your name hurts ☍ oksana

les informations en vrac

I. Ewa Skłodowska est une jeune immigrée d’origine polonaise, à peine majeure, lorsqu’elle rencontre Tybalt Huxley, beau garçon, et un fort penchant pour les étrangères bien plus jeunes que lui. Le coup de foudre est immédiat, surtout pour la jeune femme qui pense alors avoir dégoté son prince charmant. Le mariage est prononcé quelques mois après leur rencontre, et la jeune Oksana pousse son premier cri dans le confort de la petite maison familiale.

II. Enfant unique durant les premières années, la petite princesse voit son monde chamboulé lorsqu’un grand frère, déjà aux portes de l’adolescence, fait son apparition. Fruit d’une précédente relation de Tybalt, Damian se voit parachuter au sein de cette famille dont il n’a pas spécialement envie de faire partie, malgré les efforts de la petite Oksana, qui redouble d’inventivité pour se faire remarquer par celui qui deviendra son modèle, pendant quelques années.

III. Et comma modèle, elle aurait pu rêver mieux. Damian est loin d’être un adolescent facile à vivre, et la petite fille est, malgré elle, témoin de nombreuses disputes entre le jeune homme, son père, et sa belle-mère qui a bien du mal à s’y retrouver dans cette situation. De cette période-là, Oksana a parfois des flashbacks de certains mots, des cris, voire quelques coups portés… Mais si elle ne se souvient ni de quand, ni comment exactement, elle sait juste que tout s’est arrêté un jour. Le jour où Damian est parti sans même lui dire au revoir.

IV. Encore sous le choc de ce départ précipité, elle n’était certainement pas préparée à ce que sa mère en fasse de même, à peine quelques mois plus tard. Probablement dépassée par les événements, et se connaissant sûrement un peu mieux qu’à son arrivée en Nouvelle-Zélande, Ewa fait son coming out lesbien, et prend la poudre d’escampette en s’embarquant dans une folle aventure auprès d’une artiste nomade qui l’emmène avec elle sur la route. "Une vie certainement pas faite pour une petite fille de dix ans", c’est probablement ce qu’elle a dû se dire en laissant la garde exclusive d’Oksana à son père, sans jamais se retourner.

V. Blessé dans son amour propre, Tybalt se débarrasse de toutes les traces du passage de son ex-femme. Et c’est en fouillant dans une corbeille à papier qu’Oksana parvient à sauver quelques photos, et autres documents, qu’elle cache sous une latte du parquet de sa chambre. Ce jour marquera le début d’une co-existence compliquée avec un père qui, faute de pouvoir lui donner l’attention dont elle aurait besoin, se contente de lui offrir un toit, et un frigo toujours plein.

VI. Malgré tout, elle donne le change auprès des autres, au collège puis au lycée. Elle réalise bien vite que son joli minois lui permet quelques facilités, au niveau scolaire, mais surtout social, puisqu’elle fait partie des filles dites ‘populaires’. Et comme toutes les filles de son âge, elle apprend à jouer de cette popularité pour attirer l’attention des autres, des garçons surtout. Même si, au fond, elle a bien du mal à leur trouver un quelconque intérêt…

VII. Enfin, les garçons, elle s’en fait des amis, surtout. Comme Hunter, par exemple, qui est un ami d’enfance qui a tendance à lui rappeler son demi-frère tellement il enchaîne les conneries. Mais tant pis, c’est son frère de cœur, alors elle lui passe tout. Même quand il boit un peu trop. Ou qu’il lui raconte, sans grande fierté, le dérapage qu’il a eu avec Riley ; une autre copine d’enfance, qui a soudainement changé de comportement, avant de disparaître complètement de la circulation. Est-ce qu’Oksana a compris tous les tenants et aboutissants de cette histoire ? Peut-être, ou peut-être pas. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a jamais rien dit, et qu’elle aurait peut-être dû…

VIII. De toute façon, ses remords ont vite été effacés, à moins qu’on considère que ce soit le Karma qui ait fait son effet… Quelques jours après avoir obtenu son permis de conduire, lors d’une virée dans la voiture de Hunter, elle perd le contrôle du véhicule, qui fait plusieurs tonneaux avant d’aller terminer sa course dans le fossé. Plus de peur que de mal pour les deux jeunes qui s’en sortent quasiment indemnes ; mais elle n’a plus jamais posé les mains sur un volant depuis. Question de superstition, probablement.

IX. Malgré sa désillusion, Tybalt n'est pas du genre à se morfondre dans sa solitude. Et durant son adolescence, Oksana a vu passer plusieurs femmes s'improvisant belles-mères, bien que leurs âges se rapprochent souvent plus du sien que de celui de son père. Mais elles ne sont généralement pas restées assez longtemps pour lui marquer l'esprit... Sauf Toni. Elle se souvient encore du coup de chaud qu'elle a eu lorsque la brésilienne est apparue dans sa cuisine en petite tenue pour lui proposer un petit dej, de bon matin. Une façon comme une autre de faire connaissance avec sa nouvelle belle-mère… déjà loin de la laisser indifférente.

X. Le mariage est rapidement prononcé. Tybalt n’est pas du genre à perdre du temps, ce qui semble convenir à Toni, même si elle est loin de ressembler à la jeune épouse ingénue, naïve et amoureuse transie qu’il a l’air de s’imaginer. Installée aux premières loges, Oksana observe le désastre se dessiner sous ses yeux sans lever le petit doigt, mais avec une curiosité certaine, et surtout, un intérêt grandissant pour cette mystérieuse jeune femme qui semble avoir jeté son dévolu sur son paternel, sans qu’elle ne parvienne à saisir ce qu’elle pourrait avoir à y gagner.

XI. Le mystère s’épaissit lorsqu’elle découvre le profil de Toni sur un site de rencontres. Mais plutôt que de la confronter, ou encore la dénoncer, l’adolescente décide de se créer un faux compte, agrémenté de photos dévoilant ses courbes avantageuses, tout en cachant tout ce qui pourrait les rendre identifiables. Un jeu dangereux dont elle ne comprend pas encore toutes les règles, ni les implications, mais qui lui donne un aperçu de ce que quelques photos, prises dans le bon angle et le bon éclairage, sont capables de lui obtenir en très peu de temps…

XII. L’opération est donc un succès. L’intérêt de Toni est piqué, et Oksana prend un malin plaisir à jouer sur le mystère qui entoure cet alter ego créé de toutes pièces. Ce qu’elle n’avait pas prévu, en revanche, c’est le lien qui se tisse entre elles, au même moment, dans la ‘vraie vie’. Elle n’avait pas non plus envisagé que sa fascination puisse, doucement, virer à l’obsession, jusqu’à la faire douter de sa propre sexualité, sur laquelle elle ne s’était pourtant jamais posé de questions jusque là. Et après des mois de confusion, pendant lesquels la fiction et la réalité s’entremêlent sans qu’elle ne puisse les distinguer l’une de l’autre, la toute jeune adulte obtient gain de cause lorsque la brésilienne cède finalement à ses avances, scellant, pour de bon, le sort d’une hétérosexualité supposée qui ne tenait déjà plus qu’à un fil.

XIII. Après une nuit pleine de magie, Oksana se voit déjà fuir en secret avec cette femme fascinante qui a fait chavirer son cœur, à l’image de sa mère, une dizaine d’années plus tôt. Le fait qu’il s’agisse de sa belle-mère n’est qu’un détail sans importance, puisqu’à ses yeux, son père ne la mérite pas de toute façon. La désillusion n’en est que plus brutale lorsqu’elle découvre la grossesse de Toni, au hasard d’un cliché de foetus, tombé d’une poche de son portefeuille. Une véritable trahison, pour la jeune femme qui réalise que l’objet de son affection n’a aucune intention de quitter son mari, pas même pour ses beaux yeux.

XIV. Elle décide d’aller noyer sa colère et son chagrin dans une bouteille de Vodka, en compagnie d’Hunter qui lui propose une épaule chaleureuse sur laquelle s’apitoyer. Parce qu’il est toujours dans le coin, Hunter. Et surtout, il est au courant de toute l’histoire, y compris ces photos de son corps nu, ou presque, qu’elle a fini par lui envoyer après ses demandes incessantes, pour ‘se faire un avis’. Alors, quand il lui propose un autre moyen pour ‘évacuer la pression’, ce soir-là, après qu’elle ait englouti la moitié de la bouteille… elle accepte. Parce que lui, au moins, voudra toujours d’elle, quel que soit son état.

XV. Le lendemain, elle se réveille avec un sentiment de profond dégoût, et de honte. Le bras coincé sous le corps du jeune homme, elle a tellement peur de le réveiller qu’elle préfère rester immobile, plusieurs dizaines de minutes, pendant lesquelles elle fait le point, et envisage plusieurs solutions, jusqu’à décider de disparaître, pour de bon. L’après-midi même, elle laisse un mot sur la table de la cuisine, et prend le premier bus en direction de Hastings.

XVI. Avec plusieurs arrêts improvisés ici ou là, il lui faudra encore quelques semaines avant de finalement atteindre Auckland, où on lui propose rapidement un job de barmaid. A côté, elle fait du dog sitting, de l’événementiel, avant d’être repérée par un photographe qui lui fait miroiter une carrière dans le modeling. Il la prend sous son aile, alors elle se sent chanceuse, voire privilégiée, et accepte de se dénuder parfois, quitte à céder à certaines de ses avances lorsqu’il devient trop insistant. En échange, il l’emmène dans des soirées privées, pour qu’elle se ‘fasse un réseau’, selon ses propres termes. Mais malgré tous ses efforts, elle ne parvient pas à faire décoller sa carrière, alors on lui suggère un autre moyen, un autre modèle…

XVII. C’était une blague, à la base. Une idée en l’air, balancée à l’occasion, qui l’a intriguée juste assez pour voir de quoi il en retournait. C’est comme ça qu’elle a réalisé qu’en quelques clics, ses photos pouvaient faire le tour du globe, tout en lui rapportant quelques centaines de dollars, et sans avoir besoin de se compromettre. Un moyen facile de se faire de l’argent, en somme, tout en recevant l’attention et les compliments de dizaines d’inconnus sur internet. Tant que ça restait de l’ordre du raisonnable, ça ne pouvait pas faire de mal à qui que ce soit, pas vrai ?

XVIII. Sauf qu’elle y a pris goût, et que les sollicitations sont devenues de plus en plus nombreuses, au fur et à mesure que sa ‘réputation’ grandissait. Alors elle s’est ‘professionnalisée’ dans le domaine, en investissant dans un équipement de meilleure qualité, tout en portant attention à chaque détail, pour ne surtout pas donner d’indices quant à sa véritable identité. Au fil des années, elle s’est habituée à cette double vie, en érigeant de solides cloisons autour de cette activité dont elle ne parle à quasiment personne. Elle a aussi appris à mentir comme elle respire, lorsque c’est nécessaire. Mais elle se rassure en se disant que c’est uniquement pour protéger ses proches, qui ne comprendraient sûrement pas, de toute façon…

XIX. Et en parlant de proches, son passé finit par la rattraper lorsqu’elle reçoit un message de l’hôpital de Wellington, il y a quelques semaines. Désormais divorcé, fatigué, seul, et aux griffes d’un cas d’Alzheimer fulgurant, Tybalt est déclaré inapte à la vie en autonomie, et placé sous la responsabilité d’Oksana, qui est, officiellement, son seul parent encore en vie. Elle hérite donc de l’intégralité de ses possessions, mais aussi ses dettes, puisqu’il s’est laissé aller à plusieurs addictions, en plus de ses factures médicales. Prise au dépourvu, elle n’a pas d’autre choix que de revenir à Island Bay, abandonnant sa vie à Auckland, presque du jour au lendemain.

XX. Après une si longue absence, le retour est loin d’être facile. Elle a, simultanément, l’impression que tout a changé, et rien à la fois. Mais sa découverte la plus surprenante, en faisant le tour des affaires de son père, c’est cette vieille voiture au fond du garage, cachée sous plusieurs couches de bâches et de cartons. En fouinant un peu, tout en activant une certaine partie de sa mémoire, elle réalise que la voiture, ainsi que certains bibelots contenus dans ces cartons, appartiennent en fait à sa mère. Entre ses trouvailles, et le fait que Tybalt la prenne régulièrement pour Ewa, il n’y a plus vraiment de doutes quant au fait qu’il n’a, en fait, jamais vraiment réussi à l’oublier…

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☍ A l’aide de son ‘oncle Victor’ (qui ne l’est pas vraiment, mais c’est tout comme), elle a décidé de dépoussiérer la voiture de sa mère. Elle ne démarre pas pour l’instant, mais elle espère bien réussir à la remettre en marche et lui donner une nouvelle vie, surtout si ça lui donne, à elle aussi, une nouvelle chance derrière un volant.

☍ Avec son père aussi, elle se donne une nouvelle chance. Incidemment, sa maladie lui permet de le découvrir tel qu’elle ne l’a jamais connu, sans compter que leurs conversations lui permettent d’en savoir toujours plus sur sa propre mère, qu’il avait toujours refusé d’évoquer jusque là.

☍ Elle n’a pas arrêté son activité ‘secondaire’ pour autant, bien au contraire. Elle a installé son studio et tout son matériel dans la chambre d’amis, qu’elle prend le soin de fermer à clés pour éviter que son père, ou qui que ce soit d’autre, ne s’y aventure par accident. En réalité, elle hésite même à proposer de nouveaux services, plus lucratifs, pour rembourser plus facilement ses dettes…

☍ Oksana n’a jamais vraiment fait son coming out auprès de son père, qui gardait un profond ressentiment envers toute la communauté LGBT après le départ d’Ewa. Elle-même a, probablement, vécu une forme d’homophobie internalisée, puisque c’est précisément ce qui l’a séparée de sa mère.

☍ Une chatte tigrée semble s’être invitée à la maison depuis quelques mois. Personne ne sait d’où elle vient, mais elle tient compagnie à Tybalt, qui s’occupe de la nourrir, quand il y pense. Il l’a nommée Nala.