C'est le jour du déménagement (Ft. Murphy & Keny)

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C'était de bonne guerre ce qu'il se passait. Murphy profitait de la situation pour se venger, en quelque sorte. Une façon bien Galagherienne d'agir, en définitive ! Il se laissa enlacé et se contenta de faire comme s'il essayait de la repousser. En réalité, ce câlin improvisé et totalement impromptu lui faisait du bien. Avec toutes leurs disputes, il avait besoin d'une forme de preuve que l'affection était toujours au rendez-vous. Et bien qu'il ne soit pas hyper fan des moments d'émotion, de temps en temps, ça valait son pesant d'or. Ce qui fut nouveau dans cette histoire, c'était que Keny se joignit à eux. Caïn était trempé mais il se sentait bien. Même quand son petit ami se colla contre lui et vola un baiser sur son cou. Il y a quelques mois, il l'aurait rejeté manu militari, en lui jetant au passage un regard assassin. Mais petit à petit, le trader changeait. En réalité, la seule chose qui le dérangeait là, c'était que Keny soit contre son dos. Ca par contre, dans leur couple, cette position là n'existerait jamais. Trop de câlin tue le câlin. Après quelques instants, Caïn finit par reprendre le contrôle et usa de sa force pour se dissocier de Keny et de sa fille.

- Bon, c'est bien sympa, nos papouilles, mais ça va pas finir ce déménagement. Au boulot !

Il ne fallait pas y voir un reproche ou un rejet, simplement Caïn aimait avancer et aller de l'avant. Et enfant, il n'avait pas vraiment eu ce genre de moments là avec sa mère. La sévérité de cette dernière l'amenait à se comporter de façon dure et distante. Ca avait déteint sur lui. Jetant un coup d'oeil à Keny, il lui dit :

- Toi, tu vas me payer ça...

Parlait-il du fait qu'il ait essoré son t-shirt sur sa tête ? Qu'il se soit collé à lui ? Ou bien qu'il l'ait embrassé ? Des trois peut-être ? Caïn avait le don pour rester énigmatique et ne rien laisser paraitre aux autres. Une chose était sûre, quand il menaçait, c'était toujours avec l'esprit de revanche. Tout se jouait sur l'intonation. Le fait qu'il paraisse détendu signifiait que ça ne serait pas méchant ou malveillant. Il continua à charger le fourgon de son côté, laissant Murphy et Keny s'occuper des derniers cartons. Après ce moment de proximité, il avait besoin d'un peu de solitude. Ses vêtements trempés le laissaient indifférent. Après plusieurs minutes, il referma la porte du fourgon et se frotta les mains.

- Une bonne chose de faite. Bon, en voiture.

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Trève de plaisanterie, le père de Murphy les remit bien vite en place. Rigoler c'était bien, avancer, c'était mieux. Murphy venait d'apporter les dernières caisses de Kenny dans le fourgon, alors que son père était en train de finir de bien aménager le camion pour finalement, claquer les portes de ce dernier indiquant qu'il était temps de partir. Murphy se tourna vers Kenny et soupira « pas trop triste de partir d'ici ? » demanda t-elle en se tournant vers son ancien appartement. Elle sourit et puis très vite, se dirigea vers le camion pour s'asseoir au milieu, entre Caïn et Kenny donc. S'attachant, la gamine regarda son père conduire cet engin et très vite, elle alluma l'auto-radio afin de chercher une musique sympa. Le trajet ne fut pas si long, mais assez pour que la gamine puisse demander « tu veux manger quoi pour ton premier repas chez nous Kenny ? » en prévision de ce soir. Putain... elle devenait comme son père, au secours. Mais bon, plus elle faisait genre tout était normal entre elle et la nourriture, et plus les soupçons seraient évincés. Avant, du moins par le passé, elle avait cessé de se nourrir, de parler de bouffe, de descendre pendant les repas, mais cette fois-ci, elle rusait de stratégies pour que personne ne se doute de rien. A son père, elle faisait croire qu'elle mangeait à la fac, ou bien qu'elle avait mangé avant qu'il ne rentre du travail, et quand vraiment elle ne pouvait pas faire autrement, elle mangeait très très peu, emportait le reste dans sa chambre pour finalement tout jeter et bien évidemment, elle vomissait ce qu'elle avait du avaler pour n'éveiller aucun soupçon de son père. Mais même ça, elle devait le faire discrètement. Et maintenant, il y allait avoir Kenny... ça faisait une personne de plus à duper. Quel enfer. Elle soupira, prise dans ses pensées, alors qu'elle sentait la faim envahir son corps tout entier. Elle avait tellement faim, son corps entier crevait la dalle. Elle avala difficilement sa salive, si bien qu'elle demanda de l'eau à son père, qui en avait toujours quelque part. Elle en bu un peu, avant d'en proposer aux deux adultes. Une fois arrivés devant la villa Gallagher, la jeune étudiante avait franchement la flemme de tout vider. Mais bon, pas trop de choix. Avec moins d'enthousiasme quand même, elle prit donc les cartons dès que les portes du camion furent de nouveau ouvertes et avança vers la maison aseptisée de son père. Posant les affaires au milieu du salon, ne sachant pas trop où mettre tout ça. Peut-être dans la chambre d'amis finalement ? Mais même là, il y en avait plusieurs... c'était une villa. La jeune femme demanda alors « c'est laquelle ta chambre du coup ? » se tournant à la fois vers le meilleur ami de son père et aussi vers ce dernier, parce que c'était toujours lui qui décidait en définitive.

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''Non, au contraire, j'avais besoin de votre autre chose depuis que Maggie m'a quitté... Ce dégâts des eaux aura eu l'avantage de faire accélérer les choses'' dit-il très sobrement.

Difficile de savoir ce qui lui était passé la tête en faisant preuve de tendresse envers celui qu'il aimait alors que Murphy était dans les environs.... Peut-être que si Kenny s'était sentit pousser des ailes c'est parce qu'une telle situation le rendait heureux, c'était même surement ça.... Oui quand on se sent bien avec quelqu'un on a tendance à être soi même et à se ficher des avis des personnes qui nous entourent....

Kenny fût agréablement étonné de ne pas être rejeté par le trader, ce dernier commencerait-il à accepter sa préférences pour les autres hommes ? Se sentait-il prêt à en parler à sa fille ? Tout portait à croire qu'un grand pas en avant venait d'être fait... Même son ''Toi, tu vas me payer ça... '' sonnait faux ou tout du moins ne semblait pas être une nouvelle attaque envers sa propre personne.

''Je vous offre les pizzas, les bières et la menthe à l'eau, pour un premier repas, ca ferra l'affaire... On va pas se prendre la tête à cuisiner...'' C'était sa façon à lui de dire ''merci'', il faisait avec ses moyens... Jetant un dernier coup d’œil à l'entrée du bâtiment, son cœur se serra une dernière en repensant aux nombreux souvenirs qu'il avait partagé avec sa meilleure amie. Une nouvelle page de sa vie se tournait, un livre venait de se terminer, un autre commençait tout juste à s'écrire...

''Ma chambre ?'' Son regard de posa un instant sur Caïn, à lui de ne pas dire n'importe quoi. ''Celle sur la gauche, une des plus grandes je crois.... Ton père a été généreux avec moi je dois dire...'' Tout en portant les cartons, il passa commande pour le repas de ce soir via son téléphone portable. ''Voila c'est commandé, trois pizzas en taille XL, on devrait les avoir d'ici 45 min.'' Bien qu'il ait déjà passé plusieurs nuits ici cette fois-si il y habitait officiellement et bizarrement il s'y sentait déjà très bien. ''Encore merci de m'accueillir chez vous, j'espère ne pas être un invité trop encombrant.'' Ouai il voulait bien faire quitte à se montrer un peu trop poli.

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- Généreux ? Si tu commences à m'insulter, tu vas aller dormir dans l'abri au fond du jardin, ça va te faire les pieds.

Grinçant, Caïn dévisagea Kenny comme si ce dernier avait proféré une injure impardonnable. Le blond détestait que l'on vante ses quelques moments de bonté. Il ne voulait pas qu'on en parle, comme si le fait de l'évoquer l'obligeait à s'afficher sous une facette qu'il méprisait, au plus profond de lui. Il valait mieux éviter de mettre en lumière les rares moments où il était humain, parce qu'il ne supportait pas qu'on perçoive ainsi. Il voulait être le parfait connard froid et calculateur, en permanence. Son petit-ami en avait fait les frais plus d'une fois et Murphy vivait ça au quotidien. Il fronça les sourcils et précisa, cassant :

- La chambre est grande donc elle te permettra de garder tout ton... je sais même pas si on peut appeler ça un fatras. Bref ! Seuls les meubles vont dans le coin du garage. Il y a une bâche pour les protéger. Maintenant, on s'active, avec toutes ces conneries, j'ai pris du retard sur mon travail, moi.

Il regarda sa montre, une rolex en argent massif, très onéreuse mais surtout très belle. Personne ne le savait, ici, mais ce cadeau lui avait été offert à l'époque par la mère de Murphy, du temps où ils se fréquentaient encore. Il l'avait toujours au poignet et pourtant personne n'y prêtait attention. Même lui, il en oubliait l'attachement affectif qu'il éprouvait pour celle qui avait la vie à sa fille, et qui avait accepté qu'il revienne dans sa vie. Ce n'était pas la gratitude qui risquait d'étouffer Caïn, cela dit. Seul lui savait ce qui y était gravé, à l'arrière : "Hell burns". Une référence à son prénom, très imagée qui lui avait plu. Loin de ces souvenirs que le temps et le travail gommaient, il accéléra le tempo et imposa un rythme quelque peu infernal à sa fille et à Kenny. Quand tout fut déchargé, le livreur arriva. Son petit ami s'apprêtait à régler lorsque Gallagher interpela le jeune homme, glacial :

- Vous avez dix minutes de retard. Donc là, nous avons deux solutions. Soit on réduit le prix au prorata de votre incompétence. Soit vous rembarquez tout ça et vous rentrez vous faire remonter les bretelles par votre patron. C'est au choix.

Le jeune apparut gêné et se mit à bredouiller des excuses. A cet instant, Caïn sentit le reproche émaner de Kenny et de sa fille mais ce fut loin de le décontenancer. Il resta buté sur sa position. Fort heureusement, son téléphone sonna. Il leva les yeux au ciel et lâcha, désagréable au possible :

- Whatever...

Il s'écarta pour entrer dans la maison et s'isoler. Ces derniers temps, il lui arrivait très souvent d'être au téléphone et de s'absenter de longues minutes. Et dans ces moments là, plus rien n'existait. Il rejoignit Kenny et Murphy après une bonne dizaine de minutes et s'installa sur le canapé, en buvant une gorgée de bière.

- Je dois m'absenter ce soir. J'ai un travail important à faire. Alors, qu'est-ce vous manigancez dans mon dos, vous deux ?

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