home sweet home (feat Piotr)

Comme tous les jours de la semaine depuis peu de temps maintenant, Piotr travaillait. Il ne s'agissait plus d'un petit mi-temps au café chez Allan, comme il y a encore quelques mois. Il s'agissait d'un rythme bien plus rigoureux, de journée de travail complète, d'apprentissage également. Le jeune russe avait eu beaucoup de chance, en passant devant le garage de Livia, en compagnie de Chance. C'était d'ailleurs celui qu'il considérait comme son frère de cœur qui l'avait poussé à aller parler à la patronne. Livia n'avait pas mâché ses mots d'ailleurs : Piotr avait intérêt de se donner à fond dans son apprentissage, sinon, c'était la porte. Mais le plus jeune des Tsvetkov était déterminé. Il savait qu'il voulait apprendre ce travail et c'était la première fois qu'il se voyait véritablement dans quelque chose. C'était sûrement moins classe et élégant que d'avoir fait carrière dans la finance, la politique ou bien l'économie comme l'aurait espéré son père. Mais c'était ça qui avait donné envie à Piotr et rien d'autre. Alors il accusait le coup. Son corps avait du mal à trouver le rythme correspondant à ses nouvelles journées. Il avait mal au dos, il aurait fallu qu'il se muscle davantage. Mais il était heureux. Il se sentait de plus en plus libre, indépendant, même si pour le moment ils ne l'étaient pas. C'était d'ailleurs l'une des motivations du plus jeune : devenir totalement indépendant avec Imrân. Pouvoir avoir son argent, ses économies, faire ses projets en fonction de leurs besoins à tous les deux, mais surtout de leur potentiel. Ils ne pourraient sûrement plus avoir le train de vie qu'ils avaient eu par le passé, mais c'était tant mieux. Piotr aspirait à autre chose.
« Livia j'y vais ! » lança t-il dans l'atelier, à l'intention de sa nouvelle patronne. La voix de cette dernière résonna depuis le bureau, et Piotr s'approcha alors de la sortie. Il était bientôt vingt heures. Normalement, il était censé finir à dix-huit heures environ, mais l'ancien employé de Livia venait de partir, surchargeant alors la jeune femme de travail. Piotr ne se voyait pas commencer à faire des manières, parce que c'était surtout pour lui l'occasion de montrer à Livia à quel point il en veut. Et surtout, il apprend tellement de choses avec elle, il a vraiment la sensation d'être utile, d'avoir un but et même si ce dernier est tout simple, il ne lui en fallu pas davantage pour ressentir cette sensation de bonheur. Le petit russe allait au travail à pieds, ou à moto. Mais vraiment c'était tout près de l'appart' dans lequel il s'était installé avec son petit ami, ce qui était vraiment pratique. Ca changeait de la vie à l'hôtel ou à la coloc.Piotr avait la véritable sensation de mener une vie bien plus stable et tranquille depuis l'arrivée sur l'île de son petit ami. Il se mit donc en route vers le 16 Robertson Street, envoyant sur la route un sms à son petit ami pour lui demander s'il avait besoin de prendre un truc sur la route. Vêtu de son bleu de travail ouvert sur un marcel blanc, le petit russe avait malgré ses lavages de main successifs, encore du cambouis sur les mains. Il avait apprit que désormais, ça serait souvent le cas. Ses mains étaient devenues plus sèches qu'avant, à force de les laver, à force de frotter le noir incrusté dessus. Le plus jeune arriva enfin près de son nouveau logement et il ne pu s'empêcher de sourire. Il se sentait bien. Il adorait ce moment, celui où Imrân et lui se retrouvaient le soir. Piotr adorait ces moments et il se demandait comment il avait fait pour croire qu'il serait mieux sans. Il grimpa les quelques marches, poussant alors la porte de son épaule, retirant ses chaussures par le pied, l'une après l'autre « babe ? » appela t-il alors en russe. La porte se referma, la lumière de ce début de soirée entrait par magie par les fenêtres de l'appart et Piotr senti l'odeur émaner depuis la cuisine. Curieux, il essaya de reconnaître, avant que son regard ne se pose sur la table préparée. « Waouw » lança t-il en observant la table, tandis que son petit ami faisait irruption dans la pièce à son tour. Piotr l'observa, dans son joli pantalon de costume, avec sa chemise et il se demanda quel jour ils étaient. Ce n'étaient pas leur anniversaire en temps que couple, d'ailleurs, il n'était même pas sûr qu'ils en est un. « Hey mais waouw » continua t-il en bougeant la tête en observant son mec. Il était beau, très beau, mais il se demandait toujours ce qu'il se passait. Alors tout en s'approchant de son mec et en faisant glisser une main sur ses reins, il lui demanda « qu'est-ce qu'on fête ? » avant de venir embrasser la peau de sa nuque de plusieurs baisers doux et tendres.

Piotr ne pu s'empêcher de sourire contre la peau de son homme, quand celui-ci lui répondit. Le plus jeune ne s'arrêta pas d'embrasser sa chair, avant finalement de rire sous les compliments de son copain. Imrân lui avait dit à la première vision de son petit ami dans sa tenue de travail, que cette dernière faisait son petit effet sur l'architecte en herbe. Piotr trouvait ça plutôt amusant et il aimait en jouer, il fallait bien l'admettre. Il grogna en sentant les mains de son petit ami sur lui, avant qu'il ne vienne capturer ses lèvres. « Moi aussi j'suis fier de nous » sourit-il avant de l'embrasser à nouveau, jouant avec ses lèvres. Alors que Piotr terminait de retirer ses chaussures de travail d'un coup d'orteils, il sentit la main d'Imrân glisser dans la sienne, l'entraînant à la table où ils dîneraient ce soir. Il avait cuisiné des dingueries « Wooooo » s'extasia t-il en voyant ses plats russes et tunisiens préférés. Parce qu'après avoir autant de fois mangé chez les parents d'Imrân, Piotr avait aussi ses petites préférences culinaires tunisiennes. Sa main vint attraper un petit samoussa, qu'il croqua tout de suite, sans attendre, la faim lui tiraillant le ventre. « Bébé c'est super bon » dit-il la bouche pleine, mais embrassant quand même la joue de son petit ami. Il prit le temps d'observer la table, et il se rendit compte que son mec avait clairement passé beaucoup de temps à cuisiner tout ça, à préparer toute la maison, pour lui faire plaisir. Il en avait de la chance, il avait tellement de chance d'avoir rencontré Imrân, d'avoir capté son amour, d'avoir la chance de partager sa vie, après tout ça, tout ce qu'ils avaient traversé. C'en était presque incroyable, quand on y pense, non ? Imrân lui annonça qu'il pouvait filer à la douche avant qu'ils ne passent à table, et Piotr ne savait pas ce qui lui donnait le plus envie entre Imrân, la douche, ou manger. Surtout que son petit ami vient capturer à nouveau ses lèvres. Piotr venait de terminer son samoussa, dont le goût devait encore courir sur ses lèvres. Il prit alors Imrân contre lui et d'un geste un peu violent, le plaça entre la table et lui, le forçant à s'asseoir sur la table du salon. Debout devant lui, entre ses jambes, il passa sa main dans la nuque de son petit ami, attrapant doucement ses lèvres pour les embrasser à son tour. Ses lèvres glissèrent le long de la nuque d'Imrân, dévorant le col de sa chemise, tandis que sa peau chaude au bon goût sucré de leur gel douche finissait d'éveiller les sens du jeune mécano. « Putain » murmura t-il contre la peau de son petit ami avant de se décoller de lui. Il avait envie de lui, il aurait pu le baiser là, contre la table du salon, mais il se mordit la lèvre. Il fit un pas dans le sens opposé à son copain et lui lança « tu es diabolique » avant de rire doucement. Imrân pourrait sans aucun problème voir la frustration dans le regard de Piotr, parce qu'il avait cruellement envie de lui. « J'vais prendre ma douche » dit-il en s'éloignant d'Imrân, marchant à reculons. « Histoire d'être au moins un peu propre pour toi après tout ce que t'as fait là » il commença alors à retirer son tee-shirt devenu gris sous le cambouis. Ne portant que son pantalon de travail sur son corps nu, il ne se priva pas de marcher à moitié à poil entre la salle de bain et leur chambre, avant de finalement entrer dans la douche pour se laver.

La première réponse de Piotr fut d'abord de rire, face à la frustration de son petit ami. Alors que sa main quittait la nuque de Maximoff, glissant ensuite sur son torse et son bras, Piotr ne le quittait pas des yeux tandis qu'il marchait à reculons vers la salle de bain. « Tout à fait mon amour, tu as tout compris » rigola t-il en retirant son tee-shirt pour aller dans leur chambre, puis pour finir sa course dans la salle de bain. Alors qu'il était en train de faire couler l'eau afin de préparer son entrée dans leur immense douche, Piotr croisa son propre reflet dans le miroir. Il avait des traces d'huile et de moteur de voiture partout : sur le visage, sur les bras et bien évidemment sur les fringues. Piotr laissa son bleu de travail dans le couloir, étant donné qu'il allait devoir le porter à nouveau demain, mais mis le reste dans le panier à linge installé dans la salle de bain. Il ne perdit pas plus de temps à aller sous l'eau. Prendre une bonne douche fraîche après une longue journée de travail, il n'y avait rien de mieux, clairement. Piotr adorait ce moment, parce qu'il signifiait toujours qu'il sortait du cadre professionnel, pour entrer dans celui qui était personnel. Le petit russe prit donc son temps, relativement aussi, et une fois que l'eau fut coupée, il enroula son corps encore trempé dans une serviette autour de la taille. Il se lava les oreilles -on y pense pas assez en rp- et retourna à la chambre pour choisir quelque chose à mettre, c'est là qu'il croisa à nouveau son petit ami et qu'il ne tarda pas à rire après sa remarque. Parfois, clairement, Piotr se sentait comme un gros morceaux de viande. Mais il savait ce que c'était, parce que parfois, il voyait Imrân de la même manière. Il ne voyait que son corps, que la perfection, l'harmonie de celui-ci et le désir qu'il éprouvait en temps normal et qu'il arrivait à contrôler pour Max, devenait rapidement un véritable ras de marée impossible à gérer. Alors qu'il entrait dans la chambre, rompant le contact visuel avec Imrân, ce dernier ne pu entendre que le rire du plus jeune, alors qu'il se posait sur leur lit. « Tu sais très bien ce que je préfère bouffer entre toi et des samoussas hein » plaisanta t-il alors qu'il enfilait ses chaussettes. Puis, il ouvrit la porte de leur placard afin de choisir un pantalon. Il prit un pantalon de costume noir, le même qu'à noël. Torse nu, il commença à regarder les chemises. Il n'en avait pas beaucoup de différentes, Imrân avait bien plus de fringues que lui, de belles fringues plutôt. Il détestait en plus de cela, mettre trois heures à s'habiller alors il prit la première qu'il avait, celle de noël, la blanche. Il l'enfila et alors qu'il la boutonnait, il quitta la chambre pour tomber sur son petit ami « ah t'es là » surprit de tomber sur lui dès sa sortie dans le couloir. Piotr sourit et embrassa les lèvres de son petit ami, voyant alors le désir que ce dernier pouvait ressentir à son égard, le plus jeune fini par plaisanter « bon, choisi si tu veux que j'te pète le cul maintenant ou après manger, vu que tu as tout préparé, c'est toi qui décides » il n'y avait qu'eux, donc aucune raison d'être sur la réserve dans leur façon de parler. Piotr aimait beaucoup d'ailleurs, cette facilité qu'ils avaient avec le sexe, malgré tout ce qu'ils avaient vécu par le passé. Ils auraient pu avoir honte, avoir peur de s'aimer physiquement par peur des représailles aussi, mais malgré tout, ils n'avaient jamais cessé de s'aimer. Et malgré leur année d'abstinence, ils avaient tenu bon.

Y'avait un truc qu'Imrân faisait et qui rendait fou Piotr. Et il venait de le faire, à l'instant. Piotr lui, il ne pu s'empêcher de se mordre la lèvre inférieur, tandis qu'il voyait Imrân se décoller de lui, que le froid remplaçait ses mains, la chaleur de son corps. Sa voix se détournait de lui, son regard aussi. Et lui, il n'avait qu'une seule et unique envie, se jeter sur lui. L'embrasser, lui, son corps, ses lèvres. De goûter à cette peau dont il ne peut plus se passer, de devenir fou par son parfum, par l'odeur juste de son existence. Il avait envie de sentir la chair de son petit ami, fondre, rouler, sous la pulpe de ses doigts. Il voulait sentir la forme des muscles de son petit ami, quand il le serrerait plus fort. Il voulait entendre sa voix, l'entendre lui dire des trucs sales et adorables en même temps, qui ne pourront que le faire bander plus fort. Mais pour tout ça, il attendrait. Imrân s'est décollé de lui, le laissant seul dans sa frustration intense. Il a la gaule, on ne va pas faire genre. Il est un homme, fou d'amour devant son mec qui vient de lui tourner le dos, au sens propre comme au sens figuré. « C'est cruel » finit-il par souffler. Piotr et Imrân étaient dans la force de leur âge, dans la force de leur génération. Passionnés, déterminés, c'était parfois dur pour le plus jeune de se contrôler. Il vivait toutes ses émotions de façon intense. Il se mettait vite en colère, comme il pouvait pleurer bien assez vite également. Il était sans arrêt traversé par des émotions intenses. Il ne connaissait pas le reste, il ne savait pas ce que c'était que d'être raisonnable en terme d'émotion et de ressenti. C'était intense, fort, ça le bouffait de l'intérieur, ça lui rongeait la peau comme une brûlure, il fallait que ça soit maintenant. C'était si dur pour lui de se contrôler, est-ce que son petit ami jouait de ça ? Alors qu'Imrân venait de le quitter pour s'approcher de la table et prendre place, la main de Piotr alla jusqu'à son propre caleçon. Pas très romantique non, mais il fallait qu'il se mette un peu plus à l'aise le temps que son désir pour Imrân se calme. Sa main étira sous sous-vêtement, permettant ainsi à son paquet de trouver une place plus confortable. Il rala un peu, car il aurait préféré se foutre à poil et baiser son copain avec toute la force, l'envie et le respect qu'il a pour lui, mais non. Il essaya de ravaler un peu sa frustration, avant d'arriver lui aussi à la hauteur de la table. Imrân lâcha sa main pour lui tendre un verre. Piotr lui, il n'avait encore que le goût d'Imrân sur les lèvres, avec simplement l'envie de l'avoir à nouveau contre lui. Piotr le remercia, avant que son petit ami ne prenne à nouveau la parole. Ce qu'il dit, ça le fit rougir un peu. Pour le coup, sa libido se calma un peu, sous l'effet de la gêne. Il n'aimait pas quand l'architecte le brandissait au niveau de héros, ça le mettait mal à l'aise, mais Imrân avait raison sur une chose. Leur couple avait en effet tenu bon. Pas de la meilleure façon, oui. Ils avaient commis des erreurs, ils avaient failli perdre des gens proches, des gens biens ; mais au final : ils avaient réussi. Ils étaient heureux, ensemble, amoureux, dans une maison, dans un pays qui voulait d'eux. Et quand son petit ami enfonça ses yeux dans les siens, avec son verre tendu vers lui, Piotr senti son cœur fondre littéralement en lui. « Putain bébé tu sais même pas comment j't'aime » finit-il par dire en russe, avant de poser son verre sur la table, près d'Imrân. Sa main se posa sur l'avant-bras de son petit ami, qu'il caressa doucement en remontant jusqu'à son épaule. « Mon amour c'est uniquement grâce à toi qu'on en est là aujourd'hui » parce qu'aux yeux du plus jeune, c'était Imrân le ciment de leur couple, celui qui avait l'intelligence de leur union. C'était grâce à lui qu'ils en étaient là aujourd'hui, uniquement grâce à lui. Sa main quitta doucement l'épaule de son petit copain pour venir se nicher dans sa nuque. Ses lèvres s'approchèrent des siennes, sans jamais les embrasser. Il frôlait la chair de ses lèvres, alors que ses yeux les fixaient avec envie, se perdant parfois dans le regard dur et profond d'Imrân. Ses doigts se serrèrent derrière la nuque de son petit ami, lui infligeant une pression qui le forçait à rester prêt de lui. Putain, il l'aimait tellement. Il avait tellement de sentiment à son égard, juste pour lui, tout seul. Piotr était clairement totalement fou de lui, à chaque moment, il avait l'impression de redécouvrir une personne, une âme et un corps, mais tout en les connaissant par cœur. Comme si à chaque nouveau contact, il se prenait la même décharge électrique que la première fois. Et ça faisait cinq ans, ça ne changeait pas, jamais. « Imrân j'te jure j't'aime tellement » dit-il avant de venir embrasser ses lèvres. Un peu brutalement, mais surtout passionnément. Il avait besoin de le faire, il avait tellement envie de lui, de le prendre, qu'ils ne forment plus qu'un. C'était dur de se contrôler, il y arriverait il n'y avait pas de souci, mais ça rendait encore plus intense son amour pour Imrân, c'était une évidence. « C'est grâce à toi, uniquement à toi si on en est là mon amour » finit-il par dire après avoir quitté ses lèvres de quelques centimètres seulement. « Je te dis pas assez merci pour tout, pour tout... » il regarda la table, désignant tout ce travail qu'il avait fait, ce temps qu'il avait prit pour lui, son petit ami. « Pour tout ce que tu fais pour moi, tout le temps, depuis qu'on se connaît... » et c'était sincère, il voulait que Max le sache, qu'il le lui dise, il ne voulait pas perdre ça avec lui et qu'un beau jour il finisse par se barrer car Piotr aurait tout prit pour acquis. Jamais. «T'es la plus belle rencontre de ma vie, t'es ma famille Max » et ça voulait tout dire pour lui.

Imaginez-vous ?
Ce sentiment de sécurité quand on rentre à la maison, après une journée épuisante, retrouver les couleurs, la chaleur de son foyer. On n'y fait plus vraiment tant attention, tellement cela se fond dans le quotidien et l'habitude. Pourtant, c'est une richesse. Pour Piotr, qui ne sait pas ce que les mots foyer, famille, maison, signifient naturellement, cela représente tout ce dont il a manqué par le passé. Tout ce qu'on lui a interdit, arraché, privé. Alors pendant des années, malgré le fait que la douleur imprègne sa condition d'enfant abandonné il avait gardé l'espoir. Qu'un jour peut-être sa mère rentrerait d'Asie pour lui, qu'elle lui demanderait pardon, qu'elle lui montrerait à quel point il compte, à quel point il est essentiel à sa vie. Qu'un jour peut-être, sa sœur allait rentrer à la maison, qu'il allait pouvoir la revoir, rigoler encore avec elle, lui raconter ses histoires, aller la voir danser. Qu'un jour peut-être aussi, il tomberait amoureux. Mais pour un enfant abandonné, qu'est-ce que l'amour ? C'est une privation, un supplice, quelque chose que l'on observe scientifiquement de l'extérieur sans jamais y être vraiment confronté, ou alors de façon très pudique par le patriarche. Encore une fois, on se l'imagine, on s'inspire des grandes histoires d'amour de notre Monde, celles que l'on raconte dans les livres, que l'on transmet dans les films, que l'on fait résonner en soi à travers une mélodie. Alors on capte les émotions, les vibrations de ceux qui connaissent l'amour et on y croit. On a envie d'y croire parce que dans le fond, c'est tout ce que l'on a. De l'espoir.
Et puis un jour, alors qu'on ne s'y attend pas, alors que tous nos espoirs semblent anéantis, que l'on se noie dans la drogue, dans le déni, dans la peur ; il y a cette rencontre. Ce regard, ce picotement droit dans le cœur, cette sensation qu'on vient d'allumer la lumière, que l'on est enfin arrivé au port, que l'on peut enfin poser le pied à terre, trouver du répit, un exil, un nouveau souffle. Dès le premier jour, de la première heure, de la toute première seconde où Imrân était entré dans sa classe, Piotr avait comprit qu'il était lié à lui. Bien loin de s'imaginer qu'il l'aimait, que c'était ça l'amour : un truc tellement naturel que l'on accepte, même si c'est l'exact opposé de ce que l'on pense être. Piotr n'avait jamais pensé être gay et encore maintenant, il ne pensait pas l'être. Il aimait simplement Imrân. Il en était fou. Depuis que son regard s'était imprégné du sien, qu'il avait vibré en résonance à ses énergies à lui, Piotr était à la fois libre et enchaîné. Il avait su capter son attention, il avait eu cette impression de le connaître, le reconnaître, le retrouver. Rencontrer un étranger que l'on connaît par cœur, voilà l'attraction qu'il a ressenti quand Imrân est arrivé dans sa vie. Et puis, ils ont eu cette alchimie, ce pouvoir de parler sans qu'aucun mot ne sorte de leurs lèvres scellées par la peur. De l'amitié au départ, leur relation a évoluée en quelque chose de tellement plus que de l'amour. C'est de la passion, de la destruction, du renouveau, de la force, de la peur, du tiraillement, c'est si simple et si compliqué en même temps. Et cette magie, qui semble protéger l'essence même de leur amour... c'est quelque chose que lui, Piotr, ressent à chaque seconde. Ressentant toutes les émotions, les vibrations, les sensations plus fort que n'importe qui, en permanence à fleur de peau, il est totalement électrisé. Par cette voix rassurante, ce regard si dur mais créé par la personne la plus douce de l'univers, par ces mains, les siennes, qu'il adore toucher, sentir, tenir, serrer. Il y a l'odeur de sa peau, le goût de sa chair, la chaleur de son corps, la sagesse de ses conseils, le recul sur les choses, la patience, la douceur, le calme. Imrân est arrivé dans la vie de Piotr comme un navire accostant prudemment sur une terre isolée, abandonnée, martyrisée par des légendes qui terrorisent les pêcheurs qui n'osent alors plus s'y approcher. Imrân y était parvenu lui, à braver ses angoisses pour s'approcher de lui et quant à Piotr, il l'avait laissé venir à lui, en douceur. Comme un enfant devenu sauvage par l'abandon, il avait du tout apprendre. Il était jeune, encore plus impulsif que maintenant, il avait douté, il avait eu peur de ce qu'il était. Et pourtant, la seule chose qui lui avait donné la force et le courage d'au moins se déclarer à Imrân, se fut d'être totalement convaincu à mille pour cent, qu'il était toute sa vie. Qu'il représentait son avenir, son futur, ses rêves, la plus grande joie de ce monde. Piotr savait depuis le début qu'Imrân était lié à lui, mais avec le temps, il avait comprit que c'était bien plus que ça. Max représentait tout ce qu'il n'était pas, ce qu'il pouvait être, auprès de qui ou alors de quoi, il pourrait grandir, vivre, traverser la vie. Il avait eu peur au début, que Max ne parte aussi vite qu'il n'était arrivé dans sa vie, il avait eu tellement peur qu'il déménage, qu'il parte, qu'ils soient séparés. Mais si la vie leur a fait un seul et unique cadeau, du moins pour Piotr, c'était de les avoir laissé ensemble durant ces cinq années là. Ensemble, en privé, dans l'intimité, ils avaient développé leur relation, leur fusion, leur amour, les bases de cette relation qu'ils allaient devoir porter à bout de bras l'année suivante. Mais ils avaient réussi, Piotr ne savait pas comment, il savait qu'il n'y avait pas de bonne façon de faire : que leur couple avait et devait apparemment passer par tout ce qu'ils avaient traversé pour obtenir ce qu'ils avaient là. Maintenant. Ils n'étaient plus ces garçons de quinze ans ignorant tout de leur sexualité et de l'impact que leur rencontre aurait sur leurs vies. Ils n'étaient plus ces mecs qu'on a laissé pour morts dans cette ruelle. Ils étaient bien plus que cela, ils avaient réussi ce pari fou, ce pari auquel même Piotr n'avait pas toujours cru possible. Pourtant c'était ça, le bonheur.
Alors quand il vit les larmes perler aux coins des yeux de l'homme qu'il aimait, Piotr sourit et de ses pouces, essaya de les essuyer des joues de son amant. « Mon amour pleure pas » souffla t-il avant de le prendre contre lui, autant que son petit ami venait de se jeter contre lui. Passant un bras par dessus ses épaules, serrant le reste de son corps contre lui, Piotr serra Max contre lui aussi fort qu'il le pu, sentant que son petit ami faisait la même chose. Il sentait sa force, sa puissance, autant que sa fragilité en ce moment même. Putain mais il était fou de lui, dingue de lui, comment est-ce que c'était possible d'aimer à ce point quelqu'un ? Etait-ce encore de l'amour à ce stade, ou bien de l’idolâtrie ? Il n'en savait rien, mais il savait qu'il lui appartenait. Qu'il était sur terre pour lui, pour l'aimer, pour grandir ensemble, pour vivre ensemble. Il était esclave de son amour et il l'assumait plus que de raison. Pour certain, leur ambition dans la vie c'est de monter son entreprise, voyager au bout du monde, fonder une famille. Pour Piotr, au delà de la famille, c'était de vivre auprès de Max. L'avoir à ses côtés, pour ce moment où l'on quitte l'univers de Morphée pour commencer sa journée, entendant le souffle de l'autre, sentant la chaleur de son corps dans leurs draps. C'était pouvoir croiser son regard autant qu'il en a envie, l'entendre rire, chanter, râler, se plaindre qu'il ne range jamais ses affaires sales. C'était pour l'écouter lui parler de grands hommes qui ont bâti des maisons, des foyers, des lieux de vie et de partage pour les autres. C'était pour sentir sa main le serrer fort quand il avait peur, pour pouvoir le rassurer à chaque fois que cela sera nécessaire. Pour lui apporter une bulle de protection contre le monde, les idées noires, les mauvaises influences, mais sans jamais l'attacher, ni le retenir, ni même le brimer. C'est l'aider à grandir, à apprendre, et surtout à en faire de même. Imrân était tellement ému par les paroles de son petit ami, qu'il arriva à émouvoir aussi le plus jeune, qui rigolait bêtement de ce moment, à la fois si tendre et passionné. Quand leurs lèvres se retrouvèrent, brutalement, Piotr senti qu'à nouveau, ils allaient devoir s'unir. Parce que dans ces moments-là, où l'amour prend le pas sur tout, transformant la réalité en quelque chose d'axecerbé sans doute, il n'y avait que cette issue. Ce besoin d'être au plus proche, au plus près, au plus profond de son petit ami. Non pas dans une vision uniquement sexuelle de la chose. C'était comme une libération, un moyen de contrôler ses émotions, celles qu'Imrân faisait naître en lui et que même lui, ne contrôlait pas. C'était le seul moyen qu'ils avaient trouvé pour le moment, ils étaient jeunes, fougueux. Ils avaient la vie devant eux pour trouver d'autres moyens. Piotr l'embrassait comme s'ils allaient mourir ici et maintenant. Comme si c'était tout ce qu'ils savaient faire, ce qu'ils pouvaient faire, comme si c'était la dernière chose qu'ils feraient. Il avait tellement envie de lui, envie de le posséder tout entier ou du moins, d'en avoir l'illusion. Il avait envie de sentir son petit ami contre lui, autour de lui, peau à peau, baiser contre baiser, langue contre langue. Il fallait qu'il en soit ainsi, esclaves tous les deux d'un amour trop puissant. Sa main gauche passa dans la nuque de Max, le collant à lui, tandis que son autre main tirait déjà sur sa chemise pour la lui sortir du pantalon. Quand il lui demanda de le prendre, là, maintenant, le cœur de Piotr s'enflamma. Il se sentait déjà excité, il n'avait rien besoin de faire pour cela ; mais Imrân avait le don, la magie, de faire naître encore et encore à chaque fois des nouvelles émotions, comme si à chaque nouvelle fois, il s'agissait de la toute première. Son souffle était saccadé, rapide, pressé, ses lèvres dévoraient celles d'Imrân, faisant déborder sa langue sur celle-ci, croquant sa chair, que ça soit sur sa joue, sa mâchoire, sa nuque. Il la croqua, littéralement, tira sur sa peau en la suçant presque trop violemment. Sa main droite cherchait à lui ouvrir sa ceinture, tandis que lui, il sentait que son sexe gonflait trop fort dans son pantalon. Ca le brûlait, ça le dévorait, il fallait qu'il le prenne, maintenant. Il laissa Imrân s'occuper de sa ceinture, posant à présent sa main droite sur son propre pantalon, il l'ouvrit brutalement encore une fois. Un râle s'étouffa contre la peau ambrée de sa moitié, qu'il croqua encore, tandis que sa main gauche venait de chuter sur ses reins, griffant presque sa peau. « Bébé » souffla t-il comme un grognement animal

Je place des hide pour le respect de tout à chacun