home sweet home (feat Piotr)

Imrân ne tarda pas à le rejoindre au salon, alors qu'il était accroupi en train de nettoyer le tapis et les autres tâches qui risquaient de faire des dégâts dans leur appartement. La fenêtre était encore ouverte, laissant le vent frais de la nuit caresser leurs peaux encore chaudes de leur amour. Son corps tout entier était épuisé, ses muscles le tiraient et le contrecoup de tous ces orgasmes répétés se faisait enfin ressentir. Il avait clairement envie de fumer. Il rigola à la remarque de son petit ami et ajouta en russe « où la prochaine fois on baisera dans la cuisine, c'est bien le seul endroit où on ne l'a pas encore fait » avant d'échanger un regard complice avec l'homme qu'il aimait. Les deux amoureux essayèrent donc de retrouver parmi tout ce bordel, ce qui était encore comestible pour ce soir, et alors que Piotr allait jeter les serviettes trempées de sauce renversée à la poubelle, il fut arrêté sur le chemin du retour par Imrân. Il lui sourit, attrapant ses lèvres avec envie et respect. « Moi aussi » souffla t-il à ses lèvres, avant de le laisser l'emmener jusqu'au salon. Piotr se laissa tomber lourdement sur leur canapé, râlant de bien être une fois le cul posé dedans. Il étendit ses jambes sur la table basse et ouvrit l'un de ses bras quand Imrân s'approcha de lui pour venir contre son corps. Max posa une assiette sur le ventre de Piotr, où chacun pourrait se servir pour manger un peu. Piotr ne se priva pas et fit honneur à ce que son petit ami avait préparé plus tôt dans la journée. « Putain bébé c'est méga bon » lança t-il presque surprit. Il savait très bien que Max savait cuisiner et qu'il le faisait très bien, mais rares étaient les occasions avant qu'ils emménagent ensemble, de goûter à sa cuisine quotidienne. Et là, depuis leur emménagement, Piotr avait prit quelques petits kilos. Le poids du bonheur à deux, très certainement. Mais tout allait très bien et il ne se sentait absolument pas coupable de grossir un peu, au contraire même. Il arqua un sourcil à la question de son homme, avant de retenir un léger rire. Sa main caressait l'épaule et le bras de son petit ami, le retenant contre lui, tandis qu'il dégustait les petites choses qu'il avait prit soin de disposer dans l'assiette. « Là j'suis éclaté » avoua t-il alors en mâchant. Il regarda l'heure, calcula combien de temps il allait pouvoir dormir avant d'aller au garage demain. Parce que lui, c'était pas comme pour Imrân, qui était autonome dans son planning. Lui, il devait suivre ses horaires, les plannings faits par Livia et c'était pas vraiment négociable, il n'était qu'un petit apprenti. « Même si j'suis déçu que l'autre n'arrive plus à bander là » lança t-il en levant son menton vers son membre fatigué « j'peux pas t'cacher que j'me sens comme le roi du monde » avoua t-il en souriant. Son visage chercha celui de son petit ami, pour croiser son regard. Ils en avaient vécu des trucs ensemble, en six ans. Un parcours assez incroyable et parfois, Piotr avait du mal à réaliser que cela faisait autant de temps qu'ils étaient ensemble. Le temps passait si vite... mais parfois aussi, il se demandait bien comment il avait fait pour tenir un an loin de lui. Ca lui paraissait aujourd'hui totalement impossible. Sa main remonta jusqu'aux cheveux bruns de son petit ami, approchant son crâne de ses lèvres pour embrasser ses cheveux épais. « Putain mais qu'est-ce que j't'aime » murmura t-il alors en russe en embrassant à nouveau fort le crâne de son homme. Finalement, il laissa sa main retrouver son bras et demanda en retour « et toi comment tu te sens ? »

Allongé ainsi sur leur canapé, les talons posés sur la table basse, le bras entourant le corps d'Imrân alors que le froid de la fatigue semblait tomber sur eux tel un voile transparent. La main de Piotr caressa la chair encore chaude de son étreinte d'Imrân, tandis que ses lèvres venaient se poser sur son front. Il avait raison, ils étaient passés par tant d'épreuves par le passé, que désormais, il semblait tout à fait évident qu'ils étaient comme sur un nuage, protégés de tout. Piotr se sentait intouchable, ce qui allait le faire tomber de très haut lorsque qu'il retournerait en Russie, bientôt. Mais pour l'heure, il était simplement heureux. Pensant désormais pouvoir être accepté de tous, pensant pouvoir vivre sa vie exactement comme elle était. Mais malgré leur amour et la solidité de leur relation, Piotr sentait que quelque chose allait leur tomber dessus. C'était trop beau, trop intense, trop fort pour pouvoir être libre de la sorte. Pendant près de cinq années, presque six finalement, Piotr avait pensé que tout ce qu'il leur était arrivé, était le prix à payer pour vivre un tel amour. Parce que malgré les épreuves, les souffrances, les manques, les mensonges, leur amour était encore à ce jour la plus belle chose dans sa vie. Alors oui, il était normal que ça ne soit pas gratuit, qu'il donne lui aussi quelque chose de lui-même, pour pouvoir recevoir tout ça. Et pour continuer d'aimer et d'être aimé ainsi, Piotr aurait été prêt à tout. Leur chemin avait été long, pénible à de nombreuses reprises, mais il y avait toujours ce truc, cette force et cette détermination qui les unissait, envers et contre tout. A cette pensée, il pensa à sa sœur, Reira. Que faisait-elle ? Il regarda l'heure, alors que son petit ami lui proposa qu'ils aillent dormir. Il croisa son regard, sourit doucement en lui frictionnant le bras et murmura « si tu veux aller dormir vas-y, je vais ranger et fumer un peu j'pense » avoua t-il.
Depuis que sa sœur était venu ici, lui annoncer sa relation amoureuse avec Chance, Piotr avait prit des distances assez incroyables avec le couple. Se cachant de leur bonheur, de leur amour, de leur complicité le temps d'être assez fort, seul, pour ne pas se sentir en danger à leur côté. Parce que le fond du problème était là, et petit à petit, Piotr arriverait à cette réflexion. Mais il n'en était pas encore question. Imrân et lui avaient prit la décision d'aller voir un psy, chacun de leur côté, afin de parler de leur agression et de tout ce qu'ils avaient à dire de plus les concernant. Cela avait prit du temps, afin que le couple se mette d'accord sur un psy en particulier. Maintenant qu'ils l'avaient trouvé, l'un et l'autre étaient en thérapie. Et depuis peu, Piotr explorait des parties sombres de son comportement. Il avait envie de savoir comment il pouvait régler cette peur qui semblait le dévorer de l'intérieur. Parce que cette peur de perdre encore sa sœur, le forçait à tout faire pour qu'elle parte. Totalement débile, il souffrait beaucoup de ne pas la voir, de ne pas passer du temps avec elle, de ne pas pouvoir partager son bonheur alors qu'elle avait partagé le sien. Il avait la sensation d'être une mauvaise personne, trop égoïste pour penser aux autres, même à elle. Et il s'en voulait. Alors il n'abordait pas le sujet, avec quiconque. Imrân savait, mais ils n'en parlaient pas et ils n'en parleraient pas encore. C'était trop vif, trop à nu, trop constant. « Vas dormir mon amour » souffla t-il envers son petit ami, l'aidant alors à se mettre debout. Il lui demanda au passage à ce qu'il lui envoie un jogging, afin de couvrir un peu ses jambes. Il allait se rouler un joint, posé là, et après ça, il irait sûrement rejoindre son petit ami dans le lit, sans même ranger quoi que ce soit du dîner. Parce que Piotr était un peu trop ambitieux avant de fumer, toujours.