Buon appetito ! | Helsie & Gus.

Je suis petite et menue. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été petite et menue. Pourtant d’après des photographies de moi vers trois ou quatre ans, j’étais plutôt potelée. Il faut croire que je me suis affinée en grandissant. Peut-être étais-je plus grosse à l’adolescence. Il faut dire aussi que c’est une période de ma vie que je préfère oublier. Et même s’il y a des choses de cette période que je ne pourrais jamais oublié, le fait que j’étais peut-être plus « enveloppée » à l’époque, m’est totalement sortie de la tête. Comme le plus souvent, pour ne pas dire tout le temps, depuis que nous nous connaissons, nous évoquons son travail plutôt que le mien, il me questionne sur ce dernier. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais précisé ce que je faisais au sein de la rédaction de Vogue. Peut-être parce que, parler de régime, ça n’a rien de bien passionnant et qu’en réalité, je préférerais bosser pour un magasine culinaire et ainsi, évoquer les recettes italiennes que j’aime tant. « Et bien, je parle essentiellement de régime, parce que je n’ai pas le choix, mais je visite aussi les restaurants et les traiteurs, donc, je peut tout de même débattre sur des choses plus passionnantes ! Mais, je ne te cache pas que je préférais éviter ce genre de sujet ! Comme tu t’en doute, je n’ai pas vraiment de problème de poids et la plus parts des lectrices du magazine non plus ! » que je réponds. Je n’étais pas une personnalité « publique ». Ce que je veux dire, c’est que la plus part des journalistes ont leur photographie dans le magazine. Pas moi. Je pourrais, évidement, puisque je travaille depuis longtemps au sein de cette rédaction, mais je n’y tiens pas. Être dans l’ombre, ça me convient parfaitement ! Et puis, ça me permet d’étudier les réactions des gens lorsque je suis dans la rue et qu’ils passent devant un kiosque à journaux et qu’ils repartent avec Vogue Magazine. Et c’est vrai, la plus part des lectrices, pour ne pas dire toutes, n’ont aucun problème de poids. Mais, j’ai tendance à oublier que la plus part des femmes ne sont pas comme moi, et qu’elles sont après leur ligne. Qu’elles font des régimes pour trente grammes de trop. C’est ridicule, mais dans le fond, c’est ce qui fait vivre ma rubrique alors je ne m’en plein pas ! « Oui, oui. J’évite de faire des trucs trop restrictifs, comme le régime ananas ou pomme ! Ce genre de truc, on sait que ça marche sur le moment, mais dès que l’on reprends une alimentation normale, on reprends le double de ce que l’on a perdu. Alors, j’essaie de faire des propositions de menus ou l’on ne manque de rien, mais ou les résultats tiennent ! » expliquais-je. Maintenant, j’ignorais si cela marchait vraiment. Je n’avais pas de retour. Or, je présume que si mes conseils étaient merdiques, j’aurais entendu parler du pays. Sofia n’aurait pas pris de gants pour me le faire savoir ! « Hum… Quatre sur cinq ! » dis-je après quelques secondes de réflexion lorsqu’il me demande quelle note je donnerais à ma pizza si j’étais critique culinaire. « Elle est très bonne, mais ça manque de fromage ! » terminais-je. « Et toi, tu donnerais combien ? Je suis curieuse ! » lui demandais-je, à mon tour.

Tenir une rubrique uniquement culinaire me plairait, malheureusement pour ça, je ne suis pas dans le bon journal. Pour se faire, il me faudrait intégrer la rédaction d'un magasine culinaire. Mais, je ne suis pas certaine que ma rédactrice en chef accepterait de me donner des références si je venais à lui donner ma démission. Je ne suis pas du genre fonceur. Je suis plutôt du genre à rester dans mon coin, par peur de me casser la figure. De me prendre un mur et de me retrouver sans rien. J'ai un travail et même s'il ne correspond pas complètement à mes attentes parce que je ne parle pas de ce qui me passionne le plus, je m'en contente. Je préfère rester dans cette situation que montrer que ça ne me plait pas et prendre le risque de tout foutre en l'air. Je ferais comment si je perdais mon travail ? C'est pas comme si ça poussait sur les arbres. "J'aimerais bien, mais dans le journal ou je bosse, ça me semble impossible !" avouais-je en réponse à sa question. Le jeune homme m'indique ensuite que son médecin lui à conseiller pour seul régime, d'arrêter la bière et de se mettre au sport. "Ha ! Celui de mon père lui à tenu le même discours !" dis-je avec un sourire. Dans le magasine ou je travaillais, l'alcool c'était carrément un sujet tabou, on en parlait à peine, voir jamais. A la place, on donnait au gens des idées de jus de fruits pour l'apéritif. Moi, personnellement je m'en moque car je ne bois jamais ou alors en de très rares occasions, mais je me met à la place des gens pour qui l'apéritif s'est sacré et très franchement, un apéritif avec jus de fruit, ça doit être moyen. "Une pizza sans fromage, c'est comme un film de Noël sans Père-Noël !" dis-je gaiement. Tout ça pour dire que ça n'avait pas de sens. "Avec plaisir ! J'ai des fourmis dans les pieds, j'ai besoin de marcher un peu !" répondis-je, à sa proposition d'aller déguster un dessert dehors.

Le jeune homme me demanda pourquoi est-ce que je n'essayais pas d'envoyer un article à d'autres journaux, juste pour voir ce que ça pouvait donner, avoir d'autres avis en gros. C'était effectivement une très bonne idée, mais n'ayant pas une forte estime de moi, je n'étais pas certaine du résultat. Je restais persuader que si je m'essayais à faire une telle chose, Sofia ma rédactrice en chef me le ferais payer d'une manière ou d'une autre. Rien que pour ça, je n'étais pas certaine de vouloir prendre un tel risque. "Possible. Mais je ne sais pas si je peux me le permettre !" répondis-je. C'est vrai, dans la vie on obtient rien si on ne se mouille pas un peu les plumes. Mais moi, j'étais bien loin d'être ce genre de personne. J'avais la trouille, tout simplement. Mon travail c'était vraiment tout ce que j'avais dans la vie alors je ne voulais pas le perdre bêtement. Il m'expliqua sa propre situation et je découvrais qu'avant d'être soigneur, il avait été banquier. Jamais je ne l'aurais deviner ! Cependant, même si c'était un bon exemple, encore une fois, je n'étais pas certaine de vouloir le faire. "Je sais pas trop. C'est un risque, justement. Et rien ne me dit que ce qui a marché avec toi, marchera avec moi. Je n'ai pas envie de me retrouver sans rien !" finis-je par dire. Nous prime ensuite la décision d'aller déguster un dessert ailleurs. Nous plaisantâmes à propos d'un conseil donner par son médecin et dont mon père avait reçu le même, à savoir d'arrêter la bière. Puis une fois nos pizzas payés, nous sommes sortis du restaurant. Gus me proposa alors de nous arrêter dans un kiosque à journaux afin de regarder les titres des magazines de cuisine. Je haussais les épaules. "On peut toujours regarder, oui !" répondis-je alors sans être totalement convaincu. Ceci, regarder ce n'était pas la mer à boire.

Je ne me souviens plus de celle que j'étais avant mon agression. Je sais de source sûre ; d'après mon père donc ; que j'étais différente. Ce qui m'est arrivée m'a changer, m'a rendu plus méfiante. Je pense que ça peut se comprendre. Et je pense aussi que malgré tout mes efforts, je resterais à jamais méfiante. Même envers des personnes que je connais très bien et en qui je peux avoir entièrement confiance. Après tout, j'ai fait confiance à Fabian et il m'a laissé tomber au moment où j'avais le plus besoin de lui. Depuis qu'il a couper les ponts, tout est à refaire ! Enfin, là n'est pas le propos. Tout ce que je veux dire, c'est que je ne veux rien chambouler dans mon travail par crainte de tout perdre. Gus semble comprendre et n'insiste pas. "Ce n'est rien !" dis-je avec un sourire. Nous quittons ensuite le restaurant et poussons la porte d'une boulangerie que je connais un peu pour y être aller quelques fois. Augustus semble bien la connaître, du moins, il connaît le propriétaire. Le jeune homme m'indique que je peux choisir ce que je veux, qu'il me l'offre. Je le remercie en bafouillant et opte pour un éclair au café. "Je connais un peu les lieux !" dis-je quand il me dit qu'il est impossible que je soit déçue. Je sais qu'il a raison et je mord dedans à belles dents. "Il est délicieux !" dis-je, la bouche pleine.