Stand by me. /ft. NOOMI.

« Diamond life, lover boy ♫ »

Son casque lui diffusait la douce voix de la chanteuse de Sade dans les oreilles et le vent jouait dans ses cheveux tandis que Noomi filait à tout allure sur ses patins. Tantôt tractée par Hades qui aimait tout particulièrement ce genre de balades, tantôt quand elle remettait un petit coup d’accélération. Il était trois heures du matin et la blonde rentrait tout juste du travail. Puisqu’il fallait bien sortir le labrador et que, ô miracle, il ne pleuvait plus, elle en avait profité pour chausser ses patins et se promenait maintenant sans but précis : au gré des envies d’Hades, pourvu qu’il ne l’emmène pas trop loin quand même. Mais bien sûr, c’était une réflexion des plus idiotes, évidemment que son chien l’emmènerait toujours plus loin. A commencer par un tout autre quartier. Tant pis pour lui, elle comptait se laisser traîner jusqu’à chez elle lorsqu’il serait temps de rentrer. North bay… ç’avait beau faire des années maintenant que la grecque habitait le coin, c’était sans doute l’un des quartiers qu’elle connaissait le moins bien. On pouvait même dire qu’elle connaissait mieux South bay alors qu’elle détestait pourtant cette aura de bourgeoisie qui flottait en permanence là-bas parce que c’était là que se trouvait le studio de radio, elle n’avait donc pas vraiment le choix que de s’y rendre assez souvent. Alors que North bay… Pourtant, le quartier ne lui était pas inconnu non plus ; en effet, elle connaissait au moins une personne qui y vivait pour lui avoir assez fréquemment rendu visite fut un temps. Derek. Toujours de bons souvenirs avec lui et ce n’était pas peu dire puisqu’elle en avait perdu des tas, de manière globale. Et c’est bizarre qu’elle pense à ça puisque c’était précisément devant sa porte, en lisière de forêt que ses patins ainsi que son chien la conduisaient.

Noomi décida de prendre ça pour un signe étant donné que ça faisait un bail qu’ils ne s’étaient pas vus et même si elle savait que leur entrevue ne se passerait pas de la même façon que d’habitude, elle avait quand même envie de prendre de ses nouvelles. Parce qu’elle ne se serait jamais donné la peine de le voir de cette façon plus d’une fois si elle ne l’appréciait pas. Son premier réflexe fut de vouloir crier son prénom mais en y réfléchissant un tant soit peu, c’était une mauvaise idée, mieux valait utiliser de leur code : à savoir qu’elle se pencha pour ramasser un caillou et visa la façade, pas trop loin d’une fenêtre et amorça son lancer. Pile au moment où Hades avisait un écureuil ou allez savoir quelle bestiole, se mit à tirer, la fit tomber tandis que le caillou fonçait tout droit à travers la fenêtre.

« Oh putain… »

Ça, c’était Noomi, les fesses par terre en train de faire la grimace mais le pire était encore à venir quand elle leva les yeux en direction de la vitre cassée.

« Merde ! »

Il n’y avait plus qu’à prier pour que Derek n’appelle pas tout de suite les flics.

Bien évidemment, le fait de lancer un caillou dans une fenêtre, que ça soit intentionnel ou pas, fit du bruit. Toutes les lumières s’allumèrent alors presque d’un seul coup et les aboiements de Laska, le chien de Derek, se firent entendre. Oup, Noomi avait quelque peu oublié ce détail. Elle s’apprêta mentalement à ce qu’elle lui suite dessus mais ça ne fut qu’après avoir entendu Derek, passablement énervé et on peut le comprendre, vociférer contre l’intruse qu’elle était en cet instant. Dire que tout ça était parti de l’intention de ne pas faire trop de bruit… Quoi qu’il en soit, les deux sortirent de la maisonnette en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et il lui demanda alors si elle était bourrée. Peut-être bien qu’elle aurait préféré, ç’aurait été moins humiliant mais bon, soit, ce n’était pas le cas. Par chance, le jeune homme la reconnut rapidement et ne lança pas son husky sur elle. La blonde ne savait pas trop quoi dire jusqu’à ce qu’il lui demande si elle venait vraiment de péter sa fenêtre.

« Ouais ! J’suis sincèrement désolée, Derek, j’voulais juste attirer ton attention en le lançant à côté de la fenêtre, pas dedans, et puis mon chien s’est excité, j’ai perdu l’équilibre et… voilà. »

Là-dessus, il l’aida à se relever, ce qui était fort aimable à lui donner étant donné qu’elle venait tout de même de casser sa fenêtre et possiblement de le réveiller de la pire des façons, il aurait donc toutes les raisons du monde de lui en vouloir mais il avait l’air plus surpris que véritablement énervé. Noomi s’épousseta les fesses et repoussa son casque sur ses épaules et crut bon de s’excuser encore une fois.

« J’m’excuse et j’promets de te rembourser cette vitre. »

Elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus mais ça lui paraissait honnête. En revanche, tandis que les deux chiens s’étaient trouvés et semblaient avoir déjà oublié l’incident, elle prit conscience que ça ne répondait en aucune façon à la question « qu’est-ce que tu fais là ? ».

« J’étais simplement passée voir comment tu allais. A trois heures du mat’ et de cette manière, ouais, je sais, c’est pas l’idéal. M’enfin bref, tu vas bien ? En dehors du fait que j’viens de déglinguer ta fenêtre, j’veux dire ? »

Après tout, Noomi ne serait pas Noomi si elle faisait tout comme tout le monde et Derek la connaissait suffisamment pour le savoir.

C’est qu’il pouvait être tout à fait adorable, quand il le voulait, Derek. Ainsi, il ne lui en voulait pas de lui avoir cassé une fenêtre en plein hiver et allait même jusqu’à dire que ce n’était pas grave, que ça serait réparé en un rien de temps. Ah bon d’accord. Enfin, il est vrai qu’il était plutôt doué de ses mains et ceci n’était en rien une remarque graveleuse faisant écho à leur passé commun, juste un fait : qu’elle servent à remettre en place les corps de ses patients ou à construire une fenêtre ou même carrément toute une maison, on ne pouvait clairement pas nier qu’il était doué. Il ne lui demanderait donc pas d’argent en compensation – ce qui n’était pourtant pas un problème pour elle, voilà ce que c’est d’être enfin devenue une star, bien que ce ne soit pas du tout dans le domaine dont elle rêvait autrefois – mais un de ses plats. Ce qui la fit inévitablement rire car Noomi était loin d’être une grande cuisinière. Elle maîtrisait les croques monsieur, les pâtes au ketchup – les préférées de Sarah – et les omelettes, c’était à peu près tout mais s’il disait que ça suffirait, alors il n’y avait pas de raison qu’elle mette sa parole en doute.

Qu’il n’arrive pas à dormir ne l’étonna guère ; le sommeil semblait s’amuser à fuir les personnes qui en avaient désespérément besoin. Pas que ça veuille dire qu’il avait une tête tout droit sortie d’un remake de la Nuit des Morts-Vivants pour autant, non, la fatigue ne se lisait qu’assez peu sur son visage mais elle le connaissait tout de même assez bien pour savoir que ce n’était pas la première et que ça ne serait sans doute pas non plus la dernière fois que ça arriverait. Elle hocha donc lentement la tête sans trouver quoi ajouter de pertinent à ça. Et se laissa embarquer à l’intérieur. C’est vrai que quitte à venir prendre de ses nouvelles, autant que ça se fasse au chaud au lieu de continuer à faire le pied de grue devant sa porte. Une fois ladite porte franchie, la grecque ôta ses patins qui ne risqueraient que d’abîmer le sol et observa Hades qui, fort de sa nouvelle amitié avec Laska, prit la liberté de faire le tour du propriétaire à sa guise. Elle le garderait à l’œil, histoire qu’il n’ait pas la bonne idée de vouloir marquer son territoire.

« Du café, si t’as. Sinon un soda ou même un verre d’eau, ça fera très bien l’affaire. »

Car non, tout le monde ne se shoote pas à la caféine H24 comme ça pouvait être le cas de la blonde. Et puis elle était parfaitement consciente qu’il n’attendait pas de visite. Pas la sienne, en tout cas.

« Ça se passe, au boulot ? »

Bon sang ce qu’elle pouvait détester être le genre de personnes qui parle de travail ou de météo mais elle ne pouvait nier non plus que ça restait un excellent moyen d’entamer une conversation.

En entrant, Noomi fut plus à même de se rendre compte des dégâts qu’elle venait de faire en cassant la vitre. Par chance, ils allaient vers le printemps et donc des températures plus clémentes mais quand même, elle s’en voulait beaucoup d’avoir fait quelque chose d’aussi stupide bien que ça n’ait clairement pas été voulu. Derek était la bonté même, ça, elle s’en souvenait parfaitement malgré sa mémoire défaillante. Preuve en était qu’il était en train de faire du café parce qu’elle en avait demandé alors qu’il n’avait pourtant pas besoin de se donner cette peine, elle se serait très bien contentée de n’importe quoi d’autre, au fond. Mais elle ne le ferait pas remarquer ; après tout, c’était un grand garçon qui pouvait tout aussi bien dire non si quelque chose ne lui plaisait pas. Au lieu de ça, elle préféra lui demander comment ça se passait au travail. Si elle ne se souvenait pas de toute l’affaire en détails, merci sa mémoire endommagée, elle se souvenait tout de même qu’il avait décidé de se mettre à son compte il y a peu. Ou quelque chose d’approchant. La grecque s’installa donc tout en l’écoutant lui parler de son cabinet ainsi que de sa collaboratrice. A la manière dont il en parlait, on voyait que tout se passait pour le mieux.

« Super ! J’suis contente pour toi. Pour vous. »

Même si elle ne connaissait pas le moins du monde ladite collaboratrice, ça ne l’empêchait quand même pas de se réjouir pour elle aussi. Puis il lui retourna sa question mais lui en posa aussitôt une qui semblait lui brûler les lèvres, à savoir « pourquoi faisait-elle du patin à une heure aussi tardive ? ». En voilà une excellente question ! Et Noomi comprenait tout à fait qu’on puisse se la poser. Un sourire amusé étira ses lèvres tandis qu’elle expliquait :

« J’viens de rentrer du boulot et Hades avait besoin de sortir donc j’me suis dit que tant qu’à faire, autant enfiler mes patins, c’est plus marrant. »

Laska vint alors la renifler comme s’il émanait d’elle une délicieuse odeur mais pas sûr qu’il s’agisse d’un compliment, de la part d’un chien, et Noomi lui caressa la tête avant d'attraper deux morceaux de sucre : un pour Laska, l’autre pour Hades.

« Sinon, ça va aussi. J’commence à m’y faire, à ce taf à la radio. Tu m’diras que ça va faire trois ans alors il était temps. L’émission cartonne, les gens me reconnaissent dans la rue et tout c’qui va avec alors j’vais pas m’plaindre. J’trouve ça juste un peu dommage que ça soit pas pour un domaine où j’excelle. »

A savoir le chant et le piano. Noomi avait essayé de percer durant des années avant de tomber enceinte mais elle n’avait malheureusement pas eu de chance de ce côté-là.

Une starlette, oui, exactement. Pas tout à fait une star, du moins pas au sens où elle l’entendait quand elle en parlait autrefois mais pas une anonyme non plus. Un peu bâtard comme statut, donc, mais elle s’en contenterait. Après tout, la blonde avait renoncé à ses rêves de gloire après l’arrivée de Sarah. Et ce n’est d’ailleurs qu’en la perdant à moitié qu’elle a accédé à cette semi-notoriété : la vie n’est faite que d’échos que se répercutent les uns les autres. Un sourire étira ses lèvres tandis que Derek espérait qu’elle n’allait pas prendre la grosse tête suite à ça.

« Allons, tu m’connais ! Tu sais bien que j’ai toujours eu la grosse tête alors si j’avais voulu t’oublier, ça s’rait fait depuis longtemps. »

Bien sûr c’était faux, Noomi n’avait pas particulièrement la grosse tête mais disons qu’elle avait toujours su ce qu’elle valait. Sans se faire la moindre illusion ; elle connaissait bien ses qualités tout comme elle connaissait bien ses défauts également. Donc, s’il lui arrivait parfois de s’élever comme quand elle se disait qu’elle était tout de même une super mère, qu’elle avait grave géré l’éducation de sa fille et puis elle redescendait bien vite sur terre en songeant que malgré ça, on n’avait pas hésité une seule seconde à laisser temporairement la garde de Sarah à son ex-mari quand elle s’était mise à oublier des tas de petites choses. Et il en allait ainsi pour à peu près tout : la grecque savait pertinemment qu’elle était loin d’être parfaite mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’elle était pire qu’une autre. Du moins, ça ne voulait plus le dire. Enfin bref, elle n’était pas là pour s’auto-psychanalyser comme elle était en train de le faire, l’important c’était qu’en dépit de ses problèmes de mémoire qui avaient été beaucoup plus conséquents à une époque qu’ils ne l’étaient aujourd’hui, elle n’avait pourtant pas oublié le jeune homme qui lui faisait face. S’engagea alors une bataille de pieds entre eux deux, comme ils avaient souvent l’habitude de jouer ensemble à toutes sortes de jeux, elle tâcha de ne pas le décevoir. Puis, elle finit par hausser les épaules en réponse à sa question.

« N’importe qui pourrait faire c’que j’fais à la radio, ça n’a rien de très compliqué. »

Pas sûre que tout le monde pourrait parler durant plusieurs heures au micro, prendre des auditeurs à l’antenne pour écouter leurs histoires et parfois même essayer de trouver des solutions à leurs problèmes mais ça ne requérait que d’être un peu doué pour la tchatche. Ce que Noomi avait toujours été, c’est un fait. Pas de quoi briller, cependant. Ce qui lui faisait un peu de peine, c’était de passer les chansons de personne moins talentueuses qu’elle alors que de son côté, elle n’avait jamais réussi à percer du temps où elle pouvait se le permettre. L’ironie de la chose avait un petit goût amer pour elle.

« Ça commence à aller mieux, j’arrive de nouveau à suivre une partition de bout en bout donc ça me motive à m’y remettre tout doucement. »

C’était autrement plus encourageant que lorsqu’elle passait son temps à oublier où elle en était et devait reprendre depuis le début, c’est certain. Noomi ne voulait pas crier victoire mais elle entrapercevait enfin le bout du tunnel. Elle prit une gorgée de son café alors que Derek avait déjà fini le sien et posait à présent un plaid sur eux, lui rappelant ainsi si vitre cassée. Sa remarque à ce sujet la fit rire. Elle arqua alors un sourcil et lui répondit avec un brin de malice dans la voix :

« Si t’as pas peur de m’laisser manier tes outils alors pourquoi pas ? »

C’est que visiblement, on n’était pas à l’abri d’une autre catastrophe avec elle. Et bien sûr, elle parlait de ses outils au sens littéral, en ce qui concernait les autres, elle y avait déjà tâté et il n’y avait fort heureusement pas eu de casse de ce côté-là.

Un petit sourire passa sur le visage de Noomi. Ce n’était pas qu’elle n’avait plus envie de chanter ou encore qu’elle manquait d’inspiration qui avait provoqué cette pause dans sa carrière – si tant est qu’on puisse appeler ça ainsi étant donné qu’elle n’avait jamais vraiment percé. Enfin, elle aurait pu mais une fois que ça n’avait plus été sa priorité, on peut effectivement parler de mauvais timing – mais bien la frustration. Les médecins l’avaient toujours encouragée à continuer le piano, estimant que ça serait un excellent exercice pour sa mémoire mais ça la rendait véritablement dingue par moment de ne pas pouvoir aller au bout d’une chanson. Heureusement pour elle, maintenant elle y parvenait de nouveau mais d’un autre côté, elle avait à présent son travail à la radio, qui payait mieux pour moins d’heures de travail mais… mais ça l’agaçait un peu de passer les disques des autres alors qu’elle aurait pu passer les siens. Cela dit, elle n’excluait pas l’idée de pouvoir un jour jongler avec les deux. Si son accident lui avait bien appris un truc, c’était chaque chose en son temps. Difficile pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup de patience mais en l’occurrence, elle n’avait pas tellement d’autres choix.

« Ah, t’en fais pas, va, j’viendrai de toute façon te chanter un p’tit truc pour ton prochain anniversaire. »

En septembre, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Elle avait un peu de mal à retenir les jours exacts mais elle se souvenait parfaitement que c’était quelques jours après le sien, seulement.
Puis, comme si elle ne pouvait s’en empêcher, il avait fallu qu’elle mentionne ses outils. Bon, en soi, ça pouvait très bien ne rien vouloir dire de plus qu’au sens propre du mot mais tout qui connaissait un peu la grecque savait pertinemment qu’il y avait bel et bien un sous-entendu. C’était sa façon de parler après tout, elle n’y prenait pas garde et puis ça se saurait si elle prenait la peine de réfléchir avant d’agir. Ou de parler. Et le fait est que Derek la connaissait pas trop mal puisqu’il n’hésita pas à rebondir là-dessus. Encore une fois, bien joué, Savalas ! Enfin bref, il ne lui laissa pas tellement l’opportunité de répliquer puisqu’il se leva pour la tirer vers lui par les pieds. Qu’elle laisse tomber sa tasse de café, non, elle s’y cramponnait trop fermement mais qu’elle la renverse en revanche, ça, ce n’était pas exclu.

« Crois-moi, tu voudrais pas que j’fasse étalage de ma force ! »

Tu parles, Noomi était très probablement la moins sportive des personnes qu’il ait jamais connue mais quand il fallait puncher quelqu’un, elle était loin d’être la plus faiblarde. Disons qu’elle était faiblarde ou forte uniquement quand ça l’arrangeait.

« J’t’ai dit que j’m’excusais et que j’voulais bien v’nir t’aider. J’peux pas faire grand-chose de plus. »

Enfin si, le dédommager, même que c’était la première chose qu’elle lui avait proposée mais il n’avait pas voulu en entendre parler.

« Au fait, est-ce que j’t’ai dit que j’voyais quelqu’un en ce moment ? »

La blonde avait toujours l’art pour annoncer ce genre de trucs avec la même intonation que si elle annonçait qu’il allait pleuvoir cette nuit. Mais avec Derek, elle n’avait pas peur que ça soit mal pris, ça ne changeait pas grand-chose pour eux. Si ce n’est le fait qu’ils ne pouvaient plus vraiment s’envoyer en l’air comme autrefois et que c’était un peu devenu la base de leur relation, ces derniers temps mais ça ne changeait rien au fait qu’elle continuerait de lui changer les idées et d’essayer de lui remonter le moral. C’est qu’il en avait de la chance parce qu’elle était très douée pour ça, elle entraînait toujours ses amis dans des aventures folles. Inutile de prendre des pincettes, donc.

De toute évidence, Noomi ne se défilerait pas quand viendrait le moment de réparer cette maudite fenêtre. En essayant au maximum de ne pas faire plus de dégâts qu’elle n’en avait déjà causés. Et de ne pas se couper une main avec la scie circulaire, surtout. La vérité c’est qu’elle n’était pas si mauvaise bricoleuse que ça ; elle se débrouillait même mieux dans ce domaine que dans celui de la cuisine, tiens. Il faut dire que ça faisait sept ans qu’elle vivait seule. Enfin, seule avec Sarah, bien évidemment. Alors il lui avait fallu à se débrouiller sans l’aide d’un homme puisqu’à l’époque, elle était résolument contre l’idée d’avoir à dépendre à nouveau de l’un d’entre eux. Hormis son père, évidemment. Et de son chien. Ils étaient les seules exceptions. L’un s’occupait de les nourrir, l’autre de les protéger et elle de subvenir à leurs besoins. Ainsi que de faire un peu de plomberie et d’électricité dans leur appartement lorsque c’était nécessaire. Le genre de trucs que la blonde était obligée de taire auprès de sa mère sans quoi elle se ferait salement engueuler : ça risquait d’abîmer ses mains de pianiste. Soit.

« J’te l’ai dit, j’ai pas l’intention de te laisser tomber. Quand tu voudras, fais-moi signe. »

Et puis, voyant que l’atmosphère commençait à se réchauffer tout doucement, Noomi avait lâché qu’elle voyait quelqu’un ces temps-ci. Comme un cheveu sur la soupe. Et elle regrettait un peu. Non pas de l’avoir dit mais de devoir en parler, étant donné que Derek lui demandait de tout lui raconter. Ça lui était tombé dessus comme ça, du jour au lendemain, à elle qui avait juré de ne plus jamais s’embarquer dans une relation sérieuse, qu’il n’y aurait plus qu’elle et Sarah et ainsi de suite. Mais lorsque Jimmy lui avait avoué qu’il l’aimait depuis le premier jour, elle n’avait pas été capable de lui résister bien longtemps parce qu’au fond, elle aussi. Mais la grecque était tout sauf une romantique alors elle ne savait jamais trop comment aborder le sujet.

« T’as pas envie qu’on aille se balader ? J’te raconterai tout en chemin. »

Vraiment, il n’y avait qu’elle pour le sortir du lit au beau milieu de la nuit en lui cassant une vitre et lui proposer ensuite d’aller faire un tour dans les bois en compagnie de leurs chiens. Tout ça pour parler pour parler de son nouveau copain sans qu’il voit pour autant que ça pouvait la mettre mal à l’aise, que ça la rendait un peu plus vulnérable et autres conneries de ce genre.