we are the wasted youth ⚝ charli

En ce moment, quand je ne suis pas chez moi, je suis avec mes amis. C'est sur cette option que je suis ce soir et je ne rentrerais sûrement pas à la villa, ou alors très tard. Quand on sait ce que je risque de boire, ce n'est peut-être pas si mal que je reste ici. Et puis, même si je ne suis pas venue en voiture, mais en vélo, je pourrais facilement avoir un accident sur le trajet du retour. Alors que la soirée a commencé depuis plusieurs heures maintenant, pour ceux qui sont arrivés le plus tôt, je lance l'idée de faire un Beer Pong. Autant lier l'utile à l'agréable et jouer tout en buvant. Deux gars me suivent, deux gars que je ne connais pas particulièrement, mais ça, c'est un détail. Il ne nous manque qu'une quatrième personne et la partie pourra commencer. Par chance, une fille arrive derrière moi et se propose pour compléter l'équipe. Parfait, nous n'avons même pas eu à attendre. L'un des deux garçons propose de faire des équipes mixtes, pour équilibrer les chances, ce que la brune décline rapidement, le remballant en beauté par la même occasion. Je me tourne vers elle : je l'aime bien, déjà. Alors que les deux équipes installent leurs gobelets respectifs, la jeune femme me demande si cela ne me dérange pas. C'est vrai qu'elle ne m'a pas vraiment demandé mon avis, mais elle n'a pas de souci à se faire : ça ne m'aurait pas plu, je l'aurais dit. « Pas du tout. » Dis-je, un sourire sur les lèvres. Si nous pouvons prouver à ces gars que nous n’avons pas besoin d’eux pour réussir, c’est du bonus. La nouvelle arrivante se présente et précise au passage être une tueuse à ce jeu. « Parfait ! On doit les écraser ! » Il n’y a plus d’autre option possible maintenant. Je ne suis pas la plus mauvaise joueuse qu’il existe sur Terre, alors on devrait s’en sortir, mais j’ai déjà eu l’occasion de boire plusieurs verres depuis mon arrivée et il est possible que cela impacte ma visée. « Charli, enchantée. » Les garçons semblent vouloir être galants en nous laissant commencer, mais peut-être qu’ils le regretteront très vite. Je décide de laisser la première balle à cette fameuse Tegan. Dans l’idéal, il faut frapper fort et les obliger à se taire. Si on ne le fait pas là, on peut être sûres que l’on aura une remarque à chacun des tirs, les leurs comme les nôtres. « Je ne t’ai jamais vu ici avant, tu te cachais ? » Je pense que je l’aurais remarqué sinon. Selon notre adresse, cette partie de Beer Pong pourrait s’étendre, alors autant faire un peu la causette en même temps.

Finalement, avec une femme en partenaire, cette partie de Beer Pong s'annonce plus amusante que prévu. Surtout qu'en face de nous, ces deux hommes sont persuadés de pouvoir nous battre les yeux fermés. Une pensée qui nous donne encore plus envie de leur donner tort. Les présentations faites, la brune complimente mon prénom et je ne peux m'empêcher de sourire à sa phrase. C'est quelque chose qui me fait forcément plaisir puisque c'est moi qui l'ai choisi, contrairement à Solveig. C'est à nous de lancer la partie et pour l'occasion, je lui offre la première balle. Ce n'est pas un problème pour Tegan qui fait rapidement le show. Par chance, ou pas, elle ne rate pas et laisse donc toute la légitimité à sa comédie. Le visage des garçons maintenant décomposés, la brune se tourne vers moi et affirme qu'elle aurait dû faire du basket. « Joli tir. » Un sourire sur s'étire sur mes lèvres. Pour un premier tir, elle ne pouvait pas faire mieux. Comme ça, nos adversaires sont directement plongés dans leur match et ils savent que nous ne nous laisserons pas faire aussi facilement. En réponse à ma question sur une éventuelle présence ici, avant, la jeune femme affirme ne sortir que les soirs de pleine lune. « Je vois. » Dis-je, amusée de voir qu'elle ne se prend pas au sérieux. « Ce n'est peut-être pas une si bonne chose que tu sois ma partenaire.. » Il ne faut pas s'appeler Einstein pour comprendre qu'elle peut faire référence à des loups-garous avec cette histoire de pleine lune et quitte à rentrer dans son jeu, autant lui faire croire qu'elle pourrait me faire peur. Plus sérieusement, elle finit par avouer être nouvelle dans le coin. Rien de surprenant, quoique.. le destin aurait simplement pu vouloir que nos chemins ne se croisent pas lors de nos précédentes soirées. Lancée, la brune m’apprend aussi qu’elle est inscrite dans une école de théâtre à Wellington. Ça justifie son caractère, en partie en tout cas. « Je suis en licence de sport. » Dis-je, alors qu’elle me retourne la question. « Ce n’est peut-être pas ça que tu demandais.. » Initialement, je la questionnais sur sa présence ici, en ville au sens large, et non pas sur ses études. « J’ai été à ta place, il n’y a pas si longtemps. Je suis arrivée en ville il y a quatre ans maintenant, presque cinq. » Alors que nous causons, les garçons commencent à s’impatienter. Décidément, ils veulent toute notre attention, car ils auraient facilement pu tirer leur première balle sans que nous soyons très attentives. Comme pour ma partenaire, le premier étudiant réussit son coup et alors que je m’apprête à me proposer pour boire le verre où a atterri la balle, je me retrouve avec cette dernière entre les mains : c’est à moi de jouer. Je prends une grande inspiration et me lance. Je ferme un peu les yeux sur la fin, ne voulait pas être témoin d’une quelconque catastrophe, mais vu les longs soupires de nos adversaires, je finis par comprendre que la balle est dans un verre. « Nous ne sommes pas mauvaises. » Au moins, je pourrais me satisfaire d’avoir réussi un coup. Je lève légèrement la main en direction de Tegan, lui offrant ainsi l’occasion de taper dedans. Je pense qu’on en est déjà aux checks pour se féliciter. « Attention.. la pression est de votre côté. Ce serait quand même dommage de se faire battre par des filles. » Par une étrangère et par une fille qui a déjà un peu trop bu, ça serait vraiment un comble.

Tegan me demande si j'ai le goût du risque. Mon regard planté dans le sien, je reste silencieuse. Bien sûr que je suis aventureuse, mais là, j'ignore où la brune veut en venir et je ne voudrais pas prendre le risque de me lancer dans quelque chose que je ne pourrais pas contrôler. Surtout qu'avec plusieurs verres déjà avalés, je crains que mon envie de contrôle soit moins forte qu'avant. Je n'ai pas envie de faire de bêtises, de regretter quelque chose, cependant je sais aussi que dans l'état que je souhaite être, j'en ferais. Ce n'est peut-être pas si mal si c'est avec elle que j'en fais. Elle est agréable à regarder, drôle et visiblement gentille. Alors que j'évoque mes études, la jeune femme m'interroge sur les sports que je pratique. Je ne pensais pas que c'était un point qui pourrait l'intéresser, mais je ne vais pas me faire prier pour en parler maintenant. « Un peu de tout. Même si j'ai une préférence pour la course à pied, la natation et même le rugby. » Un sport que j'ai vraiment appris à aimer une fois arrivée ici. En Europe, même si j'en avais entendu parlé, rare les fois où je regardais un match, alors en pratiquer, encore moins. Après les sports, Tegan s'intéresse à mes origines. « De Suède. Un peu plus loin que l'Australie. » Dis-je, un sourire sur les lèvres. Pour venir ici, elle n'a pas dû faire un long trajet. Mais nous ne faisons pas un concours, c'est juste une remarque. Je suis amusée de voir qu'elle s'excuse pour toutes ces questions. Il ne faut pas, bien au contraire, cela ne me dérange pas. Au moins, nous ne faisons pas que bêtement jouer, nous apprenons aussi à nous connaître. Si elle est ici ce soir, en tant que nouvelle, c’est sûrement en grande partie pour ça. Mon tour arrive et par change, je réussis à mettre une balle dans l’un des verres qui se trouvent face à nos adversaires. Le tout, les yeux fermés, ce qui semble amuser ma partenaire. Ce n’était pas forcément ce que j’espérais au départ, mais l’important c’est que le résultat est là, non ? Lorsque c’est aux garçons de jouer, ils ne réussissent pas, ce qui fait nos affaires. Surtout qu’après ça, Tegan est victorieuse, par deux fois même. À ce rythme-là, nous allons les écraser. Ils rouspètent un peu et tentent à leur façon de négocier une unique verre sur le tir de l’australienne. Mais elle n’est pas du genre à se laisser faire et ils baissent les bras, acceptant de boire chacun un verre. La jeune femme affirme que cette partie va être courte, néanmoins, elle tient à m’offrir un verre après ça. « J’en prends note. » Je suis venue ici avec l’objectif de boire, ce serait quand même dommage de passer à côté d’une telle occasion. « Car à ce rythme-là, je vais finir déshydratée. » Volontairement, je hausse la voix pour que les deux garçons puissent m’entendre. Je n’aurais peut-être pas dû, car je me fais rapidement rattraper par le karma. Alors que c’est à moi de jouer, la balle rebondit sur les bords d’un verre et ça, les deux jeunes hommes ne se font pas prier pour me le faire remarquer. Celui que Tegan appelle Kevin depuis le début tire pour la deuxième fois et comme pour la première, sa balle arrive dans un gobelet. Après ça, il se vante un peu, mais est-ce vraiment surprenant ? Il faut bien qu'il flatte un peu son égo puisque nous ne le faisons pas. « Il est à moi. » Dis-je, tout en me saisissant du verre. Je ne voudrais pas qu'elle le prenne une nouvelle fois. « Vas-y. Fais-nous voir l'étendue de ton talent. » Même si avec les deux coups qu'elle a déjà faits, elle n'a plus grand-chose à prouver. Je me saisis de la balle dans le verre et lui tend, avant de venir boire la boisson d'une traite. « Histoire que notre vraie soirée puisse commencer. » Dis-je, un large sourire sur les lèvres. Qu'est-ce que j'ai à perdre à me lancer dans ce jeu avec elle ? D'ailleurs, je ne sais même pas si nous pouvons vraiment le qualifier de jeu. Même si naturellement, il serait facile de le rapprocher d'un quelconque jeu de séduction. Je me penche légèrement vers elle, afin de lui murmurer quelques mots à l'oreille. « Si tu le mets, je retire un vêtement. » Bon.. maintenant, ça ressemble vraiment à ça. Même si pour le coup, elle ne serait pas seule à en profiter. Je reprends mes distances avant d'ajouter. « Je dis ça, c'est juste pour te motiver. » Autant que je me trouve une excuse pour cette pulsion que je viens d'avoir.

Avec maintenant presque deux tirs par personne, le résultat de cette partie se dessine petit à petit. Enfin.. c’est ce que j’aimerais bien. Mais des ratés des deux côtés permettent de garder un peu de suspens. Comme je peux, pour nous remettre sur le droit chemin, j’essaye de motiver ma partenaire pour que celle-ci nous fasse encore quelques coups magiques comme elle l’a déjà fait. Encore un ou deux comme ça et la victoire est à nous. En plus d’un peu de motivation, je décide de mettre un peu de piment en suggérant d’enlever l’un de mes vêtements si Tegan réussit son coup. Je ne sais pas si elle va rentrer dans mon jeu, mais j’ai envie d’y croire, alors je tente ma chance. En cas d’échec, nous ne pourrons pas vraiment savoir si c’était voulu ou non par la brune. Par chance, nous n’aurons pas à en arriver là, puisque la balle rentre dans l’un des verres des garçons. Je rigole un peu, me demandant dans quoi je me suis embarquée encore. Étant une personne de parole, je retire mon T-Shirt pour me retrouver en haut de maillot de bain. Ma part du contrat s’arrête là, je n’ai pas besoin d’aller plus loin. Finalement, à bien y réfléchir, cette action est doublement bénéfique, puisqu’en plus de la réussite de ma partenaire, cela provoque une certaine déconcentration chez nos adversaires. Il ne leur en faut pas beaucoup, un peu de peau découverte et voilà qu’on les perd. Comme quoi, ce n’est pas une légende, les hommes ne pensent pas vraiment avec leur tête. Après de longues minutes, nous voyons enfin le bout de cette partie et c'est nous qui l'emportons. Nos adversaires passent définitivement une mauvaise soirée. Il faut dire qu'ils partaient un peu trop confiants et ça, ce n'est jamais bon. À en voir la tête du fameux Kevin, Tegan s'est sûrement fait un ennemi, mais elle ne le recroisera sûrement jamais, ce n'est donc pas une très grosse perte. La brune tourne les talons et s'éloigne de la table de jeu. Peu de temps après, je la suis et dans la foule, j'attrape la main qu'elle me tend pour ne pas la perdre. Arrivées dehors, la jeune femme remet au goût du jour cette histoire de verre. Elle me l'a promis et visiblement, elle est du genre à tenir ses promesses. Mais avant ça, elle se laisserait bien tenter par un petit tour dans la piscine de nos hôtes. Un revirement de situation qui me surprend un peu, mais je ne suis pas encore à l'abri d'une nouvelle surprise. Sans un mot de plus, Tegan se lance dans la piscine et saute dedans toute habillée. « Carrément. » Elle était visiblement pressée de finir mouillée. J'espère qu'elle a apporté une tenue de rechange. Sinon, dans le pire des cas, je suis sûre qu'on pourra trouver quelque chose ici. Un emprunt, on déposera le vêtement dans la boîte aux lettres une fois qu'il sera lavé. « J'arrive. » Dis-je, suite à son invitation. Contrairement à elle, je retire mes vêtements – ou ce qu'il m'en reste. Je plonge à mon tour et en nageant, me rapproche d'elle. « Je vois que tu es joueuse. » Avec la partie de Beer-Pong, ça sonnait déjà comme une évidence, mais là, son plongeon, peu de personne l'aurait fait. « Tu es toujours comme ça ou c’est juste ce soir ? » Je viens attraper l’un des bords de la piscine, avant de venir caler mon dos contre celui-ci. « Je t’aime bien. » Ça, elle l’a peut-être compris seule. Si ce n’était pas le cas, je ne suis pas sûre que je l’aurais suivie dans chacune de ses propositions. « Et je suis joueuse moi aussi. » Encore plus avec ce que j’ai pu boire ce soir, avant son arrivée ou durant la partie avec les deux garçons. Mon regard planté dans le sien, je me rapproche doucement d’elle. Mon bras est le premier à rentrer en contact avec sa peau – ou ses habits mouillés. Puis, je décide de forcer un peu le destin en glissant ma deuxième main au niveau de sa nuque. Si je m’arrête là, c’est foutu. Alors je saute dans le grand bain et viens embrasser la jeune femme. Le premier baiser que je lui offre est un peu timide, mais le deuxième est beaucoup plus langoureux. C’est assez calme ici, personne ne devrait venir nous déranger. Et puis, c’est peut-être de ça que j’ai besoin.

Si cette soirée était un peu fade au départ, elle a changé du tout au tout quand Tegan est arrivée. Ne connaissant pas cette jeune femme, j'aurais pu vouloir me méfier, mais les premières choses qu'elle a dégagées m'ont tout de suite rassurée. D'une main de maître, elle tourne au ridicule les garçons qui se trouvent face à nous pour la partie de Beer-Pong. Et dire qu'ils ne voulaient pas que nous soyons ensemble, de peur que nous perdions.. Une chose est sûre maintenant, c'est que celui qui s'affirmait un peu plus – le fameux Kevin, ne voudra pas passer le reste de sa soirée avec ma partenaire et ce n'est pas plus mal, puisque l'optique de l'avoir rien que pour moi me plaît pas mal. Nous nous éloignons de l'endroit de notre victoire et traversons le rez-de-chaussé pour finalement sortir de l'autre côté, là où se trouve une piscine – sûrement la seule qui existe ici, quoi que.. quand on a de l'argent, on en fait souvent n'importe quoi. Arrivées face à cette étendue d'eau, c'est sans aucune retenue que Tegan saute dedans, toute habillée. Ce geste à le don de me faire rire : visiblement, elle est imprévisible. Lorsqu'elle me propose de la rejoindre, je ne peux pas refuser, mais contrairement à elle, je retire mes vêtements avant, pour me retrouver en maillot de bain. Une fois dans l'eau avec elle, je ne peux m'empêcher de lui demander si elle est toujours comme ça, si elle est joueuse. Au fond de moi, j'ai l'impression d'avoir déjà la réponse, mais c'est toujours mieux si ça vient d'elle. Pour me répondre, elle utilise une phrase citée un peu plus tôt dans la soirée. « Les fameux soirs de pleine lune.. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres avant que je ne lui avoue l’apprécier. Ça ne fait pas longtemps que nous nous connaissons, mais je ne sais pas, avec elle, le courant passe naturellement. Je finis par lui avouer être joueuse aussi, ce qui surprend un peu Tegan. D’une certaine manière, pour appuyer mes propos, je me rapproche d’elle et l’embrasse sans aucune retenue. Ce n’est pas forcément à cela qu’on pense en premier, mais c’est une sorte de jeu aussi. Après plusieurs baisers échangées, nous nous séparons un peu et la brune affirme être toujours partante pour un tel jeu. Tant mieux, je ne voudrais pas la forcer à faire quelque chose qu’elle ne veut pas. Et sans mentir, tout ceci devient très intéressant. Sans que je ne lui demande quoique ce soit, Tegan retire ses vêtements, en haut en tout cas, avant de me mettre au défi pour retirer le reste. Je viens pincer ma lèvre inférieure avec mes dents, avant de venir déboutonner son jean. Elle veut jouer, alors nous allons jouer. Mes mains glissent entre les vêtements qui lui restent et je commence doucement à faire descendre son pantalon. Pour la fin, je dois m’immerger totalement. Sous l’eau, je continue la chute vertigineuse du morceau de tissu, caressant légèrement ses cuisses au passage. Une fois retiré complètement, je remonte à la surface. « Tu me sous-estimes un peu. » Dis-je, juste après avoir essuyé mon visage avec mes mains. Peut-être pas. Peut-être qu’elle s’attendait à ce que je m’en sorte haut la main. « Tu noteras que je suis gentille, je t’ai mâché le travail tout à l’heure. » En retirant mon haut lors du Beer-Pong et mon bas il y a quelques minutes. Si elle veut s’amuser à me déshabiller, alors choses changeront de dimension. Je viens me remettre face à elle, collant mon corps contre le sien. Étrangement, l’endroit où nous nous trouvons est très calme : il n’y a que nous ici et finalement, ce n’est peut-être pas si mal. Attirés par ses lèvres, mes yeux oscillent entre elles et son regard. Je me dois d’oublier Sofia et le faire ainsi est peut-être la meilleure solution. Une nouvelle fois, je réduis l’écart qui sépare nos lèvres et sans attendre plus longtemps, ma langue s’invite à la fête. Mes mains, presque timides jusque là, viennent se poser sur son corps et initient une descente le long de son dos. Arrivées au niveau de son sous-vêtement le plus bas, elles s’aventurent en dessous et s’arrêtent, ne souhaitant pas aller plus loin que ne pourrait l’autoriser Tegan. Après de longues secondes, notre baiser prend fin et je dirige mes lèvres dans son cou, avant de venir lui murmurer quelques mots à l’oreille. « Est-ce que tu veux rester ici ou est-ce que tu préfères qu’on se trouve un coin plus calme ? »

J'étais loin de m'imaginer que la soirée prendrait une telle tournure, mais finalement, à bien y réfléchir, c'est peut-être de ça que j'ai besoin. D'une personne pour me vider l'esprit, de baisers et de caresses pour oublier ceux de Sofia. Pourquoi c'est si difficile ? Avec les autres, ça ne l'a jamais été. Je dois me rendre à l'évidence, si j'ai posé cette fameuse question à ma mère, ce n'est sûrement pas pour rien. Mais ce n'est tout bonnement pas possible, je ne peux pas être amoureuse d'elle. Je ne peux pas m'arrêter à ça, à ce cœur brisé. Alors je dois m'amuser un peu et redevenir la Charli que j'étais avant de la rencontrer et pour ça, rien de mieux que de draguer sans aucune retenue cette jolie brune que je viens de rencontrer. Toutes les deux avec beaucoup moins d'habits qu'au début de la soirée – Tegan en sous-vêtements et moi-même en maillot de bain, je lui demande si elle souhaite rester ici ou alors s'isoler un peu dans un coin plus calme. C'est indéniable, j'ai une préférence, mais ce n'est pas à moi de choisir. Par chance, ma question semble intéresser la jeune femme, qui n'osait peut-être pas la poser. Après m'avoir embrassé une nouvelle, elle fait le choix de sortir d'ici. Même si elle est non verbale, c'est une réponse qu'elle me donne, celle que j'attendais. Je la suis et nous récupérons les affaires que nous avons commencées à semer un peu partout. Après avoir attrapé ma main, Tegan nous emmène un peu plus bas, en direction de la plage. Ici aussi, c'est très calme. Je me demande bien ce qu'ils ont tous à trouver l'intérieur de la maison si intéressant. Enfin.. je ne vais pas m'en plaindre, ça nous permet d'avoir un peu d'intimité. « Non, ça devrait aller. Il m'en faut plus pour être effrayée. » Dis-je, en réponse à sa question sur une éventuelle nyctophobie. Je suis la jeune femme jusqu'à un rocher. Là, Tegan lâche ses affaires sur le sol et sans attendre plus, elle vient me plaquer contre le bloc. Un large sourire se dessine sur mes lèvres, avant même qu'elle n'aborde le sujet de la peine lune. « Est-ce que je dois m'en inquiéter ? » Depuis tout à l'heure, elle parle de transformation, mais j'ignore encore à quel point. Peut-être que contrairement aux nombreux films à ce sujet, Tegan se transforme en princesse une fois l'heure arrivée. Sans plus attendre, elle vient déposer quelques baisers sur ma mâchoire, avant de glisser ses lèvres dans mon cou. Je passe mes mains dans son dos et viens effleurer sa peau du bout de mes doigts. Les yeux fermés, je profite du geste qu'elle m'offre. Mais je finis par les ouvrir de nouveau et par les poser au loin, sur l'étendue d'eau qui se trouve face à moi. Sans vraiment le contrôler, mes pensées se retrouvent soudainement occupée par Sofia et par notre premier rapprochement qui s'est lui aussi fait sur une place. Mince.. ce n'est vraiment pas le bon moment pour penser à ça. Je glisse l'une de mes mains sous la joue de Tegan et incite ainsi son visage à revenir à hauteur du mien pour l'embrasser. Je dois me concentrer sur la brune qui se trouve juste devant moi pour oublier celle qui se balade dans mes pensées. Malheureusement, ça ne se passe exactement comme prévu. Mon cœur commence à s’emballer dans ma poitrine, comme si ce que je faisais n’était pas correct. Pourtant, aux dernières nouvelles, je ne dois rien à personne. Comme tout à l’heure, ma langue se joint à la fête et je resserre mon étreinte autour d’elle. Plus j’y mets d’envie et plus il y a de contacts, moins mon esprit sera ailleurs. Enfin ça, c’est ce que je pensais. Car après quelques minutes, je me retrouve obligée de mettre fin à ce baiser. « Attends.. » Alors qu’une de mes mains reste au niveau de sa nuque, l’autre vient se poser sur le buste de la brune. Grâce à une grande inspiration, je remplis mes poumons d’air frais. « Je suis désolée. » Doucement, j’essaye de retrouver mes esprits et de reprendre le dessus sur les émotions qui sont en train de m’animer. « Tu amènes souvent des étrangères sur la plage ? Est-ce que la prochaine étape est une invitation pour un bain de minuit ? » Je plaisante un peu de la situation. Penser un peu à autre chose, reprendre un peu de distance, ça m’aidera sûrement à aborder un peu mieux le reste de la soirée avec elle. Ce serait mentir de dire qu’elle ne m’attire pas. Mais là, tout de suite, je crois que je ne suis pas prête. Peut-être un peu plus tard.

Même si je suis à l’origine de tout ça, de ce jeu avec la jeune femme et de ce rapprochement enflammé, je me retrouve obligée d’y mettre fin quand les souvenirs avec Sofia m’envahissent. Cette situation est assez étrange pour moi, sûrement parce que c’est la première fois que cela m’arrive. Avant elle, les choses n’ont jamais vraiment comptées, alors passer à quelqu’un d’autre en un fragment de seconde était normal pour moi. Qu’est-ce qui est en train de m’arriver ? Je n’ai pas à me sentir coupable de ce rapprochement avec Tegan, car pour rappel, je suis celle qui s’est faite larguer. Pourtant, je n’ai pas la tête à ça. Pas ici, pas après ces images de notre premier baiser qui me sont revenues à l’esprit. Ce revirement soudain de situation semble inquiéter la jeune femme qui m’interroge sur mon état. D’un simple hochement de la tête, j’essaye de la rassurer. Pour l’instant, je ne peux pas mettre de mots là-dessus et je crains qu’au moment où je le ferais, l’ambiance sera un peu plombée. Est-ce que je vais bien ? C’est une bonne question. Je ne pense pas, mais je ne peux pas rester indéfiniment comme ça. La brune n’est pas revenue vers moi et je doute qu’elle le fasse un jour, alors je dois passer à autre chose. Même si ça fait mal. Maintenant que nous avons retrouvé un peu d’espace, j’arrive à remplir pleinement mes poumons. Mon geste n’avait pas pour but d’inquiéter Tegan, mais maintenant que c’est fait, je me dois d’apaiser un peu les choses, de lui montrer, d’une certaine façon, que tout va bien. Alors sur le ton de l’humour, je l’interroge sur son passé avec la plage et les plans dans le genre. La jeune femme me répond de la même manière, enfin.. c’est ce que je suppose. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un doute sur le fait que je sois la première fille qu’elle amène sur la plage. Ou alors, peut-être que la subtilité est dans le fait que nous sommes un soir de pleine lune. Depuis tout à l’heure, elle joue là-dessus, alors peut-être. Concernant le bain de minuit, Tegan préfère remettre ça pour plus tard, à cause de nos déjà mouillés. C’est vrai que ça se tient. Mais il y a toujours l’option sans vêtements. Mouillées ou non, ça rajoute quelque chose. Néanmoins, nous n’en sommes pas là pour l’instant et la brune préfère se poser un peu. « Non, non. Installe-toi. Je sais que je suis de bien meilleure compagnie qu’eux. » Dis-je, amusée. Autant que je flatte un peu mon égo, personne d’autre ne pourra le faire aussi bien. Alors qu’elle s’assoit sur le sol, je fais le choix de rester debout, face à elle et doucement, je commence à faire quelques pas sur place. D’accord, vu comme ça, je peux être considérée comme hyperactive. Je ne suis même pas capable de me poser dans un tel moment. C’est à mon tour de me faire questionner sur mes habitudes avec la plage. « À peu près une fois par semaine. » Je fais mine de réfléchir, ou plutôt de compter les fois où c’est arrivé lors des derniers jours. « J’ai toujours espoir que ce soit la bonne personne et qu’on s’enfuit loin, pour acheter une ferme et élever des Alpaga. » Je ne sais pas d’où me vient cette idée, j’ai dû l’entendre quelque part. À l’université sûrement, lors de l’une des conversations philosophiques que peuvent avoir les garçons de mon groupe. « Et puis le soleil se lève et je retourne à l’université. » Pour le coup, on est bien loin du rêve avec ça. « Aussi triste que ma vie sentimentale. » Je soupire un peu, avant de rire. Je crois que là, ce sont mes nerfs qui ont parlé.