just play and pretend feel nothing // celeste #5

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(eden & celeste)

En venant ici, avec le plan que nous avions élaboré, je ne pensais pas parler d’un sujet comme celui-ci. Mais je suis contente qu’Eden se soit suffisamment sentie en confiance avec moi pour le faire. Même si j’ai fait partie de sa vie dans le passé, j’aurais parfaitement pu comprendre que ce genre de détails soit réservé à son cercle privé, un cercle auquel je n’appartiens pas forcément. Comme je m’y attendais un peu, la brune évoque le fait que les démarches sont longues pour une femme célibataire. Si je n’avais pas eu Elliot et Leo, peut-être qu’un jour, j’aurais dû passer par là moi aussi. Par chance, le destin en a décidé autrement et j’ai eu la chance de pouvoir vivre deux grossesses. Pour plaisanter un peu, je propose à mon ancienne petite amie de lui prêter mes enfants si jamais elle veut s’occuper – ça la dégouttera peut-être même de l’envie d’en avoir à elle. M’en débarrasser est un bien grand mot, mais parfois, avoir un peu de répit ne fait pas de mal. Et pour ça, j’ai la chance d’avoir une famille et des proches qui prennent toujours plaisir à passer du temps avec mes deux garçons. « Merci. C’est gentil de ta part. » Dis-je, amusée, alors qu’elle évoque le fait qu’à force de passer du temps avec lui, Elliot risque de la préférer à moi. « J’essaye de me rassurer en me disant que des mamans comme moi, il n’en a qu’une. Alors que des maîtresses.. » Volontairement, je ne finis pas ma phrase, mais je suis sûre que la brune sait parfaitement où je voulais en venir. Si elle l’a dans ses rangs cette année, elle ne l’aura plus à la prochaine rentrée – même si elle aura toujours l’occasion de le croiser dans la cour de récréation tant qu’il sera en âge d’être dans cette école. « Je n’ai pas précisé d’heure. Je ne savais pas à quelle heure nous finirions. » Je ne voulais surtout pas me presser, je voulais profiter du moment que je pouvais avoir avec elle – comme tous ceux que je peux avoir en ce moment, je crois que doucement, je retrouve les sentiments que j'éprouvais au lycée. Eden propose de faire une surprise aux garçons en allant les chercher, avant de se rétracter. « Non, non. Ce n'est pas con. » Je ne sais pas vraiment si c'est la meilleure des choses à faire : si je suis perdue dans mes sentiments, je n'ose imaginer ce que ça peut être dans la tête de petits garçons comme eux. Même si dans le fond, pour eux, nous ne sommes que des amies et nous nous connaissons depuis longtemps maintenant. « Ils sont avec Lou. Je peux lui demander où ils sont si tu veux. » Sans attendre plus longtemps, je me saisie de mon téléphone et envoie un message à la plus jeune de mes sœurs. « Ils sont au parc, pas très loin d'ici. » Finalement, je crois que cette information acte la suite de notre rendez-vous. S'ils avaient été plus loin, alors peut-être que nous aurions trouvé une excuse, mais là.. c'est compliqué. Je viens boire une nouvelle gorgée de mon verre avant de poursuivre. « Je suis sûre qu'il sera content de te voir. » En dehors des murs de l'école, voir son institutrice à une saveur bien différente pour Elliot : peu importe ce qu'il fait, il sait que ça n'aura pas vraiment de répercussion avec elle. Loin de moi l'idée de penser qu'il fera n'importe quoi. C'est juste qu'en cas de bêtises, la punition viendra de moi et non d'elle. « Allons-y. » Dans une dernière gorgée, je finis mon verre – j'ai été sérieuse, je n'ai pas fait un cul-sec. Nous passons vers le bar et réglons nos boissons avant de sortir de l'établissement. N'étant qu'à quelques minutes à pied de l'endroit où nous sommes, nous arrivons rapidement au parc. Dès le moment où j'entre dans le champ de vision de Leo, le petit garçon accourt vers moi – à sa vitesse et avec l'équilibre encore incertain des premières semaines de marche.

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Après avoir évoqué le sujet de l'adoption, la discussion s'oriente naturellement sur les enfants de la jeune femme. Même si elle n'a pas eu l'histoire d'amour parfaite qui va avec, Celeste a au moins eu la chance d'avoir deux merveilleux petits garçons. Quant à moi, je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Bon ok, c'est un peu triste dit comme ça mais c'est pourtant un fait. Un fait que je n'ai pas malheureusement pas le choix d'accepter. Mais c'est la vie, et je ne désespère pas pour autant. Qui sait, peut être que le destin a encore quelques surprises pour moi. « J’essaye de me rassurer en me disant que des mamans comme moi, il n’en a qu’une. Alors que des maîtresses.. » Je la taquine, mais je sais bien que je ne peux pas rivaliser avec elle. « Oui, mais des maîtresses comme moi... » Rétorquais-je dans un petit sourire en coin. Des maîtresses comme moi, il n'en aura surement pas qu'une. Mais j'aime à penser que je suis et que je resterai la préférée dans son coeur. Même si avec les enfants, à cet âge, cela peut vite changer. Ils ont la faculté de pouvoir passer rapidement à autre chose, comme si rien n'avait réellement d'importance à leurs yeux. Parfois, j'aimerais bien pouvoir faire comme eux d'ailleurs : tourner la page sans aucune difficulté peut clairement être un avantage. Si je pouvais le faire de mon côté, je crois que nous en serions pas là avec Celeste... peut-être que j'aurais déjà eu le courage d'affronter mes peurs, pour aller de l'avant. La brune n'a pas précisé d'heure pour récupérer les enfants, et j'en profite alors pour lui proposer de l'accompagner. C'est une idée instantanée, mais qui est peut être un peu maladroite aussi quand on y pense. Et ça, je m'en rends compte rapidement. D'où le fait que je décide de me rétracter, ne voulant surtout pas m'imposer dans un contexte un peu particulier. « Non, non. Ce n'est pas con. » Mais est-ce bien raisonnable quand même ? « Ils sont avec Lou. Je peux lui demander où ils sont si tu veux. » Je me contente de hocher la tête pour acquiescer. Bon, apparemment, Celeste ne semble pas dérangée par l'idée... c'est déjà ça. Elle envoie donc un message à sa soeur qui ne tarde pas à lui répondre. « Ils sont au parc, pas très loin d'ici. Je suis sûre qu'il sera content de te voir. » Je crois que nous savons toutes les deux ce qu'il nous reste à faire. Nous finissons nos verres avant de régler l'addition et de quitter les lieux. Direction le parc ! Nous ne mettons pas très longtemps à arriver, alors que Leo se précipite vers sa mère. Je salue Lou, la soeur de Celeste, avant d'aller dire bonjour à Elliot. Un peu surpris, il lui faut quelques instants pour comprendre que je suis là. Je me mets alors naturellement à sa hauteur. « Maîtresse ? » Je lève un peu les bras au ciel en souriant. « Surprise ! » Mais secrètement, j'espère que cette surprise ne le fera pas trop se poser de questions. « Tu es venue jouer avec nous ? » Ok, il est définitivement trop mignon. Du coup, je m'improvise copine de jeu, jouant au ballon avec lui. Entre temps, Lou en profite pour se libérer de ses fonctions. Alors que je suis seule avec Celeste, à l'abri d'oreilles indiscrètes, je ne peux m'empêcher de lui poser une question qui me brûle les lèvres depuis un petit moment déjà. « Ma question est peut-être un peu idiote mais... est-ce que Elliot sait que nous avons été ensemble ? » Il a quand même cinq ans, et il est en âge de comprendre certaines choses. D'où le fait que la question puisse se poser. Et comme je suis sa maîtresse, c'est sans doute bien de savoir ce qu'il en est de son côté. « Comme ça je dirais que non, mais je préfère m'en assurer. » Après tout, peut être que je me trompe...

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Comme je l’ai indiqué à la jeune femme, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous arrivons au parc où se trouvent mes deux garçons et ma sœur. Leo ne tarde pas à remarquer notre arrivée et il arrête ce qu’il fait pour venir dans mes bras. Il est dans une période où la séparation est compliquée, alors forcément, quand il me retrouve, c’est bien souvent la fête. Je ne dis jamais non à ça, car c’est toujours agréable de sentir ce petit corps blotti contre le mien. Pendant que je passe un peu de temps avec le petit garçon et sa tante, mon ancienne petite amie s’éloigne un peu pour aller retrouver Elliot. À en voir le sourire qui s’est dessiné sur son visage, il est heureux de la voir. Sans trop avoir le choix, l’institutrice se retrouve embarquée dans plusieurs jeux. Je trouve cela marrant à voir, mais vu son métier, c’est quelque chose dont elle doit avoir l’habitude. Pendant ce temps, je parle un peu avec Lou, jusqu’à ce que celle-ci parte. Je m’assois alors sur un banc, non loin de Leo – qui joue dans l’herbe, pour pouvoir le surveiller. Après un certain temps à jouer, Eden finit par me rejoindre : un groupe d’enfants vient d’arriver pour la remplacer, ou plutôt pour la sauver, tout est une question de point de vue. Assises l’une à côté de l’autre, la brune me demande ce que le petit garçon sait de nous deux. « Tu as raison, il ne sait pas. » Qu’Eden soit son institutrice, c’est suffisant pour l’instant. « Je ne sais jamais comment agir avec lui au sujet de mes relations. Quand il était plus petit, c’était plus simple. Mais il devient grand et curieux maintenant. » Elliot est devenu un monsieur questions. Que ce soit des plus simples aux plus complexes – par chance, j’ai réussi à esquiver celle au sujet des bébés. « Ça n’a jamais été évident avec son père. Alors après ça, quand j’ai vu d’autres personnes, j’ai toujours fait en sorte qu’Elliot reste en dehors. Je ne savais pas si ça allait durer et je ne voulais pas de personnes passagères dans sa vie. » Pour nous, c’est plutôt simple de faire la part des choses et de comprendre quand une histoire est terminée ou non – du moins, on essaye. Mais pour un enfant comme lui, c’est plus compliqué. Il a été élevé aux contes de fées, là où tout finit bien. C’est d’ailleurs pour cela qu’il m’arrive de mentir au sujet d’Archie. Je devrais pourtant commencer à être pleinement honnête avec lui. « J’ai sûrement bien fait. Même si ce n’est pas toujours évident. » Que ce soit vis-à-vis de lui ou de la personne qui partageait ma vie, j’avais toujours l’impression de cacher quelque chose. Alors à un moment, j’ai osé des présentations et finalement, vu que je suis célibataire aujourd’hui et qu’il arrive que le petit garçon évoque Natalia, je ne sais pas trop si c’était une bonne idée. Il arrive qu’il me demande où elle est, quand est-ce qu’elle vient le voir et dans ces moments-là, je ne sais jamais trop où me mettre. « J’ai peur que la notion de passé soit compliquée pour lui et je ne voudrais pas que ça te mette dans une mauvaise posture si ça venait à arriver aux oreilles d’autres parents. » C’est le passé pourtant, ça ne devrait pas me poser de problèmes. Ou alors, c’est que je ne souhaite pas le perturber si jamais la situation entre Eden et moi venait à changer. Finalement, l’espoir n’est jamais loin. Mais je devrais peut-être laisser tomber, sinon c’est notre amitié qui va finir par en faire les frais.

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Elliot est content de me voir, et j'en profite pour continuer de lui faire plaisir en jouant un peu avec lui. Même si je suis institutrice et que je côtoie des enfants toute la journée, je n'ai pas souvent l'habitude de partager des moments privilégiés comme ça avec lui. Parce qu'à l'école, je dois m'occuper de tous les enfants en même temps. Et si je donne plus d'attention à l'un ou à l'autre, vous pouvez être sûr que ça ne passera pas inaperçu. Ce n'est de toute façon pas le but. Il y a forcément des enfants plus attachants que certains, mais je ne dois pas faire de différence pour autant. Mais avec Elliot, c'est déjà différent. Le fait que je connaisse sa mère penche forcément un peu dans la balance. En tout cas, voir Celeste avec ses enfants est toujours un moment de mignonnerie intense. Il faut dire ce qui est, ils sont vraiment trop mignons tous les trois. D'autres enfants arrivent au parc, et naturellement, le petit garçon ne m'accorde plus vraiment d'importance. Ok, je ne fais pas le poids face aux potentiels copains qu'il peut se faire... et je comprends. Je retourne alors vers la brune, profitant de cet instant de répit pour lui demander ce qu'il sait de nous. « Tu as raison, il ne sait pas. » Comme je m'en doutais, Elliot n'est pas au courant de notre histoire. « Je ne sais jamais comment agir avec lui au sujet de mes relations. Quand il était plus petit, c’était plus simple. Mais il devient grand et curieux maintenant. » Il doit sans doute commencer à lui poser des questions, et je comprends que ce ne soit pas facile à gérer. Surtout par rapport à son père aussi. La jeune femme a raison de ne pas imposer à son fils d'autres personnes. D'autant plus si celles-ci ne sont que de passage dans sa vie. « Tu as raison, je pense qu'il faut que tu sois sûre de ta relation avant de t'aventurer sur ce chemin là avec lui. » C'est normal. Elle ne va pas lui présenter n'importe qui non plus - et j'ose espérer qu'elle ne sort pas avec n'importe qui d'ailleurs, soit dit en passant. En tout cas, il faut que sa relation soit déjà sérieuse pour envisager d'immiscer une nouvelle personne dans la vie de ses enfants. « J’ai peur que la notion de passé soit compliquée pour lui et je ne voudrais pas que ça te mette dans une mauvaise posture si ça venait à arriver aux oreilles d’autres parents. » Je hoche un peu la tête pour acquiescer. « Je comprends. » Même si, en soit, ma vie personnelle n'a pas à intervenir dans les couloirs de l'école. Encore moins à arriver jusqu'aux oreilles d'autres parents. Mais c'est vrai que notre situation à Celeste et moi est un peu complexe. Surtout depuis que nous commençons à nous voir plus souvent. Heureusement que cette histoire de faux couple ne fuite pas au reste du monde d'ailleurs. Je n'imagine même pas la réaction d'Elliot s'il comprenait la supercherie... heureusement qu'il n'a que cinq ans finalement. « En classe, les enfants n'arrêtent pas de me poser des questions pour essayer de savoir si j'ai un amoureux ou pas. A croire que c'est le truc le plus intéressant à connaitre sur leur maitresse... » Un léger rire s'échappe alors d'entre mes lèvres. Bon déjà, un amoureux, je ne risque pas d'en avoir. « Mais ça m'amuse. Ils ont tellement d'imagination qu'ils sont prêts à m'inventer n'importe quelle vie. » Si un jour Elliot lui racontait des choses sur moi, il y en aurait sans doute à prendre et à laisser. « Mais promis, tu seras au courant avant lui s'il y a quelque chose d'intéressant à raconter sur ma vie. » En l’occurrence, il n'y a rien d'intéressant à dire sur le sujet. La seule anecdote qui est à peu près croustillante en ce moment, c'est cette histoire de faux couple avec elle justement. Elle est donc la principale concernée. Elliot revient finalement vers nous, son ventre criant apparemment famine. « Maman, j'ai faim. » C'est vrai que c'est bientôt l'heure de manger. « Est-ce que maîtresse va venir manger chez nous ? » Je ne peux m'empêcher de regarder la jeune femme du coin de l'oeil, dans un sourire non dissimulé.

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Maintenant qu'il n'y a plus de secrets entre nous, je parle librement avec la jeune femme : de retour à mes côtés, elle me questionne sur Elliot et sur notre relation passée. Je n'ai pas à lui mentir, surtout que je suis sûre qu'elle peut facilement me comprendre – même si elle ne peut pas se mettre à ma place. Il faut croire que je la connais bien, puisque c'est exactement ce qui se passe. La jeune femme est compréhensive et approuve ma décision. Je ferais tout pour mes enfants, pour les protéger, même si cela signifie que je dois attendre un peu avant de m'investir pleinement dans une relation amoureuse. J'espère bien que ça finira par arriver et ça, avant que le petit garçon me présente quelqu'un à son tour. Même si elle n'a pas d'enfant, l'institutrice est bien placée pour savoir que ce n'est pas toujours évident pour les enfants de gérer leurs sentiments vis-à-vis des relations avec les adultes. Pour elle, c'est sûrement bien plus compliqué que pour moi finalement. Puisque pour l'instant, je n'ai qu'un enfant qui me questionne, alors qu'elle, elle en a deux bonnes dizaines. « Ils s'attendent peut-être à ce que ce soit quelqu'un de leur classe. » Que l'un d'eux sortent du lot. À leur âge, ils ne réalisent pas vraiment ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Pour eux, être l'amoureux de la maîtresse, c'est totalement crédible. Nous nous retrouvons interrompue par Elliot, qui s'approche de nous. Le petit garçon, après avoir bien joué, a maintenant faim. Il aurait pu s'arrêter là, mais non. Il continue et se retrouve à inviter Eden à manger avec nous. Pour lui, cet acte est totalement normal et pour être honnête, cette idée ne me déplaît pas. « J'ai entendu dire qu'elle faisait de très bonnes lasagnes. » Dis-je, un sourire sur les lèvres, alors que mon visage se tourne vers la brune. Naturellement, je repense au repas que nous avons partagé, chez elle. « Et si tu lui demandais d'en faire avec toi ce soir ? » Cette idée semble l'enchanter. « Mais elle doit être disponible pour ça. » Avec Elliot, tout peut aller très vite. Alors avant qu’il ne se fasse de fausses idées, je préfère qu’Eden lui donne une confirmation pour tout ça. « Maîtresse ! Est-ce que tu peux venir chez nous ? » Heureusement qu’elle a entendu le début de notre conversation, car là, il a été très direct, un peu trop peut-être. « Tu sais que tu n’es pas obligée. Je ne voudrais pas que tu aies l’impression de faire des heures supplémentaires. » Cette phrase, je la prononce à voix basse, juste pour mon ancienne petite amie. Car si le petit garçon m’entendait, il me détesterait peut-être pour la fin de la soirée. Pour son plus grand plaisir, la brune accepte. Au moins là, si on voulait un alibi pour notre histoire, on l’a – même si l’idée d’embarquer Elliot là-dedans ne m’enchante pas vraiment. Mais est-ce que ça compte vraiment ? Lui, on ne cherche pas vraiment à lui mentir. C’est juste qu’il est encore trop jeune pour comprendre tous les enjeux qu’il y a dans cette proximité entre Eden et moi. Maintenant qu’il a eu sa réponse, le petit garçon n’attend plus qu’une chose : partir. Je récupère son petit frère et à quatre, comme une petite famille, nous regagnons East Bay, là où je vis. À l’intérieur, ils retirent leurs chaussures – Leo avec un peu d’aide, et leurs vestes. « Je vous laisse le contrôle de la cuisine ? Je vais en profiter pour donner un bain à ce petit garçon. » Je suis sûre que ça fera plaisir à Elliot de passer un peu de temps avec son institutrice et puis, nous n’avons pas besoin de tous être dans la cuisine : on va simplement se marcher dessus. Je prends le petit dernier dans mes bras et après avoir montré les différents placards à Eden, je monte à l’étage pour ce premier bain. Un peu plus tard, ce sera à Elliot de prendre le sien. Enfin ça, c’est s’il accepte de se séparer un peu de sa maîtresse.

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C'est vrai qu'à cet âge, les enfants n'ont pas vraiment la notion des choses. Ils peuvent 'tomber amoureux' de n'importe qui, même de leur maitresse. Je sais que c'est déjà arrivé à certaines de mes collègues. Leur innocence ne leur permet pas de savoir ce qui est crédible ou non. Mais j'espère que ce ne sera pas le cas dans ma classe quand même. Encore moins qu'il s'agisse d'Elliot... bonjour le malaise. Ce qui est bien par contre, avec eux, c'est qu'ils oublient facilement les choses. Ils sont capables de tourner la page du jour au lendemain comme si rien ne s'était passé. Ça, c'est pratique. Le petit garçon nous interrompt alors, demandant que je vienne manger à la maison avec eux. Son invitation est tellement spontanée qu'elle me prend un peu de cours. Mais je crois que l'idée n'est pas déplaisante en soit, bien au contraire. « J'ai entendu dire qu'elle faisait de très bonnes lasagnes. Et si tu lui demandais d'en faire avec toi ce soir ? » Un large sourire se dessine inconsciemment sur mes lèvres quand je repense aux dernières lasagnes que j'ai eu l'occasion de préparer. C'était justement pour elle, lors de notre fameuse soirée. Celeste précise qu'il faut que je sois disponible, et Elliot se lance. « Maîtresse ! Est-ce que tu peux venir chez nous ? » Non mais on en parle de sa bouille ? Même si je ne connais pas son père, on sait clairement de qui il tient... je crois que je suis aussi faible face à lui que je peux l'être face à sa mère. Après ça, je ne peux pas vraiment lui dire non. « Tu sais que tu n’es pas obligée. Je ne voudrais pas que tu aies l’impression de faire des heures supplémentaires. » Je secoue la tête par réflexe avant de murmurer à mon tour. « Je ne vais tout de même pas lui briser le coeur. » Elliot a bon dos, parce qu'en réalité, l'idée de passer une soirée avec eux - et surtout avec elle - est plus que tentante. Je ne sais pas si c'est bien raisonnable par rapport aux limites que je me suis inconsciemment fixées avec elle... mais je crois que c'est un peu tard maintenant. « Oui Elliot, avec plaisir. » Que je lui réponds dans un grand sourire. Nous ne perdons alors pas de temps pour rejoindre tous les quatre le quartier d'East Bay. De l'extérieur, j'ai l'impression qu'on pourrait ressembler à la parfaite petite famille mais c'est sans doute un peu bizarre. Je ne suis pas vraiment à ma place avec eux. Et pourtant, ça ne m'empêche pas de me sentir bien. Comme si c'est exactement là que je devrais être à cet instant. Arrivés chez elle, Celeste me laisse le contrôle de la cuisine pour aller donner le bain à Leo. Ce n'est pas le tout, mais elle a promis pour moi des lasagnes à son fils... il ne va donc pas falloir que je le déçoive. Le petit garçon reste à mes côtés pendant toute la durée de la préparation, prenant très à cœur son rôle d'apprenti cuistot. Il me donne les ingrédients au fur et à mesure, et il en profite même pour me poser des questions. Je crois qu'il apprécie de passer ce moment privilégié avec moi, et le plaisir est évidemment partagé. Sa mère refait alors son apparition dans la cuisine. « Je crois que nous formons une bonne équipe tous les deux. » Annonçais-je fièrement à la jeune femme, tout en tapant dans la main d'Elliot. Il est surexcité et je crois qu'il va être compliqué pour Celeste de le faire passer à l'étape suivante : le bain. « Tu m'aides à mettre le plat au four ? » Évidemment, je soutiens le plat avec lui. « Et voilà ! 30 minutes de cuisson maintenant, juste le temps d'aller prendre ton bain avec maman. » Je le dis naturellement, et finalement, ce n'est peut être pas plus mal que cela vienne de moi. Si ça peut aider... et effectivement, ça fonctionne : Elliot a l'air plutôt coopératif. « Je m'occupe de Leo en attendant. » Cette fois-ci, je m'adresse évidemment à la brune.

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La proposition d’Elliot est surprenante, mais pas complètement idiote. À bien y réfléchir, après tout ce qui vient de se passer, partager un repas avec Eden est la suite logique des choses – et puis, ce n’est pas comme si cette idée me déplaisait vraiment. Néanmoins, je ne voudrais pas qu’Eden se sente obligée de venir et je lui offre une porte de sortie. Ne voulant pas briser le cœur du petit garçon en refusant sa proposition, elle balaye la mienne. Au moins, elle ne pourra pas dire que je lui ai forcé la main. Les deux garçons récupérés, nous prenons la direction de notre maison. Arrivés sur place, je propose de donner un bain à Leo pendant que l’institutrice et son élève se mettent derrière les fourneaux. Ici, Eden peut faire comme chez elle et Elliot ne se privera certainement pas pour lui indiquer où se trouvent les différents ustensiles. Je monte au premier étage avec le plus jeune des garçons et après l’avoir déshabillé, je le dépose dans l’eau tiède. Avant de le laver, je lui donne quelques jouets pour que cette activité soit autant agréable pour lui que pour moi. C’est un moment privilégié que je passe avec mon deuxième fils et comme je sais que son grand-frère est entre de bonnes mains, je n’ai pas de soucis à me faire pour tout le reste. Après plusieurs dizaines de minutes, le petit garçon est lavé et habillé. Nous pouvons redescendre et passer au prochain sur la liste du bain. Il faut croire que ça tombe plutôt bien puisqu’il semblerait qu’ils aient terminé de cuisiner et que le plat doit partir pour trente minutes au four. Trente minutes, c’est exactement le temps que je vais avoir pour donner un bain à Elliot – avec Eden dans la cuisine, je doute qu’il m’en laisse plus. En parlant de la jeune femme, elle se propose pour garder l’autre petit garçon en attendant. Contrairement à Leo, les choses se passent vite : il n’a jamais été aussi pressé de sortir de l’eau. Il enfile seul son pyjama et redescend les escaliers deux par deux. Bon.. ce n'est peut-être pas exactement comme cela que les choses se sont passées, mais c'est bien comme ça que je les ai perçues. « Ça sent très bon ! » Dis-je, alors que je pose à mon tour les pieds au rez-de-chaussé. Je m'avance dans la cuisine pour rejoindre l'institutrice et jette un rapide coup d'œil sur le côté pour voir que le plus jeune des garçons vient d'être rejoint par son frère pour jouer. « Tu t'en sors très bien, que ce soit avec Elliot ou Leo. » Un sourire se dessine naturellement sur mon visage. « Tu pourrais être mère. » Je ne dis pas cela au hasard, je fais référence à la discussion que nous avons eue un peu plus tôt lorsque nous étions au bar, cette fameuse discussion au sujet de Morgan et du trajet qu'Eden doit faire en Angleterre. « Et si on mangeait ? » Rapidement, Elliot se relève. « Oui ! » Il ne mentait pas au parc, il a vraiment faim. « Il faut mettre la table pour ça. » Il est encore un peu jeune pour tout faire tout seul, mais il ne rechigne pas pour mettre la main à la pâte. C'est le cas les autres jours, mais c'est d'autant plus vrai aujourd'hui. Je l'aide un peu et sors les assiettes, puis les couverts et il s'occupe du reste, déposant tout le nécessaire qu'il faut sur la table. Du moins, pour Eden, lui et moi. Pour son petit frère, je m'en occupe. Je récupère le brun dans les bras et l'installe dans sa chaise haute. Je mets ensuite un peu de lasagnes dans une assiette et la découpe en petits morceaux pour qu'il puisse les manger seul. Elliot court une dernière fois entre la cuisine et la salle à manger pour récupérer des serviettes. « S'il est toujours comme ça quand tu es là, tu vas devoir venir plus souvent. » Si en plus elle cuisine, c'est vraiment tout bénéfique pour moi. Maintenant que la table est prête, nous allons tous rejoindre le premier installé. Même si c'est un peu un soir de fête – comme Eden est là, il ne faut pas oublier qu'il y a école demain.

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Quand nous avons décidé de mettre en place ce stratagème pour piéger ma demi soeur, il n'était pas vraiment prévu que je finisse la soirée chez Celeste. Me retrouver là, chez elle, à cuisiner avec Elliot comme si je faisais vraiment partie de la famille, est peut être un peu étrange en soit. Et pourtant, les choses se sont fait naturellement. D'ailleurs, le petit garçon n'est pas étranger à ce nouveau rapprochement. C'est bien grâce à lui si la soirée a pu se poursuivre tous les quatre. Et là, maintenant, il n'est plus du tout question de jouer un jeu ou quoi que ce soit d'autre. Ici, Marley ne peut pas nous voir et nous n'avons donc plus aucune raison de faire semblant. Après avoir terminé la préparation des lasagnes, Elliot m'abandonne pour aller prendre le bain avec sa maman et nous inversons les rôles. Je m'occupe à présent de Leo. Si avec Elliot, c'était facile et naturel, avec le plus jeune des garçons, ce n'est pas vraiment la même histoire. Faut dire que je n'ai pas l'habitude de gérer des enfants en bas âge. Mais je m'en sors plutôt bien, ou en tout cas j'essaye de faire au mieux jusqu'au retour de la jeune femme. Je ne peux m'empêcher de penser à ce que ma vie aurait pu devenir, avec un enfant, si ma relation avec Morgan n'avait pas fini par voler en éclats. Il y a encore ce projet d'adoption qui reste inconsciemment dans un coin de ma tête... les minutes défilent, et heureusement, la brune ne tarde pas à revenir avec Elliot. « Ça sent très bon ! » Un sourire se dessine naturellement au coin de mes lèvres. A force, je vais vraiment finir par devenir la pro des lasagnes. Mon but ultime ? Devenir la première dans son classement - et surtout dans son coeur. Ok, je parle peut être plus vraiment de lasagnes là. « Tu t'en sors très bien, que ce soit avec Elliot ou Leo. Tu pourrais être mère. » Elle me sourit, et son compliment me va droit au coeur. « Merci. » Ça me fait plaisir qu'elle puisse le penser. Parce que son avis a toujours été important pour moi, et sur ce sujet, elle est sans doute la mieux placée pour en juger. Maintenant, il est temps de passer à table. Pour être honnête, Elliot n'est plus le seul à avoir faim. Le petit garçon s'active pour aider sa maman, et son excitation est vraiment communicative. Je l'ai rarement vu comme ça, même à l'école. « S'il est toujours comme ça quand tu es là, tu vas devoir venir plus souvent. » Un léger rire s'échappe alors d'entre mes lèvres. Est-ce qu'elle dit ça uniquement par rapport à son fils, ou a-t-elle secrètement envie que je vienne plus souvent aussi ? La deuxième option ne me laisserait sans doute pas indifférente... mais ce n'est pas le moment de creuser le sujet. Nous prenons le temps d'apprécier ce repas tous les quatre avant que ce soit le moment pour les garçons d'aller dormir. Il commence malgré tout à se faire tard. Après avoir pris le temps de dire au revoir comme il se doit à Elliot, et à Leo aussi, je laisse le soin à mon ex de les coucher. Entre attendant, je m'occupe de débarrasser la table et de faire la vaisselle. Celeste finit par me rejoindre. « Merci, j'ai passé une très bonne soirée avec vous. » Le sourire que je lui adresse à cet instant est vraiment sincère. « Elliot a eu une bonne idée ! » C'est lui qui a été à l'initiative de mon invitation. Maintenant que nous sommes plus que toutes les deux, les choses deviennent peut être encore un peu plus étranges. « Je vais te laisser. » Je préfère prendre les devants et être raisonnable. « On se tient au courant pour Marley. » Quelque chose me dit qu'elle devrait mordre à l'hameçon rapidement. « Bonne fin de soirée Celeste, et merci encore. » Je dépose alors un rapide baiser sur sa joue.

ONGLET 1 ONGLET 2