a whole new world ⚝ marlan #5

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tell me princess, now when did you last let your heart decide ?⊱ marlan ⊰

26.11.2022 ⚝ « Me regarde pas comme ça, je vais y arriver ! » J’échange un regard désespéré avec mon chien, qui m’a suivi tout l’après-midi sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Faute de me sentir jugée, j’ai très bien senti sa perplexité en me voyant me plier en quatre pour que cette soirée soit parfaite. D’abord, les courses, pendant lesquelles j’ai tenu la jambe un bon quart d’heure au marchand de légumes en lui demandant conseil sur la meilleure façon de cuisiner ses produits. Puis, le ménage et la transformation du salon, qui devra faire l’affaire pour ce soir. Ce n’était pas mon idée première, de rester à la maison. Mais il a plu des cordes toute la journée, et l’absence de réponse de Marley à mon message m’a fait réviser mes plans, sans même savoir si elle allait rentrer ou pas… Vraiment, je ne sais pas ce qui m’a pris de lui organiser une soirée d’anniversaire sans même savoir si elle serait là ; et j’ai passé une bonne partie de l’après-midi à me demander si elle allait finir par me rejoindre, ou si j’allais me retrouver en solo avec mes fraises - oui, il y a des fraises prévues au programme, spoiler alert.
Mais son message arrive à point nommé, pile au moment où j’avais commencé à me décourager. J’en oublie même de lui répondre, ne gardant que l’information principale : elle est en route. Tant pis pour le gâteau que je m’acharne à essayer de rendre présentable depuis vingt minutes : j’avais prévu un backup plan, de toute façon. Et j’ai même prévu un backup plan au backup plan ; il fallait au moins ça, quand on connaît mes tendances pyromanes en cuisine. Mais ô miracle, rien n’a cramé aujourd’hui ! Plus qu’à rester sur cette tendance jusqu’à la fin de la soirée. Et ça ne va pas être une mince affaire, surtout quand le thème de ladite soirée s’appelle : Feu de camp. Alors non, je n’ai pas fait installer une cheminée dans le salon en son absence ; il faudra se contenter de celle qui crépite à la télé. Mais pour parfaire le tableau, j’ai repoussé les meubles, pour installer un tapis moelleux au milieu du salon. Avec quelques bougies supplémentaires réparties dans la pièce, et le reste des lumières tamisées, on n’est pas trop loin de l’ambiance ‘chalet de montagne’ que j’essayais d’obtenir… Mission accomplie. Il ne me reste plus qu’à aller me changer, et… merde, je suis à moitié à poil dans ma chambre quand je vois les phares de la voiture qui s’engage dans l’allée. Pourquoi j’ai un pic d’adrénaline, d’un coup ? « Bon, Meeks. C’est le moment d’assurer. Sois naturel. » Il me répond par un sifflement aigu, et je jurerais qu’il me dit un truc du genre ≈‘C’est toi qui stresses. Moi, ça va.’ Ouais ouais, je sais. Parfois, je me dis que ce chien mériterait sérieusement qu’on lui donne la parole.
Marley a déjà passé la porte quand je redescends les escaliers, et je m’empresse de la rejoindre pendant qu’elle découvre l’état du salon. « Promis, j’ai rien cramé. Je voulais aller camper à la base, mais vu le temps… j’ai ramené le campement ici. » A peu de choses près, on s’y croirait. Sauf pour la sensation de chaleur, qui ne provient pas tout à fait de la cheminée, mais de la combinaison pyjama que je viens d’enfiler. Un koala, pour ma part. « J’espère que t’es pas trop fatiguée, on a tout un programme à tenir. Mais tiens, tu peux commencer par enfiler ça. » Je lui tends la combinaison que j’ai choisie pour elle, à l’effigie d’une coccinelle. Elle a encore une pointe d’hésitation, à moins que ce ne soit le temps de réaliser ce qui est en train de se passer. « Quoi ? Tu croyais pas que j’allais laisser passer ton anniversaire sans rien faire ? » De là à aller jusqu’à transformer le salon, il y a un monde. Et… ouais, peut-être que j’y suis allée un peu fort, et peut-être qu’elle ne s’attendait pas à un tel accueil. Mais maintenant qu’on y est, il ne lui reste plus qu’à se laisser faire, et profiter du moment.

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J’ai la sensation que rien ne va ces derniers temps. Ma vie est devenue un bordel sans nom et je ne sais plus comment réorganiser les choses pour retrouver un semblant de calme. J’ai beau essayer de retourner mon cerveau dans tous les sens, j’ai la sensation que tout a dérapé la nuit que j’ai passée avec Tegan. Je m’en veux d’avoir cédé à la facilité de lui demander un pétard pour mettre mon esprit sur pause. Je ne regrette pas ce que j’ai pu partager avec elle cette nuit-là, je regrette plutôt de m’être laissée embarquer par mes propres sentiments. Si encore j’avais réussi à mettre une barrière entre le physique et le mental. Profiter de cet échange charnel, sans que mon coeur ne prenne part à la danse. Ça aurait été trop facile. J’ai bien réussi à men persuader quelques jours, quelques semaines, jusqu’au soir de la première de Tegan, lorsque j’ai vu à quel point elle était ouvertement proche et tactile de Love. Entre actrices, elles se comprennent, et puis elles sont queer toutes les deux, ça doit aider aussi, non ? Toujours est-il que ce que j’ai pu ressentir ce soir là, mon ventre qui s’est tordu à un point douloureux, je n’ai aucunement envie de revivre ça. J’en ai trop souffert avec Austin, et j’en souffre encore. Il n’est pas question que je me laisse avoir à nouveau par quelqu’un qui n’est pas sur la même longueur d’ondes que moi. Et c’est quoi, ma longueur d’ondes, hein ? A quoi je m’attendais ? Je suis encore mariée légalement, ma vie amoureuse est un putain de champs de mines, alors quoi ? Il n’y a qu’avec Nino que rien n’est compliqué, je crois que je vais m’en tenir à ça, et les choses iront très bien. Nouvelle résolution.
Aujourd’hui c’est mon anniversaire, et même si Celeste m’avait gentiment proposé de prendre ma journée, j’ai choisi d’aller travailler, et de la laisser prendre la sienne en profitant de ses deux amours. Je suis déjà partie trois jours la semaine dernière pour aller voir Norah, je ne vais pas exagérer, anniversaire ou pas. Et puis, ça me permet aussi de penser à autre chose, et ne pas être trop à la maison. Depuis la représentation de Tegan, j’évite soigneusement ma propre maison, c’est ridicule. Il va falloir que j’agisse en adulte, que je récupère mon territoire. Je ne parle pas de mettre Tegan à la porte, simplement de mettre un terme à toute cette tension étrange qui me prend la tête, le corps, le coeur, tout. Stop.
Et toutes mes bonnes résolutions semblent vouloir s’envoler en fumée quand je passe la porte de chez moi, et que je découvre la boule d’énergie qu’est Tegan, plus radieuse que jamais. « Promis, j’ai rien cramé. Je voulais aller camper à la base, mais vu le temps… j’ai ramené le campement ici. » Je laisse mon regard parcourir le salon, son installation, tout y est, on se croirait dans un chalet Suisse. « J’espère que t’es pas trop fatiguée, on a tout un programme à tenir. Mais tiens, tu peux commencer par enfiler ça. » Je baisse les yeux sur la combinaison qu’elle vient de me tendre, la prenant entre mes mains. Je n’ai plus porté ce genre de pyjama depuis que j’ai quoi… neuf ans ? Je sais que c’est revenu à la mode, mais je ne m’attendais pas à en porter une le soir de mes 32 ans. « Euh… ok. » J’avoue être un peu perturbée par tout ça, pas dans un mauvais sens, mais je crois que ma propre réflexion la concernant m’a quelque peu chamboulée. « Quoi ? Tu croyais pas que j’allais laisser passer ton anniversaire sans rien faire ? » Je ne peux réprimer un sourire, parce que malgré tout, elle est vraiment adorable. Et toute cette organisation pour me faire plaisir, je ne peux que reconnaître l’effort. « Tant que c’est pas moi qui range, tout va bien. » Je m’approche et plaque un baiser sur sa joue, avant de me diriger vers l’étage. « Je vais juste prendre une douche rapide, j’arrive ! » C’est le moment pour moi de me conditionner pour la soirée. Je n’arrête pas de répéter à mon cour qu’il doit se tenir tranquille, et à mon cerveau de ne pas sembler trop distante. Un juste milieu. Être naturelle. On va essayer. Je redescends vêtue de mon pyjama coccinelle, et je mets même la capuche avec mes petites antennes. « Tu m’as prévu des pucerons ? J’ai faim ! »

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Okay, Marley est arrivée, c’est l’heure du show. Première étape : lui donner son costume, en espérant qu’elle accepte de l’enfiler. A priori, il n’y a aucune raison qu’elle refuse, mais je suis consciente que prendre les commandes de son anniversaire sans prévenir pourrait ne pas être à son goût. Déjà, rien ne m’assurait qu’elle rentrerait ce soir, et encore moins qu’elle rentrerait seule — quoique, pour ça, j’ai vérifié avec Nino que la voie était libre. Et en parlant de Nino, je sais toujours pas s’il est au courant de ce qu’il s’est passé entre elle et moi… Pas que ça ait la moindre importance, mais quand on sait ce qui se passe parfois entre eux, j’ai bien le droit de me poser la question, non ? Simple curiosité, promis.
C’est à la principale intéressée qu’il faudrait que je pose la question, en fait. Mais là tout de suite, la principale intéressée a l’air à moitié dans la lune, et je commence presque à me demander si cette soirée était une bonne idée. « Tant que c’est pas moi qui range, tout va bien. » Ah ! Bah, si c’est que ça… Je souris simplement, pendant qu’elle vient déposer un baiser sur ma joue. C’est toujours comme ça, avec elle. Et je crois bien que je commence à m’y habituer, même si j’ai maintenant parfois le réflexe de vouloir détourner le visage au dernier moment… Mais non, chut. Il n’est pas question de ça ce soir. « Je vais juste prendre une douche rapide, j’arrive ! » « Pas de souci, à tout de suite ! » Elle disparaît dans l’escalier, et je retourne à la cuisine, où je finis les dernières préparations en attendant qu’elle revienne. Et okay, c’est Armageddon dans la cuisine, et il ne faut surtout pas qu’elle le voit. Mais avec de la chance, j’aurais le temps de tout ranger avant qu’elle puisse tomber dessus ; parce qu’évidemment que je vais tout ranger. La question ne se posait même pas, d’ailleurs.
Je finis tout juste de disposer des mini-bouchées végétales sur un plateau lorsque je l’entends redescendre, visiblement un peu plus enjouée que tout à l’heure. Au moins, la douche lui aura fait du bien ! « Tu m’as prévu des pucerons ? J’ai faim ! » Je la rejoins dans le salon, et observe son costume de coccinelle qui est tout simplement parfait. Je n’aurais pas pu mieux choisir. « Evidemment que j’ai prévu des pucerons ! Tu m’as prise pour une débutante ? » Oui d’accord, elle aurait pu ; je suis loin d’être la personne la plus prévoyante du monde. Pourtant, aujourd’hui, l’envie que tout soit parfait a été plus forte que toutes les autres distractions. « Enfin des pucerons à ta taille, quoi… Installe toi, je t’en pris. » Avec cérémonie, je lui indique les coussins disposés par terre, étalés sur un tapis moelleux, juste en face du feu de cheminée. « Cette combi te va comme un gant, on dirait que tu l’as portée toute ta vie ! » Je profite qu’elle soit assise pour jouer avec une antenne, de ma main libre. « Tu savais que les coccinelles pouvaient avoir jusqu’à 22 points sur le dos ? Une vraie constellation. » Pour ceux du fond qui n’avaient toujours pas compris pourquoi j’avais choisi la coccinelle pour elle, voilà l’explication. La constellation, la voie lactée… Le thème interstellaire est maintenant plutôt récurrent entre nous. « Enfin bref, c’était le fun fact du soir. T’en veux un ? » Je lui tends le plateau de petits fours, lui laissant tout juste le temps d’en prendre un avant d’aller déposer le tout un peu plus loin. « Le premier était gratuit. Pour les suivants, il faudra les mériter. Comment sont tes réflexes ? » Bons, j’espère. Parce que pendant qu’elle m’interroge du regard, je sors un Jungle Speed d’on ne sait où, dont j’entreprends déjà de séparer les cartes en deux piles, et le totem au milieu. « Tu sais comment ça marche ? Celle qui attrape le totem a le droit de manger. Ou donner un gage à l’autre, au choix. » Okay, c’est une version un peu améliorée du Jungle Speed de base. Mais je trouve ça mignon et plutôt sage, pour commencer. Je veux dire… j’aurais pu directement nous lancer sur un Strip Poker, mais pas sûre qu’elle aurait apprécié.

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Pas sûr que j’étais vraiment dans le mood de fêter mon anniversaire, mais je sais d’avance que Tegan est pleine de surprises, et qu’il se peut que mon a priori sur la soirée soit changé d’un coup de baguette magique dont elle a le secret. Une fois ma douche prise, j’enfile le pyjama rouges à pois noirs et descends rejoindre la jeune femme au salon. Je dois bien admettre qu’on est hyper confortable là dedans, je comprends mieux pourquoi tout le monde a tendance à porter ça en hiver. « Evidemment que j’ai prévu des pucerons ! Tu m’as prise pour une débutante ? » Je souris, plus amusée qu’autre chose. Je sais qu’elle n’est pas la plus douée en cuisine, mais elle est volontaire, et c’est encore ce qui est le plus important. Je me remémore sa première soirée ici, quand elle a bien failli mettre le feu à la maison. Ça me paraît hier, et en même temps c’est comme si ça datait d’il y a des années.
La jeune femme me somme de m’installer et je m’exécute sans tarder. L’installation est bien organisée, on se croirait vraiment dans un feu de camps, mais version intérieur. « Cette combi te va comme un gant, on dirait que tu l’as portée toute ta vie ! » Je ris et hoche vivement la tête avant de me regarder. « Ecoute, j’ai l’impression d’avoir toujours vécu dedans ! » Je n’ai jamais vu la jeune femme avec, je ne sais pas si elle l’a achetée pour l’occasion, mais elle est déjà adoptée. « Tu savais que les coccinelles pouvaient avoir jusqu’à 22 points sur le dos ? Une vraie constellation. » Je la regarde, à la fois impressionnée par l’info en question, et amusée par le fait que Tegan a ce don de toujours sortir des faits qui ne servent à rien, mais qui font mouche. Et puis, parler de constellation me fait monter le rouge aux joues, puisque le mot me rappelle cette fameuse nuit, et même si j’étais high, je me souviens de tout dans le moindre détail. « Enfin bref, c’était le fun fact du soir. T’en veux un ? » Je n’ai pas réagi à son ‘fun fact’, trop perturbée par les souvenirs de notre dernière nuit partagée. Je pioche sur le plateau en la remerciant, et enfourne l’apéritif dans ma bouche. « Le premier était gratuit. Pour les suivants, il faudra les mériter. Comment sont tes réflexes ? » J’arque un sourcil tout en finissant ma bouchée. « Dépend qui le demande ! C’est vachement bon, c’est toi qui les a faits ? » Possible que cette bouchée m’ait ouvert l’appétit finalement.
Je regarde la jeune femme sortir le jungle speed pour illustrer sa question à propos de mes réflexes. « Tu me demandes ça après une journée de boulot ? » elle est rude. « Tu sais comment ça marche ? Celle qui attrape le totem a le droit de manger. Ou donner un gage à l’autre, au choix. » « Moi qui m’attendait à une soirée tranquille au coin du feu… » J’ai un côté un peu grand mère sur les bords, mais Tegan est là pour me secouer un peu. La plupart du temps, ça me fait du bien, et je n’ai pas encore d’avis sur la question concernant la soirée que je m’apprête à passer avec elle. « T’as de la chance que j’ai faim ! » Heureusement, je ne suis pas un Gremlins quand j’ai faim. Je me concentre et la partie est lancée. Je sens bien que Tegan commence en douceur, il se pourrait même qu’elle fasse exprès de me laisser gagner. Pour le moment, ça m’arrange. Je tends le bras pour attraper un petit four et le mange avec plaisir. « J’accepte que tu me laisses gagner pour les 3 premiers tours, le temps que mon ventre soit calmé. Après, c’est oeil pour oeil dent pour dent. » Je la défie un peu du regard, lui offrant un sourire de circonstance. Comme prévu, elle me laisse gagner les premières parties, ou alors je suis vraiment féroce pour arriver à me nourrir, je n’arrive pas à savoir quelle est la bonne réponse à la question. Quatrième tour, elle gagne. « T’as faim ? » Je préfère qu’elle mange plutôt qu’elle me donne un gage, mais connaissant la bestiole, je crois que je vais passer à la casserole. Enfin, pour le jeu, j’veux dire. Voilà. Pas de pensée parasite. Stop maintenant !!

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J’ai prévu tout un programme pour cette soirée. Une vraie animatrice en colo de vacances, qui ne voudrait surtout pas risquer que son audience ne tombe dans l’ennui, même pendant une seconde. Je n’avais pas exactement prévu que ladite audience soit aussi mignonne dans son pyjama coccinelle, mais il ne tient qu’à moi de rester professionnelle et ne pas me laisser perturber par ça. Facile, non ? « Ecoute, j’ai l’impression d’avoir toujours vécu dedans ! » Ouais, voilà. Facile. Tellement facile que je fais, malgré moi, une allusion pas si discrète à cette fameuse soirée où tout a basculé dans un dérapage pas tout à fait contrôlé. On n’en a jamais reparlé depuis ; pas l’une à l’autre en tout cas, et ça commence à être un peu trop tard pour ça maintenant. De toute façon, ce n’est pas l’objectif de ce soir, alors tenons-nous en au programme. Ce fameux programme, auquel je m’accroche comme si que ma vie en dépendait ; et ça commence par le Jungle Speed. « Dépend qui le demande ! C’est vachement bon, c’est toi qui les a faits ? » « C’est… le four. » Techniquement, j’ai participé à leur conception, mais en utilisant une préparation déjà toute faite. La réponse à sa question n’est donc pas complètement claire, à l’image de celle que je lui fournis, donc. Ça n’est probablement pas très important de toute façon.
Ce qui est important, c’est cette partie de Jungle Speed que je nous prépare, sous ses yeux… fatigués ? « Tu me demandes ça après une journée de boulot ? » Je lui explique les règles, en insistant sur les particularités de cette version-ci du jeu. Et visiblement, elle espérait autre chose pour sa soirée d’anniversaire. « Moi qui m’attendait à une soirée tranquille au coin du feu… » Est-ce que j’ai visé trop haut pour elle ? « T’inquiète, je serais douce. » Et douce, elle sait très bien que je peux l’être… Mais là n’est pas la question. Pour le jeu, et surtout pour ne pas la décourager trop vite, je lui laisse gagner le premier tour. Puis le deuxième. Visiblement, mon petit manège n’a pas l’air très discret, puisqu’elle me le fait rapidement remarquer. « J’accepte que tu me laisses gagner pour les 3 premiers tours, le temps que mon ventre soit calmé. Après, c’est oeil pour oeil dent pour dent. » Sa façon de me défier me fait rire, mais je lui réponds par un hochement de la tête, assorti d’un « Ok » parfaitement sérieux. Et comme prévu, je laisse passer les trois premiers tours, avant de m’emparer du totem lors du quatrième. Et visiblement, elle s’inquiète un peu du sort qui l’attend. « T’as faim ? » Pour être honnête, je n’avais rien prévu en matière de défi, et je vois dans ses yeux qu’elle s’attend à ce que je passe à l’attaque. Alors finalement, c’est un peu à contre-courant que je décide de passer mon tour pour le gage, tout en répondant par un simple « Grave ! » à sa question. En plus, c’est vrai qu’elles sont bonnes, ces bouchées !
Le jeu reprend, et que ce soit de mon côté, ou du sien, plus personne n’est disposée à faire de cadeaux. Alors quand j’attrape le totem encore une fois, une fraction de seconde avant elle - ses doigts se sont littéralement refermés sur les miens - je m’autorise une minuscule danse de la victoire, avant de plonger mon regard dans le sien. « T’es prête ? Je veux que… » Je me penche légèrement dans sa direction, laissant malgré moi mes yeux perdre un tout petit peu d’altitude - Oups. « … tu finisses toutes tes phrases par des noms d’animaux, pendant cinq minutes. » C’est simple, non ? C’est gentil, j’ai décidé d’être gentille, ce soir. Après tout, c’est son anniversaire. « Et si tu gagnes le prochain tour, je te laisse le droit de choisir la prochaine activité. Si tu veux quelque chose de plus calme, c’est ton moment. » Qu’elle y arrive ou pas, je suis déjà en train de réfléchir à quelque chose de plus calme pour la suite. Parce que le but de la manoeuvre n’est pas qu’elle me claque entre les doigts au bout d’une heure, j’espérais quand même qu’elle ait un peu plus d’endurance que ça.

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Quand elle répond à ma question en me disant que c’est le four qui les a faits, je comprends qu’elle les a simplement faits réchauffer. Je ne lui en veux pas, même si j’aime bien quand elle prend des risques culinaires modérés. Je lui fais part de mes inquiétudes concernant la soirée, parce que je n’ai pas l’énergie pour un truc de malade, et connaissant la jeune femme, elle pourrait très bien avoir organisé quelque chose en grand pour me faire plaisir. « T’inquiète, je serais douce. » Je sens mon ventre se réchauffer, au même titre que mes joues qui se teintent de rouge assez rapidement. Je sais qu’elle peut être une vraie tornade, tout comme elle peut être extrêmement douce, j’en ai eu l’expérience. Mais je préfère ne pas penser à ça, parce que ça a tendance à me perturber plus qu’il ne le faudrait.
Rapidement, il est question d’un jeu. Un jeu de rapidité, et je ne suis pas sûre d’être à la hauteur ce soir. Pourtant, je me laisse embarquer par le sourire de la brunette, même si je vois qu’elle me laisse gagner les premières parties. Evidemment, il suffit que je lui dise qu’elle n’a plus besoin de me laisser gagner, pour qu’elle s’en donne à coeur joie. Je ne suis pas - encore - dans le mood à lui trouver un défi, alors je choisis la carte de la sagesse en lui proposant à manger. Mais c’est encore à elle de décider si elle préfère manger ou avoir un gage. Je suis quand même rassurée lorsqu’elle vient chercher un amuse-bouge sur l’assiette. Nous repartons pour une nouvelle manche et je tente de me concentrer du mieux que je peux, mais ça n’est pas suffisant, et Tegan gagne à nouveau, me gratifiant de sa danse de la joie. « Oh ça va, t’es pas obligée de te pavaner non plus ! » dis-je d’une voix faussement grognon. « T’es prête ? Je veux que… tu finisses toutes tes phrases par des noms d’animaux, pendant cinq minutes. » J’arque un sourcil, un peu perplexe face au gage proposé, mais je ne peux que sourire de voir qu’elle a vraiment beaucoup d’imagination. « Hum. Okay. » et je prends conscience que je dois commencer dès maintenant alors j’ajoute un « … girafe. » pour ponctuer ma phrase, ce qui la fait sourire, et moi aussi. « Et si tu gagnes le prochain tour, je te laisse le droit de choisir la prochaine activité. Si tu veux quelque chose de plus calme, c’est ton moment. » Je me mets à rire et hausse les épaules. « Oh mais je te fais confiance pour la suite. Et puis, je bosse pas demain matin. Eléphant. » On est parties sur un thème savane visiblement. « Ce gage est complètement ridicule, écureuil. » Mais la voir rire ou sourire me suffit pour continuer sur ma lancée. « Bon allez, c’est reparti pour un tour chaton. » Celui là était presque naturel, un peu trop peut-être. Nous nous préparons pour la nouvelle partie, et cette fois, c’est moi qui gagne. « Tu m’as pas laissé gagné hein ? Raton laveur… » Je plisse les yeux en la regardant pour tenter de la sonder, mais évidemment, elle joue les innocentes. « Ok alors une activité plus calme, je propose un massage. Parce que c’est mon anniversaire et que j’ai le droit. Pingouin. » Je hausse les épaules en lui souriant, un petit air innocent au coin des lèvres. Quoi ? Je devais choisir non ? Et bien j’ai choisi.

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« Oh ça va, t’es pas obligée de te pavaner non plus ! » Bah alors, on grogne ? Je sais qu’elle joue, et puisqu’elle m’assimile à un paon, je décide de pimenter la chose avec un défi à base d’animaux. Elle l’a bien cherché, voilà. « Hum. Okay. … girafe. » Je souris, à la fois amusée, et satisfaite de la voir entrer dans mon jeu avec autant de facilité. Elle aurait pu refuser ; elle aurait pu refuser toute la soirée d’ailleurs. Pourtant, la voilà en pyjama coccinelle en train de me parler de girafe au milieu de son salon. C’est officiel, je sens que je pourrais lui faire faire à peu près ce que je voudrais, et c’est une information qui me plaît un peu plus qu’elle ne le devrait. Même si pour le moment, je lui laisse la possibilité de décider de la suite des événements. « Oh mais je te fais confiance pour la suite. Et puis, je bosse pas demain matin. Eléphant. » Qu’on se le dise, cette information n’est pas non plus tombée dans l’oreille d’une sourde. « Ce gage est complètement ridicule, écureuil. » Cette fois, je rigole pour de vrai. Enfin, je rigole avec elle, et pas d’elle, qu’on se le dise, parce qu’elle n’est absolument pas ridicule. « Mais non ! T’es trop mignonne, j’adore. » Surtout qu’il paraît que ses choix d’animaux seraient révélateurs ; mais révélateurs de quoi, je n’en ai pas la moindre idée. « Bon allez, c’est reparti pour un tour chaton. » Je bloque un peu en la regardant. Est-ce qu’il compte celui là ? « Allez. »
La partie se relance, et cette fois, c’est elle qui gagne. Peut-être que j’étais pas complètement à fond, peut-être pas ; on sait pas… « Tu m’as pas laissé gagné hein ? Raton laveur… » « C’est toi le raton laveur. » Je lui lance un sourire taquin, tout en levant les mains ; juste assez pour clamer mon innocence. « T’as fait ça toute seule, promis. » Qu’elle me croit ou pas, c’est de toute façon à elle de jouer maintenant. Parce que comme je l’ai dit, elle peut maintenant décider de la suite des opérations. « Ok alors une activité plus calme, je propose un massage. Parce que c’est mon anniversaire et que j’ai le droit. Pingouin. » Cette histoire de noms d’animaux est définitivement trop mignonne. Et je prends une seconde supplémentaire pour enregistrer sa requête. « Un massage ? Ça marche. Mais va falloir tomber le pyjama dans ce cas. » Pas que ça me dérange dans l’absolu, mais disons que ce n’était vraiment pas dans mes plans pour ce soir… Enfin, retirer un pyjama ne veut pas dire plus si affinités, alors range cette libido, Tee. « Tu donnes ou tu reçois ? » On parle bien de massage, hein ? « J’déconne. Mets-toi à l’aise, je vais chercher ce qu’il faut pour m’occuper de toi, ma p’tite pillow princess. » Je lui vole un bisou sur la joue, avant de me remettre sur pieds et m’en aller en direction de l’escalier. A l’étage, je récupère de l’huile de massage dans la salle de bain. Il y a aussi des boules à picots qui pourraient s’avérer utiles, mais je décide de m’en tenir à la méthode artisanale. Il faut bien que mes mains expertes servent à quelque chose, non ?
De retour dans les escaliers, je lance un « Ready or not, here I come ! » tout en descendant les dernières marches. Normalement, je suis partie assez longtemps pour qu’elle ait le temps de s’installer confortablement sur ce tapis moelleux que je nous ai déniché pour l’occasion. Peut-être même qu’elle a changé certains de mes réglages pour adapter l’ambiance à son goût. Mais ça, je ne le découvrirais qu’en franchissant de nouveau le couloir menant vers le salon.

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« C’est toi le raton laveur. » Je fronce mon nez pour lui faire une petite grimace mignonne, comme si je râlais - ce qui est un peu le cas - mais en même temps, c’est son défi à la con qui me pousse à raconter n’importe quoi.
Tegan me rassure finalement sur le fait que j’ai gagné toute seule cette nouvelle manche, et qu’elle n’est pas du tout en cause. Elle n’a pas triché pour me laisser gagner, c’est ce qu’elle dit, mais j’ai comme un doute. Je ne vais pas remettre sa parole en doute, et à la place, je choisis de lui demander un massage. Sur le moment, je trouve que c’est une bonne idée, pour aller dans la continuité avec cette soirée qui se veut cocooning, plaids coussins et cheminée à l’appui. Mais alors que les secondes s’égrainent, je commence à me demander si c’est vraiment une bonne idée. « Un massage ? Ça marche. Mais va falloir tomber le pyjama dans ce cas. » Voilà. On y vient. Je baisse les yeux sur mon accoutrement rouge et noir, avant de relever les yeux vers elle. Oui. Merde. Et j’ai rien en dessous évidemment sinon c’est pas drôle. Enfin si… une culotte. Génial ! « Tu donnes ou tu reçois ? » finit-elle par demander, alors que j’arque un sourcil. C’est MON anniversaire. Elle a déjà oublié ? Pas que je n’ai pas envie de lui faire un massage, mais aujourd’hui c’est ma journée. « J’déconne. Mets-toi à l’aise, je vais chercher ce qu’il faut pour m’occuper de toi, ma p’tite pillow princess. » Elle plaque un baiser sur ma joue et je souris, sans doute un peu bêtement, mais après-tout, il n’y a personne pour me voir, alors je n’ai pas à me cacher.
Je reste quelques instants dans la lune, sans savoir bien à quoi je suis en train de penser, mais je ne vois pas le temps passer, et Tegan est déjà de retour. « Ready or not, here I come ! » Merde ! Je glisse la fermeture éclair du pyjama une pièce, retire les manches en vitesse et plonge à plat ventre sur le tas de coussins entreposés au milieu du salon. J’étouffe un petit couinement, et m’installe un peu mieux alors que Tegan fait son apparition. « Je sais même pas où t’as trouvé tous ces coussins ! » Mais c’est douillet, j’aime bien. Je l’imagine en train de fouiner partout dans la maison pour récupérer tout ce qui est moelleux, et tout rassembler au même endroit. Même endroit qui se trouve être littéralement sous moi. « Tu m’en veux pas trop si je m’endors ? Promis tu peux me réveiller quand t’as fini, je grognerai pas trop. » Je ris légèrement, et ajuste le bas du pyjama pour découvrir pleinement le bas de mon dos, et que ce dernier soit entièrement accessible pour les mains de ma colocataire. « C’est la première fois que j’ai le droit à un spa à la maison pour mon anniversaire, c’est le pied ! » Je tourne la tête dans sa direction pour lui offrir un sourire dont j’ai le secret et j’ajoute un « Merci… » lourd de sens. Peu de personnes ont pris soin de moi comme elle est en train de le faire. Ce n’est peut être pas grand chose, mais ça me suffit pour me sentir importante, ‘spéciale’ comme j’ai pu en faire le souhait en en parlant à Celeste. Peut-être que finalement, je ne suis pas une parmi tant d’autres pour elle. Peut-être que j’ai vraiment ma place…

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tell me princess, now when did you last let your heart decide ?⊱ marlan ⊰

Lorsque je reviens dans le salon, je vois que rien n’a bougé finalement. Mais au moins, Marley a eu le temps de se mettre en tenue, même si elle est encore en train d’ajuster sa position. Est-ce qu’elle s’est dépêchée de s’allonger avant que j’arrive pour ne pas me laisser me rincer l’oeil ? J’ai déjà vu tout ce qu’il y avait à voir, pour rappel… Mais bon, je ne vais pas lui rappeler ça alors qu’elle est quasiment à poil devant moi, ça risquerait de ne pas lui faire l’effet attendu. « Je sais même pas où t’as trouvé tous ces coussins ! » Je souris tout en me mettant à genoux, le temps de disposer mes accessoires. « Je suis pleine de ressources, tu devrais le savoir depuis le temps. » Ce n’est pas un reproche, c’est… un fait, rien de plus. Le théâtre a parfois cet effet sur vous ; celui de savoir fouiner dans les moindres recoins pour dénicher la perle rare des accessoires, ou au pire, les fabriquer à partir de rien. Genre des feuilles de thé pour remplir des faux joints, par exemple… Une compétence hors du commun, vraiment. « Tu m’en veux pas trop si je m’endors ? Promis tu peux me réveiller quand t’as fini, je grognerai pas trop. » Je l’accompagne dans son rire, tout en parcourant son dos qui se découvre, d’un regard un peu trop intense… Heureusement qu’elle me tourne le dos. « J’t’en voudrais pas, non. Mais j’te réveillerais quand même pour le dessert, ce serait con de rater ça. » Vous vous souvenez que j’ai parlé de fraises ?
« C’est la première fois que j’ai le droit à un spa à la maison pour mon anniversaire, c’est le pied ! » Mon sourire est un peu plus doux, tout comme mon toucher lorsque mes doigts commencent à glisser sur sa peau, juste pour qu’elle s’habitue à leur contact. Quand elle me remercie, je croise son regard, qui me semble bien plus chargé d’émotions que tout ce qu’elle a pu me dire depuis son arrivée. Et à cet instant précis, je comprends pourquoi je tenais absolument à faire tout ça pour elle, et pourquoi je voulais que tout soit parfait, pour elle. « Alors faisons en sorte que ce soit un anniversaire d’anthologie. » Je me penche vers elle, pour aller déposer un baiser sur sa joue - ce n’est pas l’envie qui manquait de dévier de quelques centimètres -, suivi rapidement par un autre baiser, cette fois à la base de sa nuque. De là, mes doigts prennent le relais en descendant le long de son dos, pendant que je m’installe à califourchon sur ses fesses. « Au cas où, mon safe word c’est Polochon. Mais tu devrais pas en avoir besoin, normalement. » Je n’attends pas spécialement de réponse de sa part. Je la vois déjà partir, et de toute façon, je ne tarde pas à attraper la bouteille d’huile pour l’enduire sur sa peau, tout en me délectant des senteurs qui s’en dégagent. Tout en m’appliquant dans chacun de mes gestes, je m’accorde parfois quelques pauses pendant lesquelles je laisse mes doigts dessiner un chemin en suivant les différentes constellations de son dos. Comme si que j’étais soudainement devenue experte… Peut-être que je ne la réveillerais pas, finalement. Peut-être que je profiterais de ce moment pour compter les étoiles, et mémoriser cette cartographie devant laquelle je pourrais me perdre pendant des heures… Peut-être.

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