant et si je peux, avoir mon restaurant. » Mais si c’était aussi simple, cela se saurait. « Et toi ? » Peut être que vous étudiez la même chose ou bien que vous faisiez vos études au même endroit, qui sait ?

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Il ne faut pas se voiler la face : chez moi, les amis se comptaient sur les doigts de la main. Je ne suis pas douée pour créer des liens, la faute à mon mauvais caractère et la première impression brut de décoffrage que je laisse la plupart du temps chez les gens. Mais c’était aussi dû, et il faut le dire, à mes mauvaises habitudes. Mes méfaits et les passages express au poste de police qui s’en suivaient ne manquaient pas de s’ébruiter dans le quartier et au bahut, alors les parents de mes potentiels nouveaux amis avaient souvent les mots qui faisaient pencher la balance. Si les-dits amis n’avaient pas déjà un avis bien tranché sur le personnage. Je souris à la remarque de Violet. « T’as peut-être pas tord. Il faudrait que je pense un peu à moi avant de penser à leur faire plaisir. » Ce serait plus facile si je n’étais pas autant de la mauvaise graine qu’eux. Elle me propose d’exprimer ce que je penses de mes fréquentations, et je le ferais de bon cœur, mais je risquerais de m’attirer des problèmes si l’un d’eux venait à m’entendre dans la foule. « Gardons-ça pour plus tard, ok ? On devrait plutôt oublier nos soucis, profiter un peu. Mais c’est sympa en tout cas, merci. »

Nous évoquons le voyage après que Violet ai expliqué venir du Pays de Galles. Je m’en voulais de mentir effrontément à ma première rencontre de cette soirée, mais c’était un mal pour un bien : lui dire qu’un simple coup de fil aux services sociaux aurait suffit à tous nous mettre en foyer pendant des années durant n’aurait pas été la meilleure des approches. Et je me sentais honteuse à ce sujet. « Elle serait dans tous ses états la pauvre. Ça a déjà été difficile avec ma grande sœur... » Encore une fois, pas du tout. « Tu penses que tu retournerais vivre là-bas, si tu en avais l’occasion ? » L’idée de vivre loin de sa terre natale me laissait un peu rêveuse : ça doit être incroyable de partager deux cultures différentes, d’avoir deux histoires distinctes dans les veines.

Enfin, Violet me propose d’échanger nos numéros de téléphone. Je n’ai pas de portable, simplement le fixe de la maison, alors je donne mon numéro à Violet pour qu’elle puisse m’appeler quand elle en a envie. Ou pas. J’en profiterai pour soigneusement noter son numéro quelque part, histoire qu’elle n’ai plus jamais à rappeler : je n’ose imaginer ce qu’elle pourrait bien penser si c’est quelqu’un d’autre que moi qui finissait par décrocher le combiné. Je hoche la tête lorsqu’elle demande si elle peut appeler dessus. « Ouais, t’en fais pas. Je prendrais ton numéro à ce moment là aussi, j’ai rien pour noter là tout de suite. » Puis vint l’heure de la sacro-sainte pizza. Je me renseigne un peu sur les études de la brune, par la même occasion. Elle voudrait devenir cuisinière, et c’est plutôt cool. Je me pince un instant les lèvres lorsqu’elle me questionne à mon tour, à la recherche d’un nouveau mensonge. « Oh, je fais du droit. C’est pas facile facile, mais je m’accroches, quoi. Tu voudrais ouvrir ton propre resto, du coup ? T’as déjà des idées ? » Avec autant de mensonges, ça va être difficile de créer un vrai lien avec la brune, mais je me sens beaucoup trop honteuse par rapport à ma vie de famille et mon véritable échec scolaire – puisque je ne fous actuellement rien – pour lui cracher toute la vérité.
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Il était normal de penser à soi avant les autres, seulement, c’était plus difficile à faire qu’à dire. Tu ne pensais toi-même pas à toi. Tu pensais surtout aux autres. Tu pensais à leur bien-être avant le tien puisque tu étais ainsi. Parfois, les amis qu’on avait nous faisaient souffrir malheureusement et parfois, c’était difficile de gérer. Tu ne savais pas toujours comment faire. Tu ne disais pas que tu étais la meilleure des amies avec eux mais bon, tu essayais toujours de faire au mieux. « Oui parfois il faut penser à soi-même mais ce n’est pas toujours simple. » Tu le reconnaissais. Tu en savais quelque chose et tu disais ça mais tu serais sûrement la première à ne pas penser aux autres. « Oui tu as raison, ça ne sert à rien d’y penser alors qu’on est à une fête. » Oui après tout, tu préférais quand même profiter de la fête et de la jeune femme qui te tenait compagnie plutôt qu’autre chose.

Tu parlais avec la jeune femme de voyage et du fait que tu aurais aimé pouvoir retourner voir ta famille et aller visiter. Tu ne te souvenais plus de là-bas, du pays, tu étais partie assez jeune. Tu n’avais que quelques bribes de choses mais c’était tout. Tu réfléchissais à sa question en te demandant ce que tu ferais. « Je ne sais pas, je ne pense pas enfin, je veux dire.. j’ai vécu toute ma vie ici finalement, hormis ces quelques années. Je ne pense pas que j’y serai bien. Peut-être pour des vacances, passé quelques jours mais c’est tout. » Tu ne pouvais pas savoir avant de vivre la chose. Tu ne pouvais pas prédire en essayant pas de vivre là bas. « Et toi tu penses vivre ici toute ta vie ? » Tu lui demandais donc. Tu ne savais pas si elle avait prévu de faire uniquement ses études ici ou bien si elle souhaitait autre chose. Peut être qu’elle voudrait aller vivre ou travailler ailleurs plus tard.

Tu proposais à la jeune femme d’avoir son numéro de téléphone. De ce fait, vous pourriez profiter de sortir en soirées ensemble. C’était toujours mieux que de se faire lâcher ou être seule. Vous décidiez d’aller manger et vous avez pris de la pizza. Oui, c’était le plat par défaut des soirées. C’était le truc que tu retrouvais à toutes les soirées mais c’était plutôt pratique et bon. Tu n’allais pas t’en plaindre en tout cas. « Disons que je suis plus pâtisserie de par ma grand-mère. Mais j’aimerai ouvrir mon restaurant oui et pour les plats que je propose je réfléchis encore mais j’aimerai bien pouvoir proposer les plats d’ici et pourquoi pas un mélange de culture. » Oui, pourquoi pas proposer des plats de plusieurs endroits. Bien sûr, tu savais que tu n’étais pas le seul restaurant et donc, tu devrais faire attention à la concurrence qui s’offrait à toi. « Tu fais du droit pour devenir avocate ou bien, autre chose ? » Tu lui demandais finalement.

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Elle a l’air de connaître ça, la Violet. C’est sûr, penser à soi-même avant de penser aux autres c’est pas toujours facile, surtout lorsqu’on doit garder une famille à flot lorsque sa mère n’est pas foutue de le faire elle-même. Est-ce qu’elle connaissait ça de la même manière que moi ? Difficile à dire, et elle mentirait probablement comme je le fais – plus ou moins honteusement – depuis le début pour éviter d’avoir à affronter la réalité. Ce genre de soirées, c’est particulier : c’est le genre de moments où tous les problèmes ne comptent pas, du moins pour moi. Alors autant faire, dire, penser ce que je veux, comme je le veux et quand je le veux. Égoïste ? Oui, certainement. Mais c’est un moindre mal. « T’as l’air de connaître ça. Les gens sont des cons, et je te caches pas que je les aime pas vraiment. » Si on partage le même manque de foi en l’espèce humaine, alors on pourrait peut-être faire de – très – bonnes amies. Et puis après tout, on a qu’une seule vie, alors pourquoi pas tenter le diable en le lui demandant ? Quoi qu’il en soit, parler de ces problèmes d’amitié nous sape vite le moral, et on se décide d’un commun accord à éviter la question pour mieux profiter de la soirée. « Je l’aurais pas mieux dit, faisons en sorte de passer une soirée mémorable. »

Voyager : voilà bien un truc qui me faisait constamment rêver. J’aurais bien aimé pouvoir aller aux quatre coins du monde comme certains de mes amis, pouvoir montrer des photos de lieux insolites en revenant bronzée et à la limite de l’hystérie. Mais non, chez-moi c’est différent : le voyage, c’est chacun de ces moments où je n’ai pas à penser au bien-être de ma famille, à me demander si Magnus et Magdalena ont bien le matériel qu’il leur faut pour aller à l’école, si Ugo se porte bien et s’il assure dans ses études, toutes les choses importantes du genre qui font qu’on est une fratrie soudée. Même si en ce moment, on ne va pas se le cacher, j’en ai vraiment marre : enchaîner les soirées commence à me faire rêver d’une vie moins chaotique, de ne pas dépendre de la satisfaction de chacun de mes frères et sœurs. Violet, elle, elle n’était pas sûre de vouloir retourner au pays. Ça ce comprends : vivre ici pendant une grande partie de sa vie, ça nous fait oublier nos vraies attaches. Elle n’imagine un retour au Pays de Galles comme des vacances, rien de plus. « J’aimerai bien visiter le Pays de Galles, un jour. Si t’as des conseils à me donner, je suis preneuse. J’espère qu’il fait pas trop froid, parce qu’ayant toujours vécu ici, ben je sais pas vraiment ce que ça fait. » Qui aurait cru que je plongerais dans des eaux glacées, quelques années plus tard ? « Je sais pas si je passerais ma vie dans ce trou à rats, parce qu’Island Bay c’est parfois un vrai trou à rats, mais je pense que voyager de temps en temps me suffirait, tu vois ? J’ai trop de trucs qui me retiennent ici pour partir. Où alors j’irai habiter ailleurs, mais toujours en Nouvelle-Zélande. » Et oui, ma famille compte plus que tout pour moi, je ne me vois pas faire mon bonhomme de chemin sans pouvoir veiller sur chacun de mes frères et sœurs. Alors quitter le pays ? Que dalle.

Communiquer avec moi, c’est assez compliqué : je n’ai pas les moyens de m’offrir un téléphone ; pas foutue de trouver de travail et déjà bien trop endettée auprès d’Ariane pour pouvoir lui gratter plus d’argent. Alors je me contentes sagement du fixe de la maison, auquel j’essaye de prêter une constante attention. Je n’aimerai pas que ma mère tombe sur l’appel d’un ami et lui réponde, complètement éméchée, et je n’apprécierai pas non plus que ce soit l’un des membres de ma fratrie qui fasse une blague à l’ami qui m’appelle. C’est risqué, mais c’est ma seule chance de garder le contact avec les gens s’ils ne viennent pas me chercher directement chez moi. Je passe pour une fille un peu louche, mais je préfère ça plutôt que d’avoir à étaler tous mes problèmes familiaux : voyons les choses en face, les services sociaux auraient déjà du nous prendre en charge il y a des années. « C’est top, franchement c’est top. » J’aimerai avoir de vrais projets comme la brune, savoir ce qui me fera vibrer pendant toute ma vie et ce qui me permettra en même temps de me nourrir et de payer mon loyer. Malheureusement, ce n’est pas le cas : j’échoue dans tout ce que j’essaye de faire, que ce soit par manque de volonté, de compétences ou d’intérêt. Mais bon, avec un peu de chance, je finirais bien par trouver. « Peut-être que j’aurai l’occasion de laisser un avis sur ton livre d’or, un de ces quatre. En tout cas, je te souhaite que ça marche. » Et moi, pendant ce temps, je lui ment sans la moindre vergogne. « Ouaip, avocate. Dans les droits des enfants, si possible. C’est ce qui m’intéresse. » Je ne connais rien au droit, alors la carrière d’avocate me semblait être un bon échappatoire.
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Tu connaissais quelques personnes en effet, des imbéciles. Tu avais eu des véritables amis et puis, comme tout le monde, tu en avais eu des moins bons. C’était ainsi. Les gens étaient cons parfois et ne méritait pas des amis. « Disons, que j’ai connu quelques personnes qui m’ont déçues mais je suppose que je ne suis pas la seule. » Tu savais que chaque personne avait des déceptions amicales. Parfois tu te demandais si cela venait de toi car, tu avais déjà vu des amitiés goal comme on pouvait dire. Tu avais des amis avec qui tu étais proche quand même. Cela ne servait à rien de discuter de ce genre de personnes, ils ne le méritaient pas. Tu étais donc d’accord avec Lison sur ce point là.

Tu parlais avec la jeune femme d’où tu venais, de là où tu étais née. Tu ne penses pas que tu irais vivre là bas car après tout, tu n’y avait rien. Ce n’était pas méchant, simplement que tu avais fini par vivre ici depuis quelques temps maintenant, depuis ton enfance maintenance. Lison semblait intéressée par la ville et avait envie d’aller visiter. « Je ne me souviens plus de tout je t’avoue mais je crois que pour le temps ça allait enfin, ça dépend des périodes. Il faut toujours vérifier avant de partir je pense. » Mais bon pour cela, ce n’était pas une surprise. Du moins, c’était pour n’importe quel pays. Tu préférais également regarder la météo avant d’aller quelque part. Cela te permettait aussi de savoir quels vêtements emportés. « On pourra toujours essayer de se faire un voyage un jour si jamais tu veux vraiment y aller. Cela me permettra d’y retourner aussi. » Autant faire une pierre deux coups, c’était plus simple. « Oui je vois de toute façon, tu as encore le temps d’y penser. » Elle était encore jeune après tout.

Tu lui avais également parlé du fait que tu voulais être cuisinière et ouvrir ton propre restaurant à toi. Tu en avais envie mais tu savais que c’était un long projet et que donc, il te falait aussi de l’argent pour. Sans ça, tu ne pouvais pas y arriver. « C’est gentil en tout cas, je l’espère on verra bien. Après si je peux travailler dans un restaurant quand même c’est bien. » Tu lui disais avec un sourire. C’était mieux que rien, non ? « Ah oui ? Pourquoi tu te spécialise dans les droits de l’enfant ? » Tu demandais pour savoir, elle avait peut être une raison particulière.

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Oh non, tu n’es pas la seule. Et nous ne sommes sûrement pas que deux non plus. Moi, je passe malheureusement trop de temps avec des cons pour pouvoir avoir de vrais amis. Ils se comptent sur les doigts de la main, et encore. Heureusement, j’ai mes frères et sœurs qui sont là aussi, derrière. « Ça arrive à tout le monde, malheureusement. Il paraît que ça s’arrange quand on vieillit, alors… j’imagine qu’on verra bien. En attendant, on fera ce qu’on pourra. » En ce qui me concerne, je ne voyais pas d’inconvénients à vieillir : rien ne m’empêche de faire tout ce que je peux faire actuellement, et dans l’idéal, j’aurai un boulot, un salaire, une vraie vie. Alors je dois dire que je suis plutôt pressée de vieillir. Comme si ça allait me permettre d’échapper à tous mes problèmes. Et ce sera le cas. Enfin, il fallait clore ce triste sujet pour pouvoir mieux profiter de la soirée, et Violet ne se fit pas prier.

J’apprends que la température est variable par chez la brune, comme un peu partout j’imagine. C’est le principe des saisons, même si on pourrait parfois avoir tendance à dire que plus ça va et plus le temps est détraqué un peu partout. Je ne serais pas surprise de voir de la neige au beau milieu du Sahara un jour. « Après… il y a des pays qui ont plus de charme quand il fait mauvais temps. Ça fait partie du trip, j’imagine. » En attendant, Violet me fait une proposition inattendue : alors que nous nous sommes rencontrées il y a une demi-heure à peine, elle me propose de… visiter le Pays de Galles avec elle à l’occasion ? « Euh… ben ouais, carrément. J’adorerais. » Entre temps, il me faudra trouver de l’argent par contre, et ça ça va pas être facile. Plutôt que de traîner les rues pour faire des conneries, ce serait peut-être l’occasion de me trouver un petit boulot.

Je m’intéresse un peu plus à sa vie personnelle, à ses projets d’avenir. Je souhaite à Violet que ça marche, qu’elle puisse ouvrir son propre restaurant, ramener de la clientèle et faire ce qu’elle aime de sa vie sans avoir à se poser de questions. J’ajoute même que, peut-être, j’aurai l’occasion d’y faire un saut. « Ouais, c’est sûr. J’imagine qu’au-delà de l’aspect management et commerçant, c’est faire de la cuisine qui te plaît. Sinon… ça aurait pas trop de sens. » Pour sûr, c’était mieux que rien. Et nous revoilà à parler de mes études à moi, des études inexistantes mais que je parviens tout de même à inventer pour ne pas passer pour une ratée devant Violet. « J’ai une vie de famille compliquée. Je crois que je ne voudrais pas que ça arrive à d’autres, c’est tout. Ça m’est un peu apparu comme une évidence, en fait. »
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Tu le savais oui, ce genre de choses arrivaient à tout le monde. Tu savais très bien que ce genre d’amitiés, ou fausses amitiés, cela ne t’arrivait pas uniquement à toi. Cela arrivait à tout le monde malheureusement. Bon, quelque part, c’était rassurant car cela signifiait que le problème ne venait pas de toi mais bon tout de même. Ce n’était pas pour autant que c’était cool de vivre ce genre de choses. Enfin, comme vous aviez décidé, cela ne servait à rien que d’en parler, ce genre de personnes ne le méritaient pas.

Tu préférais discuter de là où tu étais né, le Pays de Galles. Tu ne te rappelais plus vraiment de tout mais tu n’étais pas contre y aller justement. Tu voulais connaître cette ville où tu avais vécu quelques années. Tu savais que tu devais avoir des oncles, des cousines et de la famille là-bas. Ce n’était peut être pas des personnes proches mais, ce n’était pas pour autant que tu n’avais pas envie de renouer avec eux, loin de là d’ailleurs. Au niveau de la température, tu ne t’en rappelais plus trop mais tu savais qu’il y avait du beau temps comme du mauvais temps parfois. C’était un peu comme partout. « Oui c’est vrai je pense que cela fait son charme quand même, et super alors, on fera ça. » Tu lui disais mais tu ne voulais pas pour autant te faire de faux espoirs ni même car après tout, tu n’avais pas l’argent pour le moment. Cela ne servait pas de s’emballer, surtout si vous ne pouviez y aller ensuite.

La jeune femme t’écoutait alors parler de ton boulot et de ce que tu aimais faire. Tu avais envie d’avoir ton propre restaurant mais, tu savais que ça ne serait pas facile pour autant et que, peut être tu n’arriverais pas à ton objectif. Dans ce cas, tu tenterais de trouver une place en tant que cuisinière, c’était mieux que rien. « Oui, c’est ce que je veux faire, de la cuisine. C’est ce que je préfère. » Bien que tu avais envie d’avoir ton propre restaurant, le gérer et tout mais ce n’était pas ce que tu préférais. Tu te laisserais le temps car, tu étais encore jeune. Tu hochais la tête aux mots de Lison quand elle évoquait son métier. « Je comprends oui.. tu veux en parler ? » Tu lui demandais donc. Tu savais que quand on avait vécu quelque chose de douloureux alors, on ne souhaite pas que cela arrive à d’autres personnes.

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De toutes évidences, le Pays de Galles doit être un chouette pays. Je me souviens avoir vu ses montagnes, certains paysages bien typiques de là-bas dans un bouquin de mon frère, et ça avait eu le mérite de me marquer. En y réfléchissant bien, ça doit bien figurer dans mon top des destinations à faire. Toujours derrière l’Antarctique, c’est évident. On me demande ce que je peux bien trouver à cet endroit : c’est beau, mais qu’est-ce que c’est vide. Peut-être, mais si j’ai l’occasion d’y aller un jour, ce sera surtout pour ses eaux. Je compte bien voir ce que ça fait de nager sous les plus beaux des glaciers au monde. Pourquoi ne pas partager à mon tour cette pensée avec Violet ? « Sur les photos que j’en ai vu, les monts étaient cachés par la brume. C’était magnifique. Moi j’aimerai bien pouvoir nager en Antarctique. C’est genre… le grand rêve de ma vie, tu vois ? » Ça allait demander du temps, du travail et de l’argent. Mais à mon sens, ça en valait largement la peine.

Alors que nous continuons de parler projets d’avenir, Violet confirme son point de vue : ce qu’elle veut, c’est avant tout faire de la cuisine. L’aspect gestion d’un restaurant ne l’intéresse sûrement pas, mais j’imagine que le fait d’avoir les clés de sa propre enseigne donne l’impression d’être arrivé au sommet de la profession. Ce qui est plutôt cool aussi, en un sens. « Tu dois être une bête derrière les fourneaux. Tu as commencé à cuisiner il y a longtemps ? » J’étais persuadée que ce genre de vocations, tout comme la plongée, c’était inné. On a l’impression d’être sur terre pour faire ce boulot, et puis c’est tout : pour certains c’est le bâtiment, pour d’autres les affaires, l’art… voilà, on peut rien y faire. Puis je m’enfonce un peu plus dans mon mensonge, affirmant alors que je me suis orientée vers le droit des enfants à cause de ma propre vie de famille : tout n’est pas entièrement faux, j’ai vraiment une vie de famille merdique. Sauf que je ne suis toujours pas étudiante en droit. Violet me propose d’en parler, alors je tends ma bière vers l’une des sorties de la pièce. « On en parle dehors ? » J’attrape sa main et la guide à travers la foule jusqu’à ce qu’on arrive à respirer. Je trouve un petit coin où m’asseoir et prends une gorgée de ma bière avant de regarder les étoiles. « J’ai pas mal de frères et sœurs. Cinq, en fait. Et notre mère est alcoolique, alors les sorties comme ça c’est exceptionnel. Je vais jamais aussi loin d’habitude, parce qu’il faut que quelqu’un puisse veiller sur les plus jeunes. »
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