Ca balance pas mal à IB

Un gobelet de café brûlant à la main, Noomi errait sans but particulier dans le centre-ville. Elle attendait qu’il soit l’heure d’aller rechercher Sarah à l’école avec impatience puisque c’était enfin son week-end de garde. Et puisqu’elle était déjà dehors, pourquoi pas en profiter pour faire un tour en ville. Son regard se baladait de vitrine en vitrine sans pour autant accrocher quoi que ce soit d’intéressant. Pour elle, en tout cas. Pour sa fille en revanche… C’est ça d’avoir des enfants, ils grandissent vite, il faut constamment renouveler leur garde-robe et acheter en prévision alors forcément, on trouve toujours des tas de choses pour eux. La blonde passa donc d’une boutique à l’autre jusqu’à ce qu’elle tombe sur son ancien voisin, qui semblait être en pleine séance de shopping lui aussi, entre deux achats compulsifs.

« Tiens, salut Jax ! »

Il est vrai que depuis qu’il avait quitté l’immeuble, ils ne se croisaient évidemment plus si souvent que ça, alors c’était toujours un plaisir de le croiser au détour d’une ruelle comme ça. Elle nota qu’il avait l’air de bien se porter, comme quoi, ça lui réussissait d’avoir déménagé et c’était tant mieux, avant de répondre à sa question.

« Ça va super et toi ? »

Pour une fois, la grecque n’exagérait même pas ; elle qui avait toujours tendance à en faire des tonnes pour qu’on ne s’inquiète pas pour elle, là elle était sincère mais c’est parce qu’exceptionnellement, elle pouvait récupérer Sarah un vendredi après-midi à la place du samedi matin comme c’était toujours le cas. Cela dit, elle avait encore un peu de temps devant elle. La remarque du jeune homme la fit rire. Décidément, il n’était pas policier pour rien : pour remarquer qu’elle avait un peu bronzé, il devait avoir l’œil. Même si elle devait l’être effectivement plus que de coutume après deux voyages consécutifs.

« Tu dois avoir raison. J’suis partie quelques temps en Grèce, voir la famille et puis on est allées camper un peu dans le Montana avec Sarah. »

Il n’y avait pas à dire, Mykonos et tout le reste avait été super mais ce n’était rien en comparaison avec le Montana. Sans doute parce qu’elle avait eu l’occasion de voyager avec les deux personnes qu’elle aimait le plus au monde, à savoir sa fille et son père – condition sine qua non pour avoir la garde de Sarah plus d’un week-end. Mais elle pouvait bien parler car si elle était bronzée, alors Jax avait l’air de revenir tout droit de la Jamaïque en ce qui le concernant. Ça, c’était plus que de « prendre des couleurs ».

« Et toi alors ? J’imagine que t’as pas passé tout l’hiver ici non plus pour avoir aussi bonne mine. »

Ça faisait toujours plaisir de tomber pas hasard sur d’anciens voisins avec qui on s’entendait bien. Noomi pourrait d’ailleurs dire ça de chacun d’entre eux parce que ça lui avait toujours paru important de bien s’entendre avec les gens qui partagent votre immeuble sans pour autant être trop intrusive non plus, évidemment. Quoi qu’il en soit, en ce qui concernait Jax, il avait l’air en pleine forme et il le lui confirma en précisant au passage que s’il était là, c’était pour trouver un cadeau à sa sœur. Tâche rarement aisée, ça. Si bien qu’on était parfois tenté de faire au plus simple et de prendre un cadeau complètement random comme un mug ou une paire de chaussettes un peu fun. C’était nul, oui, mais ça recevait généralement un meilleur accueil que quelque chose de trop original. Bref, c’était un peu la galère et elle compatissait.

« Oh bah j’te souhaite bon courage pour ça. »

Ils en vinrent ensuite à parler de leurs voyages et de leur bronzage parce que ça rime. En ce qui la concernait, la blonde s’était tournée à la fois vers la Grèce, le pays de son père, puis les Etats-Unis, la patrie de sa mère, bien qu’elle ait délaissé les bayous de la Louisiane où elle avait grandi au profit des montagnes et des forêts du Montana, une fois n’est pas coutume. La question qui suivit la fit sourire.

« Des tas ! Ça au moins c’est pas un mythe. »

Mais bon, ça n’avait pas non plus été le but de ce voyage. Plutôt de pouvoir faire un peu la fête en vérité, d’où le passage obligatoire par Mykonos. Bref, ce n’était pas aussi important que de passer du temps avec Sarah.

« Oui, j’crois qu’elle est comme sa mère, elle adore voyager. Et oui, beaucoup trop vite à mon goût, d’ailleurs. »

Six ans déjà, c’est fou ce que le temps passait vite. Jax lui expliqua ensuite que lui aussi rentrait de vacances. Et plus précisément de Bali. Noomi n’avait encore jamais eu la chance de partir en Indonésie mais c’était définitivement sur sa liste de pays à visiter vu que tout qui lui en parlait avait toujours ce même mot à la bouche : magnifique.

« C’est cool, ça. Surtout si vous ne vous êtes pas limité aux hôtels de luxe. »

Bien sûr, c’était un choix qu’elle respectait, rien qu’en se promenant un peu sur internet ça faisait drôlement envie mais elle ne pensait pas que ça soit vraiment le genre de Jax et Nova. Ce qui était une bonne chose étant donné qu’on n’apprend pas grand-chose d’un pays en restant dans un hôtel.

« Ah, c’est ce que je me dis souvent aussi avant d’en arriver à la conclusion que je ferais sans doute toujours les mêmes étapes. »

Voyager c’est bien mais faire le tour du monde… c’est qu’il y a quand même plein d’endroits qui craignent vraiment dans le monde.

Ah ça, c’est sûr qu’en ce qui concerne les Dieux néo-zélandais, il y a un peu arnaque. On pouvait s’attendre à des All Blacks basanés et recouverts de tatouages tribaux à tous les coins de rue sauf que finalement non, au lieu de ça ce sont des types que l’on pourrait croiser n’importe où ailleurs qu’on y trouve. Merci la colonisation. Ce n’est d’ailleurs pas forcément moins bien mais oui, on pourrait peut-être aller jusqu’à parler de tromperie sur la marchandise. Ce qui serait malgré tout un peu beauf. Alors elle s’abstint.

« Pourtant, il y aurait pas mal à dire aussi. »

Qu’elle lui lança, avec un petit sourire malicieux. Bref, est-ce que Sarah faisait partie de ces enfants qui ne tiennent pas en place à tel point qu’on a parfois envie de les étrangler en fin de journée comme c’est le cas de la plupart des enfants, semblait-il ? Non. Bien souvent, Noomi se disait qu’elle avait une chance folle. Certes, Sarah aurait pu être n’importe comment qu’elle l’aurait tout autant aimée parce que c’était sa fille mais elle est gentille, adorable, facile à vivre. Bien sûr qu’il lui arrivait de piquer des crises de temps à autre comme tous les enfants mais c’était relativement rare et il en avait toujours été ainsi. Même lorsqu’elle était bébé, elle était plutôt du genre calme, ce dont la blonde ne saurait que trop l’en remercier parce qu’elle avait pas mal l’impression de pédaler dans la semoule, à l’époque. Comme n’importe quel parent. Qui a en plus à élever son enfant seul, vous me direz.

« Oh ça va, j’ai pas encore trop à me plaindre mais elle est toujours ravie de monter dans un avion. »

En dépit du nombre d’heures de vol parfois, oui. Après quoi ils en vinrent à parler de Nova, pas du genre à traîner dans les hôtels de luxe pour touristes. Ça, c’était tout juste bon pour les gens qui voulaient prendre des vacances pour prendre des vacances et certainement pas pour découvrir un pays. La blonde hocha la tête en entendant que la jeune femme ne pourrait pas supporter ça plus de deux jours. Pour le coup, elle était pareil ; ça ne l’intéressait pas le moins du monde de passer la journée à se faire dorer la pilule sur une plage privée quand elle pouvait visiter et découvrir des choses.

« Ça se comprend. »

Dans un sens, c’était un peu normal qu’ils n’aient pas tout à fait la même vision des choses en ce qui concernait le fait de parcourir le monde ; Jax était un homme et il voyageait accompagné, sans compter qu’il était policier, on doit se sentir plus en sécurité dans certains endroits quand c’est le cas, non ? Non parce qu’elle aimerait visiter des pays du style de la Colombie et compagnie mais entre les histoires de cartels et d’enlèvements… ça vous refroidit quand même un tout petit peu.

« Oui c’est sûr, seulement y a des endroits plus sûrs que d’autres. »

Dans tous les cas il avait raison : il fallait continuer à bosser pour ne serait-ce que voyager un peu. Et apparemment rattraper les bévues de ses collègues. Ah bon ? De son côté, ça, ça allait ; en dehors d’assurer à l’antenne pendant trois heures quelques jours par semaine, elle n’avait pas vraiment d’autres responsabilité, encore moins en ce qui concernait ses collègues et c’était tant mieux, elle avait d’un boulot simple, surtout en ce moment.

« Vraiment ? Tu veux dire que tous tes collègues ne sont pas aussi pro que toi ? »

La grecque feignit la surprise ; la police, c’était un milieu un peu border selon elle, preuve en était, son ex-mari avait réussi sans trop de mal apparent à s’y faire une place. Comme quoi, on y recrute vraiment n’importe qui…

Comme quoi, elle n’était pas la seule à penser qu’il y avait tromperie sur la marchandise en Nouvelle-Zélande mais bon, au même titre que les Dieux américains qui devraient tous être des amérindiens. Alors que c’est probablement ce qu’on croise le moins là-bas. Elle rit avant d’hausser les épaules.

« Disons que ça fait plus couleurs locales mais les deux ont leur charme. »

Au final peu importe l’intensité du bronzage, l’ethnie, l’exotisme ou son contraire, Noomi pensait qu’il y avait toujours moyen de trouver son bonheur partout à condition de fouiller un peu. Même si, au grand dam de son père, elle ne lui avait encore jamais ramené de grec à la maison. Mais qui sait ? Peut-être un jour, tout espoir n’était pas encore perdu. Mais soit, c’était très vrai qu’elle en avait de la chance d’avoir une gamine en or comme sa Sarah. Parfois, il lui arrivait de regarder les autres enfants autour d’elle et de se dire que, si elle était leur mère, peut-être bien qu’elle finirait par en étouffer un avec son oreiller dans son sommeil, mais pas avec Sarah. Jamais. C’est avec un sourire empreint de fierté aux lèvres qu’elle hocha vivement la tête pour marquer son accord. Et changea de sujet parce que personne n’aime ça quand les parents se vantent que leur progéniture est au top. Ce qui est pourtant clairement le cas de la sienne. Ce qui fait qu’ils poursuivirent sur les voyages. Et plus précisément les endroits infréquentables pour telle ou telle raison. Non, ça c’est sûr, aussi attrayant le désert de Gobi ou le Sahara puissent être, ce n’est probablement pas elle non plus qui irait traîner ses guêtres par là-bas non plus. Sans compter les scorpions et autres bestioles pas très mignonnes du même genre. Elle ne put qu’acquiescer encore une fois.

« Ouais, c’est sûr. Puis ça dépend ce qu’on appelle « quartiers chauds ». »

Parce que par exemple, à Rio, tous les quartiers mériteraient facilement cette appellation et ça ne l’avait pourtant empêchée de s’y balader en solo de jour comme de nuit. Et puisqu’on parle de flics corrompus, il n’y a manifestement pas qu’à Rio qu’il y en a. Jax en parlait que de quelque chose qu’elle devrait savoir et c’était sûrement le cas vu qu’elle était également chargée de relayer quelques infos à la radio puisque l’équipe de nuit était pas mal restreinte mais sa mémoire étant ce qu’elle est, ça s’était vite effacé. Cela étant, ça ne l’étonnait pas le moins du monde ; cette engeance existe depuis la nuit des temps et il n’y avait pas de raison que ça soit différent en Nouvelle-Zélande. Quoi qu’il en soit, il ajouta que ce n’était pas de ça qu’il parlait mais d’une erreur un peu moins grave. Mais carrément stupide. Oui, c’est clair qu’il ne fallait pas vraiment avoir toutes ses frites dans le même sachet pour se planter à ce point.

« Nooon, sérieux ? Pauvre gars, il a dû se demander ce qui lui arrivait. »

Bien sûr qu’elle, ça la faisait marrer, c’était le genre de gag qu’on voyait dans les films et qui devaient sûrement arriver plus souvent dans la vraie vie que ce qu’on croyait.

« C’est le genre de trucs qui peut avoir des conséquences un peu lourdes, non ? »

Pour peu que le type se soit fait mal en tombant, y en a qui portent plainte pour moins que ça. Même si c’est probablement assez vain d’attaquer un policier en justice.

Suite à sa question, Jax se sentit obligé de lui définir ce qu’il entendait par « quartiers chauds », à savoir des coins mal famés où il y a quatre-vingts pour cents de chance de se faire passer à tabac ou voler et non pas ceux où il se passe des trucs chauds. C’est vrai que la nuance est importante même si les coins où il se passe des trucs chauds peuvent rapidement devenir des quartiers chauds façon Jax. Mais là, ça commence à se corser un peu alors revenons-en au sujet. C’est sûr qu’il valait mieux éviter ce genre d’endroits, à moins d’être très bien accompagnés, et encore, selon l’endroit, ça pouvait tout aussi bien se terminer à la Hostel ou tout autre film dont l’intrigue se déroule dans les Balkans. Un autre endroit où Noomi ne foutrait jamais les pieds, c’était sûr et certain. Ah, l’Europe de l’est, un générateur de cauchemars à elle seule. Bref.

« Vaut mieux se renseigner un peu avant, c’est certain. »

Dit-elle alors qu’elle n’avait jamais été du genre très organisé. Elle, elle préférait partir sur un coup de tête sans planifier quoi que ce soit, pas même son hôtel. Ce qui parfois pouvait poser problème mais il y a toujours moyen de s’arranger.
C’est ainsi que le jeune homme lui raconta quelques-uns des déboires que la police de Wellington rencontrait en ce moment. Dont une espèce que maniaque qui s’en prenait à des gens dans la rue, sans autre forme de procès, sous peine qu’ils ressemblaient au suspect qu’il coursait. Tranquille. La blonde grimaça en hochant la tête lorsqu’il précisa qu’encore heureux, ce n’était pas un petit vieux ou quelqu’un de trop fragile. Ouais, c’est certain que si on avait déboîté la hanche de papy par accident, ç’aurait été autrement plus grave.

« C’est déjà ça, t’as raison. »

Elle se retint néanmoins de ricaner en s’entendant confirmer que le maniaque en question ne risquait pas grand-chose d’autre qu’une mise à pied. Parce qu’il n’y avait pas mort d’homme. Ni blessure, d’ailleurs. Ce n’est pas faux mais elle avait tout de même tendance à croire que la plupart des autres flics ne risquaient jamais grand-chose et se permettaient de faire un peu n’importe quoi. Une fois de plus, la grecque acquiesça ; la mise à pied, c’était déjà pas mal. C’est à ce moment-là que son ancien voisin lui précisa qu’il ne s’agissait pas de lui. Ah, comme tout le monde elle connaissait cette fameuse excuse du « c’est pas moi, c’est mon jumeau » mais elle ne l’aurait jamais soupçonné une seule seconde. Même si apparemment, ils se ressemblaient un peu physiquement avec le maniaque. Une histoire de doppelganger, donc. Et peut-être que ça aurait dû lui mettre la puce à l’oreille mais cela dit, des grands bruns un peu larges d’épaules, ça courait les rues. C’était même ce qu’on devait croiser le plus souvent à Island Bay.

« J’me doute bien que c’est pas le genre d’erreur stupide que tu commettrais jamais, voyons. T’as sûrement un double maléfique. »

Certes, l’inconnu ça peut être cool mais il y a partir à l’aventure et se jeter dans la gueule du loup. Enfin soit, ils pourraient débattre à ce sujet pendant encore longtemps pour en arriver tout de même à cette conclusion : que les autres fassent bien ce qu’ils veulent, elle prendrait ses précautions en s’assurant que l’endroit qu’elle a envie de visiter n’est pas Bagdad. C’est qu’aussi impulsive qu’elle puisse être, elle était maman maintenant et elle ne pouvait plus se permettre de tout faire sur un coup de tête comme elle en avait pourtant eu l’habitude jusqu’à la naissance de Sarah. Quoi qu’il en soit, ils se mirent à parler d’une autre personne qui ne réfléchissait pas avant d’agir, à savoir un collègue de Jax qui se croyait déjà au Superbowl. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce type avait eu de la chance de ne pas tomber sur quelqu’un qui en aurait profité pour exagérer au max histoire d’en tirer le plus possible. La blonde hocha donc la tête avant que son ancien voisin lui fasse savoir qu’elle en faisait trop. Vraiment ? Bien sûr qu’elle s’amusait à le charrier même si elle pensait réellement qu’il était un bon flic et qu’elle avait été pas mal rassurée de le savoir pas très loin de chez elle, juste au cas où. Dans tous les cas, ça la fit pouffer.

« Bon okay, j’exagère peut-être un peu mais je t’imagine quand même mal faire ce genre connerie. Même si j’imagine que oui, ça peut arriver à tout le monde aussi. »

Parce que l’erreur est humaine après tout. C’est alors que la grecque tiqua sur une info qui s’était subtilement glissée dans la phrase de Jax. Un ancien militaire, hein… Noomi ne voulait pas sauter aux conclusions, il ne devait clairement pas y en avoir qu’un seul dans toute la police Néo-Zélandaise. Pas même avec la description qu’on venait de lui faire de cet énergumène. Mais quand même, elle avait un doute. Pendant ce temps-là, Jax commençait à s’en vouloir d’avoir joué les commères et pour le tranquilliser, elle fit le signe croix de bois, croix de fer pour lui faire savoir que non, elle n’en parlerait pas à la radio. Elle tâcherait même de ne pas y faire allusion du tout, ce qui ne serait pas bien compliqué étant donné qu’elle avait d’autres sujets à traiter dans son émission.

« Juste comme ça, ça serait pas un certain Delgado, ce fameux cas, par hasard ? »

Ç’avait été plus fort qu’elle, il avait fallu qu’elle s’en assure. On ne sait jamais, des fois que ça puisse l’aider auprès de son avocat si par chance c’était bien lui. Dans le fond, ça lui ressemblait pas mal de faire ce genre de bavures, non ? Dans tous les cas, mieux valait ne pas trop s’emballer ; en discuter c’était une chose, donner le nom du fautif en était une autre.

Certes, Jax n’a pas tort quand il dit que ça pourrait lui arriver à lui aussi et Noomi comprend tout à fait qu’on puisse avoir envie de faire savoir à un suspect qu’il vaudrait mieux pas pousser le bouchon trop loin en le rudoyant un peu mais il y une différence entre en avoir envie et passer à l’acte. C’est même carrément ce qui fait que certains sont des psychopathes et les autres non, non ? Tout le monde a envie de tuer quelqu’un un jour ou l’autre. Et cette envie peut parfois être vraiment très présente mais c’est pas pour autant qu’on prend le premier objet contondant qui nous passe sous la main et qu’on l’abat fortement sur le crâne de ladite personne. Ça serait tout de même un sacré bordel si on faisait toujours tout ce dont on a envie, quand même.

« Bien sûr, je comprends ce que tu veux dire. Mais quand t’as un peu de bon sens, tu sais que c’est quand même mieux de pas le faire. »

Voilà, pour résumer, tout est une question de bon sens dans la vie, sans ça, ça serait l’anarchie. Puis elle rit en entendant que si elle ne tient pas promesse, elle ira brûler en enfer. Ce dont elle ne doute de toute façon pas mais ça l’empêche de prendre une promesse au sérieux. Bref, comme prise d’une illumination subite, la blonde se risque à poser la question : est-ce que ça ne serait pas son ex-mari, cette espèce de lunatique ? Dans le fond, plus elle y réfléchit et plus elle se dit que ça ressemble bien à quelque chose qu’il pourrait faire, sans parler de la description physique qui pourrait bien sûr correspondre à des tas de gars mais également à lui. Et là, nul besoin d’être un grand observateur pour s’apercevoir qu’il y a anguille sous roche. Pour une obscure raison, Noomi aurait cru son ancien voisin meilleur menteur que ça et elle espérait sincèrement qu’il s’en tirait mieux que ça pour ce qui était de jouer au bon et au méchant flic sinon ça ne devait pas donner de super résultats. Quoi qu’il en soit, la grecque ne s’emballa pas tout de suite. Il devait probablement s’agir de Frank sinon pourquoi une telle réaction ? Mais on ne sait jamais, peut-être qu’elle espérait tellement que son ex-mari se soit attiré des ennuis que ça faussait tout son jugement.

« C’est le père de Sarah. Et ça lui ressemble pas mal. »

Sûrement qu’elle avait dû lui en parler vite fait à un moment ou à un autre et le portrait qu’elle lui avait dépeint à ce moment-là ne devait pas être très flatteur car il ne l’était jamais mais elle ne s’était certainement pas étendue sur le sujet non plus alors c’était logique que Jax n’ait pas tout de suite fait le rapprochement. Voilà donc une bonne chose de faite.