What a night [Jake & Rory]

Ma respiration est lourde, mais profonde alors que je ferme les yeux afin de contrôler la douleur qui travers mon corps. Je viens de mettre mon adversaire KO avec une droite qu’elle n’a jamais vu venir, mais ça ne se sent pas comment une victoire. Pour moi, ce ne l’est jamais vraiment je dois dire. Le bruit de la foule hurlant sonne lointain à mes oreilles. Ils sont heureux d’avoir le spectacle pourquoi ils ont payés ou cri parce qu’ils viennent de perdre leur gains. Je ne suis pas connu pour y aller molo avec mes adversaires ou prendre plaisir à faire durer le combat. Quand je le fais, c’est juste parce qu’on me le demande afin de ne pas trop ridiculiser mon adversaire. Je n’ai pas toujours gagné, mais j’ai tout de même bien plus de victoires à mon actif que de défaite… fort heureusement pour moi. Je peux sentir les tapes de félicitations sur mes épaules alors que je travers la pièce afin de retourner dans le coin réserver au combattant de la meute. Le patron me regarde avec un grand sourire sans doute franchement heureux que je vienne de donner une leçon à la fille de son plus grand opposant. Je soupire alors que je passe la porte. Le bruit de la foule s’attenu de plus en plus alors que je marche loin. Je soupir de soulagement au silence qui commence à m’entourer. J’ai besoin de tranquillité après mes combats. Je sens déjà que mon visage risque d’avoir des marques et que le côté gauche de mon abdomen va me faire souffrir pendant un temps.

Je pousse la porte de la pièce qui nous sert de lieu de rassemblement pour avant et après nos combats avec tout ce qu’il faut pour les combattants qui traîne. Je me laisse tomber dans un coin de la pièce avec un court gémissement de douleur. Mes muscles demandent un repos bien mérité. Je ne crois pas que je vais pouvoir continuer à faire ça pendant encore longtemps. J’ai beau être encore jeune pour la plus part, ce n’est pas pour autant que je veux passer ma vie à faire ça. Le plus gros point qui me pousse à trouver une autre porte de sortie est surtout que je ne veux pas vraiment devoir expliquer mes bleus et douleurs sans arrêt à ma fille. Elle ne comprend pas encore comme elle est jeune… mais un jour elle va comprendre et je préfère arrêter avec qu’elle n’atteigne l’âge de la compréhension. Je ferme les yeux alors que je pose ma tête contre le mur. Pendant un moment, je profite d’une solitude totale, mais ça ne dure jamais longtemps dans le coin. La porte finit par s’ouvrir. Je me dis que je peux tout simplement ignorer celui qui vient d’entrer, mais au final non. J’ouvre les yeux et trouve Jake, un autre combat avec qui je m’entends … sans doute le seul à vrai dire, marcher vers moi. Il semble avoir eu toute une nuit lui aussi. Je lui offre un sourire qui doit plus ressembler à une grimace alors qu’il s’arrête près de moi. « Salut Jake. Dure nuit n’est-ce pas? »

Si je pouvais tout arrêter demain, dieu j’en serais tellement reconnaissante. J’ai à peine la trentaine, mais par moment j’ai l’impression que mon corps est bien plus vieux que ça parce que j’ai tellement mal partout après chaque combat. Ce n’est pas une vie pour moi. Plus maintenant, plus jamais. Je m’étais promis la première fois que j’ai quitté ce monde que c’était pour de bon… une promesse vide que je me suis faite ce genre jour là. Je suis encore terriblement amère quand je réalise que je ne peux même pas prendre soin correctement de ma fille sans devoir bosser, si on peut dire que c’est bosser donner des coups et en recevoir de la sorte, de manière totalement illégale pour un groupe qui l’est tout autant. Je soupire. Pourquoi est-ce si dur pour moi de faire la bonne chose ? Je ne veux pas d’une vie à regarder par-dessus mon épaule de peur de me faire coincer par la police pour avoir transgresser la loin. Je ne veux pas que ma fille se retrouve seule dans le système à cause de ma propre connerie. Je sais trop bien ce que c’est de grandir sans sa mère et c’est vraiment merdique comme situation surtout quand votre père est le pire des connards en plus de n’en avoir carrément rien à foutre de votre existence. Je ne veux jamais qu’une seule fois dans sa vie ma propre fille pense que je ne l’aime pas. Elle est la meilleure chose qui me soit arrivée et c’est pour cette raison que je me bats ce soir, tous les soirs. Je ne pouvais tout simplement pas rester les bras croisés sans rien faire alors que ma fille avait besoin de cette opération. Je le referais le même choix à chaque fois sans aucune hésitation après tout elle est mon enfant.

Ce genre de pensée m’amène toujours à me demander si je suis réellement une aussi bonne mère que je le pense au final. Quel parent laisse son enfant sous la surveillance d’un vieux boxeur grincheux alors qu’elle va passer la nuit à se faire taper dessus pour rembourser une dette et gagner quelques malheureux dollars ? Je doute que ça fasse partie du guide du bon parent tout ça… mais après être un bon parent n’est qu’une question personnelle, j’imagine. Mais après chaque combat, je me dis que c’est un de moins et donc un pas de plus vers la fin de mon entente avec la meute. Un pas de plus pour retrouver ma liberté et ainsi me consacrer à ma famille de manière parfaitement honnête. Ça me fait tenir le coup même dans les pires moments alors que je me traîne à la maison à moitié morte des coups que j’ai reçu. Je ne peux pas abandonner maintenant que je suis si proche du but après tout. Je soupire à nouveau alors que je tente du mieux que je le peux de calmer la douleur qui parcours mon corps.

Je désirais être seule donc quand quelqu’un vient me rejoindre, je me suis dit que je pouvais l’envoyer se faire foutre pendant une seconde… mais je vois que c’est Jake et je change donc d’idée. Ça compagnie est toujours la meilleure dans ce merdier, alors je préfère autant le garder du bon côté avec moi. « Salut. Ouais, dure nuit on peut l'dire. L'autre salop m'a bousillé les côtes. » Je me redresse légèrement avec une petite grimace puis je lâche un rire très court. « On s’est tous fait bousillé ce soir j’ai bien l’impression. » Mais, je crois que la plupart ont gagné leur combat donc on s’en fou un peu des blessures après ça. Le boss est content et à son argent alors tout va bien dans le meilleur des mondes! « J'ai pas regardé ton combat, tu m'en veux pas trop ? » Je ne suis pas étonné qu’il me dise ça ne l’ayant jamais aperçu dans la foule avant et après mes combats. Je hausse les épaules alors que je lui réponds. « T’inquiet, tu n’as rien manqué et puis c’est juste un combat comme un autre. Et puis, je n’ai pas vu le tien non plus donc on est quitte. » Comment pourrais-je lui en vouloir de ne pas regarder ? Je regarde rarement les combats des autres ne voyant pas trop l’intérêt. Certains sont terriblement violents et c’est souvent ceux qui me dégoûtent le plus. Je ne suis pas là pour voir des gens se faire casser la gueule, mais juste pour rembourser ma dette et c’est tout. Rien de plus, rien de moins. « Elle t'a pas raté par contre, t'as une mine affreuse. » Je ris de nouveau alors que je me penche pour appuyer mes coudes sur mes genoux. Je peux sentir le sang encore couler dans ma bouche en laissant un goût métallique horriblement. Je crache donc par terre le sang. « Tu devrais voir sa mine. Ces parents ne vont sans doute pas reconnaître pendant un moment. » Je donne peut-être l’impression de me vanter, mais l’autre fille est dans un bien pire état que moi donc c’est très réaliste comme phrase. J’offre à Jake un nouveau sourire encore tordu, mais plus facile que le premier. Je le vois boire et me tendre la bouteille, du Whisky. Pendant un instant j’hésite vraiment à la prendre pour calmer la douleur, mais je sais que je ne peux pas. Je suis plus forte que ça. Je secoue alors la tête. « Non merci. Je préfère éviter de boire. » Ce n’est pas que je ne bois pas, je fais juste très attention quand je le fais ne voulant pas retomber dans certaines de mes vieilles habitudes après avoir passé tellement d’années à travailler dure pour en arriver où je suis maintenant.