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« Non mais lâche ! »

Ça, c’est Vesper qui vient tout juste d’attraper une balle perdue dans les gradins en plein match de baseball. Ce n’est clairement pas une première pour elle, le baseball, c’était le sport en vogue dans son lycée et le moins qu’on puisse dire, c’est que la passion de ce sport ne l’avait jamais quittée puisqu’elle avait assisté à des tas de matches dans tous les endroits où elle avait vécu. Elle l’avait donc vue foncer à la vitesse d’un boulet de canon dans les tribunes. Coup de bol : non loin d’elle. Elle s’était donc levée et ne s’était pas tout juste contentée de tendre le bras pour l’attraper, non, elle avait carrément sauté pour la choper au vol. La question d’à qui la balle revient ne se pose donc pas, personne d’autre n’a sauté en même temps qu’elle pour la récupérer. Et pourtant, un type aux mains grassouillettes tâcha bel et bien de s’en emparer. Bien sûr, la blonde ne veut pas faire d’esclandre, c’est bien pour ça qu’elle ne fait que lui donner un ordre des plus simples, comme on le ferait avec un bon toutou, plutôt que d’en venir tout de suite aux mains. Elle sait bien que ce n’est pas toujours la solution. Pas toujours.

Dire que Rafa n’a pas voulu venir avec elle, il ne sait clairement pas ce qu’il rate. Possiblement une éventuelle bagarre. Enfin bref, voyant qu’elle est plus musclée que lui et qu’elle n’a de toute évidence pas l’intention de lâcher cette balle, le type grassouillet finit par renoncer et Vesper la serre contre elle avec un petit sourire satisfait. C’est que c’est pratiquement une tradition de faire signer la balle qu’elle récupère par le joueur qui l’a lancée à la fin du match. Elle en a des tas chez elle. Signées par les plus grands noms, ainsi que par des plus petits. Ça n’a pas la moindre importance étant donné qu’elles ont surtout une valeur sentimentale pour elle. Un peu comme d’autres collectionneraient les talons de tickets de cinéma. Soit, la texane termine le match ainsi que son hot-dog, s’assure que sa casquette est bien en place et se dirige vers les vestiaires. Elle attend un peu, voit les joueurs en sortir un à un sans pour autant reconnaître celui qui a lancé la balle. Bon, qu’à cela ne tienne : elle se décide donc à entrer. Plus qu’à espérer qu’elle ne tombe sur lui en train de se changer même si elle en avait vu d’autres ; à son âge, on n’est plus choqué par ça.

« Hé oh, y a quelqu’un ? »

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✰ w/vesper

Les températures ne sont pas très chaudes encore, mais il ne s'agit là que d'un réchauffement avec une autre équipe, c'est pratiquement la fin du printemps, alors ils auront de quoi se réchauffer quand la nouvelle saison commencera dans moins de deux mois. Nick est prêt à affronter la prochaine saison et il lui arrive de pratiquer entre amis ou du moins, les quelques partenaires qui lui servent d'assistance pour jouer, on peut donc dire qu'il ne s'arrête pas souvent. Heureusement, il y a des lieux intérieurs, où il peut jouer sans se faire agresser par le froid et la pluie, bien qu'il ne soit pas le genre à reculer devant rien, avec une grippe, il n'ira pas bien loin, surtout parce que cela veut dire manquer un entraînement et louper la chance de montrer son talent. Quoi qu'il en soit, ils sont en fin de match et ils sont sur le point de remporter la partie, c'est au tour de Wilson de frapper la balle et c'est un coup circuit, ce qui permet à Nick de passer toutes les bases et de faire gagner son équipe, puisque la balle s'est retrouvée dans la foule.Il passe les buts en faisant pratiquement du jogging, avec le sourire aux lèvres, levant son casque dans les airs pour jouer un peu plus le fanfaron face à l'équipe adverse, qui sont de plus en plus frustrés par cette défaite, au contraire du blond qui en profite pleinement. Il sait que ce n'est que le début, la saison n'est même pas commencée et sans se vanter, il est doué pour les coups de circuit et offrir le dernier point de la chance à son équipe. Il a déjà réussi à faire un grand chelem. Après un bain de foule, il se rend aux vestiaires, il prend le temps de prendre une douche et d'enfiler une tenue décontractée. Il s'approche de son casier, il aperçoit une blonde dans les vestiaires, qui semble chercher quelqu'un ou quelque chose. Ce n'est pas rare de voir les fans vouloir une autographe, même s'il a parfois tendance à signer rapidement, là, il peut prendre son temps, il n'a rien prévu et le temps n'est pas compté. Il pose son uniforme de joueur de Baseball sur le dessus de son sac. « Hey, salut, tu t'es perdue ? Je ne m'attendais pas à voir débarquer une jolie paire de.. yeux comme les tiens. » Qu'il dit en souriant, c'est du Nick tout craché, il ne sait pas draguer, ce n'est pas un séducteur né, alors il y va franchement. Bon, certes, parfois, on voit quelques jeunes femmes débarquer dans les couloirs où sortent les joueurs, mais il s'agit souvent de simples groupies qui veulent se taper un joueur professionnel.

Ah, enfin quelqu’un ! Et pas n’importe qui, qui plus est puisqu’il s’agit de son lanceur, celui qui a fait gagner l’équipe et qui lui doit maintenant un autographe. Vesper avait eu peur une minute de l’avoir loupé à la sortie mais non, il est toujours là. Un sourire se dessine sur ses lèvres, contente de ne pas l’avoir manqué tandis qu’il s’approche pour lui demander si elle s’est perdue. Au sens littéral, ça reviendrait à la prendre pour la dernière des cruches ou faire référence à sa blondeur voire même les deux. Mais rien qu’à ce regard et au son de sa voix, elle peut dire que c’est une tentative de drague. Un peu balourde, certes, mais elle a connu pire. Enfin, sûrement. Pour bien montrer qu’elle a saisi l’allusion pas très subtile, elle baisse les yeux sur sa poitrine avant de les relever vers le jeune homme. Elle aurait pu faire comme toutes ces furies : se vexer, commencer à l’injurier pour Dieu sait quelle raison car dans le fond, ça reste un compliment, mais ce n’est pas son genre. Comme dit précédemment, elle en a vu d’autres et c’est presque toujours de cette façon que les hommes lui parlent.

« Non, j’ai trouvé ce que je cherchais : toi. »

Dit comme ça, il est évident que ça peut porter à confusion. Peut-être que, comme elle a l’habitude de se faire draguer, lui a l’habitude de voir des groupies débarquer dans les vestiaires à la fin du match pour se pendre à son cou et tenter de se glisser sous la douche avec lui et bien que l’idée soit toujours un peu tentante de faire croire que oui – sans doute son côté féministe qui ressort un brin étant donné qu’elle a quand même été biberonnée à ça dès sa naissance – avant de se barrer avec ses fringues, Vesper cherche la balle qui était tombée au fond de son sac pour clarifier la situation. Une fois trouvée, elle la lui agite lentement sous le nez.

« Ça t’ennuie pas de me la dédicacer, s’il te plaît ? »

Qu’elle lui demande avant de la lui tendre une fois qu’elle a sa réponse. Puis la texane se permet de commenter :

« Joli match, au fait. T’es doué. »

Et ça vient d’une vraie fan qui a assisté à des matchs des meilleures équipes américaines alors il peut se sentir flatté.

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Même si Nick n'a rien contre les plans d'un soir, à vrai dire, c'est ce qu'il préfère, car il ne cherche toujours pas l'amour de sa vie et ça ne sera peut-être jamais le cas, peut-être même qu'il pourrait faire comme Robin, se chercher une femme sur internet et qu'il pourrait ne jamais voir, parce qu'il n'aime qu'un seul contact physique et qu'il peut le trouver ici. Oui, finalement, il ferait sûrement mieux de rester seul. Néanmoins, il n'aime pas non plus coucher avec les folles qui sourient bêtement aux joueurs pour avoir plus qu'un autographe ou qu'une photo, ce qui reviendrait à profiter de lui, certes, ça va plus ou moins dans les deux sens, mais il préfère laisser ça aux autres joueurs. Cela dit, cela ne l'empêche pas de draguer sans pour autant sauter sur la femme et passer une courte nuit à ses côtés, puisqu'il a tendance à s'éclipser avant même de lui dire au revoir. Il ne peut s'empêcher de sourire à la jolie blonde qui se pointe dans les vestiaires, une autre qui ne veut que ça, puisqu'il ne cherche pas plus à savoir si ses mots ont un autre sens. Quoi qu'il en soit, elle sort une balle et elle lui tend. « Non, bien sûr, avec plaisir. » Il cherche un crayon sur une tablette d'un casier voisin et une fois en main, il prend la balle pour pouvoir la signer, il lui remet ensuite la balle quand c'est fait. « Merci, je fais ça depuis que je suis gamin, la pratique est là. » Non, pas qu'il veut lui raconter sa vie, mais il aime seulement préciser que ce n'est pas qu'un simple passe-temps que l'on fait les fins de semaine. Certes, il n'a pas pu faire carrière là-dedans, car il a échoué avec un recruteur et il ne se plaint pas de sa carrière d'enquêteur, mais il se donne à cœur joie dans ce sport. « C'est la première fois que je vous vois. Vous êtes venue seule, alors ? » Il ramasse ses affaires et prend le sac en main. « Je vous invite à prendre un verre ? Sauf si vous avez envie de faire un tour, mais honnêtement, à part les douches, il n'y a rien d'intéressant à regarder. » La pièce est grande et le reste, ce sont les douches et le bureau de l'entraîneur, ils ont donc déjà fait le tour.

C’est qu’à force, Vesper est en train de se constituer une jolie petite collection, mine de rien. Avec certains noms plus connus que d’autres mais ça n’aurait d’importance que si elle avait l’intention de la vendre un jour. Ce qui, à priori, ne serait pas le cas étant donné qu’elle faisait ça par passion plutôt que pour le profit. Cela dit, il ne faut jamais dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau car on ne peut pas savoir ce qui se passera dans dix ans. Ni même dans cinq. Sa fuite des États-Unis en était une sacrée preuve. Soit elle écoute donc le jeune homme lui expliquer que s’il est doué, c’est surtout parce qu’il pratique depuis qu’il est gosse. Ça ne l’étonne pas le moins du monde, à vrai dire ; de là où elle vient, le baseball est bien plus qu’un sport national, c’est une véritable religion : on naît là-dedans, on vit avec et si on ne peut pas encore dire qu’on y meurt également, peut-être que ça sera le cas un jour, il suffit de voir le nombre de films existants sur ce sport alors que presque personne en dehors du pays n’en connaît les règles. A l’exception de néo-zélandais, on dirait bien.

« Je vois. Il s’agit d’une vraie vocation alors ? Ou simplement d’une passion ? »

Bien sûr, la blonde comprend tout à fait que, si elle a pu faire de sa passion son métier, c’est loin d’être le cas de tout le monde, malheureusement. Et puis dans le cas d’un baseballeur professionnel ou dans le sien, c’est le même bail : il faut accepter de prendre sa retraite encore jeune. Voilà ce que c’est de vivre de façon extrême. Oui, c’est triste quand on y pense. La texane récupère sa balle et la range précautionneusement dans son sac. Il lui demande alors – en repassant au vouvoiement, ce qui la perturbe un tout petit peu, c’est qu’ils sont toujours très polis, en Nouvelle-Zélande – si elle est venue seule.

« Ouais, mon entourage est pas vraiment fan. Mais j’avais le mal du pays ces derniers temps, alors je me suis cherché un match. »

Inutile de préciser de quel pays elle parle, ça s’entend si fort qu’on peut même en deviner l’état.

« Ah, j’en ai visité assez pour savoir qu’ils se ressemblent tous, les vestiaires. Je dis pas non pour un verre avec la star de ce soir en revanche. Je te suis. »

Puis elle tend la main.

« Au fait, moi c’est Vesper. »

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Il aurait pu faire carrière, il aurait pu faire partie d'une équipe officielle et reconnue à travers le monde, même si ce n'est pas les États-Unis, mais tout de même, cela aurait été un vrai exploit. Ce métier qu'il a rêvé lorsqu'il était gamin et quand son père était encore parmi eux et qui l'encourageait dans cette direction, il prenait de son temps pour l'aider à s'entraîner, il n'en a pas fait une carrière. Non, au lieu de cela, il joue dans l'équipe de Wellington et ce n'est pas plus mal, puisqu'au fond, il a toujours voulu jouer, certes, chez les grands, mais c'est mieux que rien, c'est ce qu'on dit. Il s'est tourné vers la police après le décès de son paternel, il a fait carrière en tant qu'enquêteur, où il était reconnu, pas forcément pour les bonnes raisons, enfin, un peu quand même, il était doué, mais avec des méthodes différentes. Quoi qu'il en soit, c'est derrière lui, excepté pour le Baseball, un passe-temps, une passion qu'il continue d'exercer. Qui pourrait croire qu'un détective privé s'adonne à cela ? Ils ne sont que bons pour boire du whisky ou fumer des cigares ou même se promener avec une loupe, si on tombe un peu dans le cliché du cinéma et des séries télévisées. « Je dirais les deux ? J'ai toujours voulu devenir joueur professionnel et cette passion me suit depuis que je suis gamin. » Certaines personnes ont des passons passagères, mais pour Nick, ce n'est pas du tout le cas, il n'a jamais arrêté de pratiquer. Nick sourit à la blonde, ce qui lui donne une nouvelle information sur elle, autre le fait qu'elle soit fan de Baseball, elle n'est pas du pays. Il peut comprendre, le simple fait d'avoir visité les États-Unis lui a donné le tournis, bien qu'il faut dire qu'avec Robin, ils s'étaient rendus sur place au moment mauvais, en plein quatre juillet et les festivités lui ont fait un peu perdre la tête, plus que l'enquête elle-même ou presque. « Enchanté, moi c'est Nick. » Il ramasse ses affaires et ils finissent par sortir des vestiaires ainsi que du stade. Ils vont à sa voiture et il met son sac dans le coffre de la bagnole. « On peut prendre ma voiture ou bien, on peut également marcher. » Quoi qu'il en soit, une fois la décision prise, ils vont dans un bar sur la rue principale de Wellington, un endroit où ils servent aussi de la nourriture, ça tombe bien, le match lui a donné faim. « Commande ce que tu veux, c'est moi qui régale. » Ils s'installent à une table.

Vocation et passion en même temps alors. Vesper trouve ça cool parce qu’ils ont connu à peu près la même chose. Elle en vit toujours et possiblement que c’est également le cas de ce jeune homme. Nick, donc. Qui lui offre un verre. Ça ne se refuse pas. Enfin, ça, c’est quelque chose qu’elle a appris sur le tard car sa mère l’a élevée de façon très cavalière : « tu paies tes verres toi-même, tu les gardes à l’œil et tu invites les garçons à danser s’il le faut vraiment. ». De ces trois règles, la blonde n’en respecte à l’heure actuelle qu’une seule : elle n’abandonne jamais son verre nulle part. Sinon elle se laisse payer des verres et inviter à danser. Pas systématiquement, bien sûr, seulement quand l’occasion se présente et qu’elle ne paraît pas trop déplacée comme c’est le cas actuellement. Et puis bien sûr, si elle n’a pas peur de se laisser offrir un verre, elle n’a pas non plus peur de monter dans la voiture d’un inconnu. Qui n’est plus un inconnu soit dit en passant puisqu’il s’appelle Nick et qu’il fait du base-ball !

« Comme tu préfères, je te suis. Tu connais sûrement mieux le coin que moi. »

Pourtant ça lui arrive de sortir, ne serait-ce que pour aller se moquer un peu des gens qui chantent au karaoké. Mais ça lui arrive encore plus souvent de se perdre. Forcément, ne pas avoir de voiture n’aide pas. Ce qui aide en revanche, ce sont les GPS des téléphones. Heureusement qu’elle a de la ressource. Et un téléphone muni d’une bonne batterie, donc. Joignant le geste à la parole, la texane le suit jusqu’à un bar où ils se trouvent une place. Sans être particulièrement bondé, il y a quand même du monde. Mais pas de soirée karaoké au grand dam de Vesper. Par contre il y a des mozzarella sticks au menu et ça, ça fait plaisir. Et puisque Nick est du genre généreux, autant en profiter un tout petit peu. Mozzarella sticks et Cubanisto pour elle, du coup. Puis elle reporte son attention sur le jeune homme.

« Du coup j’imagine que t’es du coin, je me trompe pas ? Avant de venir vivre ici, j’aurais pas cru que le base-ball y était connu. »

Ou plutôt y était pratiqué pour être exacte car le monde entier connaît le base-ball, grâce aux films, séries et tout ce qui s’ensuit. Mais assez peu de gens y jouent en dehors des américains. Du moins c’est l’impression que ça donne.

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Cela pouvait paraître bizarre d'inviter une inconnue dans sa voiture, surtout en 2021, quand on sait qu'il pourrait se faire traiter de tous les noms par toutes les féministes enragées rien que pour cette invitation de vouloir prendre un verre. Heureusement, même si elle l'ignore, il n'a aucune mauvaise intention derrière cela, du moins, rien d’illégale, ce n'est pas parce qu'il était ripou -toujours selon ses collègues- que c'est un gros connard qui fait tout de travers et des trucs malsains. Quoi qu'il en soit, ils prennent la voiture, la paresse l'oblige à la prendre pour éviter de revenir sur ses pas pour la chercher, car honnêtement, il n'en aura pas envie et ça, il le sait. Les voilà dans l'établissement, un lieu plutôt familier pour Nick, qui aime rarement changer ses habitudes, alors, il connaît plutôt bien l'endroit, remarque que cela reste un bar, donc, pas grand-chose à savoir à ce sujet. Il regarde le menu, les prix et ce qu'elle a commandé, pour lui, une bière et des frites nachos jalapeno tex mex. « Je ne suis pas de la ville, je viens d'Auckland. » Il y a quand même une différence, plus d'habitants et plus de trafic. Bref, tout cela pour dire qu'il n'est pas natif de Wellington, ni d'Island Bay. Néanmoins, peut-être que pour elle il n'y a aucune différence, car cela fait quand même partie de la Nouvelle-Zélande. « Tu viens d'où ? Hm, des États-Unis peut-être, je me trompe ? » Il s'est rendu là-bas une fois, mais il sait faire la différence entre un Anglais et un Américain, l'accent est bien différent et les expressions ne sont pas forcément les mêmes, enfin, à ce qui paraît, ça doit varier d'un pays à un autre comme bien des choses. Quoi qu'il en soit, c'est comme les origines du baseball, appelé rounders au Royaume-Uni, qui a vraiment inventé ce sport ? Nick s'en fiche totalement, il n'était même pas né, alors il se fout un peu de cela, mais il paraît que c'est un petit sujet de controverses. « Oui, il y a même une ligue de basket-ball. Tu savais aussi qu'on avait des fermes et puis même des fast-foods comme McDonald's, comme aux États-Unis et partout ailleurs. » Est-ce qu'il est en train de la taquiner d'une manière sarcastique ? Totalement, il se moque bien sûr, il ne vaut mieux pas le prendre trop au sérieux, car c'est un peu son humour, certes un peu particulier. C'est parce que les Américains ont souvent tendance à se vanter de ceci et de cela, ce n'est donc pas contre Vesper. « Et sinon, tu te plais bien ici ? Mais surtout pourquoi venir vivre aussi loin ? Tu es recherché dans une affaire de meurtre ? De vol ? De meurtre et de vol ? »

C’est sa mère qui aurait détesté apprendre que Vesper montait dans la voiture d’un type qu’elle venait tout juste de rencontrer. Ç’aurait été celle d’une femme, aucun souci mais celle d’un homme ?? Elle n’avait quand même pas élevé une fille qui devait à tout prix se reposer sur un homme quel qu’il soit, la pire des races. Sauf que Vesper n’a pas de voiture alors bon, si elle veut se préserver un peu, pas le choix. Et puis elle n’est de toute manière pas du tout de cet avis : parfois, les hommes peuvent s’avérer utiles, voilà ce qu’elle se dit. Dans tous les cas, elle suit Nick qui la conduit à un bar, comme prévu et non pas dans un guet-apens. Duquel elle se faisait positivement confiance pour se sortir, de toute façon. Bref, ils arrivent au bar, s’installent, passent commande et discutent. Auckland. Ce nom lui dit vaguement quelque chose sans qu’elle puisse pour autant mettre des images dessus. D’ailleurs, si elle n’était pas aussi sûre que Nick est du pays, elle aurait même eu tendance à penser à la ville de Californie, plutôt.

« Je connais mal, gros dépaysement ? »

Pourquoi cette question ? Elle l’ignore ; sans doute parce que la blonde a tendance à se sentir proche des gens qui se sentent dépaysés comme elle a pu l’être. Comme elle l’est toujours par moment. Puis elle sourit à sa supposition. Touché. Cela dit, Vesper ne peut pas vraiment cacher ses origines, son accent parle pour elle. C’est bien pour ça qu’elle n’hésite pas à préciser.

« C’est ça. Du Texas, pour être plus précise. »

Ses années au Texas commencent à remonter, elle est à peu près sûre qu’elle a passé plus de temps en Californie mais son accent ne s’est jamais estompé ni même nuancé, comme pour lui rappeler que, même si ça fait longtemps qu’elle est partie, c’est de là qu’elle vient.
Là-dessus, il la charrie un peu quant au fait qu’ils ont plein de trucs américains comme des McDonald’s par exemple. Haha, elle ne s’en serait pas doutée.

« J’ai vu ça. Par contre, vous n’avez pas le goût qui va avec. C’est peut-être pareil pour le baseball et le basket ? Pas le talent qui va avec ? Même si je persiste à dire que toi, t’es très doué. »

Elle lui lance un clin d’œil signifiant qu’elle le vanne. Enfin, pas au sujet de son talent à lui, s’entend. Puis elle prend le temps de la réflexion pour mieux répondre à sa question.

« Oui c’est… différent. Beaucoup plus calme. Vol et meurtre prémédité, bien sûr ! J’avais le choix entre le Mexique, le Canada et ici… »

Y a pas à dire, ça fait du bien de pouvoir en rire un peu ; rares sont les gens qui ne la prendraient pas au sérieux en entendant ça.

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« Je suppose que l'on peut dire ça, oui. » Disons que la ville est moins grande, mais c'est surtout qu'il avait ses habitudes là-bas, les quelques amis qu'il s'était fait au cours de sa carrière, le confort de la maison où il vivait et loin de ses frères et sœurs. Bref, ce n'est pas le plus gros changement, les conditions météorologiques restent les mêmes, c'est toujours le même pays, donc forcément cela ne doit pas être un grand changement aux yeux des autres. Nick hoche la tête, il avait vu juste, c'est une Américaine et du Texas en plus, où la peine de mort est toujours bien en vigueur, mais on s'entend que ce n'est pas vraiment un sujet de conversation très intéressant et dont Nick a envie de discuter. « C'est parce qu'ils sont moins gras qu'ils n'ont pas le même goût ? » Qu'il dit pour plaisanter ou presque, même si c'est bien connu là-bas tout est gras et salé à souhait, cela dit, il n'a pas eu le temps de faire la différence lorsqu'il était là-bas avec Robin, c'est sûrement différent dans chaque pays. « Ah, merci, mais peut-être que tu devrais alors regarder le rugby à XV, qui est surtout le sport national. » Il s'agit d'un sport bien connu à la Nouvelle-Zélande et à travers les pays anglophones, peut-être moins en Amérique. Nick prend quelques gorgées de sa bière. « Oh, je vois, c'est vrai que c'est préférable s'évader à l'autre bout de la planète. Heureusement que je ne suis que détective et plus enquêteur. » Il lui fait un clin d'œil, même si cela serait son devoir de la dénoncer si elle était sérieuse, mais sûrement qu'il préférait l'arrêter lui-même plutôt que de faire appel à la police locale. Quoi qu'il en soit, il mange quelques frites nachos, car oui la commande était arrivée entre-temps. « Alors, les Beatles ou Beach Boys ? Ou peut-être es-tu plus rolling stones et creedence clearwater revival ? »

Que ça reste le même pays ou pas, Vesper est bien placée pour savoir que le dépaysement peut s’avérer radical ; il n’y a qu’à regarder son pays pour s’en rendre compte. La vie dans le Montana, le Texas, la Californie, le Minnesota ou encore la Floride est très différente d’un Etat à l’autre. Ne serait-ce que climatiquement parlant, ce qui influe forcément sur le mode de vie. Alors la blonde peut tout à fait comprendre que ça soit la même chose ici. Mais Nick n’a pas l’air dérangé outre mesure. Elle non plus, soit dit en passant. On parle toujours de l’humain et de son incroyable faculté d’adaptation et c’est vrai ; on pourrait lui annoncer qu’il faut qu’elle parte vivre sur la banquise dès demain que Vesper trouverait très certainement le moyen de s’y faire. Pourtant, le froid ce n’est pas trop son truc, quand on pense qu’elle se les caille déjà souvent ici à cause de la pluie… La remarque un rien cassante au sujet du gras des fast-food américains la fait sourire mais c’est de bonne guerre, ça ne servirait à rien de nier que ça doit pas mal jouer.

« Touché. Moins gras, moins remplis de divers goûts tout ce qu’il y a d’artificiel aussi. »

Un point pour la Nouvelle-Zélande, donc. Là-dessus, il lui fait savoir que si elle veut voir des gens talentueux, c’est des matchs de rugby qu’elle devrait regarder. Ah, encore touchée.

« T’as pas tort. Mais en bonne américaine qui se respecte, je ne peux aimer et par conséquent regarder que du baseball, du basket ou du foot. Le vrai, pas ce truc chelou que nous autres appelons soccer. »

Encore un cliché. Si elle était canadienne, elle regarderait le hockey et si elle était brésilienne, dans ce cas et seulement dans ce cas, elle serait autorisée à regarder le « soccer ». Cela dit, pas sûr qu’elle apprécierait car ce sport serait toujours aussi idiot à ses yeux, sans doute.

Détective ? Enquêteur ? La texane manque avaler son Cubanisto de travers, totalement dans son rôle de fugitive. Ce qu’elle est d’une certaine façon étant donné qu’elle a réellement fui les Etats-Unis mais pas parce qu’elle a commis un crime. Au contraire, elle serait même plutôt la victime dans ce cas précis.

« Mince alors, je ferais vraiment une piètre hors-la-loi, tu trouves pas ? »

Parce qu’il a dû en voir passer des tonnes, Nick, en tant qu’ex-enquêteur. Peut-être même en tant que détective. Vesper pioche ensuite dans ses mozzarella sticks puis se fend d’un sourire.

« Plutôt Fleetwood Mac en ce qui me concerne. Même si j’avoue que Creedence Clearwater Revival est très populaire par chez moi, donc ça me rend toujours un peu nostalgique lorsqu’une de leurs chansons passe quelque part. Et toi ? Laisse-moi deviner… Les Stones ? »

Elle aurait pu miser sur du jazz noir qui sied à merveille à son job mais elle est convaincue qu’elle aurait fait fausse route.

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Il ne connaissait pas beaucoup de femmes qui appréciaient le sport, souvent c'était que pour faire leur intéressante, sans rien connaître, pas même les postes des joueurs, alors quand il était question de parler du match de la veille, c'était mort pour elle. Là, il peut voir que Vesper ne fait pas semblant et qu'elle ne fait pas cela pour attirer l'attention. Et franchement, c'est plutôt attirant, sachant que c'est un sportif et que même s'il ne pratique pas tous les sports, c'est quelque chose qui fait partie de lui. Nick finit par lui avouer qu'il est davantage plus détective qu'enquêteur, ce qu'il était autrefois, cela ne l'empêche d'avoir gardé ce côté un peu chiant qu'on finit par adopter les policiers au cours de leur carrière. Il aurait pu être beaucoup plus, si on ne l'avait pas viré, mais ainsi va la vie. « Certes, mais une belle hors-la-loi. » Il sourit légèrement en coin et porte son verre à ses lèvres pour avaler quelques gorgées de sa bière. Mais ça, il l'avait peut-être déjà fait savoir, un peu plus tôt, avant d'atterrir dans ce bar. « Je n'ai rien contre les Stones, mais je dirais plutôt Guns N' Roses et j'aime écouter AC/DC. » Il y a d'autres groupes rock bien sûr, mais il a pratiquement grandi avec les Guns et c'est peut-être ce qui a contribué à sa colère et sa rébellion d'adolescent ? Ou pas, ça serait un peu cliché de dire qu'un groupe de musique ait eu une influence aussi forte et de toute façon, si cela n'était pas arrivé, peut-être qu'il n'aurait pas été dans les forces de l'ordre. Non, car après tout, il voulait être un joueur professionnel de baseball. Il mange ses frites nachos jalapeño et il attrape une serviette de table pour s'essuyer les bouts de doigts. « Pourquoi avoir accepté ce verre ? J'aurais pu être une espèce de psychopathe déguisé dans un costume de joueur de baseball, qui aime attirer les jolies blondes. » On s'entend que ce n'est pas le cas, même s'il aime bien les blondes.

Une belle hors-la-loi, la blonde accepte le compliment avec un sourire. Aucune chance qu’elle se la joue modeste, on lui a bien assez souvent répété qu’elle était belle pour qu’elle n’ait pas à en douter. Une information qui traînait toujours dans un coin de sa tête mais dont elle se sert assez peu, en fin de compte. Si on ne vous apprécie que parce que vous êtes beau, alors il y a de quoi se poser de sérieuses questions. Cependant, Vesper sait également que parfois, ça peut être utile et qu’il faut également savoir se servir de cet atout quand le moment est opportun. Bref, c’est ainsi que Nick lui apprend qu’il n’est pas tant fan que ça des Stones, il préfère les Guns’n’Roses ainsi qu’AC/DC et ça prête à rire.

« Ah, je comprends mieux cette hargne dans tes lancés. »

Elle plaisante évidemment mais qui sait ? Peut-être que ça lui est déjà arrivé de s’entraîner à lancer sur un petit Highway to Hell. L’ironie c’est que faire ça doit vous donner la sensation d’être un véritable Dieu. La blonde a toujours trouvé que c’était l’aura qui se dégageait de cette chanson, d’un point de vue global, de toute manière.

Quoi qu’il en soit, le jeune homme enchaîne en lui demandant pourquoi elle a accepté de prendre ce verre, argumentant qu’il aurait pu être un psychopathe appâtant les jolies blondes pour les découper en petits morceaux avant d’aller embrasser la joue de sa mère pour lui souhaiter bonne nuit – elle n’en peut rien si dans absolument tous les films, tous les psychopathes ont toujours un problème relationnel avec leur mère. Ce qui la fait sourire une fois de plus. D’un air des plus détachés, la texane hausse les épaules.

« Si ç’avait été le cas, je me serais fait un plaisir de te botter les fesses. Je suis cascadeuse alors les sports de combat, ça me connaît. »

Cela étant, elle n’est pas sûre que ça constitue une véritable réponse à la question de Nick, aussi poursuit-elle.

« Disons que je connais pas grand-monde ici alors je suis jamais contre l’idée de faire de nouvelles rencontres. Surtout si on a un point commun pour commencer. »

Stricte vérité, ça fait plusieurs années qu’elle est là et pourtant, pas d’amis, seulement son copain et des collègues. Diverses rencontres à droite à gauche, des plus folles souvent mais des personnes qu’elle n’a jamais revues par la suite. Et dans certains cas, peut-être que ce n’est pas plus mal.

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✰ w/vesper

C'était sûrement la question à un million pendant les années soixante, à savoir la préférence entre les Beatles et les Stones, c'était peut-être même le sujet de quelques bagarres dans les pubs et dans les rues. Bien qu'il ne déteste aucun des deux groupes, il a une préférence pour les Guns, même AC/DC, on pourrait clairement dire que cela ne lui ressemble pas du tout et c'est un peu le cas, il suffit de regarder son habillement, il n'a pas le même look que les fans qui s'habillent en cuir, qui se colorent les cheveux et aucun piercing. Bref, il hausse les épaules, on ne l'a jamais surpris en train d'écouter cela, mais mine de rien, cela défoule de chanter à plein poumons et de crier pour sortir sa rage. Il se demande si c'est le même effet avec les personnes qui écoutent du Eminem ou c'est tout le contraire, que cela donne envie de massacrer. Nick secoue légèrement la tête et il rit, va savoir ce que cela vaut contre un ancien flic entraîné, pour sûr, il n'a jamais eu de problème à ce niveau et surtout, heureusement, ce n'est pas un psychopathe, pas aux dernières nouvelles, de plus, il ne compte pas la mettre au défi. « Je vois et je t'aiderais bien à te faire des amis, mais la vérité c'est que je fais fuir les gens et que je ne suis pas très sociable. » Ce qui est très vrai, bien évidemment, il n'est pas seul au monde, il a quelques amis, mais c'est un cercle restreint, ils ne sont pas beaucoup, ils se comptent facilement sur une seule main, voire deux. S'il fait fuir les personnes, c'est seulement parce que les gens n'aiment pas la vérité toute crue. « Mais tu peux m'ajouter à ta liste, c'est déjà ça. Je pourrais même t'obtenir des billets pour le prochain match ou si tu as besoin de compagnie. »

Comment ça il fait fuir les gens ? Lui ? Mais il a pourtant l’air tout à fait charmant. Ça la surprend également d’apprendre qu’il n’est en général pas très sociable étant donné qu’il l’a été avec elle. Il aurait tout aussi bien pu l’envoyer paître tout à l’heure, au lieu de lui signer son autographe et de l’inviter à prendre un verre. Peut-être que ça vient d’elle, du coup ? Peut-être qu’elle inspire la sympathie, la blonde à l’accent tellement lointain qu’on se doute bien qu’elle doit se sentir en permanence paumée de ce côté du globe. Tant mieux si c’est le cas, ça ne fait d’elle qu’une plus grande menace encore vis-à-vis des gens qui voudraient en tirer profit. Enfin, ça serait le cas si elle ne criait pas sur tous les toits qu’elle est cascadeuse et que, de fait, elle est aussi douée pour les sports de combat. Bref, Vesper ne cache donc pas sa surprise et ajoute même :
« Vraiment ? C’est marrant, j’aurais pas cru. Est-ce que ça signifie que je suis en quelque sorte privilégiée ? »
Ce qui n’est en aucune manière une façon de se jeter des fleurs, ça voudrait simplement dire que le courant passe bien entre eux et il en faut parfois.

Ainsi, ça ne serait pas grâce à Nick qu’elle élargirait son cercle d’amis, en tout cas pas de beaucoup, mais pour tout dire, la blonde s’en fiche un peu. Elle n’est pas contre l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, mais elle ne court clairement pas après pour autant ; non seulement la texane a passé l’âge de dépendre de qui que ce soit mais en plus elle n’a pas été éduquée de cette manière. Tant pis, elle est ravie de ne pouvoir compter que le jeune homme parmi ses nouveaux amis.
« Ça me va très bien, la qualité prévaut sur la quantité. »
Elle accompagne sa remarque d’un clin d’œil complice.
« Et ça m’intéresse d’autant plus si tu me proposes des billets. »
Elle étire un sourire taquin et s’essuie les mains sur son jean avant de lui en tendre une afin de sceller leur toute nouvelle amitié. Puis elle reprend un stick et poursuit :
« Et toi, tu fais quoi dans la vie ? »
Elle connaît l’une de ses passions, son nom et quelques-uns de ses goûts musicaux alors autant poursuivre sur cette lancée.