(rp loterie 14.02) Promenons-nous dans les bois... ☼ Spencer

Malgré ses yeux encore légèrement humides à cause du sujet de conversation précédent, Valentina était aux anges. Spencer partageait ses sentiments et, même s’il avait été réticent au premier abord à ce qu’ils se remettent ensemble à cause de sa maladie, il avait finalement accepté de vivre pleinement cette histoire d’amour avec elle. Que demander de plus ? Peut-être que le temps reste au beau fixe, puisqu’une averse vint gâcher le pique-nique romantique que la jeune femme avait mis des heures à préparer… La pluie avait trempé le plaid qui leur servait de nappe et les bouchées apéritives étaient clairement foutues. Leurs vêtements aussi étaient trempés, d’ailleurs, mais au moins le reste du repas était sain et sauf dans leur petit tupperware en verre. C’était déjà ça de gagné.
Plus au moins abrités sous un arbre, les deux amoureux s’embrassaient tendrement lorsqu’un bruit sourd fit sursauter la jeune femme. Spencer lui demanda, avec un petit sourire, si elle avait eu peur. La réponse était clairement oui, mais ça elle n’était pas certaine d’avoir envie d’avouer au jeune homme que, depuis gamine, elle avait peur de l’orage. Elle n’avait pas du tout envie qu’il la prenne pour une gamine, leur différence d’âge n’avait jamais été un problème entre eux mais elle ne voulait pas non plus qu’elle soit mise en lumière avec ce genre d’anecdotes… Il s’en rendrait compte un jour ou l’autre, de toute façon. Alors Valentina ne répondit pas à sa question, préférant dire qu’ils devaient s’éloigner de l’arbre s’il y avait du tonnerre, cela pouvait être dangereux. Spens ne semblait pas apprécier cette idée, mais il finit tout de même par acquiescer. Il demanda alors à la jeune femme si elle préférer tout remballer et rentrer ou finir le repas de la voiture en attendant de voir ce que le temps donnait, précisant que le ciel semblait s’éclaircir mais que terminer de manger sur le plaid semblait compromis… La chilienne réfléchit quelques secondes avant de proposer « On a qu’a s’installer sur ma banquette arrière ! J’avais vraiment envie de me balader main dans la main avec toi, donc rentrer tout de suite ne me dit trop rien… » expliqua-t-elle avec une petite moue.
Les deux amoureux remballèrent donc rapidement les affaires : il fallait ranger les verres, les bouteilles, les tupperwares, et l’enceinte portable – qui heureusement était waterproof – dans le sac à dos. Spencer s’occupa d’essorer le plaid comme il pouvait avant de demander à sa petite amie si elle était prête pour le plan B, celui de l’improvisation. Valentina le regarda avec un petit sourire et, en reprenant les mots du jeune homme, dit « Avec toi, toujours… ». Elle lui prit la main et ils retournèrent à sa voiture. La chilienne venait à peine de mettre la clé dans la serrure de sa portière que la pluie cessa et laissa place à un beau soleil. Spencer râla sur Cupidon qui semblait vouloir blaguer cette année, et Valentina laissa échapper un petit rire face au visage exaspéré de son petit ami. Elle sorti un plaid sec du sac et s’approcha de lui avec un sourire. Elle passa le tissu chaud autour des épaules de Spencer et vint se coller à lui pour profiter aussi de la chaleur. « Au moins on aura des histoires drôles à raconter aux gens sur notre deuxième premier rendez-vous » dit-elle avant d’enfouir son visage dans le coup du brun. « Il faut qu’on essaye de se sécher un peu, histoire de ne pas attraper froid… ».

Valentina n’était pas une femme très innocente : elle savait ce qui pouvait se passer entre deux personnes qui s’aimaient – ou pas d’ailleurs – lorsqu’ils leur arrivaient d’être seuls. Elle avait eu quelques aventures, quelques histoires, et ce n’était pas une chose complétement nouvelle pour elle. Mais ce qui était sûr, c’est qu’elle n’y pensait pas le moins du monde lorsqu’elle avait proposé à son petit ami de s’installer dans sa voiture pour finir leur repas. Si elle avait émis cette idée, c’était surtout parce qu’au moins ils pourraient être au sec et que ce serait plus simple de poser les tupperware entre eux sur le siège du milieu de la banquette arrière qu’au niveau du frein à main s’ils se mettaient à l’avant. C’était donc dans un esprit purement pratique qu’elle avait proposé cette solution. La jeune femme ne saisit donc pas la raison du rougissement léger de Spencer face à cette idée. Il affirma que ça lui allait, donc ils allaient pouvoir finir leur repas au sec !
Arrivée à la voiture, Valentina rit légèrement en voyant son petit ami aussi exaspéré par la météo. Évidemment, c’était rageant de voir que la pluie n’avait été là que pour ruiner leur pique-nique romantique avant de repartir aussi vite qu’elle n’était arrivée, mais il n’y avait pas mort d’hommes. A vrai dire, tant qu’elle était avec Spencer, ça lui allait, alors elle n’allait pas râler pour des gouttes d’eau venues du ciel. Face à son rire, le brun fit mine de bouder avant de lui tirer la langue comme un enfant, ce qui arracha un nouveau rire à la chilienne. Elle adorait ce côté-là chez lui, ça lui avait manqué… Une fois blottie conte lui, tous deux entourés du plaid chaud, Valentina lui fit voir le bon côté des choses : c’était une histoire drôle ! Mais le jeune homme fit de gros yeux de surprise avant de lui demander si elle allait raconter aux autres ce qu’il se passait entre eux. La cuisinière fronça alors les sourcils avant de planter son regard dans celui de l’homme face à elle. « Porque no* ? » demanda-t-elle sans comprendre le problème. « Tu ne veux pas que les gens sachent que nous… enfin… Que nous sommes ensemble ? » l’interrogea-t-elle en se décollant très légèrement de lui. Elle était heureuse et amoureuse, pourquoi le cacherait-elle ? Spencer avait-il honte de leur relation ? D'accord, elle n'avait pas fait de grandes études et venait d'une famille avec beaucoup de difficultés financières, mais elle présentait bien non ? « Je ne comprends pas… » murmura-t-elle en baissant les yeux, « Tu veux qu’on fasse semblant de n’être que des amis ? ». Elle avait beau cherché, Valentina ne voyait pas le problème à le dire à ses amis, à ses frères… Au contraire même, elle avait tellement envie de leur révéler qu’elle était folle amoureuse, et plus que tout, qu’elle était heureuse… En quoi était-ce mal ?
Lorsque la jeune femme affirma qu’ils devaient tenter de se sécher pour ne pas attraper froid, Spencer proposa d’enlever leurs vêtements pour les mettre à sécher le temps qu’ils finissent de manger. « On peut essayer ! ». Valentina retira alors son jean, gardant tout de même son haut qui, assez fin, ne tarderait pas à être sec même sur elle. Ils s’installèrent ensuite dans sa voiture, à l’arrière, Valentina assise sur Spencer. Leurs lèvres se retrouvèrent assez vite, encore et encore, durant de longues minutes… Le jeune homme rompit leur baiser passionné en proposant de finir le repas. Les joues légèrement rouges et le souffle presque court, la chilienne hocha la tête et glissa jusqu’au siège à côté de son petit ami. « Oui… Tu as raison… » dit-elle à voix basse, se raclant légèrement la gorge pour retrouver une contenance. Elle voulait y aller doucement, étape par étape, avec lui. Elle se souvenait de leur première fois, du stress que ça avait provoqué chez son amoureux, alors elle ne voulait pas précipiter les choses... Pour continuer le repas, elle sorti la boîte en verre où était l’entrée – un toast avocat saumon – et le tendit à Spencer. « Tu veux des couverts ? » demanda-t-elle.

Valentina ne comprenait pas vraiment de quoi parlait son petit ami. Elle ne saisissait pas du tout ce qu’il était en train de dire même. Quel était le problème à parler de leur couple à leurs amis, à leurs familles ? Spencer affirma que ce n’était pas une question de mensonge mais il ne termina pas sa phrase. La jeune femme le regardait avec des yeux interrogateurs. Juste que quoi ? Il prit quelques secondes avant de finalement ouvrir de nouveau la bouche, lu demandant si elle avait raconté à quelqu’un ce qu’il s’était passé entre eux il y avait trois ans. Cette question la désarçonna. A l’époque, elle avait été si malheureuse qu’elle avait été incapable d’en parler réellement à quelqu’un, même à ses frères. Elle avait juste évoqué une rupture amoureuse douloureuse, mais rien d’autre. C’était un sujet si sensible qu’elle l’avait enfoui au fond d’elle-même. Évidemment, s’ils étaient restés ensemble elle aurait été fière de parler son copain à ses amis et à sa famille, mais comme cela n’avait pas été le cas… Valentina secoua la tête de droite à gauche avec de dire avec une petite moue triste « Non, j’avais trop mal pour parler de toi à qui que ce soit… ». Elle détourna le regard quelques instants, juste le temps d’arrêter de penser à cette période maudite que fut leur séparation.
Spencer lui expliqua ensuite que ça ne le dérangeait pas que les gens soient au courant pour leur relation amoureuse, mais qu’il voulait que les détails restent entre eux. De nouveau, Valentina le regarda sans comprendre. « Les détails ? Pero de qué estas hablan*… » demanda-t-elle avant de s’arrêter d’un coup. Les détails… Spencer parlait de leur vie intime là ? C’était ça dont il avait aussi peur, qu’elle parle de leur sexualité à tout le monde ? « Oh » lâcha-t-elle simplement en le dévisageant. « Quand tu parles de détails, tu veux dire… Ce qui se passe entre nous… Hum… Physiquement ? » demanda-t-elle pour être sûre, même si elle avait peur que rien qu’entendre ses mots mette le jeune homme mal à l’aise. La chilienne senti la pression retomber d’un coup, laissant même échapper un soupir. « Mais enfin Spens… » commença-t-elle en lui prenant la main, « Je ne suis pas du genre à crier sur tous les toits ce que je fais dans l’intimité… Ce genre de choses, c’est seulement entre toi et moi. C’est notre intimité, notre jardin secret… Je ne vois pas pourquoi j’irais en parler à des gens… ». Tout ça ne regardait qu’eux, et personne d’autre. C’était tout à fait normal, non ?
Une fois l’entrée servie – enfin comme on pouvait la servir dans une voiture – Valentina croqua dans le toast à pleine dents, heureuse de voir que cela semblait plaire au jeune homme assis à côté d’elle. Ce dernier lui demanda ce qu’elle avait prévu d’autre pour le pique-nique. « Pour le plat principal, il y un wrap froid au poulet pané avec de la crème à la ciboulette et des crudités. Et puis, pour le dessert… Tu aimes le chocolat ? » demanda-t-elle en songeant à ce qu’elle avait cuisiné pour terminer le déjeuner.

Valentina n’avait jamais été du genre à étaler sa vie privée en place publique. Au contraire même, elle trouvait que ce genre de chose était d’une importance extrême ! Plus on en disait, plus on avait de problème. Alors valait mieux ne rien dire, ou en tout cas garder une partie – la plus intime – pour soi. Donc jamais elle n’aurait révélé à Peter qu’elle et Spencer avait franchi un cap après leur première nuit d’amour. Peut-être l’avait-il simplement deviné en la voyant sur son petit nuage, ou alors il s’était douté de quelque chose et avait simplement bluffé pour connaître la vérité… Les deux amoureux ne le sauraient jamais et, bien que ce souvenir soit encore douloureux, ils pouvaient maintenant se concentrer sur leur nouvelle histoire naissante, bien plus belle et intéressante que le souvenir de leur rupture. C’était en tout cas ce que se disait la jeune femme.
Les racines chiliennes de Valentina n’étaient jamais bien loin : il suffisait de l’entendre parler pour comprendre qu’elle avait du sang de latino. Par réflexe pur, elle plaçait parfois de l’espagnol dans ses phrases, sans vraiment s’en rendre compte d’ailleurs. On lui avait déjà fait remarquer, plusieurs fois même, mais elle avait beaucoup de mal à ne pas le faire. Et puis, finalement, c’était aussi bien comme ça, elle ne voulait pas perdre sa spontanéité et était tout à fait capable d’expliquer les mots en langues étrangères si ses interlocuteurs l’arrêtaient. Certains, à force de parler avec elle, s’améliorait même en espagnol ! Face à Spencer, elle n’avait aucune idée de sa maîtrise ou non de ce langage, mais elle se disait que s’il ne l’interrompait pas, alors il devait comprendre.
Spencer ne répondit pas vraiment lorsque sa petite amie lui demanda de préciser de quoi il parlait. Il se contenta d’hausser les épaules en baissant le regard, ce qui confirmait bien que Valentina avait touché juste. Le jeune homme n’avait pas à s’en faire pour ça : elle ne dirait rien à ce propos, ou en tout cas pas à n’importe qui, ça c’était certain ! Le sujet fut mis sous le tapis pour parler de quelque chose à propos de laquelle le brun était bien plus à l’aise : le repas. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la chilienne lorsque l’homme en face d’elle affirma que le menu lui donnait envie, et ajoutant qu’il aimait le chocolat. « J’avais hésité à faire plusieurs desserts, et je ne savais plus si tu aimais ou non le chocolat » avoua-t-elle avec une petite moue, « Donc je suis vraiment contente de savoir que j’ai visé juste ! ».
La jeune femme haussa les épaules lorsque son petit ami lui demanda si les habits sécheraient vite. « Je ne sais pas trop, il y a un petit vent alors bon… » dit-elle en jetant un œil par la vitre. « Avec un peu de chance, ils seront sec quand on aura terminé ! » supposa-t-elle. Elle n’avait pas vraiment l’habitude de faire sécher ses vêtements en forêt, alors forcément elle n’en avait aucune idée. « Tu es pressé ? » demanda Valentina en regardant Spencer. Après tout, il avait peut-être quelque chose à faire, cet après-midi, du travail en retard ou elle ne savait pas quoi…

Valentina avait hérité de la générosité des latinos et la cultivait d’ailleurs. Cuisiner pour les gens qu’elle aimait faisait partie de ce qu’elle préférait faire au monde ! C’était un bon moyen pour montrer ses sentiments et contenter ces personnes si chères à son cœur, alors cuisiner un pique-nique de la Saint Valentine pour Spencer, l’homme dont elle était amoureuse, lui avait paru tout à fait naturel. Mieux encore, cela lui avait procuré beaucoup de bonheur, de se tenir debout dans sa cuisine à imaginer comment réagirait le jeune homme à chaque plat, ce qu’il pourrait aimer ou non, le sourire qui se glisserait sur ses lèvres lorsqu’il goûterait certaines choses… C’était donc très loin d’être une corvée pour elle, bien au contraire, c’était un vrai plaisir. Pourtant, la beau brun assis à côté d’elle sur la banquette arrière de sa vieille voiture lui dit qu’elle n’avait aucunement besoin de se donner tant mal, ajoutant qu’elle seule suffisait largement à le combler. A ces mots, la brune sentit ses joues prendre une belle teinte rouge et elle détourna légèrement le visage afin qu’il ne puisse pas le remarquer. « C’est… Je… » tenta-t-elle de parler alors que son cœur s’emballait. Spencer était-il toujours aussi adorable ? Elle glissa sa main dans celle du jeune homme et murmura « J’adore cuisiner pour les gens que j’aime, alors c’était un réel plaisir de le faire pour toi… », elle ajouta, encore plus bas « Et toi aussi Spens, ta présence suffit à me combler… ». C’était peut-être bête, ou très gnangnan, mais c’était totalement vrai. Ils venaient à peine de se retrouver, mais Valentina n’avait jamais vraiment cessé de l’aimer, alors elle se sentait réellement comblée de l’avoir de nouveau à ses côtés. C’était un rêve qui se réalisait…
Spencer était un homme bien, réellement bon, et ça la chilienne le savait. A ses côtés, elle n’avait jamais eu peur de quoi que ce soit : il n’avait jamais eu de gestes déplacés, jamais de parole méchante, jamais d’air mauvais… Elle savait qu’il ne ferait jamais de mal, ou en tas pas intentionnellement et surement pas physiquement. Peut-être était-ce normal, mais pour Valentina c’était réellement important. Elle qui avait déjà fréquenté des hommes bien moins civilisés se sentait tout à fait en confiance avec l’artiste et cela lui permettait de se projeter vraiment avec lui. Pareil pour les sentiments de Spencer, d’ailleurs ! Valentina savait qu’il ne lui mentait pas sur ce qu’il ressentait, ce n’était pas le genre d’homme à mentir sur l’amour qu’il ressentait ou non pour obtenir quelque chose. Alors oui, la chilienne se sentait si bien avec lui, tellement en sécurité… Quand Spencer évoqua le fait qu’il avait déjà une idée de ce qu’ils pourraient faire après manger, Valentina se mit à avoir hâte sans savoir ce qu’il en était. Elle savait bien que ce ne serait rien d’osé, elle connaissant bien son petit ami sur ce point, donc elle ne ressenti aucune hésitation avant de déclarer « Super, j’ai hâte de voir ce que tu as imaginé pour la suite alors ! ». C’était elle qui avait prévu ce pique-nique au départ, mais le fait que Spencer y mette aussi sa touche personnelle lui faisait réellement plaisir…
Les deux amoureux arrivèrent rapidement au dessert, et Valentina présenta à son petit copain deux dessert différents, deux petites mignardises. « J’ai fait un fondant en chocolat et une charlotte aux fraises » dit-elle en lui montrant le tupperware, le gâteau au chocolat étant en forme de cœur. « Si tu as trop manger on peut aussi les garder pour l’heure du goûter ! » proposa la jeune femme en se rappelant que Spencer n’avait pas un aussi grand appétit qu’elle. Elle ajouta avec une petite moue « Oui, je prends encore des goûters à mon âge, mais ne te moque pas ! ».

Si la nourriture était un besoin vital, elle était aussi et surtout un bon moyen de faire passer des sentiments aux gens que l’on aimait. Valentina trouvait que la cuisine avait ce pouvoir magique de remonter le moral des gens et aussi de les émerveiller. C’était ça, ce qu’elle aimait dans la nourriture ; c’était ça, ce qu’elle voulait faire de sa vie ! Alors oui, la jeune femme adorait préparer de bons petits plats maisons pour les gens qu’elle aimait, pour leur faire passer tout ses bons sentiments à leur égard. Les gens trouvaient parfois qu’elle se donnait trop de mal, qu’un plat de pattes suffisait qu’importe les circonstances, mais la chilienne n’était pas du tout d’accord. C’était pour cette raison qu’elle voulait toujours amener quelque chose quand elle était invitée quelque part – que ce soit les amuses gueule, l’entrée, le plat ou le dessert, qu’importe ! – afin de montrer sa reconnaissance à ses hôtes. C’était pour les mêmes raisons qu’elle cuisinait quasiment tous les soirs pour la coloc, qu’elle invitait souvent ses frères à manger, qu’elle apportait parfois à ses amis des tupperware remplis jusqu’au rebord, ou encore qu’elle avait voulu organiser ce pique-nique pour l’homme dont elle était toujours profondément amoureuse… C’était aussi grâce ça que les gens savaient si Valentina les appréciait ou non : si elle leur faisait la cuisine alors oui, sinon… Spencer n’avait pas grand appétit, mais sa petite amie ne lui en voulait pas : il était malade, gravement, alors son corps ne devait pas vraiment pouvoir ingérer la quantité de plats qu’elle avait cuisiné. Tant pis, il en resterait pour plus tard ! Elle ne se formalisait pas du tout de ce genre de choses, et puis elle avait bien vu que le peu qu’il avait mangé lui avait plu et c’était l’essentiel.
Lorsque la jeune femme confia à son compagnon qu’elle prenait encore des goûters, celui-ci affirma qu’il n’y avait pas d’âge pour ça, ce qui la fit sourire. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais c’était aussi pour ça qu’elle était tombée amoureuse de lui : il n’était pas le genre d’homme à la juger. D’autres auraient pu répliquer qu’elle était vraiment une gamine, que c’était ridicule. Mais pas Spencer. Peut-être finirait-elle-même un jour par lui avouer sa peur panique des orages, ou sa passion pour les films d’animation de Disney… Le jeune homme prit un cachet, signe qu’il souffre, ce qui arracha une petite moue à Valentina, qui rangea le reste du leur repas – qui se voulait champêtre et romantique à la base rappelons-le – dans le coffre en passant par la planche arrière. Son petit ami lui proposa ensuite de se reposer en faisant un câlin avant d’aller se promener, ce que la jeune femme accepta avec un grand sourire. Elle s’allongea alors tout contre Spencer sur sa banquette arrière et leurs lèvres se trouvèrent assez rapidement pour échanger de tendres baisers. La jeune femme se sentait si bien, tout contre lui, en train de l’embrasser… Elle pouvait parfois deviner que lui aussi appréciait ce contact de leur peau, mais elle ne releva pas.
Le brun s’endormit assez rapidement, il devait être fatigué. Valentina enfouit son visage dans le cou du jeune homme avant de fermer les yeux à son tour pour somnoler légèrement pendant quelques temps. Elle se réveilla – même si elle ne s’était pas vraiment assoupie – avant Spencer, et en profita donc pour le regarder dormir. Son visage semblait apaisé, comme s’il ne souffrait pas dans son sommeil, et cela faisait plaisir à la jeune femme. Ce qui lui faisait plaisir aussi, c’était de le voir si près d’elle, comme avant… Elle qui avait eu peur de l’avoir perdu à jamais était la plus heureuse d’être tout contre son amoureux.
Une fois le jeune homme réveillé, ils se rhabillèrent rapidement et s’éloignèrent de la voiture. Spencer demanda à Valentina de l’aider à trouver des choses dans la forêt, comme des branches ou des cailloux, pour qu’ils aillent ensuite chercher l’arbre parfait. La chilienne regarda son petit ami d’un air interrogateur, mais le sourire de l’artiste était si mignon qu’elle l’imita rapidement. « Que de mystère ! » dit-elle en se penchant pour commencer à chercher de quoi faire plaisir au jeune homme. Elle ramassa d’abord un petit caillou blanc et noir qu’elle trouvait joli, ensuite un peu de mousse qu’elle décrocha d’une grosse pierre, ainsi que quelques feuilles colorées puis des petites branches. « Qu’est-ce qu’on va faire de tout ça ? » demanda-t-elle en se rapprochant de nouveau de Spencer.

Valentina Peñali avait toujours été un vrai petit soleil. Peut-être était-ce dû à ce grand sourire qui ornait si souvent son visage, ou alors à ce regard taquin et rieur qu’elle posait sur le monde et sur les gens. En grandissant, elle était devenue un petit peu plus sérieuse, certes, mais elle avait gardé ces aspects de sa personnalité, pour le plus grand bonheur de son entourage ! Résultat, la jeune femme était toujours très positive, préférant imaginer le verre de la vie à moitié plein quoi qu’il se passe. Alors forcément, face à cet événement tragique qu’était la maladie grave de celui qu’elle aimait, la chilienne avait décidé de rester forte, de rester positive, de se dire qu’il finirait forcément par guérir, parce qu’après tout elle avait déjà eu son quota de perte dû au cancer dans sa vie. Evidemment, elle avait peur de perdre Spencer, peur de voir ses forces le quitter devant ses yeux, peur de ce sentiment d’inutilité qu’elle ressentira lorsqu’il s’amoindrira et qu’elle ne pourra rien faire. Elle avait aussi l’angoisse à l’idée que, malgré toutes les prières qu’elle faisait et les cierges qu’elle brûlait, il ne s’en sorte pas. Mais elle ne voulait pas penser à ça : le jeune homme s’en était déjà sorti une fois, alors cette fois-ci aussi il triompherait du mal qui le rongeait ! Et puis, il n’était pas seul. Valentina serait là, jusqu’au bout, pour prendre soin de lui et lui rendre les choses plus simples. Peut-être devrait-elle mettre son rêve de carrière de côté pendant un petit moment, mais ce n’était pas grave du moment qu’elle pouvait être aux côtés de Spens dans cette terrible épreuve. Si cette journée était la dernière qu’ils pouvaient passer ensemble normalement, sans penser aux rendez-vous médicaux du jeune homme et aux impératifs médicamenteux, alors il fallait qu’ils en profitent à fond ! C’était donc dans cette optique que, après leur petite sieste durant laquelle elle n’avait pas tellement dormi, Valentina se mit en quête de petits trésors forestiers tels que les feuilles ou les petites branches pour satisfaire l’idée de son petit ami le tout en profitant du temps, redevenu clément, pour se promener.
Lorsque la jeune femme releva la tête – qui restait jusqu’à présent baissée pour chercher des petits choses sympathiques sur le sol – son amoureux se planta en face d’elle et l’embrasse avec tendre. Elle répondit évidemment à ce baiser avec beaucoup de douceur et sourit lorsqu’il déclara qu’ils y étaient. C’était sous cet arbre – celui qui se trouvait en face d’eux – qu’ils s’étaient abrités quelques heures plutôt alors que la pluie avait gâché leur pique-nique. L’artiste parla ensuite des films à l’eau de rose dans lesquels les héros, fous d’amour, gravaient la première lettre de leurs prénoms avant de les entourer d’un cœur, ce qu’il n’approuvait pas. « Estoy de acuerdo* » affirma la jolie brune avant de regarder Spencer s’agenouiller pour dessiner une forme de cœur au bas de l’arbre. Il lui demanda si elle connaissait le land art, ce qui n’était pas le cas, alors elle secoua la tête avant de prendre la main de son petit ami et de venir s’installer à côté de lui. Valentina n’était pas trop du genre créative, à part en cuisine. L’art était, pour elle, quelque chose de très flou qu’elle ne maîtrisait pas, parfois même qu’elle ne comprenait pas, mais là c’était différent : il s’agissait de faire des formes avec des choses trouvées dans la forêt, ce n’était pas si compliqué ! Alors, dans le cœur qu’était en train de former l’homme dont elle était amoureuse, elle tenta d’écrire, à l’aide de petites branches, de cailloux et de feuilles, les lettres S et V. C’était tellement niais, mais elle trouvait ça mignon. Elle plaça également quelques feuilles d’arbres pour former des petites fleurs, le tout en étant si concentré pour ne pas, d’un mauvais geste, détruire tout le reste qu’elle tirait légèrement la langue en la pinçant entre ses lèvres. « Comme ça ? Ça te paraît bien ? » demanda-t-elle à son petit ami alors qu’elle finissait son œuvre.