if it's the psychic network why do they need a phone number ? → joy

C’est compliqué ces histoires de destin. Non vraiment, même Vesper est larguée. Parce qu’elle a envie de répondre à Joy qu’au final, si quelque chose lui arrive, c’est que c’était écrit et que ça devait se produire mais alors ça n’a pas de sens de vouloir à tout prix s’assurer d’être sur le bon chemin. Bref, histoire de ne pas se taper une migraine carabinée sur un sujet des plus mystiques, elle acquiesce d’un signe de tête. C’est bien de se lancer à l’aventure, des fois. De foncer tête baissée. Ça lui était arrivé aussi mais elle n’en avait pas retiré que de bonnes expériences et c’est peut-être pour cette raison qu’elle préfère laisser faire maintenant. En d’autres termes : elle a assez donné.

« C’est cool aussi. Si tu veux mon avis l’idéal ça serait un peu des deux. »

Comme pour tout, au final. Mais on vivrait alors peut-être dans un monde parfait et ça, hélas, c’est impossible. D’ailleurs, la question demeure : est-ce que ça serait bien ? La perfection c’est ennuyeux à force alors peut-être – même sûrement – que non. Il est alors temps de goûter à ce fameux mojito. Les meilleurs qu’elle ait bus étaient ceux de Cuba mais ça faisait quand même un peu loin pour un mojito. Cependant, celui-ci est très bon aussi, selon les critères de Vesper qui aime ça quand le goût de la menthe est un peu prononcé.

« Pas mal du tout, tu veux essayer ? »

La blonde sort d’une communauté hippie alors le partage, elle connaît et ça ne va certainement pas la déranger de laisser Joy boire à son verre mais elle peut aussi comprendre que la réciproque ne soit pas vraie.
Suite aux sons pas très agréables qui résonnent dans le bar, son amie lui apprend qu’elle adore chanter sous la douche. Comme tout le monde, non ? Il n’y a à peu près que là qu’on peut se permettre de faire une performance de folie sans avoir trop à craindre que vos ultrasons aient rameuté tous les chiens du quartier. En tout cas, c’est le cas de la texane mais si ça se trouve, Joy a une très jolie voix, c’est l’occasion de le découvrir.

« Ça marche ! T’as une ou plusieurs chansons fétiches au karaoké ? Je t’avoue que j’adore chanter All by Myself et Without You. »

Que des chansons de divas. Pour bien les massacrer et faire saigner un peu les oreilles des autres personnes présentes mais c’est justement ce qui est fun, non ?

Peut-être que Vesper pourrait en dire autant si seulement elle croyait au hasard. Mais puisqu’elle comprend tout à fait l’attrait de vouloir croire que rien n’est écrit, que tout est possible et qu’elle n’a aucune envie de casser cette illusion, la texane acquiesce une fois de plus. Puis elles échangent leurs avis au sujet de leurs cocktails et Joy ne souhaite pas goûter le sien du moins pas tout de suite mais sûrement après. Bonne idée ; de son côté, elle n’a pas l’intention de rester tout le temps au même cocktail non plus et l’avantage des boissons sans alcool, c’est qu’on ne peut pas vraiment faire de mélanges malheureux qui vous coincent pendant une bonne partie de la soirée dans les toilettes et vous font jurer le lendemain matin de ne plus jamais boire une seule goutte d’alcool, quel qu’il soit. Promesse que vous avez généralement tôt fait d’oublier, en général. En tout cas, c’est ce qu’elle a souvent entendu dire car, croyez-le ou non, mais ça ne lui est encore jamais arrivé à la blonde, une telle situation. Bien sûr, elle sait ce que c’est que d’être saoule mais elle ne l’a jamais été à ce point. Et pas si souvent non plus, soit dit en passant. Disons qu’à choisir, elle préfère encore fumer un peu d’herbe à l’occasion. Oui c’est un comble, elle qui ne fume même pas de tabac classique mais que voulez-vous, après tout, elle a passé pas mal de temps entourée de hippies, on en garde des marques.

Mais la question ne se pose pas en tout cas. Celle qui se pose c’est qui aime chanter quoi ? Parce que c’est évident que quand il y a une soirée karaoké dans un bar, on y reste au moins le temps de casser les oreilles des autres clients le temps d’une chanson. Voire plus. Tout dépend de si la foule a décidé qu’elle en avait marre et que le mieux à faire était de vous jeter dehors ou non. Joy apprend alors à Vesper que de son côté, elle aime bien chanter du rock. Et elle ajoute de surcroît que ça file la pêche au petit matin.

« Tu m’étonnes, après tu dois te prendre pour Rocky et commencer la journée remontée à bloc ! »

Elle prend une autre gorgée de son mojito afin de bien préparer ses cordes vocales et propose :

« On attend une ou deux chansons avant de se lancer ? Histoire de voir si j’vais vraiment me ridiculiser ou pas. »

Ce qui ne l’effraye de toute façon pas.

Effectivement, Vesper comprend bien que ça ne doit être aussi simple de pousser la chansonnette avec Romy dans les parages. Les bébés ont besoin de dormir, ça, la blonde a eu l’occasion de s’en apercevoir par elle-même avec ses nièces. A la différence que le ranch des Walker est grand, et que si on en a l’envie, on peut se rendre à l’autre bout pour hurler un coup sans réveiller qui que ce soit. Ce qu’il lui est déjà arrivé de faire, oui, si vous vous posez la question. Mais c’est sûr que dans un appartement ou même dans une maison classique, ce n’est pas du tout pareil. A moins d’avoir une isolation incroyable, digne des meilleurs studios de musique. Bref, ça ne durerait pas et, tout comme sa sœur, Joy en viendrait bientôt à regretter l’époque où elle devait faire attention au bruit qu’elle faisait parce que Romy aurait décidé qu’elle ne voulait plus faire la sieste.

« Oh, t’en fais pas, d’ici peu elle chantera avec toi ! »

Puis Joy lui fait savoir qu’elles ne sont obligées de chanter en duo non plus, si elle n’en a pas envie. Oh, ce n’est pas ça ; quelqu’un dont le métier consiste littéralement à se casser la figure devant des caméras ne peut pas vraiment avoir peur de se ridiculiser, ça n’aurait aucun sens. C’est juste qu’elle préfère voir s’il y a d’autres chanteurs de sa trempe dans le coin avant de se lancer. Et même s’il n’y en a pas, ça ne l’empêchera pas de prendre le micro à un moment ou à un autre.

« Non, t’inquiète, j’ai bien envie de chanter un peu moi aussi mais j’aime bien y passer une fois que tout le monde est dans l’ambiance. »

Après quoi son amie lui explique que, si elles se lancent, elles devraient se mettre rapidement d’accord sur la chanson qu’elles vont chanter. C’est vrai que c’est une bonne idée alors la texane acquiesce.

« Ouais, bonne idée, j’vais aller embêter un peu le barman pour voir s’il a la liste. »

Accordant le geste à la parole, elle se lève et marche jusqu’au bar où elle demande d’abord des cacahuètes avant de passer à la fameuse liste. Il se trouve que, derrière son bar, le barman a même carrément tout un classeur des chansons qui se trouvent dans la machine à karaoké. Ça en fait du choix. Elle le remercie et retourne s’asseoir en poussant les cacahuètes dont elle prend une petite poignée au passage ainsi que le classeur devant Joy.

« Hé ben, on a l’embarras du choix. J’espère que c’est rangé par style, comme ça on va direct voir ce qu’il y a dans la catégorie rock. »

Ah, ça ne l’étonnait pas d’apprendre que Joy chantait déjà avec sa fille. Elles devaient rivaliser toutes les deux, ça devait être à celle qui donnerait le plus de voix. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les enfants peuvent être très forts à ce jeu. Ses nièces ne sont plus des bébés et la dernière n’est pas encore arrivée mais ça ne les empêche pas de hurler vraiment fort par moment. Quand elle était là, c’était généralement le moment que choisissait Vesper pour s’éclipser. La texane pouvait tolérer beaucoup de la part de ses nièces mais il y avait quand même des limites. Dans tous les cas, ça la fait bien rire de l’imaginer. Ça doit effectivement être un sacré bazar quand elles s’y mettent toutes les deux.

« C’est gentil à toi de me prévenir en tout cas, si jamais je passe chez toi à l’improviste et que ça se produit, je serai pas surprise. »

Puis Joy lui demande si elle a bien compris pour quelle obscure raison Vesper tient tant à attendre avant de se jeter à l’eau, d’attraper un micro et de chanter dedans comme si elle était en plein concert. Oui c’est exactement ça, elle préfère que les autres se fassent huer avant de s’y risquer à son tour. Elle hoche la tête, songeant qu’elle doit quand même un peu passer pour une crevarde en faisant ça mais rassurez-vous, il n’en va pas de même pour tout.

« C’est déjà arrivé par le passé que j’me fasse acclamer en m’y prenant ainsi. Alors que j’ai rien de Whitney Houston, tu peux me croire. »

Ce qui signifie que c’est une bonne technique, non ? Enfin bref, tant qu’elles n’ont pas la liste des chansons disponibles, ça ne sert pas à grand-chose de faire des plans alors Vesper se dévoue pour aller la chercher. Ainsi que des cacahuètes parce que quand même, c’est la moindre des choses. Elle laisse ensuite le soin à son amie d’ouvrir le classeur et Joy lui apprend que c’est rangé par ordre alphabétique. On a connu mieux pour s’y retrouver.

« Oh merde… par interprètes ou par titre ? »

Il y a encore un espoir qu’on leur ait simplifié la tâche et que ça soit par interprètes mais elle n’y croit pas trop. Elle se penche sur ledit classeur elle aussi.

« Regarde toujours à E pour Eye of the Tiger. »

Si elles ne veulent pas passer la soirée à feuilleter le classeur, il faudrait penser à plusieurs titres de chansons qu’elles voudraient chanter et ensuite vérifier si elles s’y trouvaient. La blonde s’arme donc d’un carton et d’un stylo qu’elle trouve au fond de son sac pour noter quelques titres.

Si les cris de Romy sont un signe qu’elle sera un jour une star de la chanson ? Ça, personne ne peut le prédire – sauf peut-être l’une des voyantes de Vesper -, mais ce n’est pas impossible après tout. Si ça se trouve, peut-être que Céline, Diana et toute la clique faisaient des vocalises dès le berceau elles aussi ? Ça serait drôle, ça devait rendre leurs mères un peu dingues à l’époque mais ça ne les avait pas empêchées d’en faire leur métier et même de très bien réussir leur carrière. Contrairement à leur vie privée mais bon, ça, c’est le showbiz ; la blonde était bien placée pour savoir de quoi elle parlait. Si elle n’en fait pas partie à proprement parler – personne ne connaît les cascadeurs à moins d’en être véritablement mordu ou de s’être essayé à l’exercice – mais elle a côtoyé des tas de gens de ce milieu et elle n’en connaît pour ainsi dire pas un seul qui ait été réellement heureux. C’est bien la raison pour laquelle elle avait préféré rester à sa place quand elle aurait pu, qui sait, devenir actrice à son tour. Soit, la texane lève son verre pour trinquer encore une fois.

« A la future carrière de Romy ! »

Puis elle fait part à Joy de sa tactique. La ruse est finaude et généralement, elle fonctionne bien, ce qui que son amie lui annonce alors qu’elle lui piquera l’idée pour une prochaine soirée karaoké, ce à quoi elle répond par un clin d’œil complice. C’est qu’elle peut avoir des très bonnes idées parfois et que ça serait dommage de ne pas en faire profiter les autres. Elle se penche ensuite sur le classeur un peu énorme mais plus pour la forme qu’autre chose puisqu’elle préfère laisser Joy se dépatouiller avec ; ça a l’air chiant comme classement alors la blonde attrape un autre carton sur lequel elle marque « veuillez trouver un autre système de rangement (par artistes serait préférable) merci. », elle pensera à le laisser bien en évidence avant de partir ou de le rendre en même temps que le classeur. En tout cas, on peut compter sur elle pour faire savoir quand quelque chose ne va pas.

« Hum Sweet Dream d’Eurythmics, Crazy in Love de Beyoncé, Wannabe des Spice Girls ? »

Si Joy a besoin d’autres titres, elle en a encore plein en réserve mais pour l’instant, ça lui semble pas mal, déjà.

Dans le fond, ça rassure pas mal Vesper d’entendre Joy préciser que, si future carrière de chanteuse il y a, ça ne sera pas avant longtemps. Bien sûr, elle n’a rien à redire là-dessus si jamais son amie veut faire de sa fille une enfant-star mais elle lui conseillerait tout de même d’y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans cette voie. Ce que par chez elle, il existe de concours de mini-miss – sans doute pas que par chez elle, d’ailleurs et c’est sûrement ça le plus flippant -, elle n’y a peut-être jamais participé car sa famille crache royalement à la figure de toutes ces conneries et de la plupart des gens qui s’y abaissent mais elle y a assisté une fois. Parce qu’elle connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui y faisait participer sa fille et que ça l’intriguait ; elle voulait voir par elle-même si c’était aussi moche que ce qu’on vous montre à la télé. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas joli-joli. Des enfants de quatre ans maquillés comme des voitures volées, portant des perruques qui doivent bien faire le double de leur poids sur scène en train de se donner en spectacle parce que maman aurait bien aimé être miss avant d’être mère mais que bon, pas de bol, tout le monde n’a pas le physique d’une miss alors on projette ses rêves de jeune adolescente sur ses enfants. Sans compter que c’est la jungle là-dedans, des fillettes capricieuses qu’on encourage à s’écraser les unes les autres, vraiment on touche le fond. Depuis ça, la blonde ne peut pas s’empêcher de voir les enfants-stars de cette façon parce que c’est exactement le même principe en fin de compte.

Bref, dans tous les cas, il faut partir à la recherche des chansons qu’elles désirent interpréter avec ce catalogue on ne peut plus désorganisé. Et on peut dire que la texane se la coule douce en laissant cette tâche à son amie. Elle « assiste » si on veut, en laissent un petit mot au barman pour lui faire savoir que son classeur est en bordel. Si ça se trouve, lui n’en sait rien, il est peut-être là depuis des siècles, ce truc et lui peut-être pas. Quoi qu’il en soit, Joy finit par trouver Beyoncé et les Spice Girls. Pas d’Eurythmics, tant pis. Par contre, Evanescence, ça oui. Wow ça la ramène à des temps quasiment immémoriaux où les chansons d’Amy Lee étaient à la mode. Bien sûr qu’elles étaient fun à chanter puisque la chanteuse avait du coffre.

« Super ! J’ai l’impression que ça fait une éternité que je l’ai plus entendue, celle-ci. »

Ce qui ne l’empêche pourtant pas de toujours connaître les paroles par cœur. Enfin bref, là-dessus, Joy lui propose de prendre un autre verre et un sourire étire alors ses lèvres.

« Avec joie, puis tu l’as bien mérité, je trouve ! »

Elle appelle ensuite le barman qui, pour l’instant, continue de faire le service et lui glisse le carton qu’il fourre dans sa poche sans vraiment y faire attention. Bon. Tant pis, de toute façon il est surtout là pour les resservir et Vesper qui décide de faire comme Joy et opte pour une piña colada, cette fois-ci.

Wow parlons d’une autre époque : le temps de baladeurs CDs. Voilà un gadget qui était définitivement passé de mode, contrairement au walkman qui pourrait revenir et aurait très certainement toujours une place dans notre cœur à tous. Bref, Vesper se rappelait très bien avoir téléchargé le premier album du groupe, au moment où il commençait tout juste à se faire un nom et avoir acheté le deuxième. The Open Door. Elle est à peu près sûre que cet album-là n’a pas eu le même succès que le premier mais Lithium, Snow White Queen, The Only One… tant de chansons qu’il lui arrive encore d’écouter de nos jours. Et pas que dans des moments hyper sombres et déprimants de sa vie, soit dit en passant. Au contraire, la texane aurait même plutôt tendance à écouter ça quand tout va à merveille parce que sinon, il y a un peu de quoi se tirer une balle, pour peu qu’on prête attention aux paroles. Mais ça, c’est tout Evanescence. Tout ça pour dire que le rock c’est cool et que ça ne prend pas une ride, en plus.

« Les baladeurs CDs, m’en parle pas. Tu te rappelles quand on nous faisait croire qu’on pouvait faire du sport ou aller courir avec en l’accrochant à notre ceinture sauf que ça ne tenait pas ? Heureusement, on a pas mal évolué à ce sujet. »

Maintenant, Vesper peut aller courir sans avoir la crainte que son lecteur MP3 tombe et se casse. Ainsi que le CD qui était dedans, bien évidemment. Quoi qu’il en soit, le fait de reparler du bon vieux temps leur donne à toutes les deux l’envie de chanter cette chanson en particulier et c’est cool.

« Super idée ! En revanche, je me contenterai de faire les chœurs. »

Non parce que bon, c’est qu’elle avait sacrément de la voix, Amy Lee. Ce que Vesper n’a pas. Mais qu’à cela ne tienne, elle adorait faire la voix désincarnée du type qui chantait et qui ne faisait pas ou plus partie du groupe depuis cette chanson. La blonde laisse Joy s’assurer qu’elle soit bien dans le classeur, ce qui est moins compliqué quand on sait ce qu’on cherche tandis qu’elle fait signe au barman ; elles vont pouvoir lui rendre cet objet de malheur et passer commande parce que c’est vrai qu’elles le méritent toutes les deux. Les deux blondinettes commandent alors la boisson de l’autre pendant qu’un type, sans peur, se risque à chanter une chanson assez rythmée alors que lui n’a pas de rythme. Forcément, c’est pas mal chaotique mais ça la rassure, elle ne sera pas la plus nulle ce soir.

« J’avoue mais d’un autre côté, c’est pas toujours les chansons qui nous vont le mieux qu’on a envie de chanter. »

La preuve. Dans tous les cas, ça la fait beaucoup rire et elle n’hésite pas une seule seconde à se joindre aux autres pour le huer bien que ça reste bon enfant pour sa part parce qu’elle trouve tout de même qu’il a du courage.

« Tu m’étonnes. Tu vas voir, qu’on chante bien ou qu’on se plante carrément, on fera un tabac ! »