baseball is like church : many attend, few understand → nick

Cela peut paraître ou pas, à la première vue, mais ce n'est pas l'homme le plus social, ce n'est pas faute d'essayer de faire la conversation avec les gens, mais cela revient souvent à les juger, à émettre un commentaire ou deux pas très agréable pour la personne. Et ils sont très peu à le voir souriant et sympathique, donc, à part Cait et Robin ainsi que sa mère, le groupe est très restreint. Quoi qu'il en soit, il ne va pas se plaindre, car il n'est clairement pas le genre de personne qui aime attirer l'attention, qui sourit à chaque être humain qui croise sa route et à jouer les faux culs. Il est sûrement trop honnête par moment, mais que voulez-vous, on dit que la vérité blesse, n'est- ce pas ? Bref, il peut évidemment lui recommander des coins, des restaurants, des lieux à visiter, mais se faire des connaissances, c'est une autre histoire et Vesper semble beaucoup plus le type de personne à avoir cette facilité à attirer les gens et à pouvoir parler avec un inconnu. « Hé bien, je suppose qu'on peut dire ça, oui. » Il ne va pas nier aussi qu'il la trouve à son goût, cela serait mentir et elle prouve que ce n'est pas une blonde écervelée et ça, il apprécie encore plus. Nick approuve avec un signe de la tête, il ne peut pas être plus d'accord. « Pourquoi pas. Si tu acceptes un autre verre. » Il lui fait un clin d'œil avant de lui serrer la main et de demander à une serveuse de leur apporter deux autres verres. « Tu veux dire à part être détective privé ? J'aime jouer au poker et faire du vélo, boire du whisky et regarder mon chien chasser après les chats du voisinage. » Il dit chasser, mais son chien n'est en rien un animal dangereux, il aime jouer, mais sans non plus attaquer, même si Nick déteste les chats du voisinage, car eux, ils ont moins envie de s'amuser et se montrent plus agressifs que lui. « Et que fait une Texane comme activités ? »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça surprend d’apprendre que Nick n’est pas quelqu’un de très sociable. Peut-être que si elle l’avait rencontré dans des circonstances différentes, ça ne l’étonnerait pas, mais sachant qu’il s’est montré véritablement charmant avec elle… Bref, à croire qu’elle fait donc partie des privilégiés. Ce qu’il lui confirme. Très flattée. S’ensuit un deal qui ne se refuse pas : une amitié ainsi que des billets contre un autre verre. On va pas le nier, Vesper a tout à y gagner dans cette histoire, même un verre gratuit en compagnie d’un homme qu’elle trouve très sympathique. Large sourire aux lèvres, la texane acquiesce et le laisse leur recommander un verre chacun. Puis elle hoche de nouveau la tête. Oui c’est ça, en dehors de détective privé car ça serait tout de même très réducteur de résumer quelqu’un seulement à son métier. En ce qui la concerne, elle n’aimerait pas tellement qu’on ne voit en elle qu’une cascadeuse, par exemple. Elle l’écoute donc parler de ses centres d’intérêt tels que le poker, le vélo, le whisky et son chien. Et ce dernier point précisément la fait rire.
« Ça doit faire du bruit dans ton quartier. Ça signifie que tu as un jardin ? »
A moins que son chien ne s’amuse à courir après les chats que lorsqu’il le promène ? En ce qui la concerne, elle n’a pas d’animal ; pas qu’elle soit contre mais l’occasion ne s’est pas encore présentée et l’idée ne lui a pas non plus traversé l’esprit. Pourtant, elle sait très bien que c’est une possibilité, un jour. Elle les aime bien. Peut-être pas autant que les plantes, mais elle a quand même toujours eu l’habitude de vivre entourée d’animaux. Bref, Nick lui retourne ensuite la question, à savoir quelles sont les activités d’une texane perdue en Nouvelle Zélande lorsqu’elle n’est pas sur un de ses tournages.
« J’ai un bateau ! Donc j’aime bien naviguer dans le coin, découvrir les îles aux alentours, faire de la plongée et ainsi de suite. Et puis j’ai trouvé un ranch à South Bay. Il faut savoir que ma famille en possède également un alors c’est un moyen pour moi de renouer avec les chevaux ainsi que l’équitation. Si l’un ou l’autre t’intéresse, d’ailleurs, fais-moi signe. »
Ce faisant, elle attrape un carton et sort de la poche de sa veste un stylo pour y noter son nom et son numéro de téléphone avant d’oublier.

L'avantage d'avoir son propre cabinet, c'est de travailler aux heures qu'il souhaite et sans qu'on lui hurle dessus, ce qui n'a jamais été le cas à Auckland, mais là, il n'est pas obligé de se lever à des heures précises, même s'il reste raisonnable. Tout cela pour dire qu'il peut se permettre de se prendre un autre verre de bière, car il n'y a rien qui l'empêche de le faire, d'autant que cela ne semble pas déranger Vesper. « Je vis plutôt dans un appartement, je n'ai pas le temps de m'occuper d'un jardin, encore moins l'envie de faire pousser des choses comestibles. Mais certains voisins ont des chats et qui ne restent pas forcément à l'intérieur de leur appart. » Ce qui fait que lorsque son chien aperçoit une boule de poils dans le couloir ou devant l'immeuble, il se fait un plaisir de courir après eux. Ce qui est également le cas avec les écureuils dans les parcs ou même dans la rue, mais rendu là, il le tient en laisse, ça serait triste qu'il se fasse frapper en pleine rue à cause d'un rongeur et d'un conducteur aveugle. « Et tu as découvert des trésors ? Un peuple caché ? » Remarque qu'habituellement, il vaut mieux éviter de s'approcher de ce genre groupe, car ils ont tendance à devenir plus sauvage qu'un animal, c'est ce qu'il avait lu dans un article sur internet, quelqu'un avait été tué à cause de curiosité d'en savoir plus sur le peuple caché. « Pas de souci, j'ai fait très peu d'équitation, mais ça peut être intéressant de faire une balade à cheval. » La dernière fois, c'était il y a si longtemps qu'il se souvient à peine de la sensation de monter et c'était dans le cadre d'une sortie ennuyante avec sa famille. Les nouveaux verres arrivent, il commence à boire à nouveau et il décide de faire de même sur un bout de serviette de table, nom et numéro de téléphone. « Es-tu célibataire ? » Histoire d'éviter les malaises, s'il venait à flirter un peu plus et à l'inviter chez lui.

Vesper acquiesce. Les chats du bâtiment parce qu’il habite en appartement, d’accord, elle n’avait pas pensé à ça. Et elle n’a rien contre les chats mais elle se demande tout de même si le voisinage serait okay si c’était un chien qu’on laissait seul dans le couloir d’un immeuble. Et elle en doutait fortement. Mais ça serait stupide de sauter aux conclusions, peut-être qu’il veut simplement dire que ça leur arrive à l’extérieur. En revanche, la texane ne fait aucun commentaire quant au fait que Nick ne veut pas de jardin. Ça, c’est une question de goût. Pour sa part, elle aurait beaucoup de mal à s’imaginer de nouveau vivre en appartement. Parce que ça lui est déjà arrivé, bien sûr. En arrivant à Los Angeles. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que passer d’un ranch d’elle ne sait même plus combien d’hectares, à force, à une espèce de placard… Ça change. Ça dégoûte même un peu aussi. Bref, autant parler de bateaux ou de chevaux ; deux choses radicalement différentes mais que Vesper aime autant l’une que l’autre et qui ont l’air d’intriguer Nick. En tout cas le bateau puisqu’il lui demande si elle a déjà fait des découvertes intéressantes grâce à ça. Comme un trésor qu’elle aurait remonté de plongée ou encore une tribu qu’on n’aurait pas encore découverte. La blonde hausse les épaules en faisant la moue.
« Pas encore. Il faut dire que les sites de plongée et les îles du coin sont ce qui attire le plus les touristes. Alors il ne serait pas étonnant que d’autres soient passés avant et aient raflé la mise. »
Pas forcément des touristes, d’ailleurs, peut-être même des espèces de pirates locaux ? Elle est pratiquement sûre que ça existe. Des pirates avec la peur au ventre que des touristes leur vole leurs trésors et découvrent leurs tribus.
« Mais je ne perds pas espoir ! Dans des coins beaucoup plus reculés, ça doit pouvoir se trouver. »
Bien que ça ne soit pas particulièrement ce qu’elle cherche. Non, Vesper cherche avant tout à passer un bon moment mais sait-on jamais ? Elle ne cracherait pas dessus non plus. La question qui suit ne la déstabilise pas mais la surprend un peu. Combien d’hommes posent cette question avant d’avancer en terrain miné ? Pas beaucoup, elle en est sûre. Elle prend une gorgée de bière avant de répondre très franchement :
« Non. Mon petit ami vit à south bay. »
C’est d’ailleurs grâce à ça qu’elle a trouvé ce ranch. Ce n’est pas que Nick ne lui plaît pas, au contraire, elle lui trouve beaucoup de charme – quoique peut-être un peu jeune pour elle -, mais c’est de Rafa dont elle est amoureuse.

Il allait peut-être finir par changer d'appartement, un jour ou l'autre, mais pour le moment, celui-ci, lui convient plutôt bien et il n'a pas l'intention de partir, d'autant que le déménagement, c'est un paquet de troubles. Et puis, il sort régulièrement son chien, entre les longues promenades dans les bois, les jeux au parc, pas de quoi s'ennuyer, son chien semble très bien heureux de dépenser autant d'énergie et de pouvoir se repose à l'appartement. M'enfin, ce n'est pas vraiment un sujet de conversation, ce serait vraiment ennuyant s'ils commençaient à parler de déménagement, comme deux personnes autour d'un petit thé. Non, Nick n'est pas ce genre de personne qui part à la recherche des trésors ou à la découverte d'une tribu nouvelle ou ancienne, mais il était de curieux de savoir ce qu'elle faisait avec son bateau, hormis le fait de naviguer.  « Ah oui, j'imagine ! Il paraît qu'il faut faire attention avec eux, ceux qui ne sont pas habitués aux étrangers. » C'est ce qu'il avait déjà entendu, il y a déjà eu des morts à cause de cela, c'est assez dangereux quand même de s'aventurer sur ce terrain, sûrement plus que de plonger dans les profondeurs, puisqu'il y a plus de chances de tomber sur des dauphins que sur des requins. Bref, ce n'est pas demain la veille que Nick fera de la plongée, préférant avoir les deux pieds sur terre, plutôt que dans l'eau ou dans les airs. Mais passons. Il lui demande finalement si elle est célibataire, elle répond par la négativité, c'est non, même que son petit ami vit à South Bay. « Oh, je vois. » Même si cela ne le gênerait pas vraiment de coucher avec quelqu'un déjà pris, quelque chose lui fait dire que ce n'est pas vraiment le cas de Vesper et il n'a point envie d'insister sur cela. Voilà qui met un frein à ses intentions de l'inviter chez lui ou de visiter l'appartement de la blonde. Quoi qu'il en soit, il termine sa bière. « Je crois qu'il est temps pour moi de rentrer. Je te raccompagne ou ça va aller ? »

Se méfier des chasseurs de trésor qui n’aiment pas trop les étrangers. C’est pas la première fois que Vesper entend ce genre de choses. Et pas qu’ici, en Nouvelle-Zélande mais partout où elle est passée, à vrai dire. Les jeunes ont beau dire que le racisme antiblanc n’existe pas, la texane est persuadée du contraire pour avoir beaucoup voyagé et ne s’être sentie véritablement chez elle nulle part à ailleurs sur le continent américain. Et encore, même pas dans tous les Etats. C’est triste, d’autant que chacun prône vouloir que tout le monde soit sur un même pied d’égalité. Or c’est de ça qu’on est le plus éloigné, encore aujourd’hui.
« Ouais ? Tu crois que je parviendrais pas à les envouter avec ma jolie crinière dorée ? »
Pour prouver qu’elle n’est pas sérieuse, elle se met à rire. Elle se doute bien qu’on ne rigole pas avec ces gens-là et que, si sa crinière leur plaît, ce n’est pas avec un simple battement de cils qu’ils la laisseraient s’en tirer. Et s’il n’est pas question qu’elle se laisse faire, elle se doute que son infériorité numérique jouerait contre elle. Aussi forte soit-elle.

Vient ensuite la question de si elle est célibataire. Fidèle en amour et aussi craquant que soit Nick, elle reste franche : non, elle ne l’est pas. S’il est déçu ? Peut-être mais si c’est le cas, ça ne se remarque pas. Enfin, sauf si c’est à cause de ça qu’il met un terme à leur sortie, mais en consultant sa montre, elle se rend surtout compte qu’il commence à se faire tard. Vesper termine son verre et ses sticks puis rassemble ses affaires.
« Seulement si tu passes par north bay, je voudrais pas te faire faire un détour. »
D’autant que si elle a le permis, elle n’a pourtant jamais eu de voiture afin de ne pas apporter sa contribution au réchauffement climatique. Une de plus ou de moins, vous me direz… D’accord, mais si tout le monde réfléchit de la sorte, alors c’est certain que rien ne changera jamais. Et rien ne changera jamais parce que tout le monde ne va pas soudainement se mettre à utiliser les transports en commun et arrêter de prendre l’avion pour un oui ou un non, mais elle aime pouvoir se vanter de ne pas avoir contribué à l’extinction de l’espèce humaine, par fierté sans doute.