Le tueur fantôme

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Des morts, Robin n’en avait peut-être pas vu des tonnes, mais elle avait quand même l’air moins paumée que Jax, là, tout de suite. Sans doute que le fait de devoir dealer avec depuis aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir y était pour beaucoup. Jeune, elle avait longtemps considéré ses dons comme une malédiction mais plus depuis qu’elle avait compris comment s’en servir pour aider les gens. Et c’est bien ce qu’elle comptait faire une fois de plus. Si son coéquipier lui assurait pourtant le contraire, elle sentait qu’il pensait quand même déjà à autre chose et, de ça elle était sûre, il ferait fausse route. Acquiesçant, elle sortit de l’abri, l’air y étant subitement devenu presque irrespirable et laissa la place et l’opportunité aux personnes dont c’était le métier de l’exercer par la même occasion et alla prendre l’air, un peu en retrait, tendant néanmoins l’oreille pour en apprendre davantage. Mais en vain, bien sûr. Puis, au bout de quelques minutes, Jax revint vers elle et lui fit comprendre que le temps leur était compté. Enfin, il ne le dit peut-être pas comme ça, mais c’était ce que ça sous-entendait et il n'avait pas tort ; une telle histoire ne pourrait que faire parler d’elle, surtout dans une petite ville sans histoires comme la leur, et s’ils voulaient profiter d’un petit effet de surprise, si tant est qu’ils en aient un, c’était le moment ou jamais. Considérant la question une seconde ou deux, la jeune maman finit par acquiescer.
« Vous avez raison, allons-y. »
Si ça se trouve, l’homme qu’ils étaient censés interroger aurait la même réaction que le père d’Amy à son approche et ça ne pourrait que jouer en leur faveur. Pas mécontente de quitter ce sinistre endroit, Robin remonta en voiture, songeant qu’elle était sur l’enquête d’une vie, exactement du genre de celles qu’on peut voir dans les films et les séries et dont on sait qu’elles existent aussi dans la vraie vie mais auxquelles on préfère ne surtout pas penser parce que ça nous rappellerait de manière trop brusque que la vie peut quand même être parfois très moche. Elle regarda la route défiler un instant sous ses yeux avant reprendre la parole.
« J’espère qu’il n’aura pas déjà eu le temps de fuir si jamais il est lié à tout ça comme je le pense. »
A sa place, c’est ce qu’elle aurait fait en tout cas. Mais son instinct lui disait que non. Parce que ça serait quand même très incriminant, un tel comportement.@Jackson Clarke

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Je pourrais accompagner l’équipe bien que ce ne soit pas ma formation à la base. La police scientifique c’est toute autre chose que ce que moi je fais au quotidien. Faut pas simplement sortir de l’école de police pour pouvoir postuler là. Faut des formations spéciales. Qui peuvent venir avec le temps mais ça m’intéresse pas plus que ça. Sachant que par le passé, j’étais dans un tout autre registre. Ce suicide ne fait pas fort avancer les choses. Il ne nous fait pas nécessairement reculer non plus. Il ne nous reste plus beaucoup de pistes. Retourner voir le patron du bar juste avant me semble être le mieux. Attaquons ça directement, on sera fixé. La suite demain car il commence à se faire tard. On reprend la route. Direction quelques kilomètres plus loin. A cette heure-ci, ça devrait être ouvert. A moins, comme tu ne le dis, qu’il se soit fait la malle. Ca le culpabiliserait un peu mais s’il a pris un billet d’avion pour Hawaii, on ne le reverra plus jamais. Ou alors il est vachement prévu son coup à l’avance. S’il a disparu, je pense qu’on aura jamais le fin mot de l’histoire. A moins qu’on ne trouve un dernier mot de notre nouveau suicidé chez lui. On ira fouiller sa maison ça c’est certain. Première heure demain. La lumière se fera peut-être à ce moment là. Ou avant ! Puisqu’on est sur le point d’arriver. Pas chez feu Mr Nyx non. L’endroit semble ouvert. Je gare la voiture. Allons boire un verre … Est-ce qu’on y va plus ou moins incognito ou c’est assumé qu’on est là pour lui ? Oh autant ne pas y aller par quatre chemins si ? Je pense qu’il va flairer le coup de toute façon. On descend et on entre dans l’établissement. Une seconde fois. Cette fois-ci il y a bien deux clients. Habitués probablement. Ils y ressemblent. Et le patron derrière le bar. Monsieur ? Bonjour … On aurait quelques questions à vous poser. Le gars a ce regard et ce sourire du mec assez sûr de lui. Je les déteste ceux là … C’est d’autant plus gratifiant de les faire tomber. Petit regard complice avec toi. Je pense que, comme moi, tu le sens pas du tout ce mec.

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Si Robin trouvait ça étrange que leur coupable à présent décédé avait filé avertir les gens de ce bar suite à leur visite pour ensuite aller se donner la mort dans un endroit quelque peu reculé mais qu’elle pensait tout de même être le lieu du crime ? Carrément. Sans même avoir à se fier à son intuition, elle trouvait ça louche. C’est vrai, quoi, qui faisait ça ? Et pourquoi ? Sa raison, plus que son instinct, donc, lui disait que la fine équipe du bar devait y être pour quelque chose. Et de là à croire qu’il existait une espèce de secte ordonnant le meurtre de la fille d’un de leur membre – pour quelle raison ? Allez savoir, si ça se trouve, Amy s’était tout simplement trouvée un jour au mauvais endroit au mauvais moment, avait été témoin de quelque chose qu’il ne fallait pas qu’elle voit, ce simple fait aurait pu signer son arrêt de mort – en déguisant le crime pour faire porter le chapeau aux gens à qui la fille en question était allée demander de l’aide, il n’y avait qu’un pas. Partant de là, pas difficile de croire que la secte en question avait disparu dans la nature. A moins qu’ils ne soient pas au courant que le père d’Amy venait de se donner la mort. Mais s’ils étaient tels que Robin se les représentaient, ils devaient savoir. Elle pourrait même pousser le vice jusqu’à croire qu’on les avait filés pendant leur filature… Par précaution, la jeune maman pivota sur son siège pour observer quelques secondes le comportement des automobilistes derrière eux. Mais non, ça serait quand même tiré par les cheveux… N’est-ce pas ? Ne voyant rien sortant de l’ordinaire, Robin fut un peu plus rassurée.
« Plus qu’à espérer qu’on lui apprenne la mauvaise nouvelle, dans ce cas. »
Ce qu’ils vont pouvoir découvrir d’ici peu étant donné que Jax était déjà en train de garer la voiture devant l’établissement. Un verre, oui, en toute honnêteté, elle en aurait bien besoin et elle était prête à parier que son coéquipier aussi. Mais ils allaient peut-être attendre la fin de journée pour ça. Acquiesçant, elle descendit de voiture à son tour et lui emboîta le pas. Peut-être bien qu’il aurait fallu y aller mollo, surtout qu’il y a des clients en train de boire leur café ou leur bière, mais elle laissa Jax prendre les devants. Pendant qu’il se montrait clair envers le patron et que celui-ci lui répondait par un sourire pas très rassurant, Robin, quant à elle, regardait autour d’eux. Et vit les clients présents ne même pas feindre de ne pas s’intéresser à ce qui était en train de se dire. En fait, ils avaient même l’ait très intéressé. Et pas forcément très aimables. Sans s’en rendre compte, la jeune maman s’était rapprochée de son collègue au point de pratiquement lui marcher sur les pieds.
« Oh, pardon ! »
Mais elle ne prit pas ses distances pour autant et en profita pour attirer son attention d’un petit coup de coude et lui désigna en toute discrétion la réaction des autres autour.@Jackson Clarke

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Je l’espère aussi. C’est beaucoup en demander je crois. D’une manière ou d’une autre, ce type est au courant. C’est même probablement lui qui a poussé au suicide non ? C’est ma théorie. Comment il a fait ça ? C’est justement ce qu’il faut élucider. Alors en avant ! Et autant ne pas y aller par quatre chemins. Le petit bonjour pour commencer. Faut rester poli malgré tout. Les questions ensuite. Apparemment, il a l’air d’être au courant de notre venue et de ce qu’on risque de lui poser. Le problème, c’est que je n’ai rien du tout. Pas de mandat, etc. On y va sans doute trop précipitamment. Ce qui fait qu’il pourra encore mieux se préparer pour quand on reviendra réellement pour lui. De toute façon, c’est trop tard. On est devant lui. L’homme semble ravi de nous accueillir. On le voit sur son visage, qu’il va se jouer de nous. Et là, tu me bouscules. Ah bah. Et alors ? Et je te regarde, un peu interloqué. T’as pas bu pourtant. Pas encore. Je sens un petit coup de coude, un hochement de tête vers la clientèle. D’accord. Je vais éviter de me retourner comme un gros bourrin. Je fais donc ça discrètement, dans la mesure du possible. Disons que je prétexte quelque chose, je pose une question au barman. En mode y’a un peu de monde tout ça. Ah oui, en effet, les regards sont braqués sur nous. Pas un soucis. Ils vont faire quoi façon ? Nous sauter dessus ? Bah qu’ils essayent tiens. Qu’ils essayent. Vous connaissez cet homme ? Et je lui sors la photo. Le père d’Amy. Pas mort non. Et j’ai bien fait attention à dire connaissez et pas connaissiez. On va la jouer tranquille pour le moment. Réponse du gars ? « Pourquoi ? Je devrais ? » Ok. Ca commence bien. Il serait passé par ici apparemment. On aimerait en apprendre un peu plus sur lui … Bien sûr, il ne sait pas. Aaaah on parle à un mur. On en tirera rien. Une inspiration de ta part peut-être ? Parce que j’essaye bien, je lui repose une question mais que dalle. Est-ce qu’on lui apprend la mort ? Ou pas ? Est-ce qu’il faudrait pas le pousser à ce qu’il se découvre ? Plus facile à dire qu’à faire. C’est un con pas si con que ça je crois. Mais un faux pas est très vite arrivé.

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Le moins que l’on puisse dire, c’est Robin n’était pas très rassurée. Et bien que Jax soit à présent prévenu, il n’avait pas l’air plus dérangé que ça par les regards quelque peu menaçants qu’on était en train de leur lancer. Pourtant, si les choses venaient à dégénérer, ce sont les autres qui avaient l’avantage du nombre. Peut-être que son coéquipier avait foi en son entraînement pour les mettre à terre si besoin mais Robin, elle, avait foi en son inutilité au combat. Mettre des gifles, tirer les cheveux, un coup de genou bien placé, tout ça, elle savait faire mais contre un seul assaillant et qui était à peu près de sa taille, mais là… Maintenant qu’elle y pensait, afin de ne plus se retrouver dans cette situation à l’avenir, il serait peut-être plus sage qu’elle envisage de prendre des cours de tir. Et ça n’irait pas plus loin parce que bien sûr, il était exclu qu’elle demande le permis de port d’arme et qu’elle en garde à la maison. Sûrement pas, trop dangereux. Surtout avec un bébé, suffisait de s’intéresser aux faits divers états-uniens de temps à autre pour s’en apercevoir. Mais au moins apprendre à manipuler une arme afin de se sentir un rien plus utile qu’en ce moment ne serait pas du luxe. Comme si de rien n’était, Jax entama donc l’interrogatoire pour se voir mener en bateau par le patron du bar. C’est que celui-ci, manifestement certain de ne pas pouvoir être relié de près ou de loin à toute cette histoire, ne faisait pas beaucoup d’efforts, d’après la jeune maman. A moins que ça soit elle qui ne voie clair dans son jeu, difficile à dire. Ce qui était sûr en tout cas, c’est que cet homme en savait bien plus que ce qu’il en disait. Déjà parce qu’il connaissait le suicidé et que celui-ci avait commis cet acte juste après lui avoir parlé, à lui et ses petits copains. Mais autant les prendre pour des cons puisqu’il ne pouvait pas savoir qu’ils avaient capté de bribes de conversation un peu plus tôt. Estimant qu’il devait se sentir fort aussi à cause de la présence de tout ce beau monde, Robin se pencha alors sur le comptoir et d’une petite voix, lui demanda :
« Ça vous ennuie qu’on poursuive cette conversation en privé, tous les trois ? Je suis timide. »
Elle ne l’était pas, sans quoi elle se serait fait marcher sur les pieds par ses frères et sœurs et n’aurait eu absolument aucune autorité sur eux. Mais s’il y croyait, tant mieux. Peut-être que ça le motiva ou peut-être qu’il comprit que c’était dans son intérêt de coopérer ne serait-ce qu’un minimum, mais il leur fit passer le comptoir et les fit ensuite entrer dans la réserve. Celle-là même où monsieur Nix avait eu sa toute dernière conversation. Robin ferma la porte et prit appui contre celle-ci, des fois qu’on ait quand même eu la bonne idée de les suivre.
« Bon, maintenant qu’on est qu’entre nous… Monsieur Nix vient de se donner la mort. »
L’autre fit semblant d’être surpris mais ça n’avait rien de très crédible.
« Et nous savons de source sûre que vous êtes la dernière personne à qui il a adressé la parole… »
Parfois, il fallait juste mettre les gens devant le fait accompli pour les pousser à la faute.@Jackson Clarke

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Petit interrogatoire avec un nouveau suspect. On lancera les recherches plus tard pour toute informations concernant notre homme. Il a peut-être déjà un casier judiciaire par exemple. Bien que ça soit pas courant. La plupart des gens n’ont jamais commis de délit. Fort heureusement d’ailleurs. Je me la joue relativement sympa pour commencer. Méthode qui ne marche qu’avec les gens biens. Les têtes de cons, ils se foutent bien de la gueule du gentil flic. Et du méchant flic aussi. En plus, ici, on est observé. On est devant pas mal de monde. Intéressés par notre discussion. Tu prends les devants en demandant un endroit plus intimiste. Va-t-il accepté aussi facilement ? Et bah oui ! Comme quoi. J’aurais parié le contraire. Il nous mène donc dans la réserve. On connaît le chemin mais on fait semblant que non. Je te laisse annoncer la nouvelle. Ou c’est plutôt que tu me devances. Il fallait lui dire oui. Surprise ! Ou pas. Pas avec nous. Car Mr Nix était ici-même quelques heures plus tôt. Il commence par dire que non, ça ne doit pas être le cas. Permettez-moi de vous dire que si, si. Bien qu’on est pas censé être au courant. Il nous demande alors s’il nous a laissé un mot. Ah ? Je sens qu’on tient un petit quelque chose. Acteur studio. Un mot ? Euh non … Je laisse suffisamment le doute planer dans ma voix. Comme si je disais un mensonge. Ca aussi, ça a l’air de lui faire quelque chose. Que vous a-t-il donc dit ? Il a du vous parler de sa fille non ? Sa femme aussi peut-être. Bon. Il n’en démord pas. Et je nous vois mal lui dire qu’on était là y’a un moment et qu’on les a entendu tous les deux. Je pourrais. Au final, on est juste rentré dans ce bar par curiosité, on a juste approché d’ici par curiosité. Voilà tout. Le fait étant que, s’il n’a pas cette information, je pense qu’on est gagnant. Ne serait-il pas bon non plus de lancer un faux coupable ? Je ne sais pas. Et que pouvez-vous nous dire d’autres. Comment avez-vous connu Mr Nix ? Difficile pour lui de dire qu’il ne le connaît pas du tout déjà. Car il a pas nié ce fait avec ta question précédente. Réponse facile. Un client. Régulier ? Plus ou moins. J’y crois pas vraiment. Il a pas l’air super sincère. Mais faut pas trop pousser sinon il va se braquer et nous envoyer chier c’est sûr.

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C’était tout de même particulier d’avoir une longueur d’avance sur les gens. Non, parce que cet homme avait quand même l’audace de leur dire que non, non, monsieur Nix n’était pas venu ici juste avant de se pendre alors qu’ils l’avaient vu de leurs yeux. Mais Robin comprenait ; après tout, il risquait gros sur ce coup-là parce que ça le plaçait en très mauvaise position. C’est vrai, pourquoi aller se suicider juste après une discussion ? Sans vouloir aller jusqu’à croire que la seule théorie possible, c’était qu’on lui en avait donné l’ordre – parce que bon, leur principal suspect venait quand même de perdre sa fille et dans des circonstances horribles ou pas, elle pouvait tout à fait comprendre qu’on en vienne à perdre le goût de vivre -, peut-être bien que des mots avaient été échangés. Des mots durs. Qui pousseraient quelqu’un déjà au bord du gouffre à sauter le pas. Ou sauter tout court, pour filer la métaphore. Mais quoi et pourquoi ? Telle restait la question. La jeune maman avait beau creuser, la réponse ne lui sautait toujours pas aux yeux. Bref, elle écouta la conversation des deux hommes en faisant mine de rester dans son coin. Mieux même puisqu’à déambuler dans la pièce, on aurait pu croire qu’elle n’écoutait même pas. Mais elle écoutait. Un mot… Ce qu’elle retenait de cette phrase, c’était sa formulation un peu bizarre. Est-ce qu’il leur avait laissé un mot. Pas « laissé un mot », ce qui pourrait s’adresser à à peu près n’importe qui, mais bien à eux en particulier. Enfin, à la police. Et ça, c’était bizarre, non ? A moins qu’on parle d’une lettre d’aveux, pourquoi l’aurait-il fait ? Dans tous les cas, il n’y avait pas eu de mot. Bien que Jax laissât planer le doute à ce sujet. Bon, le patron du bar s’attendait donc à ce qu’il y en ait un. D’un autre côté, si ça n’avait pas été le cas, il n’aurait pas posé la question. Et s’il ne l’avait pas posée, il n’aurait pas eu l’air d’être aussi coupable. D’un côté, Robin avait l’impression de discuter avec une bande d’amateurs. Puis de l’autre… Plus ils avançaient dans leur enquête et plus la résolution de celle-ci semblait leur glisser entre les doigts. Les questions qui suivirent n’eurent alors plus trop d’intérêt parce que ce type s’amusait clairement à les mener par le bout du nez mais avec un amateurisme frisant le ridicule. Pourtant, Robin savait qu’il fallait continuer à le faire parler, il était constamment à deux doigts de révéler une information qui pourrait être cruciale. Se retournant pour lui faire face, elle prit appui contre le mur derrière elle, croisa les bras et sur le ton de la conversation toujours, demanda :
« Et Amy ? Vous la connaissiez ? Vous l’avez déjà vue ou vous en avez seulement entendu parler ? »
Elle n’aurait su dire pourquoi exactement, peut-être un tic, ou encore cette foutue intuition mais elle sentit qu’il s’agissait là d’un sujet délicat et qu’il fallait poursuivre dans cette voie. Là-dessus, l’homme, après avoir fait mine d’hésiter quelques instants, leur confia que monsieur Nix ne parlait jamais beaucoup de sa fille et que, soi-disant, il ne l’avait jamais vue, pas même en photo. Mouais. Autant dire que Robin n’était pas convaincue.@Jackson Clarke

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Voyons voir où tout cela nous mène. Pas très loin pour le moment. Quoique ? Semblerait que notre patron de bar laisse filer, malgré lui, quelques petites choses. Il est un peu trop curieux à mon goût. On comprendra surement le pourquoi d’ici quelques jours. Heures ? Je vais éviter d’être trop optimiste. Il va pas non plus se mettre à tout déballer. A moins qu’il n’ait absolument rien à voir dans cette histoire. Ce qui m’étonnerait beaucoup. Peut-être se rend-il compte de sa petite bourde car les réponses qui suivent sont dignes d’un politicien. On détourne un peu le sujet, on fait de la langue de bois ou du je ne sais pas. Je le sonde. Et toi aussi. Toujours bien d’avoir deux avis. Au cas où l’un de nous deux louperait un détail. Bien que nous fassions très attention. Sans quoi, autant ne pas être ici. Pour le moment, il continue de répondre à nos questions alors on continue. « Répondre » étant un bien grand mot oui. Mais il est plus ou moins coopératif dira-t-on. Ou pas fermé. Ils sont rares les loustiques dans le genre. Mais assez parlé du père, parlons de la fille, selon toi. On obtient alors une confidence ! Troublante. On avait pas ça dans nos notes. Les deux n’étaient peut-être pas les plus proches du monde mais de là à pas se connaître ? Je sais plus où me situer là. A notre connaissance, ils entretenaient tout de même une certaine relation père-fille. Je prête donc une oreille attentive à la suite. Vous pouvez nous en dire un peu plus ? J’essaye de rien laisser transparaître. Sur le fait que ce qu’il dit soit vrai ou non. En dire plus sur rien ? C’est compliqué je sais. C’est un peu ce qu’il nous sort. Bah que non il sait rien de plus. La mort d’Amy peut-être ? Il ne cache pas qu’il sait qu’elle s’est suicidée en effet. Presque bon mais non. Chose que je garde pour moi bien évidemment. Je reprends aussi les questions sur pourquoi le père et sa fille ne se parlaient pas. Ca, il n’a pas la réponse. Bluff ? Certainement. Je sens le mensonge derrière sa voix. Arrive alors le moment où il nous dit qu’il a d’autres choses à faire. Je l’attendais celle là. Très bon. Nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé. Si quoique ce soit vous revient. Je lui donne ma carte. Ca risque pas d’arriver. Nous par contre, on va revenir ici je sens. Ou il sera convoqué. Une dernière question peut-être ? Je te regarde. Un truc piégeux ? Ou rien, pour lui montrer qu’on est « ok » ?

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Elle savait qu’il mentait mais sur quoi ? Telle était la question. Vu l’implication du père d’Amy dans cette enquête, Robin restait quasi sûre que c’était lui le meurtrier. En tout cas, le fait est qu’Amy avait cherché à se protéger de lui en allant voir ces adeptes du vaudou. Ce qui laisse supposer que tout n’était pas si rose que ça entre le père et sa fille, qu’il s’était déjà montré agressif envers elle. Et lui-même avait prouvé qu’il savait qu’elle trempait dans le vaudou et que ça lui faisait horreur. Ce qui serait une bonne raison de leur faire porter le chapeau. Donc, peut-être bien, sûrement même, que cet homme disait la vérité quand il clamait que les deux ne s’entendaient pas trop. Mais il mentait quand même. Ce qu’il avait dit au père d’Amy avait forcément été le déclencheur de son suicide. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Robin aurait payé cher pour juste connaître ce détail. Dans ces mots résidait la clef de leur affaire. Quel dommage qu’elle ne puisse capter que ses émotions et non ses pensées. Enfin, c’était quelque chose que la médium ne regrettait que dans ces moments-là parce qu’elle trouvait déjà très gênant de capter les émotions des gens en général, alors leurs pensées…
Tout ça pour dire qu’elle avait la très désagréable impression de tourner en rond et qu’ils n’obtiendraient sûrement rien de plus pour le moment. C’est qu’à lui, elle ne faisait pas peur, elle ne pouvait donc pas forcer le trait. En fait, il ne devait même pas savoir pour quelle raison elle était là, peut-être la prenait-il pour une experte en religions diverses ou peut-être pas puisqu’il avait joué la carte du suicide en ce qui concernait Amy mais ça, Robin n’en croyait rien. Se sentant impuissante, la jeune maman se contenta de le saluer avant de revenir sur ses pas quand l’occasion lui fut donnée et de lui poser une dernière question :
« Ça fait quand même beaucoup de suicides pour une seule famille, vous ne trouvez pas ? »
Aussi désespérés puissent être les gens, tout le monde n’avait pas le cran de se suicider et elle supposait que ce qui arrivait le plus souvent dans un cas similaire, c’est que les personnes restantes en viennent à se laisser dépérir ou alors commencent à brûler la chandelle par les deux bouts en plongeant dans l’alcool ou la drogue en espérant que ça mettrait fin plus rapidement à leurs jours d’une manière ou d’une autre. L’homme haussa les épaules et dit juste que ce n’était pas vraiment étonnant non plus. Statistiquement parlant, Robin était convaincue qu’un peu quand même mais elle n’en dit rien et prit congé. Une fois qu’ils furent de retour dans la voiture, elle estima qu’un petit débrief s’imposait.
« Je sais bien qu’on a concrètement rien contre lui mais cet homme est louche et il en sait tellement plus que ce qu’il veut bien dire. Malheureusement, je crois qu’on ne tirera rien de plus de lui pour le moment. En revanche, on peut essayer de choper un des autres ? Ils avaient tous l’air très soudés. »@Jackson Clarke

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Bon. Bah ça se termine un peu en eau de boudin cette histoire. Pas étonnant. Y’a pas grand monde qui passe aux aveux d’eux-mêmes comme ça sans qu’on leur présente des preuves. Ou qu’on les bluff avec le fameux « ton pote a tout avoué ». Certains se trahissent parfois au cours d’un interrogatoire. Alors on creuse et ils finissent par se vendre. Mais pour les plus intelligents, faut d’abord les preuves. Là, on en cherche encore. On ressort donc de cet entretien avec le sentiment qu’il y est pour quelque chose dans ces deux morts. Le sentiment seulement. Car ce n’est ni la première, ni la dernière question qui l’aura trop déstabilisé. C’est une fois éloigné de cet homme que je me permets de te répondre un peu. Mon point de vue. Vous savez. C’est pas si rare que ça. J’ai déjà entendu parler d’études faites comme quoi ça pourrait être génétique, héréditaire. Ou ça doit jouer psychologiquement. Même si je n’ai jamais connu de famille entière, parent et enfant qui finissent tous par commettre cet acte. Oui y’en a sans doute dans les histoires de secte et suicide collectif là. Mais c’est différent. Et puis ici, nous savons que pour Amy, ce n’en est pas un. Pour la suite, je partage ton ressenti et tes conclusions. Probablement que ce qu’il sait l’incrimine. Car il ne m’a pas l’air stressé que pour dire qu’il y aurait encore quelqu’un au dessus. Dont il aurait peur. Mais oui je suis d’accord avec vous. On ne perd rien à interroger les autres de toute façon. Mais là, ma foi, il se fait tard. Ca me dérange pas d’un peu débordé mais il faut pas non plus que ça traîne en longueur. Je sais que des vies, plus ou moins, sont en jeu mais c’est aussi ça la réalité du travail. Sinon, on ne s’arrêterait jamais. On peut peut-être prendre la température. Voir qui serait le plus enclin à parler, à gaffer ou à trahir. On le prendra à part plus tard. Je pense qu’il va être l’heure de rentrer pour vous et moi. Ayant tous deux des enfants, il faut nous en occuper. Même si nous avons le père, de ton côté, et la mère, du mien, pour ne pas les délaisser complètement. On ne va pas attendre ici des heures que les différents clients sortent un à un pour voir qui serait le plus faible. Toutes les enquêtes ne se résolvent pas en un jour bien sûr.

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En temps normal, Robin n’avait rien contre le fait que les gens lui donnent leur avis même si elle ne l’avait pas demandé. Mais c’était tout de même un peu différent quand cet avis lui semblait être la plus grosse ânerie qu’elle ait jamais entendue. Le suicide, génétique. Comme si les gens avaient des prédispositions à devenir si désespérés que leur seule échappatoire était de renoncer à la vie. Ridicule. Et le fait que c’était soi-disant appuyé par une étude scientifique n’y changeait rien. Sûrement des américains, encore. Elle en resta bouche bée quelques secondes avant de se remettre de ses émotions et de reprendre la parole.
« Ouais… Vous savez que des études scientifiques ont autrefois prouvé que les produits allégés et la cigarette étaient bon pour la santé, n’est-ce pas ? Je ne crois pas du tout que le suicide ou la dépression soient génétiques. Je pense en revanche qu’une famille touchée par le suicide d’un être cher aura peut-être plus de chance d’en compter d’autres à cause du trauma engendré par cet acte. Et je pense aussi que si on n’hérite pas littéralement de la dépression, on peut s’y voir plongé en héritant des mêmes conditions de vie que ses parents, ça oui. En résumé, je pense que c’est un problème sociétal. Mais la société ne l’admettra jamais et préférera faire des recherches bidons et mettre ça sur le dos de la génétique. »
Si elle repensait à ses propres épisodes dépressifs – parce que Robin en avait eu, bien sûr, comme tout le monde -, elle se rendait compte qu’à chaque fois, c’était parce qu’elle s’était demandé ce qui n’allait pas chez elle, pourquoi elle n’était pas « normale ». Pourquoi elle sentait des choses que les autres ne sentaient pas puis pourquoi est-ce qu’en début de trentaine, elle n’était pas mariée et n’avait pas encore d’enfants, comme tout le monde. Et la même réponse s’imposait toujours à son esprit : c’était elle le problème. Jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’en tant qu’individu, si elle voulait être comme tout le monde, il lui fallait aller contre sa nature. Et vivre dans la peau de quelqu’un qu’elle n’était pas. Aurait-elle été plus heureuse si elle l’avait fait ? Probablement pas. Et ce qui l’avait vraiment libérée, ce fut à la fois de s’apercevoir que sa différence pouvait être une force mais aussi que le bonheur n’était pas un état constant que l’on ne pouvait atteindre qu’en rentrant dans le moule. Puis qu’est-ce que c’était que le bonheur de toute manière ? Rien d’autre qu’une chimère montée de toutes pièces par des gens qui veulent avoir le contrôle du peuple. Un substitut du paradis pour les non-croyants, en somme. Mais bien sûr, ça n’avait rien de simple d’en arriver à cette conclusion et la plupart des gens n’y étaient pas prêts. Jax non plus, visiblement. Il préférait croire aveuglément une étude à la con. Elle le croyait pourtant plus malin que ça. Toujours est-il que la jeune maman acquiesça à ce qui suivit.
« J’imagine que vous avez raison. »
Et ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’elle pensait que cette fois, ils avaient affaire à une organisation bien plus puissante qu’eux et qu’elle ne finirait malheureusement pas derrière les barreaux. Pas avant des années d’acharnement, en tout cas. Si tant est que la police soit capable de quelque chose comme ça.@Jackson Clarke

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ain't no sunshine when she's gone it's not warm when she's away ain't no sunshine when she's gone and she's always gone too long anytime she goes away

four years in a row :

**○ inscrit le** : 28/11/2017

J’ai bien failli me faire engueuler ! Alors que sur le fond je suis d’accord avec toi. J’y crois très moyen à cette étude. Et y’aura toujours des absurdités dans les recherches et les théories, etc. Des gens qui trafiquent leurs résultats ou qui ont juste un coup de chance, un manque d’échantillon, ça doit être courant. Je soulevais juste mais je n’y crois pas non plus. Je pense plutôt comme vous que c’est l’éducation ou ce qui se passe pendant l’enfance qui fait que. Comme les enfants qui sont élevés par des animaux et qui perdent leur côté humain. Je m’écarte un peu je sais. Malgré tout, les maladies génétiques ça existe. Pour certaines, on peut rien y faire. Donc on ferait mieux de se concentrer ce sur quoi on sait agir. Nous à notre échelle, c’est le cas présent. Je peux faire mon maximum en matière de rendre les gens un peu plus heureux ou les écouter, etc. Mais c’est pas mon job d’être un psy. On a ça à la police. Des personnes qui viennent nous accompagner sur les lieux des accidents pour prendre en charge les victimes. Émotionnellement. Un métier qui existait pas il y a de cela quelques années. Le père d’Amy en aurait peut-être eu besoin tiens. Ou alors, rien n’aurait changé et son sort était scellé depuis le décès de sa fille. Pour aujourd’hui, ce sera tout les enquêtes. On reprendra ça demain, dans l’espoir de trouver une vraie piste.

*** *** ***

Du temps a passé depuis ces deux suicides. « Suicide » pour l’un. « Suicide » pour l’autre ? Nous n’en savons toujours rien. Sur papier, oui. Mais voila, de nouveaux éléments sont apparus dans le dossier. Alors que ce dernier était au point mort. Un nouveau suicide dans le quartier. Une personne qui revenait, tenez-vous bien, d’Alaska. Et qui avait eu, par le passé, des contacts avec Mr Nyx. Une coïncidence ? Pas pour moi. Le gérant du bar ? Disparu. Il a mis les voiles selon moi. Coïncidence ? Bien sûr que non. Je ne sais pas comment mais tout est lié. On en a donc discuté tous les deux et aussi saugrenu que cela puisse paraître, un voyage est donc au programme. Si on m’avait dit un jour que j’irai là-bas pour le boulot … Le Mexique, la Colombie j’aurais compris. La Floride ou le Nouveau-Mexique pareil. Mais cet état qui se trouve dans le même pays que les deux précédents ? Bien sûr que non. Y’a rien à y faire presque. C’est le désert, et c’est froid. Au moins c’est pas l’Antarctique. On se console comme on peut. Puis on a accepté. On aurait très bien pu dire non. Vous êtes prêtes ? Vous avez pris tout ce qu’il fallait, fais les achats nécessaires ? De mon côté oui. Offert par la maison donc on allait pas se priver. Mais j’ai pas fait dans l’excès et j’ai pas acheté le luxe ou le matériel le plus efficace possible. Nous qui ne connaissons pas nécessairement la neige, ça va être beau. Ca nous fera des « vacances » ouais.

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le tueur fantôme.

What do you want from me? Why don't you run from me? What are you wondering? What do you know? Why aren't you scared of me? Why do you care for me? When we all fall asleep, where do we go?

Si un jour on avait dit à Robin qu’elle irait de son propre chef en Alaska, elle n’y aurait pas cru. Elle déteste ça, la neige et les sports d’hiver. Un fait qu’elle avait eu tout le loisir d’observer au cours de vacances en famille, quand tout le monde avait eu envie d’un noël blanc. Un vrai, pas un de ceux qu’elle créait artificiellement pour les beaux yeux de son époux. Sans parler de la fois où elle était allée à Queenstown avec son ancienne belle-sœur… Ah, que de désagréables souvenirs. Et pourtant, elle était là. Puis à tous ceux qui auraient voulu arguer que l’Alaska, ce n’était pas que l’hiver et la neige, on rappelle qu’on était en plein mois de janvier et que, si chez eux, c’était l’été, là où ils allaient c’était bel et bien l’hiver. Et la neige, donc. Puis la nuit aussi, d’ailleurs. Ce qui ne l’effrayait pas outre mesure étant donné qu’elle faisait très clairement partie de ces gens préférant la nuit au jour. C’est plus calme, on se sent plus libre, plus capable d’accomplir à peu près tout. Son âme d’artiste, sans doute. Tout ça pour dire qu’elle ne serait pas là si ça n’avait pas été pour cette enquête. Cette enquête qui traînait depuis si longtemps, qui avait pendant longtemps tourné à l’impasse. Mais c’était sans compter sur un nouvel indice. Faisant surface à un moment où la jeune maman en aurait presqu’oublié Amy, son père et toute la clique. Presque seulement parce que tout ça restait constamment dans un coin de sa tête et la tenait parfois même éveillée la nuit. Tout ça pour dire que quand Jax lui avait appris qu’il y avait un nouveau suicide mais cette fois loin de chez eux, Robin n’avait pas hésité à prendre bébé et mari puis l’avion. Ça leur ferait des vacances à tous. D’étranges vacances, certes, mais elle avait surtout agi sous le coup d’une intuition : Matt devait être là. Pour sa propre santé mentale, à n’en pas douter. C’est à l’aéroport qu’elle retrouva Jax, après s’être séparée du reste de sa famille partie pour l’hôtel. Elle acquiesça quand il lui demanda si elle était prête et avait tout ce qu’il fallait.
« Oui, par chance, ma famille à voulu aller skier une année pour noël alors j’avais déjà tout à portée de main. »
La vraie chance là-dedans, c’est que tout lui aille encore parce que le voyage remontait quand même à avant la naissance d’Harper. Se croyant prête, elle sortit dans la nuit - ça faisait bizarre parce qu’il devait être environ onze heures -, mais surtout le froid, bien en-dessous de zéro. Robin eut dès lors l’impression de capter un léger bourdonnement dans l’air ambiant. Resserrant sa parka autour d’elle, elle se tourna vers son coéquipier.
« Vous croyez qu’on finit par s’y faire ? »@Jackson Clarke

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Autant joindre l’utile à l’agréable ? Est-ce que c’est vraiment agréable d’aller en Alaska en cette période de l’année ? Ca c’est une bonne question. Je ne crois pas. C’est pas une terre très accueillante. C’est pas le pays du père Noël. C’est pas les belles montagnes enneigées. Donc de mon côté c’est en solo que je pars. On s’est arrangé avec Nova. Je ne vais pas partir pendant un mois, normalement. Ca va me faire bizarre de plus les voir toutes les deux. Ce sera ma première grosse période loin d’eux. Mais on pourra toujours se voir par téléphone. Normalement. Ca reste l’Alaska, pas le fin fond de l’Amazonie ou du Sahara. On devrait capter. Toi, tu vas être accompagnée. C’est pas plus mal. Sachant que t’as aussi un enfant en très bas âge. Un bébé peut-on dire. C’est sans doute plus délicat pour la mère de s’en éloigner que le père. Il faut dire qu’on est peut-être sur l’affaire d’une vie. Ou pas très loin. Car je ne pense pas que tout ceci soit un gros camouflet. Déjà la fille et le père c’était curieux. Là on atteint encore l’étage du dessus. Une conspiration, une secte, un tueur en série ? Un mélange de tout ça ? A nous d’enquêter. D’ailleurs, si vous souhaitez parfois faire une petite pause, prendre un peu de recul, « profiter », n’hésitez pas à m’en faire part. Ca peut être pesant. Surtout ici en plein hiver. Epuisant aussi. Toi comme moi avons envie de lever le voile sur ce mystère mais il faut faire les choses bien. Surtout quand on est hors de notre juridiction. J’ai des petits contacts avec les autorités locales au cas où. Parce que non, on vient pas ici en touriste. Enfin toi à moitié mais soit. Pour être honnête, non. A moins d’être ici depuis cinq ans, ou d’y être né. Nous ? On peut courir. Et c’est pas plus mal comme ça. Ce serait bête d’y devenir habitué car ensuite, on va retrouver notre vie normale. Avec un nouveau temps d’adaptation. C’est dommage car à un mois près, on aurait pas été dans la nuit toute la journée. Bizarre de dire ça comme ça ouais. Mais on se comprend. Notre premier arrêt se fait au poste de police. Pour avoir un compte rendu de ce qu’ils ont trouvé. Avec rapport du légiste, etc. Ca nous permet aussi de nous présenter à la police du coin. Cette fois-ci, il n’est pas question de se couper les veines ou de se pendre. Plutôt les médicaments. Une boite entière de somnifères. Et dans la baignoire. Classique. Il n’y a pas vraiment eu d’enquête, de relevé d’empreinte ou résidu ou quoique ce soit. Normal quand on prend le « suicide » de manière isolé. Mais nous, on sait. Et s’ils avaient su, ils auraient sans doute un peu plus fouillé. On nous montre également des photos. Jamais très plaisant de regarder ce genre de cliché. Vous voyez quelque chose ?

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Peut-être bien qu’il lui faudrait faire des breaks de temps en temps, oui. Mais de toute façon, celle-ci, était beaucoup moins leur enquête que le drame qui s’était déroulé en Nouvelle Zélande alors on n’aurait probablement pas besoin d’eux H24, ils étaient là pour donner leur avis mais surtout pour recouper le tout avec leur propre enquête. Histoire de montrer qu’elle avait bien compris, Robin opina du chef avant de quitter la chaleur de l’aéroport. Ainsi que sa lumière. Ce qui la poussa au questionnement. Jax devait avoir raison ; on devait s’y faire parce que l’être humain se faisait à tout, mais au bout d’un certain temps d’adaptation quand même. Cinq ans devraient suffire, d’après lui. Pourquoi cinq et pas quatre ou six ? Bonne question. Qu’elle ne posa pas. En revanche, elle acquiesça de nouveau avant de se laisser conduire. Jusqu’à un poste de police en premier lieu. Où elle ne connaissait bien entendu personne mais ça, ça n’avait rien d’étonnant. Elle se présenta, échangea les formules de politesse habituelles et tâcha de leur être aussi agréable que possible. Puisque cette fois, c’était leur enquête à eux, quelque chose lui disait qu’il valait mieux les brosser dans le sens du poil. Au moins un minimum. Là-dessus, Jax lui montra les photos du nouveau « suicide ». C’était moins spectaculaire que pour Amy, mais il y avait tout de même un peu de mise en scène. Et puis surtout, le fautif avait vraiment voulu s’assurer que la victime n’en réchappe pas puisqu’à l’overdose médicamenteuse s’ajoutait la noyade dans le bain. Est-ce que ça signifiait qu’il y avait déjà eu une tentative de meurtre où la victime s’en était remise ? Une âme charitable arrivée juste à temps pour empêcher le pire ? Ou peut-être avait-elle juste failli s’en remettre… Ça vaudrait sans doute le coup de se renseigner. Si la victime était toujours en vie, peut-être bien qu’elle aurait pu déclarer ne pas avoir souvenir d’avoir attenté à sa vie ou quelque chose comme ça. Bref, son coéquipier lui demanda ensuite si elle voyait quelque chose. Robin prit la photo en main après avoir ôté un gant, s’attendant presque à un flash qui lui révélerait un détail clef de l’énigme. Mais rien, cette fois-ci. Néanmoins, à l’œil nu, elle perçut bien quelque chose et comme souvent, ce fut son instinct qui lui assura qu’elle venait de mettre le doigt sur quelque chose digne d’intérêt. De l’index, elle pointa une feuille de papier reposant presqu’en équilibre sur le lavabo de la salle de bains. Une chance que dans tout ce foutoir, elle ne se soit pas envolée. Mais c’était le travail de la police de faire en sorte que tout reste tel quel le temps de prendre les photos. Il faut croire qu’elle l’avait donc bien fait.
« C’est quoi, ça ? »
Se retournant vers le bureau le plus proche, elle demanda à la personne se trouvant derrière si à tout hasard, elle n’avait pas une loupe. On lui en tendit une et elle y regarda d’un peu plus près. Une lettre, peut-être même une facture venant d’une société avec un logo. Qu’elle ne pouvait quand même pas bien voir, malgré la loupe.
« Est-ce que ça fait partie des pièces à conviction ? »@Jackson Clarke

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