night of the living dead christmas trees → tom

Cove le sait d’avance que ça ne va pas être une partie de plaisir de traîner son mari dans un centre-commercial pratiquement à la veille de Noël. Elle trouverait même plus facile de faire parler quelqu’un qui a pourtant une capsule de cyanure coincée dans une dent avant qu’il ne rende son dernier souffle. Mais que voulez-vous ? Tommy déteste les fêtes, c’est ainsi. Pas que ça la dérange tellement de son côté ; elle s’en fiche, ça ressemble à n’importe quel autre jour de l’année et c’est d’autant plus le cas de ce côté de l’équateur puisqu’on peut faire une croix sur la neige, les rennes et tout ce qui s’ensuit. Il n’y a que le Père-Noël aux couleurs de Coca-Cola qui subsiste. D’ailleurs, on ne peut pas faire moins dans l’esprit de Noël au sens où on l’entend traditionnellement que Cove en tongs, s’étant contentée de passer un short en jean par-dessus son maillot de bain puisqu’elle était occupée à prendre le soleil sur la terrasse seulement cinq minutes auparavant. En croisant Tommy dans la cuisine, elle lui adresse son sourire le plus charmeur tout en s’accoudant au plan de travail.

« T’as pas oublié qu’on devait passer chez le concessionnaire, hein ? »

Non parce que bon, c’est bien beau de se balader en hélico ou en avion, c’est même carrément classe et elle adore que ça arrive mais ce n’est pas des plus pratiques. Notamment parce que tout le monde ne possède pas de piste d’atterrissage chez lui. Après, bien sûr, elle pourrait toujours sauter en parachute pour atterrir sur le toit du supermarché et ensuite aller faire ses courses mais c’est quand même pas idéal… Non, je plaisante bien sûr, ils ont évidemment une voiture mais le temps est venu d’en changer avant que les réparations à faire dessus ne deviennent un véritable gouffre financier. C’est sans idée précise en tête quant à la voiture qu’ils vont prendre qu’elle part ; elle s’y connaît un peu mais n’est pas une experte et tout ce qu’elle demande à une voiture, c’est de la conduire d’un point A à un point B. Et d’en avoir quand même un peu sous le capot parce que si c’est pour se traîner à une allure d’escargot neurasthénique, non merci. Bref, ils se mettent donc en route et se garent sur le parking du centre-commercial. Plus qu’à traverser la route mais même de là, on entend déjà diverses chansons de Noël en provenance du centre-commercial où il leur faudra peut-être quand même entrer ensuite. Inutile qu’il dise quoi que ce soit, Cove se doute bien que ça crispe Tommy. C’est qu’elle le connaît, depuis le temps.

« Respire un grand coup et serre les fesses. Bouche-toi les oreilles s’il faut, on va faire au plus vite. »

Enfin, ou pas parce que Cove a bien l’intention de négocier quelques options supplémentaires et que ces choses-là peuvent prendre du temps.

Le sourire aux lèvres, avec l'intention d'aller faire un tour d'hélicoptère, parce que oui, ils ont beau vivre dans un appartement, ce n'est pas pour autant qu'il ait laissé son bébé dans le pays précédent, dans lequel ils étaient. Tom s'est tout de suite empressé de louer un hangar dans les environs de Wellington pour pouvoir y entreposer son hélico. Il salive presque à l'idée de se rendre sur les lieux, parfois, ce n'est que pour une routine, faire un contrôler régulier, mais cela lui permet de sortir du quartier et de se retrouver seul dans le grand hangar. Il faut dire qu'il a toujours été de nature solitaire et puis, cela lui évite de soupçonner tout le monde sur son passage d'être un criminel. Il a un dépliant entre les mains, visiter une petite île pas très loin d'ici, bien sûr, pour une personne tout à fait normale, elle n'aurait jamais l'intention de visiter une île rien que pour une seule journée et sans compter qu'il faut les moyens. Mine de rien, il aime bien faire de la plonger de temps en temps, on peut vite tomber sur des trouvailles de l'histoire, c'est qu'il a déjà trouvé quelques morceaux de l'histoire d'anciennes guerres et il se passionne plus ou moins pour cela, notamment à cause de ses origines. Quoi qu'il en soit, il perd le sourire dès que Cove lui parle du concessionnaire, mais ce n'est pas ce qui est le pire, non, c'est le fait qu'il se trouve dans un centre-commercial et il paraît que même si ce n'est pas un Noël sous la neige, ils ont fait l'effort de mettre l'ambiance. « Génial.. » Il balance pratiquement son dépliant, ce n'est pas comme si l'île allait couler d'ici demain, quoi qu'on sait jamais avec les changements climatiques.

Bon, ce n'est pas bien grave, enfin, un peu quand même, car il ne supporte pas tellement les fêtes, mais c'est sûrement à cause de son enfance, un passé dont il ne peut pas parler, après tout, il n'existe plus rien sur lui ou du moins, pas de manière accessible. Ils roulent jusqu'au centre-commercial et à peine dans le stationnement, ils entendent de loin la musique de Noël qui pollue tous les environs. Tomas retire les clés du contact et lâche un long soupir. « Ça ne pouvait pas être un autre concessionnaire ? Non, c'est pile poil celui-là, avec leurs décorations ridicules et leurs musiques ennuyantes. » On peut apercevoir la grosse couronne près de l'enseigne et des guirlandes bien hideuses. Il est même presque certain d'en avoir vu un autre hors de la ville, pas très loin. Ils sortent enfin de la voiture pour rejoindre l'intérieur des galeries où se trouve tout un beau monde de personnes bizarres et louches. Tomas se fige à l'entrée, les décorations, l'ambiance festive, heureusement qu'il ne fait pas de crise de panique, il serait déjà en train de se rouler sur le sol en tremblant, au lieu de cela, il lance un regard noir à une femme déguisée en elfe qui voulait leur remettre une petite brochure, elle a vite changé de client. « Tu sais où ça se trouve ? Histoire qu'on n'y passe pas la journée. »

Elle le sait pourtant que son mari est un râleur de première. Ça fait partie de ses quelques défauts et elle n’y toucherait pour rien au monde sinon ça ne serait plus lui mais tout de même, qu’est-ce que ça peut être agaçant par moment. Face à son sarcasme, Cove ne peut que rouler des yeux. Et bien sûr, elle ne s’en prive sûrement pas. C’est que même en dehors du travail, Tommy est quelqu’un de plutôt solitaire : s’il n’y a pas une bonne raison à cela, ça ne sera pas avec elle qu’il passera son temps libre. Ce qui ne l’ennuie pas en général parce que ça lui laisse pas mal de temps à elle, ce dont elle a aussi besoin mais pour une fois qu’elle a techniquement besoin de lui. Encore que, est-ce réellement le cas ? Peut-être bien qu’elle aurait pu passer chez le concessionnaire toute seule mais Cove n’est pas idiote : elle est une femme. Et une femme chez un concessionnaire, ça se fait toujours embobiner. Oui, elle aussi, notamment parce qu’elle ne peut pas se permettre de mettre à terre un mec qui veut l’arnaquer, ce sont des choses qui ne se font pas en temps normal.

Enfin bref, ils prennent donc la direction de ce fameux concessionnaire et à peine arrivés, son mari trouve le moyen de râler une fois de plus.

« Écoute, tu vas quand même pas nous en chier une pendule : non seulement c’est celui qui est le plus près de l’appart’ mais en plus, je dois passer chercher un truc pour mes parents. »

C’est juste une question de pratique. Et elle n’y peut rien si d’autres gens fêtent Noël. D’ailleurs, ce fameux truc qu’elle doit récupérer n’est autre qu’un cadeau. Mais elle ne ferait que le récupérer en passant et Tom pourrait aller l’attendre dans la voiture, s’il y tenait vraiment.

« Ouais, c’est tout au bout. »

Cove s’attend à une nouvelle remarque mais elle n’y prête pas attention et trace, son mari sur ses talons. Mieux vaut parfois ne pas lui laisser le choix. Et puis plus vite ça serait fait, mieux ce serait. Elle ne prête pas la moindre attention à la musique, ne s’attarde pas sur les décorations même si elle aurait sans doute quand même trouvé ça joli et pousse la porte du concessionnaire qui lui offre immédiatement un grand sourire de faux-cul avant de le perdre en voyant qu’elle n’est pas seule et que c’est en plus un homme qui l’accompagne. C’est vrai que c’est pas de bol pour lui. Même si de toute évidence, son mari s’y connaît mieux en hélico qu’en voitures. Mais ça, l'autre n'est pas censé le savoir.

Il peut vraiment avoir l'attitude d'un gamin, donc oui, il pourrait encore se plaindre à propos de Noël et c'est probablement ce qu'il va faire, une fois qu'ils auront mis les pieds sur le sol du centre-commercial. Il déteste non seulement le shopping, mais en plus de cela, ils ont décoré autant l'extérieur que de l'intérieur. C'est pire, en plus, avec la musique, une vraie horreur. Tom accepte de l'accompagner, aussi parce qu'il ne s'agit pas seulement d'acheter une voiture, mais il le fait vraiment parce qu'il le doit, non par simple envie d'aller flâner dans un putain de centre-commercial, entouré de guirlandes à la noix, qui lui donnent envie de brûler l'endroit rien que pour cela. Rassurez-vous, il ne va pas le faire, enfin, pas en plein jour. Tomas marmonne, il rouspète ce qu'elle vient de lui dire, avec son attitude de bébé, c'est sûrement ainsi qu'elle doit le voir et elle n'a pas tout à fait tort, heureusement qu'il n'agit pas ainsi durant les missions, sinon il serait toujours sur le banc de touche, voire déjà à la retraite ou en train de bosser dans un café ou un fast food. Tom repousse déjà la présence d'une personne, celle d'une elfe qui ne fait que son boulot, mais qu'elle le fasse ailleurs et loin de lui. Tom grimace et il se rend directement au concessionnaire, après avoir résisté à l'envie de balancer les décorations sur le plancher et contre les murs, parce que oui, il sait se retenir, enfin, parfois, cela lui arrive de faire preuve de retenue. On voit que ce n'est pas le grand luxe à l'intérieur, des voitures commerciales, rien à avoir avec celles que James Bond conduit, ni même Tom, puisqu'il préfère les avions et les hélicoptères, d'ailleurs, il s'y connaît vachement mieux qu'en voitures. « Bonjour, on cherc... » Il fronce les sourcils, il voit bien que le vendeur se concentre davantage plus sur sa femme que sur lui, il ne lui prête aucune attention. « Hey, je suis là ! » Pour ne pas dire qu'il va le balancer à travers la grande vitre s'il continue à la mater comme un vieux pervers qui regarde encore des vhs dans son appartement à deux pièces. « Je vais demander à la demoiselle là-bas, elle doit s'y connaître en voitures. » Qu'il dit sarcastiquement, elle est sûrement là que pour faire jolie, rien de plus, une blonde aux yeux bleus, avec de grandes jambes, une mannequin déchue peut-être, qui sait.

Ce qu’il y a de bien avec Tom c’est qu’ils peuvent se prendre le bec en permanence pour des conneries, ça n’entache en rien leur relation. Chacun des deux sait que l’autre l’aime de toute façon, c’est juste qu’ils ont leur manière bien à eux de le montrer. Et puis ils se chicanent mais ça ne va jamais bien loin et souvent pour des histoires vraiment idiotes comme le fait de devoir passer par le centre-commercial pour aller chez un concessionnaire, par exemple. En poussant la porte du concessionnaire, Cove est un peu plus rassurée. Il y a bel et bien quelques décos de Noël dans un coin mais pas de musique. Enfin de la musique, oui, mais celle qui passe à la radio, pas de Jingle Bells et tout ce qui s’ensuit. Dans le fond, Cove ne jette même pas la pierre à son mari, elle est d’avis qu’il n’y a rien de pire que la musique de Noël, ça rendrait fou vraiment n’importe qui, elle y compris. Ils se dirigent donc derrière un gars qui se trouve derrière un comptoir et qui sourit en relevant les yeux sur eux, un peu comme s’il venait de voir deux pigeons entrer dans la boutique. C’est à elle qu’il s’adresse, ignorant complètement la présence de Tom à ses côtés. Cove sait très bien pourquoi : parce qu’elle est une femme et qu’elle est censée ne rien y connaître en voitures, plus facile à arnaquer, donc. Mais elle peut comprendre que, du point de vue de son mari, ça ressemble à tout autre chose. Manifestement irrité, Tommy lui fait alors savoir qu’il est là aussi et le vendeur lui adresse un sourire d’excuse. Ce qui n’y change rien étant donné qu’il préfère alors discuter avec l’espèce de mannequin qui se trouve un peu plus loin. Elle lui adresse un clin d’œil discret en suivant leur échange d’une oreille tout en reportant son attention sur le vendeur qui a de toute évidence pas l’intention de la lâcher. Cove se hisse sur la pointe des pieds pour mieux pouvoir se pencher sur le comptoir, c’est qu’elle est toute petite et que ces espèces de trucs semblent avoir été créés pour géants uniquement. Et s’explique assez fort pour que la blonde entende aussi, si jamais elle voulait aider.

« Comme le disait mon mari, ce qu’on cherche c’est une bonne voiture. Pas une familiale mais rapide, solide et qui possède un grand coffre. Vous avez quelque chose à nous proposer ? »

Quelque chose qui ressemble vaguement à un tank conviendrait parfaitement, en fait. Même si on a connu mieux en termes de rapidité.

Ce n'est pas là qu'il aimerait se trouver, mais plutôt dans le ciel, en train de piloter à travers la province, mais il était là, à remettre à sa place un vendeur de voitures et à se plaindre des décorations de Noël. Tomas peut vraiment se montrer rabat-joie, mais ça, c'est parce qu'il aime vraiment son hélicoptère, plus que le reste, enfin, avec Cove, bien entendu. D'ailleurs, ce qui est chiant avec les fêtes, c'est qu'une fois que les fêtes de Noël passées, ça va être au tour de la Saint-Valentin. Non, mais plus sérieusement, qui va décorer toute sa maison avec de petits cœurs rouges, plein les murs ? L'horreur. Définitivement, il préfère les soirées tranquilles et les jours sans célébration. Bref. Tout cela pour dire, qu'il espère qu'ils feront vite pour pouvoir retourner à leurs occupations, loin d'ici, loin de l'ambiance festive du temps des fêtes. Malgré le sourire d'excuse du vendeur, il s'éloigne pour s'approcher d'une autre employée, la jeune femme, qui ne ressemble en rien à une vendeuse de voitures, mais bon, comme tous les clichés cinématographiques, certains sont vrais, elles ne sont là que pour insister l'homme à acheter en faisant les beaux yeux et en montrant leur plus beau sourire. Néanmoins, il doit l'avouer, il ne s'est pas approché d'elle pour cela, mais plutôt pour rendre la pareille à Cove, qui malgré que cela soit un jeu, il n'aime pas que les autres hommes s'approchent d'elle pour la draguer lourdement. Cela dit, ce n'est pas le genre à faire des crises en public et puis, de toute façon, il est parfois assez bon joueur, le voilà tout sourire avec la femme devant lui. Tom jette un regard à sa femme et il lui adresse un clin d'œil à son tour. « Plus vite que mon hélicoptère ? Je veux bien parier. » Oui, il serait prêt à faire la course avec son épouse, voiture contre hélico. « Une Porsche ? » Ah bien, c'est certain qu'elle doit s'y connaître hein, elle doit repérer les hommes plein aux as qui conduisent une belle voiture, sûrement que sa connaissance s'arrête à cela, les marques de luxe. « Un tank ? Vous avez ça ? » Il demande si sérieusement que le vendeur avec Cove, se fige bêtement face à la demande. « Nah, je plaisante, mais si vous en trouvez un, faites-nous signe. Sinon, je n'aime pas la Porsche et toi, chérie ? » Qu'il lui demande, après tout, ils ne sont que quatre dans le magasin et ils ne sont pas très loin de l'un et de l'autre. « Vous n'avez pas mieux ? »

Et voilà comment on se retrouve avec deux concessionnaires pour le prix d’un. Ou disons plutôt un concessionnaire et puis une plante verte. Une jolie plante verte, peut-être mais une potiche tout de même. Et ça se confirme en l’entendant leur proposer une Porsche. Non mais vraiment, ont-ils des têtes à acheter une Porsche, tous les deux ? Bon d’accord, Tom oui ; il a cette tête de beau gosse tout droit sorti d’une page de magazine féminin – ou gay, je ne veux froisser personne et eux aussi ont bien le droit de rêver à des beaux mecs aux muscles bien huilés, quel que soit leur bord. Bref. -, laissant supposer qu’il serait bien le genre à conduire un petit bijou de ce genre – car oui, bien sûr que ça reste de très belles voitures mais pour le côté pratique, on repassera en revanche -, mais elle ? Cove est sûre qu’elle a plutôt une tête à conduire une vieille charrette menaçant de pousser son dernier soupir à tout moment plutôt qu’une Porsche.

« C’est impossible de faire plus rapide que ton hélico, chou, on le sait bien. Mais quand tu veux on essaye. »

Notamment à cause du trafic. Et également du fait qu’il faudrait sacrément trafiquer un moteur de bagnole pour qu’il s’approche de la rapidité de celle d’un hélico mais ça lui plaisait bien, cette idée de se mesurer l’un à l’autre.

Enfin bref, tout ça pour dire qu’en ce qui concerne la Porsche, aucun des deux ne semble très chaud. Son mari préfère un tank, lui. Cove pouffe à cette remarque. C’est du Tom tout craché, ça. Et ça lui ressemble pas mal à elle aussi, on ne va pas se mentir. Quoi qu’il en soit, les deux vendeurs ne semblent pas comprendre la blague, alors il faut la lui expliquer. Décidément, le Q.I. d’un des deux ne dépasse pas de beaucoup celui de l’autre. Toujours est-il que, comme ils sont tous les deux là pour une seule et même voiture, les deux décident de joindre leurs efforts pour leur trouver la voiture idéale et une chose est sûre : c’est que ça ne sera pas de trop. Cette fois, c’est son vendeur qui reprend mais en s’adressant à tous les deux et plus seulement à elle.

« Si vous cherchez du solide, alors c’est une américaine ou une allemande qu’il vous faut. Pourquoi pas une Chevrolet ? Ou alors pas de Porsche mais pourquoi pas une Audi ? »

Cove fait la moue, dans sa tête, toutes les Chevrolet sont immondes, elles ressemblent à des constructions de Kinder surprise. Mais une Audi peut-être, la réputation des voitures allemandes n’étant plus à faire.

Ce n'est pas qu'il a un problème contre les porsches, c'est juste que ce n'est pas vraiment ce qu'il préfère et puis, soyons honnêtes, ce n'est pas la plus belle voiture de luxe qui existe. Non pas qu'elle soit affreuse, mais il n'est pas admiratif par l'apparence de cette voiture. Il est vrai qu'il préfère tout ce qui touche au ciel, donc les avions, les hélicoptères, d'où le fait qu'il a ses propres transports de ce type. Quoi qu'il en soit, il reste surpris, d'autant plus qu'ils n'ont pas l'air d'avoir ce type de voiture ou alors, peut-être dans le bas gamme ? D'ailleurs, cela existe-t-il vraiment ? Qu'importe, il n'en veut pas et Cove ne semble pas plus vouloir que lui, au moins, sur cela, ils sont bien d'accord, pas de Porsche et apparemment ni de tank aussi. Il sourit à sa femme, concernant la course, il est vrai que ce n'est pas très équitable, d'autant qu'ils ne sont pas dans fast&furious, difficile de modifier rapidement une voiture pour en être digne. Bref, mais ce n'est pas le sujet et il garde cela dans le coin de sa tête, après tout, pourquoi pas, il y a des endroits où ils organisent cela, même si ce n'est pas tout à fait très légal. Ils doivent maintenant faire face à un homme probablement insatisfait de son épouse et une mannequin, qui ne connaît absolument rien aux bagnoles. « Les voitures allemandes sont les meilleures, il n'y a pas à dire. » Enfin, peut-être pas la Porsche, du moins, pas pour lui, puisqu'ils n'en veulent pas. Maintenant, il a vraiment l'air d'avoir une dent contre cette marque, ce qui n'est pas le cas, mais elle est plutôt délicate et capricieuse comme voiture. Bref. Mais peut-être que là, il n'est pas très objectif, puisqu'il vient de ce pays et qu'il ne doit pas oublier que personne ne connaît son passé. Il n'a pas pu s'empêcher de glisser un mot à ce sujet, heureusement, cela ne veut absolument rien dire. Il a déjà dit à Cove et à d'autres agents, qu'il a fait des missions là-bas, ce qui est totalement faux, mais encore une fois, ils ignorent toutes la vérité. « Tu préfères une Audi ou une BMW ? » Il s'adresse bien évidemment à son épouse. Il veut tout de même vérifier les modèles qu'ils ont, histoire que cela ne soit pas une arnaque. « On veut aussi vérifier et tester la marchandise, ça va de soi. »

Tiens donc, pourquoi cette remarque au sujet des voitures allemandes de la part de son mari ne la surprend pas le moins du monde ? Certes, il paraît qu’elles font effectivement partie des meilleures voitures au monde mais elle y voit un brin de patriotisme. Peut-être à tort. Tout ce que Tomas a bien voulu lui révéler de son passé c’est qu’il a fait quelques missions en Allemagne. Et peut-être que ce n’est que de son esprit mais Jäger ça a tout de même l’air de venir de quelque part par là-bas. Si tant est qu’il s’agisse de son véritable nom. Voilà ce que c’est d’être marié à un espion : on ne peut jamais être sûr de rien. Ce qui ne l’ennuie pas tellement étant donné qu’elle en est une aussi ; ça va dans les deux sens. Vient alors le moment de faire un choix : Audi ou BMW ? Ah, si seulement elle s’y connaissait un tout petit peu plus. Elle a à l’esprit que les Audi font un peu plus chic mais elle ne pourrait pas non plus en jurer alors elle fait un tour parmi les voitures exposées dans le showroom, si ça doit se décider au visuel…

Au bout de quelques secondes, en entendant Tom préciser qu’ils voudront essayer la marchandise, voilà que lui vient une idée. Pour toute réponse, il a droit à un haussement d’épaules de sa part tandis qu’elle se tourne vers le vendeur. Quelque chose lui dit qu’ici, c’est lui qui prend les décisions et pas la jolie plante verte.

« Est-ce qu’on pourrait faire un tour avec un modèle de chacune des deux marques ? »

Si ce gars en profite pour la reluquer encore un peu, c’est surtout Tom qu’il jauge. Ben tiens, on y revient toujours au machisme : plus d’accidents avec une femme au volant, à ce qu’il paraît alors on préfère miser sur l’homme. Imperceptiblement, elle lève les yeux au ciel bien que ça ne la dérange que ça soit son mari qui prenne le volant. L’un ou l’autre peu importe de toute manière puisqu’ils l’essayeront quand même chacun leur tour. Le type finit par se décider et hoche la tête avant de décrocher deux jeux de clefs d’un panneau en liège accroché derrière lui. Pour commencer, il tend les clefs d’une BMW à Tom et leur fait signe de le suivre sur le parking juste devant où d’autres voitures d’exposition attendent.

S'il venait à se trahir à cause d'une bagnole, il aurait vraiment l'air d'un idiot face aux autres agents, si on le démasquait. On peut donc simplement dire qu'il s'y connaît plutôt bien en produit allemand, voilà tout. D'ailleurs, il ne parle plus avec le même accent que ses compères allemands, c'est un peu ce qui le différencie. Bref, l'important c'est qu'on ne lui demande pas de chanter l'hymne national de son pays natal, de toute manière, ce serait vraiment étrange qu'il se mette à changer dans un concessionnaire. Maintenant, il ne manque plus qu'à prendre une décision, soit l'un, soit l'autre. Il demande l'avis de Cove, bien qu'elle n'en soit pas une experte ou du moins, à première vue, il n'a pas envie de jouer l'époux contrôlant qui décide tout sans l'avis de sa partenaire, ce n'est pas son genre. Tom en profite pour indiquer qu'il aimerait évidemment essayer la voiture en question, histoire de savoir s'il va convenir au couple, l'apparence c'est bien beau, mais l'intérieur n'est pas forcément ce qu'on pensait. Il sourit finalement, clairement pas au fait qu'il se permet de reluquer sa femme sous ses yeux, franchement, s'il pouvait, il lui aurait déjà mis son poing, mais pour l'instant, il se tient à carreau et il se contente simplement de lui lancer un regard noir qui en dit déjà long. « Il y a toujours une porte dérobée à quelque part hein. » Ils arrivent donc dans un parking rempli de voitures qui font tache avec le reste du concessionnaire, on ne va pas se mentir, rien à voir avec la boutique dans laquelle ils se trouvaient. Tom opte pour le dernier modèle et de couleur noire, c'est qu'il préfère passer inaperçu. Il attrape les clés et il s'approche du vendeur pour lui glisser quelques mots, jouant le jeu du mari un peu pervers. « Vous savez, si je veux qu'elle me gâte un peu dans la soirée, je ferais mieux de la satisfaire maintenant, vous voyez ce que je veux dire ? Donnez-lui les clés de l'Audi, histoire de mettre un sourire sur ce joli visage. » Bien qu'hésitant et comprenant sa situation, il tend l'autre paire de clé à Cove. « Parfait, testons ce bébé. » Qu'il dit tout sourire.

Quel meilleur moyen pour tester une voiture que de rouler un peu avec, hein ? La réponse ce qu’il n’y a en pas. Bien sûr, ça ne vous assure pas qu’il n’y ait pas le moindre vice caché mais c’est là l’essence même d’un vice caché, c’est qu’on ne le découvre qu’une fois le véhicule, l’ustensile ou peu importe acheté. Une fois qu’il est trop tard pour faire machine arrière, en somme. Quoi qu’il en soit, le concessionnaire n’a pas l’air contre l’idée de leur laisser essayer chacune des voitures. Soit ils sont très persuasifs, soit c’est un idiot. Enfin, peut-être pas idiot car il s’agit d’une technique comme une autre pour vendre ses voitures, peut-être même se dit-il que s’il accepte, ils repartiront de là avec les deux – ça c’est idiot comme réflexion en revanche, mais que peut-il en savoir puisqu’il ne les connaît pas ? Non, elle est presque sûre que c’est ce que Tom vient de lui glisser à l’oreille qui a fait mouche. Bien qu’elle n’ait pas la moindre idée de ce que ça peut être. C’est qu’il trouvait toujours les bons moments, parvenait à se montrer très convaincant quand il le voulait. Cove le pense même plus doué qu’elle pour la chose, sûrement parce qu’il a plus d’expérience qu’elle en la matière. Ou juste le talent. La jeune femme attrape donc le jeu de clefs qu’on lui tend et répond par un sourire à son mari.

Même pas besoin de déverrouiller la portière, à croire qu’ils n’ont pas peur qu’on les leur vole, ces voitures. Bon d’accord, quand vient l’heure de fermeture, ils doivent très certainement fermer des grilles qui en dissuaderaient pas mal mais sûrement pas tous. Bon, alors c’est qu’ils ont de très bonnes assurances, Cove ne voit que ça comme explication. Elle prend place derrière le volant de l’Audi, démarre la voiture et se cherche aussitôt une bonne station de radio. Hors de question de conduire avec les infos dans les oreilles, rien de plus déprimant. Puis elle fait signe à Tom de passer devant. Qu’il parte d’un côté, elle partirait de l’autre et il se rejoindrait à mi-chemin pour se faire part de leurs impressions. Peut-être même qu’ils échangeraient leurs places pour se faire chacun leur propre idée des deux véhicules. Elle le laisse prendre à gauche tandis qu’elle tourne à droite et appuie un peu sur l’accélérateur. Sans trop respecter les limitations de vitesse mais c’est un test, il faut bien voir ce que la bête a dans le ventre.

C'est toujours primordial de tester une voiture avant de l'acheter, qui souvent détermine les défauts, les inconforts et tous les autres problèmes qui viennent avec la bagnole. Ce n'est pas comme si cela était sa première fois, ni sa première voiture et puis, étant donné le petit établissement, il vaut mieux s'assurer que tout fonctionne correctement. Tom réussit à parler au vendeur de voitures, qui semble être une espèce de macho, un homme qui ne confierait probablement jamais sa voiture à une femme. Tom est intéressé par la BMW et son épouse par l'Audi. Une fois que tout est réglé, parce que oui, évidemment le vendeur se permet d'imposer certaines règles, ce qui bien sûr est logique, donc, on évite les accidents, les accrochages et il faut revenir avec l'apparence d'une voiture qui viendrait tout juste de sortir de l'usine. Bref, cela ne devrait pas être trop difficile, non ? Ce n'est pas comme s'ils allaient faire la course et ensuite se retrouver dans un fossé. Bref, souhaitons quand même que la dernière partie n'arrive jamais. Tomas entre dans la voiture et prend place à l'intérieur de la caisse. Il passe devant après le signe de Cove, il part de son côté, il met une station de radio où la musique de Noël n'est pas présente ou presque pas. Il regarde ensuite la route, mais il s'amuse un peu à changer les vitesses, à jouer avec le rétroviseur pour l'angle mort. Peut-être qu'après quinze minutes environ, il aurait dû se rendre compte que le capot commence à fumer, mais ce détail lui échappe, car il commence à peine à prendre ses marques et il rejoint enfin son épouse. Il retire ses lunettes de soleil et il met un pied dehors. Bon, le temps est peut-être un peu court pour véritablement se faire un avis, s'il pouvait, il partirait faire un tour d'au moins une heure, mais pour le moment, il a envie de connaître les impressions de Cove. « Alors, de ton côté ? Je n'ai pas encore testé la clim et toutes les autres options sur le tableau de bord, mais elle est plutôt pas mal pour le moment. »

On met le contact et c’est parti. Tester une voiture dans les rues du centre-ville, c’est frustrant. Limitations de vitesse, feux rouges, dos d’âne, piétons, autant que choses qui vous cassent un peu votre élan et vous obligent à faire attention. On est d’accord, ça vous prépare aux choses auxquelles vous aurez à faire au quotidien à bord de votre voiture car vous pouviez bien vous acheter une Ferrari, à moins de rouler seul sur l’autoroute à tombeau ouvert de nuit, impossible de réellement pousser un moteur à fond. Puis si c’est pour rouler sur circuit, alors autant devenir pilote. Cove n’y connaît rien mais elle est à peu près sûre que rouler sur un circuit hors-course doit coûter bonbon. Très peu pour elle, cela dit. Ce n’est pas qu’elle n’est pas fan de vitesse, sinon elle ne ferait pas le métier qu’elle fait mais disons qu’elle en a en suffisance dans son travail pour ne pas ressentir le besoin d’en rajouter une couche sur ses heures de temps-libre. Toujours est-il que là, en l’occurrence, ça l’agace d’avoir à jouer de la pédale de freins pour une bande péquenauds qui ont envie de prendre leur temps. Au point qu’elle en crispe sans doute un peu trop les mains sur le volant.

En observant le tableau de bord, la jeune femme se rend compte qu’un voyant rouge clignote. Jamais bon signe mais ce sont en théorie des voitures d’exposition, le concessionnaire ne doit sans doute pas prendre le temps d’en faire tous les entretiens et tout ce qui s’ensuit. Bien qu’il le devrait parce qu’il n’était tout de même pas à l’abri d’en vendre une, de ces voitures. Tout ça pour dire qu’elle n’en fait pas grand cas – du moins pour l’instant car il est clair qu’elle compte bien en faire part au concessionnaire, des fois qu’ils viendraient à acheter celle-ci, il faudrait qu’elle soit en parfait état de marche -, songeant que de toute manière, ils ne font qu’un petit test, ils n’ont pas l’intention de rouler sur des miles et des miles. Puis les voilà qui se retrouvent à mi-chemin et s’échangent leurs avis.

« Oh bah, elle roule. Les sièges sont un peu durs mais… les allemandes, quoi. On échange ? Oh, je crois que c’est rien mais fais quand même gaffe, y a un petit truc qui cloche à celle-ci. »

Laissant tourner le moteur, elle sort de l’Audi, plaque un baiser sur la joue de Tom et prend sa place derrière le volant de la BM avant de repartir.

Le test est limité, même limite tout simplement, car ils ne peuvent pas prendre la journée, quoi que cela serait bien tentant pour Tom, cela ne lui pose pas de problème d'être derrière le volant toute la journée, surtout si c'est pour s'assurer que ça soit la bonne bagnole. Après tout, après quinze minutes, on peut rapidement changer d'avis une fois à la maison. Tom préfère toujours être certain de son choix, il déteste changer d'idée et les personnes indécises également. Quoi qu'il en soit, en piste, il est temps d'essayer ce petit bijou et de penser aux options qu'il pourrait bien ajouter à cela. Bien sûr, il pense toujours à une belle arnaque, étant donné le petit commerce et le fait que les voitures qui sont dans le stationnement semblent dormir là depuis un petit moment. Une fois dans la voiture, il passe surtout son temps à trouver une bonne station de radio qu'à tester les autres boutons et la vitesse, parce que c'est aussi un problème, ils ne peuvent pas la tester à sa pleine capacité, non pas qu'elle sera utilisée pour jouer les fous dans les rues d'Island Bay, mais il n'a pas non plus l'intention de rouler comme un pépé.Il a quand même de la gueule, c'est quand même une Allemande et une BMW, le prix vient aussi avec le nom. Quoi que cela ne soit pas tant un problème, disons seulement qu'ils ont intérêt à l'utiliser s'ils la choisissent histoire que cela en vaille la peine. Le temps passe vite, c'est le cas de le dire, ils se rencontrent à mi-chemin, ce n'est pas comme s'ils étaient à New York, où ils seraient encore dans les embouteillages ou dans un quartier bien loin, c'est donc effectivement rapide comme tour. Tom se gare et sort de la voiture, laissant les clés dans le contact. « Allons vérifier alors ! » Il lui sourit et entre à l'intérieur de l'Audi. « Pas si dur que ça. » Qu'il marmonne à lui-même. « Bon, peut-être un peu. » Il part de son côté, il roule quelques mètres avant de se rendre compte que le check engine clignote. « Quoi déjà ? » Il n'a même pas le temps d'arrêter la voiture pour vérifier que celle-ci le fait pour lui. Il sort de celle-ci et remarque de la fumée qui sort du capot, une sorte de début d'incendie. Il envoie un message à sa femme lui expliquant la situation, puisqu'elle l'a déjà fait rouler, autant savoir si elle a eu le même problème.

Pas si durs que ça ? Bon d’accord, peut-être qu’elle exagère un peu, elle a connu pire mais puisqu’il est question de dépenser une somme conséquente dans l’achat de cette voiture, Cove a revu ses exigences à la hausse : il faut qu’elle soit parfaite. Ou aussi parfaite qu’une voiture dans cette gamme de prix puisse l’être en tout cas. Encore que, on ne lui ôterait pas de l’esprit que plus cher ne veut pas forcément dire meilleur. Et donc elle est à peu près sûre que les voitures de luxe ne sont pas forcément plus confortables. Peut-être plus performantes, à la rigueur. Mais encore une fois, à quoi cela peut-il bien servir si on n’est pas pilote de course ? Bref, elle sourit en entendant son mari concéder qu’ils le sont. Mais un peu seulement. Oh bon, c’est mieux que rien, au moins elle ne passe pas trop pour la chochotte de service. Oui, elle sait très bien qu’elle est moins résistante que Tom mais elle déteste l’admettre. Elle a un peu trop l’esprit de compétition pour ça. Alors que dans le fond, ce qui fait qu’ils forment un bon duo, ce n’est pas leurs ressemblances mais au contraire leurs différences, ils se complètent. Bref.

Cove repart ensuite à l’assaut des routes d’Island Bay en s’arrêtant aux nombreux feux rouges et passages piétons, ce qui continue de l’énerver un brin en dépit du fait qu’elle sait très bien que c’est la vie. Quelques mètres plus loin, voilà que la BM décélère. Ah. Ça, elle ne l’avait pas prévu. Elle essaye de redémarrer le moteur à une, deux, trois reprises avant de capituler. Si elle essaye une fois de plus, c’est prendre le risque de le noyer définitivement. Aussitôt elle récupère son téléphone dans la poche arrière de son jean pour s’apercevoir que Tom lui a également envoyé un message. Ironie du sort, les deux voitures sont tombées en panne à quelques minutes d’intervalles seulement. Ce concessionnaire allait entendre parler d’eux. A la va vite, la jeune femme répond que non, elle n’a pas eu droit à de la fumée sortant du capot lorsqu’elle la conduisait mais qu’un voyant rouge était allumé sur le tableau de bord et lui explique aussi la situation dans laquelle elle se trouve. Plus qu’à se regrouper pour retourner voir le concessionnaire et lui sonner les cloches. Non seulement c’est honteux de ne pas entretenir ses voitures mais en plus, c’est scandaleux de leur laisser les essayer tout en sachant pourtant qu’elles ne sont pas en ordre. Et quelque chose lui dit que son mari va se faire un plaisir de commencer la discussion ; ça lui permettra de se passer les nerfs. Enfin, dans le cas de Tom, il allait peut-être falloir d'abord appeler les pompiers.