Le sourire d'un enfant [Feat. Nala Ashford]

Cela ne faisait que quelques semaines à peine que la jeune femme était en ville. Elle n'avait pas encore trouvé ses repères dans cet endroit qui lui était inconnu. Le lieu qu'elle fréquentait le plus était sans doute sa chambre au motel, hormis ça, Tani n'osait pas encore sortir trop loin pour éviter de se perdre.

Déposant plusieurs CV dans divers bars, restaurants et autres commerces, elle espérait avoir des retours rapides pour se mettre à travailler le plus rapidement possible. Tani n'aime pas ne rien faire, elle a besoin de se rendre utile, et c'est d'ailleurs dans cette optique là qu'elle avait rejoint une association. Il avait suffit d'une affiche dans la rue et la jeune française s'était rendue sur place. Il s'agit d'une association qui se rend dans les hôpitaux ou cliniques afin de divertir les enfants qui sont hospitalisés pendant une longue période sans pouvoir voir leur famille tous les jours. Si on associait le fait que Tani soit de nature généreuse et qu'elle aimait les enfants par-dessus tout, elle n'aurait pas résisté bien longtemps.

Aujourd'hui, c'était la première fois qu'elle se rendait à l'hôpital dans le cadre de cette association, heureusement elle n'était pas seule ! Il y a avait trois autres personnes qui l'accompagnait et qui allait tenter de rendre la journée de quelques enfants plus heureuses. Pour l'occasion, ils avaient emportés avec eux un sac rempli de quelques cadeaux qu'ils distribueraient le moment venu.

Arrivés sur place, le groupe se rendit à l'accueil où ils étaient attendus, puis ils prirent le chemin du service de pédiatrie, là où ils allaient œuvrer. Certains enfants étaient habitués à leur présence et dès lors qu'ils franchissent le seuil de l'ascenseur à l'étage souhaité, ce fut des cris et des effusions d'affection.

" - Salut toi, moi c'est Tani, et toi, tu t'appelles comment ?" fit-elle à l'enfant qui venait de lui demander si elle était nouvelle parce qu'il ne l'avait jamais vu auparavant.

Si d'ordinaire la jeune femme avait le sourire quoiqu'il arrive, dans ce genre de lieu, elle ne pouvait que sourire d'avantage. Tout ces enfants lui remplissaient le cœur de joie, elle ne pouvait pas en avoir, mais être auprès d'eux était déjà une très bonne chose.

C’était une journée calme. Aucune intervention au tableau. Une tranquillité que Nala savait apprécier chaque fois que l’occasion se présentait. Sans être de tout repos, ce genre de journée ne laissait pas place à des grandes situations de stress. Elle avait ses visites. Faire le tour de ses petits patients, s’assurer que tout allait bien ou suffisamment en tout cas pour ne pas s’imposer une surveillance rapprochée. Depuis qu’elle était arrivée à l’hôpital de Wellington, elle faisait de son mieux pour que ses patients se sentent bien. Elle se faisait apprécier, autant que possible. Ils avaient besoin d’un médecin agréable.

A Auckland, elle avait eu le temps de faire ses preuves. De montrer ce qu’elle avait dans le ventre et d’apprendre encore et encore. Ici, tout était différent. Elle n’était plus le jeune médecin, inexpérimentée et scolaire. Aujourd’hui, elle était spécialiste. Elle n’avait pas le droit à l’erreur. Pas le droit de décevoir. Les enfants méritaient d’être bien, aussi bien que le permettait leur séjour à l’hôpital. Elle était là pour ça. En plus de les soigner, elle voulait voir des sourires sur des visages que la maladie avait abimés.

Et leur bien être passait aussi par la venue de bénévoles. Ils amenaient l’extérieur avec eux. Des sourires, des moments entre parenthèses où ni la maladie, ni les opérations n’avaient leur place. Nala aimait ces moments. Les enfants, eux, en parlaient pendant des jours après. Du livre qu’ils avaient entendu, des activités qu’ils avaient fait. C’était des étoiles qui brillaient dans leurs yeux. C’était aussi comme ça qu’elle aimait son métier. Pour voir du bonheur dans les cœurs de ces humains miniatures, trop vite privés de l’innocence de l’enfance.

Ils étaient arrivés et parmi eux, un nouveau visage. Une tête inconnue, jamais venue. Et pourtant, Nala n’était pas en ville depuis si longtemps, mais cette nouvelle venue, elle ne l’avait jamais vu auparavant. Elle avait souri en entendant une des enfants s’adresser à elle. A travers les cris et les câlineries, la curiosité n’était jamais loin dans les bouches des petits. « Suzie. Elle s’appelle Suzie. Elle est curieuse, mais trop timide pour se présenter. » D’ailleurs, elle était déjà repartie vers un autre bénévole. Dans ces moments là, ils ne savaient pas rester en place. « Docteur Ashford, enfin Nala, c’est tout de même moins formel. » Elle avait tendu la main, pour pouvoir serrer la sienne. « Vous êtes nouvelle ? Vous avez besoin d’une petite visite ? Je ne suis arrivée qu’il y a quelques semaines mais, je commence à bien connaitre les lieux. » Si elle venait elle aussi d’arriver, ça leur ferait un point commun non négligeable.

Tani avait toujours voulu aider les autres dans sa vie, dès son plus jeune âge, si elle pouvait aider une personne âgée à porter ses courses ou une personne malvoyante à traverser sur un passage piéton, elle le faisait avec grand plaisir, elle a toujours eu le cœur sur la main et cette qualité s'est développé au fil du temps.

Après ses études, elle est devenue professeur, un métier qui l'a toujours passionné, autant par le fait d'en apprendre toujours plus, que par le fait de transmettre son savoir aux enfants présents dans sa salle de classe. C'était déjà le prémisse de son amour pour les petites têtes. La jeune femme se voyait déjà venir chercher ses enfants après l'école, les écouter leur raconter leur journée, mais tout cela était tombé à l'eau, et elle essayait d'encaisser ce coup dur.

En arrivant à Island Bay, elle avait postulé à divers endroits mais surtout, elle avait fait le tour des associations en proposant son aide, c'est la raison pour laquelle elle s'était retrouvée à l'hôpital avec d'autres personnes. À peine arrivée dans les couloirs que les enfants se jetaient déjà dans leurs jambes, Tani se fit questionner par une petite bouille à laquelle elle ne sut résister. Elle se présenta et demanda l'identité de celle-ci, mais comme si elle lui avait fait peur, elle se cacha derrière une femme qui venait d'arriver. Le docteur apparemment. Tani lui adressa un large sourire avant de lui tendre la main.

" - Enchantée."

Pendant ces présentations, la dénommée Suzie avait filé une autre bénévole de l'association. La curiosité enfantine, la jeune française avait toujours trouvé ça presque fascinant, cette capacité à se mettre dans une bulle, vivre dans un monde où tout va bien, si seulement c'était le cas pour elle aussi..

" - Oui je suis arrivée, il y a quelques jours à peine. J'ai fait le tour des associations pour savoir si je pouvais apporter mon aide et me voici ici, mais je dois avouer que j'aurai été incapable de venir seule !" fit-elle toujours souriante avec un léger gloussement.

C'était ça aussi la force de la blonde, c'est son sourire. Toujours affiché sur son visage, elle ne s'en départit que lorsqu'elle se retrouve dans sa chambre au motel et que la réalité reprend le dessus dans son esprit.

Le hasard avait bien fait les choses, lorsqu’elle avait choisi son avenir sur quelques morceaux de papiers. Nala aurait pu faire mille choses, tout essayer, devenir astronaute si le destin en avait voulu ainsi. Elle n’avait pas eu le choix dans le sang, comme beaucoup l’avait fait remarquer lors de ses études. Elle n’avait pas prédit, dès ses premiers mots, qu’elle serait médecin. Pourtant aujourd’hui, c’était le cas. Dans sa blouse blanche, fière d’avoir accompli ce parcours. Aujourd’hui, elle ne pourrait rêver mieux comme carrière. Malgré les difficultés, malgré la pression permanente sur ses épaules, Nala était à sa place. Un coup du destin.

Les craintes s’étaient dissipées depuis son arrivée. Nouvel hôpital, nouvelle équipe, nouveau quotidien. En revenant ici, elle avait tiré un trait sur tout ce qu’elle avait construit. Ses relations - bien qu’elle en garde quelques unes, malgré la distance - ses repères, sa vie d’avant. Un coup de folie, sans aucun doute et pourtant, elle n’en regrettait rien. C’était un nouveau tournant dans sa vie. Dans sa carrière. Dans son monde entier. Elle commençait à trouver l’équilibre qui lui avait tant manqué lors de ses premiers jours. Et si elle continuait encore à se perdre dans les couloirs, ce n’était plus son lot quotidien.

Lorsqu’elle avait choisi la pédiatrie, elle l’avait fait à l’instinct. Tout avait été très vite dans son esprit. Il avait suffit d’un patient. D’une opération. D’un seul instant pour comprendre qu’aucune autre spécialité ne serait à son goût. Elle avait testé, elle n’en avait pas eu le choix mais aujourd’hui, elle n’en avait plus que pour les mots innocents et les regards brillants des humains miniatures. Et tout était mis en oeuvre pour que tout se passe bien. Faire venir des bénévoles permettaient d’apporter un peu de nouveauté, d’extérieur, d’espoir aussi parfois. Parmi eux, elle avait déjà repéré cette jeune femme, nouvelle. Comme elle, d’un sens. « Bienvenue dans ce cas, vous verrez, on est très bien ici. » C’était le cas. Nala aimait son environnement. « Les enfants sont toujours ravis quand l’association arrive, on ne les prévient pas pour garder l’effet de surprise. Ils vont vite vous adopter. » Avec son sourire, ses grands brillants, cette femme avait tout pour plaire à ces petits êtres. Elle avait tout pour inspirer confiance et bonne humeur. « En général, on regroupe les enfants dans une grande pièce et on laisse faire les choses. Ils vont et viennent, écoutent les histoires, font des activités manuelles. C’est leur moment et ça leur permet de couper de tout le reste. » Suzie se ferait opérer dans quelques jours, cette journée lui permettrait de laisser de côté l’appréhension. Ethan, lui, devait commencer un nouveau traitement demain et il lui avait confié qu’il avait peur de devenir vert. Dans ces moments, les peurs, le stress, la tristesse n’existaient plus. « J’espère que vous savez faire des colliers et de la poterie. » Nala avait ri, cette nouvelle venue n’allait pas s’ennuyer.


(pardon pour ce retard. )

Depuis son arrivée en ville, la jeune femme n'avait pas à se plaindre. Ce n'était peut-être pas la ville de ses rêves, mais elle s'y sentait bien. Elle ne pouvait pas se permettre trop s'attacher parce qu'elle ignorait de quoi était fait le lendemain. Tani était arrivée rapidement ici, mais elle pouvait en repartir aussi vite si on estimait que sa sécurité était compromise. La date du procès n'était pas encore fixé et elle ignorait combien de temps cela allait prendre. Son quotidien s'en retrouvait chamboulé mais elle tentait toujours de voir le positif : elle était loin de son fiancé dangereux, elle était bénévole pour une belle cause et peut-être bientôt elle aurait aussi un travail. Il ne lui manquait plus que quelques amis avec qui partager tout cela et un endroit à elle où la française pourrait vivre, parce que clairement le motel n'était le meilleur endroit. Mais une fois de plus, elle refusait de se plaindre, sa situation n'était pas idéale mais loin d'être catastrophique.

" - Merci c'est gentil."

Le fait de se sentir déjà presque intégrée dans cette nouvelle équipe rassurait la blonde. Tani était plutôt du genre réservée, timide et introvertie, mais aj contact des enfants elle devenait plus sereine, presque dans son élément. Comme lorsqu'elle enseignait entourée de toutes ces petites têtes, parfois attentives, parfois dans les nuages. C'est aussi pour cette raison qu'elle n'avait pas trop de crainte concernant le fait que les enfants allaient bientôt l'adopter. Tani devait une tête ou une attitute qui leur plaisait, il fallait juste leur laisser du temps.

" - Je me doute que la venue de l'association doit leur faire l'effet d'un bon bol d'air et ça se comprend vu le quotidien de certains ici. Quand on regarde autour de soi on se dit parfois qu'on a de la chance quand on les voit aussi courageux à leur âge."

Tandis que l'agitation commençait à se faire ressortie, de par l'impatience des enfants de débuter les activités, la jeune femme suivit la foule dans la pièce dédiée où elle allait passer les prochaines heures entourées de ces petits monstres.

" - Normalement je suis assez manuelle donc ça devrait bien se passer" fit-elle en souriant à Nala avant de poursuivre " - Même si je ne promets pas le résultat."

Tani avait de l'inventivité mais sans doute pas autant que les enfants avec leur monde imaginaire.



(Don't worry )

Son retour ici avait été soudain, presque irréfléchi en y repensant. Comme toujours. Nala était du genre impulsive, à choisir sur un coup de tête. Sa vie était construite ainsi. De choix hasardeux, à la sauvette. Comme lorsqu’elle avait choisi la médecine. Comme lorsqu’elle avait choisi d’étudier à Auckland. Comme lorsqu’elle avait choisi de revenir vivre ici. Les raisons étaient plutôt définies pourtant, mais il ne lui avait fallu que peu de réflexion pour faire ses valises et postuler dans l’hôpital de Wellington. Elle ne savait pas ce qui avait conduit son interlocutrice dans cette ville, au fond, ça n’avait même pas tant d’importance mais Nala était persuadée d’une chose, elle n’aurait aucun mal à s’y plaire. Elle trouverait ce qu’elle était venue chercher.
Depuis son arrivée, l’association était venue à quelques reprises, peut-être trois ou quatre. Nala avait pu remarquer l’effet sur le moral de ses patients. Sur leur santé aussi. Cette parenthèse de joie était particulièrement bénéfique. « Ce sont des super-héros. » C’est ce qui lui plaisait d’autant plus avec les enfants. Ce courage. Elle n’avait jamais été confrontée à la maladie, pas personnellement. Elle ne savait pas ce que ça pouvait être de se retrouver à la place du patient. Elle en avait simplement vu défiler un nombre important tout au long de sa carrière. Et pour la plupart d’entre eux, le courage était véritablement le meilleur qualificatif. Pour les enfants encore plus. « C’est aussi pour ça que je me suis dirigée vers la pédiatrie. Les enfants ont quelque chose que les adultes n’ont pas. Ils comprennent tout, très vite mais ils continuent d’être des enfants. Ils ne sont pas que des malades. » Nala appréciait d’autant plus la venue de l’association pour cela. Ces quelques heures en compagnie de personnes totalement extérieures à leurs souffrances permettaient de mettre sous cloche tout le reste. L’environnement, les médicaments, les opérations programmées et tant d’autres choses dans le quotidien de ces enfants. « Vous n’imaginez pas à quel point ça leur permet d’oublier, ou simplement de moins penser à tout ce qui les attend. L’enfant est une période de la vie fascinante, l’innocence dont ils font preuve reste intacte même dans la maladie. » Elle posait sur eux un regard tendre. Pour rien au monde elle ne changerait de service.
Tout le monde était arrivé dans la grande pièce, regroupement des troupes pour mieux commencer ces quelques heures de bonheur. « Hâte de voir vos œuvres d’art dans ce cas. » Elle eut un sourire avant de s’avancer afin que tout le monde puisse la voir. « Bonjour tout le monde ! Nous avons installé divers coins et ateliers pour vous permettre de profiter de cette journée. Vous n’avez qu’à prendre place et les enfants feront un roulement entre vous. Quant à vous les humains miniatures, vous n’avez qu’une seule mission : vous amusez ! » Les hostilités étaient lancées. Nala avait rejoint Tani dans la foule. « Alors, vous avez choisi votre atelier ? »

Pour beaucoup, dans la mentalité actuelle, le but ultime d'une femme, c'est de devenir maman, d'avoir sa propre famille. Tani n'aurait jamais cette chance, alors bien sûr, elle pourra avoir des enfants mais ça ne sera jamais vraiment les siens. C'est aussi pour cette raisons qu'elle avait choisi cette association lorsqu'elle était arrivée en ville. Il faut dire que ça occupait aussi ses journées, ça lui évitait de tomber dans une routine monotone. Et en même temps, voir les enfants si heureux et pourtant pour certains gravement malades, ça permettait de remettre les idées en place. On a souvent tendance à se plaindre pour des choses qui n'en valent pas la peine, ces gamins ont parfois subi plusieurs opérations lourdes pour leur petit corps, et pourtant ils sont là, à croquer la vie à pleine dents sans se poser plus de questions. C'est une véritable leçon de vie dont la française se nourrit au quotidien. Sa positive attitude vient sans doute de ça aussi.

" - L'innocence de l'enfance c'est vraiment la plus belle chose qui puisse exister. Une bulle hors du temps et dont il faut savoir profiter à chaque instant, ils auront bien le temps d'être confronté à la dure réalité une fois qu'ils auront quitté cette période."

Même si pour certains, la vie ne les avait pas gâté malgré leur jeune âge, malgré cela, le sourire était toujours présent sur leur visage juvénile. La jeune femme fit donc une annonce pour amorcer le début des ateliers, puis lorsque la foule se dissipa, elle revient vers elle.

" - Je vais opter pour l'atelier de dessin. À l'époque je n'étais pas trop nulle, mais depuis le temps, je dois avoir perdu mon coup de main, ce sera l'occasion de vérifier ça !" fit-elle en souriant tandis que les autres bénévoles s'installaient à leur tour.

Tani à peine assise à l'atelier qu'une horde de petits monstres arrivaient déjà auprès d'elle. Son sourire s'agrandit un peu plus tandis qu'elle profitait de la chance qu'elle avait de s'occuper d'eux pendant quelques heures.