better days | ft Christopher

T'étais sorti pour te changer les idées. T'avais pas prévu grand chose, juste de faire un tour, prendre l'air, savourer, te détendre. T'avais déjà le plan de ta soirée en tête, vagabonder ici et là pour te relaxer au possible et aller te coucher. T'arrivais presque à deviner à quelle heure t'allais ouvrir la porte de ton appartement et à quelle heure t'allais te coucher. Mais c'était sans compter ta « malchance ». Tu leur étais forcément tombé dessus – ou c'étaient eux qui étaient tombé sur toi ? T'avais tourné à ce coin de rue et ils étaient là. Ce petit groupe de cinq personnes que tu connaissais sans en avoir réellement envie. Des ami.e.s de Maddie. T'avais tendance à les éviter au maximum, à trouver des excuses bien faites pour ne pas passer quelques heures avec eux. C'était méchant, t'en convenais, mais t'avais rarement envie. Tu prétextais toujours être fatigué à cause du boulot, ou alors tu disais devoir garder ta nièce et ton neveu à la dernière minute. Ils n'étaient pas méchants, ils n'étaient pas d'horribles personnes mais t'étais pas à l'aise en leur compagnie. Comme ce soir. Tu leur étais tombé dessus et t'avais pas réussi à faire demi-tour, on t'avait repéré et embarqué à l'intérieur d'un bar. T'avais suivi, parce que c'était ce que tu faisais quand t'avais pas la sensation d'avoir le choix. T'avais suivi, parce que t'avais compris que tu ne pourrais pas t'en sortir. C'était plus facile pour toi de déblatérer tout un tas d'excuses par téléphone – en réalité tu perdais pied et tu ne savais plus quoi dire à part « oui » ou « d'accord ». C'était ce que tu avais dit et c'était pour cette raison que t'étais là, un verre encore plein en mains, avec eux. T'étais pas à l'aise mais tu tentais de sourire, de rire, de répondre. Tu évitais leurs regards parce que tu savais ce que t'allais y lire : de la tristesse, de la compassion voire de la pitié. C'était toujours pareil. Pour le moment ils parlaient de tout et de rien mais bientôt ils allaient évoquer Maddie. Ils allaient dire à quel point elle leur manquait et t'allais te mettre à siffler la même chose, une pointe au cœur et l'estomac noué. Te manquait-elle réellement ? T'en savais rien. Parfois oui, parfois non. Sujet délicat que tu préférais détourner, tes prunelles cherchant déjà une porte de sortie alors que son prénom n'avait pas encore frôlé leurs lèvres.

Et tu la trouvas, ta sortie. Ton visage s'illumina soudainement, tes doigts s'agrippant à ton verre alors que tu te décalais. T'allais voir quelqu'un que tu connaissais là-bas, c'était la personne que t'avais prévenu de retrouver ce soir – c'était moche de mentir, Casey. Mais t'avais pas trouvé mieux. Tu les saluas d'un geste de la main, tournant peut-être bien rapidement le dos pour te diriger vers Christopher. « Hey », que tu lâchas dans un sourire en te posant à ses côtés. « Ca fait longtemps qu'on s'est pas vus », tu l'avais croisé dans la journée... t'étais un comique. Presque. « La fin de ta journée s'est bien passée ? Pas de bobos ? », ton visage s'inclina quelque peu sur le côté alors que tu faisais mine de l'inspecter comme une mère inspecterait son fils après une sortie. « Tu fais des progrès, bravo », est-ce qu'à peine arrivé tu l'embêtais déjà ? Oui. Est-ce que t'étais désolé ? Pas du tout... enfin un peu quand même. « Tiens, un verre pour te féliciter », tu déposas ton verre plein devant lui comme si t'avais prévu ça depuis le début. « Mais si t'aimes pas tu peux laisser de côté je me vexerai pas », parce que c'était ce que t'aurais fait, laisser le verre dans un coin, comme oublié.

Better days

Christopher & Casey

Christopher avait passé une plutôt bonne journée. Enfin, c’était une journée banale, quoi, mais quand rien de dramatique ne se passait, alors dans sa tête, il s‘agissait d’une bonne journée. Un peu comme une petite victoire, une chose à laquelle se rattacher plus tard quand ça irait moins bien, pour s’assurer que, si on a déjà eu des bons jours, alors on pouvait en ravoir. Des sales journées, il en avait souvent, Chris, alors c’était bon à prendre. Après, c’était de sa faute. C’était le roi des bêtises, il adorait faire des trucs dangereux, justifiant ses actes par des « c’est dans ces moments que tu sais que t’es en vie », alors tout tournait vite au cauchemar avec lui. On comptait plus ses cicatrices sur le corps, même si la plupart d’entre elles étaient minces, à peine perceptibles. Un corps de guerrier, qu’il aimait à penser. Alors que non. Non, c’était juste le corps d’un gamin, un gamin totalement inconscient et con.

Il aimait se dire que, s’il allait au bar ce soir là, c’était pour se féliciter. La vérité, c’était que Chris n’avait pas besoin de raisons pour aller au bar, il y était déjà au moins 2 fois par semaines. 5 dans ses meilleurs jours (ou ses pires). Il avait jamais rien attendu, pour y aller. Ni les excuses, ni les gens, ni la soif. Il avait envie de sortir, il le faisait. Point. Encore ces décisions irréfléchies qui le faisaient littéralement vivre. Il savait pas faire autrement, ils avait pas agir en réfléchissant. Ou rarement. Très rarement. Sur des sujets sérieux, quoi, pas sur une sortie au bar. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver, là-bas ?

Beaucoup de choses. Et il en avait eu la preuve un bon millier de fois. Une plaie en pleine cicatrisation à son bras le lui prouvait encore. Ses journées avaient beau être bonnes, elles n’étaient jamais finies avant qu’il n’aille se coucher. Alors, ouais, tout pouvait basculer. Mais quand il tourna la tête après avoir salué les barmans qu’il ne connaissait que trop bien maintenant, Christopher savait que cette soirée ne tournerait pas à la catastrophe. Parce que c’était Casey qui était devant lui, et parce qu’il imaginait mal les choses partir en vrille avec lui. Parce que là où Chris causait la destruction, Casey, lui, tentait de tout réparer sur son passage. Comme si les fleurs fanaient après le passage de l’un et écloraient après celui de l’autre.

Un sourire plaqué sur les lèvres, Peñali était surpris de voir son ambulancier le plus loyal ici. Quand ils se voyaient au bar, Casey était bien plus souvent en tenue de travail, et Chris avait toujours au moins une partie de son corps en sang. Sinon, ils se voyaient parfois sur des tournages, ou directement chez Casey. Ouais, Chris, il se faisait pas chier. Combien de fois il avait pu toquer chez son cadet, histoire de se faire recoudre ici et là sans avoir ces histoires de paperasse et de dettes hospitalières ? Trop. Beaucoup trop.

« Eh, je sais me tenir quand même. » Plaisanta Christopher. Mais fallait croire que l’idée de croiser Chris sans histoire de blessure restait tout aussi stupéfiant pour le Coréen. Il attrapa le verre, fronçant ses sourcils en tentant d’inspecter son contenu. Mais il avait pas l’oeil, Chris, il avait surtout le goût. Alors il le porta rapidement à ses lèvres, sans poser la moindre question. « Mais si tu me fais ce genre de cadeaux quand je suis sage, alors je crois que je vais vraiment commencer à me tenir à carreaux. » C’était un large sourire qui bordait ses lèvres maintenant. « Qu’est-ce que tu fous là ? Tu pré-shot, maintenant ? Tu t’assures d’être au bon endroit au bon moment pour me secourir, comme si j’étais une vraie demoiselle en détresse ? » Ou tu pourrais dire merci pour le verre, aussi, Chris, non ? Non, le geste était tout simplement naturel pour lui. Casey n’était pas le genre de personne avec qui il faisait des chichis. Puis il avait d’autres manières de remercier que de directement dire merci, Chris. Les actes avant la parole. « Tu veux quoi ? » Demanda-t-il finalement, sortant son portefeuille de sa poche. Il s’était tout simplement dit que Casey n’aimait pas ce qu’il avait commandé et qu’il s’était débarrassé de son verre, et ça semblait plus que normal à Chris de lui payer le suivant. Un simple échange, au final, c’était ça son remerciement.

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T'étais lâche. T'avais pas le courage collé à la peau comme certains avaient tendance à le croire. T'étais lâche. Le courage ne te regardait même pas et toi non plus, tu ne cherchais pas à le rencontrer. T'étais lâche, tu fuyais, tu te cachais. Dès que tu le pouvais, tu te mettais dans un petit trou pour te faire oublier. Tu te mettais dans le coin pour qu'on ne te voit plus. T'étais lâche. Parce que tu mentais, Casey. Parce que t'arrivais pas à avouer tes véritables sentiments. Tu les connaissais sans vraiment apprendre à les reconnaître. Tu savais ce que c'était le soulagement quand tu le ressentais mais t'osais pas montrer qu'il était. T'osais pas dire qu'il était là, sous ta peau, dans ton cœur. Pour qui passerais-tu ? Pour quoi, surtout ? Un monstre, non ? Il n'y avait qu'un monstre pour être soulagé de ne plus avoir quelqu'un à ses côtés, pour se sentir libre. Tu pouvais respirer depuis qu'elle n'était plus là... pourquoi avais-tu encore l'impression d'étouffer parfois ? Pourquoi avais-tu encore la sensation qu'elle était là, dans ton dos, à surveiller ce que tu faisais, à écouter ce que tu disais et à te réprimander. Pourquoi entendais-tu encore sa voix qui t'appelais ? Pourquoi voyais-tu encore son regard méprisant posé sur toi ? Pourquoi en rêvais-tu ? T'étais lâche. Parce que t'évitais de répondre à ces questions. T'étais lâche pour avoir toujours fui tout ce qui pourrait t'aider. Les thérapies, les médecins... t'avais tourné le dos à chaque main tendue. Pourquoi ? Parce qu'on ne voulait pas t'aider pour les maux qui te bouffaient vraiment. On voulait t'aider parce que t'avais perdu ta petite-amie et c'était presque triste de dire que t'étais passé au-dessus de ça. Presque, parce que parfois, elle te manquait Maddie – parfois, seulement.

T'étais lâche pour avoir fui ces gens ce soir, pour t'être glissé là comme si de rien n'était. Un rire roula doucement dans ta gorge aux mots de Christopher, ton sourcil se haussant dans une petite moue sceptique. Ton regard brillait de malice, montrant bien que tu plaisantais, que tu le taquinais juste. « Comme c'est étonnant », commentas-tu dans un autre rire en secouant le visage. « Tiens-toi sage plus souvent alors », tu fronças à peine les sourcils avant de sourire. « Je me baladais », répondis-tu maladroitement dans une petite grimace, le nez plissé. « C'est ça », un son amusé dans la gorge, tu ris à nouveau. « Tu sais ce qu'on dit : vaut mieux prévenir que guérir », et t'appliquais ce dicton à la lettre en étant là ? Oui. Enfin t'arriverais pas à l'empêcher de se faire mal mais tu pouvais éviter que ce soit trop grave au moins. « Oh non t'en fais pas », tu agitas la main avant de lui faire baisser son portefeuille. T'étais pas venu le voir pour ça. « Ca va », tu souris, agitant une nouvelle fois ta main. « L'alcool ne me réussit pas. Donc un verre d'eau ça suffit », avouas-tu dans une petite frimousse gênée. Tu serais cuit au bout de deux verres et tu ne savais ce que tu pourrais faire au bout du troisième. Tu préférais pas tenter. La dernière fois que tu l'avais fait... eh bien c'était encore le trou noir aujourd'hui, t'avais tout oublié. Tu jetas un regard vers la foule, te pinçant les lèvres en déglutissant doucement avant de passer une main sur ta nuque comme pour te débarrasser de certains regards. « Tu es venu tout seul d'ailleurs ? », tu penchas le visage, la question ne t'étant pas venue à l'esprit avant. Tu voulais pas déranger s'il avait prévu de passer du temps avec des ami.e.s mais t'avais encore repéré personne. Tes pupilles voyagèrent rapidement autour de lui. « Parce qu'au final je sais pas si je te dérange ou pas », tu ris quelque peu. « Tu bosses demain ? », tes iris se posèrent sur lui, le coin de tes lèvres finement haussé, taquin. « Je suis de repos alors fais attention à pas te faire, je pourrais pas venir », tu plissas le nez, amusé. « Mais je peux te donner quelques pansements en avance si jamais », tu précisais pas que ceux que tu avais dans ton portefeuille étaient à l'effigie des Princesses Disney et de la Pat' Patrouille – les joies d'avoir un neveu et une nièce.

Better days

Christopher & Casey

Ils étaient si différents, que le fait qu’ils s’entendent bien en était presque absurde. Mais la vérité, c’était que, de ce qu’il en savait, de ce qu’il en pensait, personne ne pouvait ne pas s’entendre avec Casey. Il l’avait toujours vu aimable, prévenant, sincère… Le genre de personne qu’on pouvait comprendre en à peine un regard. Ouais, s’il entendait un jour dire du mal de Casey (ce qui l’étonnerait tout de même), il lui faudrait sûrement pas longtemps avant d’aller chercher les emmerdes à la personne exécrable dont la langue ne faisait que répandre du venin en vain.

Les sourcils légèrement froncés, Christopher rangea alors son portefeuille. Il devrait sûrement se sentir coupable de boire dans le verre de son ami, gratuitement, de profiter de lui une énième fois, mais en même temps, s’il ne voulait rien, il ne pouvait pas le forcer. Pourtant, il lui prenait déjà trop, à Casey. Trop de son temps, trop de sa gentillesse. Il avait pas le droit de continuer à taper à sa porte au moindre saignement, qu’il soit une heure, trois heures, cinq heures du matin. Il avait pas le droit d’en plus profiter de son argent, maintenant. Alors il s’écrivit une note mentale « offrir un quelque chose à Casey ». Mais Christopher, il avait pas de mémoire, alors cette note, si elle était là pour l’instant, c’était pas sûr qu’elle reste. Surtout s’il commençait à boire. Ouais, surtout s’il commençait à boire.

« Yep, tout seul. » Assura-t-il au brun dans un léger hochement de tête. Ca paraissait déprimant ? « Quand t’es un habitué, tu retrouves des gens au hasard sans avoir besoin de te prévoir le truc. La preuve, t’es bien là, toi, non ? Donc j’suis pas si tout seul que ça. » Un léger rire caché dans un sourire en coin, et Chris reprit une gorgée de ce verre offert. Oui, il en était arrivé à un stade où il sortait sans savoir ce que la nuit allait lui réserver : d’anciennes connaissances, de bons amis, de nouvelles têtes ? Des amours, des gueules de cons ? Il s’ennuyait jamais. Fallait dire qu’il était pas du genre à se mettre en retrait, alors si personne ne venait à lui, c’était lui qui venait aux autres.

« Libre comme l’air ! » Claqua-t-il son verre contre la table un peu trop fort, dans un sourire satisfait. « Faut croire que nos emplois du temps se correspondent. Tu crois qu’ils ont fait exprès parce qu’on est un duo maudit ou que c’est juste ce qu’on appelle le destin ? » Un léger rire, encore, et Chris appuya son coude contre le bar, posant sa tête sur poignet, entièrement tourné vers Casey qu’il ne quittait pas des yeux. « Ou alors tous les autres ont décidé de m’abandonner. » Il plissa son nez à l’idée. Des ambulanciers, des pompiers, des médecins, Chris, il en connaissait plein. Mais c’était vrai que celui qu’il croisait le plus, c’était le jeune Yoon. « Tu m’le dirais, quand même, si tu savais un truc, hein ? » Petite moue au visage, il rigolait. Même si jamais ça parlait mal de lui dans le corps médical, il s’en foutait. C’était pas sa faute, s’il se blessait tout le temps. Si ? Hum, parfois, quand même.

Chris passa finalement sa main sur l’épaule de l’ambulancier, une mine amusée accrochée au visage et le nez plissé à cause d’un sourire grandissant. « Tu sais quoi ? Qui sait ce que la nuit nous réserve, hein ? Si ça se trouve, je vais bien être content de les avoir, tes pansements. »

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Tu préférais passer ton temps avec Christopher qu'avec ces autres qui avaient fait partis de ta vie. Pour toi il n'avait plus leur place près de toi, plus vraiment. Mais tu n'arrivais pas à leur dire, pas à leur faire comprendre – tu ne voulais plus. Tu ne pouvais plus. Ils faisaient partis de ce passé que tu ne pourrais jamais oublier mais que tu disais ne plus te souvenir. Ils étaient des piqûres de rappel, ces images de ta mémoire qui revenaient et qui te faisaient plonger. Ils te faisaient trop penser à ta vie d'avant, comme si tu devais regretter que Maddie ne soit plus là alors que tu te sentais plus vivant depuis qu'elle était partie. Tu ne pouvais pas le dire. Tu ne pourrais jamais le dire. Mais eux ne se retenaient jamais de dire qu'ils étaient désolés, de supposer que ça devait être dur pour toi sans elle. Tu ne savais jamais ce que tu devais en comprendre, ce que tu devais en conclure. Une petite voix te disait toujours que tu devrais leur dire. Que tu n'étais pas désolé, que tu n'étais pas triste mais que t'étais pas heureux pour autant non plus. Une petite voix te suppliait parfois de tout avouer, de te délester de tout ce poids qui te bouffait. Mais tu l'écoutais jamais cette petite voix et la tienne restait toujours bloquée au fond de ta gorge. T'avais trop peur de tout dire et d'être pointé du doigt comme un monstre.

Un petit hochement de tête et tu lui offris un simple sourire avant d'incliner le visage dans un rire discret. « La preuve je suis là », tu plissas le nez, amusé. Il n'avait pas tort, dans le fond. Il n'était pas seul, t'étais là – et t'étais pas seul non plus, il était là. Ca avait un côté rassurant, non ? Tu sursautas au son de son verre qui cognait contre la table, lui jetant un regard surpris. Tu cligna des paupières, penaud, avant de rire une nouvelle fois. « Ca doit être un mélange ? Nos emplois du temps correspondent. On est un duo maudit et le destin s'en mêle parce qu'il s'en mêle toujours », que tu prononças, le regard pétillant tombant sur lui, l'amusement visible sur le visage. « Pourquoi ils t'abandonneraient ? », tu penchas le visage, le sourcil haussé. Ca ne faisait pas vraiment parti du métier d'abandonner des patients, qu'ils se blessent souvent ou non. « C'est noter métier, on n'abandonne personne », tu souris doucement, une sorte de promesse muette contre la bouche. Tu ne partiras pas, en tout cas. Tu ne pouvais savoir de quoi demain était fait mais tu savais que tu allais continuer à prendre soin des autres jusqu'à ce que t'en crèves. « Je te le dirai », dis-tu doucement, un son amusé dans la gorge. Tu n'avais rien entendu jusqu'à présent.

Tu l'observas, le sourcil finement levé, le sourire discret aux lèvres. « Si ça se trouve... tu en auras besoin », soufflas-tu dans un rire, fouillant dans ton portefeuille pour en sortir quelques pansements. Tu les déposas devant lui, les séparant quelque peu pour mieux lui montrer chaque dessin et chaque couleur. « Tu serais tellement classe avec Elsa sur le nez », que tu dis en pointant son nez, te mordant la lèvre pour retenir ton rire. Tu retrouvas le silence ensuite, te contentant de l'observer, amusé mais aussi un peu inquiet. « Tu ne comptes pas te blesser quand même... ? », demandas-tu, soucieux. Même si en soit il ne pouvait pas le prévoir. « Je vais rester avec toi pour m'assurer que tu ne te blesses pas », tu lui tapotas doucement l'épaule dans un rire. Tu devrais peut-être songer à lui acheter un casque, des genouillères... « Ma nièce a un casque pour le vélo qu'elle n'utilise plus. Je peux te le ramener si tu veux », proposas-tu en toute innocence, le regard pétillant, la moue amusée.

Better days

Christopher & @Casey Yoon

Christopher sourit quand Casey lui répéta ses propres mots. Il avait sûrement bien moins l’habitude de sortir que lui, la preuve étant que Chris, qui sortait presque tous les soirs, n’avait encore jamais croisé sa chevelure blonde auparavant (ou alors, il s’en souvenait vraiment pas). Puis il y avait ce trucs dans le caractère de Casey, ce côté timide, un peu plus mis en retrait, qui lui faisait dire que, non, il était pas forcément à sa place dans un bar. Son excuse de « j’me baladais », Chris, il était pas sûr de pouvoir y croire. Parce que l’ambulancier, il l’imaginait se balader au bord de mer, ou dans un parc. Quelque part d’un peu plus doux et romantique. Pas dans un bar. Ca correspondait pas avec ce qu’il connaissait de lui, en tout cas. Mais il releva pas. Casey ne lui devait rien, et s’il avait envie de partir, de toute manière, il était libre de le faire.

Et quand il parle de destin, Chris, il plisse le nez. Parce qu’il sait pas trop s’il croit à ce genre de trucs, mais, en même temps, pourquoi pas ? Il croyait au destin quand il pensait au fait qu’il avait atterri chez les Peñali, mais il croyait pas au destin quand il se rappelait la mort de son père. Il croyait au destin quand il recroisait un ex, mais il croyait plus au destin une fois bêtise faite. Il croyait au destin quand ça l’arrangeait, quand il pouvait trouver une véritable raison derrière, quand ça pouvait l’aider à comprendre les choses et à tenir le beau rôle. Sinon, sinon il croyait pas au destin. Il passa sa langue sur ses lèvres, Chris. Parce que du coup, Casey, il lui foutait ces idées de destin dans la tête. Il avait sûrement dit ça comme ça, juste histoire de plaisanter, mais Chris il avait toujours eu le cerveau qui tournait à l’envers. Casey rimait-il avec destin ? Non, du moins, pas maintenant, il croyait pas. Il laissa ça de côté. C’était ancré dans son cerveau, maintenant, mais y’avait aucun intérêt à continuer sur cette voie là. Il allait juste se répéter, Chris, que son ami plaisantait, qu’il y avait pas e message caché, que c’était pas l’univers qui lui foutait cette phrase dans la gueule.
« Oh, je suis sûr que vous avez des patients que vous aimez moins que d’autres, dans vos habitués. » Qu’il haussa ses épaules. Chris, il était pas forcément sympa avec tout le monde. Il était pas patient, il avait le sang chaud, alors ouais, forcément, parfois, ça passait pas avec tout le monde. Ca l’étonnerait pas que quelqu’un refuse de le prendre en charge, juste parce que parfois il jouait un peu trop au con. Mais il lui semblait pas déjà avoir été exécrable avec Casey. En même temps, il était trop gentil pour ça. Il le méritait pas, Chris, son ambulancier.

Chris, y’avait une chance sur deux qu’il ait besoin de pansements d’ici la fin de la soirée. Et même pas forcément parce qu’il se battrait (encore), mais aussi parce qu’il faisait jamais attention à rien. Il était pas attentif, et du coup maladroit. C’était même pas sa faute pour le coup, c’était son hyperactivité qui parlait. Il avait tellement de mal à se concentrer parfois, qu’il en oubliait tout ce qui l’entourait. Combien de verres avait-il cassé, dans ce même foutu bar ? Combien de fois s’était-il retrouvé avec une coupure dont il connaissait même pas la source, ou un bleu ?
Il rit. Il arborerait fièrement un pansement disney, parce que c’était drôle, parce que c’était inattendu. Le casque de vélo de sa nièce, un peu moins. « Tu veux te débarrasser de moi, Casey ? » Qu’il plaisanta. Bah, oui, s’il lui donnait le matos nécessaire pour ne plus se blesser, c’était bye bye les ambulances. « Tu veux quand même pas briser mon coeur, tu veux ? » Forcément, il plaisantait. Mais si ça venait à devenir vrai un jour, Chris, il plaisanterait moins. Parce qu’il comptait énormément sur son ami mine de rien. Bah, ouais. Il avait beau aller soigner quelques unes de ses plaies chez son frère Nathan, la plupart du temps, c’était quand même chez Casey qu’il sonnait. Sûrement parce qu’il savait qu’il pouvait compter sur lui pour le soigner ET ne pas lui faire de remarques. Et ça, Nathan, dans son rôle de grand frère, il en était pas tout le temps capable.

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T'étais là, oui, mais qu'est-ce que tu faisais ici finalement ? T'avais pas vraiment prévu de passer ton temps dans un endroit comme celui-là. T'avais juste voulu te balader, profiter du calme, du paysage, de l'air frais. Tu voulais juste quitter l'air lourd de ton appartement – ou plutôt tes pensées sombres qui rendaient le silence bruyant et l'air brûlant. Tu voulais t'éloigner de tout ça en te dégourdissant les jambes. Alors... qu'est-ce que tu faisais là ? Pourquoi t'avais pas eu assez de courage pour dire que tu préférais rester dehors ? Pourquoi t'avais pas eu assez de cran pour t'excuser, dire non, et continuer ta balade comme si de rien n'était ? Pourquoi tu les avais suivis pour finalement les délaisser dès que l'occasion s'était présentée ? Tu t'en voulais un peu d'avoir vu en Christopher une excuse pour t'éloigner. T'étais cependant rassuré de le voir. T'étais rassuré de pouvoir discuter avec lui, d'oublier ces personnes, ces pensées, ces démons. Tu les ferais pas partir mais tu pouvais les écarter un peu. Le temps de rester là et de discuter avec lui. Tu te laisserais bouffer plus tard par les souvenirs, les questions, la culpabilité et tout ces bêtises qui te rongeaient le cœur.
Oui, t'étais là, mais qu'est-ce que tu faisais ici Casey ? Tu errais. Tu te baladais pas. Tu fuyais. Tu te baladais pas. T'étais qu'un lâche, Casey. Tu l'avais toujours été. Dans ton malheur t'avais été chanceux de tomber sur Christopher ce soir.

Poussant un peu tes lèvres en avant, tu eus une moue songeuse, secouant quelque peu le visage de gauche à droite. « Je sais pas si ça fait parti des règles de faire du favoritisme », peu importait qui, quoi, comment : il fallait sauver tout le monde. Même le type odieux qui ne faisait qu'insulter tout le monde, même cette femme qui refusait les soins. Tout le monde, sans exceptions. Fallait dire que t'étais le genre à courir pour aller soigner ton propre ennemi. Quitte à te retrouver blessé. T'irais sauver n'importe qui, n'importe où, sans hésiter. Parce que tout le monde méritait d'être sauvé. Parce que tu voulais aider tout le monde – parce que tu voulais te sauver, aussi. Sauver ton âme, pardonner tes pêchés, tes mauvaises pensées. Personne savait que t'étais un monstre. « Tu ne mords pas, c'est un bon très point », tu ris quelque peu – mais en même temps.. c'était pas faux. On t'avait déjà mordu. « Si ça peut te rassurer, t'es pas le pire. Et si on peut jouer aux favoris, t'es un de mes préférés », chuchotas-tu, comme si tu articulais un secret, l'esquisse amusée, complice, l'air insouciant.

Et même s'il était un de tes favori tu préférais qu'il reste entier ce soir. Tu le soignerais s'il en avait besoin mais ça te soulagerait de savoir que non. « Pourquoi je voudrais me débarrasser de toi ? », demandas-tu, le regard vers lui. Tu clignas des paupières à ses mots suivants, penaud avant de rire doucement. « J'essaie de toujours faire en sorte qu'il batte, ton cœur », soulignas-tu dans un sourire. Même si ce n'était pas le cœur qui était blessé quand il venait te voir, certes. Tu disais surtout ça pour l'image et le côté médical de la chose. Mais aussi... « C'est ce que font les amis non ? », tu gardas un sourire fin aux lèvres. T'avais dit ça mais en vrai, t'en savais rien. Tu savais pas s'il te considérait comme un ami ou juste le type chez qui aller quand il avait besoin de soins. Ton esquisse disparut petit à petit, ton regard se décalant pour fixer le vide. Qui voudrait être ton ami, Casey ? Que Maddie t'avait souvent répété. T'avais plus de défauts que de qualités. Qui voudrait être l'ami d'un monstre comme toi, Casey ? Tu te raclas quelque peu la gorge, ton index tapotant le bar. « Attention... Elsa n'attend que toi », c'était une façon indirecte de dire qu'il devait faire attention à lui mais aussi une manière de dire que tu serais là, si jamais. Mais aussi un moyen de changer de sujet. « C'était quoi le programme de la soirée avant que j'arrive ? », rester ici, passer le temps, rentrer ? « Tu veux rester ici ? Enfin on peut rester ici.. ou on peut aller marcher ? », tentas-tu dans une fine esquisse. « C'est bon pour le cœur », tu lui offris un clin d’œil, amusé. Tu voulais quitter ce bar, en fait. Parce que, vraiment, qu'est-ce que tu faisais là ? – mais si Christopher voulait rester, tu resterais probablement avec lui.

Better days

Christopher & @Casey Yoon

Chris rit doucement. Non, le favoritisme ne faisait jamais parti des règles, nulle part, pas même dans ces entreprises qui élisaient l’employé du mois (c’était pas du favoritisme, que de l’élitisme), et pourtant, pourtant tout le monde avait ses chouchous. Ca se ressentait en classe, par exemple, quand c’était toujours les mêmes qui étaient interrogés, quand c’était toujours les mêmes qu’on laissait tranquilles après une connerie. Pour les plus malchanceux ça se ressentait à la maison aussi, avec les frères et sœurs, souvent on voyait le dernier être le petit favori, on lui accordait plus de choses. Chris, lui, il s’était senti chouchou, mais qu’un temps, à la maison. Parce que c’était le pauvre petit adopté, parce qu’on voulait tout faire pour qu’il se sente bien, alors toute l’attention avait été portée sur lui pendant des mois et des mois. Il avait trop vécu le mal du vilain petit canard, fallait bien faire des efforts pour lui. Mais c’était pas resté longtemps, mama, elle faisait pas de distinction entre ses enfants. Et heureusement.
Chris, lui, il en faisait, du favoritisme. Il aimait pas se casser le cul avec les gens qu’il appréciait pas forcément, donc ça devait jouer. Casey, par exemple, c’était un de ses chouchous. Son chouchou ambulancier, il s’entendait pas forcément aussi bien avec les autres, ou alors y’avait un truc en moins. La pureté peut-être. La naïveté, la douceur ? Ok, y’avait trop de raisons pour lesquelles Chris préférait se faire soigner par lui, à tel point qu’il en arrivait parfois à aller sonner à sa porte directement.
« Quoi ? » S’écria-t-il presque, faussement offusqué. « Seulement un des préférés, pas LE préféré ? » Il s’adossa contre le bar, les yeux plissés bien dirigés vers ceux de son ami, et les bras croisés. « J’vais me vexer mon chou. » Mais il rit vite. Il espérait bien que Casey comprenait qu’il plaisantait de toute manière. Il savait, Chris, qu’il pouvait être chiant. Donc, ouais, il s’attendait jamais à être le chouchou, faisait même presque tout pour ne pas l’être parfois, histoire de s’attendre à rien, de pas être déçu. Y’avait qu’avec son grand frère qu’il attendait une telle reconnaissance, en fait.

« C’est vrai que je serais bien mal en point sans toi. » Se rappela le cascadeur. Entre les os cassés et les plaies un peu trop profondes qui avaient laissé maintes cicatrices sur son corps que Casey devait connaître par coeur, juste professionnellement, il avait eu de la chance de tomber sur ce mec en or, qui lui sauvait la vie à chaque fois. A chaque accident, à chaque connerie.
« Non, non non, t’inquiète, on peut y aller. » Qu’il assura directement, Chris. Il ressentait bien dans les mots de son ami qu’il était pas vraiment venu là dans le but de venir passer la meilleures des soirées, qu’il avait surtout envie de partir, puis ça lui faisait plaisir, au blond, qu’il veuille s’en aller avec lui, qu’il l’abandonne pas juste là. « Tu prends toujours si soin de mon coeur, Casey. » Qu’il continua dans un sourire en coin, un air de malice collé au visage. Chris, inconsciemment, il laissa le bout de son index venir s’appuyer sur le nez de l’ambulancier, rien qu’une seconde, avant de se tourner pour récupérer son verre, le finir d’une traite, et emboîter le pas. Un coup de tête vers la porte pour prévenir Casey qu’ils partaient, et les voilà bientôt dehors.

Chris, les mains dans les poches, il était moins excité. Il était plus dans l’ambiance des bars, il marchait juste tranquillement, alors il se sentait tout simplement plus reposé. « Alors, tu faisais quoi dans ce bar, pour autant vouloir t’en échapper ? » Demanda-t-il alors qu’il avait cru déceler quelque chose là-dessous. Restait à voir si Casey, maintenant qu’il était loin du lieu, voulait bien en parler.

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Etais-tu le favori de quelqu'un ? Pour les personnes que tu soignais, ta famille, tes ami.e.s... étais-tu le favori pour quelqu'un ? Quelqu'un avait-il un jour fait preuve de favoritisme pour toi ? T'en savais rien. Une partie de toi voulait répondre que non, que la vie elle-même n'avait pas décidé de te choisir. Mais ça ferait de toi quelqu'un de dramatique, d'égoïste. On vivait pire que toi. T'avais pas de quoi te plaindre, aujourd'hui t'en étais physiquement libre de tout ça, de Maddie. T'étais encore enchaîné à tes démons mais c'était dans ta tête, pas vrai ? C'était dans ton cœur, n'est-ce pas ? C'était dans le regard des autres, dans leurs mots. Quand on te parlait d'elle comme d'un ange tombé trop tôt. Quand on la comparait à un chérubin qui manquait trop à ce monde. Toi t'avais toujours vu qu'un monstre... à tel point que tu croyais n'avoir vu que ton reflet. Ne disait-on pas qu'il fallait être un monstre pour en reconnaître un ? Cela voulait en dire beaucoup sur toi. Non ? Tu lui offris un air innocent, haussant les épaules, dans un sourire mutin. Un rire discret vint rouler dans ta gorge alors que tu plissais le nez, amusé. Ce n'était pas un titre de noblesse d'être ton favori. Ca valait rien. Non ? Mais tu savais qu'il plaisantait. « Un de mes préférés », répétas-tu doucement dans une moue contentée. « J'ai des patients adorables, je peux pas choisir », rajoutas-tu, le rire chantant encore dans le fond de ta gorge, les prunelles vers lui dans une brillance naïve et joviale.

« Ca me donne l'impression d'être indispensable », soufflas-tu, une esquisse amusée aux lèvres bien que les mots pesaient dans ton cœur. Si t'étais pas là ça changerait rien. Il pourrait aller voir quelqu'un d'autre. T'étais pas indispensable comme type. Que ce soit ici ou ailleurs. Que ce soit chez toi ou au boulot. Tu ne te voyais pas être important pour les autres ou la société. Si tu n'étais pas là, une autre personne le serait à ta place. « Mais avec plaisir », ajoutas-tu dans un petit mouvement du visage.
Petit mouvement du visage que tu réitéras ensuite, laissant simplement un sourire planer sur tes lèvres pour répondre. T'espérais qu'il ne se force pas à quitter l'endroit juste pour toi. Tu l'aurais pas mal pris s'il préférait rester. Après tout t'étais peut-être pas la meilleure compagnie. Tu clignas des paupières à ses mots, l'observant sans rien dire avant de laisser un rire léger s'échapper de ta gorge. « Et je continuerai à en prendre soin », promis-tu sans vraiment le faire, tapotant son épaule comme pour sceller la promesse. Tu louchas brièvement, plissant le nez pour le faire bouger avant de lui envoyer un regard crédule. D'habitude on te pinçait les joues – ça changeait. Tu le laissas terminer son verre, le suivant en silence, jetant un dernier regard derrière toi. Tu émis un léger son gêné suivit d'un rire sur le même ton. Ca se voyait tant que ça que tu fuyais quelque chose ? Pouvais-tu dire que tu cherchais à te fuir toi-même, parfois ? Tu t'humectas les lèvres, nerveux, laissant le silence buter contre tes lèvres. « J'avais pas prévu d'y entrer », avouas-tu dans un léger rire vide. « J'ai juste... suivi », tes épaules bougèrent quelque peu, un soupir s'écrasant contre ta bouche. « Les personnes avec qui je suis rentré... ce sont des ami.e.s de mon ex et... », tu te sentais redevable. Coupable. T'avais pas pu dire non. Christopher ne connaissait pas Maddie – à ta connaissance. Il ne savait pas ce qu'il lui était arrivé. Normalement. Tu supposais que t'avais pas besoin d'en dire plus pour qu'il puisse comprendre. « Je suis mieux en compagnie d'un de mes patients préférés », tu lui lanças un bref regard, l'esquisse finement taquine pour faire comme si le fait d'avoir croisé ces personnes ne te faisait rien – alors que ton regard montrait à quel point t'en étais encore perturbé. « Ca fait du bien non ? De marcher », tu levas le regard vers le ciel. Ca te permettait de te perdre dans tes pensées d'une manière différente de d'habitude. Ca t'aidait à réfléchir, de marcher. « Tu me dis si tu veux faire une pause », oui tu faisais référence à son âge, le coin de tes lèvres se levant dans un sourire discrètement malicieux en témoignait. Mais ta moue innocente.

Better days

Christopher & @Casey Yoon

Christopher ne put que rire, levant ses yeux au ciel. Il se fichait bien d'être le préfère de Casey, le par excellence. Tant qu'il était dans ses bonnes grâces, c'était tout ce qui importait. Puis fallait avouer qu'il le savait déjà, Chris. Qui se ferait chier à répondre à n'importe quelle heure de la nuit à quelqu'un qu'il n'aimait pas ? Qui lui ouvrirait sa porte, lui offrirait tous ces soins, produits et conseils comme Casey pouvait déjà si bien le faire pour Penali ? Personne. Alors ouais, ouais Casey était bien l'ambulancier préféré de Chris, mais ça semblait normal qu'il ne soit lui pas forcément le numéro un dans le coeur du soignant. Attachant mais trop contraignant. Gentil mais trop tête brûlée. Puis il lui donnait beaucoup trop de travail, fallait pas mentir à ce sujet ou se voiler la face. "Ok, va pour un des préférés alors." Lâcha-t-il finalement le sujet en baissant les armes.

Le pas emboîte après de doux mots partagés, Chris se montrait un peu plus doux qu'il en avait sûrement l'habitude, s'inquiétant pour Casey qui n'avait pas semblé très à l'aise dans ce lieu. Fallait croire que les rôles étaient inversés, ce soir là. C'était le Penali qui prenait soin du Yoon. M'enfin, prendre soin de lui… aussi bien (ou mal, au choix), qu'il le pouvait. Parce que Chris il était pas vraiment doué pour les grandes discussions ou pour l'empathie. Il en avait manqué un peu toute sa vie en réalité, y'avait qu'avec sa famille que ça s'enclenchait réellement, ou avec Lucy qu'il avait vue souffrir pendant des mois et des mois alors qu'il était un poil trop accroché à elle. Avec Casey, ça allait être une grande première. Mais qui ne tente rien n'a rien, après tout.
"Ouuuh." La mention d'une ex fit directement froncer les sourcils à l'aîné. Il était bien placé pour savoir que c'était compliqué, ces histoires d'ex, d'amis qui ne l'étaient plus mais avec qui on se forçait à faire semblant pour on savait même pas tellement quelle raison, au final. Juste une ribambelle d'hypocrites, parfois un peu trop curieux et à la recherche de réponses qui ne les concernaient pas à répéter à qui voudrait bien les entendre. Il connaissait un peu ça, Chris. Avec toutes les personnes qu'il avait fait souffrir, il était forcément passé par ce genre d'épisodes. Et encore, il en avait manqué les pires puisque les choses n'avaient jamais été concrétisées officiellement avec Silas. Aux yeux du monde, deux meilleurs amis. Alors quand ils finissaient par ne plus se parler, quelques questions venaient, mais jamais rien de trop indiscret. C'était déjà ça. Il était prêt à répondre mais sentit bien que Casey voulait détourner le sujet, comme s'il s'était expliqué par principe, mais qu'il n'avait pas tellement envie d'en parler. Christopher lui donna un coup d'épaule. "Faut pas te forcer à voir des gens que tu veux pas voir." Fin du conseil, il savait pas quoi dire d'autre. Et de toute façon, ce conseil, il l'avait déjà appliqué, Casey. Sinon il aurait pas demandé à Chris de le sauver, de l'emmener loin du bar, de se balader histoire de penser à autre chose. Donc bref, il servait pas à grand chose sur ce coup.

"Une pause ?!" Qu'il s'offusqua dans un rire. Nouveau coup d'épaule, un peu plus fort cette fois, pour pousser Casey après sa bêtise. "Non mais tu m'prends pour qui ? J'te prouve pas déjà assez que j'suis en forme ?" Ouais, parce que s'il était victime de sa trentaine bien entamée, Christopher, il ne pourrait pas faire ce qu'il faisait. Il pourrait pas se balancer de droite à gauche, tomber depuis des mètres et des mètres, sauter d'une moto en marche… il pourrait pas non plus se battre, plus comme avant en tout cas. Mais tout ça, tout ça c'était des choses qu'il arrêterait jamais de faire de toute manière, parce qu'il était vraiment bon qu'à ça, à faire le pitre et le cascadeur, et à prouver qu'il n'avait pas à être défini par son âge, aussi. "J'ai même pas encore 40 ans enfoiré. J'suis en plein dans ma jeunesse, j'suis plus vivant que jamais." C'était pas forcément vrai tout ça. Chris il avait de plus en plus de mal à se remettre de ses cuites, même s'il forcait toujours pour sortir s'en prendre une. "Tu verras à mon âge, toi. Vu comment tu me parles là, imagine seulement à quel point tu seras aigri après, va !"

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Une esquisse aux lèvres, tu hochas le visage, plutôt satisfait de la conclusion. Ca te perturberait de faire du favoritisme, d'avoir des personnes que tu préférais. Cela voulait-il dire que tu préférais en soigner certain.e.s et pas d'autres ? Non. Car tu aimais soigner tout le monde. Tu voulais soigner le monde. Si t'avais le choix de choisir un super-pouvoir, tu voudrais celui de la guérison. Toucher les autres pour leur retirer toutes plaies ou blessures, grandes ou petites. Tu voulais soigner tout le monde et t'irais même soigner ton pire ennemi. T'en avais pas mais tu le ferais. Tu irais soigner Maddie si elle était encore là, même si elle te ferait du mal la seconde d'après. Même si elle venait de t'en faire la seconde d'avant. Tu l'avais soignée à l'époque déjà. Pour des coupures, des brûlures. Tu l'avais toujours fait sans rechigner, sans même penser qu'elle le méritait. Sans la laisser avoir mal trop longtemps. T'étais pas comme ça.

Heureusement pour toi, vous quittiez l'endroit, et tu pouvais dire qu'ainsi, tu pouvais laisser Maddie derrière. En quelque sorte. Mais c'était pas le cas car elle vivait encore dans tes pensées, tes souvenirs, ta manière d'être et de parler. Elle était tout le temps là et elle le serait encore bien longtemps. Sa présence était cependant moins oppressante alors que tu étais dehors avec Christopher plutôt qu'à l'intérieur avec ses ami.e.s. Ces personnes que tu ne voudrais plus voir car tu ne voulais plus qu'on te rappelle ce passé qui faisait encore mal. Le coin de tes lèvres se haussa dans un sourire mal assuré, pas vraiment certain de savoir ce que tu devais exprimer à ce moment précis. « Si c'était aussi simple... », susurras-tu, le même sourire aux lèvres mais le regard embêté, perdu. Tu te laissais pas le choix, parfois. Tu te laissais entraîner, tout le monde. « Je... leur suis redevable ? », tentas-tu d'expliquer. Et tu ne savais pas si tu te justifiais auprès de Christopher ou auprès de ta propre conscience. Redevable était bien faible cependant. C'était plus que ça. La culpabilité te bouffait et c'était elle qui te faisait les suivre en silence sans chercher à riposter. C'était elle qui te faisait rester avec eux même quand tu voulais partir. Elle qui te faisait écouter alors que tu ne voulais plus rien entendre.

« Une pause », articulas-tu doucement, l'esquisse fine, tentant vraiment de laisser tout ça derrière toi et de profiter de l'air frais. Tu émis un léger son surpris, te décalant en clignant des paupières, levant un regard confus vers ton ami. T'avais pas prévu de voler ce soir. Tu te pinças les lèvres, penchant le visage, un son pensif dans la gorge alors que tu levais le regard, faisant mine de réfléchir. Tu ne pouvais cependant pas masquer l'étincelle malicieuse qui brillait dans tes pupilles. « Je m'inquiète pour toi, c'est tout », te justifias-tu en lui tapotant l'épaule, un rire léger ronronnant dans la voix. Rire qui devint plus bruyant à ses mots suivants. Rire que tu te forças à rendre plus discret. « En plein dans ta jeunesse », dis-tu en hochant le visage, comme si tu n'y croyais pas. Tu plissas le nez, bien trop amusé par ses mots. « Je verrais à ton âge », repris-tu lentement, le regard vers lui. Peut-être que t'allais même pas y arriver, à son âge. T'en savais rien. Tu savais pas de quoi demain était fait et t'avais presque cru y passer il y a deux ans. « Je compte sur toi pour être là et me rappeler que tu me l'avais dit », proposas-tu, amusé. « Mais sinon... si on court, t'auras aucun mal à me suivre ? A me rattraper ? A tenir sur la distance ? », tu te mis à marcher à reculons, le regard fixé sur lui, l'air taquin et l'esquisse malicieuse, les pupilles pétillant doucement. Il était en plein dans sa jeunesse après tout non ? « C'est bon pour le cœur, de courir », que tu expliquas dans un rire tandis que tu pivotais sur toi-même pour remarcher normalement. « On va rester sur la marche. C'est déjà bien », murmuras-tu, les pommettes levées par ton sourire alors que tu fixais la rue devant toi, gardant ton rire au fond de ta gorge. « Tu as toujours voulu devenir cascadeur ? C'est le goût du risque qui t'a attiré ? », demandas-tu, le regard vers lui.

Better days

Christopher & @Casey Yoon

Christopher ne pouvait clairement pas être d’accord avec Casey. Il leur était redevable ? A ces gens qu’il n’appréciait pas ? Non. Non, Chris, lui, il refusait de voir la vie comme ça. Sûrement parce qu’il était trop égoïste, trop égocentrique. Mais peu importait la raison, selon lui personne n’était redevable envers personne d’autre. La famille, ok, les amis encore, à la limite. Mais des personnes qui nous saoulaient ? Des personnes qu’on essayait de fuir ? Non. Non, non, et non.
Lui, il était redevable envers les Peñali, ok. Ils l’avaient sauvé de la misère, l’avaient recueillis quand sa propre mère l’avait abandonné pour Dieu seul savait quelle raison exactement. Il était redevable envers sa mama, son papa qu’il regrettait tant. Envers Nathan aussi, de bien des années son aîné, qui avait été celui qui l’avait mis le plus à l’aise, le plus en confiance. Il était redevable envers Valentina, et son autre frère qu’il voyait moins souvent, qui le considéraient comme un membre de sang de la famille, et pas comme un lien encré sur un stupide bout de papier. Il était redevable envers toutes ces personnes qui lui avaient offert la meilleure des vies, celles qui avaient fait qu’il avait survécu, celles qui l’avaient aidé et l’aidaient encore dès qu’il en avait besoin. Nathan qui écoutait toutes ses histoires et le dégageait de ses plus grosses galères, sa mama et sa sœur qui l’invitaient souvent à manger ou lui cuisinaient de bon repas à faire réchauffer puisqu’il était incapable de se servir d’une poêle… Il était reconnaissant envers eux pour tout ça. Mais Casey, Casey il avait pas à être reconnaissant envers des personnes qui ne faisaient pas de lui un homme meilleur, qui lui faisaient tourner des démons dans une danse angoissante dans sa tête.
« Ils sont personne, ces gens là. » Le contredit-il directement, sans connaître l’histoire. Il aurait pas vraiment changé d’avis en la connaissant, pour autant. Il l’aurait peut-être juste dit avec plus de colère dans sa voix, alors qu’il n’aurait jamais imaginé personne pouvant faire autant de mal à Casey, et lui subir sans rien dire, sans que personne ne se rende compte de rien.

Il pouvait que lever les yeux au ciel face à l’irrespect amusé dont jouait Yoon. Il semblait bizarrement aller mieux, et ça ne pouvait que renforcer les craintes fines que Christopher portait face à Casey et ces personnes envers lesquelles il se sentait redevable. Loin d’eux, il se sentait plus léger, plus libre. Il était plus souriant, plus drôle, comme si plus rien ne le retenait. C’était ainsi qu’il le connaissait, et ainsi qu’il voulait qu’il reste.
« Compte sur moi pour te dire que j’te l’avais dit, ouais ! » Non mais, pour qui se prenait-il ce gamin ? Mauvaise question, on pouvait dire pareil de Chris, qui pourtant lui approchait de la quarantaine. A l’âge de Casey, il était absolument intenable. La plupart de ses cicatrices provenaient de sa vingtaine, d’ailleurs. L’âge où on a l’impression qu’on ne peut pas mourir, qu’on est le roi du monde et que rien ne pourra nous atteindre, alors que dans un délicieux mélange on a l’impression de crever au moindre soucis. « Courir ? Tu veux courir ? Tu crois que moi je peux pas courir ? » Quand Casey se retourna pour lui faire face, marchant à reculons, Chris tendit ses bras pour arriver jusqu’aux épaules de son ami, avant de le pousser légèrement dans un rire qui ne quittait plus sa gorge. « J’suis plus sportif que toi, me défie jamais, sauf si tu veux perdre. » Garder la forme, c’était littéralement son métier. Christopher, ok, il s’entraînait moins qu’avant, buvait et fumait un peu plus, mais il aurait largement pu tenir face à Casey. Du moins, c’était ce qu’il se disait. Après tout, il connaissait pas les capacités du brun.
Revenus à une discussion plus sérieuse, Chris secoua sa tête. Il n’avait pas prévu de devenir cascadeur. Il n’y aurait même jamais songé, en réalité. « C’était un peu un coup de chance. J’suis tombé sur une affiche qui parlait de casting, pour un truc en moto, et j’me suis présenté sans rien y connaître. C’est passé, et j’suis jamais parti. » Il haussa ses épaules, un sourire aux lèvres plissées habillant son visage. Son métier, il faisait bien peur à sa mère qui avait toujours peur de perdre son fils. Il faisait sûrement aussi peur à Valentina, et Nathan, lui, aurait aussi aimé que son frangin vive une vie un peu plus calme. Mais Chris se plaisait bien ici, pour l’instant, alors pourquoi chercher ailleurs ? Il finirait sûrement par se faire virer ou par démissionner de toute manière, comme pour tous ses autres boulots. Quand il commençait à en avoir marre, il faisait jamais plus d’efforts. Seul l’avenir le dirait. « C’est amusant. C’est jamais la même chose, tu prends part à un truc énorme… Tu rencontres plein de gens, tu bosses en équipe, tu donnes ton avis, t’ajoutes ta touche perso… C’est cool. C’est pas mécanique, tu vois, c’est vraiment un truc que tu vis, que tu ressens. T’as une ligne qui te guide, mais tu fais quand même les choses à ta façon. Et l’temps d’un instant, t’es plus toi. Tu peux être n’importe qui. Un espion, un gros méchant, un flic, un malchanceux… C’est cool. » Il allait un peu loin dans ses explications, Peñali, non ? Son métier lui tenait sûrement plus à coeur que ce qu’il tendait à croire. « T’as déjà pensé faire autre chose de ta vie, toi ? »

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Tu leur devais tout et en même temps tu leur devais rien. C'était compliqué, même pour toi, alors réussir à mettre des mots là-dessus sans vraiment trop en dire... c'était encore plus complexe. Mais c'était ainsi que tu voyais les choses. Ainsi que tu te sentais face à eux. Misérable, coupable, répugnant. Comme si chaque souvenir d'elle qu'il partageait était juste là pour te faire du mal. C'était peut-être ta punition. Condamné à sentir ces fines pointes se loger dans ton palpitant à chaque fois qu'on prononçait son nom. Lançant un regard surpris vers Christopher, tu l'observas quelques instants. Ils étaient personne... C'était vrai. C'était faux. Ils avaient été une partie de ta vie. En quelque sorte. Ils ne l'étaient plus. C'était compliqué.

Tu préférais oublier la douleur, tout masquer derrière un sourire et beaucoup de taquinerie. Ils n'étaient pas là, t'avais pas à y penser. Tu pourras le faire plus tard. Une esquisse amusée se posa sur ta bouche alors que tu regardais droit devant toi alors que tu retenais ton rire. Tu lui jetas un simple regard et hochas le visage. T'attendrai, alors, qu'il vienne te le dire. Plus tard. « J'ai pas dit que je crois que tu peux pas courir », repris-tu. Tu l'avais sous-entendu, c'était différent. « Je m'inquiète juste de savoir si tu peux tenir sur une longue distance, c'est tout », tu disais pas qu'il savait pas courir... tu disais plutôt qu'il était pas sportif. C'était limite pire, en fait. Tu ris à ton tour alors qu'il cognait contre tes épaules, laissant ta tête basculer en arrière avant que tu retrouves ta place initiale. « Tout de suite les grands mots », que tu l'embêtas, le nez plissé et le regard brillant de malice. « Je demande à voir, un jour », prononças-tu en riant, ne pouvant t'en empêcher. « C'est vrai, je suis pas un grand sportif, je l'avoue », t'étais nul. Clairement... t'étais nul. « Mais j'ai fait de l'hapkido. Pendant neuf ans. Et j'ai toujours été bon à la course. Je cours vite en plus d'avoir une bonne endurance », t'étais doué pour fuir, en gros. Vite et loin et longtemps. Plutôt paradoxal quand on savait que t'avais même pas réussi à partir, à l'époque.

T'intéressant à son choix de carrière, tu glissas tes mains dans les poches de ton jean, observant la route devant vous puis Christopher, l'écoutant attentivement, comme s'il te racontait une histoire. Tu te retrouvas totalement intrigué, une fine esquisse naissant sur tes lèvres en le voyant parler avec autant d'intensité. Tu pouvais presque voir son regard pétiller. Tu susurras un simple « C'est cool la moto » dans un petit mouvement du visage avant de rester muet à nouveau, le laissant poursuivre sans l'interrompre. « J'aime bien ta façon d'en parler », dis-tu après qu'il ait terminé, « T'as l'air d'avoir ça dans la peau. Plus que ça, même. Dans les tripes », dans l'âme, aussi. « Tu vis plusieurs vies en vivant la tienne à fond », c'était une belle philosophie. Tu tournas tes prunelles vers lui et souris. « Ca te va bien, cascadeur. Et vu comment t'en parles, je te vois pas faire autre chose finalement. Tu aimes ce que tu fais, et c'est le plus important », admis-tu dans un rire léger, à peine audible. Tu n'étudias pas longtemps sa question, répondant directement. « Jamais » et tu secouas le visage. « J'arrive pas à m'imaginer faire autre chose. Je suis mon métier... Aussi bizarre que ça puisse sonner », tu ne voudrais changer pour rien au monde. « J'ai toujours voulu être utile aux autres. Rester derrière un bureau, c'est pas pour moi », tu haussas quelque peu les épaules. Tu servais à rien derrière un bureau. « Je suis pas le genre à avoir obligatoirement besoin d'être au centre de l'action. Mais j'ai besoin de me sentir utile et d'aider les autres. Ca a pas de sens, sinon », peut-être que t'étais trop gentil. Ou pas. Par contre t'étais carrément trop altruiste. Tu pensais plus aux autres qu'à toi. Ils étaient ta priorité alors que toi, ta propre personne, t'arrivais en dernier. T'étais le genre à enchaîner les gardes, et tant pis si t'étais fatigué. Tu vivais ton métier – tu étais ton métier, comme tu l'avais dit. Tu ris quelque peu, tentant de masquer la gêne qui réchauffait doucement tes joues. C'était l'une des premières fois que tu parlais ainsi de ton métier. L'une des premières que tu t'ouvrais autant à ce sujet. Tu pensais que faire du bien aux autres te faisait bien. Mais tu te trompais. Tu te mentais à toi-même... hors t'étais si bien dans ce déni que tu refusais d'en sortir. Tes blessures n'avaient jamais guéri, pourtant tu continuais de guérir celles des autres. « Désolé ça doit être un peu... bizarre ? », que tu dis dans une petite grimace embarrassée. Tu te mordis distraitement la lèvre, gardant le silence, continuant d'avancer.

Tu te raclas la gorge après quelques instants, tentant de faire partir cette gêne que tu sentais courir sur ta nuque. « Sinon... », repris-tu, lui lançant un regard en coin, signe que t'allais probablement sortir une bêtise. Encore. T'étais motivé ce soir. « Si on l'organisait ? Cette petite course. Je te laisse choisir la date et l'heure. Honneur au plus âgé », tu plissas le nez, grandement amusé, retenant ton rire, tes iris pétillant de malice posées sur lui. « Ca te laissera le temps de t'entraîner comme ça », sale môme.

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Christopher & @Casey Yoon

« T’es qu’un sacré p’tit con. » Qu’il ricana, le blond, alors qu’il remettait en doute les capacités sportives de son ami. Il approchait doucement de la quarantaine, Chris, alors ouais, il avait perdu en musculature, en endurance, même rien qu’en motivation. Mais il tenait la route. Il était forcé de tenir la route, de toute manière, car il pouvait pas se permettre de perdre ce taf. C’était une occasion en or. Ca lui allait comme un gant, ça reprenait tout ce qu’il aimait, et en plus, bonus, c’était archi bien payé. Il avait jamais autant eu d’argent de côté, Christopher, il avait même de quoi se faire plaisir (bien plaisir), sans avoir à se poser de questions sur le futur. Aurait-il assez d’argent pour ses courses ? Oui. Aurait-il assez d’argent pour de nouvelles fringues ? Oui. Même ce mois où il avait acheté sa nouvelle moto, Christopher avait pu se faire plaisir de bien d’autres façons en même temps. Une petite vie de privilégié qui s’installait pour lui, en somme. Et tant mieux, ça lui plaisait. Il aimait bien ça, tout ce qui tournait autour de l’attention, et il était pas dupe, il savait que l’argent permettait bien plus de choses que la pauvreté. « T’auras plutôt intérêt à courir vite, le jour où tu m’auras un peu trop insulté de vieux et que j’viendrai te foutre un coup de pied au cul, ouais. » Encore une plaisanterie, quoi que Chris aurait bien été du genre, pour rigoler, à lui faire un croche pattes s’il se montrait trop insistant. Mais ils n’en étaient pas encore là. Surtout pas ce soir, après l’avoir vu quelque peu différent dans ce fichu bar, après avoir compris qu’il avait besoin de décompresser, même s’il ne comprenait toujours pas totalement pourquoi.

« J’adore ce que je fais. » Confirma-t-il les dires de Casey, avant que lui-même de parle de son boulot. Christopher il avait jamais été très bon à l’école, il s’était jamais trop remis en question, avait toujours foutu ça sur son hyperactivité qui l’empêchait de se concentrer, ou au contraire ses médicaments qui le faisaient toujours trop dormir. Cascadeur, c’était clairement le meilleur métier qu’il pourrait faire dans sa vie. Il le chérissait. Tout comme Casey semblait tout autant chérir sa propre branche. Il comprenait, Chris, qu’on veuille prendre soin des autres comme ça. Il adorait ces explications, le coeur ouvert qu’il lui proposait là. Et puis, tant mieux, si y’avait des gens aussi bons sur Terre, parce qu’il savait que d’autres, dans lesquels il se comptait, ne pouvaient pas avoir autant d’humanité. Il était de loin une personne qui préférait qu’on s’occupe de lui que l’inverse. Bon, il faisait des efforts, parfois, avec sa famille ou ses petits copains ou copines, mais jamais bien longtemps. Comme s’il se prenait pour un roi. Mais il oubliait vite que, même si les gens étaient si sympas avec lui, ils ne lui devaient rien. Casey, il savait même pas comment ça se faisait qu’il était toujours aussi doux avec lui. Après ces nombreuses fois où il était venu l’emmerder en pleine nuit, après ces quelques insultes quand il lui faisait mal en le soignant… Christopher faisait pas toujours au mieux, il avait appris à être égoïste, et si Casey venait à lui pour de l’aide un jour, il était pas sûr de pouvoir l’aider. Parce que son coeur lui avait jamais appris à régler les problèmes des gens. Bon, ok, sauf s’il avait besoin de casser la gueule à quelqu’un, là, ce serait une demande qu’il comprendrait et assurerait. Mais même si Casey avait un problème, Christopher savait, au fond de lui, qu’il ne serait pas la personne qu’il appellerait. « C’est pas du tout bizarre. C’est même plutôt cool. Il en faudrait plus, des gens comme toi. Y’aurait sûrement moins de problèmes dans c’putain d’monde. » Qui pourrait bien trouver sa générosité et son dévouement bizarre ? C’était même… Plutôt mignon.

Sauf qu’il rejoua bien vite à l’enfant malin, et la sériosité du moment retomba de nouveau. « Hein ?! » Qu’il s’offusqua. Christopher poussa légèrement Casey de sa main, pour le dégager de quelques centimètres à peine. « J'retire c’que j’t’ai dit, je veux moins de gens comme toi, sale gosse. J’te démonte où tu veux et quand tu veux, alors t’auras qu’à me rejoindre demain au poste de secours de la plage. Tu vas voir comme tu feras moins le malin, quand j’vais te faire courir sur le sable. Endurance mon cul, ouais. Crois pas que j’vais te laisser me marcher dessus comme ça, gamin. »

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Tu clignas vivement des paupières, perplexe, avant de rire, la tête penchée en arrière, tes doigts tentant de diminuer le son de ton amusement. « Merci ? », lâchas-tu, la mine amusée, supposant que c'était mieux de prendre le tout comme un compliment. Tout du moins quelque chose de pas méchant contre toi. C'était bon enfant, tu t'en doutais bien. Tu le sentais que ce n'était pas prononcé avec venin et méchanceté. Tu plissas le nez, contenté, quoi qu'un peu désolé d'avoir remis ses capacités en question. Sans vraiment l'être. Il n'était plus tout jeune, tu te faisais du souci pour lui. Un léger son roula dans ta gorge alors que tu hochais le visage, songeur. « Je cours très vite », articulas-tu, le regard pétillant tourné vers lui, l'amusement dans la voix. « Est-ce que tu y arriveras, au moins ? », demandas-tu, haussant les épaules, faussement innocent avant de rire comme un gosse, te libérant surtout de la pression que tu t'étais mise. Que tu te mettais au quotidien. Au travail, à la maison, seul, avec les autres. Tu te posais toujours trop de questions. T'avais toujours peur de blesser, de vexer. Peur de dire tout ce que tu avais sur le cœur. Dans la tête. Dire les choses ainsi, ce soir, te faisait du bien.
Même si c'était te moquer gentiment de l'âge de Christopher. Ca aussi, ça restait bon enfant – et en réalité, tu ne doutais absolument pas de ses capacités. Tu supposais qu'il pouvait courir tout aussi vite que toi, voire plus vite.

Un sourire aux lèvres, tu bougeas les épaules, satisfait de l'entendre. Ca se voyait, qu'il appréciait ce qu'il faisait. Tu trouvais ça rare, que l'on aime le métier que l'on pratiquait. C'était une chance que pas tout le monde avait. Un choix qui s'était offert à nous que l'on avait pu attraper. Tu espérais que ce métier lui plaise pour longtemps encore. Qu'il puisse le faire, le défaire et le refaire aussi longtemps qu'il le voulait. Mais tu espérais aussi qu'il sache s'arrêter, un jour. Qu'il sache comprendre ses limites. « Tu trouves ? », demandas-tu dans une petite grimace incertaine, les pommettes rosies. Tu secouas quelque peu le visage dans une esquisse triste. « Des gens comme moi ? Plus encore ? », une autre grimace, le sourire effacé et tu secouas le visage. Que deviendrait le monde s'il avait plus de personnes comme toi ? Un foutoir sans nom et sans fin. « Il y en aurait peut-être plus », murmuras-tu, songeur. Tout le monde serait un monstre. Comme toi.

Tu préférais laisser ça de côté, et faire taire cette petite voix qui te disait à quel point tu étais le pire – voix qui était l'écho de celle de Maddie. Tu te pinças les lèvres à sa réaction, te retenant de rire, te décalant alors qu'il te poussait. Tu l'observas, le regard pétillant, te mordant la lèvre avant de laisser un rire léger, insouciant, brûler contre tes lèvres. « Pense à ta tension », articulas-tu, presque mielleux, en lui tapotant le bras, riant de plus bel, avançant un peu plus vite pour éviter qu'il te pousse encore. « A quelle heure ? », le questionnas-tu, malin, le rire toujours présent dans la voix alors que tu marchais à reculons. Jetant un regard derrière toi, tu repris : « Ca me fait pas peur de courir sur le sable », lui dis-tu, « Et oui, de l'endurance. Tu verras demain », le sourire large que tu avais aux lèvres était plus amusé qu'innocent, tout comme ton regard qui pétillait de malice. Ca te faisait du bien, là. De laisser le reste derrière toi. « Je t'offrirai le repas pour te consoler », fis-tu après quelques secondes, songeur, comme si tu savais déjà que tu allais gagner. Tu observas à nouveau le vide derrière toi. « En plus ça tombe bien ça fait longtemps que je suis pas allé à la plage. Je pourrais en profiter. Faire d'une pierre deux coups », déclaras-tu, taquin, « Je te laisserai un peu d'avance, t'en fais pas », promis-tu dans un rire. La mention de la plage faisait remonter des souvenirs. Des envies. Des images d'autrefois. D'une jeunesse oubliée, d'une jeunesse que tu voudrais retrouver. « Je devrais retourner à la plage avec Paige et Noah, ça leur ferait du bien », à toi aussi, probablement. « T'es doué pour les châteaux de sable ? On devrait faire un concours un jour », tu plissas le nez, amusé. « Avec mon frère et ma sœur on faisait toujours un concours de château de sable quand on était petits. J'ai jamais compris comment les faire. Les miens s'effondraient toujours », un peu comme toi, sans doute, ils ne tenaient jamais bien longtemps debout. Mauvaise base ou simplement trop fragile, t'en savais rien.