space oddity → dorian

Une fois n’est pas coutume, ça serait dans le cadre du travail que Dorian et Noomi se croiseraient. Le sien à elle, bien sûr, parce que sinon, elle ne voit pas trop ce qu’elle irait faire au travail de son ami : l’envers du décor n’intéressait qu’assez peu ses auditeurs. Alors qu’une rando rollers, ça oui. Noomi ne savait pas trop pour quelle raison on l’envoyait là-bas – peut-être parce qu’il lui arrivait de se rendre à la radio en patins les soirs d’été, allez savoir -, ni même que les randos rollers étaient de nouveau à la mode mais elle avait tout de même accepté : voilà qui la changerait un peu. Et puis c’était son truc à elle, alors évidemment, quand on lui proposait ce genre d’activités au travail, elle sautait toujours sur l’occasion. C’était également le cas de ses cours d’hélicoptère ; tout avait commencé par une interview qu’il avait fallu faire à bord d’un de ces engins et puis ça lui avait plu alors elle était restée. Soit, par un dimanche après-midi ensoleillé, ils arpentaient donc les rues de Wellington en patins et en rollers. Elle, tous les autres participants, la petite team qu’on avait bien voulu lui prêter en dehors des locaux de la radio mais qui n’était pas la même que d’habitude – la grecque déplorait surtout l’absence de Sam mais bon, elle ne pouvait pas non plus bosser vingt-quatre heures sur vingt-quatre – et Dorian. Tant qu’à faire, Noomi aimait bien inviter ses amis de temps en temps, quand elle en avait l’occasion. C’était plus agréable pour tout le monde et elle n’avait ainsi pas l’impression d’être trop au boulot non plus.

Puis de là, ils pourraient se rendre à l’héliport. Car oui, la blonde avait prévu d’enchaîner ensuite par un cours d’hélico. Ça serait la première fois qu’elle passerait à la pratique alors de un : il n’était pas question de manquer ça, de deux : autant partager cette expérience avec quelqu’un qu’elle aimait bien, n’est-ce pas ? Mais il dirait au revoir au reste de l’équipe en revanche. Noomi fonça vers le présentoir à bouteilles d’eau, en attrapa deux et fit demi-tour pour venir en tendre une à Dorian.

« Tu vois quelqu’un que j’pourrais interviewer ? »

Parce qu’aussi amusant que ça soit, elle était là pour le travail, tout de même. Elle scruta alors la foule présente à la recherche d’une personne sortant un peu du lot avant qu’elle ne désigne quelqu’un du menton.

« Tiens, c’est pas cette fille, là ? Dua Lipa ? »

Ah, c’était peut-être bien pour cette raison qu’on l’avait envoyée elle, peut-être bien qu’il y avait d’autres personnalités du monde de la musique venues patiner. Et même sûrement qu’on le lui avait dit mais elle avait déjà oublié. Une chance qu’elle se tienne au courant et qu’elle connaisse une bonne partie des nouvelles têtes, sinon elle serait très certainement passée à côté. Mais bon, quand on passe la même chanson d’une de ces personnes en boucle à longueur de nuit, on finit par s’en souvenir, évidemment.

Ce n’était pas qu’une illusion, Noomi avait délibérément oublié qu’il s’agissait d’une course. De toute manière, à quoi bon essayer de participer puisqu’elle était supposée interviewer des participants par la même occasion ? Ce qui était drôlement con, quand on y pense : personne dans une course quelle qu’elle soit, n’avait envie de perdre toute sa concentration parce que quelqu’un était en train de lui poser des questions. Il aurait mieux valu les interroger après. Mais bon, la grecque ne s’étonnait plus de rien non plus. De toute évidence, ses patrons n’étaient pas très au courant de ce qui se faisait ou au contraire, de ce qui ne se faisait pas mais essayaient désespérément de donner une image très jeune à leur radio en se reposant presqu’uniquement sur elle ainsi que son émission. Sans la moindre protection – parce que sinon, Noomi ne serait pas Noomi -, elle slalomait entre les concurrents pour poser une question par-ci, une autre par-là pour ensuite souvent revenir vers Dorian qui avait l’air de prendre la course un peu plus au sérieux qu’elle. A en juger par son équipement en tout cas. Tandis que c’est lui qu’elle questionnait pour savoir qui interviewer ensuite, il mentionna une feuille de route. Qu’est-ce que c’était que ça ? C’était pas un truc pour les avions ? C’est dire à quel point elle était familière de ce genre d’évènements – à savoir les évènements sportifs, bien sûr. La blonde ne prit même pas la peine d’hausser les épaules ni même de vérifier cette fameuse feuille de route qu’elle avait probablement chiffonnée avant de la jeter au fond de son sac ou peut-être même d’une poubelle histoire de ne pas s’encombrer plus que nécessaire. En revanche, elle se permit un petit sourire lorsqu’il répondit qu’elle pouvait toujours tenter de briser la glace avant d’être trop sexy pour ça. Ça serait bien mal la connaître de croire qu’elle allait nier ou prendre une attitude qui la diminuerait. Elle prenait toujours les compliments tels qu’ils venaient sans émettre ni même avoir un quelconque avis à leur sujet, c’était ainsi. Exception faite de son talent pour la musique, s’entend.

« Tu veux v’nir avec ou bien tu te soucies du classement ? »

Ce qu’elle ne jugerait pas non plus : c’était évidemment que le jeune homme aimait le sport, ça se voyait, quant à savoir s’il avait l’esprit de compèt’ en revanche, elle ne saurait dire mais elle ne jugerait pas non plus, ça allait souvent de paire après tout. Elle attendit sa réponse avant de s’élancer en direction de l’autre chanteuse qui, elle, avait l’air vraiment concentrée pour le coup. Comme quoi, il faut vraiment de tout pour faire un monde.

« Salut ! J’bosse pour la radio, ça t’dirait de répondre à quelques questions ? »

Dua Lipa lui sourit poliment, sembla considérer la question quelques secondes avant de répondre par hochement de tête. Le privilège de l’âge, peut-être ? Après tout, aux yeux de Noomi, cette fille n’était qu’une gosse bien que ça ne sonne pas le moins du monde comme quelque chose de péjoratif dans son esprit. Elle tâcha donc de se maintenir plus ou moins à son allure pour ne pas trop la ralentir non plus, songeant que ça serait drôlement cool si elle pouvait aussi croiser Marina à cette rando-rollers. C'est sûr qu'elles auraient des tas de choses à se dire.

Faire de la figuration, voilà en état d’esprit qui lui plaisait bien. On n’ira pas jusqu’à dire que c’était tout le temps le sien. Non, bien sûr, il y avait des moments où elle aimait se dépasser, prouver sa valeur et ainsi de suite mais si ce n’était pas derrière un micro ou un clavier ou dans tout autre domaine où elle excellait alors ça n’en valait pas la peine. Mais soit, comme Dorian le lui fit remarquer, ils n’étaient là qu’en tant qu’amateurs car il existait des pros. Ah bon. Okay, dans le fond ce n’était pas si surprenant que ça étant donné qu’il y avait bien des pros de skate ou encore de BMX alors pourquoi pas de rollers ? C’est juste que ça lui semblait tellement plus tenir du hobby que du sport extrême. Et pourtant, Noomi avait ce don – si on tient vraiment à appeler ça comme ça – de faire de n’importe quelle activité, même les plus banales – un sport extrême quand elle s’y mettait. Tout ça pour dire que Dorian ferait bien comme il le voudrait de toute manière, la blonde n’avait pas tellement envie que son attitude déteigne sur lui alors qu’il avait l’air bien plus motivé qu’elle, de prime abord.

Elle hocha la tête en signe d’assentiment et s’approcha donc de l’autre chanteuse. Elle prenait la course bien plus au sérieux qu’eux, c’était certain, mais contrairement à ce qu’elle aurait cru, la grecque n’avait pas trop de mal à la suivre. Cependant, elle se doutait bien que ce n’était pas dû à sa forme olympique – seulement dans ses rêves – puisque le caméraman parvenait à en faire tout autant. Cela dit, c’était clairement une idée reçue que tous les caméramen ressemblent à celui de Scream et heureusement pour eux : une image pas très flatteuse et un destin encore moins enviable. Enfin bref, Noomi posa alors les questions habituelles, à savoir ce qu’elle pensait de leur beau pays et tout un tas de conneries du genre, la laissa parler de ses motivations parce que c’était d’abord et avant tout pour ça qu’elle était là, bien entendu, et pas pour faire du tourisme/prendre des vacances, non. Normalement, elle lui aurait sans doute demandé de chanter un extrait d’une de ses dernières chansons mais elle se rendait bien compte qu’il n’était pas évident de chanter juste en plein effort de ce genre et que ça ne serait très probablement pas lui rendre service en ce qui concernait sa promo. Donc autant garder ça pour plus tard. Si elle s’en souvenait toujours d’ici-là. Dans tous les cas, c’était très sympa à Dua Lipa d’avoir accepté de lui accorder un peu de son temps Puis elle patina jusqu’à Dorian qui en avait profité pour prouver qu’il n’était pas juste là pour manquer un jour de boulot.

« Elle a l’air sympa, ça change des divas. Maintenant tu peux te donner à fond et on s’retrouve à l’arrivée. »

Pendant ce temps-là, elle chercherait d’autres personnalités à interviewer. Si ça se trouve, il y en avait à la pelle. Ou alors, ils n’en avaient invité qu’une seule parce qu’ils n’avaient pas les moyens de s’en payer d’autres mais ça valait tout de même la peine de vérifier.

Bien sûr que Noomi connaissait Dua Lipa, elle devait même passer ses chansons tous les soirs ou presque. Et puis ça faisait quelques années qu’elle était dans le milieu, maintenant alors ça serait tout de même le comble pour quelqu’un dont c’est le métier. Et pourtant, elle n’était pas certaine de pouvoir citer un de ses titres. Ce qui la foutait mal ? Elle était sûre que non. Après tout, il devait y avoir des tas d’animateurs radio qui ne savaient pas du tout ce que leurs invités chantaient alors inutile de se mettre la pression pour si peu. Enfin bref, elle tâcha de retenir le conseil de Dorian en lançant un regard entendu à son cadreur, qu’il s’en souvienne à sa place, si besoin était. Là-dessus, elle les laissa prendre de l’avance et revint sur ses pas pour rester quelques instants du côté des rafraîchissements tout en scrutant les visages mais sans trouver personne d’intéressant, en fin de compte. Avant d’aller s’asseoir dans le coffre d’une voiture qui passait par-là pour qu’on l’amène au niveau de la ligne d’arrivée, fallait pas déconner non plus. Puis c’est ainsi que font les stars et elle en est une, à son échelle. Bref, elle chercha l’autre chanteuse des yeux parmi la foule avant que tout le monde ne se rue dessus. Elle l’alpagua rapidement, tandis que le cadreur était en train de lui faire des signes comme les joueurs de baseball, sûrement pour lui faire savoir à quelle place elle avait terminé mais honnêtement, elle s’en fichait, tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il la filme en train de chanter trente secondes de sa dernière chanson. Ah oui, effectivement, ça lui disait quelque chose.

Clap de fin pour cette course ? Elle était prête à remballer pour sa part. Mais mieux valait qu’elle ne s’avance pas trop et surtout qu’elle laisse son équipe gérer car tout le monde semblait être plus courant qu’elle du déroulement de cette journée. Lorsqu’ils commencèrent à ranger le matos, la blonde se déséquipa et leur donna un coup de main parce qu’elle était du genre cool et sympa. Puis, toujours sur ses rollers, elle se fraya un chemin jusqu’à Dorian.

« Alors terreur, tu leur as collé une sacrée raclée, j’espère ? »

Le tout en s’allumant une clope. Elle aurait cru qu’on la huerait, qu’on lui balancerait des tomates pour avoir osé faire ça au beau milieu de tout un tas de sportifs mais même pas. Plusieurs d’entre eux faisaient de même.

Sixième dans le classement amateur, ce n’était pas rien. Noomi était un peu impressionnée mais un peu seulement car rien qu’au physique de Dorian, on pouvait dire qu’il était capable de prouesses. Tout dépendait dans quoi bien évidemment car il existe des sports où une musculature telle que la sienne est un plus gros inconvénient qu’un avantage. Du moins lui semblait-il mais elle ne pourrait pas en jurer puisque s’il y a bien un domaine qui ne l’a jamais intéressée, c’est celui-ci. Quarantième si on reprenait tous les participants, ça sonnait un peu moins mais, comme il le fit remarquer, ce n’était qu’un détail ; il y avait là des gens qui participaient à toutes les rando rollers de la planète, peut-être même des gens qui ne vivaient que pour ça. Alors oui, ça peut paraître extrême dit comme ça, surtout pour des patins mais c’est le cas de sportifs dans bien d’autres sports alors pourquoi pas dans celui-ci ? Mais soit, l’essentiel était donc qu’il ait terminé sixième du classement amateur.

« C’est super, même. Bravo, j’suis fière de toi ! »

Et pour le prouver ainsi qu’en guise de félicitations, la blonde lui tapota le sommet du crâne. Puis il supposa qu’en ce qui la concernait, elle n’avait pas terminé la course sans quoi elle ne serait pas dans cet état. Remarque que la grecque prit très bien étant donné que ça voulait dire qu’elle ne ressemblait ni de près ni de loin à ces gens tout échevelés et ayant l’air sacrément au bout de leur vie. Toutefois, elle prit alors un faux air offusqué.

« Alors comme ça, tu m’crois pas capable de terminer une course et de toujours ressembler à ça, malgré tout ?? Tu m’déçois, Dorian, j’croyais que tu m’connaissais mieux que ça. Tss. »

Si elle en faisait des tonnes ? Mais c’est évident ; c’était dans sa nature de charrier le monde dès qu’elle en avait l’occasion. Un sourire resplendissant s’afficha alors sur son visage, comme pour le prouver avant qu’elle n’enchaîne.

« Bref, t’es prêt pour la suite du programme ? Ou bien t’as besoin d’un peu de repos comme tous ces croulants ? »

Là-dessus, elle désigna les autres participants qui reprenaient peu à peu une contenance. Et qui lui lancèrent des œillades assassines pour avoir osé dire ça. Oh ça va, eux aussi, elle les vannait. Toujours est-il qu’il valait peut-être mieux ne pas trop traîner dans le coin. Et puis c’étaient des hélicoptères qui les attendaient.

Depuis le peu, Dorian avait appris à si bien la connaître qu’il se doutait parfaitement qu’elle n’avait pas la condition physique pour termine cette course – ou n’importe quel autre genre de courses et d’ailleurs, elle n’était même pas sûre que quelqu’un d’autre puisse y parvenir à moins d’être un demi-Dieu ou une demi-Déesse – sans être couverte d’une pellicule de sueur de la tête aux pieds. Oui, comme c’est glamour, dit comme ça et en temps normal – le glamour, c’est pour les chochottes ! -, Noomi s’en serait fichue comme de l’an quarante mais aujourd’hui, elle décida que ça avait son importance. Quoi qu’il en soit, sa réplique l’amusa beaucoup et elle ne put se retenir de lui coller gentiment son poing dans le bras avant de commenter d’un :

« P’tit con, va ! »

Venant de la grecque, ça pouvait être une insulte ou pas, tout dépendait du ton employé et là, à en juger pour le sourire éclatant qu’elle lui balança ensuite, c’était même carrément affectueux. Et, elle qui détestait avoir à se rappeler qu’elle avait passé le cap des trente ans depuis trois ans déjà, s’amusait parfois de leur différence d’âge. A certains moments, et uniquement dans ces moments-là, son âge vénérable devenait un atout ; elle était l’expérience, voire même la sagesse – quelle blague, oui -, tandis que lui, était juste jeune. Lui ou n’importe qui qui soit plus jeune qu’elle, bien sûr.

« Mais ça m’rassure de savoir que tu m’réclamerais. J’savais bien que tu serais perdu sans moi. »

Elle exagère évidemment et ça se traduisait par le clin d’œil dont elle gratifia presque aussitôt le jeune homme. Soit. Là-dessus, il lui fit comprendre qu’il n’était bien évidemment pas de ces demi-portions de vikings – et vu la fréquence à laquelle il y faisait référence, il devait certainement en avoir du sang dans les veines – et qu’il était tout prêt pour la suite. Il irait même jusque-là en patins. Bon, la grecque ne semblait donc pas avoir le choix, elle non plus. A moins qu’il ne veuille se cramponner au pare-choc arrière de sa Mustang tandis qu’elle conduirait jusque-là. Pourquoi pas ? Ça serait super cool aussi ! Mais non, tout de même. Toujours est-il qu’elle rit une fois de plus en l’entendant mentionner les protections supplémentaires. Ouais, comme si c’était ça qui ferait une différence en cas de crash…

« Bon bah c’est parti, alors ! On va voir si t’arrives à tenir la distance. »

En effet, c’était facile pour elle qui n’avait clairement pas participé à la course, elle était encore toute fraîche et pimpante. Et puis fort heureusement pour elle, l’héliport n’était pas si loin que ça, surtout. Bref, elle s’élança donc, prenant de l’avance, sachant très bien que Dorian finirait par la rattraper étant donné qu’il avait démontré qu’il avait de l’endurance. Et, une fois arrivée à l’héliport, ignora les regards interrogateurs car ce n’était bien évidemment pas tous les jours qu’ils voyaient arriver des gens en patins. Il fallait s’attendre à tout avec eux.

Contre tout attente, Noomi vit Dorian se rouler par terre suite à son coup. Non pas tomber, ni s’étaler mais bien se rouler par terre ; son cinéma était à peu près aussi convaincant que le jeu des actrices de Pretty Little Liars. Elle leva les yeux au ciel et croisa les bras, se fendant néanmoins d’un sourire. Puis il finit par se relever, précisant qu’il avait presque eu mal, allant même jusqu’à comparer sa force à celle d’un moineau. On peut dire qu’il avait de la chance qu’elle l’aime bien sans quoi elle lui aurait démontré que les moineaux peuvent en avoir, de la force.

« R’garde-moi ça quel cinoche. Tu veux que les gens appellent SOS hommes battus ou bien ? »

C’est qu’elle était sûre que certains seraient capables d’en arriver là, vu la manière que tout le monde avait de se mêler de tout en permanence ces derniers temps. Et de vouloir jouer les justiciers, surtout. La blonde essayait souvent de se convaincre que c’était l’intention qui comptait et dans leur cas, l’intention n’était dans doute pas mauvaise mais quand même, ils en faisaient tous beaucoup trop. Soit, le fait qu’ils en rient tous les deux devraient les dissuader de faire quelque chose de ce genre et c’était tant mieux car maintenant qu’elle était un peu connue, Noomi avait une image à préserver, qu’elle le veuille ou non.

Elle n’eut rien à redire quant au fait que sa voix était devenue indispensable à bien des gens. Dire qu’il lui suffisait de raconter des tas de trucs idiots à la radio en prenant une voix suave, ça la dépassait mais le fait est qu’il n’avait pas tort. Petit hochement de tête pour toute réponse avant qu’ils ne prennent la route en direction de l’héliport. Étant donné qu’elle ne s’était pas beaucoup fatiguée durant la course, la grecque n’eut aucun mal à tenir la distance, bien au contraire mais si Dorian souhaitait vraiment la battre à plate couture – on pourrait alors vraiment dire qu’il avait de la ressource -, grand bien lui fasse, elle n’avait pas l’intention de trop se fouler non plus. Toujours est-il que sa réplique la fit sourire.

« Tu choisis tes activités dangereusement pour quelqu’un qui veut pas mourir. »

Que du bluff bien sûr, elle non plus ne voulait pas mourir. Même si au fond, ça sera quand même une mort vraiment classe. Ayant prévu le coup, Noomi avait emporté une paire de chaussures de rechange dans son sac. Des Converse c’est tout de même plus pratique que ses patins pour piloter un hélico. C’est sur le tarmac qu’elle changea avant de grimper dans l’engin. Bien sûr, c’était elle qui prenait les commandes. Mais pas seule puisqu’un instructeur monta à l’arrière. Pour une première fois, il n’était bien sûr pas question qu’elle se lance sans surveillance. Enfin, elle n’aurait pas été contre mais l’héliport en revanche oui. Une question d’assurance, sûrement. Habituée, elle s’équipa du casque, attendit que tout le monde en fasse autant et suivit à la lettre les instructions du pilote jusqu’à prendre un peu d’altitude. Un vrai jeu d’enfants jusqu’ici.

A la question « qui pourrait résister à un tour d’hélico ? », Noomi avait une réponse toute trouvée : n’importe qui de sensé. Avec un pilote pro ? Pourquoi pas, mais avec elle, une novice, aux commandes ? On ne lui ôterait pas de l’idée qu’il ne fallait pas avoir toute sa tête pour accepter. Ce qui faisait que Dorian ne devait pas avoir toute sa tête. Qu’il se rassure cependant car pour la blonde, il n’existait pas meilleur compliment ; rien de tel que les originaux. C’est d’autant plus le cas lorsqu’ils n’ont pas froid aux yeux mais ça allait généralement de pair, semblait-il. Cela dit, il avait raison sur un point : il ne faisait pas ça souvent. Et encore heureux sinon ça ferait tout de même un peu suicidaire sur les bords. En revanche, elle ne put que pouffer quant à sa remarque comme quoi la mort ne toucherait que les vieux. Ah, il y avait cru pendant longtemps elle aussi, jusqu’à son séjour dans le coma suite à son accident de voiture. Et je vous vois venir, non, elle n’est pas vieille ! Du moins pas tant que ça. Quoi qu’il en soit, elle n’allait pas ruiner l’ambiance en mentionnant cette étape de la vie. D’autant qu’elle le savait pertinemment que quand votre heure est là, elle est là mais ça ne l’empêchait pourtant pas de continuer à faire des trucs plus dangereux les uns que les autres. En tout cas quand sa fille n’était pas dans les parages.

« Quel enthousiasme en tout cas. Ça fait plaisir à voir. »

Et puis on verrait bien s’il tiendrait le même discours une fois à bord de l’hélico. Le démarrage de la bête se passa sans le moindre accroc ; il n’aurait plus manqué qu’elle cale. Prendre de l’altitude ne s’avéra pas plus compliqué que ça non plus. Et elle sourit à la remarque de son ami. Il faut dire que, lorsqu’elle le voulait vraiment, Noomi pouvait être une excellente élève. Avant ça, elle avait observé le pilote plus d’une fois, prit des notes au cas où sa mémoire lui ferait une fois de plus défaut. La grecque suivait les instructions à la lettre et tout se passa bien jusqu’à ce qu’un truc sur le tableau de bord se mette à clignoter. Okay, elle ne s’y connaissait pas tant que ça en hélico mais elle s’y connaissait en voitures, assez pour pouvoir dire que ça, ce n’était jamais bon signe. Il fallait bien que ça arrive maintenant. Quoi qu’il en soit, le pilote semblait avoir remarqué qu’un truc clochait lui aussi et il lui annonça que ce n’était rien de grave mais qu’il allait falloir se poser rapidement quelque part. Le hic c’est qu’ils survolaient maintenant l’océan. Elle tâcha de garder son sang-froid : soit elle y parvenait sans souci, soit elle céderait la place au pilote bien plus qualifié qu’elle pour cette manœuvre.