late night decisions → maxyne

Pour la première fois depuis longtemps, Vesper parla un peu de sa famille. Faire la discussion permettait à Maxyne de ne pas penser à ce désinfectant qui piquait la coupure. D’habitude, elle n’était pas miss douillette mais il fallait croire que l’alcool lui enlevait son courage face à la douleur. Elle se concentra donc sur ce que lui racontait Vesper. Elle reconnut que sa famille lui manquait mais elle retournait parfois pour un court séjour là-bas. « A la base, tu es partie pour t’éloigner d’eux ou c’est à cause de ton travail ? » Forcément, la texane avait plus facile de trouver du boulot à Los Angeles en tant que cascadeuse mais peut-être qu’elle avait quitté sa famille avant cette vocation. Maxyne n’avait pas tellement conscience d’être indiscrète, la blonde profitait juste de ce moment calme toutes les deux pour apprendre à mieux la connaitre. Elle ne s’attachait pas facilement mais elle n’aimait pas rester dans une relation strictement superficielle quand elle appréciait un minimum la personne, même si la nageuse ne se serait pas montrée si curieuse envers la jeune femme dans son état normal. Maxyne n’hésita d’ailleurs pas à lui dire combien elle la trouvait cool, un compliment que Vesper lui retourna. La blonde esquissa un sourire avant de grimacer une nouvelle fois avec ce maudit désinfectant. La main soignée, elle ne fut pas mécontente de la récupérer et se plaignit de sa propre descente tout en admirant celle de la texane. « Si c’est dans les gènes, alors je ne peux pas lutter. » Elles échangèrent un petit rire puis Max se dirigea vers le canapé bras dessus, bras dessous avec Vesper qui la soutenait. Arrivée près du divan, la nageuse s’écroula de fatigue et sentit à peine le plaid qui la recouvrit avant de s’endormir.

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Lorsque Max ouvrit les yeux au petit matin, le soleil inondait la pièce de ses rayons. Au vu de la luminosité qui traversait la fenêtre, la matinée était déjà bien avancée. La blonde s’étira et se frotta les yeux pour sortir de sa torpeur. Malgré un sommeil réparateur, sa tête lui pesait comme un marteau, gueule de bois oblige. Elle repoussa le plaid et se rendit compte qu’elle n’était pas chez elle. De vagues souvenirs de la veille lui rappelèrent une nuit endiablée au pub puis en boite suivi d’un retour folklorique. La nageuse ne se souvenait pas de tous les détails de la soirée mais son cerveau lui envoyait suffisamment d’images pour qu’elle en reconstitue les grandes lignes. Entendant un bruit dans la cuisine, elle entreprit de se lever doucement et de se diriger vers ladite pièce. Une bonne odeur de café arriva jusqu’à ses narines. « Bonjour. Bien dormi ? » Dit-elle, en recoiffant un peu ses cheveux en pétard. Max s’appuya sur le plan de travail et regarda Vesper affairée à elle ne savait pas quoi. « Je ne t’en ai pas trop fait voir de toutes les couleurs cette nuit ? Merci de m’avoir ramenée chez toi, d’ailleurs. » Après tout, la néo-zélandaise était majeure et vaccinée, Vesper n’avait aucune obligation de s’en occuper et certains de ses potes n’en auraient pas fait autant d’ailleurs. « Dur, dur, le lendemain de la veille. J’ai l’impression d’avoir rêvé la soirée et qu’une personne s’amuse à faire résonner une timbale dans mon front. » Et oui, c’était ça de boire et de profiter. Heureusement, Max n’avait pas été malade, c’était déjà ça.

La famille de Vesper c’est toujours un sujet un peu délicat. Elle les adore, même sa mère qui passe son temps à critiquer son style de vie parce qu’elle n’avait pas élevé ses filles ainsi. Non, elle avait élevé des femmes fortes et surtout très indépendantes ; aucunement besoin d’un homme dans leur vie et dignes de reprendre le ranch une fois que leur mère ne serait plus en état. Mais Vesper n’avait jamais aspiré à cette vie, elle. Très tôt, elle avait démontré qu’elle ne comptait pas suivre cette voie, notamment en se fiançant au premier venu. Ce qu’elle avait regretté ensuite mais ça, c’est une autre histoire. Mais ça ne l’empêche pas de les adorer toutes autant qu’elles sont, c’est même pour leur bien qu’elle a décidé de son propre chef de s’exiler. Ce qui explique que, du coup, la blonde ne sait pas toujours ce qu’elle peut en dire et ce qu’il vaut mieux taire. Bien sûr, elle se doute que Maxyne ne lui nuirait pas sciemment mais une erreur, une maladresse est si vite arrivée… raison pour laquelle elle pèse tout de même ses mots.

« Un peu des deux. La vie à la campagne ne me plaisait pas tellement, je sentais que j’avais envie, besoin d’autre chose alors je suis partie assez jeune. Pour beaucoup de gamins comme moi, Hollywood, c’était le rêve. »

Avant de se rendre compte que le rêve en question n’est jamais que de la poudre aux yeux. Non, bien sûr que non, elle ne cracherait pas sur son métier et sa carrière et si c’était à refaire, elle n’hésiterait pas une seule seconde, mais le milieu dans lequel elle travaille est loin d’être idéal, plus le temps passe et moins on se laisse berner. Tout ça pour dire que maintenant qu’elle avait répondu à ses questions, Maxyne était prête à aller dormir. Voilà qui lui ferait du bien. Et à peine sa tête se pose-t-elle se le coussin reposant sur l’accoudoir qu’elle dort déjà. Vesper ne tarde pas à en faire de même.

Et comme à son habitude, se lève le lendemain aux aurores. Elle se doute bien que Maxyne a besoin de plus de repos que ça, en ce qui la concerne, elle décide de ne pas la réveiller tout de suite et sort faire son footing ? Comme si la soirée de la veille n’avait pas le moindre impact sur elle alors qu’elle sent bien que si, elle n’a plus vingt ans, mine de rien, mais il s’agit là d’une manière efficace d’évacuer les toxines. Ce n’est qu’une fois de retour qu’elle s’attèle à la confection du petit déjeuner. Celui-ci comprenant évidemment beaucoup de café ; elle prépare également des œufs et des toasts puis laisse des céréales ainsi que des fruits à disposition et c’est à ce moment-là que son amie se réveille pour venir la retrouver dans la cuisine.

« Salut ! Comme un bébé mais c’est plutôt à toi que je devrais poser la question. Pas trop mal au crâne ? »

Puis elle lui demande si elle ne lui en a pas trop fait voir de toutes les couleurs et la remercie de s’être occupée d’elle, ce que Vesper s’empresse de balayer d’un geste de la main.

« T’en fais pas, t’as juste été un peu turbulente et puis n’importe qui aurait fait pareil. »

Vient alors la réponse à sa question précédente et un petit sourire étire ses lèvres tandis qu’elle hoche la tête.

« Je dois bien avoir de l’aspirine quelque part. »

Sur ce, elle part à la recherche du Saint-Graal en lui laissant les œufs à surveiller.

Vesper était née dans une famille texane et avait grandi dans un ranch. Un jour, elle avait caressé l’envie de connaître autre chose de la vie et elle était partie. Attirée par les paillettes hollywoodiennes, elle avait suivi le rêve de beaucoup d’enfants avant de redescendre sur terre. Max comprenait ce besoin de se découvrir et de se construire en tant que personne. Elle aussi avait quitté le cocon familial afin de vivre sa passion. Ça ne signifiait pas que la nageuse avait renié sa famille, ni d’où elle venait, juste qu’elle s’en était détachée pour tracer sa route, à l’instar de son frère qui était aussi parti d’abord pour le travail, ensuite par amour. Parfois, le rêve devenait réalité comme tel avait été le cas pour Max durant des années puisqu’elle avait participé à des compétitions internationales de natation. Vesper aussi, tournait dans des films renommés, elle s’était fait un nom dans l’industrie des cascadeurs et du cinéma. Mais, il pouvait aussi ne plus correspondre aux attentes ou tourner court comme dans le cas de Max, qui blessée, s’était résignée à mettre un terme à sa carrière de sportive et était rentrée, auprès de sa famille justement. Que se passerait-il si Vesper n’arrivait plus à exercer durant plusieurs semaines ? Resterait-elle en Nouvelle-Zélande où elle se construisait une nouvelle vie ou en profiterait-elle pour retourner au Texas ? Voilà une question qui resterait sans réponse ce soir. Fatiguée, Maxyne trouva finalement le sommeil dans le canapé de la blonde.

A une heure bien avancée, elle s’étira comme un chat et se redressa doucement. Elle ne se souvenait pas de toute la soirée mais s’en rappelait les grandes lignes, c’est pourquoi la monitrice de plongée ne s’inquiéta pas de se retrouver dans un autre salon que le sien. Entendant un bruit dans la cuisine, elle se leva et se dirigea vers le lieu des bonnes odeurs. Vesper s’affairait à un costaud petit-déjeuner. Contrairement à elle, la cascadeuse avait bien dormi et semblait en pleine forme, démontrant que l’âge (une dizaine de plus quand même) n’avait absolument pas d’impact sur sa capacité à tenir toute une nuit sans souci ni même sur son charme déroutant. Entendons-nous bien : elle n’était pas âgée non plus mais elle n’avait plus vingt ans. Pourtant, elle donnait une véritable leçon de vie aux plus jeunes. La nageuse avait encore du chemin à faire sur sa résistance, notamment sur le mal de crâne. « Si, justement. » Comme c’était le minimum, Maxyne la remercia d’avoir veillé sur elle et de lui avoir offert le gîte pour la nuit. Elle était dans un tel état qu’elle ne s’était même plus souvenue d’où elle habitait. Il ne fallait pas demander. D’un revers de la main, Vesper balaya ses mots, arguant que c’était normal. Peut-être, mais non, tout le monde n’en aurait pas fait autant, pas dans le monde dans lequel on vivait aujourd’hui. La jeune femme matinale proposa d’aller chercher de l’aspirine. « Je veux bien, merci. » Répondit Max avant de voir la texane s’évaporer. Quand elle revint, la nageuse prit un verre d’eau et avala le médicament salvateur. « Ce serait bien qu’une fois, je reparte de chez toi, en me souvenant de tout ce qui s’est passé. » Elle esquissa un sourire, même si elle se rappelait mieux de cette nuit-ci que de la précédente. Elle ne se souvenait pas trop des événements et des danses dans la boîte mais bien de s’être montrée un peu curieuse chez Vesper, et d’en avoir appris un peu plus sur elle. Peut-être pas la fin de la soirée mais tout le reste.

Les deux jeunes femmes s’installèrent autour de la table et partagèrent un petit-déjeuner. Pendant un moment, elles parlèrent de tout et de rien, et puis Max revint une dernière fois sur cette soirée. [colorchocolate]« C’était cool de te revoir de façon improvisée. Je me suis vraiment bien amusée. Je propose qu’on remettre ça quand t’auras du temps entre tes tournages. »[/color] Boire du café et manger des œufs soulagea son estomac et l’aida à retrouver les idées plus claires. Voulant se décrasser de sa soirée et retrouver son lit, Max n’allait sûrement plus tarder à prendre congé et à retrouver ses pénates. « Au fait, on est revenues comment ? On a repris ma moto ? » Demanda-t-elle, incertaine.

A chaque fois qu’elle rapportait un comprimé d’aspirine à quelqu’un qui en avait désespérément besoin, Vesper ne pouvait se sentir que comme le Messie. Ah, en effet : ça pourrait être une bonne chose que, pour une fois, Maxyne reparte de chez elle en se souvenant de ce qu’il s’y était passé. Mais pour ce faire, il faudrait qu’elle y entre un peu plus sobre. Ce qui n’est en rien une critique ni même une remarque négative, juste une remarque tout court. Elle ne jugerait la consommation d’alcool de personne étant donné qu’elle n’est pas particulièrement un exemple non plus. Et ça, c’est sans compter son autre vice, si on veut vraiment l’appeler ainsi. Un sourire en coin étire ses lèvres.

« La prochaine fois, on fera tout pour. »

Quoi qu’il en soit, il est temps de profiter de ce petit-déjeuner. La blonde met donc la table et invite son… invitée à prendre place tandis qu’elle se servait des céréales ainsi qu’un verre de jus de fruits. Pas frais et pressés mais bon, c’est mieux que rien. Puis Maxyne veut savoir comment elles étaient rentrées, sans doute inquiète de ce qu’il avait bien pu advenir de sa moto. Ce que la texane comprend tout à fait, elle s’inquiéterait également pour son bateau dans un cas semblable.

« Oui. Les clefs sont dans l’entrée et elle attend juste devant. »

Par chance, Vesper n’habite pas un quartier craignos où laisser une moto ou une voiture avec un peu de valeur de nuit dehors était synonyme de la retrouver en pièces détachées le lendemain, avec une bonne partie des pièces manquantes. Voilà ce qui serait arrivé, sans l’ombre d’un doute, du temps où elle habitait Los Angeles. A Abernathy peut-être aussi mais il aurait été bien plus aisé de retrouver le coupable et de lui faire payer, évidemment. Mais ici, en Nouvelle Zélande ? Et plus précisément à Island Bay ? Jamais de la vie, voyons. Un des derniers endroits sur terre où une femme pouvait sortir, faire la fête et rentrer chez elle au petit matin, passablement éméchée sans craindre de se faire violer, voire pire. C’est d’ailleurs bien pour cette raison que la blonde a choisi ce coin du monde : un coin paisible. Parfois trop. Enfin bref, elle n’allait pas s’en plaindre non plus. Non, au lieu de ça, elle prend une bouchée de ses céréales.

Les souvenirs de la veille restaient flous pour Maxyne mais elle avait passé une bonne soirée et même si elle avait été un peu étourdie, elle n’avait rien commis d’irréparable ou dont il fallait s’inquiéter. A vrai dire, la blonde s’amusait avant et elle réfléchissait après. La nageuse avait toujours eu la chance de rentrer chez elle ou de finir la nuit dans un endroit « safe » comme celle qu’elle venait de passer chez Vesper. Cependant, il risquait de lui arriver des bricoles à toujours brûler la vie par les deux bouts sans se soucier du lendemain. A cause de ses fins de mois difficiles ces derniers temps en raison des travaux imprévus qui lui étaient tombés dessus dans l’appartement, Max avait ralenti le rythme de ses sorties alors elle profitait deux fois plus au cours des soirées qu’elle s’accordait. Résultat : semi black-out dans la tête. Court-circuiter le cours de ses pensées par l’alcool. La monotonie désoeuvrée de son existence s’oubliait vite dans les délices et le plaisir qui l’attendait quand elle s’abandonnait à l’emprise de la boisson ou des bonnes ambiances. Max avait besoin de cette légèreté, de cette euphorie qui la rattachait tels des câbles d’acier, de manière inexplicable. Et même si les lendemains de la veille, l’allégresse venait brutalement se heurter à la barrière de la réalité, qu’il était temps de redescendre sur terre, elle continuerait de vivre sa vie comme elle l’entendait.

Pour l’heure, elle profitait d’un petit-déjeuner avec Vesper et songea qu’il serait tout de même cool de garder des souvenirs d’une soirée chez elle lors d’une autre rencontre. La texane renchérit et l‘invita à se servir. Max but une gorgée de sa tasse de café et goûta aux œufs et aux toasts préparés par la blonde. Comme elle s’inquiétait de savoir comment elles étaient rentrées, la cascadeuse la rassura tout de suite par rapport à sa moto. La belle machine avait été ramenée à bon port et attendait sagement sa conductrice devant. « Tu gères. » Max termina de déjeuner en compagnie de Vesper, elles continuèrent de partager des souvenirs divers et variés, et d’échanger quelques anecdotes, puis la nageuse décida de prendre congé. Les deux copines de soirée auraient encore d’autres occasions de se revoir.  

Sujet terminé