first meeting (riley)

Dans la cuisine, sur le réfrigérateur pour être plus précis, il y a un planning pour toute la semaine. C'est censé permettre à Nathan et Tahlya de rester organisés et de ne pas être en retard. Malheureusement, c'est juste censé. Car aujourd'hui, comme chaque matin, ils quittent leur maison en retard. La maîtresse du garçon fera une remarque, comme à chaque fois, les menaçant même de ne pas pouvoir l'accepter en cours. Mais elle finira par céder, encore. Elle fait cela pour éviter que ça se reproduise, mais sur Nathan et sa marraine, ça n'a pas beaucoup d'effet. À chaque fois qu'elle dépose le petit garçon, Tahlya se demande comment ils font pour être tout le temps en retard. Le réveil est bon, le petit-déjeuner prend le temps voulu et après.. tout se dérègle. À croire que le temps s'accélère soudainement. Maintenant, elle doit aller au centre pour vétérans. C'est sa matinée et elle va encore devoir se justifier. Son meilleur moyen pour y échapper ? Des yeux de biches et une excuse bidon. Étant bénévole ici, la directrice est plus indulgente envers la brune. Mais ce retard fait culpabiliser Tahlya qui se met rapidement au travail à son arrivée. Autant essayé de se rattraper le plus tôt possible. Elle effectue plusieurs trajets entre la cuisine du bâtiment et l'entrée pour y apporter ce qui a été préparé à l'avance. Quel est le rôle de la jeune femme ici ? L'organisationnel en quelques sortes. Aujourd'hui, elle doit préparer le buffet d'après réunion. Inutile de cuisiné, c'est déjà fait. Par des personnes qualifiées pour cela et ce n'est sûrement pas plus mal, car Tahlya n'a pas le temps pour un procès pour intoxication alimentaire générale. Elle se contente juste d'amener les petits fours et les gâteaux. Elle sert aussi quelques verres, des jus de fruits et des sodas principalement. Elle ne fait pas toujours ça, mais aujourd'hui c'est son boulot, alors elle s'applique à la tâche. C'est bien loin de la médecine, mais être ici lui fait du bien. En quelques sortes. C'est ce qui la rattache à son frère, à son monde à lui. La brune n'a jamais été bagarre, arme, guerre, mais lui oui. Cela a toujours été quelque chose qui l'intéressait, au point de mettre sa vie en jeu. Aujourd'hui, personne chez les Halberg ne sait vraiment ce qu'il en est de sa vie. C'est aussi ce qui pousse Tahlya à être ici aussi souvent. Des histoires, des indices sur son parcours. La porte de la pièce principale s'ouvre, sortant la jeune femme de ses pensées. La réunion est terminée et c'est maintenant qu'elle entre en jeu. « Bonjour. » Dit-elle doucement, alors qu'elle s'approche d'une jeune femme, blonde, qu'elle ne reconnaît pas. Tahlya n'ira pas jusqu'à dire qu'elle est connue ici, mais certains visages reviennent chaque semaine et celui-ci n'en fait pas partie. Peut-être que l'inconnue venait à un autre horaire avant. « Vous êtes nouvelle ici ? Je ne vous ai jamais vus avant. » Une approche en douceur, voilà ce qu'elle est en train de faire. Généralement, les personnes qui viennent ici ont vécu des choses difficiles, des choses que personne ne peut imaginer. Alors si la supérieure de Tahlya apprenait qu'elle a été un peu brusque avec une patiente, elle se ferait certainement congédier. Et puis de toutes manières, ce n'est pas dans ses habitudes de foncer tête baisser dans le tas, pas ici en tout cas. « Je suis Tahlya. Je travaille ici. »

elle soupire riley, toujours pas convaincue du bien de sa présence ici. pourtant elle n'a pas le choix, elle sait que c'est la seule solution pour avoir droit de conserver son statut de militaire, on l'a prévenu, c'est le centre d'aide ou bien la fin du versement de sa solde, alors elle arrive dans la grande salle de réunion riley, sa veste en cuir sur les épaules et ses lunettes de soleil vissées sur son nez, sa retarde l'échéance de devoir croiser les regards des autres. pourtant d'un signe de tête on lui fait comprendre qu'elle doit les enlever et elle se retrouve alors agressée par la lumière du soleil. elle ne sort pas de chez elle riley, même pas pour faire ses courses, c'est sa voisine qui s'en charge. c'est pas qu'elle a un problème riley, c'est juste que la nuit est difficile à passer alors c'est la journée qu'elle rattrape son sommeil quand elle n'est pas occupée à enquêter sur l'accident qui lui a coûté la vie. parce que finalement être morte serait déjà plus appréciable que de se retrouver dans une salle de réunions entourée d'hommes qui racontent leurs exploits et partagent leur difficile retour à la réalité. elle lève les yeux au ciel, encore et encore, les trouvant pathétiques et tristes, elle a presque envie de les secouer, de leur dire d'ouvrir les yeux. elle n'est pas comme ça riley, elle le sait. elle n'est pas aussi pitoyable, elle est fière et même si elle ne s'en vante jamais, les nombreuses médailles cachées quelque part dans un carton, sont là pour le prouver. elle les écoute encore et encore et elle ferme les yeux sans s'en apercevoir, y'a les flashs qui viennent exploser sous yeux clos. les flashs de l'accident, elle peut déjà sentir l'odeur du kérosène qui ne tardera pas à prendre feu. y'a la douleur aussi, qui vient perforer sa côte droite et puis soudain on la bouscule, on l'appelle. la séance est terminée et y'a une douzaine de personnes qu'elle ne connaît pas qui restent la regarder. d'habitude elle fonce riley, elle remet en place ses lunettes de soleil et prend la fuite, mais aujourd'hui on ne lui en laisse pas l'occasion, y'a la psy qui la tire par le bras en lui demandant pourquoi est-ce qu'elle refuse de participer, qu'il n'y a pas de jugement ou de mauvaises réponses et pourtant elle secoue la tête riley et met fin au contact physique avec une certaine violence. «  j’ai pas besoin d’aide. » et puis comme une galèren n'arrive jamais seule, voilà que toute tentatice de conversation est stoppée par une jeune femme qui vient la saluer, mettant fin à la présence de la psy à ses côtés. elle la regarde à peine riley, déjà entrain d'analyser la pièce pour tenter de connaître la moindre porte de sortie, elle aurait presque pu éluder la question de la brune. elle sait pas pourquoi, mais elle détache enfin le regard du mur pour trouver le regard de le brune face à elle. et elle sait pas non plus pourquoi, mais voilà qu'elle tente déjà de trouver la réponse la plus adéquate. « j’suis pas d’ici. us air force. » elle veut pas avoir à expliquer riley, pourquoi un soldat des états-unis se trouve si loin de son pays, elle veut pas expliquer que fut un temps, la nz était le sien, de pays, que maintenant il n'est que le synonime de douleur et de perte. elle détaille la brune du regard, en fait une analyse complète, déformation professionnelle. elle est belle il n'y a pas de doute là dessus, pourtant y'a un truc qui se cache derrière ça, elle le sent riley, elle le sait, peut-être que quand on a traversé l'enfer, on peut reconnaître ceux qui ont eu droit à la même chose. « écoutez tahlya, vous semblez très gentille et je suis persuadée que vous faites un excellent travail, mais moi j’ai rien à faire ici. j’ai juste besoin de trouver le moyen le plus discret de m’en aller avant de devoir remettre les pieds dans cet endroit, la semaine prochaine. » un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres, riley n'a jamais été très ouverte avant l'accident, fallait pas lui en demander plus après.

Le groupe de parole prévu ce matin est terminé. C'est maintenant que le travail de la jeune femme commence. Les plus habitués vont sortir et venir naturellement vers le buffet, mais pour les autres, ça peut-être un peu plus compliqué. Au loin, elle voit une jeune femme qui ne semble pas vouloir s'approcher. Il faut croire que la brune est un peu sadique, car même s'il y a de fortes chances pour qu'elle se fasse jeter, elle y va. Tahlya a posé une question, qui trouve réponse assez vite. Mais presque par chance quand on entend le ton utilisé par la jeune femme. Ce n'est pas agressif, pas vraiment, mais ce n'est pas non plus enthousiaste. Quoi qu'il en soit, la jeune femme et Mateo n'était pas dans le même bataillon et c'est la seule chose qu'a retenu la brune. Elle ne lui sera d'aucune aide. Tahlya est forcément déçue, mais elle essaye de ne rien montrer. Cela fait maintenant huit ans que son frère est porté disparu, une partie d'elle se dit qu'il n'y a plus aucun espoir maintenant, que continuer les recherches est inutile. Et pourtant, elle ne peut pas se résoudre à abandonner. Si c'était elle, il remuerait ciel et terre pour la retrouver. Ses pensées sont rapidement remplacées par un questionnement. Pourquoi vient-elle dans ce centre si elle a été à l'armée en Amérique ? Peut-être qu'elle vient se mettre au vert, d'une certaine manière. De toutes façons, Tahlya n'en aura jamais la réponse. Surtout que la blonde qui se trouve en face d'elle ne semble vraiment pas heureuse d'être ici et encore moins d'avoir été dérangée. L'étudiante en médecine ne se voulait pas méchante, elle ne l'a pas été d'ailleurs. Mais visiblement, son interlocutrice aurait préféré rester seule. C'est confirmé par ses propos : elle n'a pas envie d'être ici et elle ne s'en cache pas. La brune est presque sûre d'une chose, si elle demande au psychiatre qui s'occupait du groupe si cette femme est dans l'échange, alors il lui répondrait que non. C'est propre à chacun. Venir ici est censé aider les gens, mais pour certain, c'est plus l'enfer. Dans ces réunions, ils sont amenés à parler et donc à revivre ce qui les a traumatisés. Tahlya comprend que cela puisse être difficile. Tout ce qu'elle a vécu jusqu’ici, ce qu'elle a vu de ses propres yeux est tout rose à côté. « Ils ne vous lâcheront pas. » Elle aurait pu se contenter de tourner les talons et de partir, mais ce n'est pas elle. Si elle travaille bénévolement ici, c'est avant tout pour venir en aide aux gens, d'une manière ou d'une autre. Et si pour cette femme, ça consiste à lui ouvrir les yeux, alors elle doit le faire. Quitte à se faire rembarrer bien vite. « Si c'est vraiment ce que vous voulez, il vous suffit de rentrer dans leur jeu. Faites en sorte qu'il pense que vous allez mieux. » Même si ce n'est pas le cas, certaines personnes arrivent à mentir suffisamment pour le faire croire aux autres. À soi-même aussi. Ici, la blonde ne semble pas penser souffrir. Elle ne la connaît pas, alors elle ne peut pas juger, mais si elle a été envoyée au centre, c'est qu'il y a une bonne raison. Une raison qu’elle ne voit peut-être pas encore et c’est le rôle des personnes qui travaillent ici : d’aider d’une certaine manière. Pour apporter un certain confort, mais aussi pour essayer de faire ouvrir les yeux à ces personnes. « Mais vous savez, ils ne vous veulent aucun mal. » Tahlya non plus. Elle aurait d’ailleurs pu le rajouter, qu’elle était ici avec un drapeau blanc. Mais parfois, avoir trop d’informations d’un coup, ce n’est pas l’idéal. La jeune femme pourrait se sentir agresser et ce n’est pas le but. D’ailleurs, si elle veut s’enfuir par la porte la plus proche, Tahlya ne la dénoncera pas. « Si jamais l’envie de rester vient, rien que quelques minutes, sachez qu’il y a de quoi grignoter. » Ce n’est pas le grand luxe. Mais ça peut lui montrer qu’en dehors du groupe de parole, il y a d’autres choses qui se font ici et que tout acte de sa part sera pris comme un pas en avant. Les bénévoles ou professionnels qui travaillent ici ont toujours un œil sur les vétérans. Et voir une participation, que ce soit lors des réunions ou après, est pris en compte.

ça la saoule d'être là. parce qu'elle a rien d'autre à faire peut-être, mais c'est pour autant qu'elle veut perdre son temps ici. là elle veut juste son arme et aller se défouler ou bien un sac de boxe ou un verre. ouais elle a besoin d'un verre, mais après un rapide coup d'oeil à ce qui ce trouce sur la table, il n'y a rien d'alcoolisé, forcément, ils sont tous cassés comme elle, donc à 90% tous accro à la bouteille. alors elle tente d'analyser la pièce, la situation, comme ce qu'on lui a apprit à l'école militaire. sortie principale, évidemment impossible, sortie numéro 2 condamnée par un mec bizarre qui semble la regarder un peu trop longuement et elle veut pas casser de bras ici, rien ne sert d'attirer plus de problèmes. la sortie numéro 2 est bloquée, elle peut le voir d'ici et elle n'a pas le temps d'évaluer la quatrième et dernirèe sortie parce que celle qui se prénomme désormais tahlya semble avoir envie de faire d'elle sa ba de l'année. elle veut pas l'écouter riley, parler de ce qu'ils font de bien dans cette association, elle est pas là pour se soigner, juste parce qu'elle n'a pas le choix. elle hoche la tête vaguement et lève les yeux au ciel. c'est impoli, elle le sait, mais c'est pas comme si elle avait quelque chose à foutre des belles paroles de la brune.  « heureusement pour eux qu’ils ne me veulent aucun mal, ça me prendra exactement 0,4 secondes pour attraper le couteau qui se trouve sur la table à droite de la bouteille de jus d’orange et leur lancer dans la poitrine. » c'est tout ce qu'elle a retenue du monologue, parce que son cerveau semble seulement se concentrer sur des phrases auxquelles elle pourra répliquer avec tout le sarcasme qu'on lui connaît. elle soupire longuement tente de reprendre son calme, mais c'est peine perdue, parce qu'elle sent déjà sa tête sur le point d'exploser et ses mains qui commencent à trembler et ça l'énerve d'autant plus. « vous avez pas à faire ça. jouer à la grande sœur cool avec moi. vous êtes une simple civile, comme eux, qui ne connaissent pas un centième de ce que j’ai pu vivre à l’armée. vous étiez certainement entrain de faire la fête avec votre mec sur la plage quand moi je mitraillais des hommes au sol en zone de combat avec un engin de 19 tonnes allant jusqu’à 2 000 km/h. mais qui compte hein ?! vous avez des trucs à grignoter. » elle secoue la tête et percute l'épaule de la jeune femme avant de rejoindre la table où se trouve l'ensemble des boissons. y'a les flash qui reviennent encore et encore, ses paroles ayant déclanchées trop de choses. elle s'appuie tant bien que mal sur la table, les mains en avant et tente de reprendre sa respiration.

Être ici, c'est important pour elle. Ça lui apporte quelque chose de nouveau pour son métier et indirectement, ça la rapproche de son frère. Ce monde, elle ne l'a jamais vraiment aimé, mais elle a été obligée de faire avec et elle sera toujours obligée de le faire, que Mateo revienne ou pas. Alors quand elle est ici, c'est plus fort qu'elle, elle se sent obligée d'aider. C'est ce qu'elle fait avec la jeune femme, malgré les signes de non-envie qu'elle lui envoie. Tahlya ressent de la violence dans les paroles de la jeune femme qui se trouve en face d'elle. Pourtant, elle ne pense pas avoir été méchante. C'est peut-être un réflexe pour des vétérans. Ils ont vécu l'enfer, alors avoir quelqu'un sur le dos, ça doit énerver un peu. La brune a peut-être été lourde sans le vouloir. Subitement, elle s'en veut d'avoir voulu essayer, mais avant même de pouvoir arrêter tout ça, la jeune femme continue sur sa lancée, plus crue qu'avant. Tahlya encaisse chaque parole qu'elle entend, laissant petit à petit sa mâchoire se serrer. Pourtant, la blonde n'a pas tort. Elle n'a pas connu l'enfer, pas comme elle en tout cas. Pourtant, la disparation de son frère l'a longtemps plongée dans un monde parallèle, où elle était seule et dans l'attente d'un espoir. Ce n'est pas grand-chose, mais espérer à longueur de journée, c'est épuisant, physiquement et psychologiquement. La brune attend de longues secondes avant de se retourner, quand elle le fait, un attroupement a lieu. La nourriture a rarement autant d'effet sur les patients, alors elle se rapproche un peu pour voir ce qu'il se passe. Et merde. Voilà ce qu'elle se dit. Pourtant, aucun son ne sort de sa bouche. « Laissez-moi passer. » La brune n'est pas responsable de ce genre de choses ici, mais emportée par les événements, elle se rapproche de la blonde, poussant les personnes qui se trouvent sur son passage. Elle est étudiante en médecine, elle devrait pouvoir s'occuper d'une crise d'angoisse, ou ce qui y ressemble. Tahlya l'attrape par la taille pour la soutenir un minimum. Elle pourrait se faire rejeter à tout moment, mais là, sur le coup, elle s'en fiche. Elle ne serait pas elle-même de la laisser en détresse. « Ouvrez la porte. » Elle se déplace pour se mettre à côté d'elle et force la blonde à passer l'un de ses bras autour de son cou. Même les plus solides ont parfois besoin d'un peu d'aide. Les personnes qui se trouvent sur le chemin des deux jeunes femmes s'écartent sur leur passage. Elles quittent le bâtiment à travers l'une des porte-fenêtres arrières. Après plusieurs mètres dehors, la brune dépose la vétéran sur le sol, dans l'herbe. Ce n'est pas le grand confort ici, mais d'après ce qu'elle lui a dit un peu plus tôt, elle a déjà connu pire. « Elle a juste besoin d'un peu d'air. Je vais rester avec elle. » Elle a juste besoin d'espace pour retrouver ses esprits, alors inutile que tout le monde se mette autour d'elle. La présence de l'étudiante n'est certainement pas celle qu'elle voulait, mais elle va devoir faire avec. « Tu voulais être dehors, tu y es. Mais ce qui vient de se passer, c'est la preuve que tu as besoin d'aide. » Sans s'en rendre compte, Tahlya a commencé à la tutoyer. Peut-être qu'elle comprendra mieux comme ça.